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Les Émirats arabes unis en Afrique centrale : une stratégie d’influence ciblée, le cas du Cameroun

L’influence croissante des Émirats arabes unis (EAU) en Afrique ne se limite plus aux grandes puissances régionales ou aux zones côtières stratégiques.  L’Afrique centrale, longtemps marginalisée dans les dynamiques d’investissements globaux, devient à son tour une zone d’intérêt croissant pour Abou Dhabi. Ce recentrage géographique illustre une ambition claire : étendre leur empreinte à des régions encore peu disputées, tout en sécurisant des ressources et des leviers d’influence politique. Le Cameroun, avec sa position géostratégique entre l’Afrique de l’Ouest et centrale, attire de plus en plus l’attention émiratie. En 2024, des discussions ont été amorcées autour de projets dans les domaines portuaire, énergétique et agricole. Les Émirats envisagent notamment de moderniser des infrastructures logistiques, via DP World, et d’investir dans l’agriculture irriguée dans le Nord-Cameroun, région confrontée à l’insécurité alimentaire et aux effets du changement climatique. Ce type d’initiative renforce non seulement leur image de partenaire du développement, mais aussi leur présence dans des zones frontalières sensibles, où se jouent des enjeux de sécurité transnationale (extrémisme violent, trafics). Au niveau régional, les Émirats ont conclu en 2025 un partenariat économique global (CEPA) avec la République centrafricaine, assorti de projets miniers et d’investissements dans les infrastructures. En parallèle, des initiatives sont en préparation autour du Plan national de développement du Tchad, avec l’organisation d’une table ronde à Abou Dhabi. Cette diplomatie économique vise à positionner les Émirats comme des facilitateurs de stabilité dans une région marquée par l’instabilité politique et le désengagement progressif des bailleurs traditionnels. Sur le plan géoéconomique, ces investissements permettent aux EAU de sécuriser des chaînes d’approvisionnement critiques (or, uranium, agriculture) tout en diversifiant leurs propres relais de croissance. La région, en particulier le Cameroun, constitue un marché en expansion, encore peu saturé, et un point d’ancrage logistique entre Golfe de Guinée et zones sahéliennes. Enfin, la stratégie des Émirats s’inscrit dans un vide géopolitique croissant. Le retrait progressif de la France, la prudence de la Chine, et les limites de l’engagement américain ouvrent un espace que les Émirats investissent avec rapidité et pragmatisme. Pour les États d’Afrique centrale, notamment le Cameroun, ces partenariats offrent des opportunités financières et diplomatiques, mais posent aussi la question de la soutenabilité sociale, environnementale et politique de cette nouvelle dépendance.

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Cameroun/Présidentielle 2025 : 8 millions de voix en jeu, le compte à rebours est lancé

À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. Cette annonce saluée par certains comme un gage de transparence, suscite également attentes dans un climat politique tendu. Conformément aux articles 96 et 97 du Code électoral, le Directeur général des Élections, Dr Erik Essousse, a rendu publiques les listes des électeurs et des bureaux de vote dans chaque commune, ainsi qu’auprès des ambassades et consulats à l’étranger. 31 652 bureaux de vote ont été répertoriés à travers le territoire, et 34 296 électeurs sont inscrits à l’étranger dans 107 bureaux. Cette transparence est essentielle pour éviter les soupçons », souligne un observateur électoral à Yaoundé. Cette publication vise à renforcer la confiance dans le processus électoral, souvent sujet à controverse au Cameroun. Pour Christian Essomba Okah, président de la Commission d’impression du matériel électoral, cela permet aussi d’écarter tout risque de bureaux de vote fictifs. Du côté des états-majors politiques, ces listes sont un outil stratégique : elles permettent de cibler les zones à fort potentiel électoral et de mieux planifier les campagnes de terrain. Pour les observateurs nationaux et internationaux, ces données sont également cruciales pour surveiller le déroulement du scrutin. « L’opinion publique doit savoir combien d’électeurs sont inscrits par commune, et où voter », explique Patrick Pagbe, chef service des listes à Elecam. Les électeurs peuvent consulter ces listes dans les antennes communales ou en ligne via les plateformes numériques d’Elecam – une modernisation saluée, dans un pays où l’accès à l’information électorale a longtemps été jugé opaque. Alors que les tensions préélectorales montent, la publication anticipée des listes vise à prévenir toute contestation post-électorale. Cette ouverture suffira-t-elle à garantir la crédibilité du scrutin et l’acceptation de ses résultats par tous les acteurs politiques ?

