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Tchad : Mahamat Idriss Déby réaffirme la priorité donnée à la sécurité nationale

Dans un contexte régional tendu, le président tchadien appelle à renforcer les capacités militaires et à intensifier la coopération sous-régionale pour faire face aux menaces transfrontalières. À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Tchad, célébré le dimanche 10 août 2025, le président Mahamat Idriss Déby Itno a adressé un message solennel à la Nation, plaçant la sécurité nationale au cœur de ses priorités. Il a salué l’engagement « exemplaire » des forces de défense et de sécurité, qu’il a qualifiées de « remparts indispensables » pour protéger la population et garantir la stabilité du pays. « La paix, la stabilité et l’intégrité territoriale sont les piliers de notre développement national », a-t-il déclaré depuis N’Djamena. Un environnement régional sous haute tension Le président Déby a dressé un tableau préoccupant de la situation régionale en Afrique centrale, où plusieurs foyers de crise déstabilisent les équilibres sous-régionaux. La Centrafrique, bien que sur la voie du dialogue, reste fragile malgré l’accord de paix signé en avril dernier avec le soutien de N’Djamena. La guerre au Soudan, à l’est, continue de peser lourdement sur les frontières tchadiennes, avec des afflux massifs de réfugiés et des risques d’infiltration de groupes armés. « Garantir la sécurité à l’intérieur et aux frontières d’un pays vaste comme le nôtre, entouré d’États en guerre, reste un défi permanent et exigeant », a insisté le président. Dans cette zone de contact entre le Sahel, la Corne de l’Afrique et le bassin du Congo, le Tchad apparaît comme un acteur pivot de la stabilité régionale. Renforcement militaire et diplomatie sécuritaire Le chef de l’État a annoncé des réformes importantes au sein des forces armées, visant à améliorer l’équipement, la formation et la reconnaissance de leur mission. L’objectif : adapter les capacités militaires aux menaces hybrides et transfrontalières, du terrorisme aux groupes armés en passant par les trafics illicites. Sur le plan diplomatique, Mahamat Déby a renouvelé la solidarité du Tchad envers les États voisins en crise, réaffirmant sa disponibilité à accompagner les efforts de paix. Il a notamment lancé un appel fort aux parties en conflit au Soudan, les exhortant à mettre un terme à une « guerre fratricide qui a trop duré ». L’Afrique centrale à la croisée des défis sécuritaires Au-delà du Tchad, la situation en Afrique centrale reste marquée par des tensions persistantes. En République centrafricaine, la transition politique reste fragile. À l’est, la RDC est confrontée à l’activisme de groupes armés dans sa partie orientale. Au nord, le Cameroun doit gérer une insécurité résiduelle dans ses régions anglophones et des incursions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Ces dynamiques croisées rendent la coopération régionale incontournable. Dans ce contexte, le Tchad se positionne comme un acteur stabilisateur, dont le rôle dépasse ses frontières. Son implication militaire au Sahel, sa diplomatie active au Soudan et son influence dans la CEEAC renforcent son statut de pivot sécuritaire en Afrique centrale.

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Partenariat Allemagne-Afrique : l’heure de la refondation stratégique

Face à Pékin, Ankara et les Émirats, Berlin doit revoir sa copie pour peser en Afrique centrale. L’Allemagne ambitionne de redéfinir sa politique africaine. Mais en Afrique centrale – du Cameroun à la RDC, en passant par le Tchad et le Gabon – Berlin semble toujours absente des grands projets stratégiques, pendant que la Chine, l’Inde ou les Émirats Arabes Unis redessinent les infrastructures, les mines et les chaînes d’approvisionnement du continent. Pourtant, les besoins sont considérables : urbanisation rapide, accès à l’énergie, digitalisation, valorisation minière. Le Cameroun, par exemple, projette plus de 6 milliards  de dollars d’investissements dans ses infrastructures routières et énergétiques d’ici 2030. Or, moins de 3 % de ces projets sont attribués à des entreprises allemandes, contre près de 40 % pour des groupes chinois, selon les données du Cameroun Investment Promotion Agency. « L’Afrique centrale est un pivot géoéconomique ignoré de l’Allemagne, faute de vision intégrée et d’outils de projection stratégique », analyse le politologue Paul Djouka. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les exportations allemandes vers toute l’Afrique plafonnent à 14,2 milliards d’euros en 2024, soit à peine 1 % de ses exportations mondiales. L’essentiel est capté par l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Maroc. En Afrique centrale, la présence allemande reste marginale, souvent cantonnée à la coopération technique via la GIZ, sans projection industrielle forte. Or, le continent évolue : les pays du Golfe financent des ports, les Turcs construisent des aéroports, et la Chine contrôle déjà plus de 60 % des marchés miniers stratégiques comme le cobalt ou le lithium, cruciaux pour la transition énergétique allemande. « Le Cameroun peut offrir à l’Allemagne une position d’ancrage logistique et technologique en Afrique centrale, à condition de traiter les États africains comme des partenaires industriels, et non comme des zones de risques à éviter », estime Dr. Hans Meier, consultant en géoéconomie à Francfort. Si Berlin veut redevenir compétitive, elle doit activer les leviers de l’intelligence économique : cartographie des chaînes de valeur, diplomatie commerciale active, soutien aux PME allemandes via des garanties publiques ciblées, et surtout, adaptation aux réalités locales (fiscalité, visas, accords de double imposition). L’heure n’est plus à la prudence bureaucratique, mais à une offensive coordonnée, multisectorielle et respectueuse de la souveraineté économique africaine. Le prochain sommet Allemagne-Afrique prévu en 2026 devra clarifier cette ambition.

