23 octobre 2025

Election présidentielle 237 – Analyse internationale : réactions et enjeux 

L’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun, dont la proclamation officielle du vainqueur est attendue pour le 27 octobre, retient l’attention bien au-delà des frontières nationales. Chancelleries occidentales, organisations régionales et bailleurs de fonds scrutent de près ce scrutin aux allures de test pour la stabilité politique d’un pays clé d’Afrique centrale. Des partenaires internationaux sur leurs gardes À New York, les Nations unies ont fait part de « préoccupations sérieuses » quant à « la restriction de l’espace civique » et aux « pressions sur les médias » avant le vote. Le Parlement européen, lui, avait déjà tiré la sonnette d’alarme en avril 2025, condamnant « les violations systématiques des droits des journalistes » et exhortant Bruxelles à exercer une « pression diplomatique et économique » sur Yaoundé. Malgré ce ton critique, l’Union européenne continue d’appuyer le Cameroun : un prêt de 91 millions € a été accordé pour trois ans, afin de soutenir les infrastructures et l’investissement privé. Paris, acteur historique, adopte une prudente neutralité. Le Quai d’Orsay a simplement recommandé la vigilance à ses ressortissants en raison de « tensions post-électorales », tout en réaffirmant « son attachement à la stabilité et à la démocratie ». Le Fonds monétaire international, pour sa part, poursuit son programme d’appui. En mars 2025, 73,5 millions $ ont été débloqués dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (IMF). Ces partenaires étrangers se tiennent sur une ligne dite de « vigilance constructive » : soutien économique maintenu, mais conditionné à une transparence accrue et au respect des droits civiques. Entre enjeux géopolitiques et géoéconomiques Producteur de cacao, de pétrole et de bois, entre autres ressources naturelles, le Cameroun affiche une croissance modérée de 3,6 % en 2025 selon la Banque mondiale . Mais près d’un quart de la population (23 %)  vivrait encore sous le seuil de pauvreté. La stabilité politique demeure donc une condition essentielle pour rassurer les investisseurs. D’après La Voix des Entreprises, toute contestation prolongée du scrutin risquerait de faire reculer les investissements directs étrangers et d’alourdir le coût du financement extérieur. Sur le plan stratégique, Yaoundé navigue entre plusieurs influences : la France, partenaire historique ; la Chine, devenue premier bailleur en infrastructures ; et la Russie, de plus en plus présente sur le terrain sécuritaire. « Paris semble privilégier la stabilité à la démocratie », estime un rapport du Lansing Institute, soulignant la difficulté pour les Occidentaux d’équilibrer principes démocratiques et intérêts régionaux. À l’échelle régionale, une déstabilisation du Cameroun, pivot logistique et commercial de la CEMAC, affecterait l’ensemble de l’Afrique centrale. Le Foreign Affairs Forum note qu’un afflux de réfugiés ou une perturbation du corridor Douala-N’Djamena pourrait « fragiliser les échanges régionaux et les équilibres frontaliers ». Un contexte sécuritaire sous tension Le pays reste confronté à deux fronts de violence : la crise séparatiste dans les régions anglophones et les attaques récurrentes de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Les tensions post-électorales aggravent ces fragilités. Des bureaux du parti au pouvoir, le RDPC, ont été incendiés, et plusieurs rassemblements de l’opposition interdits. Selon des observateurs, une contestation prolongée ou une répression excessive pourrait éroder davantage l’État de droit et renforcer les groupes armés locaux. « Le risque, c’est une dérive à la soudanaise : un pays politiquement figé, économiquement sous pression, et militairement exposé », avertit un diplomate européen. Un scrutin sous haute surveillance Au-delà de la bataille électorale, l’enjeu est donc triple : préserver la légitimité démocratique interne, rassurer les partenaires économiques et éviter une dérive sécuritaire. Les chancelleries occidentales, tout en prônant la retenue, attendent des signaux clairs sur l’ouverture politique. Les prochains jours seront décisifs. La proclamation officielle du 27 octobre sera observée à Yaoundé, mais aussi à Bruxelles, Paris et Washington : autant pour ce qu’elle dira du vainqueur que pour ce qu’elle révélera de la capacité du Cameroun à conjuguer stabilité et démocratie.

