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Afrique subsaharienne : la suspension de VOA rebat les cartes de l’écosystème médiatique

Entre vide informationnel local et recomposition stratégique mondiale, l’arrêt de Voice of America interroge sur la place des médias internationaux dans les démocraties fragiles. La suspension en mars 2025 des programmes de Voice of America (VOA) en Afrique subsaharienne marque une rupture symbolique et opérationnelle dans le paysage médiatique du continent. Radio publique américaine diffusant depuis 62 ans en Afrique, VOA avait tissé un réseau de plus de 1 000 partenariats avec des radios communautaires, fournissant des contenus multilingues, des formations et une couverture régionale souvent perçue comme équilibrée. « Dans certaines régions, VOA offrait un contrepoids aux récits officiels, tout en maintenant une ligne éditoriale respectueuse des équilibres locaux », estime un chercheur au Centre africain des médias de Dakar. Cependant, la suspension — justifiée à Washington par des impératifs budgétaires et des réformes internes — ne signifie pas nécessairement un abandon de l’Afrique. Des consultations seraient en cours au sein de l’administration américaine pour redéfinir les priorités de la diplomatie publique, dans un contexte où les budgets de l’aide extérieure font l’objet de tensions croissantes. Radios communautaires sous pression, mais pas sans alternatives Dans des pays comme la RDC, le Niger ou le Zimbabwe, l’absence de programmes VOA a temporairement désorganisé les grilles de certaines stations. Des journalistes ont été remerciés, et des créneaux sont restés vacants. Mais dans d’autres cas, des initiatives locales ont émergé pour combler le vide : partenariats avec des ONG, relance de contenus produits localement, ou montée en puissance d’acteurs régionaux comme la BBC Afrique, RFI, ou des radios panafricaines. « VOA n’était pas la seule source d’information fiable. Elle était importante, mais son retrait oblige à repenser la production locale et la formation des journalistes », nuance un directeur de station communautaire au nord du Cameroun. Enjeux géopolitiques : vers une recomposition du soft power L’arrêt de VOA intervient dans un moment de recomposition du paysage médiatique mondial. La montée en puissance de médias non-occidentaux comme CGTN (Chine), Sputnik (Russie) ou TRT Afrique (Turquie) redéfinit les équilibres d’influence. Dans ce contexte, certains observateurs estiment que la fin de la diffusion VOA pourrait, à terme, stimuler la diversification des voix médiatiques sur le continent, y compris celles issues de la société civile africaine. « L’Afrique a longtemps été une terre de réception médiatique. C’est peut-être l’occasion d’encourager une souveraineté éditoriale plus affirmée », analyse une experte des médias au CODESRIA (Sénégal). Noël Ndong

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L’Afrique entre deux drapeaux : coopération stratégique ou rivalité larvée ?

Paris et Londres tentent de réactiver une entente africaine malgré le passif colonial et le choc du Brexit. Longtemps marquées par une rivalité historique ancrée dans les mémoires coloniales, les relations entre la France et la Grande-Bretagne sur le continent africain semblent osciller entre coopération stratégique et tensions latentes. Le sommet franco-britannique de 2023 a ravivé l’idée d’un partenariat renouvelé. Les deux puissances se sont engagées à intensifier leurs efforts conjoints, notamment au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et dans les Grands Lacs, en réponse aux défis sécuritaires, climatiques et migratoires croissants. Pourtant, les promesses actuelles peinent à effacer un passé conflictuel. L’incident de Fachoda en 1898 symbolise encore le traumatisme français face à la domination britannique. L’Entente cordiale de 1904 mit un terme officiel aux tensions, mais le « syndrome de Fachoda » – Cette méfiance viscérale face à l’influence anglophone en Afrique francophone – persiste aujourd’hui sous d’autres formes. Durant la Guerre froide et les décennies postcoloniales, Paris et Londres ont souvent adopté des stratégies divergentes : aide liée à leurs intérêts économiques, appui à des modèles de gouvernance opposés – interventionnisme français contre pragmatisme britannique – et peu de volonté de convergence sur les priorités africaines. Aujourd’hui, dans un contexte post-Brexit et face à une reconfiguration multipolaire de l’Afrique, la nécessité d’un front commun face à la montée de la Chine, de la Russie et des puissances régionales (Turquie, Émirats arabes unis) pourrait forcer la main à Paris et Londres. La possible réélection de Donald Trump en 2025, avec son désengagement du multilatéralisme, pousse également les Européens à repenser leur autonomie stratégique, notamment en Afrique. Toutefois, les analystes restent prudents : « L’Afrique reste un terrain de compétition feutrée, plus que de coopération sincère », résume un diplomate ouest-africain. La vraie question reste entière : coopérer pour rester pertinents ou s’effacer derrière de nouvelles puissances ? Noël Ndong

