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Côte d’Ivoire – Cameroun : deux réélections, deux pôles régionaux face à l’épreuve du temps

Alassane Ouattara et Paul Biya, figures de stabilité en Afrique de l’Ouest et du Centre, incarnent la continuité politique, mais aussi l’incertitude des transitions à venir. L’élection d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et la réélection continue de Paul Biya au Cameroun, symbolisent deux modèles de stabilité dans un continent en quête d’équilibres politiques. Ces deux dirigeants, à la tête de nations pivots de leurs régions respectives, incarnent à la fois la solidité institutionnelle et les limites d’une gouvernance prolongée. Âgés respectivement de 83 et 92 ans, Alassane Ouattara et Paul Biya sont confrontés à la même interrogation : comment assurer une transition politique crédible après des décennies de pouvoir ? Tous deux ont consolidé leur autorité à travers des processus électoraux critiqués pour leur manque d’inclusivité. En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a remporté près de 90 % des suffrages lors d’un scrutin calme, salué par la CEDEAO et l’Union africaine. Au Cameroun,  Paul Biya, avec 53,66% de suffrages, conserve le pouvoir dans un contexte de tension, où la participation électorale est restée faible. Sur le plan économique, leurs trajectoires présentent des parallèles mais aussi des contrastes. Abidjan est devenu un moteur de la croissance ouest-africaine grâce à une politique d’investissement et de modernisation soutenue. Le Cameroun, quant à lui, demeure une puissance économique d’Afrique centrale, dotée d’importantes ressources naturelles et d’un tissu industriel solide. Toutefois, dans les deux pays, se propose le souci de la rédistribution de la croissance à l’ensemble de la population, et la jeunesse exprime de plus en plus son impatience face au manque d’opportunités. Les contextes sécuritaires et diplomatiques, eux, divergent nettement. La Côte d’Ivoire, pacifiée depuis la crise postélectorale de 2010-2011, mise sur son rôle de médiateur régional. Alassane Ouattara, acteur respecté au sein de la CEDEAO, apparaît comme un garant de la stabilité face à la montée des régimes militaires dans le Sahel. Le Cameroun, en revanche, est touché par la crise dans ses régions anglophones et par la menace de Boko Haram dans le nord, des défis qui affaiblissent le poids diplomatique de Biya. Pour ces deux présidents, la question de la succession est désormais centrale. Alassane Ouattara semble préparer une transition maîtrisée, dans l’espoir de consolider son héritage économique. Paul Biya, lui, reste enfermé dans une logique de pouvoir personnel, au risque d’un vide institutionnel. Dans leurs régions respectives, l’avenir politique dépendra moins de leur longévité que de leur capacité à orchestrer un passage de témoin apaisé.

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Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara réélu, entre stabilité et transition attendue

Le président ivoirien Alassane Ouattara a été réélu le 25 octobre pour un nouveau mandat, selon les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante. À 83 ans, le chef de l’État obtient près de 90 % des voix, dans un scrutin marqué par une participation estimée à un peu plus de 50 %. La journée électorale s’est déroulée dans un climat globalement calme, salué par les observateurs de la CEDEAO et de l’Union africaine. Si l’opposition a dénoncé un processus peu inclusif, la stabilité du scrutin tranche avec les tensions qui avaient marqué les précédentes élections. Plusieurs figures majeures, dont Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, n’étaient pas candidates, leurs exclusions ayant limité la compétition. Sur le plan intérieur, cette victoire consacre la continuité d’un modèle économique fondé sur la croissance et l’investissement. Sous la présidence de Ouattara, la Côte d’Ivoire s’est affirmée comme l’un des moteurs économiques d’Afrique de l’Ouest, avec des infrastructures modernisées, une inflation maîtrisée et une attractivité accrue pour les investisseurs. Le principal défi du nouveau mandat d’Alassane Ouatttara réside dans la redistribution des fruits de cette croissance et la création d’emplois pour une jeunesse en expansion. Sur le plan régional, la réélection de Ouattara intervient dans un contexte de turbulences politiques en Afrique de l’Ouest, où plusieurs pays ont basculé sous régime militaire. Figure respectée de la diplomatie régionale, le président ivoirien pourrait jouer un rôle clé dans les efforts de médiation et de relance de la CEDEAO, notamment face aux tensions croissantes avec l’Alliance des États du Sahel. Les partenaires internationaux – Union européenne, États-Unis et institutions financières – voient dans cette réélection un gage de continuité et de stabilité, tout en appelant à un renforcement du dialogue politique et de la gouvernance démocratique. Pour nombre d’observateurs, ce mandat supplémentaire devrait être celui de la préparation d’une transition politique apaisée. Dans un pays dont la stabilité conditionne une large part de l’équilibre ouest-africain, la capacité d’Alassane Ouattara à organiser une alternance crédible sera déterminante pour son héritage et pour la région tout entière.