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Cameroun et Érythrée : les deux absents du soutien africain à la Palestine

Alors que 52 des 54 États africains ont reconnu l’État palestinien, le silence persistant du Cameroun et de l’Érythrée interroge. Derrière cette abstention diplomatique se dessinent des logiques sécuritaires, historiques et géopolitiques bien spécifiques. Depuis la proclamation de l’indépendance palestinienne à Alger en 1988, la cause palestinienne bénéficie d’un large soutien sur le continent africain. Ce soutien s’inscrit dans une tradition politique de solidarité tiers-mondiste et panafricaniste, incarnée par des figures comme Thomas Sankara, Julius Nyerere ou Nelson Mandela. Plus récemment, la reconnaissance officielle de l’État palestinien par plusieurs pays occidentaux (Irlande, Espagne, Norvège, etc). a contribué à remettre la question au centre des débats diplomatiques mondiaux. Pourtant, au sein de l’Union africaine, deux pays dérogent à cette ligne de solidarité affichée : le Cameroun et l’Érythrée. Leur silence, loin d’être anecdotique, met en lumière une autre lecture de la diplomatie contemporaine africaine : celle des intérêts nationaux. Cameroun : la realpolitik sécuritaire Au Cameroun, la non-reconnaissance de l’État palestinien s’explique en grande partie par la solidité du partenariat sécuritaire avec Israël. Depuis plus de trois décennies, Israël forme et équipe les forces spéciales camerounaises, notamment les unités engagées contre Boko Haram dans le nord et les groupes séparatistes anglophones dans l’ouest. Ce soutien militaire est vital pour le régime de Paul Biya, confronté à plusieurs foyers d’instabilité internes. Reconnaître un État palestinien aujourd’hui serait perçu comme un geste diplomatique risqué, susceptible d’irriter un partenaire stratégique majeur, et d’envoyer un message ambigu aux mouvements séparatistes qui pourraient y voir un précédent ou un soutien implicite à leurs revendications. Comme le souligne David Otto, analyste sécuritaire basé à Genève : « Yaoundé redoute de donner des arguments à ceux qui contestent l’unité nationale, dans un contexte où le régime insiste sur le caractère indivisible du Cameroun ». Érythrée : le poids des rancunes historiques Dans le cas érythréen, l’abstention est davantage alimentée par un contentieux historique que par des considérations sécuritaires contemporaines. Durant les années 1980, alors que l’Érythrée menait sa lutte pour l’indépendance contre l’Éthiopie, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat s’était rangée du côté d’Addis-Abeba. Un choix perçu comme une trahison par les combattants érythréens, qui s’en sont longtemps souvenus. Depuis son indépendance en 1993, l’Érythrée cultive une diplomatie singulière, isolationniste et parfois provocatrice, souvent en rupture avec les positions de l’Union africaine. Son silence vis-à-vis de la Palestine semble s’inscrire dans cette tradition d’indépendance assumée, voire revendiquée, vis-à-vis des grands consensus diplomatiques. Une solidarité africaine aux contours moins homogènes L’abstention du Cameroun et de l’Érythrée ne signifie pas une hostilité ouverte à l’égard de la Palestine. Elle illustre plutôt la complexité croissante des positionnements diplomatiques en Afrique, à l’heure où les logiques de solidarité panafricaine cèdent le pas à des calculs d’intérêts nationaux, sécuritaires ou historiques. Dans un monde multipolaire en recomposition, où chaque alliance compte, la reconnaissance d’un État – aussi symbolique soit-elle  – devient un acte diplomatique hautement stratégique.