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Visa américain : deux mois sous haute tension pour l’Afrique

Entre quotas en surchauffe et échéances fatales, août et septembre 2025 s’annoncent décisifs pour les lauréats de la loterie et les travailleurs qualifiés africains. Le département d’État américain vient de publier ses dispositions migratoires pour août et septembre 2025, confirmant une fin d’année fiscale explosive, en particulier pour les Africains inscrits au programme Diversity Visa (DV) et les travailleurs qualifiés (EB). La fenêtre reste ouverte pour les lauréats de la loterie DV-2025, avec un quota africain inédit de 50 000 visas en août, porté à 58 500 en septembre. Une priorité assumée, mais menacée par l’échéance rigide du 30 septembre, date limite de validation des dossiers. Le département d’État alerte : « La disponibilité des visas DV jusqu’à la fin de l’exercice fiscal ne peut pas être garantie. Les numéros pourraient être épuisés avant le 30 septembre ». Cameroun et Afrique centrale : une opportunité sous pression Dans cette dynamique, le Cameroun et les pays d’Afrique centrale (Congo, RDC, Tchad, Gabon, Centrafrique, Guinée équatoriale) figurent parmi les bénéficiaires silencieux mais structurants du programme DV. Le Cameroun a reçu environ 3 200 sélections DV-2025, selon les données internes, ce qui le place dans la tranche haute des pays francophones africains. Toutefois, la capacité administrative à finaliser les dossiers (rendez-vous, examens médicaux, documents de soutien) reste un frein systémique dans la sous-région. Des retards structurels au niveau des consulats américains de Yaoundé et Kinshasa aggravent la tension liée à l’échéance du 30 septembre. Un cadre consulaire résume : « La demande est forte, mais les créneaux consulaires ne suivent pas toujours. L’année 2025 sera tendue jusqu’au bout pour le Cameroun ». En parallèle, les travailleurs qualifiés camerounais (EB-2, EB-3) sont directement exposés à la rétrogression annoncée par Washington. Le recul de la date de traitement des dossiers EB-2 Monde exclut temporairement une partie des candidats, et fait planer le risque d’un gel complet des catégories EB en septembre. Afrique centrale sous-représentée mais stratégique L’Afrique centrale bénéficie encore de quotas non plafonnés au niveau national, offrant une marge de manœuvre précieuse, mais vulnérable face à la saturation globale. La sous-région a un rôle stratégique dans la dynamique migratoire afro-américaine, notamment via sa diaspora anglophone et francophone active dans les secteurs de santé, transport, logistique et services.  « Si la demande se concentre sur le Maghreb, l’Afrique centrale représente une réserve de main-d’œuvre qualifiée plus stable à long terme. Mais sans investissement dans les capacités consulaires locales, cette opportunité restera sous-exploitée », explique un expert en intelligence migratoire à Washington. Vers une gestion plus restrictive ? Outre les limites techniques, la rétrogression des visas EB-2 et la menace de rendre indisponibles les catégories EB-3 et EW sont des signaux forts d’un modèle d’immigration américain sous tension structurelle. Le risque ? Un gel temporaire des arrivées de profils qualifiés dans des secteurs en pénurie (santé, tech, BTP). Une perspective préoccupante pour le Cameroun, dont une part croissante des diplômés vise l’émigration légale vers les États-Unis. Noël Ndong

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Ciel africain sous pression : quand la fiscalité freine la connectivité du continent