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Génération Z 237 : le vote n’est plus dans les urnes, mais en ligne

Alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à proclamer les résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, qui a opposé le président sortant Paul Biya à son ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, le pays retient son souffle. Au-delà du verdict des urnes, un autre acteur s’impose : la Génération Z, jeunesse numérique, connectée et sans complexe, qui redéfinit les rapports de force politiques. Une révolution silencieuse Née avec Internet et la défiance, cette jeunesse s’exprime moins dans la rue que sur les réseaux. Sous les hashtags #MyVoteMyVoice ou #GenZRevolt, des milliers de jeunes documentent incidents électoraux et appels à la transparence. Leur parti, c’est le flux numérique ; leur programme, la redevabilité.« Nous ne croyons plus aux leaders, mais aux causes », confie un activiste de Douala. Leur mobilisation, décentralisée et instantanée, échappe aux cadres traditionnels. Une génération globale et connectée Près de 65 % des Camerounais ont moins de 30 ans. Ces 5,8 millions de « digital natives » s’informent via TikTok, YouTube ou Telegram, tissant des liens avec une diaspora active en Europe et en Amérique du Nord. Cette dernière relaie les informations, finance et forme les activistes locaux, donnant naissance à une véritable internationale numérique africaine. L’usage d’outils comme Signal ou MapHub permet de contourner la censure et de cartographier en temps réel incidents ou violences électorales. Face à un pouvoir analogique En dépit d’un appareil sécuritaire solide, le régime camerounais peine à contrôler un adversaire sans visage. Les coupures d’Internet, naguère efficaces, déclenchent aujourd’hui des campagnes internationales et des ripostes techniques par VPN et messageries cryptées. La cybersécurité est devenue un champ de bataille : traque des activistes, désinformation automatisée, contre-narratifs… mais la Gen Z maîtrise l’OSINT, l’intelligence artificielle et les algorithmes mieux que ses gouvernants.  Un tournant historique Qu’il l’emporte ou qu’il perde, Issa Tchiroma Bakary devra composer avec cette jeunesse. En cas de victoire, elle exigera des réformes et une gouvernance transparente ; en cas de défaite, elle pourrait devenir le moteur d’une opposition numérique difficile à contenir. Au-delà de la présidentielle, se joue la fin d’un cycle historique : celui d’un pouvoir pyramidal face à une génération en réseau. Espoir démocratique ou menace pour la stabilité ? Le Cameroun post-27 octobre 2025 pourrait bien être le premier test grandeur nature d’une transition numérique du pouvoir en Afrique centrale.

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France : Derrière les barreaux, Nicolas Sarkozy sous protection armée

