Afrique & Monde

Sécurité alimentaire mondiale : la faim recule, sauf en Afrique et au Proche-Orient

L’Afrique centrale reste en alerte rouge, fragilisée par les conflits, la dépendance alimentaire et le sous-investissement agricole Le dernier rapport mondial sur la sécurité alimentaire, publié ce 28 juillet 2025 par la FAO, l’Unicef, le PAM et l’OMS, indique un recul modéré de la faim à l’échelle mondiale : entre 638 et 720 millions de personnes ont été sous-alimentées en 2024, soit 8,2 % de la population, contre 8,5 % en 2023. Mais cette amélioration cache de fortes disparités : la situation empire en Afrique, notamment en Afrique centrale. Dans cette région, plus d’un quart de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire, selon les données de la FAO. Les conflits armés, les crises politiques (comme en RDC, en RCA ou au Tchad), mais aussi le dérèglement climatique et la forte dépendance aux importations expliquent cette vulnérabilité. « En Afrique centrale, les chocs climatiques comme les inondations ou les sécheresses réduisent la productivité agricole, tandis que la hausse du coût des denrées de base fragilise les ménages déjà précaires », analyse David Laborde, économiste à la FAO. Les zones rurales sont particulièrement touchées : le taux d’insécurité alimentaire modérée ou sévère y atteint plus de 35 %, selon le rapport. En cause également : des politiques agricoles encore peu inclusives, un accès limité au financement pour les petits producteurs, et une urbanisation rapide qui désorganise les filières de distribution. La malnutrition infantile y est également préoccupante. Moins d’un enfant sur quatre en Afrique centrale a accès à une alimentation variée. Cela engendre retards de croissance, baisse du capital humain et fragilité des apprentissages, avec des effets durables sur le développement des pays. Alors que le monde s’éloigne de l’Objectif de développement durable n°2 (« Faim Zéro » d’ici 2030), l’Afrique centrale illustre les défis structurels encore non résolus. « Sans investissement ciblé dans les systèmes alimentaires locaux, l’irrigation, et la résilience climatique, cette région risque d’être le principal foyer de la faim mondiale dans les années à venir », avertit Raj Patel, économiste à l’université du Texas. Noël Ndong

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Centrafrique : six anciens miliciens du FPRC condamnés à de lourdes peines pour crimes de guerre

La Cour pénale spéciale franchit un cap dans la lutte contre l’impunité en condamnant les auteurs de violences à Ndélé. En Centrafrique, la Cour pénale spéciale (CPS) a prononcé, le lundi 28 juillet, des peines allant de 20 à 25 ans de prison contre six anciens miliciens du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC). Jugés par contumace, ils ont été reconnus coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour des exactions commises en 2020 dans la ville de Ndélé, à l’est du pays. Le général Ndjouma Faché et Fotor Sinine écopent de 20 ans de prison, tandis que Younouss Kalam, Atahir English, Abdel Kane, Mahamat Salle et Yousouf Moustapha alias « Badjadje » sont condamnés à 25 ans de réclusion. « C’est un signal fort envoyé aux groupes armés : l’impunité n’est plus une option », a déclaré un observateur judiciaire sous couvert d’anonymat. La Cour prévoit une prochaine audience pour fixer les réparations dues aux victimes. Les faits remontent à mars et avril 2020, lorsque des violences sanglantes ont opposé les factions Rounga et Goula du FPRC. Les juges ont établi la responsabilité des accusés dans des viols, tortures, enlèvements, persécutions ethniques et pillages. Bien que les condamnés soient toujours en fuite, les autorités affirment que des recherches sont en cours. Créée en 2015, la CPS est une juridiction hybride soutenue par les Nations unies, compétente pour juger les crimes les plus graves commis depuis 2003. Selon un avocat de la partie civile, « ce verdict renforce la confiance des victimes dans les institutions judiciaires nationales ». Les parties disposent désormais de trois jours pour interjeter appel. Reste à savoir si cette décision accélérera la coopération entre les forces nationales et internationales pour interpeller les condamnés toujours en cavale. Noël Ndong