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Cameroun : Paul Biya, artisan de la stabilité, confirmé pour un huitième mandat présidentiel

Le Conseil constitutionnel du Cameroun a officiellement proclamé la victoire de Paul Biya, avec 53,66 % des suffrages à l’issue du scrutin présidentiel du 12 octobre. Son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), obtient 35,19 %, selon les chiffres validés par l’institution. Cette annonce confirme la continuité d’un pouvoir qui, depuis plus de quatre décennies, a su préserver la cohésion nationale et la stabilité politique d’un pays confronté à des défis complexes. La continuité d’un leadership expérimenté À la tête du pays depuis 1982, Paul Biya demeure l’un des rares dirigeants africains à avoir assuré la stabilité institutionnelle dans un environnement régional souvent marqué par les soubresauts politiques. Réélu jusqu’en 2032, il a promis un « nouveau pacte de confiance nationale » axé sur la paix, la modernisation de l’économie et l’unité du territoire. « Le Cameroun a besoin de sérénité et de continuité pour affronter les défis du monde moderne », a déclaré le président dans son allocution depuis le Palais d’Etoudi, appelant à « l’union dans la diversité et le respect des institutions ». Malgré quelques tensions post-électorales à Douala  – qui ont fait quatre victimes – et Garoua, rapidement maîtrisées par les autorités locales, la situation demeure globalement calme dans le reste du pays. Le gouverneur du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a salué le « sens du civisme et de la responsabilité » de la majorité des citoyens qui ont « exprimé leurs opinions dans le respect des lois de la République ». Vers un apaisement politique et un dialogue national renouvelé Les observateurs soulignent que, malgré les contestations, le cadre électoral a fonctionné selon les délais constitutionnels, et que les recours ont été examinés dans la transparence. Plusieurs diplomaties africaines et européennes ont appelé à la reconnaissance du verdict des urnes, tout en encourageant un dialogue inclusif entre majorité et opposition. « L’heure n’est plus à la division mais à la reconstruction d’un consensus national », estime Dr. Florence Ewane, politologue à l’Université de Yaoundé II.  « Paul Biya a aujourd’hui l’occasion de parachever son œuvre en favorisant une transition apaisée et une nouvelle génération de leadership ». Cap sur la modernisation et la stabilité régionale Sur le plan économique, le gouvernement camerounais mise sur la relance du secteur énergétique, la numérisation de l’administration publique et la promotion des PME pour porter la croissance à 5 % d’ici 2027, selon les projections du ministère de l’Économie. La stabilité politique devrait, selon les milieux d’affaires, rassurer les investisseurs étrangers, notamment dans les secteurs du gaz naturel, des infrastructures et de l’agro-industrie. Dans un contexte régional encore marqué par les tensions au Sahel et les transitions politiques incertaines, la reconduction de Paul Biya est perçue par plusieurs capitales africaines comme un gage de continuité et de prudence diplomatique. Le Cameroun, pilier de la CEMAC, pourrait ainsi consolider son rôle de médiateur discret et pivot stratégique en Afrique centrale. « Le président Biya incarne une forme de sagesse politique rare, un équilibre entre expérience et stabilité », confiait un diplomate. À l’aube d’un nouveau mandat, le Cameroun semble vouloir conjuguer stabilité, dialogue et modernisation, sous le regard d’un chef d’État dont la longévité se confond désormais avec l’histoire du pays.

