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Visas étudiants : Washington scrute les profils africains en ligne, l’Afrique francophone concernée

L’analyse des réseaux sociaux devient obligatoire pour les demandeurs africains, au risque d’entraver la mobilité académique et d’alimenter la méfiance diplomatique. Les étudiants africains qui envisagent de poursuivre leurs études aux États-Unis doivent désormais faire face à une nouvelle exigence : dévoiler leur activité sur les réseaux sociaux. Depuis le 25 juin, les ambassades américaines demandent aux demandeurs de visa étudiant (F et M) ou d’échange culturel (J) de fournir une liste complète de leurs comptes sociaux actifs (Facebook, Instagram, X/Twitter, TikTok, etc.) au cours des cinq dernières années. Une mesure à portée mondiale, mais à effets locaux Selon les données de l’organisation Opendoors, plus de 1,1 million d’étudiants étrangers pourraient être affectés par cette directive, dont plusieurs milliers en provenance d’Afrique francophone. À Dakar, Bamako, Abidjan ou Lomé, les futurs boursiers, chercheurs ou étudiants en licence s’inquiètent : leurs publications passées, leurs abonnements ou leurs messages publics pourront désormais être analysés à des fins de profilage sécuritaire. Le département d’État américain justifie cette mesure par la nécessité de prévenir l’entrée de personnes susceptibles de représenter une menace pour la sécurité nationale, en particulier celles exprimant des opinions jugées hostiles aux institutions américaines, ou manifestant un soutien à des discours violents, extrémistes ou antisémites. Un filtre numérique dans un contexte diplomatique tendu Cette procédure ne remplace pas les contrôles habituels (académiques ou financiers), elle les complète. Elle introduit un filtrage idéologique et comportemental, dans un contexte où les États-Unis, confrontés à des tensions géopolitiques croissantes et à un débat interne sur l’immigration, tentent de resserrer leur contrôle aux frontières, y compris à travers le soft power académique. Certains diplomates africains, en privé, s’interrogent sur l’équilibre entre sécurité et discrimination. Si la mesure s’applique globalement, plusieurs experts soulignent qu’elle pourrait affecter de manière disproportionnée les pays d’Afrique subsaharienne, souvent perçus à tort comme plus exposés à l’immigration illégale. Des conséquences sur la mobilité étudiante Cette nouvelle contrainte pourrait avoir un effet dissuasif. Bien que les États-Unis restent une destination académique privilégiée, ce type de surveillance numérique préventive pourrait pousser de nombreux étudiants à se tourner vers des pays jugés plus souples en matière de visas, comme le Canada, la France ou la Turquie. Elle soulève aussi un enjeu de liberté d’expression : un simple message critique ou une prise de position maladroite sur les réseaux sociaux pourrait compromettre un projet d’étude. Les ONG de défense des droits numériques redoutent une forme d’auto-censure anticipée chez les jeunes candidats, qui pourraient supprimer ou modifier leurs profils pour éviter tout risque de rejet. Un test diplomatique pour les relations États-Unis–Afrique Alors que Washington multiplie les déclarations sur la relance de ses partenariats avec l’Afrique, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’entrepreneuriat ou de la culture, cette mesure pourrait être perçue comme un signal contradictoire. Dans plusieurs chancelleries africaines, on s’interroge déjà : les talents africains sont-ils toujours les bienvenus aux États-Unis ?

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Afrique – IA : L’Union africaine trace la ligne rouge pour la souveraineté des peuples autochtones

