Afrique & Monde

Trump-Poutine/Sommet d’Alaska : Vers une paix à hauts risques en Ukraine ?

Le 15 août, Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouveront pour un sommet inédit en Alaska, dans ce qui pourrait devenir un tournant stratégique dans la guerre en Ukraine. Derrière l’annonce, une équation géopolitique explosive : Washington pousse à un cessez-le-feu, Moscou réclame la légitimation de ses conquêtes, et Kiev tente de préserver son intégrité territoriale sans perdre le soutien occidental. « Il y aura un certain échange de territoires dans l’intérêt des deux parties », a déclaré Donald Trump, suggérant une reconnaissance implicite des lignes de front actuelles au profit d’une paix durable. Ce discours, confirmé par le Kremlin, fait suite à des mois de tractations informelles entre diplomates russes et américains. Le conseiller du président russe, Yuri Ushakov, a confirmé que « les deux dirigeants se concentreront sur une solution pacifique à long terme ». Du côté ukrainien, Volodymyr Zelensky a maintenu une ligne rouge : pas de paix sans pression maximale sur Moscou, tout en admettant une impasse militaire croissante. Une paix à quel prix ? L’équation territoriale et stratégique Le projet d’accord, selon les révélations de Bloomberg, entérinerait de facto l’occupation russe d’environ 20 % du territoire ukrainien, y compris les quatre régions partiellement occupées (Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson), sans compter la Crimée annexée en 2014. Les forces russes, bien que non entièrement maîtresses de ces zones, consolideraient leur présence au détriment d’un retrait militaire plus large. Ce compromis, présenté comme « réaliste » par certains cercles trumpistes, choque les stratèges européens. « Cela revient à institutionnaliser l’agression armée comme un levier diplomatique », alerte une source diplomatique française. « Le mieux que les Ukrainiens puissent faire est de rester fermes dans leurs conditions, tout en remerciant les États-Unis pour leur soutien », estime Tyson Barker, de l’Atlantic Council. Qui gagne, qui perd ? Donald Trump, en campagne présidentielle, vise ici un coup d’éclat diplomatique pour galvaniser son électorat et se repositionner en faiseur de paix. Vladimir Poutine, confronté à une guerre d’usure et à une économie sous sanctions, espère sécuriser ses gains sans recourir à une mobilisation accrue. Mais pour Zelensky, la marge est étroite. Accepter un tel compromis reviendrait à signer un aveu de défaite, avec des conséquences politiques et sociales incalculables. Or, l’Ukraine ne peut se permettre une rupture avec Washington, encore moins en pleine reconstruction. Du côté européen, l’inquiétude monte. Une paix précipitée sans garanties pourrait fissurer l’unité de l’OTAN, marginaliser les négociateurs européens, et ouvrir un précédent dans la gestion des conflits gelés. Conséquences économiques et sécuritaires Outre le volet militaire, l’accord redessinerait les routes énergétiques, les couloirs logistiques et les flux d’investissement en Europe de l’Est. La Crimée resterait une épine géostratégique dans le flanc sud de l’Ukraine, avec des implications sur la Mer Noire et les exportations céréalières mondiales. Washington miserait sur un allègement progressif des sanctions envers Moscou, en échange d’un arrêt des hostilités. Une approche qui divise les analystes : levier d’influence ou capitulation morale ? Une paix fragile, une victoire incertaine Le sommet d’Alaska pourrait poser les bases d’un nouveau paradigme sécuritaire en Europe de l’Est. Mais à quel prix ? Si un accord est trouvé, il devra être accepté non seulement par les chancelleries, mais aussi par les opinions publiques, ukrainienne en tête. Le dilemme est entier : sauver des vies maintenant, ou préserver l’intégrité nationale sur le long terme ? En géopolitique, la paix est rarement gratuite. En Alaska, elle pourrait s’acheter au prix d’une cession territoriale majeure. L’Histoire jugera. Les réaction de l’UE, de la Chineet de l’ONU attendues après le sommet du 15 août. Chiffres clés :

