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Afrique centrale : entre désarmement fragile et réalignement stratégique

L’accord de paix signé le 19 juillet entre le gouvernement centrafricain et deux groupes armés majeurs (UPC et 3R), sous l’égide du Tchad et avec le soutien actif de l’Union africaine, pourrait marquer un tournant dans la géopolitique d’Afrique centrale.  La diplomatie régionale, longtemps marginalisée par la militarisation des conflits, reprend ainsi l’initiative. Mais les défis restent immenses. « C’est un jalon, pas une solution », tempère un haut fonctionnaire de la CEEAC. La RCA, plongée dans la guerre civile depuis 2013, reste un pays sous tension : plus de 3,1 millions de personnes nécessitent une aide humanitaire (OCHA, 2024), et 60 % du territoire demeure hors de contrôle étatique, selon l’ONU. Le Cameroun : un acteur pivot malgré une posture prudente Voisin direct, le Cameroun joue un rôle ambivalent. Frontalière de la RCA sur plus de 900 km, cette puissance sous-régionale absorbe une part importante du coût humain du conflit : plus de 350 000 réfugiés centrafricains y vivent encore en 2025, selon le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Sur le plan militaire, Yaoundé coopère discrètement avec Bangui dans le domaine du renseignement et du contrôle des flux armés. Mais, empêtré dans ses propres tensions internes, le Cameroun privilégie une diplomatie de « stabilité minimale », sans s’engager frontalement dans la gouvernance régionale. Géoéconomiquement, la situation offre un paradoxe : les corridors Douala-Bangui et Kribi-Berbérati sont essentiels pour l’approvisionnement de la RCA, mais les insécurités récurrentes ralentissent les flux commerciaux. Des projets d’infrastructures stratégiques, tels que le bitumage de l’axe Béloko–Garoua-Boulaï, sont freinés faute de garanties sécuritaires sur le terrain. UA : diplomatie proactive mais attentes renforcées L’Union africaine tente de repositionner son rôle dans un environnement stratégique changeant, marqué par l’essoufflement de la MINUSCA, le retrait progressif des forces françaises et la montée en influence d’acteurs comme la Russie. La dissolution des groupes armés, saluée par le président de la Commission Mahmoud Ali Youssouf, intervient dans un contexte où l’UA cherche à faire valoir sa doctrine de « solutions africaines à des problèmes africains ». Mais le déficit de coordination entre pays membres, illustré récemment dans d’autres dossiers diplomatiques (Libye, Soudan, UNESCO), risque d’affaiblir cette dynamique. Pour réussir, la stratégie africaine devra intégrer justice transitionnelle, DDR (Désarmement, Démobilisation, Réintégration), et engagement budgétaire des États membres. Dans un contexte de recomposition régionale post-sécuritaire, l’accord de N’Djamena représente un test grandeur nature pour une Afrique centrale en quête de cohérence stratégique. La RCA veut passer du statut d’« État assisté » à celui d’acteur régional, le Cameroun devra choisir entre prudence diplomatique et leadership géopolitique, et l’Union africaine devra prouver qu’elle est capable de transformer des succès diplomatiques ponctuels en processus de paix durables. Noël Ndong

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Afrique centrale : une carte électorale sous tension géopolitique

