22 octobre 2025

Cameroun : la Génération Z post électorale, nouvelle menace ou nouvel espoir ?

Dans un Cameroun en tension après la présidentielle,  et plus encore, dès la proclamation officelle des résultats de la présidentielle – 23 octobre 2025, qui aura opposée le président sortant Paul Biya, à son ancien ministre, Issa Tchiroma Bakary, la jeunesse hyperconnectée née avec Internet – la Génération Z – redéfinit les codes de la mobilisation politique. Entre diaspora, innovation numérique et défiance envers les institutions, cette « révolution silencieuse » impose au pouvoir vieillissant de nouveaux rapports de force. 1. Le séisme invisible d’une jeunesse numérique À l’heure où le Conseil constitutionnel s’apprête à proclamer les résultats de la présidentielle, le Cameroun retient son souffle. Les rues sont calmes, mais les réseaux s’enflamment. Sous les hashtags #MyVoteMyVoice, #Cameroun2025 ou #GenZRevolt, des milliers de jeunes partagent vidéos, témoignages et cartes citoyennes des incidents électoraux. « Nous ne croyons plus aux leaders, mais aux causes. Nos réseaux sont notre parti », confie un jeune activiste de Douala sous pseudonyme, contacté via Telegram. Ces jeunes Camerounais – nés avec la 4G et la défiance – n’occupent plus les places publiques, mais les timelines.Leur arme : la connectivité. Leur terrain : le flux. Leur ambition : forcer le pouvoir à se réinventer. 2. Une génération africaine : connectée, globale et déterminée Selon la Banque mondiale, 65 % des Camerounais ont moins de 30 ans. Parmi eux, la Génération Z – née entre 1995 et 2010 – représente près de 5,8 millions de citoyens. Leur éducation s’est faite dans un monde numérique, mondialisé et multiculturel. Ils parlent autant anglais que pidgin, français ou argot web.Leur culture politique se forge sur TikTok, X (ex-Twitter), YouTube et Telegram, plutôt que dans les sections de partis. « La jeunesse camerounaise n’attend plus la permission de parler. Elle a ses propres canaux, ses propres algorithmes et son propre tempo », explique un chercheur en communication politique à l’Université de Yaoundé II. Désabusés par la politique traditionnelle, ces jeunes investissent le champ de la contestation symbolique et numérique : vidéos virales, enquêtes collaboratives, cybercampagnes ou data militante. Leur logique : décentralisée, agile, mouvante. Leur influence : exponentielle. Aucune barrière psychologique. 3. Diaspora et transversalité : la nouvelle internationale numérique Cette Génération Z ne s’arrête pas aux frontières. Elle tisse des liens puissants avec une diaspora estimée à près d’un million de Camerounais, répartis entre l’Europe, le Canada et les États-Unis. Ces expatriés alimentent un flux d’informations, de financements et de formation à distance. « Ce que vit le Cameroun s’inscrit dans un mouvement panafricain : la jeunesse se coordonne, partage des méthodes et apprend à contourner la censure », explique une chercheuse camerounaise, qui a  préféré l’anonymat. Des plateformes comme Signal, Ushahidi ou MapHub servent à cartographier les violences, diffuser des preuves, ou alerter les ONG en temps réel. Ce maillage transnational donne naissance à une véritable « internationale numérique africaine », déjà active de Dakar à Nairobi, en passant par Kinshasa et Abidjan. 