Diaspora & Mondes Connectés

UNESCO : Matoko face à El-Enany – vision globale contre revendication régionale

À quelques mois du choix du nouveau Directeur général de l’UNESCO, deux candidatures du Sud cristallisent une opposition de fond : celle d’un universalisme réformateur face à une diplomatie régionale structurée. Le Congolais Firmin Edouard Matoko – 35 ans à l’Unesco – et l’Égyptien Khaled El-Enany incarnent deux visions du rôle de l’UNESCO dans un monde en recomposition. Une bataille de candidatures, mais surtout une bataille d’idées. L’UNESCO, gardienne du patrimoine mondial, de l’éducation pour tous et de l’éthique scientifique, entre dans une phase cruciale. Le mandat d’Audrey Azoulay touche à sa fin, et les États membres s’apprêtent à désigner son successeur. Deux figures issues du Sud s’imposent : le diplomate congolais Firmin Edouard Matoko, sous-directeur général de l’Unesco en charge de l’Afrique de 2019 à 2025, et l’ancien ministre égyptien de la Culture, Khaled El-Enany, soutenu par la Ligue arabe. Or, ces candidatures ne sont pas seulement concurrentes. Elles sont conceptuellement opposées. Représentation ou refondation ? Dans une déclaration conjointe publiée en juillet 2025, les pays arabes ont justifié leur soutien à El-Enany par « l’absence historique d’un Arabe à la tête de l’UNESCO ». Un argument de rattrapage symbolique, qui soulève une question diplomatique majeure : les institutions multilatérales doivent-elles fonctionner par rotation régionale, ou par mérite et projet ? Firmin Edouard Matoko, lui, défend une candidature détachée des logiques de quotas. Pour ce diplomate expérimenté – il aura passé 35 ans à l’Unesco -, le véritable enjeu est de réaffirmer l’UNESCO comme plateforme universelle, au service de tous, « sans assignation identitaire ni logique de blocs ». Deux trajectoires, deux philosophies -Khaled El-Enany, archéologue et universitaire respecté, ancien ministre, incarne une diplomatie structurée par les intérêts collectifs de la Ligue arabe. Sa campagne repose sur une logique de « tour de rôle » au sommet des organisations internationales. -Firmin Edouard Matoko, 35 ans à l’UNESCO, sous-directeur général pour la priorité Afrique de 2019 à 2025, porte une vision réformiste : décoloniser les savoirs sans créer de blocs régionaux, renforcer les capacités internes de l’UNESCO, et intégrer pleinement le numérique, l’éthique de l’IA, et l’éducation inclusive dans une gouvernance culturelle mondiale. Un choix stratégique pour l’Afrique et au-delà Un diplomate africain en poste à Paris affirme : « L’Afrique ne doit pas se réduire à une revendication d’identité ou de rattrapage historique […]. Elle a une voix singulière, mais aussi une responsabilité universelle ». Par ailleurs, le soutien à Firmin Edouard Matoko dépasse les clivages géopolitiques : il est vu comme une candidature d’équilibre, capable de rassembler les continents autour d’une gouvernance de la culture, de la paix et de l’innovation. Ce duel reflète aussi une crise de l’universalité, dans un système multilatéral de plus en plus fragmenté. Pour nombre d’observateurs, l’UNESCO a besoin d’un dirigeant qui dépasse les blocs et incarne une diplomatie de projet, non de quota. Rappel historique L’UNESCO, née sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, repose sur une logique d’universalisme culturel et de coopération transnationale – non sur une logique de quotas régionaux. En ce sens, le raisonnement de Khaled El-Enany, perçu comme une revendication de tour de rôle géopolitique, risque d’entrer en contradiction avec l’esprit même de l’UNESCO, qui valorise la diversité sans assigner les postes de direction à des identités collectives. La gouvernance mondiale ne peut se bâtir sur la compensation des absences passées, mais sur la qualité du projet porté et la capacité à fédérer au-delà des appartenances. Enjeux géopolitiques et culturels Sur le plan géopolitique,  le soutien de la Ligue arabe à El-Enany pourrait fracturer les équilibres au sein du Groupe africain, traditionnellement uni dans les négociations UNESCO. Sur le plan culturel,  la vision d’Edouard Firmin Matoko ouvre une réflexion sur l’accès égal aux cultures, aux langues et aux connaissances, y compris dans le numérique. Enfin sur le plan stratégique, le prochain Directeur général de l’UNESCO devra gérer la transition technologique, la polarisation Nord-Sud, et les tensions entre souveraineté et patrimoine partagé. Des questionnements Faut-il élire un Directeur général pour réparer une absence historique, ou pour bâtir un avenir commun ? faut-il représenter les régions ou repenser les équilibres culturels mondiaux ? En juillet dernier, Firmin Edouard Matoko déclarait :  « Le prochain dirigeant de l’UNESCO doit restaurer la confiance dans le multilatéralisme culturel. Pas en redistribuant les postes, mais en redonnant du sens au projet commun ». En défendant une approche universaliste, Firmin Edouard Matoko redonne à l’UNESCO son ambition originelle : unir l’humanité non autour d’identités fixes, mais autour de valeurs partagées et d’idées en mouvement. La décision attendue fin 2025 sera scrutée de près. Plus qu’un choix de personne, c’est un test pour la capacité de l’UNESCO à se réinventer sans se fragmenter. L’Afrique, aujourd’hui au cœur du débat, pourrait bien redonner au multilatéralisme son souffle universel, l’âme même  de l’Organisation.  A lire son projet, cette ambition semble habiter Firmin Edouard Matoko.

