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Afrique en alerte : les catastrophes naturelles dévastent un continent sous-équipé

Le Cameroun et l’Afrique centrale : des dégâts sous-estimés, une résilience encore absente. Chaque année, les catastrophes naturelles infligent à l’Afrique une facture colossale de 12,7 milliards de dollars, révèle un rapport accablant de la Coalition for Disaster Resilient Infrastructure (CDRI). Inondations, glissements de terrain, tempêtes et cyclones ravagent des infrastructures mal préparées, notamment les bâtiments résidentiels, éducatifs et sanitaires, qui concentrent près de 86 % des pertes annuelles. Si l’Afrique de l’Est paie le tribut le plus lourd, avec 5,49 milliards de dollars de dégâts, l’Afrique centrale – et particulièrement le Cameroun – n’est pas épargnée. La région enregistre près de 1 milliard de pertes par an, un chiffre sous-estimé selon certains experts, en raison du manque de données précises et de surveillance des infrastructures. Le Cameroun, confronté à des inondations récurrentes (notamment dans les régions de l’Extrême-Nord et du Centre), voit ses écoles, hôpitaux et routes céder face aux intempéries, faute de normes de construction adaptées au climat. Le rapport alerte : l’absence d’infrastructures résilientes aggrave les dégâts et freine le développement. Alors que l’Afrique contribue pour moins de 4 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique. Investir dans la résilience devient une urgence vitale : chaque dollar investi pourrait en économiser jusqu’à sept en réparations futures. Pour l’Afrique centrale comme pour le reste du continent, il est temps de faire de la résilience une priorité stratégique.

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Élections en Afrique centrale : enjeux politiques, géopolitiques et géoéconomiques

Alors que le Gabon prépare ses élections législatives et municipales du 27 septembre 2025, les regards se tournent vers l’Afrique centrale, où les processus électoraux deviennent des instruments de légitimation politique et des baromètres de stabilité régionale. Le Gabon, le Cameroun et la Centrafrique vivent des contextes différents, mais tous portent des enjeux politiques internes, géopolitiques régionaux et géoéconomiques globaux. Au Gabon, après le coup d’État d’août 2023, les élections visent à consolider la transition. Le président Brice Oligui Nguema, élu avec 64,2 % des voix en avril 2025, veut repositionner le pays comme un acteur crédible. Avec une production pétrolière estimée à 190 000 barils/jour, le pays attire Chine, Inde et Émirats dans le secteur extractif. « Nous devons redonner confiance aux Gabonais et à nos partenaires. Le vote est notre nouveau contrat social », déclarait Oligui lors d’un discours à Libreville en mai 2025. Au Cameroun, la tension monte à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025. reste silencieux sur sa succession. Le pays, 5e producteur africain de cacao et riche en ressources minières, voit monter l’influence de la Russie et de la Chine, au détriment des partenaires occidentaux. En Centrafrique, les premières élections locales depuis 1988 sont prévues pour fin 2025. Le président Faustin-Archange Touadéra, réélu en 2020 avec 53,9 %, compte sur ces scrutins pour ancrer la décentralisation. Mais la présence russe, notamment via Wagner, pèse sur la souveraineté. Le pays reste l’un des plus pauvres au monde, avec plus de 70 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. « Sans sécurité, pas d’élections libres. Mais sans élections, pas de paix durable », estime un diplomate de l’Union africaine. Dans ces trois pays, les élections cristallisent des enjeux cruciaux de légitimité, de souveraineté et de développement. Plus que jamais, le vote devient un champ de bataille où se croisent aspirations démocratiques et rivalités géopolitiques. Le défi : faire de ces rendez-vous non pas des rituels formels, mais de véritables tournants historiques.

