Politique & Gouvernance

Afrique subsaharienne : la suspension de VOA rebat les cartes de l’écosystème médiatique

Entre vide informationnel local et recomposition stratégique mondiale, l’arrêt de Voice of America interroge sur la place des médias internationaux dans les démocraties fragiles. La suspension en mars 2025 des programmes de Voice of America (VOA) en Afrique subsaharienne marque une rupture symbolique et opérationnelle dans le paysage médiatique du continent. Radio publique américaine diffusant depuis 62 ans en Afrique, VOA avait tissé un réseau de plus de 1 000 partenariats avec des radios communautaires, fournissant des contenus multilingues, des formations et une couverture régionale souvent perçue comme équilibrée. « Dans certaines régions, VOA offrait un contrepoids aux récits officiels, tout en maintenant une ligne éditoriale respectueuse des équilibres locaux », estime un chercheur au Centre africain des médias de Dakar. Cependant, la suspension — justifiée à Washington par des impératifs budgétaires et des réformes internes — ne signifie pas nécessairement un abandon de l’Afrique. Des consultations seraient en cours au sein de l’administration américaine pour redéfinir les priorités de la diplomatie publique, dans un contexte où les budgets de l’aide extérieure font l’objet de tensions croissantes. Radios communautaires sous pression, mais pas sans alternatives Dans des pays comme la RDC, le Niger ou le Zimbabwe, l’absence de programmes VOA a temporairement désorganisé les grilles de certaines stations. Des journalistes ont été remerciés, et des créneaux sont restés vacants. Mais dans d’autres cas, des initiatives locales ont émergé pour combler le vide : partenariats avec des ONG, relance de contenus produits localement, ou montée en puissance d’acteurs régionaux comme la BBC Afrique, RFI, ou des radios panafricaines. « VOA n’était pas la seule source d’information fiable. Elle était importante, mais son retrait oblige à repenser la production locale et la formation des journalistes », nuance un directeur de station communautaire au nord du Cameroun. Enjeux géopolitiques : vers une recomposition du soft power L’arrêt de VOA intervient dans un moment de recomposition du paysage médiatique mondial. La montée en puissance de médias non-occidentaux comme CGTN (Chine), Sputnik (Russie) ou TRT Afrique (Turquie) redéfinit les équilibres d’influence. Dans ce contexte, certains observateurs estiment que la fin de la diffusion VOA pourrait, à terme, stimuler la diversification des voix médiatiques sur le continent, y compris celles issues de la société civile africaine. « L’Afrique a longtemps été une terre de réception médiatique. C’est peut-être l’occasion d’encourager une souveraineté éditoriale plus affirmée », analyse une experte des médias au CODESRIA (Sénégal). Noël Ndong

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Ciel africain sous pression : quand la fiscalité freine la connectivité du continent

L’Afrique vole à contre-courant. Alors que le monde investit dans la fluidité du transport aérien pour stimuler commerce, diaspora et tourisme, une étude de l’AFRAA (Association des Compagnies Aériennes Africaines) révèle que plusieurs pays africains étranglent leur ciel sous le poids de taxes et redevances excessives. Le constat est sans appel : le Gabon (297,7 $) et la Sierra Leone (294 $) imposent les plus fortes charges aériennes du continent, loin devant la moyenne africaine (68 $). Neuf des dix pays les plus chers se situent en Afrique de l’Ouest et centrale, soulignant une fracture géoéconomique inquiétante. À l’inverse, la Libye (1,3 $), le Malawi (5 $) ou encore l’Algérie (9,8 $) offrent des conditions bien plus compétitives. Enjeu stratégique : la compétitivité régionale. Ces déséquilibres minent les efforts d’intégration régionale et de ZLECAf. Le surcoût des billets dissuade les compagnies internationales, affaiblit les flux touristiques et restreint la mobilité intra-africaine. Paradoxalement, les régions les plus fiscalement agressives génèrent le moins de trafic aérien. Un modèle économique à revoir Le rapport accuse plusieurs États d’utiliser la fiscalité aérienne pour boucher leurs déficits budgétaires, au mépris des principes de l’OACI (transparence, proportionnalité, consultation). Cette approche non soutenable pénalise l’ensemble du secteur : le continent perd chaque année des milliards de dollars en opportunités économiques. Des réformes urgentes L’Afrique du Nord, avec des redevances faibles et une forte connectivité, incarne une alternative viable. La réussite de hubs comme Casablanca, Le Caire ou Alger montre que croissance et fiscalité modérée peuvent coexister. L’aviation devrait être un levier de développement, non un luxe. Sans harmonisation continentale des taxes aériennes, l’Afrique risque de rester au sol dans la course à la mobilité globale. Les États doivent choisir : perpétuer un modèle court-termiste ou libérer leur ciel pour une croissance durable. Noël Ndong