L’ancien président de la République a passé sa première nuit à la prison de la Santé sous la garde rapprochée de deux officiers armés du Service de la protection. Une mesure exceptionnelle qui interroge l’équilibre entre justice et raison d’État. Une détention sous haute sécurité Pour la première fois dans l’histoire de la République, un ancien chef d’État français dort derrière les barreaux. Condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, pour association de malfaiteurs dans le cadre du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé. Deux officiers du Service de la protection (SDLP), dépendant du ministère de l’Intérieur, ont été installés dans une cellule voisine de la sienne. Armés – ce qui est strictement interdit en détention -, ils assurent une surveillance 24 heures sur 24. Une « situation inédite », reconnaît un cadre de l’administration pénitentiaire, soulignant qu’aucun autre détenu n’a jamais bénéficié d’un tel dispositif. Colère des syndicats Cette présence armée fait bondir les syndicats de surveillants. « On transforme une prison en bunker présidentiel », dénonce FO-Justice, qui fustige un privilège dangereux pour l’égalité entre détenus et l’autorité des agents pénitentiaires. Le ministère, lui, assume pleinement : « Il n’était pas question de prendre le moindre risque concernant un ancien chef d’État exposé à des menaces multiples », justifie-t-on place Beauvau. Justice ou raison d’État ? Au-delà du choc symbolique, cette décision relance un vieux débat : comment concilier le respect de la loi et la protection des institutions qu’incarnent les anciens dirigeants ? À 70 ans, Nicolas Sarkozy devient le premier ex-président de l’Union européenne effectivement incarcéré. Pour le gouvernement, cette incarcération témoigne de la force de la justice française. Ses opposants y voient au contraire une justice d’exception, maquillée en exemplarité. Un message ambigu L’affaire dépasse la seule dimension judiciaire. Le dossier libyen touche aux relations franco-africaines, aux circuits financiers opaques et aux secrets d’État. En protégeant Sarkozy jusqu’en prison, Paris cherche aussi à éviter tout incident diplomatique et à préserver la continuité de l’État. Ce dispositif paradoxal envoie un message double : la République sait condamner ses puissants, mais continue de les protéger comme des symboles nationaux. Entre justice et raison d’État, l’incarcération de Nicolas Sarkozy devient moins une sanction qu’un révélateur des ambiguïtés de la démocratie française.

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Diplomatie féministe :  l’Afrique centrale, un engagement à consolider

Alors que Paris réunit les actrices et acteurs mondiaux de la diplomatie féministe (22 – 23 octobre 2025), la question de l’égalité de genre résonne particulièrement en Afrique centrale, où les progrès réalisés restent fragiles et contrastés. Dans cette région marquée par des inégalités structurelles, des conflits persistants et des crises économiques récurrentes, les femmes demeurent au cœur des luttes pour la justice sociale, la paix et la gouvernance inclusive. Le Cameroun, entre avancées institutionnelles et défis persistants Au Cameroun, des efforts notables ont été entrepris ces dernières années pour promouvoir les droits des femmes. Le gouvernement a adopté plusieurs cadres juridiques favorables à l’égalité, tels que la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (2020-2030) et l’intégration du genre dans les politiques publiques. Des femmes occupent désormais des postes de responsabilité, aussi bien dans la diplomatie que dans la haute administration. Toutefois, ces progrès se heurtent à des résistances profondes : le poids des traditions patriarcales, la faible représentation politique (moins de 35 % de femmes à l’Assemblée nationale) et les violences basées sur le genre demeurent des obstacles majeurs. Dans les zones anglophones et à l’Extrême-Nord, les conflits ont aggravé la vulnérabilité des femmes, souvent victimes de déplacements, d’abus et d’exclusion économique. Une diplomatie féministe encore émergente En Afrique centrale, l’idée même de diplomatie féministe commence à peine à s’ancrer dans les politiques étrangères et régionales. Le Cameroun, comme le Congo, le Gabon ou le Tchad, n’a pas encore formalisé une telle approche. Pourtant, plusieurs initiatives de la société civile ouvrent la voie : réseaux de femmes médiatrices, organisations de défense des droits humains, coalitions pour la paix et la participation politique. Ces acteurs plaident pour que les gouvernements adoptent une diplomatie sensible au genre, intégrant les femmes dans les processus de décision, de négociation et de reconstruction post-conflit. Un enjeu régional de stabilité et de développement L’Afrique centrale ne peut espérer une paix durable ni un développement inclusif sans l’implication pleine et entière des femmes. Promouvoir une diplomatie féministe régionale signifierait reconnaître leur rôle stratégique dans la prévention des conflits, la médiation et la résilience communautaire. La Conférence de Paris représente ainsi une opportunité pour le Cameroun et ses voisins de s’engager davantage, non seulement par des discours, mais par des politiques concrètes et financées, afin de transformer l’égalité de genre en moteur de stabilité et de prospérité pour toute la région.

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