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Climat et sécurité : l’Afrique à la croisée des enjeux géopolitiques et géoéconomiques

Lors du 2ᵉ Sommet africain sur le climat (ACS2), l’Afrique a lancé une initiative ambitieuse : mobiliser 50 milliards de dollars par an pour financer des solutions climatiques durables à l’échelle du continent. Portée par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, cette stratégie repose sur deux instruments : le Pacte africain pour l’innovation climatique et le Fonds africain pour le climat, avec pour objectif le déploiement de 1 000 solutions concrètes d’ici 2030. Au-delà de l’urgence environnementale, cette initiative soulève des enjeux géopolitiques et géoéconomiques majeurs. D’un côté, elle vise à réduire la dépendance aux financements extérieurs, souvent conditionnés et inadaptés aux réalités africaines. De l’autre, elle s’inscrit dans une logique de souveraineté climatique, où l’Afrique veut devenir un acteur stratégique de la transition énergétique mondiale, et non un simple réceptacle de l’aide internationale. L’enjeu est d’autant plus pressant que le continent a subi en 2025 une recrudescence de catastrophes climatiques : glissements de terrain en Afrique de l’Est, inondations en Afrique centrale, sécheresses prolongées au Sahel. Ces événements, exacerbés par le réchauffement global, aggravent les instabilités locales. Selon l’Union africaine, plus de 40 millions de personnes risquent le déplacement climatique d’ici 2030, renforçant les tensions autour des ressources (eau, terres, nourriture) et nourrissant les conflits armés et les insurrections terroristes, notamment dans la bande sahélo-saharienne. « Le climat est devenu un multiplicateur de menaces sécuritaires », a expliqué Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. Il appelle à une réponse intégrée : « La sécurité climatique doit faire partie des stratégies de paix ». En effet, le lien entre changement climatique, migration forcée et insécurité est désormais documenté par plusieurs agences onusiennes. Sur le plan économique, l’écart est abyssal : pour atteindre ses objectifs climatiques, l’Afrique a besoin de 3 000 milliards de dollars d’ici 2030, mais n’a reçu que 30 milliards entre 2021 et 2022, selon le rapport du sommet. L’initiative d’Addis-Abeba cherche donc à renverser cette asymétrie en stimulant un financement catalytique et en mobilisant les marchés africains et internationaux. Un accord parallèle, signé pendant le sommet, prévoit de lever 100 milliards de dollars via un partenariat entre bailleurs de fonds publics et banques commerciales, pour des investissements dans l’énergie verte, en particulier solaire et hydroélectrique. Enfin, cette dynamique marque une volonté politique affirmée de peser dans les négociations climatiques mondiales. Malgré le désengagement des États-Unis de l’Accord de Paris, les dirigeants africains réitèrent leur engagement à tenir leurs promesses climatiques, tout en exigeant des partenariats plus équitables. Pour Abiy Ahmed, « L’Afrique ne demande pas la charité, elle demande un investissement dans l’avenir de la planète ».

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Éducation de base : le Cameroun contracte un prêt de 6 milliards FCFA auprès de la BID

Le Cameroun vient d’obtenir un financement de 6 milliards de FCFA de la Banque islamique de développement (BID) pour renforcer l’éducation de base. Un décret présidentiel signé le 10 septembre 2025 autorise le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, à conclure l’accord de prêt. Les fonds serviront à financer le Projet d’appui à l’éducation de base au Cameroun (PAEBC). Ce projet vise à améliorer l’accès et la qualité de l’enseignement primaire, en particulier dans les zones rurales et défavorisées. Il prévoit la construction et la réhabilitation d’écoles, l’équipement en matériel pédagogique, la formation des enseignants, ainsi qu’un meilleur encadrement de la gouvernance éducative. Ce prêt renforce le portefeuille déjà important de la BID au Cameroun, qui comptait en 2024 17 projets en cours, pour un montant global de 582,4 milliards FCFA. Si les financements passés ont majoritairement ciblé les infrastructures routières, ce projet marque une diversification vers les secteurs sociaux, notamment l’éducation. Malgré les efforts engagés, l’éducation de base au Cameroun reste confrontée à de nombreux défis : salles de classe surchargées, pénurie d’enseignants qualifiés, et inégalités régionales d’accès. Le succès du projet dépendra donc d’une gestion efficace et transparente des fonds. À moyen terme, le PAEBC pourrait devenir un modèle pour d’autres partenariats éducatifs et contribuer à bâtir un système plus équitable, mieux adapté aux besoins du pays. Ce financement représente ainsi une opportunité stratégique pour le Cameroun de renforcer son capital humain, moteur essentiel du développement durable.

