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Pont de Bongor : l’Afrique centrale relie ses fractures

À la frontière entre le Cameroun et le Tchad, sur le fleuve Logone, le pont de Bongor est plus qu’une infrastructure. Long de 620 mètres, construit avec l’appui financier de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), il incarne une volonté politique commune : fluidifier les échanges, renforcer la coopération et sécuriser un corridor vital. « Ce pont est un trait d’union entre nos peuples, mais aussi un levier stratégique pour le commerce régional », a déclaré Dr. Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien de l’Économie, lors de la cérémonie inaugurale. Une réponse aux déficits logistiques et à l’enclavement Le pont de Bongor relie directement les villes de Yagoua (Cameroun) et Bongor (Tchad), dans une zone où les échanges étaient jusqu’ici entravés par l’absence de passage permanent. Le projet s’inscrit dans le Programme de facilitation des transports sur le corridor Douala-Ndjamena, axe majeur pour les importations tchadiennes. Plus de 35 % des marchandises tchadiennes transitent encore par le port de Douala. Avec cet ouvrage, les délais logistiques devraient baisser de 40 % et le coût du transport de 25 %, selon les estimations de la Cemac. Un coup d’accélérateur pour les échanges bilatéraux, estimés à plus de 150 milliards FCFA par an, mais freinés par la vétusté des infrastructures. Plan stratégique et sécuritaire Dans un contexte de risques transfrontaliers (trafics, insécurité dans le bassin du lac Tchad, tensions intercommunautaires), le pont de Bongor offre également un outil de gouvernance sécuritaire partagée. Il permet un meilleur contrôle des flux, tout en soutenant la mobilité encadrée des populations. « Le développement est aussi une réponse à l’insécurité », rappelle un diplomate de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Vers une intégration physique et politique Ce projet incarne la nouvelle diplomatie des infrastructures en Afrique centrale. Il renforce les objectifs de la ZLECAf, tout en consolidant une coopération bilatérale parfois éprouvée. Pour Yaoundé et N’Djamena, le pont de Bongor est une passerelle vers plus de résilience, de commerce… et de stabilité.

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New York mise sur le Golfe de Guinée : 800 milliards de raisons d’y croire

Sécurité maritime, investissements verts, infrastructures régionales : le Golfe de Guinée est au centre d’un ambitieux agenda international. Réunis à New York, dirigeants, diplomates et investisseurs entendent lever les freins à une zone à fort potentiel mais encore sous-exploitée. 800 milliards de dollars. C’est le montant estimé des opportunités économiques que recèle le Golfe de Guinée, selon une étude conjointe de l’Union africaine et de la CEA (Commission économique pour l’Afrique). De Lagos à Libreville, la façade maritime ouest-africaine concentre un potentiel stratégique majeur : ressources halieutiques, hydrocarbures offshore, corridors logistiques, hubs portuaires, énergies renouvelables, et zones économiques spéciales. Mais pour transformer ce potentiel en réalité, il faut lever trois verrous : l’insécurité maritime, le déficit d’infrastructures, et l’absence de coordination régionale. Diplomatie économique et sécurité au menu Organisée en marge de la session de l’Assemblée générale de l’ONU, la table ronde de New York réunit les ministres du Commerce et des Transports de 11 pays côtiers, aux côtés de bailleurs, banques multilatérales (BAD, Banque mondiale) et opérateurs logistiques internationaux. « Le Golfe de Guinée peut devenir un moteur de la transformation économique africaine, à condition de sécuriser ses routes et de planifier ensemble ses investissements », a déclaré Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. Sécurité maritime : un enjeu stratégique mondial Longtemps considéré comme l’épicentre mondial de la piraterie maritime, le Golfe de Guinée a vu une baisse de 60 % des actes de piraterie entre 2021 et 2024, grâce à des initiatives conjointes (Code de Yaoundé, coopération navale régionale). Mais les menaces persistent : trafics, pêche illégale, et flux migratoires irréguliers. Les États-Unis, la France, la Chine et l’Union européenne ont réaffirmé leur soutien à la sécurisation de la zone, en promouvant des capacités navales locales et des investissements dans le renseignement maritime. Infrastructure, climat et logistique : les priorités Outre la sécurité, les discussions portent sur le financement de corridors multimodaux (routes, rails, ports) ; l’accélération des investissements dans les énergies marines et solaires ; la mise en réseau des zones portuaires et logistiques régionales. Un fonds régional de 5 milliards dollars est en discussion, porté par la BAD et un pool de partenaires privés. Alors que l’Afrique cherche à consolider sa souveraineté économique et commerciale, le Golfe de Guinée pourrait devenir une véritable colonne vertébrale maritime du continent. À condition de jouer collectif et stratégique.

