25 septembre 2025

Présidentielle 2025 : De ministre à dissident, Issa Tchiroma Bakari frappe au cœur de l’ouest Cameroun

Sous les cris de « Tchiroma président ! », le carrefour Socada de Bafoussam s’est transformé en arène politique. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication et de l’emploi, aujourd’hui candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre 2025, y a lancé une offensive symbolique et stratégique : reconquérir l’Ouest, bastion politique volatil et clé dans l’équation électorale camerounaise. D’homme du système à challenger du statu quo Figure ambivalente du régime, Issa Tchiroma a surpris la scène politique nationale en quittant le gouvernement en juin dernier, officialisant ainsi sa rupture avec le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. « Je ne peux plus cautionner l’immobilisme, ni l’instrumentalisation de la jeunesse », a-t-il déclaré lors de son discours. Il s’est allié à deux autres personnalités en rupture : Anicet Ekane (Manidem) et Jean Calvin Aba’a Oyono (intellectuel dissident), jetant les bases d’un front politique trans-idéologique. Bafoussam : carrefour géostratégique et électoral Située dans la Région de l’Ouest, Bafoussam représente bien plus qu’un simple fief électoral. C’est un carrefour entre les zones anglophones en crise sécuritaire et les régions francophones en quête de renouvellement politique.En 2018, l’Ouest avait enregistré un taux de participation de 68 %, avec une forte percée de l’opposition (Maurice Kamto y était arrivé en tête dans plusieurs départements). Issa Tchiroma semble vouloir récupérer cette dynamique avec une posture d’homme d’État expérimenté mais désormais « libéré du système« . La campagne de la fracture contrôlée Le positionnement d’Issa Tchiroma Bakari intervient dans un contexte explosif : crise anglophone persistante dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest, à moins de 150 km de Bafoussam ; montée des tensions ethno-régionales, accentuées par la présidentielle à venir ; pressions internationales croissantes pour un renouvellement démocratique (UE, États-Unis, UA). Dans ce cadre, le message d’Issa Tchiroma se veut conciliateur : « L’unité nationale ne doit pas être un slogan de façade, mais une réalité économique, sécuritaire et culturelle ». Enjeux économiques : jeunesse, formation et repositionnement industriel L’ex-ministre de l’Emploi a fait de la formation professionnelle et de l’emploi des jeunes son cheval de bataille. Il propose un « plan Marshall pour l’industrialisation des régions » et veut relancer le tissu agro-industriel de l’Ouest, actuellement sous-exploité malgré un fort potentiel : Taux de chômage des jeunes dans l’Ouest estimé à 32 % (source : Minemploi, 2024). Moins de 8 % des jeunes diplômés trouvent un emploi stable dans les 2 ans après leur formation. Issa Tchiroma veut faire de Bafoussam un « pôle technologique et industriel de l’économie verte et agricole ». Repositionnement ou dispersion politique ? Avec cette démonstration de force dans l’Ouest, Issa Tchiroma tente une recomposition politique par le centre. Mais il fait face à deux obstacles : Cependant, son expérience, son réseau au sein de l’administration, et ses liens avec certaines élites économiques pourraient en faire un faiseur de roi – ou un second touriste redoutable. Vers une présidentielle à haute tension À Bafoussam, Issa Tchiroma a réussi une démonstration de force médiatique, mais le chemin vers Etoudi est semé d’embûches. Reste à savoir si ce rassemblement préfigure une vraie dynamique nationale, ou s’il s’agira d’un baroud d’honneur dans une campagne où les équilibres ethno-politiques, économiques et sécuritaires feront plus que jamais office d’arbitres silencieux.