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Présidentielle 2025 au Cameroun : l’exclusion de Maurice Kamto, entre manœuvres juridiques et ambiguïtés politiques

L’alliance MRC-MANIDEM mise à l’épreuve du droit électoral. La candidature de Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition camerounaise, n’a pas été retenue par le Conseil électoral d’Élections Cameroon (Elecam) dans la liste officielle des candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025. Cette décision, très commentée, suscite à la fois incompréhension et débats quant à ses fondements juridiques et politiques. Si le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), aujourd’hui présidé par Mamadou Mota, a dénoncé une exclusion « calculée », le contexte institutionnel révèle une situation plus complexe que ne laisse supposer une lecture purement politique. Une stratégie alternative risquée : du MRC au MANIDEM Écarté des élections législatives de 2020 pour des raisons similaires, Maurice Kamto a choisi en 2025 de se faire investir par un autre parti légalement reconnu, le MANIDEM (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie), afin de contourner les obstacles liés au statut juridique contesté du MRC auprès du Ministère de l’Administration Territoriale. Mais cette stratégie a fini par se retourner contre lui. Le Conseil électoral a évoqué une « pluralité d’investiture » concernant le MANIDEM – le ministère ayant enregistré un autre nom de président pour le même parti, ce qui aurait créé un conflit d’autorité sur la signature de la candidature du Pr Maurice Kamto. Le MRC, dans sa déclaration, accuse le ministre Atanga Nji d’avoir orchestré une modification unilatérale des données officielles du parti, ce qui rendrait la procédure de dépôt invalide. Entre droit électoral et tactique politique Sur le plan du droit électoral, Elecam affirme avoir appliqué les textes en vigueur, notamment ceux relatifs à la cohérence des documents d’investiture et à l’unicité de candidature par parti. En l’absence de clarification formelle entre les différentes ailes du MANIDEM, l’organe électoral a préféré écarter le dossier plutôt que de l’invalider a posteriori. Toutefois, cette décision n’est pas sans conséquences politiques. Elle pourrait renforcer le sentiment, chez une partie de l’opinion, que les institutions électorales restent fortement politisées, dans un contexte où le président sortant Paul Biya est en course pour un nouveau mandat. Un recours encore possible, mais une marge étroite Le MRC a annoncé un recours devant le Conseil constitutionnel, avec l’espoir d’un repêchage juridique. Toutefois, les chances de succès sont minces, à en juger par la jurisprudence constante du Conseil, souvent alignée sur les positions d’Elecam. À noter également que le délai légal pour statuer est bref – quelques jours après la notification du rejet. Un signal d’alerte plus qu’une surprise Si l’exclusion de Maurice Kamto peut apparaître comme un coup dur pour le pluralisme politique, elle s’inscrit aussi dans un contexte de tensions institutionnelles persistantes entre opposition et appareil d’État. Elle révèle les limites de la stratégie juridique indirecte adoptée par Maurice Kamto et les failles du système d’enregistrement au Cameroun. Plus qu’un incident isolé, cette affaire relance les débats sur la réforme des institutions électorales, la transparence de l’administration territoriale, et la nécessité d’un consensus national sur les règles du jeu démocratique. Noël Ndong Correspondance d’ELECAM au Pr Maurice Kamto

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Cameroun/Présidentielle 2025: ELECAM valide 13 candidatures, Maurice Kamto recalé