Entre instabilités internes, pressions externes et dynamiques régionales, les scrutins à venir redessinent l’équilibre politique de l’Afrique centrale. À l’horizon 2025, l’Afrique centrale entre dans un cycle électoral stratégique. République démocratique du Congo, Cameroun, Tchad, Gabon, Congo-Brazzaville : cinq pays, cinq trajectoires, un même enjeu – la stabilité politique dans une région charnière du continent. Ce moment électoral se joue autant dans les urnes que dans les coulisses diplomatiques. « Le risque, c’est que les élections deviennent un mécanisme de légitimation sans transformation », analyse un diplomate européen en poste à Libreville. Face à des régimes anciens, souvent militaires ou autoritaires, la communauté internationale cherche à concilier exigences démocratiques et stabilité régionale. Les bailleurs de fonds, quant à eux, adoptent une posture conditionnelle : assistance maintenue, mais en échange de signaux clairs en matière de gouvernance, transparence électorale et respect des droits civiques. Cartographie politique des principales échéances RDC : un après-Tshisekedi sous tension Après les élections générales de décembre 2023, Félix Tshisekedi a entamé son second mandat dans un climat de contestation. Les résultats des législatives et locales, encore partiellement validés, font l’objet de critiques de l’opposition et d’observateurs internationaux. L’UE et les États-Unis ont appelé à plus de transparence et à la réforme de la Commission électorale. Les bailleurs conditionnent une partie de leur aide au respect des engagements démocratiques, notamment en matière de décentralisation. Cameroun : Paul Biya et l’ombre d’une éventuelle succession Le scrutin présidentiel de 2025 pourrait marquer un tournant pour le Cameroun. Paul Biya  se présentera à la propre succession, face à une opposition qui peine à s’organiser. L’Union africaine, l’ONU et plusieurs partenaires européens poussent pour une transition apaisée. Les bailleurs, dont la Banque mondiale et le FMI, insistent sur la nécessité d’un apaisement des tensions dans les régions anglophones – ce qui est déjà le cas -conditionnant certaines aides à des avancées en matière de gouvernance. Tchad : des élections sous haute surveillance Après une transition militaire prolongée, le scrutin présidentiel de 2024 a vu Mahamat Idriss Déby s’imposer dans un climat tendu. Les législatives prévues en 2025 sont vues comme un test majeur par les partenaires internationaux. L’UE, qui avait suspendu une partie de son appui budgétaire, attend des garanties de transparence. Les États-Unis, quant à eux, appellent à un renforcement des droits civiques et à la libération des prisonniers politiques. Gabon : une transition militaire à crédibiliser Depuis le renversement d’Ali Bongo en août 2023, les nouvelles autorités gabonaises promettent un retour à l’ordre constitutionnel d’ici fin 2025. La communauté internationale reste prudente. La CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale) et l’Union africaine exigent un calendrier clair, tandis que les bailleurs, dont l’AFD et la BAD, conditionnent leur appui à des progrès concrets dans la réforme électorale. Congo-Brazzaville : stabilité sous contrôle Bien que la présidentielle soit prévue pour 2026, les élections locales de 2025 sont vues comme un baromètre démocratique. Les partenaires extérieurs, notamment la France et la Banque mondiale, pressent le président Denis Sassou Nguesso d’ouvrir l’espace civique et d’encourager le pluralisme. Enjeux géopolitiques La zone concentre des enjeux sécuritaires majeurs : lutte contre les groupes armés à l’Est de la RDC, instabilité post-coup d’État au Gabon et au Tchad, tensions séparatistes au Cameroun. Elle intéresse aussi les grandes puissances. La Chine, présente via ses investissements miniers et infrastructurels, privilégie la continuité des régimes. L’Union européenne et les États-Unis, eux, appuient officiellement les transitions démocratiques, mais avec un pragmatisme croissant. La France, historiquement influente dans la région, opère un repositionnement : « Nous ne sommes plus dans une logique de soutien inconditionnel », confie une source diplomatique à Yaoundé. La Russie, quant à elle, renforce sa présence en Centrafrique et au Soudan, influençant indirectement l’équilibre régional. Des conséquences à double tranchant Les conséquences de ces scrutins dépassent les frontières nationales. Une élection mal conduite peut attiser les conflits internes, pousser à l’exode et fragiliser les économies déjà sous pression. À l’inverse, une transition réussie – même partielle – pourrait ouvrir la voie à une nouvelle dynamique sous-régionale, propice à l’intégration économique et à la coopération sécuritaire. Mais les espoirs sont mesurés. Comme le rappelle une experte de l’International Crisis Group : « Les populations veulent voter, mais elles veulent surtout que cela change quelque chose ». Conclusion : vigilance et engagement différencié Pour les partenaires internationaux, la ligne est étroite : soutenir les processus électoraux sans cautionner les dérives. Face à des régimes souvent fermés mais sensibles à l’image extérieure et à la coopération financière, l’enjeu est d’accompagner sans imposer, d’influencer sans rompre. L’Afrique centrale joue une partie serrée. Le verdict des urnes comptera – mais la crédibilité de l’ensemble du processus, elle, pèsera bien au-delà des résultats. Noël Ndong

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International/Firmin Edouard Matoko : l’Afrique centrale en lice pour l’UNESCO ?