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Chine‑Afrique : un musée africain en Chine pour raconter nos histoires

La Chine s’apprête à inaugurer son premier musée entièrement dédié à l’Afrique, centré sur l’histoire, l’art, les civilisations africaines, et conçu comme un lieu d’échange éducatif entre peuples. Annoncée par Ye Hailin, directeur de l’Institut Chine‑Afrique, cette initiative entend non seulement montrer des artefacts, des œuvres, des récits, mais également renforcer les liens entre artistes, universitaires, communautés africaines et chinoises. Pourquoi cela importe pour l’Afrique Pour beaucoup d’Africains, ce musée est plus qu’un simple lieu d’exposition : c’est un symbole. Un symbole de reconnaissance, après des décennies où nos histoires ont souvent été racontées par d’autres. Aujourd’hui, c’est une invitation à dialoguer, à montrer la richesse culturelle du continent – de Tombouctou à Lalibela, des arts contemporains de Lagos aux danses traditionnelles du Cameroun – dans un espace international. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large : la création de cinq centres de recherche Chine‑Afrique, qui permettront d’approfondir les études sur notre patrimoine culturel, les arts, les langues, la diaspora. C’est une occasion de valoriser nos savoirs, d’encourager les échanges interculturels et de repenser ce que signifie être Africain dans le monde globalisé. Enjeux stratégiques et culturels Ce à quoi il faut veiller C’est l’Afrique qui raconte l’Afrique : c’est là que repose la force de ce projet. Pour les jeunes, les artistes, les communautés, ce musée peut être un miroir, une fenêtre, et un pont.

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Intégration : le réveil du lac Tchad, pari du Cameroun

Longtemps symbole du désastre climatique africain, le lac Tchad surprend aujourd’hui par son renouveau. Sa remontée spectaculaire ouvre une brèche stratégique pour le Cameroun, entre redéploiement territorial, sécurité régionale et diplomatie hydrique. Après des décennies de recul alarmant – plus de 90 % de perte de surface depuis les années 1960, le lac Tchad connaît depuis trois ans une expansion inattendue, portée par une pluviométrie accrue, selon les climatologues de la CBLT. Ce retournement, qui redessine les équilibres du bassin sahélien, suscite autant d’espoirs que de défis pour les populations riveraines, et pour les États concernés. Du côté camerounais, cette résurgence offre une fenêtre de transformation pour l’Extrême-Nord, région marginalisée et longtemps en proie à l’insécurité. « Ce qui était un désastre devient peut-être notre plus grande chance », commente un haut fonctionnaire à Maroua. Reconversion agricole et innovation territoriale Les terres agricoles inondées autour de Makari, Blangoua ou Hile Alifa rappellent la fragilité des équilibres humains face au climat. Pourtant, l’État camerounais, en coordination avec la CBLT et plusieurs bailleurs, explore la voie des polders, ces digues agricoles inspirées du modèle néerlandais. Objectif : reconquérir les terres fertiles englouties et relancer une agriculture irriguée, adaptée aux nouvelles dynamiques hydrologiques. Renaissance de la pêche, enjeu économique et social Le retour des eaux a également revitalisé les stocks halieutiques, après des années de pénurie. Mais la nouvelle configuration du lac bouleverse les pratiques traditionnelles. Zones de pêche redessinées, navigation risquée, perte de repères : les pêcheurs doivent se réinventer. Un programme d’accompagnement technique, financé par la FAO, est en préparation pour structurer une filière pêche durable et résiliente. Un enjeu sécuritaire majeur pour le Cameroun Au-delà de l’économie, la stabilisation du bassin est un impératif sécuritaire. La présence de Boko Haram dans les zones lacustres reste une menace. Or, relancer l’économie locale, réinstaller les déplacés et reconstruire les services de base constitue la meilleure réponse face à l’extrémisme violent. La montée du lac est donc aussi une opportunité de rétablir l’autorité de l’État dans une zone longtemps hors de contrôle. Diplomatie de l’eau : le Cameroun repositionné En tant que membre actif de la Commission du bassin du lac Tchad, le Cameroun a une carte à jouer dans la gouvernance hydrique régionale. Des projets d’envergure, comme le transfert d’eau depuis l’Oubangui ou la valorisation des écosystèmes lacustres, pourraient faire de Yaoundé un acteur-clé de la diplomatie climatique sahélienne.  « Ce n’est pas seulement un lac qui revient, c’est toute une géographie politique et économique qui est à redessiner », souligne un expert du Centre africain pour les politiques climatiques. Le retour du lac Tchad n’est pas une fin en soi. Pour le Cameroun, il s’agit désormais de transformer une anomalie climatique en projet stratégique de développement, de sécurité et de souveraineté territoriale durable.