  L’intégration des peuples autochtones dans l’ère numérique est devenue une question de souveraineté, de justice et de sécurité. L’Union africaine appelle à un encadrement stratégique et inclusif de l’intelligence artificielle pour éviter une nouvelle marginalisation. « L’IA ne doit pas perpétuer les injustices historiques », alerte la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), organe consultatif de l’Union africaine (UA), à l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones. Au cœur des débats : l’intégration éthique des peuples autochtones africains dans l’essor des technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle (IA), alors que la compétition numérique mondiale s’accélère. Une question stratégique et géopolitique En Afrique, les peuples autochtones – souvent gardiens des écosystèmes vitaux du continent – se trouvent aujourd’hui à la croisée des chemins : entre reconnaissance de leurs droits et menaces d’une nouvelle forme d’exclusion, cette fois numérique. Leur marginalisation, souvent héritée des dynamiques coloniales et postcoloniales, risque d’être reconduite si les États et les acteurs technologiques n’intègrent pas leurs besoins et savoirs dans les stratégies nationales et régionales. « L’IA doit être construite avec et pour les peuples autochtones », insiste Aimé Ange Wilfrid Bininga, ministre congolais de la Justice et des Droits humains. Un message politique fort dans un contexte où les technologies, si elles ne sont pas encadrées, peuvent alimenter des logiques d’extraction de données, de désinformation, voire de perte de souveraineté culturelle et territoriale. Données, savoirs, territoires : la souveraineté en question L’UA appelle les États africains à intégrer dans leurs stratégies numériques le « consentement libre, préalable et éclairé » des communautés concernées. Une disposition qui s’inscrit dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, mais qui peine encore à se traduire en politiques publiques concrètes. Car au-delà des droits humains, c’est aussi une bataille stratégique pour la souveraineté des données. Nombre de savoirs autochtones – liés à l’environnement, à la santé, aux langues – sont aujourd’hui numérisés sans cadre légal clair, souvent exploités par des entreprises étrangères ou des projets technologiques non supervisés. « Il est impératif de mettre fin aux pratiques abusives et d’engager un véritable partenariat avec les communautés autochtones », souligne la CADHP. Cela implique une refonte des cadres juridiques, un dialogue inclusif, mais aussi une coopération entre gouvernements, secteur privé, société civile et universités. Risque sécuritaire : exclusion numérique et fracture culturelle Si les peuples autochtones sont exclus du développement de l’IA, les conséquences ne seront pas uniquement sociales ou culturelles, mais également sécuritaires. Marginalisation accrue, érosion identitaire, conflits fonciers aggravés par des projets technologiques imposés : les signaux d’alerte se multiplient. Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, avertit : « En l’absence de dispositions pour garantir un développement éthique de l’IA, nous risquons de renforcer des préjugés néfastes et de dénaturer les langues autochtones ». Dans certains pays comme le Tchad ou la Tanzanie, des initiatives pilotes montrent qu’une collaboration respectueuse est possible. L’IA y est utilisée pour traduire les savoirs ancestraux en données environnementales ou climatiques, intégrées dans des programmes de gestion durable des ressources. Un modèle prometteur, mais encore trop marginal. Vers une diplomatie numérique panafricaine ? À l’heure où l’Afrique cherche à renforcer sa voix dans la gouvernance mondiale de l’IA – notamment à travers le Fonds africain pour l’IA éthique lancé en 2024 – la protection des droits des peuples autochtones devient une pierre angulaire de la diplomatie numérique africaine. Il s’agit désormais pour l’Union africaine d’articuler les objectifs du développement technologique avec les principes de justice historique, de diversité culturelle et de souveraineté économique. L’intelligence artificielle ne peut être un progrès pour l’Afrique que si elle respecte ses peuples les plus enracinés. L’enjeu n’est pas technologique mais civilisationnel : bâtir un avenir numérique inclusif ou répéter les erreurs du passé.

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Sommet de Luanda : l’Afrique à la recherche de solutions concrètes pour ses infrastructures

Du 28 au 31 octobre 2025, Luanda, capitale de l’Angola, accueille un sommet crucial sur le financement des infrastructures en Afrique. L’enjeu : mobiliser les milliards nécessaires pour répondre aux ambitions continentales, dans un contexte de tensions économiques et de compétition géostratégique accrue. Organisé par l’AUDA-NEPAD et la Commission de l’Union africaine, ce sommet se tient à un moment décisif. Le continent fait face à un déficit de financement des infrastructures dépassant les 100 milliards de dollars par an, selon les estimations de l’Union africaine. À l’horizon 2040, c’est 1 300 milliards de dollars qui devront être levés pour concrétiser des projets structurants, notamment dans le secteur de l’énergie. L’un des piliers de cette ambition est le Plan directeur des systèmes électriques continentaux (CMP), conçu pour jeter les bases d’un marché unique de l’électricité. Objectif : connecter les réseaux nationaux, favoriser les énergies renouvelables, et améliorer l’accès à l’électricité pour des centaines de millions d’Africains. Une bataille géoéconomique à enjeux multiples Au-delà des promesses techniques, ce sommet s’inscrit dans une logique géoéconomique plus large. L’Afrique cherche à diversifier ses sources de financement et à sortir d’une dépendance excessive vis-à-vis des bailleurs traditionnels. Des partenariats plus équilibrés avec les pays émergents (Chine, Inde, Turquie, Brésil) sont recherchés, tout comme une meilleure mobilisation des ressources internes et des marchés de capitaux africains. La présence attendue de banques de développement, de fonds souverains africains et d’investisseurs privés vise à établir des modèles de financement innovants et durables, là où les aides classiques ont montré leurs limites. Une opportunité de leadership pour l’Angola Pour Luanda, l’enjeu est aussi diplomatique. En accueillant ce sommet, l’Angola affirme sa volonté de jouer un rôle de pivot régional dans la planification continentale des infrastructures. Ce positionnement s’inscrit dans la stratégie du président João Lourenço, qui cherche à renforcer le poids de son pays au sein de l’Union africaine et des grandes initiatives panafricaines. Mais l’ambition africaine ne pourra aboutir que si elle s’accompagne d’un cadre réglementaire harmonisé, d’une bonne gouvernance des projets, et d’une volonté politique ferme pour dépasser les blocages nationaux.