Le Congo met en avant un candidat du Sud global, l’UA doit clarifier sa position face à l’Égypte. Le Congo a désigné Firmin Edouard Matoko, sous-directeur général en charge de la priorité Afrique à l’UNESCO depuis 2017, comme son candidat pour la succession d’Audrey Azoulay en novembre 2025. Ce diplomate chevronné, aux 30 ans de carrière à l’organisation et une expérience multilinguiste (français, anglais, italien, espagnol), incarne un profil « Sud global » – Afrique centrale, Afrique subsaharienne, bassin du Congo, Asie – revendiquant un leadership décomplexé. La candidature de Firmin Edouard Matoko rompt avec le profil traditionnel africain représenté par l’Égyptien Khaled El-Enany, soutenu officiellement par l’Union africaine, la France, la Ligue arabe et l’Allemagne. Or, la Conférence de l’UA sur les candidatures à l’UNESCO, qui date de 2024, stipule que les États membres doivent soumettre une position commune et évaluer équitablement tout candidat africain, en alignement avec l’Agenda 2063 et la stratégie de valorisation de l’Afrique dans les grandes institutions mondiales. « Matoko combine connaissance intime de l’UNESCO, diplomatie africaine et vision multilatérale », souligne un expert du bassin du Congo. UA : entre discipline institutionnelle et enjeux géostratégiques En nommant Firmin Edouard Matoko, le Congo de Sassou‑Nguesso, appuyé par la CEEAC, invite l’UA à clarifier sa ligne. Fera-t-elle primer le candidat « officiel » égyptien, ou ouvrira-t-elle un processus inclusif, comme le demande Brazzaville, pour donner une voix plus large au Sud global et à la francophonie ? L’appel lancé à l’UA vise à éviter que l’élection ne soit perçue comme un concours de puissances : entre la diplomatie du Maghreb, les relais de l’Égypte, et les ambitions de l’Afrique centrale, la légitimité africaine à l’UNESCO est en jeu. Enjeux géopolitiques, institutionnels et d’intelligence économique L’Union africaine doit clarifier sa position Le Congo, via la CEEAC et le président Sassou Nguesso, appelle l’UA à préciser si elle maintient l’appui au candidat égyptien ou s’ouvre à une candidature alternative portée par l’Afrique centrale. Les textes de l’UA stipulent que les candidatures africaines doivent être corrélées à une position commune, transparente et inclusive, conformément à l’Agenda 2063. Ce dossier sera un test crucial : promouvoir une Afrique représentée équitablement au plus haut niveau des institutions culturelles mondiales… ou perpétuer un modèle de candidatures bilatérales concurrentes. Un analyste diplomatique invite l’UA à clarifier « sa posture, sinon les candidatures rivaliseront plutôt que de mutualiser les forces africaines ». Matoko ou El‑Enany, symbole d’un leadership africain atone ou affirmé Le duel entre Matoko et El‑Enany dépasse le simple jeu des candidatures : il interroge la capacité de l’Afrique à décider et promouvoir collectivement ses représentants. L’UA jouera un rôle déterminant : soit favoriser une candidature réellement représentative du Sud global – incarnée par Firmin Edouard Matoko – soit confirmer un modus operandi centré sur l’Afrique du Nord. Transparence ou fragmentation ? Le choix de Firmin Edouard Matoko redistribue les cartes : c’est un test pour l’UA – soit avancer vers des institutions multilatérales plus inclusives et représentatives, soit reproduire un modèle de candidatures bilatérales concurrentes. Le Congo, soutenu par la CEEAC et le président Dénis Sassou‑Nguesso, envoient un message fort : l’Afrique ne veut plus être uniquement source de ressources, mais aussi représentée dans les centres de pouvoir culturel mondiaux. Noël Ndong

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Sommet Afrique-États-Unis : le commerce en première ligne, mais des enjeux migratoires délicats

