22 septembre 2025

Paul Biya en Europe : un déplacement privé qui confirme la stabilité du pouvoir

À moins de trois semaines de l’élection présidentielle du 12 octobre, le président camerounais Paul Biya a quitté Yaoundé pour un court séjour privé en Europe. Une absence maîtrisée qui s’inscrit dans la continuité de sa gouvernance et envoie un signal de stabilité aux partenaires du Cameroun. Un déplacement conforme à la pratique présidentielle Dimanche 21 septembre, le président Paul Biya, 92 ans, a quitté Yaoundé pour un séjour privé en Europe, accompagné de son épouse Chantal Biya et de trois proches collaborateurs de haut rang : Samuel Mvondo Ayolo, Directeur du Cabinet Civil ; Vice-Amiral Joseph Fouda, Conseiller spécial ; Simon Pierre Bikele, Chef du Protocole d’État. Comme à son habitude, la présidence n’a pas précisé la destination ni la durée exacte du voyage. Ce format confidentiel correspond à la gestion coutumière du président, qui alterne présence sur le terrain et gouvernance à distance, selon une organisation rodée. Gouvernance maintenue, institutions fonctionnelles Le départ du président n’interrompt en rien le calendrier électoral. La Commission électorale (ELECAM) poursuit la mise en œuvre des opérations, tandis que les institutions républicaines fonctionnent normalement. Aucun signe de vacance du pouvoir n’est à signaler. « Ce n’est pas un désengagement, mais un repositionnement stratégique », indique un cadre administratif à Yaoundé. L’environnement politique reste stable, même si des tensions persistent dans certaines régions (Nord-Ouest, Sud-Ouest). L’appareil sécuritaire reste pleinement opérationnel. Objectifs possibles du séjour : discrétion et coordination Plusieurs hypothèses crédibles sont avancées sur les objectifs de ce séjour présidentiel : Réactions diplomatiques : prudence et confiance Du côté des partenaires étrangers, la tonalité reste mesurée : À Paris, on suit la situation « sans inquiétude particulière » ; À Bruxelles, l’Union européenne insiste sur « l’importance d’un scrutin apaisé, crédible et transparent » ; Les organisations régionales africaines saluent la stabilité institutionnelle et attendent le bon déroulement du processus électoral. Un message implicite : sérénité avant l’échéance Loin d’un signe de retrait, ce séjour peut être interprété comme une démonstration de confiance dans la solidité du système institutionnel camerounais. Il reflète la volonté du président de gérer le tempo politique avec calme, tout en consolidant les relations extérieures. « Paul Biya n’est pas en repli, il orchestre à sa manière une phase de transition maîtrisée », résume un analyste basé à Addis-Abeba. Un retour attendu, un discours stratégique possible Des sources proches du Cabinet civil indiquent que le président pourrait revenir avant la fin du mois. Il est attendu qu’il prononce un message à la Nation à l’approche du scrutin, réaffirmant : Le séjour privé du président Biya, annoncé avec sobriété, s’inscrit donc dans une logique de continuité politique, de gestion stratégique du pouvoir et d’ouverture diplomatique. À l’heure où le Cameroun entre dans une séquence électorale déterminante, ce déplacement discret renforce le sentiment d’une stabilité bien gardée. À suivre dans les prochains jours :

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Tchad : Réforme constitutionnelle et débat sur les mandats présidentiels, entre stabilité et modèles africains

L’adoption récente par le parlement tchadien d’une nouvelle Constitution, supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels, suscite à la fois espoirs et interrogations. Prévue pour consolider les institutions nationales dans un contexte de transition post-crise, cette réforme relance un débat complexe et sensible : celui de la durée du pouvoir exécutif en Afrique.Adoptée à une écrasante majorité (171 voix pour, 1 contre), cette réforme allonge également la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans. Elle devra être validée par le Sénat, puis par le Congrès, avant d’entrer en vigueur. Pour le gouvernement tchadien, il s’agit d’un choix stratégique visant à garantir la continuité politique, la stabilité institutionnelle et l’efficacité du développement économique et sécuritaire. Une lecture culturelle et historique du pouvoir Dans certaines grilles de lecture africaines, notamment dans les systèmes traditionnels, la longévité au pouvoir est perçue non pas comme un excès, mais comme un signe de sagesse, d’expérience et de stabilité. À l’image des chefs traditionnels ou des rois coutumiers, souvent désignés à vie, un dirigeant qui reste longtemps peut être vu comme garant d’une paix durable et d’une gestion continue, dans des sociétés où l’instabilité a souvent été coûteuse. « Le respect de l’autorité, la valorisation de la continuité et la crainte du vide institutionnel sont profondément ancrés dans certaines cultures africaines », explique Dr. Ibrahim Nassour, politologue tchadien. « Mais ces éléments doivent aujourd’hui coexister avec les exigences modernes de responsabilité, d’alternance et de reddition des comptes ». Afrique centrale : une dynamique régionale controversée Le cas tchadien n’est pas isolé. En Afrique centrale, plusieurs pays ont modifié leur Constitution au cours des deux dernières décennies pour supprimer la limitation du nombre de mandats : Cameroun (2008), Congo-Brazzaville (2015), Guinée équatoriale (2011), et plus récemment la RCA. Ces réformes ont souvent été justifiées par des besoins de stabilité, dans des environnements fragiles ou en proie à des menaces sécuritaires. Toutefois, les critiques pointent les risques d’une personnalisation du pouvoir, de verrouillage politique et de faible renouvellement des élites. Elles soulignent aussi que l’absence d’alternance peut générer, à terme, des tensions sociales et une perte de confiance dans les institutions. Vers une gouvernance hybride et contextualisée ? La réforme tchadienne ouvre donc une réflexion plus large sur les modèles de gouvernance adaptés au continent africain. Faut-il systématiquement transposer les standards occidentaux d’alternance ? Ou plutôt imaginer des formules hybrides qui combinent légitimité culturelle, efficacité de l’État et garanties démocratiques ? Pour de nombreux acteurs panafricains, la solution ne réside pas uniquement dans le nombre de mandats, mais dans la qualité de la gouvernance, la transparence électorale, la justice indépendante et la participation citoyenne effective. Autrement dit, un mandat illimité n’est pas nécessairement antidémocratique s’il s’inscrit dans un cadre institutionnel robuste, équitable et contrôlé. Au Tchad, comme ailleurs en Afrique, les réformes constitutionnelles posent des questions fondamentales sur la trajectoire démocratique du continent. Entre les exigences de stabilité, les réalités culturelles et les aspirations citoyennes, le débat sur les mandats présidentiels reste ouvert, pluriel et profondément africain.

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