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Etoudi – October 12, 2025 (Cameroon): The Opposition Seeks Unity, but Deep Divisions Remain

With just two months to go before the October presidential election, backroom negotiations among opposition figures for a single candidacy are multiplying. While the desire for change is openly expressed, deep divisions between key actors are hindering the formation of a credible and lasting alliance. Officially, 11 candidates have been approved by the Constitutional Council to challenge Paul Biya, who has been in power for 42 years. In reality, several of these candidates are working behind the scenes to build a coalition. Their stated goal: avoid the fatal fragmentation of votes that allowed the incumbent to win re-election in 2018 with 71.28% of the vote, according to official figures. Yet beyond good intentions, the coalition remains poorly structured. Points of convergence do exist – resolving the Anglophone crisis, constitutional reform, limiting the presidential term to five years, renewable once – but disagreements remain deep over who should lead and what strategy to adopt. “Some candidates are clearly willing to move forward together. But we are still stuck managing sensitivities and individual ambitions”, says a close adviser to Akere Muna, speaking on condition of anonymity. Bello Bouba in the Lead, But Divisive Among those considered to lead a possible coalition, Bello Bouba Maïgari appears to have an edge. A former minister, former Prime Minister, and native of the North – a region that alone accounts for nearly 30% of the electorate – he is seen by some as a potential compromise candidate. “He is perceived as experienced and able to reassure certain elites,” explains political analyst Njoya Moussa. “But his past in government works against him among voters seeking real change ”. His candidacy is also dividing grassroots supporters, with some criticizing it as an elitist strategy disconnected from the realities and demands of the broader population. An Opposition With Shifting Lines Other names, such as Cabral Libii, Akere Muna, and Maurice Kamto (whose candidacy was rejected), are still being discussed. Despite his absence from the race, Kamto’s party, the MRC, continues to wield significant influence, especially in urban areas and within the diaspora. “Kamto’s symbolic weight should not be underestimated. A clear endorsement from him could completely shift the balance”, notes political journalist Brice Tchana. Still, the opposition is struggling to define clear mechanisms for working together: What kind of governance? How would power be shared in the event of a victory? What campaign strategy should be adopted? These key questions remain largely unanswered. A Union at Risk of Being Superficial The obsession with a “single candidate” risks masking a deeper problem, observers warn. While numerical unity may be attractive, it cannot replace a shared political vision, nor resolve the ideological, regional, and generational divides within the opposition. “An alliance without project cohesion is an empty shell. The risk is forming a façade of unity that will collapse at the first strategic disagreement,” warns political analyst Lilian Ntamack. 2018: A Warning from the Past This isn’t the first time such an alliance has been attempted. In 2018, similar calls for unity fell apart at the last minute. The Biya camp, for its part, continues to benefit from the opposition’s instability. Without deep reform of the electoral system, the opposition can only rely on its own discipline, clarity of vision, and unity of purpose if it hopes to achieve change.