L’Afrique vole à contre-courant. Alors que le monde investit dans la fluidité du transport aérien pour stimuler commerce, diaspora et tourisme, une étude de l’AFRAA (Association des Compagnies Aériennes Africaines) révèle que plusieurs pays africains étranglent leur ciel sous le poids de taxes et redevances excessives. Le constat est sans appel : le Gabon (297,7 $) et la Sierra Leone (294 $) imposent les plus fortes charges aériennes du continent, loin devant la moyenne africaine (68 $). Neuf des dix pays les plus chers se situent en Afrique de l’Ouest et centrale, soulignant une fracture géoéconomique inquiétante. À l’inverse, la Libye (1,3 $), le Malawi (5 $) ou encore l’Algérie (9,8 $) offrent des conditions bien plus compétitives. Enjeu stratégique : la compétitivité régionale. Ces déséquilibres minent les efforts d’intégration régionale et de ZLECAf. Le surcoût des billets dissuade les compagnies internationales, affaiblit les flux touristiques et restreint la mobilité intra-africaine. Paradoxalement, les régions les plus fiscalement agressives génèrent le moins de trafic aérien. Un modèle économique à revoir Le rapport accuse plusieurs États d’utiliser la fiscalité aérienne pour boucher leurs déficits budgétaires, au mépris des principes de l’OACI (transparence, proportionnalité, consultation). Cette approche non soutenable pénalise l’ensemble du secteur : le continent perd chaque année des milliards de dollars en opportunités économiques. Des réformes urgentes L’Afrique du Nord, avec des redevances faibles et une forte connectivité, incarne une alternative viable. La réussite de hubs comme Casablanca, Le Caire ou Alger montre que croissance et fiscalité modérée peuvent coexister. L’aviation devrait être un levier de développement, non un luxe. Sans harmonisation continentale des taxes aériennes, l’Afrique risque de rester au sol dans la course à la mobilité globale. Les États doivent choisir : perpétuer un modèle court-termiste ou libérer leur ciel pour une croissance durable. Noël Ndong

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Présidentielle 2025 au Cameroun : l’exclusion de Maurice Kamto, entre manœuvres juridiques et ambiguïtés politiques

L’alliance MRC-MANIDEM mise à l’épreuve du droit électoral. La candidature de Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition camerounaise, n’a pas été retenue par le Conseil électoral d’Élections Cameroon (Elecam) dans la liste officielle des candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025. Cette décision, très commentée, suscite à la fois incompréhension et débats quant à ses fondements juridiques et politiques. Si le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), aujourd’hui présidé par Mamadou Mota, a dénoncé une exclusion « calculée », le contexte institutionnel révèle une situation plus complexe que ne laisse supposer une lecture purement politique. Une stratégie alternative risquée : du MRC au MANIDEM Écarté des élections législatives de 2020 pour des raisons similaires, Maurice Kamto a choisi en 2025 de se faire investir par un autre parti légalement reconnu, le MANIDEM (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie), afin de contourner les obstacles liés au statut juridique contesté du MRC auprès du Ministère de l’Administration Territoriale. Mais cette stratégie a fini par se retourner contre lui. Le Conseil électoral a évoqué une « pluralité d’investiture » concernant le MANIDEM – le ministère ayant enregistré un autre nom de président pour le même parti, ce qui aurait créé un conflit d’autorité sur la signature de la candidature du Pr Maurice Kamto. Le MRC, dans sa déclaration, accuse le ministre Atanga Nji d’avoir orchestré une modification unilatérale des données officielles du parti, ce qui rendrait la procédure de dépôt invalide. Entre droit électoral et tactique politique Sur le plan du droit électoral, Elecam affirme avoir appliqué les textes en vigueur, notamment ceux relatifs à la cohérence des documents d’investiture et à l’unicité de candidature par parti. En l’absence de clarification formelle entre les différentes ailes du MANIDEM, l’organe électoral a préféré écarter le dossier plutôt que de l’invalider a posteriori. Toutefois, cette décision n’est pas sans conséquences politiques. Elle pourrait renforcer le sentiment, chez une partie de l’opinion, que les institutions électorales restent fortement politisées, dans un contexte où le président sortant Paul Biya est en course pour un nouveau mandat. Un recours encore possible, mais une marge étroite Le MRC a annoncé un recours devant le Conseil constitutionnel, avec l’espoir d’un repêchage juridique. Toutefois, les chances de succès sont minces, à en juger par la jurisprudence constante du Conseil, souvent alignée sur les positions d’Elecam. À noter également que le délai légal pour statuer est bref – quelques jours après la notification du rejet. Un signal d’alerte plus qu’une surprise Si l’exclusion de Maurice Kamto peut apparaître comme un coup dur pour le pluralisme politique, elle s’inscrit aussi dans un contexte de tensions institutionnelles persistantes entre opposition et appareil d’État. Elle révèle les limites de la stratégie juridique indirecte adoptée par Maurice Kamto et les failles du système d’enregistrement au Cameroun. Plus qu’un incident isolé, cette affaire relance les débats sur la réforme des institutions électorales, la transparence de l’administration territoriale, et la nécessité d’un consensus national sur les règles du jeu démocratique. Noël Ndong Correspondance d’ELECAM au Pr Maurice Kamto