4. Face à elle, un pouvoir resté analogique Depuis son indépendance, en 1960, le régime camerounais repose sur une architecture de contrôle : répression, manipulation identitaire, cooptation des élites, et un appareil sécuritaire redouté. Mais cette mécanique s’essouffle face à un adversaire sans visage. « Le pouvoir est pyramidal, la Génération Z est en réseau », résume un politologue camerounais basé à Bruxelles. « C’est une asymétrie que la répression classique ne sait plus gérer ». Les tentatives de blackout d’Internet n’ont plus l’effet escompté : les jeunes utilisent des VPN, proxys, messageries cryptées et des relais dans la diaspora.La censure devient contre-productive, déclenchant immédiatement des réactions internationales et des campagnes de dénonciation. 5. Les foyers sous tension : Yaoundé, Douala, Bafoussam Trois villes cristallisent l’attention des observateurs : Selon un rapport d’International Crisis Group, « l’urbanisation rapide, la précarité et la montée des frustrations créent un climat d’explosion latente ». Les campus, notamment celui de Ngoa-Ekellé, sont surveillés, tandis que les marchés populaires deviennent des lieux d’expression politique détournée. 6. Enjeux économiques et stratégiques L’enjeu dépasse le politique. Le Cameroun, carrefour du Golfe de Guinée et 14e économie d’Afrique, est au cœur de la stabilité régionale. Toute crise prolongée affecterait les flux pétroliers, les corridors logistiques vers le Tchad et la RCA, et les investissements étrangers. Les acteurs économiques observent avec inquiétude cette montée de la contestation numérique. Les opérateurs télécoms, sous pression, sont contraints d’arbitrer entre sécurité nationale et libertés numériques. Les investisseurs étrangers scrutent la situation post-électorale, craignant que les blocages politiques freinent l’économie déjà ralentie par l’inflation et les tensions sécuritaires au Nord-Ouest. 7. Répression et innovation : la cyberguerre intérieure Le pouvoir, conscient de cette mutation, a modernisé son arsenal : Mais ces outils se heurtent à une génération technophile, polyglotte et formée à l’OSINT (open source intelligence). Les jeunes militants utilisent l’IA pour analyser les données, générer des visuels, et décrypter la propagande. « En voulant contrôler la narration, le pouvoir amplifie celle de ses adversaires », avertit un consultant en renseignement économique. 8. Une génération sans leader, mais avec une vision Contrairement aux oppositions classiques, la Gen Z ne cherche pas de sauveur politique. Elle veut des systèmes, pas des hommes. Son discours est celui de la transparence, de la méritocratie, de l’écologie et de la justice sociale.De plus en plus de jeunes Camerounais s’orientent vers les startups, la tech, les médias citoyens et la data governance. Ils ne veulent plus fuir, mais transformer. Et ils savent que le numérique leur offre le levier que la politique leur a refusé. 9. Diagnostic : la fin d’un cycle historique Le Cameroun se trouve à un carrefour stratégique : d’un côté, un pouvoir centralisé, issu du modèle postcolonial ; de l’autre, une jeunesse mondialisée et insaisissable. « Ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas une simple élection, mais la fin d’un mode de gouvernance », analyse un diplomate africain -sous anonymat. La période post-électorale – l’après proclamation de la présidentielle, le 23 octobre 2025,  s’annonce donc décisive : la manière dont le pouvoir gérera cette tension générationnelle déterminera la stabilité politique, la sécurité