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Cameroun et Afrique centrale face à la diplomatie migratoire américaine

Alors que le Ghana devient un hub migratoire sous influence américaine, le Cameroun et l’Afrique centrale se retrouvent à un carrefour diplomatique délicat. Si l’accord entre Accra et Washington demeure pour l’instant en Afrique de l’Ouest, il envoie un signal fort : les États-Unis cherchent désormais à externaliser leur politique migratoire bien au-delà de l’Amérique latine. Position probable du Cameroun : entre prudence et souveraineté Le Cameroun, traditionnellement prudent sur les questions de politique migratoire, pourrait adopter une position de réserve, pour plusieurs raisons : –Une Souveraineté non négociable : Yaoundé rechigne à accepter des accords qui pourraient être perçus comme une atteinte à sa souveraineté ou qui impliqueraient un transfert de responsabilités migratoires d’autres pays. –Une stabilité intérieure fragile : Le Cameroun est déjà confronté à des tensions internes (crise anglophone, insécurité dans l’Extrême-Nord, flux de réfugiés centrafricains). Accueillir des migrants refoulés d’un autre continent risquerait d’alourdir la pression sociale. –Une Solidarité africaine prudente : Contrairement au Ghana, le Cameroun pourrait chercher à consolider ses alliances régionales (CEEAC) plutôt que de s’isoler diplomatiquement en pactisant avec Washington sur un sujet aussi sensible. Afrique centrale : terrain peu favorable à ce type d’accords L’Afrique centrale connaît peu d’historique migratoire avec les États-Unis : Les flux migratoires directs entre l’Afrique centrale et les États-Unis sont limités comparés à l’Afrique de l’Ouest. Les Régimes sont généralement méfiants envers l’ingérence occidentale : À l’exception peut-être du Gabon ou du Congo-Brazzaville, les pays d’Afrique centrale sont peu enclins à céder à des accords asymétriques. L’Influence croissante de la Chine et de la Russie : Cette reconfiguration des alliances diminue la dépendance politique aux États-Unis, ce qui réduit la marge de manœuvre de Washington dans la région d’Afrique. Le Ghana a ouvert une brèche diplomatique que peu de pays africains souhaitent suivre. Le Cameroun, tout comme ses voisins d’Afrique centrale, devrait maintenir une posture d’équilibre stratégique, en se gardant d’alignements unilatéraux sur des agendas étrangers qui pourraient fragiliser leur cohésion interne et régionale.

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US : 24 ans après, le 11 Septembre n’a pas livré tous ses secrets