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Visa américain : jusqu’à 15 000 dollars de caution, l’Afrique australe ciblée

Les États-Unis durcissent leur politique migratoire, et l’Afrique australe se retrouve en première ligne. En l’espace de 48 heures, Washington a annoncé des mesures strictes visant les ressortissants du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe, avec un objectif affiché : freiner les séjours illégaux sur le sol américain. Le 5 août 2025, le département d’État a dévoilé un programme pilote imposant une caution de 15 000 dollars (près de 13 000 euros) aux demandeurs de visas B1/B2 (tourisme ou affaires) en provenance du Malawi et de la Zambie. Cette garantie financière, à déposer avant le départ, ne sera remboursée que si le voyageur quitte le territoire américain à l’expiration de son visa. Des inquiétudes diplomatiques croissantes La mesure, qui entrera en vigueur le 20 août 2025, suscite des réactions officielles. Le ministre des Affaires étrangères zambien, Mulambo Haimbe, a exprimé ses « sérieuses inquiétudes » concernant les **répercussions économiques sur le commerce, le tourisme et les échanges humains ». Sa collègue malawite, Nancy Tembo, partage ces préoccupations, tout en affirmant la volonté du Malawi de coopérer avec Washington sur les questions migratoires. Dans le même élan, les États-Unis ont restreint la délivrance de visas aux ressortissants du Zimbabwe, invoquant des motifs similaires liés au non-respect des délais de séjour. Des taux de dépassement jugés trop élevés Selon le département de la sécurité intérieure (DHS), les taux de dépassement de visa (« overstay ») en 2023 étaient de 14,32 % pour le Malawi et de 11,11 % pour la Zambie, au-dessus du seuil de 10 % jugé tolérable par Washington. Ces chiffres, combinés à des lacunes dans les contrôles migratoires ou à l’octroi facilité de citoyenneté dans certains pays, justifient selon les autorités américaines ces mesures ciblées. Cependant, plusieurs observateurs notent que d’autres pays affichent des taux d’overstay bien plus élevés, sans faire l’objet de mesures similaires. Certains y voient une application sélective, voire géopolitiquement motivée, de la politique migratoire américaine. Enjeux pour la région ? Les enjeux sont re 4 ordres : Cette initiative américaine, testée en Afrique australe, pourrait marquer une nouvelle phase dans la lutte contre l’immigration illégale. Mais elle soulève une question plus large : jusqu’où peut-on restreindre la mobilité internationale au nom de la sécurité migratoire ?

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Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte

100 000 luminaires LED pour moderniser l’éclairage public et économiser 4 milliards FCFA par an. Le Cameroun vient de franchir un cap décisif dans la modernisation de son éclairage public. Le 7 août 2025, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a signé un protocole d’accord avec l’entreprise espagnole Salvi Lighting pour l’installation de 100 000 luminaires LED dans trois grandes villes : Yaoundé, Douala et Bafoussam. Cette initiative permettra d’économiser environ 4 milliards FCFA par an sur les factures d’électricité et de réduire la consommation énergétique de 15 MW. Un gain économique et écologique majeur. Outre les LED classiques, le projet intègre aussi des lampadaires solaires pour les zones non électrifiées. Ces équipements seront pilotés via le système intelligent Smartec, permettant une gestion à distance efficace. Selon le ministre, cette technologie est parfaitement adaptée au contexte énergétique local. Pour l’ambassadeur d’Espagne, Don Juan Pedro Pérez Gómez Delaunay, ce partenariat illustre une coopération stratégique entre les deux pays, en soutien à la transition énergétique du Cameroun. L’entreprise Salvi Lighting, reconnue pour son expertise, s’engage à transférer des compétences aux entreprises locales. Enjeux et avantages Ce projet pourrait devenir un modèle pour d’autres secteurs d’infrastructure. Il marque une avancée concrète vers un Cameroun plus sûr, plus moderne et plus durable.