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Cameroun/Présidentielle 2025: ELECAM valide 13 candidatures, Maurice Kamto recalé

Le Conseil Électoral d’Élections Cameroon (ELECAM) a publié ce jour la liste officielle des candidats retenus pour l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025. Sur les 84 dossiers reçus, 13 candidatures ont été validées, dont celles de Paul Biya (RDPC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF) ou encore Patricia Tomaino Ndam Njoya (UDC), de Bello Bouba Maïgari (UNDP), et de Issa Tchitoma Bakari (FSNC). En revanche, la candidature très attendue de Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), roulant sous la bannière du Manidem, a été rejetée, le Conseil évoquant des irrégularités dans son dossier. Cette exclusion suscite déjà de vives réactions dans le paysage politique national. Cette résolution, adoptée à l’unanimité par le Conseil, marque le début officiel du compte à rebours électoral. Les candidats retenus représentent une diversité politique notable, mêlant figures historiques et nouvelles ambitions. Liste des candidats (par ordre alphabétique) : Noël Ndong

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Présidentielle 2025 : l’UE soutient le Cameroun dans la lutte contre la désinformation

Alors que le Cameroun se prépare à élire son prochain président le 12 octobre 2025, les autorités et les partenaires internationaux s’attaquent à un fléau devenu central dans les processus électoraux : la désinformation. Le 24 juillet 2025, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a reçu en audience Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de l’Union européenne, pour discuter d’un programme d’appui à la régulation de l’information et à la lutte contre les contenus toxiques diffusés notamment sur les réseaux sociaux. « L’Union européenne souhaite accompagner le Cameroun dans la promotion d’un environnement médiatique fiable, libre et responsable, surtout en période électorale », a déclaré Jean-Marc Châtaigner. Ce partenariat s’inscrit dans un projet régional financé par l’Union européenne, en collaboration avec Canal France International (CFI), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l’ONG locale Eduk Média. Il prévoit notamment la formation d’environ 200 journalistes à la vérification des faits, à la déconstruction des rumeurs, et à la sécurisation de l’espace public d’information. « La désinformation est une menace réelle pour la cohésion sociale et la stabilité des institutions. Un seul faux contenu peut suffire à enflammer une communauté ou délégitimer tout un processus électoral », a souligné René Emmanuel Sadi. Selon un rapport de l’Observatoire des médias au Cameroun (2024), près de 64 % des informations partagées sur les réseaux sociaux en période électorale ne sont pas vérifiées, et 1 internaute sur 3 relaie une fausse information sans s’en rendre compte. Les conséquences sont multiples : perte de confiance dans les institutions, manipulation de l’opinion publique, incitation à la haine ethnique ou politique. Le programme soutenu par l’UE inclura également des campagnes de sensibilisation citoyenne, notamment dans les écoles, les universités et les médias communautaires, afin de renforcer l’esprit critique des jeunes électeurs, première cible des contenus viraux. À un peu plus de deux mois du scrutin, ce soutien européen est perçu comme un levier stratégique pour garantir un climat électoral apaisé, une presse plus outillée, et des électeurs mieux informés. Noël Ndong

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Cameroun : réorganisation territoriale d’envergure à l’approche de la présidentielle de 2025