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Cameroun : Issa Tchiroma Bakary, l’homme de la rupture qui défie Etoudi

À moins d’une semaine de la présidentielle du 12 octobre, l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, désormais chef du FSNC, mobilise des milliers de partisans à Yaoundé et se pose en alternative crédible à l’après-Biya. Une dynamique électorale inattendue aux implications géopolitiques, économiques et stratégiques notables. Dans une ferveur populaire inédite depuis le début de la campagne présidentielle, Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a tenu un meeting retentissant dans le quartier populaire de Tsinga, à quelques encablures du Palais présidentiel d’Etoudi. Le symbole est fort, la mobilisation massive, et le discours empreint d’un souffle de rupture et de refondation. À 75 ans, l’ancien ministre de la Communication, longtemps considéré comme un pilier du régime de Yaoundé, est aujourd’hui le visage paradoxal de l’alternance. Une démonstration de force inattendue Ils étaient plusieurs milliers à avoir répondu à l’appel, remplissant la place dite « Artisanat », transformée pour l’occasion en agora politique. La circulation était quasiment paralysée entre l’École de police et le lycée de Tsinga, signalant une affluence rare dans une capitale réputée pour son scepticisme politique. Le ton est combatif, la rhétorique populiste, mais l’architecture du discours est clairement programmée pour rassurer l’intérieur et intriguer l’extérieur : appel au dialogue, assainissement de l’État, réindustrialisation, réforme de la nationalité. Une approche globale que certains observateurs n’hésitent plus à qualifier de « programme de refondation ». Un positionnement politique stratégique Candidat de substitution pour une frange de l’opposition privée de son leader naturel, Maurice Kamto, dont la candidature a été invalidée, Issa Tchiroma capte aujourd’hui un électorat en quête de rupture, mais méfiant vis-à-vis des profils trop radicaux. Surnommé ironiquement par ses partisans « Mon bon diable », en référence à une homélie de Mgr Barthélémy Yaouda appelant à « prendre même le diable s’il faut pour changer le pays« , Issa Tchiroma symbolise ce réalisme politique camerounais où les lignes idéologiques se déplacent rapidement. Six chantiers pour une refondation nationale Le programme du FSNC s’articule autour de six priorités majeures : Un nouveau jeu d’alliances ? Sur le plan régional, une éventuelle victoire d’Issa Tchiroma rebat les cartes dans un Cameroun-pivot de la sécurité en Afrique centrale. Son projet de dialogue inclusif pourrait apaiser la crise dans les régions anglophones, qui a déjà fait plus de 6 000 morts selon des sources humanitaires, tout en réhabilitant le rôle du pays comme acteur stabilisateur dans le bassin du lac Tchad. Sur le plan international, son positionnement « ni anti-occidental, ni pro-chinois« , pourrait séduire aussi bien Paris que Washington, mais également Pékin et Ankara, à la recherche de nouveaux partenaires africains fiables. La promesse d’une gouvernance plus transparente est un signal fort envoyé aux institutions financières internationales, notamment le FMI et la BAD, dans un contexte où le service de la dette du Cameroun représente plus de 30 % du budget annuel de l’État. Entre rupture et continuité : Tchiroma, un « insider-outsider » Longtemps décrié pour sa loyauté envers le président Paul Biya, dont il a été l’un des plus fidèles porte-voix, Issa Tchiroma joue désormais la carte du dissident converti. Il a quitté le gouvernement le 24 juin 2025, dénonçant un système « verrouillé » et « hostile à toute réforme de fond« . « Se détacher du confort du pouvoir pour épouser l’incertitude de l’opposition est un acte politique fort dans un contexte comme celui du Cameroun », analyse un diplomate européen sous couvert d’anonymat. Une candidature à suivre de près Alors que la présidentielle du 12 octobre s’annonce comme un tournant historique pour le Cameroun, la candidature d’Issa Tchiroma Bakary ne peut plus être considérée comme marginale. Entre mobilisation populaire, crédibilité administrative et projet structuré, il incarne une troisième voie entre le pouvoir sortant et une opposition classique fragilisée. Dans un pays où le pouvoir est détenu depuis plus de 43 ans par le même homme, la poussée inattendue d’un vétéran reconverti en réformateur est le signal d’une transition peut-être en gestation. Mais le RDPC, parti de Paul Biya, aguerri dans la communication politique, n’a pas encore dit son dernier mot. Chiffres clés :