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Président Cameroun :  Les urnes sous surveillance de la communauté internationale 

Douze jours après l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Cameroun reste suspendu à la décision de son Conseil constitutionnel.  Ce vendredi 24 octobre, la haute juridiction examine de nouveaux recours, dont celui du parti Héritage de Christian Bomo Ntimbane, réclamant le recomptage des voix. A trois jours de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle, entre Paul Biya et Issa Tchiroma Bakary,  cette audience revêt une portée politique majeure : celle de la crédibilité du système Biya depuis plus de quatre décennies. Le pouvoir, incarné par Paul Biya, revendique une « stabilité exemplaire » face aux crises régionales. Ses opposants y voient au contraire la manifestation d’un immobilisme institutionnel où l’alternance n’existe que dans le discours. Derrière la rhétorique de la paix, une certaine classe de la société camerounaise exprime un malaise profond : « abstention massive, défiance envers les institutions, marginalisation des régions anglophones et exaspération d’une jeunesse sans perspectives« . Du coup, les juridictions, notamment le Conseil constitutionnel, sont perçues comme le prolongement du pouvoir exécutif, vidant « le contentieux électoral de sa substance« , regrette un sociologue camerounais. La communauté internationale réagit avec prudence à ces propos. L’Union européenne et les Nations Unies appellent à la transparence, tout en ménageant un partenaire stratégique dans une Afrique centrale fragilisée. La France, soucieuse de préserver ses intérêts économiques et sécuritaires, se garde de tout commentaire public. Quant aux voisins du Cameroun, membres de la CEEAC, ils invoquent la « non-ingérence », redoutant qu’une déstabilisation à Yaoundé ne rejaillisse sur une sous-région déjà marquée par les coups d’État militaires. Sur le plan géopolitique, le Cameroun incarne désormais le paradoxe d’un État fort mais politiquement figé : pilier sécuritaire pour l’Occident, mais foyer latent d’instabilité sociale. L’enjeu du contentieux électoral dépasse ainsi le simple recomptage des bulletins : il cristallise la question du contrat politique entre un régime actuel et une société en quête de légitimité démocratique. Le verdict du Conseil constitutionnel dira si le Cameroun choisit de prolonger son immobilisme sous couvert de paix, ou d’ouvrir, enfin, l’espace du possible politique.

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Côte d’Ivoire (Afrique de l’Ouest) : entre incertitudes économiques et risques sécuritaires régionaux

La présidentielle ivoirienne de samedi 25 octobre 2025, se joue dans un climat tendu, où la contestation politique menace la stabilité économique du pays et pourrait déstabiliser la région du Sahel. Alors que les derniers meetings de campagne battent leur plein à quelques jours de la présidentielle ivoirienne de samedi, le pays fait face à une double incertitude : la répression politique interne et les risques d’instabilité économique et sécuritaire dans une région déjà fragilisée. En Côte d’Ivoire, où près de 9 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, la situation est loin d’être apaisée. Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat, a bouclé sa campagne dans un climat de tensions avec l’opposition, qui dénonce l’exclusion des candidats Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, et des accusations de fraude. D’un point de vue économique, le risque de déstabilisation est majeur pour les investisseurs étrangers. Le pays, l’une des plus grandes économies de l’Afrique de l’Ouest, est un pôle d’attraction pour les investissements directs étrangers (IDE), notamment dans les secteurs du pétrole, de l’agriculture, et des infrastructures. Toutefois, la répression politique actuelle, avec quatre morts et plusieurs dizaines de prisonniers depuis octobre, risque de provoquer un ralentissement économique. Les secteurs clés, tels que l’agriculture (cacao, café), l’exploitation pétrolière et les infrastructures, qui représentent une part importante des exportations ivoiriennes et de l’économie nationale, pourraient voir leurs flux financiers affectés par un climat d’instabilité. La répression des manifestations et l’incertitude politique entraînent une augmentation du risque pays, ce qui pourrait désinciter les investisseurs étrangers et ralentir la reprise économique post-COVID, notamment dans les zones industrielles de San Pedro et Yamoussoukro. Du côté sécuritaire, l’instabilité politique intérieure pourrait avoir des répercussions sur la sécurité régionale. La Côte d’Ivoire, en raison de son rôle de pilier dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad, demeure un acteur stratégique dans la force conjointe du G5 Sahel. Une polarisation politique accrue et une violence post-électorale pourraient affaiblir la coopération régionale et perturber les missions de maintien de la paix dans le Sahel. La région, déjà sous pression avec l’avancée des groupes armés djihadistes, pourrait se voir confrontée à de nouvelles tensions si des violences éclatent en Côte d’Ivoire, déstabilisant ainsi l’ensemble du bloc ouest-africain. Les implications géopolitiques de cette élection sont également notables. Les partenaires occidentaux, notamment la France et les États-Unis, suivront de près l’évolution de la situation. La Côte d’Ivoire, un acteur clé de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), pourrait voir ses relations commerciales affectées par des sanctions diplomatiques ou une réduction des aides au développement en cas de fraude électorale ou de violences post-électorales. Le maintien de l’ordre démocratique et la gestion pacifique des résultats sont donc des enjeux cruciaux, non seulement pour la Côte d’Ivoire mais pour l’ensemble de la sous-région. Dans ce contexte complexe, la stabilité économique et la sécurité régionale restent étroitement liées. L’élection de samedi pourrait définir non seulement l’avenir politique de la Côte d’Ivoire mais aussi son rôle dans la réorganisation géopolitique de l’Afrique de l’Ouest.