Le récent sommet à Washington, réunissant cinq chefs d’États africains et l’administration Trump, a culminé avec des discussions sur le commerce et la sécurité, tout en révélant des exigences inattendues de la part des États-Unis concernant la gestion des migrants. Trois jours de négociations intensives ont permis aux dirigeants de Gabon, Guinée-Bissau, Mauritanie, Libéria, et Sénégal de présenter leurs atouts respectifs aux investisseurs américains. Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a notamment mis en avant la stabilité politique de son pays, tandis que le Gabon a mis l’accent sur ses richesses minières. Malgré l’absence d’accords majeurs, ces discussions ont jeté les bases d’une coopération économique renforcée, alors même que l’administration Trump avait une demande particulière. Selon des sources, le président américain a proposé de relocaliser des migrants en situation irrégulière, notamment des criminels en attente d’expulsion, vers les pays présents au sommet. Cette exigence, révélée par le Wall Street Journal, soulève des interrogations. Trump II exige la relocalisation des migrants en situation irrégulière en Afrique Le président du Libéria, Joseph Boakai,  a confirmé que la question des demandeurs d’asile a été abordée. Il a déclaré : « Ils n’obligent personne, mais ils veulent que nous sachions que c’est une préoccupation« . En effet, l’administration américaine semble mettre une pression croissante sur les pays africains pour qu’ils acceptent des expulsés, et ce même dans des contextes où les pays concernés, comme le Nigéria, peinent déjà à gérer leurs propres défis internes. Le chef de la diplomatie nigériane, Yusuf Tuggar, a dénoncé cette pression, affirmant que son pays, avec une population de plus de 210 millions, n’est pas en position d’accueillir des centaines de Vénézuéliens, soulignant les défis que cela représenterait. Ce sommet illustre la tension croissante entre les impératifs économiques et les réalités migratoires. Les enjeux sont vastes, mêlant intérêts stratégiques et diplomatie dans un contexte global de sécurité instable. Le dialogue entre l’Afrique et les États-Unis, bien qu’encourageant, doit donc naviguer avec prudence entre le développement d’un partenariat commercial et la gestion des crises migratoires complexes. En ce sens, la relation post-sommet pourrait transformer les interactions bilatérales, posant la question essentielle : jusqu’où l’Afrique est-elle prête à aller pour renforcer ses liens économiques, tout en préservant sa souveraineté face aux demandes américaines ? Noël Ndong

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Sanaga-Maritime : Édéa au carrefour des promesses industrielles et des fractures sociales

Située au cœur d’un axe stratégique entre Douala et Yaoundé, la ville d’Édéa cristallise les espoirs de développement industriel du Cameroun, mais fait face à des défis criants en matière d’inclusion sociale, d’infrastructures et de gouvernance. À 60 kilomètres de Douala, Édéa, chef-lieu du département de la Sanaga-Maritime, s’impose comme un pôle industriel historique au Cameroun. Dotée d’une centrale hydroélectrique majeure sur la Sanaga, d’une usine d’aluminium exploitée par Alucam, d’infrastructures portuaires en développement, et d’un réseau ferroviaire stratégique, la ville possède un potentiel économique considérable. Pourtant, sur le terrain, les promesses de développement se heurtent à des inégalités structurelles et à une gouvernance locale fragile. Un territoire riche en atouts… mal exploités Le département est traversé par des corridors logistiques cruciaux reliant les capitales économiques et politiques du pays. Il dispose aussi d’une biodiversité importante, d’un potentiel agricole sous-exploité (hévéa, palmier à huile, manioc, cacao) et d’un patrimoine touristique naturel et historique méconnu. La présence d’industries lourdes et de grandes entreprises agro-industrielles comme SOCAPALM ou Hevecam devrait logiquement tirer l’économie locale vers le haut. Mais la réalité est plus contrastée : chômage des jeunes, faible industrialisation en aval, pollution environnementale, expropriations foncières mal encadrées. « Le développement ne profite qu’à une minorité, et les populations locales peinent à en voir les retombées concrètes », explique un cadre local de la société civile, sous couvert d’anonymat. Déficit d’infrastructures et urbanisation anarchique La ville d’Édéa souffre d’un déficit chronique d’infrastructures de base : routes secondaires en mauvais état, accès limité à l’eau potable dans les zones rurales, services de santé saturés, équipements scolaires insuffisants. L’urbanisation progresse sans plan directeur clair, posant des risques en termes de sécurité, d’environnement et de cohésion sociale. La croissance démographique rapide, couplée à un exode rural mal maîtrisé, accentue les tensions foncières. De nombreux jeunes, sans emploi ni formation adéquate, se retrouvent marginalisés, ce qui nourrit des frustrations susceptibles d’alimenter l’instabilité sociale. Enjeux géopolitiques et de souveraineté économique Sur le plan stratégique, la Sanaga-Maritime joue un rôle pivot dans la stratégie énergétique nationale. La rivière Sanaga alimente plusieurs barrages majeurs, et des projets hydroélectriques supplémentaires sont en cours d’étude. « Celui qui contrôle l’énergie contrôle le développement », observe un analyste camerounais en intelligence économique. Cependant, la dépendance à des multinationales étrangères pour l’exploitation des ressources critiques (bauxite, aluminium, agro-industries) interroge la souveraineté économique locale. Le tissu industriel local reste embryonnaire, faute de politiques d’incitation à la transformation locale ou à la montée en gamme des chaînes de valeur. Quelles perspectives ? Pour que la Sanaga-Maritime devienne un vrai moteur du développement inclusif, plusieurs leviers sont nécessaires : • Un plan d’aménagement du territoire clair, intégrant les dimensions économique, sociale et écologique ; • Un dialogue transparent entre les industriels, les pouvoirs publics et les communautés locales, notamment sur les questions foncières ; • Un investissement accru dans la formation professionnelle, l’agro-industrie locale et l’économie circulaire ; • Une gouvernance locale renforcée, capable de planifier et de surveiller l’impact des investissements. À Édéa, le développement est en marche, mais il avance sur une ligne de crête. Entre opportunités industrielles majeures et inégalités persistantes, l’avenir du département dépendra de sa capacité à concilier modernisation économique, inclusion sociale et gestion responsable des ressources. La Sanaga-Maritime a les cartes en main – reste à savoir si les acteurs en présence sauront jouer une partie gagnante pour la population. Noël Ndong