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Paul Biya propose un statut spécial pour les partis représentés au Parlement

Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025, le président Paul Biya a annoncé une réforme visant à instituer un statut juridique spécifique pour les partis politiques représentés au Parlement camerounais. Cette mesure, présentée comme un engagement de sa nouvelle plateforme politique, s’inscrit dans une volonté affichée de consolider les libertés et la démocratie dans le pays. Une reconnaissance officielle pour les partis parlementaires L’idée centrale est de créer un cadre légal ou réglementaire qui reconnaît et organise le rôle des partis disposant d’élus à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Ce statut pourrait offrir des facilités accrues en matière de fonctionnement institutionnel, de reconnaissance politique, ainsi que de droits renforcés liés à leur représentativité nationale (financement, accès aux médias publics, participation au dialogue politique, etc.). Cette proposition vise, selon le chef de l’État, à encourager le pluralisme responsable, tout en structurant davantage la scène politique nationale. Les enjeux pour le système politique camerounais Risque d’exclusion ou de verrouillage politique Selon les critères retenus, certains partis pourraient se sentir marginalisés ou défavorisés. Si le statut accorde trop d’avantages aux partis déjà installés, cela pourrait être perçu comme une tentative de verrouiller l’accès au pouvoir. Une réforme à surveiller de près Alors que le Cameroun se dirige vers un nouveau cycle électoral, cette initiative présidentielle pose des questions importantes sur l’équilibre entre ouverture démocratique et structuration institutionnelle. Elle marque en tout cas un tournant potentiel dans l’organisation du pluralisme politique camerounais.

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UNESCO : Firmin Édouard Matoko le choix d’avenir pour l’organisation