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Dette salariale des agents publics : l’État camerounais entame un vaste apurement de 57 milliards de F CFA

Entre rattrapage administratif et engagement politique, un signal attendu vers la stabilisation de la fonction publique. Le gouvernement camerounais a lancé, dès juillet 2025, une opération majeure d’apurement d’une dette salariale de 57 milliards de F CFA contractée auprès de quelque 178 000 agents publics. Il s’agit d’arriérés liés aux avancements d’échelon et de grade non pris en compte depuis l’introduction du nouveau système de gestion AIGLE. « C’est une réponse concrète à une attente ancienne et légitime des fonctionnaires. L’État honore ses engagements », a déclaré Joseph LE, ministre de la Fonction publique, lors d’un point conjoint avec le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le 26 juillet. Dans le détail, 53,2 milliards seront versés à ceux dont les rappels sont inférieurs à 4,5 millions de F, soit 177 933 agents, à raison de 8 milliards par mois jusqu’en janvier 2026. Les 450 agents concernés par des montants supérieurs à 4,5 millions bénéficieront aussi de paiements, mais sur dossier, à déposer au ministère des Finances. « Ce plan est structuré, graduel et sécurisé », affirme un haut cadre du Minfi, soulignant que « les plus petits montants sont traités en priorité pour toucher un maximum de bénéficiaires rapidement ». Cette opération s’inscrit dans un contexte de réforme numérique de la gestion des ressources humaines, avec l’entrée en vigueur d’AIGLE, censée automatiser les évolutions de carrière. Cependant, la transition a engendré de nombreux retards. D’autres catégories d’agents verront leurs paiements échelonnés : les 175 agents en poste dans les missions diplomatiques seront régularisés dès septembre, tandis que 2 318 agents en détachement ou en disponibilité verront leur situation analysée courant 2026. Ce geste, perçu par les syndicats comme un « pas vers la normalisation du traitement administratif des carrières », reste à suivre avec vigilance. Car, comme le rappelle un syndicaliste du secteur éducatif, « des rappels ne devraient plus jamais prendre dix ans pour être payés ». Noël Ndong

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Présidentielle 2025 au Cameroun : les premières contestations électorales déposées

Entre recours juridiques et débat démocratique, le Conseil constitutionnel face à sa mission d’arbitre impartial À la suite de la publication de la liste définitive des 13 candidats retenus pour la présidentielle du 12 octobre 2025, plusieurs recours ont été déposés au Conseil constitutionnel. Ces requêtes, formulées dans les délais légaux, reflètent à la fois la vivacité du pluralisme politique et les tensions persistantes autour de l’interprétation des règles électorales. Parmi les recours les plus médiatisés figure celui de Léon Theiller Onana, conseiller municipal à Monatélé et militant du parti au pouvoir, le RDPC. Il conteste la régularité de la procédure d’investiture du président sortant Paul Biya, tout en sollicitant la suspension de deux membres du Conseil constitutionnel, invoquant une possible incompatibilité. Une démarche rare au sein des rangs du RDPC, qui suscite attention et prudence. Bertin Kisop, président du Cameroon Party for Social Justice (CPSJ), a quant à lui déposé trois requêtes : l’une visant l’invalidation d’une candidature concurrente, l’autre contestant son propre rejet, et la dernière s’interrogeant sur la composition actuelle du Conseil constitutionnel. Si ses demandes soulèvent des points de droit, elles traduisent aussi le besoin d’une meilleure transparence dans la communication institutionnelle. Deux autres candidats recalés – Bessiping (REFERE) et André Dibamou (Jeunesse Démocratique du Cameroun) – demandent la réhabilitation de leurs candidatures, évoquant des difficultés administratives, notamment dans l’obtention ou la validation des pièces requises. Conformément à la loi, le Conseil constitutionnel a dix jours pour statuer sur les recours. Son rôle d’arbitre indépendant est plus que jamais scruté, alors que l’enjeu principal reste la crédibilité du processus électoral et la confiance des électeurs. Ces premières requêtes signalent l’importance d’un dialogue continu entre institutions, partis politiques et citoyens, pour que l’élection présidentielle de 2025 soit non seulement régulière, mais aussi perçue comme légitime par l’ensemble des acteurs. Noël Ndong