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Etoudi -12 octobre 2025 (Cameroun) : l’opposition veut s’unir, mais les lignes de fracture persistent

À deux mois de la présidentielle d’octobre, les tractations pour une candidature unique dans l’opposition se multiplient. Si la volonté de changement est affichée, les divergences profondes entre les acteurs freinent une alliance crédible et durable. Officiellement, ils sont 11 candidats à avoir été validés par le Conseil constitutionnel pour affronter Paul Biya, au pouvoir depuis 42 ans. En réalité, une partie de ces candidats s’emploie, en coulisses, à bâtir une coalition. Objectif affiché : éviter une dispersion fatale des voix comme en 2018, où l’opposition, divisée, avait permis au président sortant de l’emporter avec 71,28 % des suffrages, selon les chiffres officiels. Mais au-delà des intentions, cette coalition peine à prendre forme de manière structurée. Si les points de convergence ne manquent pas – résolution de la crise anglophone, révision constitutionnelle, réduction du mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une fois – , les désaccords sur la personnalité à porter et la stratégie à adopter demeurent profonds. « Il y a une volonté claire de certains candidats d’aller ensemble. Mais nous en sommes encore à la gestion des susceptibilités et des ambitions individuelles », confie un proche conseiller d’Akere Muna, sous couvert d’anonymat. Bello Bouba en tête, mais contesté Parmi les figures évoquées pour conduire une éventuelle coalition, Bello Bouba Maïgari semble bénéficier d’un certain avantage. Ancien ministre, ancien Premier ministre, et issu du Nord – une région qui représente à elle seule près de 30 % du corps électoral –, il est vu par certains comme un compromis possible. « Il est perçu comme expérimenté et capable de rassurer certaines élites », analyse le politologue Njoya Moussa. « Mais son passé gouvernemental joue contre lui auprès des électeurs en quête de rupture ». Ce choix divise également dans les bases militantes, où certains dénoncent une stratégie élitiste, détachée des dynamiques populaires réelles. Une opposition à géométrie variable D’autres noms comme Cabral Libii, Akere Muna, ou encore Maurice Kamto (dont la candidature a été écartée) circulent dans les discussions. Le MRC de Kamto, bien qu’absent de la course, conserve une forte influence, notamment en zone urbaine et dans la diaspora. Brice Tchana, journaliste politique, estime qu’« il ne faut pas sous-estimer l’impact symbolique de Kamto. Un ralliement clair de sa part peut totalement rééquilibrer la dynamique ». Pourtant, l’opposition peine à définir des mécanismes concrets de fonctionnement commun : quelle gouvernance ? Quel partage du pouvoir en cas de victoire ? Quelle stratégie de campagne ? Autant de questions qui restent, pour l’instant, sans réponse claire. Une union qui risque de rester cosmétique ! L’obsession d’un « candidat unique » risque, selon certains observateurs, de masquer un manque de fond. Si l’unité arithmétique peut séduire, elle ne saurait remplacer une vision politique partagée, ni résoudre les fractures idéologiques, régionales et générationnelles au sein de l’opposition. Pour Lilian Ntamack, analyste politique, « une alliance sans cohésion de projet est une coquille vide. Le risque, c’est de créer une union de façade qui s’effondrera au premier désaccord stratégique ». 2018, un précédent En 2018 déjà, des appels similaires à l’unité avaient échoué à la dernière minute. Le camp Biya, lui, capitalise sur cette instabilité. À défaut d’une réforme profonde du système électoral, l’opposition ne peut compter que sur elle-même pour espérer une alternance.

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Cameroun : 18 arrestations à Douala, la CONAC frappe fort contre la corruption

Une opération coup de poing révèle l’ampleur des fraudes dans la région du Littoral et marque un tournant dans la lutte anti-corruption. La Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) a procédé à 18 arrestations à la suite d’une campagne anti-corruption d’une semaine dans la région du Littoral, selon le président de l’institution, Dr. Dieudonné Massi Gams. Cette opération baptisée « Special Crusade » s’est achevée à Douala avec des résultats qualifiés de spectaculaires, révélant une corruption généralisée dans divers secteurs. Parmi les domaines visés figurent l’extorsion, les fraudes administratives, les détournements de fonds publics, ainsi que des abus de fonction par des agents municipaux. Les plaintes traitées ont notamment mis en lumière des pratiques illégales chez des conducteurs de moto-taxis, commerçants, mais aussi dans l’administration foncière, où des ventes illicites de terrains et des titres fonciers frauduleux ont été recensés. Sur les 80 dénonciations reçues, 61 concernaient des cas déjà existants dans la région, tandis que 19 nouveaux signalements ont été enregistrés. L’opération a également mis en évidence l’efficacité de canaux numériques comme WhatsApp, utilisés pour recueillir les plaintes de manière discrète, favorisant ainsi la participation citoyenne. Pour Dr. Massi Gams, ces arrestations ne constituent qu’une étape : « La commission ne se reposera pas tant que ce fléau social ne sera pas éradiqué », a-t-il affirmé. Il a aussi réitéré l’engagement de la CONAC à intensifier ce type d’opérations sur l’ensemble du territoire national. Cette action de terrain relance le débat sur l’impact réel des campagnes anti-corruption au Cameroun, où les efforts institutionnels se heurtent encore à une corruption enracinée dans les pratiques quotidiennes. Reste à savoir si cette croisade marquera un tournant durable.

