Cameroun – Affaire Martinez Zogo : toujours pas de preuves claires, mais Amougou Belinga reste en prison
Malgré plus de 18 mois de détention préventive, aucune preuve matérielle ou témoignage irréfutable n’établit l’implication directe de Jean-Pierre Amougou Belinga dans l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Le lundi 22 septembre, le tribunal militaire de Yaoundé a formellement rejeté la demande de mise en liberté de l’homme d’affaires et patron du groupe L’Anecdote, Jean Pierre Amougou Belinga, en détention préventive depuis février 2023. Une décision qui prolonge une incarcération dans un dossier à haute charge symbolique. Accusé de complicité dans l’enlèvement et la torture ayant conduit à la mort du journaliste Martinez Zogo, Jean Pierre Amougou Belinga nie toute implication. À ce jour, aucune preuve matérielle directe ne le relie aux faits : ni image, ni enregistrement, ni trace financière, ni témoignage irréfutable. Les éléments à charge reposent surtout sur des déclarations fragmentaires d’anciens cadres des services de renseignement et sur des relations supposées entre les commanditaires présumés et le milieu des affaires. Lors de la dernière audience, le sous-lieutenant Le Grand Ngambi, témoin-clé, a affirmé avoir reçu des ordres oraux du lieutenant-colonel Justin Danwé pour « corriger » le journaliste, mais n’a à aucun moment évoqué Amougou Belinga. Malgré des relances via WhatsApp et une modeste somme reçue pour une promotion de grade, il déclare n’avoir pas participé à l’opération. Ce témoignage fragilise le lien direct entre Amougou Belinga et le crime, faisant planer un doute juridique sur l’architecture réelle du commandement derrière l’assassinat. Dans ce contexte, la défense dénonce une instruction à charge et une détention prolongée en l’absence d’éléments nouveaux. Du coup, l’affaire devient un test pour la crédibilité de l’appareil judiciaire, tant sur la rigueur procédurale que sur le respect de la présomption d’innocence, principe régulièrement invoqué. Sur le plan international, les partenaires diplomatiques restent prudents, mais les ONG comme Amnesty International et RSF appellent à une procédure transparente, indépendante et respectueuse des droits fondamentaux. L’enjeu dépasse le seul cadre pénal : il concerne la liberté de la presse, l’état de droit et la lutte contre l’impunité. La prochaine audience est prévue pour le 24 septembre. Si aucune avancée décisive n’émerge, la détention prolongée d’Amougou Belinga risque de se transformer en problème politique et diplomatique autant que judiciaire. Face aux attentes nationales et internationales, la justice camerounaise pourrait être amenée à trancher selon les faits, et non selon les pressions.