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L’UA investit dans le savoir stratégique : la plateforme ATTP au service d’un développement ancré dans l’expertise africaine

L’Union africaine (UA) franchit un pas stratégique dans la refondation de ses politiques publiques avec le lancement officiel de la plateforme ATTP (African Think Tank Platform). Cette initiative, soutenue financièrement par des partenaires comme la Banque mondiale et techniquement par l’AUDA-NEPAD et la Fondation ACBF, vise à transformer les cercles de réflexion africains en véritables catalyseurs de décisions politiques continentales. Dotée d’un budget de 50 millions USD sur cinq ans, elle ambitionne de combler le déficit chronique en recherche stratégique sur le continent. Un levier d’autonomie africaine Cette nouvelle plateforme s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté intellectuelle africaine. En centralisant les propositions politiques à travers un comité indépendant d’experts (ICE) et des appels à projets compétitifs, l’UA cherche à créer une chaîne de valeur africaine du savoir, où les Think tanks ne se contentent plus d’être des prestataires de diagnostics, mais deviennent des acteurs du pilotage stratégique du continent. Ce projet vient répondre à une carence structurelle : l’Afrique produit moins de 1 % de la recherche mondiale. Cette marginalité épistémique freine la formulation de politiques adaptées aux réalités locales, laissant le champ libre à des modèles exogènes souvent inadaptés. En rassemblant les travaux de 3 à 5 Think tanks par consortium, avec des subventions allant jusqu’à 10 millions USD, l’ATTP vise à générer des solutions africaines fondées sur des preuves africaines. Penser les transitions du continent L’impact économique potentiel est considérable. Les thématiques prioritaires ciblées – transformation économique, climat, ZLECAf, flux financiers illicites, capital humain, sécurité alimentaire – recoupent les grands chantiers du développement continental. En intégrant systématiquement les Think tanks dans la conception de politiques sur ces enjeux, l’UA veut faire émerger une gouvernance économique plus réactive, interconnectée et contextualisée. Ce positionnement répond aussi aux impératifs de l’Agenda 2063, qui mise sur des cadres d’action cohérents, informés par les données (CRF, STISA-2024, etc.). Comme le souligne Selma Malika Haddadi, vice-présidente de la Commission de l’UA, « la réalisation de l’Agenda 2063 exige davantage que de simples aspirations. Elle nécessite des preuves ». Un enjeu stratégique pour l’influence africaine Enfin, le soutien affiché de bailleurs internationaux – dont la Banque mondiale – montre une reconnaissance croissante de l’intelligence stratégique africaine. Mais pour éviter toute dépendance, l’Afrique devra capitaliser sur cette plateforme pour construire une autonomie durable de la pensée stratégique, condition essentielle à une influence géopolitique crédible sur la scène mondiale.