À l’approche de l’élection du prochain directeur général de l’UNESCO (mandat 2025‑2029), l’affrontement entre le Congolais Firmin Édouard Matoko et l’Egyptien Khaled El-Enany est plus que jamais symbolique. Il ne s’agit pas seulement de deux parcours personnels : c’est une décision structurante pour l’orientation de l’UNESCO dans un monde en recomposition (multilinguisme, financements, gouvernance, pertinence géopolitique, crédibilité intellectuelle). Cet article entend présenter un argumentaire clair et convaincant en faveur de Firmin Edouard Matoko, tout en mettant en lumière les faiblesses de son adversaire. I. Portraits comparés : forces et faiblesses Critère Firmin Édouard Matoko Khaled El‑Enany Âge 69 ans (né en 1956) 54 ans (né en 1971) Formation / études Économie & commerce, Université La Sapienza (Rome); spécialisation relations internationales,Cesare Alfieri (Florence); études diplomatiques à Paris Licence tourisme/guidance, Faculté de Tourisme et Hôtellerie Helwan; DEA & doctorat en égyptologie, Université Paul‑Valéry Montpellier III Parcours professionnel / fonctions Carrière UNESCO complète depuis 1985 : expert éducation, chef de bureau, représentant dans plusieurs régions (Afrique, Amérique latine), direction du département Afrique, depuis 2017 Sous‑Directeur général chargé de la priorité Afrique & des relations extérieures Université (professeur d’égyptologie) ; direction de musées (Musée national de civilisation égyptienne, Musée du Caire) ; ministre des Antiquités (2016‑2019), ministre du Tourisme & Antiquités (2019‑2022) Langues / multilinguisme Français, anglais, italien, espagnol ; niveau intermédiaire en portugais ; apprentissage du lingala et du swahili Arabe (langue maternelle), français, anglais Réseaux institutionnels UNESCO / interne Connaissance intime des organes, des bureaux régionaux, des mécanismes de gouvernance interne ; déjà auditionné aux instances de direction à plusieurs reprises Parcours essentiellement national, sans expérience opérationnelle systématique dans les rouages internes de l’UNESCO (mais bonne notoriété dans le monde du patrimoine et des musées) Support politique / diplomatique Soutien de certains États africains ; sa candidature est présentée comme “interne”, donc cohérente avec la continuité institutionnelle ; argument d’un candidat maison connaissant les arcanes Soutien officiel de l’Égypte, de l’Union africaine, de la Ligue arabe, d’États alliés (notamment dans le monde arabe) Forces de Firmin Edouard Matoko Fimin Edouard Matoko est un « homme du sérail » mais pas un simple bureaucrate : comme il le répète, il connaît l’UNESCO de l’intérieur, ce qui lui permet de proposer des réformes pragmatiques, tout en intégrant la diversité des pays membres. Son parcours combine rigueur intellectuelle (économiste, diplomate) et vision globale. Dans une institution qui se réclame du multilinguisme (français, anglais, espagnol, arabe, etc.), le fait d’être multilingue est un atout pour dialoguer avec tous les États membres – un argument souvent invoqué pour l’UNESCO. Il a exercé dans de nombreux bureaux régionaux, a piloté des programmes éducatifs, culturels ou de paix, et connaît les défis internes : structure, gouvernance, financement et décentralisation. Il sait où il faut faire évoluer l’institution, avec un pied dans la tradition et l’autre dans l’innovation. Parmi ses priorités annoncées : la refonte de la gouvernance, la transparence budgétaire, le renforcement des programmes régionaux, et la redynamisation de l’UNESCO comme « think tank » pour l’éducation, la culture, la paix. Il propose aussi de faire de l’UNESCO une organisation plus mobile, plus « réactive », moins centrée autour du siège uniquement. Originaire du Congo, en Afrique centrale, Firmin Edouard Matoko incarne la pluralité culturelle, il connaît les réalités africaines, latino-américaines, asiatiques, occidentales, grâce à ses missions passées – un atout pour incarner l’universalité de l’UNESCO. Il bénéficie de soutiens régionaux (autorités congolaises, de pays africains, asiatiques, sud-américaines…réseaux culturels). En outre, sa candidature peut séduire les États cherchant un leadership moins polarisé. Faiblesses et risques de El‑Enany Sa dominante est le patrimoine, les musées, la culture nationale – il a moins d’antécédents de gestion institutionnelle globale de l’UNESCO. Cela comporte un risque : lorsqu’il s’agira de piloter des départements éducation, sciences, communication, il pourrait manquer de réflexes institutionnels. En tant qu’ancien ministre, il pourrait être perçu (ou s’auto-percevoir) comme représentant des intérêts égyptiens ou du monde arabe, plutôt que de l’organisation dans sa globalité. Il est en campagne depuis plus de deux ans, ce qui lui a offert du temps de mobilisation, mais l’expose aussi à des critiques (campagnes de lobbying, achats d’influence, accusations de favoritisme) – sans preuve solide mais avec un effet discutable pour la crédibilité. Certains analystes évoquent déjà des tensions autour des questions de transparence et d’équité (allégations de rémunérations, influence diplomatique excessive) – sans preuve solide pour l’instant, mais avec un effet discutable pour la crédibilité. Son profil est très marqué patrimoine, restauration, musées – ce qui peut donner l’impression d’un dirigeant tourné vers le passé plutôt que vers les défis d’avenir (Intelligence artificielle, inclusion numérique, mutations éducatives).En période de révolution technologique et de tensions globales, on pourrait lui reprocher d’être trop « vertébral » ou trop attaché à la tradition, une absence d’agilité. Même s’il parle français et anglais, il est moins polyvalent linguistiquement que Firmin Edouard Matoko sur certains domaines (comme l’espagnol, l’italien, d’autres langues). Ce qui peut être un handicap dans les négociations multilatérales. II. Pour les États électeurs 1. Continuité et Réforme interne Un directeur général issu de l’UNESCO – Firmin Edouard Matoko – garantit une transition plus fluide : il connaît les mécanismes, peut éviter les fractures internes. À l’inverse, une candidature « externe » comporte toujours un temps d’adaptation et un risque de latence de leadership. 2. Le multilinguisme et l’universalité symbolique Dans une institution revendiquant ses racines plurilingues, le choix d’un candidat maîtrisant plusieurs langues, sensible à diverses cultures (Afrique, Amérique latine, Asie, Europe…) plaide en faveur de Firmin Edouard Matoko. Il incarne moins l’image d’une nation particulière que celle d’un pivot universel. 3. Un directeur général comme laboratoire d’idées, non simple gestionnaire Firmin Edouard Matoko milite pour une UNESCO qui bouge, se renouvelle, devient un véritable think tank sur les grands défis (climat, inversion des inégalités, numérique, paix). Ce positionnement plus proactif est crucial pour séduire les États désireux d’une institution plus dynamique et moins figée. 4. La crédibilité et la confiance institutionnelle Un dirigeant disposant d’un capital de confiance interne (personne connue, respectée, ayant déjà été auditionnée) est moins vulnérable aux critiques