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Le cacao à l’échelle internationale : le Cameroun en quête d’une place aux côtés des géants ivoirien et ghanéen

Le cacao est l’un des produits agricoles les plus stratégiques sur le marché mondial. Il constitue la matière première essentielle de l’industrie du chocolat, dont la valeur est estimée à plus de 130 milliards de dollars. Près de 75 % du cacao mondial provient d’Afrique de l’Ouest, notamment de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Cameroun. Ces trois pays jouent un rôle central dans l’offre mondiale, mais avec des dynamiques et des stratégies très différentes. Une envolée historique des prix Depuis la campagne 2023-2024, le cacao connaît une flambée spectaculaire sur les marchés internationaux. Le prix de la tonne a franchi le cap symbolique des 10 000 dollars en 2024, un niveau jamais atteint. Cette hausse s’explique principalement par une offre en baisse dans les pays producteurs majeurs, affectés par des conditions climatiques extrêmes (sécheresse prolongée, fortes pluies), la propagation de maladies comme le swollen shoot, et le vieillissement des plantations. La Côte d’Ivoire et le Ghana, qui à eux deux fournissent environ 60 % de la production mondiale, font face à une crise structurelle de leur filière. Le Cameroun, une position à consolider Dans ce contexte favorable, le Cameroun tente de repositionner sa filière cacao. Longtemps pénalisé par la faible qualité de sa production – surnommée autrefois Smoky cocoa à cause de l’odeur de fumée liée au séchage traditionnel – le cacao camerounais a longtemps subi une décote systématique sur les marchés internationaux. Comme l’a rappelé récemment le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, cette image dégradée a changé grâce à un travail de fond, initié à partir de 2017, à la demande du président de la République. Des primes de qualité ont été instaurées, des centres d’excellence créés, et la sensibilisation des producteurs à de meilleures pratiques agricoles a été renforcée. Aujourd’hui, le cacao camerounais est de plus en plus reconnu pour sa qualité. « Il attire les foules », affirme le ministre, citant l’intérêt croissant des industriels et des chocolatiers du monde entier. À titre d’exemple, il souligne que le Haut-Commissariat d’Australie s’est déplacé pour évaluer sur place la transformation du secteur. Des prix en forte progression Cette amélioration qualitative se traduit aussi par une meilleure rémunération des producteurs. Alors que pendant longtemps, le kilogramme se vendait autour de 1 000 FCFA, les prix bord champ ont atteint entre 3 200 et 5 400 FCFA durant la campagne 2024-2025, et devraient rester dans cette fourchette pour 2025-2026 selon les estimations officielles. Cette hausse marque une rupture nette avec les années précédentes et constitue une source d’espoir pour les producteurs locaux. Cependant, le ministre insiste sur un point essentiel : le prix seul ne suffit pas. Il plaide pour un « pacte républicain » entre tous les acteurs – producteurs, exportateurs, transformateurs – afin que cette richesse génère des investissements sociaux dans les zones cacaoyères : écoles, centres de santé, adduction d’eau potable, etc. Comparaison avec la Côte d’Ivoire et le Ghana La Côte d’Ivoire et le Ghana, bien que leaders mondiaux, sont confrontés à une situation paradoxale. Ils ont mis en place un prix minimum garanti au producteur (environ 1 300 FCFA/kg), en dessous des niveaux actuels du marché mondial, afin de préserver une stabilité intérieure. Cette situation a cependant conduit à une augmentation de la contrebande vers les pays voisins, notamment vers le Togo et la Guinée, où les prix sont plus attractifs. En parallèle, ces deux pays peinent à faire appliquer le « différentiel de revenu décent » (DRD), une initiative commune visant à garantir de meilleurs revenus aux planteurs. Le Cameroun, moins intégré dans ces mécanismes, bénéficie aujourd’hui d’une certaine souplesse de marché. Toutefois, sa production reste modeste – autour de 300 000 tonnes – comparée aux 2,2 millions de tonnes de la Côte d’Ivoire ou au million de tonnes du Ghana. Pour peser davantage, le Cameroun devra investir massivement dans la transformation locale, l’encadrement des producteurs, la modernisation des infrastructures et la régulation du secteur. Une opportunité à ne pas manquer La période actuelle offre une fenêtre stratégique pour le Cameroun. Les prix sont élevés, la qualité est en hausse, et la demande mondiale reste forte malgré l’inflation et les incertitudes économiques. C’est le moment pour le pays d’accélérer la structuration de sa filière cacao, d’attirer des investissements, et de garantir que les revenus générés aient un réel impact sur les conditions de vie des producteurs. Si les réformes se poursuivent et si le « pacte républicain » prôné par le gouvernement est respecté par l’ensemble des parties, le Cameroun pourrait, à moyen terme, devenir un acteur cacao majeur, non seulement en termes de volume, mais aussi de qualité et de durabilité.