La justice américaine relance la question des complicités étrangères. Une décision de justice rendue récemment pourrait relancer l’un des volets les plus sensibles du dossier des attentats du 11 septembre 2001 : la possible implication de ressortissants saoudiens dans l’aide logistique apportée aux terroristes. Le juge fédéral George B. Daniels a autorisé la poursuite d’une action en justice contre le Royaume d’Arabie saoudite, engagée depuis plus de 20 ans par des familles de victimes. Au cœur du dossier : deux hommes, Omar al-Bayoumi et Fahad al-Thumairy, tous deux liés à des institutions saoudiennes, accusés d’avoir facilité l’installation de deux des pirates de l’air en Californie. Bayoumi aurait notamment aidé les terroristes à trouver un logement à San Diego, filmé des sites sensibles à Washington, et détenait un schéma manuscrit suggérant des calculs de trajectoires aériennes. Les avocats de l’Arabie saoudite réfutent toute implication de l’État, affirmant que ces gestes relevaient de la simple hospitalité envers des compatriotes. Mais selon le juge Daniels, les éléments circonstanciels sont « suffisants pour permettre à une cour de conclure raisonnablement » à une coordination possible avec des autorités saoudiennes. Un combat judiciaire de longue haleine Depuis 2002, les proches des victimes tentent d’ouvrir un procès contre l’Arabie saoudite. Ce n’est qu’en 2016, avec l’adoption de la loi JASTA (Justice Against Sponsors of Terrorism Act), que de telles poursuites ont été rendues possibles en assouplissant l’immunité des États étrangers dans les cas de terrorisme. L’apparition de nouvelles preuves, dont une vidéo tournée par Bayoumi en 1999 montrant des sites fédéraux américains, et un dessin d’avion comportant des annotations techniques, a contribué à faire avancer le dossier. Ces documents, longtemps conservés par les services britanniques, n’ont été transmis aux familles que récemment. Vers une réécriture de l’histoire officielle ? Officiellement, la commission d’enquête sur le 11 septembre n’avait trouvé aucune preuve d’un soutien gouvernemental étranger aux attentats. Mais les familles des victimes, soutenues par certains élus, estiment que de nombreuses zones d’ombre subsistent. « Nous avons toujours dit que des éléments du gouvernement saoudien étaient impliqués. Ce procès est notre chance de faire éclater la vérité », a déclaré Brett Eagleson, dont le père est mort dans les tours jumelles. Un enjeu diplomatique majeur L’Arabie saoudite, alliée clé des États-Unis au Moyen-Orient, se retrouve une nouvelle fois sous pression. Si le procès avance, il pourrait avoir des répercussions politiques et diplomatiques importantes, notamment à l’heure où les deux pays coopèrent étroitement sur les questions énergétiques et régionales. Le Royaume, de son côté, reste silencieux : ni l’ambassade saoudienne à Washington ni ses représentants légaux n’ont souhaité commenter la décision du juge. En ce 24e anniversaire des attentats, cette affaire ravive la douleur des familles et relance les débats sur les responsabilités indirectes, longtemps évitées, dans l’un des événements les plus traumatisants de l’histoire américaine contemporaine. Ce qui s’est passé le 11 septembre 2001

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France – Sébastien Lecornu à Matignon : quel cap africain pour la France ?