Le Conseil Électoral d’Élections Cameroon (ELECAM) a publié ce jour la liste officielle des candidats retenus pour l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025. Sur les 84 dossiers reçus, 13 candidatures ont été validées, dont celles de Paul Biya (RDPC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF) ou encore Patricia Tomaino Ndam Njoya (UDC), de Bello Bouba Maïgari (UNDP), et de Issa Tchitoma Bakari (FSNC). En revanche, la candidature très attendue de Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), roulant sous la bannière du Manidem, a été rejetée, le Conseil évoquant des irrégularités dans son dossier. Cette exclusion suscite déjà de vives réactions dans le paysage politique national. Cette résolution, adoptée à l’unanimité par le Conseil, marque le début officiel du compte à rebours électoral. Les candidats retenus représentent une diversité politique notable, mêlant figures historiques et nouvelles ambitions. Liste des candidats (par ordre alphabétique) : Noël Ndong

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Cameroun : l’État en alerte maximale contre la cyber-ingérence électorale

À moins de trois mois de la présidentielle, Yaoundé annonce la « tolérance zéro » face aux tentatives de manipulation numérique, de sabotage informatique et de déstabilisation du processus électoral. Le Cameroun entre dans la zone rouge de son cycle électoral. Alors que la présidentielle d’octobre 2025 s’annonce décisive, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a tapé du poing sur la table. Dans un communiqué officiel publié le 25 juillet, il a averti que toute tentative de perturber l’intégrité du processus électoral – par le piratage, la désinformation ou la manipulation numérique – sera traitée avec une sévérité maximale. « Le gouvernement de la République ne tolérera, sous aucun prétexte, la moindre atteinte à l’intégrité, à la transparence et à la sérénité du processus électoral en cours », a déclaré le ministre, s’adressant tant à l’opinion nationale qu’internationale. Au cœur de l’alerte : une tentative de piratage des bases de données du ministère, visant à introduire un nom illégal dans le fichier électoral. Qualifié de « sabotage informatique », cet acte est perçu comme une attaque directe contre les institutions républicaines. Les enquêtes mobilisent actuellement les services spécialisés, avec un appui de partenaires techniques internationaux. Le MINAT cible aussi les campagnes de haine, les fake news et les injures en ligne, notamment contre les institutions et les familles des officiels. « Cet acte malveillant fera l’objet de sanctions exemplaires. L’impunité ne sera ni tolérée, ni acceptée », a insisté Paul Atanga Nji. Au-delà de l’affaire ponctuelle, le gouvernement camerounais place cette réponse dans une stratégie plus large de défense de la souveraineté numérique et électorale, dans une région secouée par des épisodes récents de cyber-ingérence (Nigeria, Tchad, RDC). Alors que la publication des listes officielles de candidats par ELECAM est attendue dans les jours à venir, la vigilance sera renforcée à tous les niveaux : logistique électorale, surveillance des contenus numériques, cybersécurité des bases de données, et contrôle des narratifs publics. Dans un contexte international où la stabilité des régimes est souvent ciblée par des menaces hybrides, Yaoundé veut envoyer un signal fort : la régularité du scrutin est un enjeu de souveraineté, de sécurité et de légitimité institutionnelle. FICHE COMPARATIVE – Dispositifs de lutte contre la cybercriminalité électorale en Afrique centrale (2024–2025) Pays Cadre légal dédié Autorité compétente Mesures spécifiques électorales Niveau de surveillance Partenaires techniques Cameroun Loi sur la cybersécurité (2010), Code pénal, décret 2020/163 Agence nationale des technologies de l’information (ANTIC), MINAT, DGSN Suivi des réseaux sociaux, traque des faux profils, détection de fausses listes électorales, poursuites judiciaires, surveillance du Cloud MINAT Élevé (surtout en période électorale) Interpol, Union européenne, Huawei, Microsoft, ELECAM Gabon Loi 001/2019 sur la cybersécurité ANINF, Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI) Blocage préventif de certains sites, veille électorale numérique, filtrage du contenu en période électorale Moyen à élevé OIF, China Telecom, AfriNIC Congo-Brazzaville Loi 002-2020 sur la cybersécurité Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) Formation des juges électoraux au cyberdroit, alerte sur les manipulations numériques, mise sous surveillance des serveurs publics Moyen France (ANSSI), Huawei, ONUDC Tchad Ordonnance 007/PR/2022 sur la cybersécurité ANSC (Agence nationale de sécurité des communications), Agence électorale nationale Ciblage des fake news, encadrement des cyber-activistes politiques, saisie de matériel de campagne numérique suspect Faible à moyen OIF, CEDEAO, Russie (via partenariats technologiques) Centrafrique Loi 18/006 sur la cybersécurité, Code pénal Ministère de l’Économie numérique, ANE (Autorité nationale des élections) Alerte sur les deepfakes, filtrage de messages anti-institutionnels pendant le scrutin, faible capacité de détection automatique Faible Union africaine, Agence numérique française (AFD) Guinée équatoriale Loi 2021/13 sur la cybercriminalité Direction générale de la cybersécurité (DGCS), armée Surveillance militaire du web, filtrage des plateformes d’opposition, blocages temporaires de réseaux sociaux pendant les élections Très élevé (contrôle étatique) Chine, Russie, Arabie Saoudite (via partenariats bilatéraux) Noël Ndong