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Centrafrique : Élections générales fixées au 28 décembre 2025

L’Autorité nationale des élections (ANE) de la République centrafricaine a annoncé la tenue des élections générales le 28 décembre 2025. Ce scrutin comprendra la présidentielle, les législatives ainsi que les élections régionales et municipales Environ 2,3 millions d’électeurs sont attendus aux urnes, dont 749 000 nouveaux inscrits. Ce premier tour marquera un moment clé pour le pays, où les élections locales ont été reportées à plusieurs reprises en raison de difficultés financières et de l’absence d’un fichier électoral à jour. Le président Faustin Archange Touadéra, en poste depuis 2016 et réélu en 2020, a déclaré fin juillet sa candidature pour un troisième mandat. Cette possibilité est ouverte depuis la réforme constitutionnelle de 2023, qui a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels.

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Cameroun : Un projet pilote pour autonomiser les femmes rurales grâce à la propriété intellectuelle

Au Cameroun, un projet pilote innovant vient d’être lancé pour renforcer l’autonomisation économique des femmes rurales en misant sur la propriété intellectuelle et l’innovation. Ce programme, déployé également au Burkina Faso, vise à valoriser les produits agricoles portés par les femmes, en leur permettant de protéger et de commercialiser leurs créations. Malgré leur rôle central dans l’agriculture – elles représentent 62 % de la main-d’œuvre agricole et produisent plus de 80 % des denrées locales – les femmes rurales camerounaises restent peu intégrées dans l’économie formelle. Moins de 15 % des brevets enregistrés à l’OAPI leur appartiennent, et plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté. Avec un budget de 2,5 millions de dollars et une durée de 18 mois, le projet entend former les femmes, les accompagner dans le dépôt de brevets et soutenir des projets à forte valeur ajoutée. Il bénéficie du soutien de l’UNFPA, de l’OAPI, et de l’École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé. Pour Marie Mballa Biloa, présidente des Bayams Sellams, c’est une opportunité décisive : « Nous avons perdu la propriété de plusieurs produits faute de protection. Ce projet nous donne enfin les moyens de valoriser et défendre nos créations ». Une étape prometteuse pour que l’innovation devienne un véritable moteur de changement social et économique pour les femmes rurales du Cameroun.

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Issa Tchiroma Bakary : « Le Cameroun traverse une période critique » – entre alerte, repositionnement et calcul politique