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Diaspora : Pierre De Gaétan Njikam, prochain maire de la ville de Bordeaux !

Candidat aux élections municipales de Bordeaux en 2026, Pierre De Gaétan Njikam, ancien adjoint d’Alain Juppé et cadre influent de la coopération franco-africaine, entend redonner à la ville un souffle participatif, durable et ouvert sur le monde. L’Association, l’Union des Camerounais de l’Extérieur (UCE) est prête à soutenir Pierre De Gaétan Njikam. Il incarne une vision nouvelle de la citoyenneté : enracinée, inclusive et tournée vers l’avenir. « Bordeaux a besoin de toutes les énergies. J’appelle à une mobilisation collective pour faire de notre ville un laboratoire du vivre-ensemble, de l’innovation sociale, et du lien avec les diasporas »,déclare Pierre De Gaétan Njikam, qui tiendra son premier grand rendez-vous citoyen le 6 octobre prochain au Théâtre Trianon, cœur battant de sa campagne municipale. De Bordeaux à Douala : la force d’un pont entre territoires D’origine camerounaise, Pierre De Gaétan Njikam est l’une des rares figures issues de la diversité à occuper des fonctions de haut niveau dans les institutions municipales françaises. Ancien adjoint au maire de Bordeaux, en charge des relations internationales, de la diversité et de la coopération décentralisée, il a été un artisan discret mais efficace de nombreux partenariats entre Bordeaux et plusieurs villes africaines. Son parcours l’a aussi conduit au ministère des Affaires étrangères, avant de rejoindre la Fonds Pierre Castel – Agir avec l’Afrique, où il œuvre à soutenir l’entrepreneuriat agricole et l’autonomisation des jeunes en Afrique francophone. À ce titre, il accompagne des projets stratégiques au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Congo, avec une conviction forte : la jeunesse africaine est une solution, pas un problème. Municipales 2026 : une campagne citoyenne, un ancrage dans la diaspora La candidature de Pierre De Gaétan Njikam dépasse les clivages classiques. Elle se fonde sur la dynamique des Camerounais de l’étranger, un vivier de compétences souvent ignoré, mais déterminant dans la construction d’un avenir commun. L’UCE, l’Union des Camerounais de l’Extérieur, entend fédérer les forces vives de la diaspora de Bordeaux, pour soutenir le candidat en vue d’impulser un nouveau cycle politique, participatif et transcontinental. « Nous ne sommes pas un lobby communautaire, mais une intelligence collective. Ce que nous construisons ici, à Bordeaux, peut inspirer Douala, Yaoundé, ou Garoua demain. Le Cameroun a besoin de ses talents de l’extérieur», affirme-t-il. Une candidature à forte charge symbolique Dans un contexte français où les débats sur l’identité, l’immigration et la cohésion sociale fracturent le vivre-ensemble, la figure de Pierre De Gaétan Njikam fait écho à une autre narration : celle d’un citoyen ancré, compétent, cosmopolite et profondément républicain. Son engagement local est à l’image de sa vision globale : construire des villes résilientes, connectées, et inclusives, où la diversité n’est pas un handicap mais un atout. Et Bordeaux, capitale viticole ouverte sur le monde, est pour lui le lieu idéal pour incarner cette ambition.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Bello Bouba dénonce les « candidats fabriqués » et recadre l’opposition