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Bill Gates injecte 2,5 milliards de dollars en Afrique : levier de santé publique ou diplomatie d’influence ?

La Fondation Gates lance le plus vaste programme privé jamais engagé pour la santé des femmes en Afrique, dans un contexte de désengagement public occidental. Dans un mouvement d’ampleur sans précédent, la Fondation Bill & Melinda Gates a annoncé le 4 août un engagement de 2,5 milliards de dollars dédié à la santé des femmes en Afrique. Cette somme, la plus importante jamais débloquée d’un seul trait par la fondation sur le continent, marque le début d’un plan global visant à distribuer près de 200 milliards de dollars d’ici à 2045, date prévue de sa fermeture. Ce financement, réparti sur une quarantaine de projets innovants, vise à réduire la mortalité maternelle, améliorer la santé gynécologique et soutenir la recherche sur les infections sexuellement transmissibles, la prééclampsie ou encore des contraceptions non hormonales. L’enjeu est double : réduire les coûts des politiques publiques et accélérer leur efficacité grâce à l’innovation. « Ce programme vise à combler des lacunes critiques là où les financements publics sont absents », précise le communiqué de la fondation. Une stratégie sanitaire… et géopolitique Sur le plan sanitaire, cet engagement intervient dans un contexte fragile : les systèmes de santé de nombreux pays africains, déjà sous pression post-Covid, peinent à financer des services de base. La féminisation de la pauvreté, la sous-médicalisation des zones rurales, et le recul de l’aide publique au développement (APD) rendent cette initiative potentiellement salvatrice. Mais selon Bruno Cabrillac, économiste à la Fondation pour les études et la recherche sur le développement international (Ferdi), la montée en puissance des fondations pose aussi des questions d’équilibre : « Les fondations philanthropiques ne veulent pas se substituer à l’aide publique, car cela risquerait de créer un aléa moral et d’encourager les États à se désengager ». Une reconfiguration de l’intelligence économique mondiale ? À moyen terme, cette stratégie peut aussi être lue comme un investissement dans la stabilité des marchés africains, essentiels à la croissance mondiale. Les fondations comme Gates, fortement intégrées à des réseaux technologiques et pharmaceutiques mondiaux, influencent déjà les normes de santé, les chaînes de valeur et les régulations, ce qui confère un poids stratégique croissant aux acteurs privés dans les politiques publiques. Dans un contexte où l’USAID ferme des programmes et où l’aide européenne se fragilise, les fondations américaines prennent le relais – mais avec leurs logiques, leurs agendas, et leurs priorités. Réserves et vigilance Si l’impact potentiel est énorme, des réserves persistent. L’absence de contrôle parlementaire, la faiblesse des systèmes de redevabilité locaux et le risque de dépendance technologique pourraient altérer la souveraineté sanitaire des États bénéficiaires. Le danger, à long terme, serait un décrochage stratégique africain, piloté par des mécènes plutôt que par des politiques concertées.

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Pollution plastique : vers un traité mondial, 1.500 milliards de raisons d’agir