Entre crise d’influence et attentes africaines, le nouveau Premier ministre devra redéfinir une politique africaine à la hauteur des défis géopolitiques et économiques du continent. Ce qui attend Sébastien Lecornu en Afrique Avec la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, c’est un ancien ministre des Armées qui prend les commandes de la politique intérieure et extérieure de la France. Cette dimension militaire, dans un contexte de redéfinition des rapports franco-africains, est loin d’être anecdotique. L’Afrique attend un virage, la France un repositionnement stratégique. Ce qui l’attend côté Afrique Lecornu hérite d’un lourd passif : évictions successives des forces françaises (Mali, Burkina Faso, Niger), rejet croissant des opinions publiques africaines, montée en puissance des influences russes, turques, chinoises, et surtout africaines elles-mêmes. Il devra accompagner, voire accélérer, la mutation d’une présence militaire vers une coopération plus équilibrée, en rupture avec les logiques postcoloniales. Les enjeux migratoires (notamment avec l’Afrique du Nord et le Sahel) et la lutte contre le terrorisme djihadiste restent majeurs. Il devra gérer l’équilibre entre sécurité, souveraineté des États africains et respect des droits humains, tout en évitant une militarisation excessive de la relation. La francophonie politique est en repli, concurrencée par d’autres puissances et affaiblie par des récits hostiles à la France. Lecornu devra renforcer la diplomatie culturelle, académique et médiatique pour restaurer un lien avec les sociétés civiles africaines, notamment les jeunesses. Ce que l’Afrique attend de lui Les discours africains, y compris ceux de partenaires historiquement proches, réclament une relation fondée sur le respect mutuel, la non-ingérence et la co-construction. L’Afrique attend moins de « déclarations » que d’actes : investissements durables, partenariats industriels, transfert de technologies, ouverture de marchés et réforme du franc CFA. L’Afrique subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique. Lecornu peut redonner à la France un rôle de leader sur les partenariats climat-énergie, notamment via l’AFD et des accords bilatéraux sur l’énergie solaire, les infrastructures ou la gestion de l’eau. Alors que la pression migratoire se maintient, le nouveau Premier ministre est attendu sur une politique qui combine co-développement, mobilité circulaire, respect de la dignité des migrants et lutte contre les trafics. Le tout, sans céder à la tentation du repli sécuritaire. Ce que Lecornu peut/devrait faire pour la France en Afrique Soutenir les entreprises françaises face à la concurrence chinoise ou turque, relancer la présence dans les secteurs stratégiques (énergies, transports, numérique), et investir dans l’innovation africaine. L’Afrique représente une opportunité de croissance pour la France, si elle sait écouter et s’adapter. Au sein du G20, de l’ONU ou du FMI, la France peut (re)devenir un partenaire d’influence si elle appuie les aspirations africaines à une représentation plus juste dans la gouvernance mondiale. Lecornu pourrait encourager des coalitions France-Afrique sur des dossiers globaux (climat, dettes, paix). La France doit passer d’une posture verticale à une approche horizontale, moins basée sur l’héritage colonial que sur des intérêts convergents. Lecornu, encore peu exposé en Afrique, a une carte à jouer : celle d’un visage neuf capable d’écouter avant d’imposer. L’Afrique attend de Sébastien Lecornu moins de continuité que de clarté stratégique. À lui de démontrer que la France peut redevenir un partenaire utile, humble et crédible sur un continent désormais acteur central du monde multipolaire.

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Le Grand Barrage de la Renaissance : L’Éthiopie entre souveraineté énergétique et turbulences géopolitiques

Symbole d’émancipation et d’intégration régionale, le GERD redéfinit les équilibres géoéconomiques du Nil au risque d’accentuer les tensions hydropolitiques. Après quatorze années de travaux, l’Éthiopie a officiellement inauguré le Grand Barrage de la Renaissance (GERD), devenant ainsi le pays hôte de l’infrastructure hydroélectrique la plus imposante du continent africain. Sur le plan géoéconomique, cet ouvrage marque un tournant historique : avec une capacité de production de 5 150 MW, il ambitionne de doubler l’offre nationale d’électricité et d’exporter vers ses voisins, générant jusqu’à un milliard de dollars par an. Ce projet colossal, autofinancé à hauteur de 4 milliards de dollars, est également un outil de légitimation politique dans un pays fracturé, mais temporairement uni autour de ce symbole de souveraineté et de modernité. Sur le plan géopolitique, le GERD bouleverse les rapports de force dans le bassin du Nil. L’Égypte, qui dépend à 97 % du fleuve pour ses ressources hydriques, y voit une menace directe à sa sécurité nationale. Le barrage, situé sur le Nil Bleu – source de 85 % du débit total du Nil – cristallise depuis plus d’une décennie un conflit latent entre Le Caire, Khartoum et Addis Abeba. Malgré l’échec des médiations internationales successives, un affrontement militaire reste peu probable, mais le projet exacerbe la compétition pour le contrôle de l’eau, ressource vitale et stratégique au XXIe siècle. Au-delà de l’Éthiopie, le GERD redessine les flux énergétiques de la Corne de l’Afrique, posant les bases d’une intégration régionale énergétique. Mais cette quête d’émancipation énergétique pourrait bien, si elle n’est pas accompagnée d’un accord diplomatique durable, aggraver l’instabilité dans une région déjà marquée par les conflits. Le GERD est ainsi autant un levier de développement qu’un révélateur des fragilités géopolitiques africaines.