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Cameroun – Présidentielle 2025 : Retour stratégique de Laurent Esso

Le RDPC sonne la mobilisation dans le Littoral. « Le Parti se met en ordre de bataille, et le Littoral sera décisif », déclare un cadre régional du RDPC à Douala. C’est un retour orchestré avec soin, dans une séquence politique à haute intensité. Après plusieurs mois de convalescence, le ministre d’État Laurent Esso, pilier du régime Biya, refait surface sur la scène publique en présidant le meeting de lancement de la campagne régionale du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), prévu ce samedi 27 septembre à la Maison du Parti de Bonanjo. Ce rassemblement symbolique ouvre la phase décisive des activités électorales du parti au pouvoir dans la région stratégique du Littoral, en prélude à la présidentielle d’octobre 2025. Les départements du Wouri, du Moungo, du Nkam et de la Sanaga-Maritime, considérés comme des bastions électoraux à fort potentiel, sont mobilisés pour cette démonstration de force. Une région sous haute tension politique Avec plus de 4,2 millions d’habitants et une contribution estimée à près de 35 % du PIB national, le Littoral est bien plus qu’un simple théâtre d’opérations politiques : c’est une plaque tournante de l’économie camerounaise, un carrefour logistique régional, et un baromètre électoral national. À Douala, capitale économique, la perception populaire du pouvoir central est ambivalente, entre attentes sociales, frustrations économiques et fidélité partagée. « Le RDPC sait que gagner le Littoral, c’est sécuriser un levier économique et symbolique », indique un analyste politique de l’Institut Muna pour la Gouvernance. Face à une opposition revigorée et à une jeunesse urbaine plus politisée, le défi est clair : contenir l’érosion du socle électoral et reconquérir les cœurs dans une région aux dynamiques sociopolitiques complexes. Le retour de Laurent Esso : symbole ou stratégie ? Agé de 83 ans, juriste de formation, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Laurent Esso demeure une figure centrale de l’appareil d’État et du cercle rapproché de Paul Biya. Son retour, après une absence prolongée pour raisons de santé, est lu comme un signal politique fort : continuité, résilience et réactivation des réseaux historiques du régime dans un contexte électoral incertain. « En choisissant Esso pour présider ce meeting, le parti envoie un message de stabilité et d’autorité, à l’heure où les équilibres internes sont sous tension »,souligne un diplomate. Alors que les spéculations sur l’après-Biya agitent les chancelleries et les milieux d’affaires, la réapparition publique de figures de l’« ancien système » est observée de près. Pour certains, c’est un rappel de l’ordre établi. Pour d’autres, un dernier tour de piste avant un inévitable aggiornamento. Une campagne sous surveillance régionale et internationale Le scrutin présidentiel de 2025 s’annonce comme l’un des plus ouverts depuis trois décennies. Le RDPC, bien que solidement implanté, doit faire face à une recomposition de l’opposition, à une société civile active, et à une communauté internationale plus exigeante sur les conditions de transparence électorale. Enjeux sécuritaires dans les régions anglophones, pression sociale sur le pouvoir d’achat, désenchantement des jeunes, mais aussi convoitises géoéconomiques autour des infrastructures portuaires et minières : le contexte impose une lecture géopolitique intégrée de la campagne. Douala, point de bascule stratégique Le meeting du 27 septembre ne sera pas seulement un événement partisan : il cristallise les rapports de force d’un système à la recherche d’un nouveau souffle, dans un pays confronté à des défis sécuritaires, sociaux et économiques majeurs. Le retour de Laurent Esso en est l’un des marqueurs les plus révélateurs. « Ce n’est pas seulement une campagne électorale, c’est une bataille pour le contrôle de l’avenir politique et économique du Cameroun », conclut un Chercheur en stratégie politique au Centre d’analyse de Douala.