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Gabon : fin des bourses vers l’Amérique du Nord, un tournant stratégique assumé

Entre rationalisation budgétaire et souveraineté éducative, Libreville veut privilégier les partenariats Sud-Sud. Le président Brice Oligui Nguema a créé la surprise en annonçant, le 9 juillet à Washington, la suppression des bourses gabonaises pour les étudiants se rendant aux États-Unis et au Canada, à partir de la rentrée 2026. Motif invoqué : le coût élevé des études dans ces pays et la faible propension des diplômés à rentrer au pays. « Ils ne reviennent jamais », a déclaré le chef de l’État, estimant que ces investissements profitent davantage aux pays d’accueil qu’au développement national. L’annonce a suscité polémiques et inquiétudes au Gabon, notamment chez les enseignants et anciens dirigeants. « C’est une erreur stratégique », dénonce l’ancien Premier ministre Bilie By Nze, soulignant que former ses élites à l’international reste crucial pour l’avenir du pays. Le chômage des jeunes dépasse 35 %, et beaucoup peinent à trouver un emploi correspondant à leur qualification, renforçant le phénomène de fuite des cerveaux. L’Agence nationale des bourses a tenté d’adoucir la mesure en précisant que les filières stratégiques – transformation des matières premières, numérique, médecine, aéronautique – pourraient bénéficier d’exceptions ciblées. Le gouvernement justifie ce virage par une volonté de renforcer la coopération Sud-Sud, en favorisant des destinations comme le Sénégal, le Maroc ou l’Afrique du Sud, où « les étudiants reviennent », selon Brice Oligui Nguema. Déjà, près de 50 % des étudiants gabonais à l’étranger choisissent un pays africain, note Sarah Wild, consultante en orientation. Le coût moindre, les liens familiaux et la qualité académique croissante expliquent cette tendance. Mais cette réorientation soulève des questions d’équité et de compétitivité. Des voix s’élèvent pour proposer des alternatives : limiter les bourses aux meilleurs profils ou imposer un engagement de retour au pays. Pour beaucoup, la rupture avec les pôles d’excellence occidentaux ne peut être que progressive, si le Gabon veut rester dans la course mondiale de la formation des talents. Noël Ndong

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Afrique subsaharienne : la suspension de VOA rebat les cartes de l’écosystème médiatique

Entre vide informationnel local et recomposition stratégique mondiale, l’arrêt de Voice of America interroge sur la place des médias internationaux dans les démocraties fragiles. La suspension en mars 2025 des programmes de Voice of America (VOA) en Afrique subsaharienne marque une rupture symbolique et opérationnelle dans le paysage médiatique du continent. Radio publique américaine diffusant depuis 62 ans en Afrique, VOA avait tissé un réseau de plus de 1 000 partenariats avec des radios communautaires, fournissant des contenus multilingues, des formations et une couverture régionale souvent perçue comme équilibrée. « Dans certaines régions, VOA offrait un contrepoids aux récits officiels, tout en maintenant une ligne éditoriale respectueuse des équilibres locaux », estime un chercheur au Centre africain des médias de Dakar. Cependant, la suspension — justifiée à Washington par des impératifs budgétaires et des réformes internes — ne signifie pas nécessairement un abandon de l’Afrique. Des consultations seraient en cours au sein de l’administration américaine pour redéfinir les priorités de la diplomatie publique, dans un contexte où les budgets de l’aide extérieure font l’objet de tensions croissantes. Radios communautaires sous pression, mais pas sans alternatives Dans des pays comme la RDC, le Niger ou le Zimbabwe, l’absence de programmes VOA a temporairement désorganisé les grilles de certaines stations. Des journalistes ont été remerciés, et des créneaux sont restés vacants. Mais dans d’autres cas, des initiatives locales ont émergé pour combler le vide : partenariats avec des ONG, relance de contenus produits localement, ou montée en puissance d’acteurs régionaux comme la BBC Afrique, RFI, ou des radios panafricaines. « VOA n’était pas la seule source d’information fiable. Elle était importante, mais son retrait oblige à repenser la production locale et la formation des journalistes », nuance un directeur de station communautaire au nord du Cameroun. Enjeux géopolitiques : vers une recomposition du soft power L’arrêt de VOA intervient dans un moment de recomposition du paysage médiatique mondial. La montée en puissance de médias non-occidentaux comme CGTN (Chine), Sputnik (Russie) ou TRT Afrique (Turquie) redéfinit les équilibres d’influence. Dans ce contexte, certains observateurs estiment que la fin de la diffusion VOA pourrait, à terme, stimuler la diversification des voix médiatiques sur le continent, y compris celles issues de la société civile africaine. « L’Afrique a longtemps été une terre de réception médiatique. C’est peut-être l’occasion d’encourager une souveraineté éditoriale plus affirmée », analyse une experte des médias au CODESRIA (Sénégal). Noël Ndong