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Paul Biya : Grandeur et Espérance à l’épreuve d’un Cameroun divisé

Le retour triomphal du président sortant Paul Biya à Yaoundé le 1er octobre, après un voyage privé en Suisse, marque une étape cruciale dans la campagne présidentielle camerounaise, à onze jours du scrutin du 12 octobre. Paul Biya, l’homme politique le plus ancien au pouvoir en Afrique aspire à un huitième mandat consécutif, dans un contexte géopolitique, sécuritaire et socio-économique hautement complexe. Un retour stratégique, symbole de vitalité politique L’accueil massif de ses partisans à l’aéroport international de Nsimalen illustre la mobilisation du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), alors que la campagne électorale s’intensifie. Selon Paul Eric Djomgoue, président de la commission de campagne de Yaoundé II, « ce retour est un signal clair que le président Biya reste le garant de la stabilité et de la continuité ». Ce timing intervient alors que des rumeurs contradictoires avaient laissé planer le doute sur son itinéraire, révélant l’importance stratégique accordée à la maîtrise de la communication en pleine séquence électorale. Un régime confronté à des défis multiples Après 43 ans au pouvoir, Paul Biya incarne une « grandeur » historique mais aussi une « espérance » pour ses partisans face à une opposition fragmentée, affaiblie et fébrile. Onze candidats sont en lice, dont deux anciens ministres dissidents, Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakari. Un contexte sécuritaire préoccupant La crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest persiste, rendant l’organisation du scrutin difficile dans certaines contrées. Parallèlement, dans l’Extrême-Nord, la menace Boko Haram perdure, avec près d’un million de déplacés internes. Ces deux foyers de tension armée fragilisent l’intégrité territoriale et complexifient la logistique électorale, exposant à des risques potentiels de violences. Le gouvernement plaide pour la paix, la stabilité et une main tendue, mais sans faiblesse. Enjeux économiques et sociaux Sur le plan économique, le Cameroun affiche des indicateurs moyens. La Banque mondiale souligne une augmentation de 66 % du nombre de pauvres depuis 2000, reflet d’un développement économique inégal. Un chiffre  qui semble exagéré, quand on va sur le terrain. La société civile et l’ONG International Crisis Group alertent sur une polarisation politique accrue, alimentée par des discours haineux dans les médias et sur les réseaux sociaux, menaçant la cohésion nationale. Sur la plan géopolitique et stratégique Le scrutin du 12 octobre s’apparente à un test de résilience pour un régime longtemps perçu comme stable. Paul Biya mise sur l’expérience et la continuité dans un environnement régional marqué par des conflits frontaliers, des crises migratoires et des enjeux sécuritaires transnationaux. La campagne présidentielle devient dès lors un enjeu de souveraineté, d’intelligence économique et de diplomatie régionale, où chaque mouvement est scruté pour ses implications sur la stabilité du pays et de la sous-région. En conclusion, « Grandeur et Espérance », slogan de campagne de Paul Biya, traduit un paradoxe : celui d’un Cameroun qui aspire à la stabilité et au progrès, mais confronté à une fragmentation politique, une crise sécuritaire profonde et une pression sociale croissante. Le verdict des urnes déterminera la direction d’un pays à la croisée des chemins, entre continuité historique et nécessité de réforme.