Trump-Poutine/Sommet d’Alaska : Vers une paix à hauts risques en Ukraine ? Read More »

Afrique-Caraïbes : une alliance stratégique en marche

Le Forum ACTIF2025 acte une coopération économique et politique renforcée, avec plus de 300 millions de dollars d’accords signés et une vision commune tournée vers la souveraineté et l’intégration Sud-Sud. Le quatrième Forum Afrique – Caraïbes sur le commerce et l’investissement (ACTIF2025), organisé par Afreximbank et le gouvernement de la Grenade, a marqué un tournant dans les relations afro-caribéennes. En deux jours, plus de 300 millions de dollars d’accords ont été conclus, et un engagement politique fort en faveur de l’intégration économique et humaine a été réaffirmé. Huit accords structurants ont été signés, notamment dans les domaines des infrastructures routières (100 M$), de l’hôtellerie à la Barbade (61 M$), de l’éducation à Saint-Kitts-et-Nevis (50 M$) ou encore du développement numérique. La Bank of The Bahamas a par ailleurs été désignée intermédiaire officiel d’Afreximbank, renforçant l’écosystème financier régional. « Il ne s’agit plus de justifier notre vision, mais de la défendre avec conviction », a affirmé George Elombi, futur président d’Afreximbank. De son côté, le Premier ministre de la Grenade, Dickon Mitchell, a plaidé pour la suppression des visas et la libre circulation entre les deux régions, jugeant obsolètes les restrictions actuelles à l’ère de la biométrie. Le forum a également appelé à la création d’un accord de libre-échange, au développement des liaisons aériennes et maritimes, et à l’élargissement des coopérations dans les industries culturelles, sportives et numériques. Plusieurs États ont rejoint la Commission pour l’Afrique mondiale, dont la Grenade et Saint-Kitts-et-Nevis. Ce rapprochement s’inscrit dans une logique de souveraineté économique, de refondation diplomatique et de construction d’un axe Sud-Sud capable de défendre ses intérêts dans un ordre mondial en recomposition.

Afrique-Caraïbes : une alliance stratégique en marche Read More »

Tchad : Mahamat Idriss Déby réaffirme la priorité donnée à la sécurité nationale

Dans un contexte régional tendu, le président tchadien appelle à renforcer les capacités militaires et à intensifier la coopération sous-régionale pour faire face aux menaces transfrontalières. À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Tchad, célébré le dimanche 10 août 2025, le président Mahamat Idriss Déby Itno a adressé un message solennel à la Nation, plaçant la sécurité nationale au cœur de ses priorités. Il a salué l’engagement « exemplaire » des forces de défense et de sécurité, qu’il a qualifiées de « remparts indispensables » pour protéger la population et garantir la stabilité du pays. « La paix, la stabilité et l’intégrité territoriale sont les piliers de notre développement national », a-t-il déclaré depuis N’Djamena. Un environnement régional sous haute tension Le président Déby a dressé un tableau préoccupant de la situation régionale en Afrique centrale, où plusieurs foyers de crise déstabilisent les équilibres sous-régionaux. La Centrafrique, bien que sur la voie du dialogue, reste fragile malgré l’accord de paix signé en avril dernier avec le soutien de N’Djamena. La guerre au Soudan, à l’est, continue de peser lourdement sur les frontières tchadiennes, avec des afflux massifs de réfugiés et des risques d’infiltration de groupes armés. « Garantir la sécurité à l’intérieur et aux frontières d’un pays vaste comme le nôtre, entouré d’États en guerre, reste un défi permanent et exigeant », a insisté le président. Dans cette zone de contact entre le Sahel, la Corne de l’Afrique et le bassin du Congo, le Tchad apparaît comme un acteur pivot de la stabilité régionale. Renforcement militaire et diplomatie sécuritaire Le chef de l’État a annoncé des réformes importantes au sein des forces armées, visant à améliorer l’équipement, la formation et la reconnaissance de leur mission. L’objectif : adapter les capacités militaires aux menaces hybrides et transfrontalières, du terrorisme aux groupes armés en passant par les trafics illicites. Sur le plan diplomatique, Mahamat Déby a renouvelé la solidarité du Tchad envers les États voisins en crise, réaffirmant sa disponibilité à accompagner les efforts de paix. Il a notamment lancé un appel fort aux parties en conflit au Soudan, les exhortant à mettre un terme à une « guerre fratricide qui a trop duré ». L’Afrique centrale à la croisée des défis sécuritaires Au-delà du Tchad, la situation en Afrique centrale reste marquée par des tensions persistantes. En République centrafricaine, la transition politique reste fragile. À l’est, la RDC est confrontée à l’activisme de groupes armés dans sa partie orientale. Au nord, le Cameroun doit gérer une insécurité résiduelle dans ses régions anglophones et des incursions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Ces dynamiques croisées rendent la coopération régionale incontournable. Dans ce contexte, le Tchad se positionne comme un acteur stabilisateur, dont le rôle dépasse ses frontières. Son implication militaire au Sahel, sa diplomatie active au Soudan et son influence dans la CEEAC renforcent son statut de pivot sécuritaire en Afrique centrale.