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À Kigali, l’Église catholique d’Afrique trace une voie d’espérance face aux défis géopolitiques

L’Église face aux tempêtes africaines. Alors que l’Afrique traverse une période marquée par des crises politiques, sécuritaires et sociales, l’Église catholique du continent s’apprête à tenir un rendez-vous crucial : la 20e Assemblée plénière du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), du 30 juillet au 4 août à Kigali. Sous la présidence du cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, cette rencontre réunit plus de 250 délégués venus des 54 pays d’Afrique et des îles, dans une volonté claire de bâtir une vision pastorale commune face aux bouleversements du continent. Le thème, « Le Christ, source d’espérance, de réconciliation et de paix », sonne comme un appel fort à la stabilité. « Nous devons être des pasteurs crédibles d’espérance », insiste le cardinal Fridolin Ambongo, dans un contexte où les coups d’État, les conflits interethniques, le terrorisme et les déplacements de populations minent le tissu social africain, du Sahel à l’Est de la RDC, en passant par le Soudan. Mais la démarche est autant spirituelle que politique. Le SCEAM entend s’affirmer comme acteur moral et médiateur de paix, en proposant une vision à long terme pour 2025-2050, articulée autour de douze piliers, incluant l’engagement citoyen, l’écologie, la famille et le dialogue interreligieux. Il s’agit aussi de répondre aux défis pastoraux concrets, comme l’accompagnement des familles dans des contextes culturels complexes. Fondé en 1969 après la visite historique du pape Paul VI, le SCEAM n’est pas seulement une institution ecclésiale. Par sa voix auprès de l’Union africaine, il s’impose aujourd’hui comme une force géopolitique morale, à même d’influencer les décisions politiques du continent. À Kigali, l’Église africaine ne cherche pas seulement à prier, mais à peser. Noël Ndong

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Douala déroule le tapis rouge à Dion Ngute : entre séduction politique et ambitions économiques

En visite officielle de deux jours dans la région du Littoral, le Premier ministre, chef du gouvernement, Chief Dr Joseph Dion Ngute, a été l’invité d’un dîner républicain organisé à Douala par les élites locales, jeudi soir, sur fond de défis urbains, de projets portuaires stratégiques et de mobilisation électorale en vue de la présidentielle 2025. Ce moment de convivialité a été marqué par plusieurs interventions, dont celle du maire de la ville de Douala, Roger Victor Mbassa Ndine, qui a dressé un tableau sans complaisance des défis urbains persistants : voirie dégradée, insalubrité, et gestion inefficace des déchets ménagers. Il a invité le gouvernement à apporter des solutions concrètes à ces problèmes qui plombent le quotidien des habitants de la capitale économique. Le député Albert Dooh Collins, quant à lui, a salué les projets portuaires en cours, qu’il considère comme vitaux pour le développement économique de la région et du pays. Il a également exprimé le souhait de voir le Premier ministre revenir à Douala avant la présidentielle d’octobre 2025, afin de mobiliser les militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Au nom du président de la République, Paul Biya, Joseph Dion Ngute avait plus tôt présidé à Missolé 1, dans la Sanaga-Maritime, la cérémonie de pose de la première pierre d’un projet d’aménagement d’une zone d’activités industrialo-portuaire sur les berges de la Dibamba. Ce projet stratégique, inscrit dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30), vise à dynamiser les secteurs portuaire, industriel et logistique pour renforcer la compétitivité économique du Cameroun. La soirée  du jeudi s’est clôturée dans une ambiance détendue, rythmée par des sonorités traditionnelles du terroir, témoignant de l’attachement des élites du Littoral à leurs racines, tout en affichant leur soutien au gouvernement et à son chef. Le Premier ministre poursuit sa tournée ce vendredi 25 juillet, avec la pose de la première pierre du Terminal Mixte Vraquier du Port Autonome de Douala, un autre jalon dans la modernisation de l’espace portuaire de Douala-Bonabéri, pilotée sous la houlette de Cyrus Ngo’o. Noël Ndong