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Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : cinq candidats validés, deux femmes en lice, une configuration inédite

Le Conseil constitutionnel ivoirien a publié, ce lundi 8 septembre 2025, la liste définitive des cinq candidats retenus pour la présidentielle du 25 octobre prochain. Parmi eux figurent deux femmes, une première dans l’histoire électorale récente du pays, traduisant une avancée timide mais significative vers une plus grande inclusion politique féminine. Les candidats en lice sont : La validation de Simone Gbagbo, ancienne Première dame et actrice politique clivante, et de Henriette Lagou, ancienne ministre et militante de la paix, marque un tournant. Elles sont les deux seules femmes retenues sur huit candidatures féminines déposées auprès de la Commission électorale indépendante (CEI), soit un taux de sélection de 25%. Une élection sous tension et enjeu de stabilité La campagne s’ouvrira le 10 octobre pour s’achever le 23 octobre à minuit, avec un premier tour prévu le 25 octobre. Le scrutin se déroule dans un climat politique relativement apaisé comparé aux précédentes échéances, mais reste scruté de près pour éviter tout risque de contestation post-électorale, à la lumière des tensions passées. Avec cette liste à cinq, la présidentielle ivoirienne s’annonce à la fois ouverte, pluraliste, et marquée par des enjeux générationnels, sociaux et institutionnels.

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Trafic de drogue : Le Cameroun face aux dérives de son pavillon de complaisance

Le 19 août 2025, les autorités camerounaises ont radié de leurs registres le navire Sky White, officiellement enregistré comme bateau de pêche sous pavillon camerounais. Cette décision fait suite à son arraisonnement au large des îles Canaries, avec plus de 3 tonnes de cocaïne à bord, conditionnées dans 80 ballots. L’opération a été menée par les marines espagnole, américaine et marocaine, et a abouti à l’arrestation de cinq membres d’équipage. Ce scandale remet sur le devant de la scène un problème bien connu : le laxisme du Cameroun dans la gestion de son pavillon maritime, souvent accusé de servir de couverture à des activités illicites – pêche illégale, trafic de drogue, et récemment, contournement de sanctions internationales. Un pavillon « à vendre » : entre business opaque et risque réputationnel Le Sky White n’est pas un cas isolé. Depuis février 2024, il figurait officiellement dans les registres camerounais comme navire de pêche, alors qu’il faisait déjà l’objet de soupçons internationaux de trafic, notamment en lien avec des réseaux opérant depuis le Maroc. Ce genre de dérive est facilité par un système où l’enregistrement des navires est peu contrôlé, voire monétisé sans vérifications rigoureuses. Selon l’Environmental Justice Foundation, plus de 200 licences ont été délivrées par le Cameroun à des navires étrangers de types divers, souvent sans réelle surveillance. En 2023, l’Union européenne avait d’ailleurs infligé un « carton rouge » au Cameroun pour son laxisme dans la lutte contre la pêche illégale, un signal d’alarme qui reste sans suite concrète sur le terrain. Un enjeu de souveraineté et de crédibilité La radiation du Sky White est un geste fort, mais tardif. Elle illustre l’urgence de réformer le régime d’octroi de pavillon, de renforcer les contrôles sur les navires immatriculés, et de coopérer plus étroitement avec les instances internationales. Car au-delà du trafic de stupéfiants, c’est la crédibilité du Cameroun sur la scène maritime mondiale qui est en jeu. Tant que des pavillons seront vendus à des acteurs douteux, le Cameroun s’exposera à des sanctions diplomatiques, à des restrictions portuaires, voire à une exclusion des circuits maritimes de confiance, avec des conséquences directes sur ses échanges extérieurs.

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