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Affaire libyenne : condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans ferme

 L’ancien président français annonce un appel et dit être prêt à « dormir en prison la tête haute ». Le tribunal correctionnel de Paris a rendu le jeudi 25 septembre 2025 sa décision dans l’affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de 2007. Nicolas Sarkozy est reconnu coupable d’association de malfaiteurs, mais relaxé pour les chefs de corruption passive et recel de détournement de fonds publics. La peine : cinq ans de prison avec mandat de dépôt L’ancien chef de l’État est condamné à cinq ans de prison, sanction assortie d’un mandat de dépôt à effet différé et d’une exécution provisoire, ce qui signifie qu’il devra être incarcéré dans les prochaines semaines. Il est également condamné à 100 000 € d’amende et 5 ans d’inéligibilité. Le tribunal indique qu’il sera convoqué dans un délai d’un mois pour fixer la date d’incarcération. Notons que l’appel ne suspend pas automatiquement l’exécution de la peine. Réactions : appel annoncé et posture symbolique Dès le prononcé du jugement, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il ferait appel, dénonçant une décision qu’il juge contraire à l’État de droit. Il a déclaré qu’il était prêt à « dormir en prison la tête haute », martelant son innocence. Condamnations autour de lui Deux de ses anciens ministres et proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ont aussi été condamnés dans ce dossier. Guéant écope de 6 ans de prison et 250 000 € d’amende, Hortefeux de 2 ans et 50 000 €. En revanche, Éric Woerth, trésorier de la campagne 2007, a été relaxé. Contexte et enjeux plus larges L’affaire remonte à une note libyenne de 2006 évoquant un soutien financier de 50 millions d’euros à la campagne de Sarkozy, ainsi qu’à des témoignages d’intermédiaires comme Ziad Takieddine, décédé le 23 septembre 2025 au Liban. Les magistrats ont jugé que Sarkozy avait laissé ses relais politiques solliciter des fonds libyens dans un pacte implicite. Cette condamnation marque une étape inédite dans l’histoire judiciaire française : un ancien président risque pour la première fois une incarcération effective dans une affaire de financement illégal de campagne.

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Justice internationale : le Sahel tourne le dos à la CPI

Les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont annoncé, le 22 septembre 2025, leur retrait immédiat du Statut de Rome, mettant fin à leur coopération avec la Cour pénale internationale (CPI). Cette décision marque une rupture géopolitique majeure, au cœur d’un climat de tensions croissantes entre institutions internationales et États africains en quête de souveraineté renforcée. Réunis au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), les trois pays reprochent à la CPI une justice sélective, ciblant principalement l’Afrique tout en épargnant certains acteurs internationaux. Ils dénoncent une Cour utilisée comme outil de domination par les puissances occidentales. Une décision hautement symbolique Alors que les États membres de l’AES ont rompu avec la France sur les plans militaire et diplomatique depuis 2022–2023, ce retrait de la CPI s’inscrit dans une stratégie de désengagement des structures perçues comme dominées par les anciennes puissances coloniales. La CPI, bien que juridiquement indépendante, est régulièrement critiquée pour avoir ouvert plus de 70% de ses enquêtes sur le continent africain, tout en restant quasi-absente dans d’autres zones de conflit, comme la Palestine ou l’Ukraine orientale. Cette décision fait également écho aux précédents retraits ou menaces de retrait de la Cour par d’autres États africains, comme le Burundi en 2017 ou les velléités sud-africaines dans les années 2010. Mais c’est la première fois qu’un bloc régional coordonné quitte simultanément la juridiction de la CPI. Vers une justice sahélienne autonome ? L’AES affirme vouloir promouvoir des mécanismes endogènes pour assurer paix, justice et droits humains, tout en restant ouverte à la coopération internationale dans d’autres cadres notamment à travers d’autres forums multilatéraux « plus respectueux de l’équilibre des relations internationales [et] ancrés dans des valeurs africaines ». Ce positionnement illustre la montée en puissance d’un discours panafricaniste assumé, qui entend redéfinir les termes de la gouvernance mondiale. Une décision qui s’inscrit dans une dynamique souverainiste croissante et pourrait accentuer la crise de légitimité que traverse la CPI.  Une onde de choc pour la justice internationale ? Ce retrait simultané pose de sérieuses questions à la CPI, déjà confrontée à une crise de légitimité et à une érosion de la confiance des pays du Sud. Alors que la Cour tente de se redéployer sur d’autres théâtres (comme l’Ukraine, la Libye ou la Syrie), la perte de trois États membres stratégiques du Sahel pourrait affaiblir sa capacité à agir dans une région minée par l’insécurité et le terrorisme. Si certains observateurs redoutent un vide judiciaire dans la zone sahélienne, d’autres y voient un signal fort pour repenser le fonctionnement des institutions internationales, souvent jugées asymétriques et insensibles aux réalités locales. Ce retrait pourrait-il faire tache d’huile en Afrique ? Quels mécanismes alternatifs de justice les pays de l’AES développeront-ils ? Et surtout, la CPI réformera-t-elle son approche pour restaurer sa légitimité face au Sud global ?