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Préservation de la paix en Sanaga-Maritime : le préfet Cyrille Yvan Abondo appelle à l’unité et à la responsabilité

Le préfet du département de la Sanaga-Maritime, Cyrille Yvan Abondo, a présidé, ce 21 octobre 2025, une importante réunion dans la salle de conférences de la préfecture d’Édéa. Unique point inscrit à l’ordre du jour : la préservation de la paix et de la cohésion sociale sur l’ensemble de son territoire de commandement. Cette rencontre, qui s’est tenue dans un contexte national particulièrement tendu, a rassemblé les responsables des forces de maintien de l’ordre et de sécurité, les sous-préfets des arrondissements d’Édéa 1er et 2e, ainsi que de nombreux leaders religieux, communautaires et acteurs de la société civile. Un climat post-électoral sous haute tension Depuis le 12 octobre 2025, le climat politique au Cameroun est marqué par une vive tension, consécutive aux déclarations du candidat Issa Tchiroma, qui s’est auto-proclamé vainqueur de l’élection présidentielle, sans attendre la proclamation officielle des résultats par le Conseil Constitutionnel, seule instance habilitée à cet effet. Ces déclarations jugées prématurées et provocatrices ont entraîné une série de troubles dans plusieurs villes du pays, notamment à Yaoundé (quartier Tshinga), Garoua, Dschang et Douala, où des affrontements violents ont opposé militants de partis d’opposition aux forces de l’ordre. Située à un carrefour stratégique entre Douala, Yaoundé et Kribi, la ville d’Édéa, bien que jusqu’ici épargnée, n’est pas à l’abri d’un éventuel embrasement de la rue, d’où l’importance de l’initiative du préfet. Appel au calme et rappel de l’État de droit Dans son adresse aux participants, le préfet Cyrille Yvan Abondo a tendu la main aux leaders religieux et communautaires, les appelant à jouer un rôle de médiation et de sensibilisation pour éviter tout dérapage. « Le Cameroun est un État de droit. En cas de contestation, des voies de recours légales existent. Ce n’est ni dans la rue, ni par la violence qu’on construit une nation stable », a-t-il déclaré d’un ton ferme mais apaisant. Il a par ailleurs souligné que la campagne électorale et les opérations de vote se sont déroulées dans le calme, sans incidents majeurs, et que chaque citoyen a pu exprimer librement son choix parmi les douze candidats en lice. Un front commun pour la paix La coexistence pacifique et le vivre-ensemble, véritables marqueurs identitaires de la Sanaga-Maritime, doivent à tout prix être préservés et encouragés, a martelé le préfet. Il a également mis en garde contre les tentatives de manipulation, notamment auprès de la jeunesse, et rappelé que les forces de l’ordre restent mobilisées pour garantir la sécurité des personnes et des biens : « Force restera à la loi », a-t-il insisté. Un engagement unanime des leaders communautaires Dans une ambiance solennelle, plusieurs personnalités religieuses et communautaires ont pris la parole pour exprimer leur soutien à la démarche républicaine du préfet : Mgr Dieudonné Ntep, évêque du diocèse d’Édéa, a appelé les fidèles à prier pour la paix. Le président du Conseil des Églises Presbytériennes du Cameroun (CEPCA) a salué la posture des autorités. Les imams du marché central, de la grande mosquée d’Édéa et de celle d’Édéa II ont unanimement condamné la violence et se sont engagés à promouvoir un message d’apaisement dans leurs lieux de culte. Les acteurs sociaux également mobilisés Le président du syndicat des moto-taximen, M. Armel Massoda Pipa, a rassuré les autorités que ses membres ne sauraient servir de relais à des troubles : « Le désordre ne passera pas par les moto-taximen. Nous sommes artisans de paix et de sécurité », a-t-il affirmé. Dans le même esprit, Sa Majesté Ketcha, figure influente de la communauté originaire de l’Ouest, a indiqué avoir déjà initié une campagne de sensibilisation auprès de ses compatriotes. De son côté, Awa Peter, représentant de la communauté anglophone, a renouvelé son engagement à soutenir les actions des autorités administratives, pour que le Cameroun reste un pays stable, tourné vers le développement. En attendant le verdict du Conseil Constitutionnel Cette réunion intervient à la veille de l’ouverture du contentieux électoral devant le Conseil Constitutionnel, appelé à statuer sur plusieurs recours en annulation et dénonciations de fraudes électorales introduits par certains candidats. Dans ce contexte sensible, les autorités de la Sanaga-Maritime affichent leur volonté de jouer la carte de la prévention, du dialogue et de la fermeté républicaine, pour éviter toute escalade dans une région considérée comme un bastion de stabilité. Simon Emmanuel Minyem

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Cameroun-France  : Une guerre informationnelle en pleine tension post-électorale