Près de 180 pays se sont réunis le 5 août sous l’égide de l’ONU pour une nouvelle session de négociations sur le premier traité international contraignant contre la pollution plastique. L’enjeu est immense : 1.500 milliards de dollars par an de coûts économiques et sanitaires, selon une étude publiée dans The Lancet Planetary Health. Un chiffre qui alerte autant les diplomates que les économistes. « La pollution plastique est un danger grave, systémique, et largement sous-estimé pour la santé humaine et l’environnement mondial », alertent les auteurs du rapport, citant des liens avérés avec des cancers, des troubles hormonaux et des maladies respiratoires. Objectif : un accord juridiquement contraignant d’ici fin 2025 Les négociateurs du Comité intergouvernemental de négociation ont dix jours à Genève pour harmoniser les bases d’un traité universel, espéré à la fin 2025. Sera-t-il ambitieux ou simplement indicatif ? Les positions restent divergentes : tandis que l’UE, le Rwanda ou les îles du Pacifique plaident pour une réduction de la production à la source, les États-Unis et la Chine misent davantage sur le recyclage et la gestion des déchets. Intelligence économique et diplomatie environnementale Au cœur des tensions : la place de la pétrochimie, industrie qui représente à elle seule plus de 400 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. De nombreuses multinationales cherchent à éviter un encadrement strict des polymères, redoutant un précédent réglementaire global. « Il ne s’agit pas seulement d’écologie, mais de souveraineté industrielle, de stratégies d’influence, et de repositionnement des chaînes d’approvisionnement mondiales », observe une diplomate africaine sous anonymat. Un coût sanitaire étouffant Le rapport de The Lancet insiste : microplastiques et nanoplastiques sont omniprésents, dans l’eau, l’air, les sols – et jusque dans le sang humain. Le coût en santé publique pourrait dépasser 250 milliards de dollars par an d’ici 2040 si aucune régulation globale n’est mise en place. Le lien avec des maladies chroniques pose aussi un problème d’injustice environnementale, les pays les plus vulnérables étant les plus exposés. Un enjeu sécuritaire et climatique Au-delà de la santé, la pollution plastique alimente l’instabilité : engorgement des littoraux, perturbation des écosystèmes halieutiques, dépendance aux importations de déchets, tensions entre États côtiers. Le plastique est aussi un facteur climatique, sa production étant responsable de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon le PNUE, le Programme des Nations unies pour l’environnement. Ce qu’il faut retenir Vers un compromis global ? La question reste : l’accord sera-t-il universellement contraignant ou fragmenté par régions et volontés politiques ? La réponse dépendra autant de la diplomatie que des capacités industrielles à se transformer. « Il ne s’agit plus de ralentir l’effondrement, mais de choisir comment nous voulons survivre au plastique », résume Benjamin Von Wong, artiste et militant, auteur de l’installation Le fardeau du Penseur, érigée symboliquement à Genève.

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L’Église catholique en Afrique trace son cap pour 2050 : évangélisation, réconciliation et souveraineté spirituelle au cœur d’un continent en mutation

Réunis à Kigali, les évêques du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) ont adopté une feuille de route visionnaire pour les 25 prochaines années, structurée autour de 12 piliers stratégiques, allant de l’évangélisation à l’autonomie institutionnelle. Un tournant spirituel à forte portée politique. Alors que l’Afrique s’apprête à entrer dans une phase critique de transformation démographique, sociale et sécuritaire, l’Église catholique continentale prend position. Du 30 juillet au 4 août 2025, à Kigali, plus de 300 hauts responsables ecclésiaux ont entériné un document stratégique de long terme visant à réarticuler la mission de l’Église autour de valeurs d’espérance, de paix et de réconciliation, mais aussi d’autonomie économique et d’enracinement culturel. « L’évangélisation ne peut rester théorique : elle doit transformer les cultures et guérir les fractures humaines », a affirmé le Père Rafael Simbine, secrétaire général du SCEAM, en présentant la vision continentale. 12 piliers : vers une Église résiliente, décolonisée et actrice de paix Chaque pilier du document combine un diagnostic socioculturel africain, une orientation stratégique et un modèle concret d’action, témoignant de la volonté de sortir d’une dépendance pastorale ou financière postcoloniale. Parmi les priorités : « L’Afrique est un foyer spirituel. Notre foi doit parler au monde depuis notre terre, nos blessures et nos espoirs », a résumé le Cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa. Une réponse à l’urgence : guerres, fractures sociales, perte d’espérance Dans leur message final, les évêques ont condamné les « souffrances inimaginables » provoquées par les conflits armés, les divisions ethniques et la pauvreté systémique. L’appel à une Église actrice de médiation, de justice réparatrice et de pardon radical résonne particulièrement dans les pays comme le Cameroun, la RDC, le Soudan du Sud ou le Mozambique, où les communautés chrétiennes sont souvent à la fois victimes et témoins. Le SCEAM appelle les dirigeants politiques à intégrer l’éducation à la paix dans les systèmes scolaires et à promouvoir le dialogue intercommunautaire comme priorité de gouvernance. Focus Cameroun : une Église face à la crise anglophone et à la fragmentation sociale Au Cameroun, où l’Église catholique reste l’une des institutions les plus respectées, la mise en œuvre de cette feuille de route pourrait jouer un rôle majeur dans la pacification de la crise anglophone, qui a déjà fait plus de 3000 morts et déplacé 800 000 personnes depuis 2016, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des nations unies (OCHA). Le clergé local, souvent en première ligne, est appelé à « former les consciences à la paix, sans compromis sur la justice et la vérité ». Le pays est également invité à investir dans la formation des laïcs, des jeunes et des familles, pour éviter l’atomisation communautaire et renforcer l’Église-Famille de Dieu, modèle privilégié par le SCEAM. Une diplomatie spirituelle africaine à l’horizon 2050 Dans un continent aux enjeux géopolitiques mouvants – urbanisation galopante, montée des extrémismes, instabilité sécuritaire, pressions migratoires -, le SCEAM affirme l’Église comme un acteur de souveraineté morale, de cohésion sociale et de résilience stratégique. La vision portée à Kigali invite à articuler foi, culture et développement humain intégral, tout en appelant à un leadership africain éclairé, aussi bien dans les sphères ecclésiales que politiques. « C’est à partir de l’Afrique que l’Église universelle pourra retrouver un souffle d’espérance. Mais cela exige de bâtir des ponts durables entre spiritualité, paix et responsabilité publique », a résumé un évêque sahélien sous couvert d’anonymat.