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Trump II et l’Afrique : vers une décennie d’indifférence stratégique ?

Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, Donald Trump a prononcé un discours virulent clashant aussi bien l’ONU que ses alliés européens. Il a exhorté le monde à embrasser son agenda souverainiste : frontières fortes, recul des politiques climatiques et maintien d’une identité « occidentale » face à ce qu’il appelle une « invasion migratoire ». « Votre héritage est en train d’être détruit… vos pays vont en enfer », a-t-il lancé aux dirigeants européens. Il a également dénoncé le « monstre à deux queues » formé par l’immigration et les politiques énergétiques vertes, qu’il assimile à un danger existentiel pour les nations. Sur le plan géopolitique et stratégique 1. Avec ce ton plus frontal, le président américain affiche un rejet assumé du multilatéralisme et des normes universelles, appelant les États à suivre l’exemple américain pour « protéger leurs frontières et leur identité ». Cette posture s’inscrit dans un tournant où les États-Unis se positionnent comme modèle d’un ordre international fragmenté, redéfini selon des logiques nationalistes. 2. Au cœur de son message, l’Europe est la cible centrale. Il accuse les gouvernements d’avoir cédé à la « correction politique » au détriment de la sécurité et du peuple.  En matière énergétique, il dénonce les transitions écologiques qu’il qualifie de « scam » – une attaque directe aux engagements du Pacte vert européen. Risques pour l’Afrique et l’espace migratoire global Pression migratoire réorientée. En prêchant l’« arrêt des invasions » et des migrations hors contrôle, Trump II accentue une vision sécuritaire de l’immigration qui pourrait encourager des politiques de rejet strictes à l’encontre des migrants africains. 1.Affaiblissement de l’ONU et des aides au développement. En accusant l’organisation de financer des « attaques contre les frontières », il justifie potentiellement des réductions d’appui international aux pays en développement. 2.Compétition d’influence. Cette agressivité idéologique pourrait amplifier la polarisation entre puissances mondiales (Chine, Russie, États-Unis) dans les zones où l’Afrique est déjà un théâtre d’influence stratégique. Enjeux économiques et d’intelligence politique Avec cette offensive verbale à l’ONU, Donald Trump propose un modèle dur de gouvernance mondialisée, centré sur le refus de l’immigration et le rejet des urgences climatiques. Pour l’Afrique, cette posture accentue les tensions migratoires, menace l’aide internationale et redéfinit les espaces d’influence diplomatique.  La question désormais : l’Afrique choisira-t-elle d’entrer dans ce nouvel ordre ou de construire une voie souveraine, pivotée sur ses propres priorités ?

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Procès Martinez Zogo : entre justice militaire, oubli de noms et questions de droit