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Afrique : 155 000 morts en dix ans, l’insécurité islamiste s’étend et se transforme

La violence attribuée aux groupes islamistes militants atteint des sommets en Afrique, entre expansion territoriale, gains technologiques et fragilité accrue des États. .En une décennie, 155 000 morts ont été attribuées aux violences islamistes militantes sur le continent africain. En 2025, cette menace a atteint un nouveau pic de létalité avec 22 307 décès, en hausse de 60 % par rapport à la période 2020–2022. Trois régions concentrent 99 % des morts : le Sahel, la Somalie et le bassin du lac Tchad. Cette étude est l’œuvre duCentre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA). Sahel : un effondrement sécuritaire Avec près de 10 700 morts cette année, le Sahel reste l’épicentre de la crise. Le Burkina Faso concentre 55 % de ces décès, suivi du Mali, où 81 % des 17 700 morts recensées depuis 2010 ont eu lieu après le coup d’État de 2020. La perte de contrôle territorial est massive : seulement 40 % du territoire burkinabè est sous contrôle gouvernemental, et environ 950 000 km² sont hors d’accès à l’autorité étatique dans la région, soit l’équivalent de la Tanzanie. Deux groupes dominent : le JNIM, affilié à al-Qaïda, et l’EIGS, lié à Daech. Le JNIM, actif au Mali et au Burkina Faso, contrôle de vastes zones et emploie de nouveaux moyens technologiques comme les drones et les engins explosifs improvisés, rendant la menace plus sophistiquée. Fait marquant : les forces maliennes et leurs alliés russes de Wagner/Africa Corps ont tué plus de civils (6 058) que les groupes djihadistes eux-mêmes (5 708) depuis 2021. Cette répression nourrit le discours de légitimation des groupes comme le JNIM, qui se présentent comme « protecteurs » des populations peules visées. Somalie : l’insurrection se mondialise En Somalie, 7 289 morts sont à déplorer en 2025. Al Shabaab, lié à al-Qaïda, reste la force dominante avec jusqu’à 200 M$ de revenus annuels. L’organisation bénéficie désormais du soutien opérationnel des Houthis du Yémen, ce qui lui a permis d’améliorer ses capacités de frappe, y compris avec des missiles balistiques et des drones. La montée en puissance de l’État islamique en Somalie (ISS) inquiète également. Cette branche locale, désormais dotée de 1 000 combattants, agit comme centre financier et logistique pour Daech au niveau global, selon l’ONU. Pour la première fois, ses opérations ont causé 1 065 morts cette année. Bassin du lac Tchad : résurgence tactique Le bassin du lac Tchad, où sévissent Boko Haram et l’ISWA, enregistre 3 982 morts, soit une hausse de 7 %. L’ISWA, de plus en plus structuré, a pris d’assaut 15 bases militaires au Nigeria cette année, utilisant vision nocturne et drones armés. Le pays a vu une augmentation de 18 % des morts, principalement dans l’État de Borno. La violence s’étend à de nouveaux territoires. Deux groupes, Lakurawa et Mahmuda, opèrent dans le nord-ouest du Nigeria, zone auparavant dominée par les « bandits ». Leurs liens avec des groupes sahéliens comme l’EIGS inquiètent les autorités. Zones secondaires : signaux faibles à surveiller Une menace en recomposition L’évolution géographique et technologique des groupes islamistes militants en Afrique souligne leur résilience et leur capacité d’adaptation. Leurs financements, leurs alliances (notamment transcontinentales), et leur ancrage territorial menacent désormais la souveraineté effective de plusieurs États, notamment au Sahel. Implications stratégiques : « Ce n’est pas uniquement un enjeu africain. La militarisation asymétrique des groupes islamistes militants menace aujourd’hui la stabilité de toute la bande sahélo-saharienne et les corridors maritimes mondiaux », explique un analyste du Centre d’études stratégiques de l’Afrique. Deux Chiffres à retenir : 155 000 morts en 10 ans imputables aux groupes islamistes militants en Afrique.22 307 morts en 2025, un record absolu.