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Les diasporas, un atout essentiel du continent africain

écrit par Noël N’DONG 3 juin 2024 5 minutes lire Quelque 1,3 milliard de personnes et 2,6 milliards d’habitants prévus en Afrique 2050, dont 200 millions font déjà partie de la diaspora. Dans leur pays d’adoption, les diasporas participent aux innovations, aux échanges culturels, à l’accélération de l’économie. Elles sont également un soutien essentiel pour leur pays d’origine. La question a été abordée lors du 16e sommet économique États-Unis-Afrique, qui s’est tenu du 3 au 6 mai à Dallas. Aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis, l’Etat du Texas abrite la majorité de la diaspora africaine.  Augmenter la participation des diaspora dans les strates politiques américaines En septembre 2023, l’administration Biden a créé le conseil présidentiel de l’engagement de la diaspora, avec comme présidente Deniece Laurent-Matney. Selon cette dernière, l’impact de la diaspora est rendu de plus en plus visible. Elle pense qu’« il est nécessaire d’utiliser la diaspora comme un outil, et comme générateur de recommandations de politiques publiques ». Deniece Laurent-Matney rappelle la forte participation de la diaspora africaine à la construction des États-Unis. Aujourd’hui, les Afro-Américains, Afro-Caribéens, les 1ʳᵉ et 2ᵉ générations veulent se connecter avec le continent. « C’est notre rôle en tant que gouvernement de leur donner l’espace pour le faire », appuie-t-elle. L’ambassadrice de Tanzanie aux Etats-Unis, Elsie Sia Kanza, déclare: « Ma préoccupation actuelle est de voir comment on peut augmenter la participation de la diaspora dans les différentes strates politiques américaines. Que ce soit dans le gouvernement fédéral, au niveau des États ou des villes. C’est important, car c’est là que les décisions sont faites ». Elle se réfère à la représentation phénoménale de la diaspora indienne dans les différentes strates américaines. « On les voit au Congrès, dans l’administration, au niveau local. Ils se positionnent là où sont les ressources. Nous aussi, on a besoin de plus d’engagement politique des diasporas dans le pays où ils habitent », martèle-t-elle. La diaspora africaine en France Les diasporas représentent potentiellement 20 % de la population française. Les liens avec le pays d’origine se matérialisent entre autres par des transferts d’argent en augmentation croissante : 520 milliards de dollars transférés dans le monde en 2018 selon la Banque mondiale, dont 8 milliards transférés de la France vers l’Afrique en 2018. Les tendances récentes montrent également une augmentation générale du niveau de diplôme des diasporas ainsi qu’une féminisation accrue, selon les données OCDE-AFD 2019. Les initiatives portées par les diasporas Si l’essentiel des transferts des diasporas vers leurs pays d’origine est destiné à la consommation des familles restées au pays (consommation courante, frais de scolarité, de logement ou de santé), on estime qu’en moyenne 15 % de ces transferts sont dédiés à des investissements, en particulier dans l’immobilier. Une même personne est parfois mobilisée pour un soutien familial, un engagement associatif, un projet d’entreprise ou un projet immobilier. Des pratiques différentes émergent avec les nouvelles générations, enfants dits de 2ème et 3ème générations : une plus grande place à l’entreprise et à l’investissement privé, une implication dans les grandes causes que sont le climat et la lutte contre les inégalités. Des personnalités emblématiques du monde économique, politique, de la culture, du sport, s’engagent et font figure d’ambassadeurs de la solidarité internationale. Preuve que ces diasporas peuvent avoir un immense impact. Le rôle essentiel des « repatriés »  Parmi les nouvelles générations de la diaspora émerge le mouvement des « repats », abréviation de « repatriés », par opposition aux expatriés. 70 % des étudiants africains en MBA veulent ainsi se relocaliser en Afrique. Ce retour des talents appuyés par des dispositifs comme AfricTalent, Forum Elit, MoveMeBack, Careers in Africa, est caractérisé par une forte légitimité, l’intérêt personnel pour le développement du continent, mais également l’intelligence émotionnelle et la capacité à repérer les tendances. Les grandes entreprises comme Orange, Unilever, CFAO, Canal+ font déjà des diasporas un atout majeur de leur développement en Afrique. Les données sur ces nouveaux profils sont encore peu nombreuses, mais l’association Inspire Africa estime que : 76 % des « repats » ont vécu en France, 26 % en Amérique du Nord ; un tiers ne rentre pas dans son pays d’origine mais privilégie un autre pays d’Afrique ; 32% des « repats » seraient des entrepreneurs. Les principales raisons du retour en Afrique sont la volonté d’avoir un impact sur le continent, les opportunités professionnelles intéressantes et la pression familiale et sociale. Les diasporas s’imposent de plus en plus aux sein des institutions. Leur apport à la vie citoyenne, politique et économique est de plus en plus reconnu par les gouvernements des pays d’origine, notamment au Maroc, au Sénégal, en Guinée et au Mali, des députés, ministres du gouvernement sont issus des diasporas.