À moins d’un mois du scrutin présidentiel au Cameroun, le climat préélectoral s’alourdit. La déclaration tranchante de Bello Bouba Maïgari, ancien Premier ministre et candidat de l’UNDP, vient mettre à nu les fractures internes de l’opposition, minée par les querelles de légitimité. Dans une correspondance datée du 14 septembre 2025, Bello Bouba Maïgari a vivement critiqué les initiatives portées par certains acteurs de l’opposition qu’il qualifie de « groupuscules sans mandat », dénonçant une stratégie de déstabilisation orchestrée « en dehors des circuits légitimes d’Elections Cameroon (Elecam) ». L’ancien chef du gouvernement ne mâche pas ses mots : « seuls les candidats officiellement retenus ont la capacité politique et juridique de s’exprimer sur le processus électoral. Toute autre voix relève de la manipulation ou de la fabrication », assène-t-il dans sa lettre. L’opposition camerounaise, entre division et disqualification La sortie de Bello Bouba vise notamment le mouvement Union pour le changement, qui a désigné Issa Tchiroma Bakary (FSNC) comme candidat unique « consensuel » de l’opposition. Une désignation qui n’a pas été reconnue par plusieurs figures de l’opposition, à commencer par Bello Bouba lui-même, mais aussi les soutiens du Manidem, dont le candidat initialement pressenti, Maurice Kamto, a été écarté du scrutin. Derrière cette guerre d’égos, c’est une bataille pour la légitimité politique qui se joue à ciel ouvert. Alors que le pouvoir en place conserve une posture de stabilité et de discipline partisane, l’opposition se disperse entre ambitions personnelles, alliances parallèles et candidatures imposées par des mécanismes non institutionnels. Un climat politique fragilisé à l’approche du scrutin En dénonçant les « démarches isolées et contraires à l’éthique républicaine », Bello Bouba tente de replacer le débat sur le terrain de la légalité, tout en consolidant son propre positionnement comme candidat républicain et institutionnel. Mais cette sortie révèle surtout un paradoxe stratégique : l’opposition réclame l’alternance, sans s’entendre sur une méthode commune pour y parvenir. À l’échelle régionale, cette désunion renforce l’image d’un système politique camerounais où l’opposition peine à se structurer face à un régime dont la longévité repose aussi sur la division de ses adversaires. Dans ce contexte, les déclarations de figures comme Bello Bouba ont une double portée : politiquement défensive, mais diplomatiquement offensive.

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Cameroun–CEEAC : Jacob Kotcho en pole position pour piloter le Marché commun régional