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Afrique centrale : entre recul démocratique et éveil citoyen

Alors que les institutions démocratiques s’effritent, l’Afrique centrale voit émerger une nouvelle forme de citoyenneté active, portée par une jeunesse connectée et une société civile inventive. Le rapport Afrobaromètre 2025 met en lumière ce paradoxe africain dans une région particulièrement marquée par l’instabilité politique. Paradoxalement, 72 % des électeurs africains ont participé aux dernières élections nationales, selon l’enquête Afrobaromètre 2025, malgré un climat de défiance envers les institutions et une multiplication des dérives autoritaires. En Afrique centrale, cette situation est encore plus contrastée : les élections continuent, mais le cadre démocratique s’effondre. Des institutions affaiblies, une méfiance grandissante Dans des pays comme le Cameroun, le Congo ou la Guinée équatoriale, la longévité des régimes en place, souvent soutenue par des réformes constitutionnelles controversées, alimente la défiance. Afrobaromètre montre que la confiance envers les partis au pouvoir a chuté de 15 points en moyenne depuis 2011, tandis que celle envers les partis d’opposition a aussi reculé de 7 points. Au Tchad, les transitions militaires successives et les promesses de retour à l’ordre constitutionnel non tenues illustrent la fragilité des institutions. Résultat : le taux de participation formelle à des partis politiques est en baisse, à l’image du Burkina Faso (hors zone Afrique centrale mais comparable), où cet indicateur a chuté de 45 points en 12 ans. Une citoyenneté vivante, hors des cadres officiels Ce déclin institutionnel n’a pas tué l’engagement citoyen. 94 % des Africains, selon le rapport, participent à la vie politique sous d’autres formes. En Afrique centrale, cela se traduit par : « Les citoyens ne croient plus au vote comme levier de changement, mais ils croient encore en leur pouvoir d’agir, note une sociologue de l’Université de Kinshasa ». Liberté d’expression : une perception qui surprend Fait surprenant, 69 % des personnes interrogées se disent libres d’exprimer leurs opinions, même dans des pays où les journalistes et militants sont régulièrement muselés. Cette résilience traduit un changement culturel : les citoyens ne passent plus uniquement par les canaux classiques, mais par des espaces alternatifs, informels, souvent numériques ou communautaires. Un défi pour les partenaires internationaux Dans une région où l’influence occidentale recule au profit d’acteurs comme la Russie, la Chine ou la Turquie, la transformation des formes de participation politique impose une nouvelle approche de la gouvernance. « Il ne suffit plus d’organiser des élections encadrées. Il faut investir dans l’éducation civique, les médias indépendants, les lieux de débat, insiste un diplomate européen à Libreville ». Canaliser l’énergie citoyenne, un enjeu central L’Afrique centrale incarne à elle seule ce paradoxe du continent africain : une démocratie institutionnelle en crise, mais une société en quête de participation, de reconnaissance et de justice. Pour éviter que cette énergie ne se transforme en frustration, voire en violence, les États comme les partenaires internationaux doivent repenser en profondeur leurs méthodes d’appui à la gouvernance. La démocratie ne se mesure plus uniquement aux urnes, mais aussi dans la rue, sur les réseaux et dans les imaginaires citoyens. L’Afrique centrale, souvent caricaturée pour ses régimes autoritaires, pourrait bien être aussi le théâtre d’une réinvention silencieuse mais puissante de la citoyenneté.

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Cameroon / Colonial War Acknowledged: A Strategic Turning Point in France’s African Policy