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Publication imminente de la liste des candidats : ELECAM donne rendez-vous au 26 juillet

Le suspense autour de la présidentielle camerounaise de 2025 touche bientôt à sa fin. Dans un communiqué rendu public le jeudi 24 juillet, le président du Conseil électoral d’Elections Cameroon (ELECAM), Enow Abrams Egbe, a annoncé que la liste officielle des candidats retenus sera dévoilée le samedi 26 juillet à 12h, lors d’une cérémonie au siège de l’institution à Yaoundé. Quatre-vingt deux dossiers de candidatures ont été déposés dans les délais impartis, selon les chiffres communiqués par ELECAM. Parmi eux, plusieurs poids lourds de la scène politique nationale, dont le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, qui brigue un nouveau mandat à 92 ans. D’autres figures majeures comme Maurice Kamto démissionnaire du MRC – se présente sous la bannière Manidem-, Cabral Libii du PCRN, Joshua Osih du SDF, Bello Bouba Maigari de l’UNDP ou encore Issa Tchiroma Bakari du FNSC ont également déposé leurs dossiers, ravivant les enjeux autour d’une élection qui s’annonce disputée. Au-delà des personnalités politiques bien connues, la liste comprend aussi plusieurs candidatures indépendantes et des représentants de partis moins médiatisés, reflétant une volonté de renouvellement ou de contestation. L’étape de la publication officielle marquera la fin de l’examen technique et juridique des dossiers par le Conseil électoral, qui a travaillé à huis clos durant plusieurs semaines. Les enjeux de ce scrutin sont considérables, dans un pays confronté à des défis socio-économiques, à une crise sécuritaire persistante dans les régions anglophones, et à une jeunesse de plus en plus exigeante quant à la gouvernance. La confirmation des candidatures permettra d’ouvrir la voie à la campagne électorale, où chaque camp devra convaincre un électorat partagé entre désir de stabilité et aspiration au changement. La publication de cette liste sera suivie de près par les observateurs internationaux, les partenaires au développement et l’ensemble des citoyens camerounais, qui attendent un processus électoral crédible, transparent et apaisé. Noël Ndong

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l'influence Hadja Hawa

Cameroun/L’influenceuse Hadja Hawa dans l’œil du cyclone : la parole  numérique sous surveillance