Tchad : Mahamat Idriss Déby réaffirme la priorité donnée à la sécurité nationale Read More »

Partenariat Allemagne-Afrique : l’heure de la refondation stratégique

Face à Pékin, Ankara et les Émirats, Berlin doit revoir sa copie pour peser en Afrique centrale. L’Allemagne ambitionne de redéfinir sa politique africaine. Mais en Afrique centrale – du Cameroun à la RDC, en passant par le Tchad et le Gabon – Berlin semble toujours absente des grands projets stratégiques, pendant que la Chine, l’Inde ou les Émirats Arabes Unis redessinent les infrastructures, les mines et les chaînes d’approvisionnement du continent. Pourtant, les besoins sont considérables : urbanisation rapide, accès à l’énergie, digitalisation, valorisation minière. Le Cameroun, par exemple, projette plus de 6 milliards  de dollars d’investissements dans ses infrastructures routières et énergétiques d’ici 2030. Or, moins de 3 % de ces projets sont attribués à des entreprises allemandes, contre près de 40 % pour des groupes chinois, selon les données du Cameroun Investment Promotion Agency. « L’Afrique centrale est un pivot géoéconomique ignoré de l’Allemagne, faute de vision intégrée et d’outils de projection stratégique », analyse le politologue Paul Djouka. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les exportations allemandes vers toute l’Afrique plafonnent à 14,2 milliards d’euros en 2024, soit à peine 1 % de ses exportations mondiales. L’essentiel est capté par l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Maroc. En Afrique centrale, la présence allemande reste marginale, souvent cantonnée à la coopération technique via la GIZ, sans projection industrielle forte. Or, le continent évolue : les pays du Golfe financent des ports, les Turcs construisent des aéroports, et la Chine contrôle déjà plus de 60 % des marchés miniers stratégiques comme le cobalt ou le lithium, cruciaux pour la transition énergétique allemande. « Le Cameroun peut offrir à l’Allemagne une position d’ancrage logistique et technologique en Afrique centrale, à condition de traiter les États africains comme des partenaires industriels, et non comme des zones de risques à éviter », estime Dr. Hans Meier, consultant en géoéconomie à Francfort. Si Berlin veut redevenir compétitive, elle doit activer les leviers de l’intelligence économique : cartographie des chaînes de valeur, diplomatie commerciale active, soutien aux PME allemandes via des garanties publiques ciblées, et surtout, adaptation aux réalités locales (fiscalité, visas, accords de double imposition). L’heure n’est plus à la prudence bureaucratique, mais à une offensive coordonnée, multisectorielle et respectueuse de la souveraineté économique africaine. Le prochain sommet Allemagne-Afrique prévu en 2026 devra clarifier cette ambition.