In an unprecedented act of historical acknowledgment, French President Emmanuel Macron has officially admitted that France conducted a true colonial war in Cameroon, both before and after the country’s independence in 1960. This diplomatic milestone – with geopolitical, memorial, and economic repercussions – forms part of the French president’s broader strategy to rebalance Franco-African relations. “It is my responsibility today to assume the role and responsibility of France in these events,” wrote Macron in a letter to Cameroonian President Paul Biya, published on August 12, 2025. The recognition is based on a comprehensive 1,000-page report by a commission of historians submitted in January 2025, led by Karine Ramondy, an expert in colonial conflicts. The report explicitly characterizes the French military operations as systemic violence with repressive, political, and lethal intent, targeting independence movements – in particular, the Union of the Peoples of Cameroon (UPC). A Historical and Strategic Shift Between 1955 and 1961, French forces conducted, according to historians, an asymmetric war against nationalist fighters in the Sanaga-Maritime, Bamiléké, and Southwest regions. Estimated civilian and military casualties: tens of thousands. Macron also acknowledged that the war continued beyond independence through French support to the authoritarian regime of Cameroon’s first president, Ahmadou Ahidjo. This recognition comes at a time when France is attempting to reposition its African policy, weakened by the rising influence of China, Turkey, and Russia, and a growing backlash against its military presence in the Sahel. “This recognition enables France to reactivate a weakened strategic link, in a region of Central Africa where the competition for influence is intensifying”, said a French diplomat on condition of anonymity. Memory, Politics, and Reparations: A Fragile Balance On the ground, reactions remain mixed. Mathieu Njassep, president of the Cameroonian Veterans Association (Asvecam), stated: “It’s good that he acknowledges it. But we expect more. France can pay reparations. It destroyed villages, roads, so many things…” The issue of financial or symbolic reparations, highly sensitive, is not addressed in the French president’s letter. Yet, it could emerge as a bilateral or legal point of contention, especially amid a politically tense environment in Yaoundé. Archive Diplomacy and Strategic Intelligence President Macron proposes the creation of a Franco-Cameroonian working group to facilitate continued research and open access to French archives. Beyond symbolism, this effort reflects a logic of historical intelligence. “Access to archives is essential not only to restore truth, but also to produce a shared memory that prevents political exploitation of past traumas,” notes historian Karine Ramondy. This documentary openness could also allow France to frame the narrative, especially at a time when information warfare on social media platforms is becoming a critical geopolitical tool. France’s Repositioning in Africa This announcement comes amid France’s military disengagement from the Sahel, a sharp decline in influence in West Africa, and the emergence of Russian-backed private security groups across the continent. In this context, Central Africa, with its historically pro-French stance, now appears as a key zone for France’s economic and strategic redeployment. Cameroon, due to its geographic location and natural resources (cocoa, oil, timber, natural gas), remains an essential economic partner, with Franco-Cameroonian trade reaching €1.1 billion in 2024. Towards a Postcolonial Redefinition? By acknowledging France’s responsibility in a long-silenced conflict, President Macron seeks to settle a historical debt while reaffirming an ambition: to reshape the Africa–France relationship on a foundation of truth – without, however, explicitly opening the door to reparations. A delicate balancing act, at the crossroads of historical duty, diplomatic strategy, and geo-economic priorities. Historical Events Referenced

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Afrique-Caraïbes : une alliance stratégique en marche

Le Forum ACTIF2025 acte une coopération économique et politique renforcée, avec plus de 300 millions de dollars d’accords signés et une vision commune tournée vers la souveraineté et l’intégration Sud-Sud. Le quatrième Forum Afrique – Caraïbes sur le commerce et l’investissement (ACTIF2025), organisé par Afreximbank et le gouvernement de la Grenade, a marqué un tournant dans les relations afro-caribéennes. En deux jours, plus de 300 millions de dollars d’accords ont été conclus, et un engagement politique fort en faveur de l’intégration économique et humaine a été réaffirmé. Huit accords structurants ont été signés, notamment dans les domaines des infrastructures routières (100 M$), de l’hôtellerie à la Barbade (61 M$), de l’éducation à Saint-Kitts-et-Nevis (50 M$) ou encore du développement numérique. La Bank of The Bahamas a par ailleurs été désignée intermédiaire officiel d’Afreximbank, renforçant l’écosystème financier régional. « Il ne s’agit plus de justifier notre vision, mais de la défendre avec conviction », a affirmé George Elombi, futur président d’Afreximbank. De son côté, le Premier ministre de la Grenade, Dickon Mitchell, a plaidé pour la suppression des visas et la libre circulation entre les deux régions, jugeant obsolètes les restrictions actuelles à l’ère de la biométrie. Le forum a également appelé à la création d’un accord de libre-échange, au développement des liaisons aériennes et maritimes, et à l’élargissement des coopérations dans les industries culturelles, sportives et numériques. Plusieurs États ont rejoint la Commission pour l’Afrique mondiale, dont la Grenade et Saint-Kitts-et-Nevis. Ce rapprochement s’inscrit dans une logique de souveraineté économique, de refondation diplomatique et de construction d’un axe Sud-Sud capable de défendre ses intérêts dans un ordre mondial en recomposition.

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