Parmi les 52 candidats en lice pour les postes stratégiques de commissaire à la CEEAC, un nom fait l’unanimité : celui du Camerounais Jacob Kotcho Bongkwaha. Son profil, son expérience, et les enjeux du portefeuille convoité cristallisent les attentions dans les cercles diplomatiques d’Afrique centrale. « Ce n’est pas un simple poste, c’est le cœur économique et politique de l’intégration régionale », confie un diplomate. En effet, le portefeuille du Marché commun de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), qui englobe les affaires économiques, monétaires et financières, est aujourd’hui le plus convoité. À la manœuvre : le Cameroun, troisième puissance économique de la sous-région, qui aligne un candidat de poids. Jacob Kotcho Bongkwaha, 53 ans, économiste, expert du commerce international, et actuel directeur du Marché commun à la CEEAC, a obtenu la meilleure note de l’évaluation technique menée par le cabinet Forvis Mazars : 90,25 sur 100, loin devant des figures politiques et technocratiques régionales. « Il connaît les mécanismes internes, parle le langage des bailleurs, et incarne une vision d’intégration réaliste et opérationnelle », souligne une source onusienne à Addis-Abeba. Un enjeu régional à forte portée géopolitique La nomination du commissaire au Marché commun va bien au-delà des questions administratives. Ce portefeuille supervise la convergence macroéconomique, la mise en œuvre des mécanismes de coopération financière, le commerce intrarégional, et à terme, l’union monétaire envisagée. 9 des 15 objectifs du Traité révisé de la CEEAC y sont directement liés. Pour Yaoundé, c’est aussi un moment de vérité. Le Cameroun entend faire de cette nomination un levier d’influence stratégique, en lien avec sa Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30) qui positionne l’intégration régionale comme catalyseur de croissance. « Accéder à ce poste, c’est synchroniser notre diplomatie économique avec les priorités régionales », analyse un conseiller à la présidence camerounaise. L’heure des choix politiques Le règlement de la CEEAC impose un seul commissaire par État membre. Le président Paul Biya doit donc trancher entre deux profils camerounais : Kotcho, ou Nelly Banaken Elel, experte en développement social. Mais les enjeux économiques, sécuritaires et diplomatiques rendent le choix de Kotcho presque inévitable. S’il est confirmé, le Cameroun renforcerait sa stature de puissance pivot de l’Afrique centrale, dans un contexte régional toujours instable (instabilités en RDC, tensions au Tchad, redéploiement des influences russes et chinoises). À l’heure où la ZLECAf peine à s’ancrer dans les pratiques, un commissaire expérimenté pourrait donner un nouveau souffle à l’intégration continentale depuis le cœur de l’Afrique. À suivre dans les prochaines semaines, la décision d’Etoudi, qui scellera non seulement un choix de personne, mais une orientation stratégique majeure pour la région.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Le Centre sous haute surveillance

« La sécurité est une condition non négociable de la souveraineté démocratique »,a déclaré Paul Atanga Ji, ministre de l’Administration territoriale. À moins d’un mois de la présidentielle du 12 octobre, les autorités camerounaises accélèrent les préparatifs sécuritaires. Le 15 septembre, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a présidé une réunion de haut niveau au siège du Conseil régional du Centre, rassemblant gouverneurs, préfets, sous-préfets et officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité. Objectif : garantir un scrutin apaisé dans la région capitale, siège des institutions républicaines et baromètre politique du pays. Une sécurité présidentielle sous haute tension « Il était important de faire une évaluation afin que chacun des préfets puisse nous donner les détails de la réalité de son département », a déclaré le ministre, soulignant la nécessité de remonter une photographie exacte du terrain au chef de l’État. Les enjeux sont majeurs : le Centre est non seulement le cœur institutionnel du Cameroun, mais aussi un territoire à forte densité électorale et logistique. Une perturbation du processus dans cette région aurait des répercussions nationales. Surveillance renforcée et monitoring en temps réel Parmi les mesures clés évoquées, il y a la distribution sécurisée et anticipée du matériel électoral dans toutes les circonscriptions ; la communication permanente entre les échelons territoriaux et le MINAT ; le renforcement du monitoring via des points de situation réguliers et une centralisation des données sécuritaires. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte régional marqué par la montée des tensions électorales dans plusieurs pays d’Afrique centrale, où la sécurisation du vote devient un enjeu de stabilité étatique. Des observateurs sous surveillance Autre point sensible : le rôle des observateurs électoraux nationaux et internationaux, dont le déploiement est annoncé par le MINAT. Paul Atanga Nji leur adresse un message clair : « utiliser leur mandat de manière responsable », un rappel diplomatique qui traduit une volonté de canaliser les interprétations et communications sensibles liées au scrutin, dans un climat potentiellement tendu. À travers cette réunion, l’État camerounais envoie plusieurs signaux : Il entend maîtriser le narratif sécuritaire de l’élection, ; il met en place une architecture de commandement verticalisée, plaçant la chaîne administrative au cœur du dispositif de veille ; il cherche à anticiper tout risque de rupture logistique, souvent exploité dans les contextes contestés. Dans une année électorale où la moindre faille peut engendrer une crise de légitimité, cette mobilisation dans le Centre s’apparente à un test grandeur nature de la doctrine sécuritaire du régime. Enjeux géopolitiques et d’intelligence territoriale Au-delà du Cameroun, cette démarche s’inscrit dans un contexte continental plus large où la sécurité électorale devient un indicateur majeur de résilience des États face aux risques hybrides : cybermenaces, désinformation, contestations populaires, ou influences étrangères. Le modèle camerounais d’administration territoriale, centralisé et militaro-administratif, se présente ici comme un outil de pilotage politique, dans une Afrique centrale marquée par des transitions fragiles et une pression internationale croissante sur la transparence des processus électoraux.