Partenariat Allemagne-Afrique : l’heure de la refondation stratégique Read More »

Visa américain : jusqu’à 15 000 dollars de caution, l’Afrique australe ciblée

Les États-Unis durcissent leur politique migratoire, et l’Afrique australe se retrouve en première ligne. En l’espace de 48 heures, Washington a annoncé des mesures strictes visant les ressortissants du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe, avec un objectif affiché : freiner les séjours illégaux sur le sol américain. Le 5 août 2025, le département d’État a dévoilé un programme pilote imposant une caution de 15 000 dollars (près de 13 000 euros) aux demandeurs de visas B1/B2 (tourisme ou affaires) en provenance du Malawi et de la Zambie. Cette garantie financière, à déposer avant le départ, ne sera remboursée que si le voyageur quitte le territoire américain à l’expiration de son visa. Des inquiétudes diplomatiques croissantes La mesure, qui entrera en vigueur le 20 août 2025, suscite des réactions officielles. Le ministre des Affaires étrangères zambien, Mulambo Haimbe, a exprimé ses « sérieuses inquiétudes » concernant les **répercussions économiques sur le commerce, le tourisme et les échanges humains ». Sa collègue malawite, Nancy Tembo, partage ces préoccupations, tout en affirmant la volonté du Malawi de coopérer avec Washington sur les questions migratoires. Dans le même élan, les États-Unis ont restreint la délivrance de visas aux ressortissants du Zimbabwe, invoquant des motifs similaires liés au non-respect des délais de séjour. Des taux de dépassement jugés trop élevés Selon le département de la sécurité intérieure (DHS), les taux de dépassement de visa (« overstay ») en 2023 étaient de 14,32 % pour le Malawi et de 11,11 % pour la Zambie, au-dessus du seuil de 10 % jugé tolérable par Washington. Ces chiffres, combinés à des lacunes dans les contrôles migratoires ou à l’octroi facilité de citoyenneté dans certains pays, justifient selon les autorités américaines ces mesures ciblées. Cependant, plusieurs observateurs notent que d’autres pays affichent des taux d’overstay bien plus élevés, sans faire l’objet de mesures similaires. Certains y voient une application sélective, voire géopolitiquement motivée, de la politique migratoire américaine. Enjeux pour la région ? Les enjeux sont re 4 ordres : Cette initiative américaine, testée en Afrique australe, pourrait marquer une nouvelle phase dans la lutte contre l’immigration illégale. Mais elle soulève une question plus large : jusqu’où peut-on restreindre la mobilité internationale au nom de la sécurité migratoire ?

Visa américain : jusqu’à 15 000 dollars de caution, l’Afrique australe ciblée Read More »

Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte

100 000 luminaires LED pour moderniser l’éclairage public et économiser 4 milliards FCFA par an. Le Cameroun vient de franchir un cap décisif dans la modernisation de son éclairage public. Le 7 août 2025, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a signé un protocole d’accord avec l’entreprise espagnole Salvi Lighting pour l’installation de 100 000 luminaires LED dans trois grandes villes : Yaoundé, Douala et Bafoussam. Cette initiative permettra d’économiser environ 4 milliards FCFA par an sur les factures d’électricité et de réduire la consommation énergétique de 15 MW. Un gain économique et écologique majeur. Outre les LED classiques, le projet intègre aussi des lampadaires solaires pour les zones non électrifiées. Ces équipements seront pilotés via le système intelligent Smartec, permettant une gestion à distance efficace. Selon le ministre, cette technologie est parfaitement adaptée au contexte énergétique local. Pour l’ambassadeur d’Espagne, Don Juan Pedro Pérez Gómez Delaunay, ce partenariat illustre une coopération stratégique entre les deux pays, en soutien à la transition énergétique du Cameroun. L’entreprise Salvi Lighting, reconnue pour son expertise, s’engage à transférer des compétences aux entreprises locales. Enjeux et avantages Ce projet pourrait devenir un modèle pour d’autres secteurs d’infrastructure. Il marque une avancée concrète vers un Cameroun plus sûr, plus moderne et plus durable.

Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte Read More »

Le cacao à l’échelle internationale : le Cameroun en quête d’une place aux côtés des géants ivoirien et ghanéen

Le cacao est l’un des produits agricoles les plus stratégiques sur le marché mondial. Il constitue la matière première essentielle de l’industrie du chocolat, dont la valeur est estimée à plus de 130 milliards de dollars. Près de 75 % du cacao mondial provient d’Afrique de l’Ouest, notamment de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Cameroun. Ces trois pays jouent un rôle central dans l’offre mondiale, mais avec des dynamiques et des stratégies très différentes. Une envolée historique des prix Depuis la campagne 2023-2024, le cacao connaît une flambée spectaculaire sur les marchés internationaux. Le prix de la tonne a franchi le cap symbolique des 10 000 dollars en 2024, un niveau jamais atteint. Cette hausse s’explique principalement par une offre en baisse dans les pays producteurs majeurs, affectés par des conditions climatiques extrêmes (sécheresse prolongée, fortes pluies), la propagation de maladies comme le swollen shoot, et le vieillissement des plantations. La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui à eux deux fournissent environ 60 % de la production mondiale, font face à une crise structurelle de leur filière. Le Cameroun, une position à consolider Dans ce contexte favorable, le Cameroun tente de repositionner sa filière cacao. Longtemps pénalisé par la faible qualité de sa production – surnommée autrefois Smoky cocoa à cause de l’odeur de fumée liée au séchage traditionnel – le cacao camerounais a longtemps subi une décote systématique sur les marchés internationaux. Comme l’a rappelé récemment le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, cette image dégradée a changé grâce à un travail de fond, initié à partir de 2017, à la demande du président de la République. Des primes de qualité ont été instaurées, des centres d’excellence créés, et la sensibilisation des producteurs à de meilleures pratiques agricoles a été renforcée. Aujourd’hui, le cacao camerounais est de plus en plus reconnu pour sa qualité. « Il attire les foules », affirme le ministre, citant l’intérêt croissant des industriels et des chocolatiers du monde entier. À titre d’exemple, il souligne que le Haut-Commissariat d’Australie s’est déplacé pour évaluer sur place la transformation du secteur. Des prix en forte progression Cette amélioration qualitative se traduit aussi par une meilleure rémunération des producteurs. Alors que pendant longtemps, le kilogramme se vendait autour de 1 000 FCFA, les prix bord champ ont atteint entre 3 200 et 5 400 FCFA durant la campagne 2024-2025, et devraient rester dans cette fourchette pour 2025-2026 selon les estimations officielles. Cette hausse marque une rupture nette avec les années précédentes et constitue une source d’espoir pour les producteurs locaux. Cependant, le ministre insiste sur un point essentiel : le prix seul ne suffit pas. Il plaide pour un « pacte républicain » entre tous les acteurs – producteurs, exportateurs, transformateurs – afin que cette richesse génère des investissements sociaux dans les zones cacaoyères : écoles, centres de santé, adduction d’eau potable, etc. Comparaison avec la Côte d’Ivoire et le Ghana La Côte d’Ivoire et le Ghana, bien que leaders mondiaux, sont confrontés à une situation paradoxale. Ils ont mis en place un prix minimum garanti au producteur (environ 1 300 FCFA/kg), en dessous des niveaux actuels du marché mondial, afin de préserver une stabilité intérieure. Cette situation a cependant conduit à une augmentation de la contrebande vers les pays voisins, notamment vers le Togo et la Guinée, où les prix sont plus attractifs. En parallèle, ces deux pays peinent à faire appliquer le « différentiel de revenu décent » (DRD), une initiative commune visant à garantir de meilleurs revenus aux planteurs. Le Cameroun, moins intégré dans ces mécanismes, bénéficie aujourd’hui d’une certaine souplesse de marché. Toutefois, sa production reste modeste – autour de 300 000 tonnes – comparée aux 2,2 millions de tonnes de la Côte d’Ivoire ou au million de tonnes du Ghana. Pour peser davantage, le Cameroun devra investir massivement dans la transformation locale, l’encadrement des producteurs, la modernisation des infrastructures et la régulation du secteur. Une opportunité à ne pas manquer La période actuelle offre une fenêtre stratégique pour le Cameroun. Les prix sont élevés, la qualité est en hausse, et la demande mondiale reste forte malgré l’inflation et les incertitudes économiques. C’est le moment pour le pays d’accélérer la structuration de sa filière cacao, d’attirer des investissements, et de garantir que les revenus générés aient un réel impact sur les conditions de vie des producteurs. Si les réformes se poursuivent et si le « pacte républicain » prôné par le gouvernement est respecté par l’ensemble des parties, le Cameroun pourrait, à moyen terme, devenir un acteur cacao majeur, non seulement en termes de volume, mais aussi de qualité et de durabilité.