Nomination de 17 Préfets et plus de 60 Sous-Préfets : Paul Biya mise sur la stabilité et l’efficacité administrative. À moins de trois mois de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Président Paul Biya a initié un double mouvement stratégique au sein du Commandement territorial. Le 22 juillet 2025, deux décrets distincts ont officialisé la nomination de 17 Préfets et plus de 60 Sous-Préfets à travers neuf des dix régions du pays. Cette vaste opération administrative intervient dans un climat politique tendu, et vise à consolider l’autorité de l’État, renforcer la gouvernance locale et anticiper les enjeux sécuritaires liés à la période électorale. Du département de la Vina à celui du Mbam-et-Kim, en passant par la Mefou-et-Akono, le Mayo-Tsanaga ou encore le Nyong-et-Mfoumou, de nombreux Préfets ont été nouvellement installés ou mutés. Plusieurs d’entre eux, tels que Sone Clément Ngoe, Samuel Monebo et Sop Mote Adeline Claude, accèdent à ces fonctions après avoir exercé en tant que Sous-Préfets, traduisant ainsi une volonté de promotion interne et de valorisation de l’expérience administrative de terrain. Parallèlement, plus de 60 Sous-Préfets ont été nommés dans les arrondissements clés de toutes les régions concernées, notamment dans les zones stratégiques du Centre, de l’Ouest, de l’Extrême-Nord, du Sud-Ouest et du Littoral. Ce renouvellement massif s’inscrit dans une logique d’optimisation du maillage territorial, en plaçant des responsables jeunes, expérimentés ou aguerris à la tête des circonscriptions, pour garantir la continuité de l’État et la proximité avec les populations. Ces nominations, qui suivent de près la conférence semestrielle des gouverneurs et les récentes mutations dans les forces armées, montrent clairement une approche coordonnée visant à sécuriser le processus électoral, à apaiser les tensions locales et à assurer une gestion fluide et réactive de l’administration publique. Il s’agit là d’une manœuvre stratégique du pouvoir central pour anticiper les défis à venir et maintenir la paix sociale avant, pendant et après le scrutin. Noêl Ndong

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Cameroun : Paul Biya supprime les lignes 65 et 94  – Vers une nouvelle ère de transparence ou simple manœuvre politique ?