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Présidentielle 2025 : Maurice Kamto exclut définitivement de la course

La décision du Conseil constitutionnel excluant Maurice Kamto de la présidentielle du 12 octobre se déroule dans un contexte politique et institutionnel sensible. Le Conseil constitutionnel camerounais a définitivement écarté la candidature de Maurice Kamto à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, invoquant une « pluralité d’investitures » au sein du MANIDEM, le parti qui l’avait proposé comme candidat. La décision s’appuie sur l’article 125 alinéa 2 du Code électoral, et fait suite à une audience publique tenue les 4 et 5 août. « Les recours ont été jugés non fondés au regard des éléments juridiques présentés », a déclaré Clément Atangana, président du Conseil constitutionnel, au terme d’une délibération de plus de quatre heures. Une décision de droit, des effets politiques Cette décision relève d’une interprétation juridique des textes électoraux. Maurice Kamto, avait été l’un des principaux challengers lors de l’élection de 2018. Son absence reconfigure profondément les rapports de force entre les partis en lice. Un diplomate a déclaré : « L’exclusion de Kamto bouleverse l’équation électorale, mais elle ne doit pas faire oublier que l’État de droit repose sur le respect des institutions ». Les soutiens de Maurice Kamto déplorent une lecture trop rigide du droit électoral, et appellent à un débat plus inclusif sur les conditions de participation à la vie politique. Une dynamique institutionnelle sous observation Le rôle des institutions nationales dans la gestion du cycle électoral fait l’objet d’un suivi attentif par la communauté diplomatique. Le Cameroun, partenaire stratégique en Afrique centrale, est confronté à plusieurs défis structurels : sécurité dans les régions anglophones, instabilité dans le bassin du lac Tchad, et pression démographique sur les systèmes sociaux. Maurice Kamto : entre recours institutionnel et repositionnement stratégique Rompu du droit, Maurice Kamto pourrait porter l’affaire devant la Commission africaine des droits de l’homme ou la Cour africaine basée à Arusha, deux juridictions qu’il connaît bien. En 2018, ses démarches post-électorales avaient reçu un écho favorable sur certains aspects. Le cas Maurice Kamto dans une dynamique continentale L’exclusion de Maurice Kamto de la présidentielle camerounaise de 2025 n’est pas un cas isolé. Plusieurs figures de l’opposition ont récemment été empêchées de concourir à des élections cruciales, souvent dans des contextes de tensions institutionnelles plus dures, de lectures controversées des lois électorales. 1- Au Sénégal (2024),  la candidature de Ousmane Sonko à la présidentielle avait été invalidée en raison d’une condamnation judiciaire, dans un contexte où l’opposition dénonçait un « détournement de la justice à des fins politiques ». Malgré une forte mobilisation populaire, Ousmane Sonko avait été écarté du scrutin. 2- En Côte d’Ivoire (2020), la Cour constitutionnelle avait écarté Guillaume Soro pour « faits graves », en s’appuyant sur une condamnation judiciaire. L’opposant en exil dénonçait alors une instrumentalisation du droit. 3- En RDC (2018), Moïse Katumbi, figure majeure de l’opposition n’avait pas pu se présenter à la présidentielle, son retour au pays ayant été bloqué à la frontière. En ce qui concerne le Professeur Maurice Kamto, les portes lui sont ouvertes, pour, soit conduire le MANIDEM, son parti d’adoption; soit faire un retro pédalage -signe d’humilité-, en rejoignant à nouveau le MRC, son parti de base, pour se présenter aux Législatives en 2026 – ce qu’il avait refusé en 2020.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Maurice Kamto au cœur du bras de fer devant le Conseil constitutionnel