Le cacao à l’échelle internationale : le Cameroun en quête d’une place aux côtés des géants ivoirien et ghanéen Read More »

Centrafrique : Élections générales fixées au 28 décembre 2025

L’Autorité nationale des élections (ANE) de la République centrafricaine a annoncé la tenue des élections générales le 28 décembre 2025. Ce scrutin comprendra la présidentielle, les législatives ainsi que les élections régionales et municipales Environ 2,3 millions d’électeurs sont attendus aux urnes, dont 749 000 nouveaux inscrits. Ce premier tour marquera un moment clé pour le pays, où les élections locales ont été reportées à plusieurs reprises en raison de difficultés financières et de l’absence d’un fichier électoral à jour. Le président Faustin Archange Touadéra, en poste depuis 2016 et réélu en 2020, a déclaré fin juillet sa candidature pour un troisième mandat. Cette possibilité est ouverte depuis la réforme constitutionnelle de 2023, qui a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels.

Centrafrique : Élections générales fixées au 28 décembre 2025 Read More »

Cameroun : Un projet pilote pour autonomiser les femmes rurales grâce à la propriété intellectuelle

Au Cameroun, un projet pilote innovant vient d’être lancé pour renforcer l’autonomisation économique des femmes rurales en misant sur la propriété intellectuelle et l’innovation. Ce programme, déployé également au Burkina Faso, vise à valoriser les produits agricoles portés par les femmes, en leur permettant de protéger et de commercialiser leurs créations. Malgré leur rôle central dans l’agriculture – elles représentent 62 % de la main-d’œuvre agricole et produisent plus de 80 % des denrées locales – les femmes rurales camerounaises restent peu intégrées dans l’économie formelle. Moins de 15 % des brevets enregistrés à l’OAPI leur appartiennent, et plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté. Avec un budget de 2,5 millions de dollars et une durée de 18 mois, le projet entend former les femmes, les accompagner dans le dépôt de brevets et soutenir des projets à forte valeur ajoutée. Il bénéficie du soutien de l’UNFPA, de l’OAPI, et de l’École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé. Pour Marie Mballa Biloa, présidente des Bayams Sellams, c’est une opportunité décisive : « Nous avons perdu la propriété de plusieurs produits faute de protection. Ce projet nous donne enfin les moyens de valoriser et défendre nos créations ». Une étape prometteuse pour que l’innovation devienne un véritable moteur de changement social et économique pour les femmes rurales du Cameroun.