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L’Afrique entre deux drapeaux : coopération stratégique ou rivalité larvée ?

Paris et Londres tentent de réactiver une entente africaine malgré le passif colonial et le choc du Brexit. Longtemps marquées par une rivalité historique ancrée dans les mémoires coloniales, les relations entre la France et la Grande-Bretagne sur le continent africain semblent osciller entre coopération stratégique et tensions latentes. Le sommet franco-britannique de 2023 a ravivé l’idée d’un partenariat renouvelé. Les deux puissances se sont engagées à intensifier leurs efforts conjoints, notamment au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et dans les Grands Lacs, en réponse aux défis sécuritaires, climatiques et migratoires croissants. Pourtant, les promesses actuelles peinent à effacer un passé conflictuel. L’incident de Fachoda en 1898 symbolise encore le traumatisme français face à la domination britannique. L’Entente cordiale de 1904 mit un terme officiel aux tensions, mais le « syndrome de Fachoda » – Cette méfiance viscérale face à l’influence anglophone en Afrique francophone – persiste aujourd’hui sous d’autres formes. Durant la Guerre froide et les décennies postcoloniales, Paris et Londres ont souvent adopté des stratégies divergentes : aide liée à leurs intérêts économiques, appui à des modèles de gouvernance opposés – interventionnisme français contre pragmatisme britannique – et peu de volonté de convergence sur les priorités africaines. Aujourd’hui, dans un contexte post-Brexit et face à une reconfiguration multipolaire de l’Afrique, la nécessité d’un front commun face à la montée de la Chine, de la Russie et des puissances régionales (Turquie, Émirats arabes unis) pourrait forcer la main à Paris et Londres. La possible réélection de Donald Trump en 2025, avec son désengagement du multilatéralisme, pousse également les Européens à repenser leur autonomie stratégique, notamment en Afrique. Toutefois, les analystes restent prudents : « L’Afrique reste un terrain de compétition feutrée, plus que de coopération sincère », résume un diplomate ouest-africain. La vraie question reste entière : coopérer pour rester pertinents ou s’effacer derrière de nouvelles puissances ? Noël Ndong

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Visa américain : deux mois sous haute tension pour l’Afrique