Candidat à la présidentielle du 12 octobre 2025, l’ancien ministre et président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, adopte un ton grave dans un clip à la tonalité résolument politique. « Le Cameroun traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire ». Ancien porte-parole du gouvernement et figure connue du paysage politique camerounais, Issa Tchiroma semble amorcer une inflexion dans son discours -sans rompre totalement avec un système qu’il connaît intimement. Il affirme aujourd’hui que « le peuple ne demande plus de promesses, mais une transition ordonnée, responsable et réaliste », se positionnant à la croisée des chemins entre loyauté institutionnelle et volonté de réforme. Une déclaration forte, mais à replacer dans son contexte Si ses propos peuvent apparaître comme une forme d’autocritique, ils ne constituent pas pour autant une condamnation frontale du pouvoir en place. Ancien ministre de la Communication et de l’Emploi, Tchiroma a longtemps défendu les décisions du président Paul Biya, notamment en période de crise. Il se distingue aujourd’hui par un discours davantage tourné vers la nécessité de stabiliser le pays tout en le réformant de l’intérieur. « J’ai vu le système de l’intérieur », affirme-t-il,  une déclaration qui peut à la fois séduire ceux qui appellent à des réformes pragmatiques, et nourrir la méfiance de ceux qui voient en lui un homme du sérail en quête de recyclage politique. Transition ou repositionnement ? Issa Tchiroma se garde d’appeler à une rupture brutale. Son usage du terme « transition ordonnée » semble au contraire indiquer une volonté de rassurer : les institutions doivent évoluer, mais sans fracture. Cette approche, prudente, peut refléter une lecture stratégique du contexte actuel, dans un pays marqué par une instabilité croissante et une aversion profonde au chaos. Ce positionnement intermédiaire,  ni totalement dans l’opposition, ni dans la continuité stricte , peut être perçu comme une tentative de recentrage, dans un environnement politique où les extrêmes peinent à convaincre l’ensemble de l’électorat. Un pays sous tension, mais pas à la dérive La déclaration d’Issa Tchiroma s’inscrit dans un contexte national complexe : conflit toujours actif dans les régions anglophones, difficultés économiques, jeunesse désabusée, déséquilibres sociaux croissants. Pour autant, les institutions fonctionnent, l’armée reste loyale, et la macroéconomie demeure relativement stable, selon les dernières données du FMI. Ainsi, parler de « période critique » n’est pas inexact, mais doit être mis en regard d’une résilience structurelle encore tangible, notamment dans les centres de pouvoir et d’administration. Une candidature qui interroge La candidature de  Issa Tchiroma soulève plusieurs questions : incarne-t-il une réelle volonté de réforme, ou cherche-t-il à capter un électorat centriste fatigué par le statu quo mais inquiet de l’inconnu ? À ce jour, il n’a pas présenté de programme détaillé, ni proposé de coalition ou alliance électorale. En l’absence de positionnement plus affirmé, sa candidature pourrait souffrir d’un manque de clarté, à mi-chemin entre continuité et renouveau. Une dynamique à suivre À l’échelle géopolitique, la stabilité du Cameroun reste une priorité pour ses partenaires, en particulier la France, les États-Unis et la Chine, présents économiquement et diplomatiquement. Une candidature comme celle de Issa Tchiroma, modérée, expérimentée, institutionnelle, pourrait, à terme, être perçue comme une voie de sortie progressive du modèle actuel, à condition qu’elle s’accompagne de propositions concrètes et d’un discours plus affirmé. Sans programme clair, ni rupture réelle avec les pratiques du passé, sa démarche reste pour l’instant ambiguë, voire tactique. Il pourrait néanmoins peser dans le débat présidentiel, notamment si les tensions sociales s’aggravent ou si l’opposition peine à incarner une alternative crédible.

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Déchets au Cameroun : Une dette publique de 7,7 milliards FCFA asphyxie le système de collecte