Dans une décision sans précédent, le président camerounais Paul Biya a ordonné la suppression des lignes budgétaires 65 (dépenses communes de fonctionnement) et 94 (interventions en investissements) dès l’exercice 2026. Ces lignes, longtemps au cœur des critiques pour leur opacité, sont désormais au centre d’un vaste débat politique, économique et électoral, à l’approche de la présidentielle de 2025. Les lignes 65 et 94 : leviers d’opacité budgétaire Pendant plus d’une décennie, les lignes 65 et 94 ont permis de financer diverses dépenses publiques sans obligation claire de justification, ni visibilité publique. En 2022, un audit ordonné par la présidence a révélé que plus de 5 000 milliards de FCFA avaient été engagés entre 2010 et 2021 via ces canaux. Parmi les irrégularités relevées : Suppression actée et nouvelle dotation plafonnée Le chef de l’État a décidé de mettre fin définitivement à ces lignes budgétaires à compter de 2026. À leur place, une nouvelle ligne appelée « dotation spéciale » sera introduite, avec un plafond de 10 % des crédits du budget de l’État. Cette réforme a pour objectif de centraliser, justifier et rationaliser les dépenses non programmées, tout en réduisant les risques de corruption. Réactions de l’opposition : « Une victoire incomplète » La classe politique d’opposition, notamment le MRC de Maurice Kamto – candidat à l’élection présidentiel sous la bannière Manidem – et le PCRN de Cabral Libii, a accueilli favorablement l’annonce, mais déplore une absence de poursuites concrètes contre les responsables identifiés. Selon un communiqué du MRC : « Cette suppression est la preuve d’une mauvaise gestion longtemps dénoncée. Si elle n’est pas suivie d’enquêtes judiciaires et de sanctions exemplaires, elle restera un simple effet d’annonce ». L’opposition appelle également à plus de transparence sur les résultats de l’audit, à une publication des noms des agents impliqués, et à une réforme globale des mécanismes de contrôle budgétaire. Comparaisons régionales *Rwanda : Avec un indice de perception de la corruption élevé (57/100), le Rwanda est l’un des rares pays de la sous-région à avoir réussi à réduire significativement la corruption, grâce à la numérisation des services publics, des sanctions sévère et un engagement politique contre l’impunité. *RDC & RCA : En République Démocratique du Congo et en Centrafrique, les lignes budgétaires équivalentes sont souvent encore plus opaques, avec très peu de contrôle parlementaire ou citoyen. L’indice Open Budget Survey 2023 classe la RCA à 6/100, l’un des pires scores au monde. *Cameroun : Avec 50/100 au même indice, le Cameroun se situe au-dessus de la moyenne régionale, mais loin des standards internationaux. La suppression des lignes 65 et 94 pourrait permettre une remontée significative dans les classements internationaux, à condition que la réforme soit réelle, suivie et auditable. Implications pour l’élection présidentielle de 2025 * Certains observateurs, y voient une manœuvre politique pour désarmer les critiques internes (clans rivaux au sein du régime) ;montrer une image réformiste à la communauté internationale ; restaurer la légitimité du pouvoir avant l’élection prévue fin 2025. *Mobilisation de l’opposition : Des mouvements citoyens comme « 11 millions d’inscrits » visent à encourager l’enrôlement des jeunes sur les listes électorales. La réforme budgétaire pourrait alimenter leur discours, en montrant que le changement est possible si la pression citoyenne augmente. *Risque de désillusion : Si aucune suite judiciaire n’est donnée à l’audit et que les mêmes mécanismes de détournement se réinstallent ailleurs, cela pourrait aggraver le désenchantement politique, en particulier chez les jeunes, qui représentent près de 60 % de la population électorale, mais dont beaucoup restent non-inscrits. Rupture ou recyclage du système ? La suppression des lignes 65 et 94 représente une occasion historique de restaurer la transparence budgétaire au Cameroun. Elle constitue un signal fort, mais son efficacité dépendra de la volonté politique à poursuivre les fautifs ; de la réforme structurelle des mécanismes de contrôle. Dans le contexte sensible de la présidentielle de 2025, cette réforme budgétaire pourrait devenir un tournant décisif – soit en instaurant une nouvelle ère de gestion publique, soit en révélant une énième opération de communication sans suite. Noël Ndong

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UNESCO : nouveau retrait des Etats-Unis, une fracture dans l’engagement multilatéral

Le gouvernement américain a annoncé un nouveau retrait de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), effectif au 31 décembre 2026. Il s’agit du troisième retrait historique des Etats-Unis depuis 1945 : après les départs de 1984  sous Reagan et 2018 sous Trump I , puis la réintégration en 2023 sous l’administration Biden. L’administration Trump II avance que l’UNESCO promeut des agendas « divisifs« , jugés contraires aux intérêts nationaux : soutien à la reconnaissance de l’État palestinien, biais anti-israélien, initiatives « DEI » (diversité, équité, inclusion) qualifiées de « woke« . Impact budgétaire et stratégique Les États-Unis contribuaient à environ 8 % du budget de l’UNESCO (contre 20‑22 % jusqu’en 2011), et leur départ entraînera une réduction notable des financements couverts, notamment en matière d’éducation, patrimoine et droits humains. Bien que moins dépendante qu’auparavant, l’agence subira néanmoins les effets sur certains programmes clés, notamment ceux soutenus historiquement par les États-Unis. Enjeux géopolitiques et diplomatiques Ce retrait s’inscrit dans la doctrine « America First », marquée par une défiance vis-à-vis des organisations multilatérales. Il reprend la logique de retrait d’autres entités internationales telles que l’OMS ou le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Des critiques mentionnent une tentative de neutralisation de l’influence croissante de la Chine au sein de l’UNESCO, notamment dans les domaines éducatifs et technologiques. En s’éloignant, les États-Unis perdent une position stratégique dans la légitimation des normes globales. Réactions et périmètre d’impact La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a exprimé ses regrets tout en assurant que l’organisation resterait résiliente, renforcée par ses financements diversifiés. Pour les experts, ce retrait pourrait affaiblir la lutte contre les inégalités éducatives, la protection du patrimoine mondial, la mémoire de l’Holocauste, ou encore la liberté de la presse, domaines dans lesquels les États-Unis jouaient un rôle pivot. Noël Ndong

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