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Classement IPPC 2025 : Douala et Kribi absents du podium africain

Le tout dernier Indice de performance des ports à conteneurs (IPPC), publié en 2025 par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, met en lumière la nette progression de plusieurs ports africains, mais aussi l’absence remarquée du Cameroun, dont Douala et Kribi ne figurent pas parmi les 10 premiers ports performants du continent. Alors que des plateformes comme Port-Saïd (Égypte) et Tanger Med (Maroc) se hissent respectivement au 3e et 5e rang mondial, illustrant la montée en puissance logistique de l’Afrique du Nord, aucun port camerounais ne figure même dans le Top 100 mondial. Douala et Kribi : potentiel géostratégique sous-exploité Le port de Douala, principal poumon maritime du Cameroun, reste confronté à de multiples défis : saturation des quais, lenteur des procédures douanières, corruption persistante et insuffisance d’investissements dans la modernisation. Ces faiblesses structurelles réduisent son attractivité pour les grandes compagnies maritimes. De son côté, le port en eau profonde de Kribi, lancé en 2018 avec l’ambition d’en faire un hub régional, dispose d’un potentiel logistique considérable. Il est géré en partie par des acteurs internationaux comme CMA CGM ou Bolloré, mais souffre d’un déficit de connectivité terrestre, notamment avec l’arrière-pays tchadien et centrafricain. « Kribi ne manque pas d’infrastructure, il manque d’interconnexion logistique », commente un expert en commerce régional. Un risque de marginalisation dans la compétition maritime régionale Alors que les ports africains de l’Est et de l’Ouest modernisent leurs systèmes, digitalisent leurs opérations et sécurisent des partenariats internationaux, l’Afrique centrale, et particulièrement le Cameroun, risque de perdre sa position stratégique dans les échanges régionaux et mondiaux. Dans le contexte actuel, marqué par des réalignements géopolitiques (crise en mer Rouge, détournement des routes commerciales), les ports ne sont plus seulement des terminaux logistiques, mais des acteurs stratégiques de souveraineté et d’influence économique. « La performance portuaire est désormais un indicateur direct de compétitivité nationale », souligne un rapporteur de la Commission économique pour l’Afrique. Un choix politique à faire Le classement IPPC 2025 est un signal d’alarme, mais aussi une opportunité de redéfinir la stratégie portuaire nationale. Modernisation numérique, fluidification des corridors Douala-Ndjamena et Kribi-Bangui, gouvernance portuaire transparente et partenariats public-privé efficaces sont désormais incontournables. Top 10 des ports à conteneurs les plus performants d’Afrique en 2024 (Classement basé sur l’efficacité opérationnelle, le temps d’escale et la productivité des terminaux) Rang Afrique Rang Mondial Port Pays Score IPPC 2024 1 3 Port-Saïd Égypte 137,4 2 5 Tanger Med Maroc 136,0 3 ~130* Dakar Sénégal 22,8 4 163 Mogadiscio Somalie ~10 5 ~180* Toamasina Madagascar — 6 — El Dekheila Égypte — 7 — Sokhna Égypte — 8 — Freetown Sierra Leone — 9 — Conakry Guinée — 10 243 Berbera Somaliland -3

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