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Dépôts pétroliers : Douala au cœur de la bataille pour la sécurité énergétique et la performance stratégique

  La Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP) tient, à l’hôtel Best Western, une rencontre cruciale de deux jours entre sa direction générale et les responsables de ses dépôts stratégiques. Une réunion sous haute tension dans un contexte régional sous pression. « Notre objectif est clair : garantir la sécurité des installations, renforcer la fiabilité humaine et maîtriser les pertes pour éviter toute tension sociale ou rupture d’approvisionnement », a déclaré Véronique Manzoua, épouse Moampea Mbio, Directrice Générale de la SCDP, lors de son discours d’ouverture. Sécurité, performance et anticipation Placée sous le thème « Dépôts pétroliers et performance opérationnelle : renforcer la fiabilité humaine, sécuriser l’exploitation et maîtriser les pertes », cette rencontre stratégique intervient dans un contexte géopolitique et socio-économique sous tension, à la veille d’échéances électorales décisives au Cameroun. Les enjeux ne sont pas seulement techniques. Ils sont sécuritaires, politiques, économiques et stratégiques. Car les produits pétroliers, vitaux pour les économies modernes, sont aussi des matières dangereuses dont la gestion ne tolère aucune approximation. « La manipulation des hydrocarbures n’est pas une opération ordinaire. Elle requiert rigueur, formation et un environnement hautement sécurisé », a martelé la DG. Vers un leadership régional affirmé La SCDP, véritable épine dorsale de la sécurité énergétique du Cameroun, opère également comme fournisseur clé pour l’hinterland régional (Tchad, RCA, Congo). En 2024, elle a connu une montée en puissance significative : +40 % de disponibilité en GPL grâce à la mise en service de la sphère 06 à Bonabéri et une politique de transparence renforcée. Le bilan présenté à Douala inclut 46 recommandations issues des séminaires précédents, preuve d’une volonté d’adaptation continue face à un marché de plus en plus concurrentiel, notamment dans le secteur du Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) où la demande explose. « Rester leader exige un investissement constant dans les compétences humaines, la technologie et la gouvernance », a souligné Véronique Manzoua. Cap sur Kribi : un tournant stratégique Le point culminant de la stratégie à moyen terme reste le lancement, dès 2026, du Terminal Hydrocarbures de Kribi (THK) : Une rivalité industrielle maîtrisée Le projet THK n’est pas seul. Deux mois auparavant, Cstar, joint-venture formée par la SNH, Tradex et des partenaires émiratis, posait la première pierre d’un terminal similaire à Kribi, avec une raffinerie modulaire de 30 000 barils/jour. Coût estimé : 114 milliards FCFA. Malgré cette rivalité apparente, la DG de la SCDP relativise : « L’existence de plusieurs opérateurs de stockage est une bonne chose. Dans les pays matures, les stockeurs sont diversifiés. L’essentiel est d’assurer l’autonomie énergétique du Cameroun ». Enjeux géopolitiques, économiques et de gouvernance Enjeux géopolitiques : Le Cameroun se positionne en hub énergétique sous-régional, à l’heure où les routes d’approvisionnement sont de plus en plus disputées entre États, groupes multinationaux et acteurs locaux. Entre souveraineté énergétique et diplomatie industrielle La réunion de Douala s’inscrit dans une dynamique de souveraineté énergétique proactive, où le Cameroun, à travers la SCDP, veut consolider son autonomie tout en jouant un rôle central en Afrique centrale. « La performance énergétique est un levier de stabilité politique et de croissance économique. La sécurité n’est pas un coût. C’est une condition de survie », conclut Véronique Manzoua. Alors que l’Afrique centrale redéfinit ses équilibres énergétiques, le Cameroun avance ses pions avec prudence, mais détermination. La stratégie est en place. Reste à voir si les moyens suivront.      Les 5 points-clés