 Alors que le Cameroun attend la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle, une fausse alerte d’évacuation diffusée sur les réseaux sociaux et attribuée à tort à l’ambassade de France a embrasé la sphère numérique.  Derrière ce qui pourrait sembler être une simple rumeur se dessine un pattern inquiétant de désinformation ciblée, révélateur de tensions politiques internes mais aussi de dynamiques géostratégiques régionales. Une fausse alerte virale, une ambassade ciblée Depuis mardi, un communiqué falsifié, prétendument émis par l’ambassade de France au Cameroun, appelle les ressortissants français à quitter le pays dans un délai de 72 heures. Diffusé sur WhatsApp, Facebook et TikTok, le faux message a cumulé plus de 500 000 vues sur la seule plateforme TikTok. Il fait explicitement référence à une supposée insécurité générée par les tensions entourant les résultats électoraux. L’ambassade de France a rapidement réagi sur son compte officiel Facebook : « Ces faux comptes ne constituent pas, comme ils le prétendent, des communiqués officiels (…). Il s’agit d’une fausse information à visée malveillante », peut-on lire dans un communiqué officiel publié mardi soir. Désinformation politique ou ingérence stratégique ? Cette tentative de manipulation de l’opinion intervient dans un climat tendu. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication et candidat autoproclamé vainqueur de l’élection présidentielle, a vu ses partisans manifester dans plusieurs grandes villes (Douala, Yaoundé, Garoua), dénonçant une fraude électorale présumée. Le gouvernement camerounais, pour sa part, appelle au calme. Selon un analyste en sécurité régionale, « ce type de désinformation vise à amplifier les perceptions d’instabilité, à saper la crédibilité de l’État et à présenter les puissances étrangères comme en perte de confiance envers le pays. C’est une forme moderne de guerre hybride ». Un schéma qui se répète en Afrique francophone Ce n’est pas un cas isolé. En mai 2025, une infox similaire a visé l’ambassade de France en Côte d’Ivoire, prétendant qu’elle appelait ses ressortissants à quitter le territoire ivoirien, en plein débat sur la réforme constitutionnelle. Ce type de campagne suit une logique : fragiliser les liens diplomatiques entre Paris et ses partenaires africains, dans un contexte où la présence française est de plus en plus contestée dans plusieurs pays du Sahel et d’Afrique centrale. Impacts sécuritaires et économiques : une équation à plusieurs inconnues Outre l’impact sur l’opinion publique, ces manœuvres ont des conséquences concrètes sur l’environnement sécuritaire et les investissements étrangers. La seule rumeur d’évacuation peut suffire à créer un effet domino : retrait d’investissements, ralentissement des opérations logistiques, désorganisation d’ONG internationales. « Dans un pays comme le Cameroun, où l’équilibre entre sécurité et développement économique reste fragile, ce type de désinformation peut faire vaciller des secteurs entiers, du BTP aux télécommunications », estime une source proche d’une Chambre de commerce européenne.  Une guerre cognitive en toile de fond Le cas camerounais illustre les enjeux de guerre cognitive dans les États à forte vulnérabilité informationnelle. Les campagnes de désinformation – qu’elles soient pilotées par des acteurs internes ou des puissances étrangères – cherchent à influer sur la perception, la confiance institutionnelle et le climat sécuritaire. Dans cette optique, la vigilance numérique devient un enjeu stratégique, au même titre que la surveillance des frontières ou la lutte contre le terrorisme. « Les ambassades ne sont plus seulement des cibles diplomatiques : elles sont devenues des marqueurs symboliques de la stabilité ou de l’instabilité. Les attaquer, même virtuellement, c’est s’attaquer à l’architecture internationale du pays », conclut  Véronique L.  une chercheuse en intelligence économique à l’Université de Genève. Ce nouvel épisode de désinformation au Cameroun confirme une tendance régionale : les fausses alertes diplomatiques sont devenues des armes d’influence dans des contextes électoraux et géopolitiques inflammables. Alors que le pays retient son souffle avant la proclamation officielle des résultats, la guerre ne se joue pas seulement dans la rue, mais aussi – et peut-être surtout – dans les espaces numériques. Encadré – Les chiffres clés :

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Guinée équatoriale : Le VP accuse la France de vouloir déstabiliser le pays

Le vice-président de la Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a accusé la France de chercher à déstabiliser son pays, l’accusant de soutenir des opposants qu’il qualifie d’« instigateurs de haine ». Dans un message publié lundi sur le réseau X (ex-Twitter), le numéro deux du régime a vivement réagi à la nomination de l’activiste équato-guinéen Alfredo Okenve au Prix franco-allemand des droits de l’Homme, annoncée samedi. Exilé en Espagne, Okenve est considéré par le pouvoir de Malabo comme un « traître » à la nation. « La France récompense ceux qui sèment la division, en les encourageant à perturber la paix et à agir contre leurs propres frères », a écrit le vice-président. Il accuse Paris d’être à l’origine de « toutes les tentatives visant à saper la paix en Guinée équatoriale ». Cette déclaration marque une rare sortie diplomatique à l’encontre de la France, alors que les relations entre Malabo et plusieurs capitales européennes se sont tendues ces dernières années, notamment autour des questions de droits humains et de gouvernance.

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