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Tchad  (Afrique centrale) : A la croisée des pouvoirs – réforme, rupture et risques économiques

Alors que l’opposition se retire de la scène politique, la consolidation du pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno redéfinit les équilibres institutionnels, économiques et stratégiques d’un pays-pivot du Sahel. La révision constitutionnelle adoptée début octobre à N’Djamena marque un virage politique majeur au Tchad. En étendant le mandat présidentiel à sept ans renouvelables sans limite, le texte conforte le pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, élu en mai 2024 après une transition militaire de trois ans. Mais cette centralisation accrue du pouvoir suscite des inquiétudes politiques et économiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), coalition des principales forces d’opposition, a annoncé son retrait de la vie politique à partir du 31 octobre, dénonçant une « confiscation du pouvoir » et une « dérive autoritaire ». Pour son porte-parole, Max Kemkoye, « le Tchad est devenu une propriété politique du régime ». Cette rupture accentue l’isolement du gouvernement et fragilise la crédibilité du processus démocratique engagé en 2021. Sur le plan économique, cette instabilité politique pourrait affecter les flux d’investissements étrangers et ralentir les réformes structurelles soutenues par la Banque mondiale et le FMI. Le Tchad, dont le pétrole représente près de 40 % du PIB et 70 % des exportations, dépend d’un climat politique stable pour garantir ses partenariats avec les majors pétrolières et les bailleurs internationaux. Plusieurs sociétés de conseil en risque pays évoquent déjà une hausse du risque souverain pour 2025. Dans une lecture d’intelligence économique, la réforme traduit une volonté de verrouiller le contrôle des leviers énergétiques et administratifs. « Déby consolide non seulement son pouvoir politique, mais aussi son contrôle sur les ressources stratégiques », observe Olivier Meunier, analyste au Centre d’études africaines de Genève. Ce verrouillage pourrait renforcer les liens avec des partenaires non occidentaux, notamment la Russie et la Chine, déjà présents dans les secteurs de la sécurité et des infrastructures. Acteur-clé du dispositif antiterroriste régional, le Tchad reste un pilier sécuritaire dans le Sahel central. Mais la concentration du pouvoir et le retrait de l’opposition pourraient fragiliser l’image d’un État stabilisateur et compliquer la coopération avec les partenaires occidentaux. Dans un contexte régional en recomposition, N’Djamena joue désormais une partie double : préserver son influence stratégique tout en évitant la dérive autoritaire.

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Édéa (Cameroun) : L’avenue Mbomè sort de l’ombre