Entre quotas en surchauffe et échéances fatales, août et septembre 2025 s’annoncent décisifs pour les lauréats de la loterie et les travailleurs qualifiés africains. Le département d’État américain vient de publier ses dispositions migratoires pour août et septembre 2025, confirmant une fin d’année fiscale explosive, en particulier pour les Africains inscrits au programme Diversity Visa (DV) et les travailleurs qualifiés (EB). La fenêtre reste ouverte pour les lauréats de la loterie DV-2025, avec un quota africain inédit de 50 000 visas en août, porté à 58 500 en septembre. Une priorité assumée, mais menacée par l’échéance rigide du 30 septembre, date limite de validation des dossiers. Le département d’État alerte : « La disponibilité des visas DV jusqu’à la fin de l’exercice fiscal ne peut pas être garantie. Les numéros pourraient être épuisés avant le 30 septembre ». Cameroun et Afrique centrale : une opportunité sous pression Dans cette dynamique, le Cameroun et les pays d’Afrique centrale (Congo, RDC, Tchad, Gabon, Centrafrique, Guinée équatoriale) figurent parmi les bénéficiaires silencieux mais structurants du programme DV. Le Cameroun a reçu environ 3 200 sélections DV-2025, selon les données internes, ce qui le place dans la tranche haute des pays francophones africains. Toutefois, la capacité administrative à finaliser les dossiers (rendez-vous, examens médicaux, documents de soutien) reste un frein systémique dans la sous-région. Des retards structurels au niveau des consulats américains de Yaoundé et Kinshasa aggravent la tension liée à l’échéance du 30 septembre. Un cadre consulaire résume : « La demande est forte, mais les créneaux consulaires ne suivent pas toujours. L’année 2025 sera tendue jusqu’au bout pour le Cameroun ». En parallèle, les travailleurs qualifiés camerounais (EB-2, EB-3) sont directement exposés à la rétrogression annoncée par Washington. Le recul de la date de traitement des dossiers EB-2 Monde exclut temporairement une partie des candidats, et fait planer le risque d’un gel complet des catégories EB en septembre. Afrique centrale sous-représentée mais stratégique L’Afrique centrale bénéficie encore de quotas non plafonnés au niveau national, offrant une marge de manœuvre précieuse, mais vulnérable face à la saturation globale. La sous-région a un rôle stratégique dans la dynamique migratoire afro-américaine, notamment via sa diaspora anglophone et francophone active dans les secteurs de santé, transport, logistique et services.  « Si la demande se concentre sur le Maghreb, l’Afrique centrale représente une réserve de main-d’œuvre qualifiée plus stable à long terme. Mais sans investissement dans les capacités consulaires locales, cette opportunité restera sous-exploitée », explique un expert en intelligence migratoire à Washington. Vers une gestion plus restrictive ? Outre les limites techniques, la rétrogression des visas EB-2 et la menace de rendre indisponibles les catégories EB-3 et EW sont des signaux forts d’un modèle d’immigration américain sous tension structurelle. Le risque ? Un gel temporaire des arrivées de profils qualifiés dans des secteurs en pénurie (santé, tech, BTP). Une perspective préoccupante pour le Cameroun, dont une part croissante des diplômés vise l’émigration légale vers les États-Unis. Noël Ndong

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Ciel africain sous pression : quand la fiscalité freine la connectivité du continent

L’Afrique vole à contre-courant. Alors que le monde investit dans la fluidité du transport aérien pour stimuler commerce, diaspora et tourisme, une étude de l’AFRAA (Association des Compagnies Aériennes Africaines) révèle que plusieurs pays africains étranglent leur ciel sous le poids de taxes et redevances excessives. Le constat est sans appel : le Gabon (297,7 $) et la Sierra Leone (294 $) imposent les plus fortes charges aériennes du continent, loin devant la moyenne africaine (68 $). Neuf des dix pays les plus chers se situent en Afrique de l’Ouest et centrale, soulignant une fracture géoéconomique inquiétante. À l’inverse, la Libye (1,3 $), le Malawi (5 $) ou encore l’Algérie (9,8 $) offrent des conditions bien plus compétitives. Enjeu stratégique : la compétitivité régionale. Ces déséquilibres minent les efforts d’intégration régionale et de ZLECAf. Le surcoût des billets dissuade les compagnies internationales, affaiblit les flux touristiques et restreint la mobilité intra-africaine. Paradoxalement, les régions les plus fiscalement agressives génèrent le moins de trafic aérien. Un modèle économique à revoir Le rapport accuse plusieurs États d’utiliser la fiscalité aérienne pour boucher leurs déficits budgétaires, au mépris des principes de l’OACI (transparence, proportionnalité, consultation). Cette approche non soutenable pénalise l’ensemble du secteur : le continent perd chaque année des milliards de dollars en opportunités économiques. Des réformes urgentes L’Afrique du Nord, avec des redevances faibles et une forte connectivité, incarne une alternative viable. La réussite de hubs comme Casablanca, Le Caire ou Alger montre que croissance et fiscalité modérée peuvent coexister. L’aviation devrait être un levier de développement, non un luxe. Sans harmonisation continentale des taxes aériennes, l’Afrique risque de rester au sol dans la course à la mobilité globale. Les États doivent choisir : perpétuer un modèle court-termiste ou libérer leur ciel pour une croissance durable. Noël Ndong