Déjà 21 affaires jugées, 35 requêtes déposées : le Conseil constitutionnel sous pression alors que le sort de Kamto reste en suspens. Le marathon juridique autour de la présidentielle de 2025 au Cameroun bat son plein. Le Conseil constitutionnel, réuni depuis le 4 août pour examiner les recours introduits par des candidats recalés ou des partis politiques, a déjà tranché 21 affaires sur les 35 requêtes enregistrées. Mais l’attention s’est cristallisée autour d’un dossier emblématique : celui de Maurice Kamto, leader ou ex-leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), dont la candidature a été rejetée pour « pluralité d’investiture » au sein du MANIDEM. Le 4 août, après près de quatre heures de débats intenses, le président du Conseil, Clément Atangana, a renvoyé le verdict au 5 août, évoquant « l’absence d’une base légale claire dans la décision de rejet ». Selon les avocats de Maurice Kamto, Anicet Ekane est le seul habilité à investir un candidat au nom du MANIDEM, ce qui rendrait Dieudonné Yebga, l’autre prétendant, incompétent. Une lecture vivement contestée par les représentants de l’administration électorale, qui affirment que Dieudonée Yebga est le président officiel du parti depuis 2021. « La décision du Conseil sur Maurice Kamto pourrait redéfinir le paysage électoral », estime un analyste politique. « Elle marquera aussi la crédibilité du contentieux électoral en période de tension démocratique ». Outre le cas Kamto-Yebga, plusieurs requêtes ont été rejetées ou déclarées irrecevables, notamment celles de Bertin Kisob (sur la candidature de Paul Biya), Vincent Sosthène Fouda, ou encore Jean Blaise Gwet, tous recalés par le Conseil électoral. Les requêtes du FSNC contre la candidature d’Issa Tchiroma Bakary et de Léon Theiller Onana du RDPC contre celle de Paul Biya ont également été rejetées. À la date du 5 août au matin, 10 affaires restaient à examiner, signe d’un processus complexe et scruté de près dans un climat de forte contestation politique. « Le Conseil constitutionnel doit faire preuve d’impartialité et de courage juridique. C’est un moment de vérité pour notre démocratie », a déclaré un représentant du MRC. En attendant le verdict sur Maurice Kamto, cette phase contentieuse dessine déjà les contours d’un scrutin à haut risque, où la légitimité des institutions et l’équité du processus électoral seront aussi scrutées que les urnes elles-mêmes.

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Cameroun : Douala de nouveau ciblée par la « clinique anticorruption » de la CONAC