Plus de vingt mois après l’assassinat de Martinez Zogo, journaliste d’investigation et directeur de la radio Amplitude FM, le procès de ses présumés bourreaux se poursuit devant le tribunal militaire de Yaoundé. Une orientation juridictionnelle qui continue de faire débat, au vu de la présence de plusieurs civils parmi les inculpés, dont certains – comme l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga – n’apparaissent même plus dans les débats actuels. Rappel historique : un assassinat qui secoue l’État Le 17 janvier 2023, Martinez Zogo est enlevé à Yaoundé. Son corps est retrouvé cinq jours plus tard, atrocement mutilé, dans une banlieue de la capitale. Très vite, une enquête est ouverte, révélant l’implication présumée de personnalités puissantes, issues à la fois des services de sécurité, des milieux d’affaires et des sphères politiques. Le gouvernement promet une justice exemplaire. Dix-sept suspects sont interpellés, parmi lesquels figurent des officiers supérieurs, des agents des renseignements, mais aussi des civils notoires, notamment Jean-Pierre Amougou Belinga. Tribunal militaire ou civil ? Un choix controversé Très vite, un débat juridique s’ouvre : cette affaire doit-elle relever de la justice civile ou militaire ? Les défenseurs du tribunal civil évoquent l’article 8 de la Charte africaine des droits de l’homme, qui recommande de réserver les juridictions militaires aux militaires actifs, dans les affaires les concernant directement. Mais au Cameroun, la loi permet aux tribunaux militaires de juger des civils dans certaines circonstances, notamment lorsqu’il s’agit de crimes menaçant la sécurité publique, ou si des militaires sont co-auteurs. C’est cette lecture que les autorités ont privilégiée pour maintenir le dossier dans le giron militaire. Silences remarqués : où sont passés certains noms ? Fait notable : au fil des audiences, certains noms qui avaient cristallisé l’opinion publique ont progressivement disparu des échanges à la barre. C’est le cas de Jean-Pierre Amougou Belinga, qui, bien qu’en détention, n’est plus directement cité dans les témoignages récents, notamment lors des quatre dernières audiences consacrées à l’audition des témoins du ministère public. Ce silence judiciaire, alimente deux hypothèses : soit aucun élément formel ne permet à ce stade de l’impliquer, soit le dossier a été resserré autour d’un noyau restreint d’acteurs militaires et sécuritaires directement impliqué dans l’assassinat de Martinez Zogo. Cela pose néanmoins une question de fond : jusqu’à quand un civil peut-il être maintenu en détention préventive par un tribunal militaire, sans preuve formelle ni jugement rendu ? Le procès reprendra le 14 octobre 2025, date à laquelle sont attendus d’autres témoignages clés, dans une affaire où le public attend encore des réponses concrètes : qui a donné l’ordre ? Pourquoi ? Et surtout, à quand un verdict dans une procédure entamée depuis plus d’un an, mais qui semble encore embourbée ? Au-delà du Cameroun, cette affaire est suivie de près à Paris, Bruxelles, Londres, Washington, tant le pays reste un pivot sécuritaire régional. L’issue du procès Zogo pourrait envoyer un signal fort – ou désastreux – à ses partenaires internationaux.

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Cameroun – Présidentielle 2025 : Yaoundé finance le scrutin

À deux semaines d’un scrutin décisif, Yaoundé débloque la première tranche de fonds publics pour les 12 candidats en lice. Le gouvernement camerounais a officiellement donné le coup d’envoi de la campagne présidentielle en invitant les représentants des 12 candidats à retirer la première tranche des fonds publics destinés au financement électoral. « Chaque candidat recevra une dotation en deux phases, conformément aux dispositions légales », a indiqué le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji. La seconde tranche, plus stratégique, ne sera versée qu’en fonction des résultats obtenus. Enjeux politiques et stratégiques Le scrutin du 12 octobre intervient dans un climat d’incertitude politique. Le président sortant Paul Biya est absent du pays et discret sur sa stratégie de campagne. « Paul Biya n’a pas besoin d’être visible pour contrôler le processus », résume un analyste du International Crisis Group. Pendant ce temps, l’opposition, emmenée notamment par Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF), Bello Bouba Maigari (UNDP), Issa Tchiroma Bakari (FNSC)… peine à créer une dynamique unitaire. Aucune coalition solide n’a émergé, réduisant leurs marges de manœuvre face au RDPC. Géopolitique et économie Le gouvernement a renforcé le dispositif militaire, mais les observateurs redoutent une faible participation et des troubles localisés. Sur le plan économique, le pays enregistre une croissance de 3,8 % en 2024 (Banque mondiale). Les partenaires financiers (FMI et BAD), surveillent l’usage des ressources publiques pendant cette séquence électorale. « Cette élection dépasse le simple enjeu électoral. C’est un test de stabilité pour une puissance charnière d’Afrique centrale, exposée aux tensions internes et aux recompositions régionales », analyse un diplomate européen à Libreville. En résumé, la présidentielle camerounaise de 2025 s’inscrit dans une dynamique où se mêlent transition politique implicite, instabilités régionales, et enjeux d’intelligence économique. Sous l’apparente normalité institutionnelle, c’est la résilience même de l’État camerounais qui se joue.

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