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Cameroun : Paul Biya joue la carte de l’unité nationale

À un mois de la présidentielle, Paul Biya lance un appel à l’unité nationale : « Le pays a besoin de nous tous ». À moins de 30 jours d’une élection présidentielle à forts enjeux, le président camerounais Paul Biya a brisé le silence pour adresser un message d’unité à une nation traversée par des fractures profondes. Dans une déclaration à forte portée symbolique et politique, il exhorte les Camerounais à « bannir les préjugés et les complexes qui nourrissent le désordre » et à œuvrer ensemble « pour la stabilité du pays ». Un message au ton rassembleur dans un climat incertain Alors que le Cameroun se prépare à une échéance électorale sensible, le climat sociopolitique reste tendu. « Aucun groupe ne doit rejeter les autres. Aucun groupe ne doit se sentir exclu par les autres », a martelé Paul Biya dans un discours diffusé à la télévision nationale. Ce message intervient alors que le débat sur la succession, sur fond d’incertitudes constitutionnelles et de jeux de pouvoir internes au parti présidentiel (RDPC), reste discret mais omniprésent. L’unité nationale comme rempart stratégique Sur le plan géopolitique et sécuritaire, le Cameroun est un pivot régional. Engagé dans la lutte contre Boko Haram à l’Extrême-Nord et malgré d’être confronté à une instabilité supposée dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, le pays fait face à un double défi : maintenir l’intégrité territoriale tout en relançant un dialogue national crédible. « Le vivre-ensemble n’est pas un slogan, c’est une stratégie de résilience », analyse un diplomate occidental en poste à Yaoundé. « Dans un pays où la diversité est une force mais aussi une ligne de fracture potentielle, Biya tente de poser les bases d’une paix durable – mais le temps joue contre lui ». Des défis économiques et sociaux à fort impact électoral Le FMI estime que la croissance du Cameroun pourrait atteindre 4,5 % en 2025, grâce à une reprise des secteurs agricole et énergétique. Mais cette embellie reste fragile, tant que l’instabilité politique -à venir peut-être- freineraient les investissements étrangers directs. Les régions les plus touchées par les conflits demeurent en situation d’exclusion économique, avec un taux de pauvreté supérieur à 60 % dans certaines zones rurales, selon le fonds. L’intelligence économique joue un rôle croissant dans la lecture stratégique de la situation : les bailleurs internationaux, notamment la Chine, la France et la Turquie, surveillent de près la stabilité du pays, condition indispensable à la poursuite des projets infrastructurels majeurs comme le port en eau profonde de Kribi ou les partenariats gaziers. Un leadership en question, une transition à anticiper Si Paul Biya apparaît comme le garant d’un certain ordre institutionnel, la question de sa succession reste source d’inquiétudes. Selon une étude du Centre d’analyse stratégique de Douala, près de 68 % des Camerounais interrogés se disent préoccupés par « l’absence de visibilité sur l’après-Biya ». La communauté internationale, notamment l’Union africaine et les partenaires bilatéraux du Cameroun, appellent à une présidentielle inclusive, sécurisée et crédible. Alors que le pays attend l’officialisation de la campagne présidentielle, la stabilité du Cameroun ne peut être considérée comme acquise. Les mois à venir seront décisifs, non seulement pour la gouvernance nationale, mais aussi pour l’équilibre géopolitique de toute l’Afrique centrale. Les Camerounais, dans leur sens de la résilience, seront les seuls arbitres de l’avenir de leur pays.  À retenir :

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