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Afrique du Sud : l’ancien président Jacob Zuma en visite au Maroc

Après la crise du Covid-19, l’Afrique sera confrontée à une réalité nouvelle. Compter plus sur ses propres ressources que sur l’aide au développement pour faire face aux séquelles laissées par la pandémie. L’ancien Premier ministre du Burkina Faso, Tertius Zongo, directeur de la chaire Sahel de la Fondation pour les études et la recherche sur le développement international (Ferdi) et Emmanuel Pinto Moreira, directeur de recherche à la Banque africaine de développement (Bad), font le point. Emmanuel Pinto Moreira appelle à une autre mondialisation. A court terme, il s’interroge sur le ciblage des personnes les plus pauvres, souligne la difficulté de confiner des populations qui travaillent dans l’informel – prioritaires en matière d’aides. À plus long terme, il pense que cette crise va donner l’opportunité à une forme de « déglobalisation », en termes de blocs (Chine, Europe et Occident, Afrique, etc.). A cet égard, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente « une opportunité intéressante », souligne-t-il, « à condition qu’elle soit bien menée : taxation commune, politiques de libéralisations communes, etc ». Tertius Zongo souligne pour sa part que l’Afrique est diverse. C’est le cas de la région du Sahel, confrontée à l’insécurité et à la pauvreté. Ce qui ne permet pas d’assurer le développement. Il rappelle que l’aide au développement n’a jamais créé le développement – elle l’accompagne simplement – néanmoins, « il s’agit de parer au plus urgent, face aux difficultés budgétaires des pays africains ». Ces facteurs de fragilité sont enracinés dans les pays sahéliens. Et la paix est un bien public qui impose d’agir, indique l’ancien Premier. « Mais comment-agir ? « , poursuit-il. Il propose de « croiser les différents regards afin de définir les points sur lesquels il faut avancer ». « Les politiques économiques n’ont jamais pris en compte les facteurs de fragilité de l’Afrique. Il faut améliorer la réflexion sur l’économie-politique de nos pays ; il faut s’appuyer davantage sur l’histoire de nos sociétés. Cette question n’est jamais posée ainsi », ajoute-t-il. Pour que l’aide soit efficace, plusieurs conditions doivent être remplies. A savoir, une approche collégiale, une association de tous les acteurs, une innovation en matière d’acteurs, « ne faisant plus appel systématiquement au grandes institutions ou aux grandes entreprises, en associant les ONG et les collectivités locales, en aidant les pays à rester maîtres de leur politique« . L’urgence, pour Tertius Zongo, revient à sauver des vies, en renforçant les systèmes de santé. Il faut aussi garder l’économie en état de marche, garantir le bon fonctionnement des services publics, et parvenir à « planter les graines d’une résilience future ». Sur le plan politique, il plaide pour un équilibre entre la liberté et la sécurité. Pour conclure; « il faut éteindre rapidement les velléités nationalistes qui affaiblissent les efforts de panafricanisme, accélérer la coopération et l’intégration régionale. » Noël Ndong

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