Alors que Yaoundé étouffe sous les ordures, l’État camerounais reste redevable de 7,7 milliards FCFA à Hysacam, principal opérateur de collecte des déchets. Une dette persistante qui illustre les limites structurelles d’un modèle de gestion urbaine en crise. « Sans moyens, il n’y a pas de salubrité« , déclare un haut responsable d’Hysacam. Depuis un an, le montant de la dette que l’État camerounais doit à l’entreprise – 7,7 milliards FCFA selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA) – est resté inchangé, au détriment de la capacité opérationnelle du groupe et de la propreté urbaine. Présente dans les principales villes du pays depuis plus de 30 ans, Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) fait aujourd’hui face à des retards de paiement chroniques, une trésorerie affaiblie, et une incapacité à renouveler ou entretenir son parc de camions – au moment même où les déchets s’amoncellent dans la capitale. Une crise systémique : plus qu’un défaut de paiement En février 2024, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) a tenté de contourner le monopole historique d’Hysacam en introduisant un second opérateur, Thychlof Sarl. Mais le problème est structurel, non concurrentiel. Selon Hysacam, multiplier les prestataires sans corriger les déficits de financement revient à répéter les erreurs à plus grande échelle. « Même à trois ou quatre entreprises, le manque de fonds condamnera tout le système », alertait un cadre d’Hysacam début 2024. En principe, les collectivités territoriales décentralisées (CTD) sont les maîtres d’ouvrage. Mais 85 % des paiements proviennent en réalité du Trésor public, lequel fonctionne sous la contrainte du compte unique du Trésor, retardant les décaissements. « Vous pouvez avoir des crédits votés, mais aucune disponibilité réelle à cause des tensions de trésorerie », rappelait en 2024 Luc Messi Atangana, maire de Yaoundé. Un besoin de 15 milliards, une réponse divisée par deux Selon Jean Pierre Ymele, directeur général d’Hysacam, le coût réel d’une collecte efficace à Yaoundé s’élève à 15 milliards FCFA par an. Or, moins de la moitié est effectivement mobilisée, souvent avec plusieurs mois de retard. Résultat : véhicules immobilisés, salaires différés, fréquence de collecte en baisse. Pour maintenir un service minimum, l’entreprise a dû s’endetter. En avril 2025, elle a levé 5 milliards FCFA auprès d’Afriland First Bank pour acquérir 80 camions, dont seulement 20 ont été livrés à ce jour. Le contrat prévoit 50 camions pour Yaoundé, mais il en faudrait 150 à 200 selon les estimations internes. Une taxe aux résultats incertains Instauré en 2019, un droit d’accise spécial de 0,5 % sur les marchandises importées devait pérenniser le financement de la collecte. Pourtant, les retards de reversement par la douane, via le Feicom, limitent son efficacité. La taxe peine à atteindre les objectifs affichés et ne stabilise pas les finances locales. Une crise locale, un défi national Si Yaoundé cristallise l’attention, le problème est généralisé. Partout où Hysacam opère – Douala, Bafoussam, Garoua… – les effets sont les mêmes : salaires non versés, matériel obsolète, services ralentis. Le renouvellement des contrats en mars 2025, après une longue période d’incertitude, n’a pas permis de redresser la situation. Les documents contractuels restent inaccessibles au public, et les montagnes d’ordures visibles dans les rues en disent plus que les rapports administratifs. Tant que la dette ne sera pas résorbée et qu’un financement stable ne sera pas garanti, aucun prestataire ne pourra inverser la tendance. La crise actuelle dans la gestion des déchets à Yaoundé est moins un problème logistique qu’un révélateur d’un système budgétaire et institutionnel défaillant.

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Orange Money et Access Bank : un partenariat stratégique aux enjeux économiques et géopolitiques

Orange Money Cameroun a annoncé la signature d’un partenariat stratégique avec Access Bank Cameroun, destiné à faciliter les transferts d’argent vers le Nigeria, le Ghana, la Guinée et la RDC. Intégré à l’application Max It, ce service marque un tournant dans l’expansion régionale des services financiers numériques. Selon William Nlembé, directeur général d’Orange Money Cameroun, « ce partenariat stratégique avec Access Bank permet aux utilisateurs de transférer de l’argent de manière simple, rapide et sécurisée entre le Cameroun et les pays mentionnés ». Pour lui, cette initiative répond à un double objectif : favoriser l’inclusion financière et renforcer les connexions intra-africaines. Un levier de puissance économique régionale Sur le plan géoéconomique, ce développement traduit la volonté croissante des acteurs africains de bâtir un espace monétaire intégré, en dehors des canaux traditionnels bancaires souvent coûteux et rigides. Orange Money, fort de ses 110 millions d’abonnés en Afrique et au Moyen-Orient, joue un rôle central dans cette dynamique. En 2024, le groupe a traité plus de 160 milliards d’euros de transactions via ses plateformes mobiles. Ces flux transfrontaliers renforcent les économies informelles, mais surtout soutiennent les diasporas intra-africaines, essentielles dans des pays comme le Cameroun ou le Nigeria, où les transferts familiaux constituent une source majeure de revenus pour des millions de ménages. Une portée géopolitique africaine Géopolitiquement, ce partenariat illustre une réorientation stratégique vers une coopération Sud-Sud concrète, entre puissances économiques régionales comme le Nigeria et les pays d’Afrique centrale. Il traduit aussi l’émergence d’un nouveau régionalisme financier africain, centré sur la souveraineté monétaire et la fluidité des échanges. Dans un contexte marqué par la montée des tensions autour des monnaies étrangères et les fragilités des banques centrales, ce type d’initiatives offre une alternative sécurisée et numérique aux circuits de transfert dominés historiquement par les institutions occidentales. Perspectives Ce service Orange–Access Bank s’inscrit dans une stratégie plus large : transformer le mobile money en instrument d’intégration économique régionale. Pour les utilisateurs, c’est une réponse concrète à la demande de services rapides, abordables et interconnectés. Pour les États et les institutions financières, c’est un signal fort de la montée en puissance d’un modèle de finance panafricaine.

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