Cameroun : Un projet pilote pour autonomiser les femmes rurales grâce à la propriété intellectuelle Read More »

Issa Tchiroma Bakary : « Le Cameroun traverse une période critique » – entre alerte, repositionnement et calcul politique

Candidat à la présidentielle du 12 octobre 2025, l’ancien ministre et président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, adopte un ton grave dans un clip à la tonalité résolument politique. « Le Cameroun traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire ». Ancien porte-parole du gouvernement et figure connue du paysage politique camerounais, Issa Tchiroma semble amorcer une inflexion dans son discours -sans rompre totalement avec un système qu’il connaît intimement. Il affirme aujourd’hui que « le peuple ne demande plus de promesses, mais une transition ordonnée, responsable et réaliste », se positionnant à la croisée des chemins entre loyauté institutionnelle et volonté de réforme. Une déclaration forte, mais à replacer dans son contexte Si ses propos peuvent apparaître comme une forme d’autocritique, ils ne constituent pas pour autant une condamnation frontale du pouvoir en place. Ancien ministre de la Communication et de l’Emploi, Tchiroma a longtemps défendu les décisions du président Paul Biya, notamment en période de crise. Il se distingue aujourd’hui par un discours davantage tourné vers la nécessité de stabiliser le pays tout en le réformant de l’intérieur. « J’ai vu le système de l’intérieur », affirme-t-il,  une déclaration qui peut à la fois séduire ceux qui appellent à des réformes pragmatiques, et nourrir la méfiance de ceux qui voient en lui un homme du sérail en quête de recyclage politique. Transition ou repositionnement ? Issa Tchiroma se garde d’appeler à une rupture brutale. Son usage du terme « transition ordonnée » semble au contraire indiquer une volonté de rassurer : les institutions doivent évoluer, mais sans fracture. Cette approche, prudente, peut refléter une lecture stratégique du contexte actuel, dans un pays marqué par une instabilité croissante et une aversion profonde au chaos. Ce positionnement intermédiaire,  ni totalement dans l’opposition, ni dans la continuité stricte , peut être perçu comme une tentative de recentrage, dans un environnement politique où les extrêmes peinent à convaincre l’ensemble de l’électorat. Un pays sous tension, mais pas à la dérive La déclaration d’Issa Tchiroma s’inscrit dans un contexte national complexe : conflit toujours actif dans les régions anglophones, difficultés économiques, jeunesse désabusée, déséquilibres sociaux croissants. Pour autant, les institutions fonctionnent, l’armée reste loyale, et la macroéconomie demeure relativement stable, selon les dernières données du FMI. Ainsi, parler de « période critique » n’est pas inexact, mais doit être mis en regard d’une résilience structurelle encore tangible, notamment dans les centres de pouvoir et d’administration. Une candidature qui interroge La candidature de  Issa Tchiroma soulève plusieurs questions : incarne-t-il une réelle volonté de réforme, ou cherche-t-il à capter un électorat centriste fatigué par le statu quo mais inquiet de l’inconnu ? À ce jour, il n’a pas présenté de programme détaillé, ni proposé de coalition ou alliance électorale. En l’absence de positionnement plus affirmé, sa candidature pourrait souffrir d’un manque de clarté, à mi-chemin entre continuité et renouveau. Une dynamique à suivre À l’échelle géopolitique, la stabilité du Cameroun reste une priorité pour ses partenaires, en particulier la France, les États-Unis et la Chine, présents économiquement et diplomatiquement. Une candidature comme celle de Issa Tchiroma, modérée, expérimentée, institutionnelle, pourrait, à terme, être perçue comme une voie de sortie progressive du modèle actuel, à condition qu’elle s’accompagne de propositions concrètes et d’un discours plus affirmé. Sans programme clair, ni rupture réelle avec les pratiques du passé, sa démarche reste pour l’instant ambiguë, voire tactique. Il pourrait néanmoins peser dans le débat présidentiel, notamment si les tensions sociales s’aggravent ou si l’opposition peine à incarner une alternative crédible.

Issa Tchiroma Bakary : « Le Cameroun traverse une période critique » – entre alerte, repositionnement et calcul politique Read More »

Scroll to Top