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Afrique centrale : une région sous haute tension

Entre transitions contestées, pressions sécuritaires et résilience autoritaire. L’Afrique centrale traverse une période charnière, marquée par une recomposition politique rapide, une instabilité sécuritaire croissante et un durcissement des régimes en place. Du Cameroun à la RDC, en passant par le Tchad, le Gabon, la Centrafrique et la Guinée équatoriale, la région oscille entre réformes institutionnelles, crispations autoritaires et enjeux de souveraineté stratégique. Cameroun : verrou électoral et exclusion Alors que l’élection présidentielle est prévue pour octobre 2025, le régime du président Paul Biya (92 ans, au pouvoir depuis 1982) vient de valider 13 candidatures, excluant Maurice Kamto, chef de file de l’opposition. Le rejet de son dossier, confirmé par le Conseil constitutionnel, accentue la fracture politique, notamment dans les régions anglophones toujours en conflit. RDC : Kabila dans la tourmente, justice sous pression L’ancien président Joseph Kabila est poursuivi pour haute trahison et participation à une insurrection armée. Son procès, renvoyé au 31 juillet 2025, intervient dans un contexte post-électoral tendu, où le président Félix Tshisekedi cherche à consolider son autorité. La judiciarisation du conflit entre anciens et nouveaux cercles du pouvoir pourrait alimenter des tensions institutionnelles, voire tribales, dans l’est du pays déjà instable. Gabon : entre transition militaire et incertitude démocratique Un an après le coup d’État militaire d’août 2023, le Gabon peine à définir les contours d’un retour à l’ordre constitutionnel. Le président de la transition, Brice Oligui Nguema, maintient un discours d’apaisement, mais aucune date d’élection n’est fixée, alimentant les doutes sur une réelle transition démocratique. L’armée demeure le principal acteur politique, dans un pays historiquement dominé par le clan Bongo. Centrafrique : vers un troisième mandat sous influence En RCA, le président Faustin-Archange Touadéra a annoncé sa candidature pour un troisième mandat, rendu possible par la nouvelle Constitution adoptée en 2023. Avec un fort soutien militaire russe (ex-Wagner), Bangui s’éloigne progressivement des partenaires occidentaux. L’opposition, affaiblie et divisée, peine à contester ce glissement autoritaire. Tchad : militarisation du pouvoir civil Le président Mahamat Idriss Déby, issu de la transition militaire après la mort de son père, a récemment procédé à une restructuration sécuritaire d’envergure : police, gendarmerie, renseignement, tout a été réorganisé. Ce durcissement intervient dans un climat marqué par des violences communautaires, des tensions politiques non résolues et des accusations de répression des opposants. Guinée équatoriale : une succession opaque Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis 1979, reste l’un des derniers dinosaures politiques africains. Officiellement, son fils Teodorín, vice-président, semble destiné à lui succéder, mais les luttes internes et la méfiance internationale, notamment autour des questions de gouvernance, obscurcissent l’avenir politique du pays. Une crise de succession pourrait fragiliser ce pilier de la stabilité pétrolière régionale. Une région stratégique sous pression géopolitique Vers une « stabilité autoritaire » ? L’Afrique centrale semble s’orienter vers un modèle de stabilité autoritaire, où les régimes maintiennent un semblant d’ordre au prix d’un rétrécissement démocratique. Si cette configuration satisfait certains partenaires extérieurs soucieux de sécurité (notamment dans la lutte antiterroriste ou la maîtrise des flux migratoires), elle risque à moyen terme de provoquer des soulèvements populaires imprévisibles, à l’image des vagues de coups d’État en Afrique de l’Ouest. Noël Ndong

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