Face à l’explosion des dénonciations dans le Littoral, la Commission nationale anti-corruption revient en urgence à Douala pour traiter les cas en attente. Pour la deuxième fois depuis 2022, la Commission nationale anti-corruption (CONAC) installe sa « clinique anticorruption » à Douala, épicentre économique et désormais symbolique de la lutte contre les pratiques déviantes au Cameroun. L’opération a été lancée le 4 août 2025 à la mairie de Douala 2ᵉ par le Révérend Dr Dieudonné Massi Gams, président de la CONAC. « Le volume important de dénonciations en instance venant de cette région justifie ce retour anticipé », a déclaré le président de la commission dans son discours inaugural. Cette initiative vise à rapprocher les services de l’organe de lutte contre la corruption de la population, avec un dispositif délocalisé fonctionnant du 4 au 8 août. Des équipes spécialisées, assistées d’officiers de police judiciaire, reçoivent les citoyens confrontés à des cas de corruption dans les services publics ou privés. Lancée pour la première fois à Douala en décembre 2022 lors de la semaine internationale de lutte contre la corruption, la clinique avait recueilli près de 400 dénonciations, dont 150 ont donné lieu à des interpellations et procédures judiciaires. Forte de cette expérience, la CONAC a par la suite déployé l’initiative dans cinq régions (Ouest, Est, Sud, Nord, Adamaoua) avant de revenir dans le Littoral, sans encore avoir couvert tout le territoire. Ce retour à Douala avant d’atteindre les dix régions du pays illustre l’ampleur de la corruption dans la capitale économique, où les enjeux économiques rendent les pratiques illicites plus fréquentes. Il s’inscrit également dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, réaffirmée par le chef de l’État dans son discours du 31 décembre 2023. « Il ne s’agit pas de punir pour punir, mais de restaurer la confiance entre citoyens et institutions », a ajouté un responsable de la CONAC sous couvert d’anonymat. L’efficacité de cette deuxième édition sera scrutée de près, alors que les attentes de la population restent élevées dans un contexte de méfiance envers les institutions publiques.

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Pollution : le Cameroun face à l’urgence environnementale au cœur des négociations de Genève

Ce mardi 5 août 2025, des négociations internationales reprennent à Genève pour cadrer un accord global visant à réduire la pollution transfrontalière. Le contexte est particulièrement critique en Afrique centrale, région confrontée à de multiples crises environnementales aux impacts sanitaires et sociaux graves, dont celles observées au Cameroun. Les principaux défis au Cameroun Le Cameroun fait face à une pollution multiple (air, eau, sols), principalement liée à une urbanisation rapide, des industries mal régulées et une gestion des déchets inefficace. Enjeux liés à Genève La conférence de Genève représente une opportunité pour inscrire les problématiques de l’Afrique centrale dans un cadre global de lutte contre la pollution, notamment : Sans un tel engagement international, les efforts domestiques risquent d’être insuffisants face à l’ampleur des pollutions et à leurs répercussions sanitaires et économiques. En Afrique centrale et au Cameroun, la pollution est un enjeu environnemental, sanitaire et social majeur. La relance des négociations à Genève intervient à un moment critique où une action concertée est indispensable pour transformer les initiatives ponctuelles en véritables politiques durables à l’échelle régionale et globale.

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Présidentielle en Côte d’Ivoire : une élection à hauts risques

À moins de trois mois du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire, les tensions politiques montent dans un climat lourd d’incertitudes. Alors qu’Alassane Ouattara brigue un quatrième mandat controversé, plusieurs poids lourds de l’opposition – dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et Guillaume Soro – ont été écartés de la course par la justice ou la Commission électorale indépendante (CEI), suscitant de vives accusations de verrouillage du processus démocratique. Ce contexte fragilise la légitimité de l’élection à venir. L’exclusion de figures majeures, cumulée à une CEI jugée inféodée au pouvoir, alimente la méfiance d’une partie de la population. Le spectre des violences post-électorales de 2010-2011, qui avaient fait 3 000 morts, reste dans tous les esprits. Face à un pouvoir solidement installé, l’opposition, divisée et affaiblie, peine à trouver un candidat consensuel. Si des personnalités comme Simone Gbagbo ou Pascal Affi N’Guessan sont en lice, leur influence reste limitée. Le risque d’un faible taux de participation, voire de violences en cas de contestation des résultats, est réel. Dans un pays où les élections ont souvent été synonymes de crises, ce scrutin de 2025 cristallise les enjeux : maintien de la stabilité ou retour des troubles politiques. Tout dépendra de la transparence du processus électoral, du rôle des institutions et de la capacité des acteurs politiques à privilégier le dialogue sur la confrontation.

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