Sous le soleil d’octobre, les engins de la Communauté urbaine d’Édéa rugissent enfin sur l’avenue Mbomè, artère stratégique du centre – ville longtemps laissée à l’abandon. D’un coût de 247 millions de francs CFA, les travaux de réhabilitation lancés le 9 octobre 2025 – en pleine campagne présidentielle – symbolisent à la fois une promesse de modernité et un pari sur la crédibilité de l’action publique locale. Les machines en action, la ville en ébullition Depuis jeudi,  22 octobre 2025, Édéa a retrouvé le bruit familier des chantiers. Sur l’avenue Mbomè, mieux connue des habitants comme l’avenue des Banques, deux engins de la Communauté urbaine décapent le vieux bitume, nivelant la chaussée avant la pose des pavés. Le tronçon concerné s’étend sur près de 800 mètres, reliant la station-service Total au grand carrefour du quartier d’Amour. L’entreprise CRC, adjudicataire du marché, dispose d’un délai de trois mois pour livrer un ouvrage flambant neuf, au coût total de 247 millions de francs CFA. Un lancement en grande pompe La cérémonie officielle de lancement des travaux s’est tenue le 9 octobre 2025, en pleine effervescence politique, alors que le pays vibrait au rythme de la campagne présidentielle du 12 octobre. Présidée par le Ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibehe, la cérémonie a rassemblé un impressionnant parterre d’autorités : le Préfet de la Sanaga Maritime, Cyrille Yvan Abondo, le Maire de la ville, Dr Albert Emmanuel Nlend, ainsi que plusieurs élus locaux et opérateurs économiques. Dans son allocution de bienvenue, le maire Nlend a salué la volonté du gouvernement « d’accompagner les Collectivités Territoriales Décentralisées dans la mise en œuvre de projets structurants ». Il a surtout réaffirmé sa détermination à « poursuivre et matérialiser la vision d’une Édéa futuriste, moderne, propre et accueillante ». De son côté, le ministre Ngallè Bibehe a insisté sur l’importance du projet pour la fluidité de la circulation et la sécurité des usagers, tout en invitant les populations à « préserver les acquis et à soutenir l’action du gouvernement ». Entre scepticisme et espoir Si la pelleteuse redonne du cœur à la ville, les Édéens, eux, gardent une prudente réserve. Car la dégradation avancée de la voirie urbaine exige plus qu’un chantier symbolique. « C’est bien de refaire l’avenue Mbome, mais il reste encore trop de rues défoncées et de quartiers oubliés », glisse un commerçant du centre-ville, témoin de la lente agonie de certaines zones périphériques. Pour d’autres, le calendrier du projet soulève des interrogations. Que ces travaux soient lancés à la veille du scrutin présidentiel alimente naturellement les soupçons d’effet d’annonce électoral. Mais, au-delà des calculs politiques, difficile de nier la portée visuelle et psychologique de ce chantier : il redonne espoir et prouve qu’Édéa n’a pas été totalement rayée de la carte des priorités nationales. L’avenue des Banques, symbole d’une renaissance Longtemps considérée comme le poumon économique du centre-ville, l’avenue Mbomè a vu son bitume se fissurer au rythme des promesses non tenues. Sa réhabilitation marque donc plus qu’un simple aménagement : elle symbolise une volonté de renaissance urbaine et d’affirmation municipale. Pour les autorités locales, il s’agit de montrer que la décentralisation peut être un levier concret de transformation du quotidien. Vers une Édéa moderne et vivante Si tout se déroule comme prévu, les pavés flambant neufs devraient être livrés d’ici janvier 2026. Ce sera alors une étape de plus dans la métamorphose de celle qu’on surnommait autrefois la « ville lumière » – devenue aujourd’hui cité industrielle et universitaire. Un retour en grâce espéré, à la mesure de l’histoire et du potentiel d’Édéa, carrefour des opportunités et, peut-être bientôt, modèle de redressement urbain au cœur de la Sanaga Maritime. Encadré : Le projet en chiffres Avenue concernée : Mbomè (Avenue des Banques) Longueur du tronçon : 800 mètres Coût total : 247 millions FCFA Durée des travaux : 3 mois Entreprise exécutante : CRC Maître d’ouvrage : Communauté urbaine d’Édéa Lancement officiel : 9 octobre 2025 Simon Emmanuel Minyem, Rédacteur en chef

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Election présidentielle 237 – Analyse internationale : réactions et enjeux 

L’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun, dont la proclamation officielle du vainqueur est attendue pour le 27 octobre, retient l’attention bien au-delà des frontières nationales. Chancelleries occidentales, organisations régionales et bailleurs de fonds scrutent de près ce scrutin aux allures de test pour la stabilité politique d’un pays clé d’Afrique centrale. Des partenaires internationaux sur leurs gardes À New York, les Nations unies ont fait part de « préoccupations sérieuses » quant à « la restriction de l’espace civique » et aux « pressions sur les médias » avant le vote. Le Parlement européen, lui, avait déjà tiré la sonnette d’alarme en avril 2025, condamnant « les violations systématiques des droits des journalistes » et exhortant Bruxelles à exercer une « pression diplomatique et économique » sur Yaoundé. Malgré ce ton critique, l’Union européenne continue d’appuyer le Cameroun : un prêt de 91 millions € a été accordé pour trois ans, afin de soutenir les infrastructures et l’investissement privé. Paris, acteur historique, adopte une prudente neutralité. Le Quai d’Orsay a simplement recommandé la vigilance à ses ressortissants en raison de « tensions post-électorales », tout en réaffirmant « son attachement à la stabilité et à la démocratie ». Le Fonds monétaire international, pour sa part, poursuit son programme d’appui. En mars 2025, 73,5 millions $ ont été débloqués dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (IMF). Ces partenaires étrangers se tiennent sur une ligne dite de « vigilance constructive » : soutien économique maintenu, mais conditionné à une transparence accrue et au respect des droits civiques. Entre enjeux géopolitiques et géoéconomiques Producteur de cacao, de pétrole et de bois, entre autres ressources naturelles, le Cameroun affiche une croissance modérée de 3,6 % en 2025 selon la Banque mondiale . Mais près d’un quart de la population (23 %)  vivrait encore sous le seuil de pauvreté. La stabilité politique demeure donc une condition essentielle pour rassurer les investisseurs. D’après La Voix des Entreprises, toute contestation prolongée du scrutin risquerait de faire reculer les investissements directs étrangers et d’alourdir le coût du financement extérieur. Sur le plan stratégique, Yaoundé navigue entre plusieurs influences : la France, partenaire historique ; la Chine, devenue premier bailleur en infrastructures ; et la Russie, de plus en plus présente sur le terrain sécuritaire. « Paris semble privilégier la stabilité à la démocratie », estime un rapport du Lansing Institute, soulignant la difficulté pour les Occidentaux d’équilibrer principes démocratiques et intérêts régionaux. À l’échelle régionale, une déstabilisation du Cameroun, pivot logistique et commercial de la CEMAC, affecterait l’ensemble de l’Afrique centrale. Le Foreign Affairs Forum note qu’un afflux de réfugiés ou une perturbation du corridor Douala-N’Djamena pourrait « fragiliser les échanges régionaux et les équilibres frontaliers ». Un contexte sécuritaire sous tension Le pays reste confronté à deux fronts de violence : la crise séparatiste dans les régions anglophones et les attaques récurrentes de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Les tensions post-électorales aggravent ces fragilités. Des bureaux du parti au pouvoir, le RDPC, ont été incendiés, et plusieurs rassemblements de l’opposition interdits. Selon des observateurs, une contestation prolongée ou une répression excessive pourrait éroder davantage l’État de droit et renforcer les groupes armés locaux. « Le risque, c’est une dérive à la soudanaise : un pays politiquement figé, économiquement sous pression, et militairement exposé », avertit un diplomate européen. Un scrutin sous haute surveillance Au-delà de la bataille électorale, l’enjeu est donc triple : préserver la légitimité démocratique interne, rassurer les partenaires économiques et éviter une dérive sécuritaire. Les chancelleries occidentales, tout en prônant la retenue, attendent des signaux clairs sur l’ouverture politique. Les prochains jours seront décisifs. La proclamation officielle du 27 octobre sera observée à Yaoundé, mais aussi à Bruxelles, Paris et Washington : autant pour ce qu’elle dira du vainqueur que pour ce qu’elle révélera de la capacité du Cameroun à conjuguer stabilité et démocratie.

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France : Derrière les barreaux, Nicolas Sarkozy sous protection armée

L’ancien président de la République a passé sa première nuit à la prison de la Santé sous la garde rapprochée de deux officiers armés du Service de la protection. Une mesure exceptionnelle qui interroge l’équilibre entre justice et raison d’État. Une détention sous haute sécurité Pour la première fois dans l’histoire de la République, un ancien chef d’État français dort derrière les barreaux. Condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, pour association de malfaiteurs dans le cadre du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé. Deux officiers du Service de la protection (SDLP), dépendant du ministère de l’Intérieur, ont été installés dans une cellule voisine de la sienne. Armés – ce qui est strictement interdit en détention -, ils assurent une surveillance 24 heures sur 24. Une « situation inédite », reconnaît un cadre de l’administration pénitentiaire, soulignant qu’aucun autre détenu n’a jamais bénéficié d’un tel dispositif. Colère des syndicats Cette présence armée fait bondir les syndicats de surveillants. « On transforme une prison en bunker présidentiel », dénonce FO-Justice, qui fustige un privilège dangereux pour l’égalité entre détenus et l’autorité des agents pénitentiaires. Le ministère, lui, assume pleinement : « Il n’était pas question de prendre le moindre risque concernant un ancien chef d’État exposé à des menaces multiples », justifie-t-on place Beauvau. Justice ou raison d’État ? Au-delà du choc symbolique, cette décision relance un vieux débat : comment concilier le respect de la loi et la protection des institutions qu’incarnent les anciens dirigeants ? À 70 ans, Nicolas Sarkozy devient le premier ex-président de l’Union européenne effectivement incarcéré. Pour le gouvernement, cette incarcération témoigne de la force de la justice française. Ses opposants y voient au contraire une justice d’exception, maquillée en exemplarité. Un message ambigu L’affaire dépasse la seule dimension judiciaire. Le dossier libyen touche aux relations franco-africaines, aux circuits financiers opaques et aux secrets d’État. En protégeant Sarkozy jusqu’en prison, Paris cherche aussi à éviter tout incident diplomatique et à préserver la continuité de l’État. Ce dispositif paradoxal envoie un message double : la République sait condamner ses puissants, mais continue de les protéger comme des symboles nationaux. Entre justice et raison d’État, l’incarcération de Nicolas Sarkozy devient moins une sanction qu’un révélateur des ambiguïtés de la démocratie française.

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Diplomatie féministe :  l’Afrique centrale, un engagement à consolider

Alors que Paris réunit les actrices et acteurs mondiaux de la diplomatie féministe (22 – 23 octobre 2025), la question de l’égalité de genre résonne particulièrement en Afrique centrale, où les progrès réalisés restent fragiles et contrastés. Dans cette région marquée par des inégalités structurelles, des conflits persistants et des crises économiques récurrentes, les femmes demeurent au cœur des luttes pour la justice sociale, la paix et la gouvernance inclusive. Le Cameroun, entre avancées institutionnelles et défis persistants Au Cameroun, des efforts notables ont été entrepris ces dernières années pour promouvoir les droits des femmes. Le gouvernement a adopté plusieurs cadres juridiques favorables à l’égalité, tels que la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (2020-2030) et l’intégration du genre dans les politiques publiques. Des femmes occupent désormais des postes de responsabilité, aussi bien dans la diplomatie que dans la haute administration. Toutefois, ces progrès se heurtent à des résistances profondes : le poids des traditions patriarcales, la faible représentation politique (moins de 35 % de femmes à l’Assemblée nationale) et les violences basées sur le genre demeurent des obstacles majeurs. Dans les zones anglophones et à l’Extrême-Nord, les conflits ont aggravé la vulnérabilité des femmes, souvent victimes de déplacements, d’abus et d’exclusion économique. Une diplomatie féministe encore émergente En Afrique centrale, l’idée même de diplomatie féministe commence à peine à s’ancrer dans les politiques étrangères et régionales. Le Cameroun, comme le Congo, le Gabon ou le Tchad, n’a pas encore formalisé une telle approche. Pourtant, plusieurs initiatives de la société civile ouvrent la voie : réseaux de femmes médiatrices, organisations de défense des droits humains, coalitions pour la paix et la participation politique. Ces acteurs plaident pour que les gouvernements adoptent une diplomatie sensible au genre, intégrant les femmes dans les processus de décision, de négociation et de reconstruction post-conflit. Un enjeu régional de stabilité et de développement L’Afrique centrale ne peut espérer une paix durable ni un développement inclusif sans l’implication pleine et entière des femmes. Promouvoir une diplomatie féministe régionale signifierait reconnaître leur rôle stratégique dans la prévention des conflits, la médiation et la résilience communautaire. La Conférence de Paris représente ainsi une opportunité pour le Cameroun et ses voisins de s’engager davantage, non seulement par des discours, mais par des politiques concrètes et financées, afin de transformer l’égalité de genre en moteur de stabilité et de prospérité pour toute la région.

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