Une nouvelle figure du cyberactiviste camerounais frappé d’une interdiction de sortie du territoire et activement recherché. Hadja Hawa, influenceuse très suivie sur les réseaux sociaux, critique virulente du régime, est frappée d’une interdiction de sortie du territoire (IST) et activement recherchée par les autorités. Une affaire qui révèle les tensions croissantes entre pouvoir politique et expression numérique à l’approche de la présidentielle.Un Message Radio Porté daté du 23 juillet et signé par le Lieutenant-Colonel Dieudonné Bialo, haut responsable de la gendarmerie, en atteste officiellement. Des accusations lourdes : « appels à l’insurrection » Selon les termes du document en circulation, Hadja Hawa, également identifiée comme Hadja Haoua Aboubakar, serait soupçonnée de multiples appels à l’insurrection. Le ministère de la Défense aurait lancé des opérations de localisation dans plusieurs villes du pays, dont Yaoundé, Douala et Maroua. Aucun détail judiciaire n’a pour l’instant été officiellement communiqué. L’influenceuse s’était récemment illustrée par des vidéos dénonçant avec virulence le pouvoir en place. Des propos critiques vis-à-vis des institutions et de la gouvernance auraient accéléré les mesures prises à son encontre. Influence numérique vs pouvoir politique Cette affaire illustre la montée en puissance de l’influence digitale comme force d’opinion au Cameroun. Dans un pays où la liberté d’expression reste encadrée, l’irruption de voix alternatives sur Tik Tok, Facebook ou YouTube rebattrait les cartes de la communication politique. À quelques mois de la présidentielle, cette arrestation symbolique pourrait être interprétée comme un signe de crispation du pouvoir face à la contestation populaire – et parfois populiste – numérique. Que dit la loi camerounaise ? Le Cameroun ne dispose pas encore d’un cadre juridique spécifique aux influenceurs, mais plusieurs textes peuvent s’appliquer : Un tournant dans la guerre des récits ? L’affaire Hadja Hawa pose une question majeure : jusqu’où l’État peut-il encadrer les contenus numériques sans verser dans la sanction ? D’un côté, les autorités brandissent le risque de manipulation et de désinformation. De l’autre, la société civile et une partie de la jeunesse numérique dénoncent une volonté de museler les critiques, alors que les frustrations sociales (chômage, gouvernance, accès aux services) s’accumulent. L’influenceur  a-t-il  le droit de dire tout et n’importe quoi, au mépris de l’éthique ? À l’approche de l’échéance électorale de 2025, ce bras de fer entre pouvoir politique et influenceurs pourrait devenir un facteur de polarisation supplémentaire. L’image des personnalités visées par ces critiques en ligne en sort affaiblie, mais la répression de ces voix dissidentes pourrait aussi accroître leur audience. Il faut dire que l’affaire Hadja Hawa dépasse le simple cadre judiciaire. Elle marque un tournant dans la gestion des voix numériques contestataires en Afrique centrale. À la croisée de la politique, du droit et de l’influence, elle questionne les limites de la critique publique à l’ère des réseaux sociaux. Noël Ndong

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Cameroun/Intelligence Artificielle : une ambition réaliste ou un mirage numérique ?

Lancée début juillet par la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, la Stratégie Nationale d’Intelligence Artificielle (SNIA) du Cameroun propose une transformation numérique ambitieuse à l’horizon 2040. Mais cette vision peut-elle réellement être mise en œuvre ? Et à quel coût ? Un écart entre ambition et capacités actuelles Le plan prévoit la création d’un GPT multilingue camerounais, 15 nœuds d’Edge Computing à énergie solaire, et la formation de 4 000 spécialistes IA par an via 5 centres d’excellence. Or, le budget initial global estimé avoisinerait 400 à 600 milliards FCFA (environ 650 à 1 milliard USD sur 15 ans) selon les premières analyses d’experts en politiques publiques numériques. À titre de comparaison, le Cameroun consacre aujourd’hui moins de 0,8 % de son PIB à la recherche et au numérique combinés. Infrastructures insuffisantes Le pays accuse encore un retard critique en connectivité (pénétration Internet de 34 % en 2025 selon DataReportal), et une capacité énergétique fragile (taux d’électrification rural à 28 %). Déployer des centres IA alimentés à l’énergie solaire nécessite non seulement des investissements lourds, mais aussi des compétences techniques peu disponibles localement à grande échelle. Formation : l’autre pilier incertain Former 4 000 experts par an représenterait près de 20 % de la capacité actuelle des universités technologiques du Cameroun. Le défi est donc autant financier qu’organisationnel. L’État devra s’appuyer sur des partenariats public-privé et une coopération accrue avec des institutions internationales (AFD, BAD, Banque mondiale). Positionnement géopolitique en Afrique centrale Politiquement, la SNIA sert aussi de levier pour positionner le Cameroun comme leader technologique régional, face à un environnement sous-régional encore peu structuré en matière d’IA. Mais sans coordination active avec ses voisins (Congo, Gabon, Tchad), la promesse d’un réseau IA d’Afrique centrale pourrait rester théorique. La stratégie camerounaise d’IA est visionnaire, mais sa réalisation dépendra d’un alignement rare entre volonté politique, financements durables, infrastructures numériques, et capital humain. Si ces conditions sont réunies, le Cameroun pourrait devenir un véritable hub technologique régional. Sinon, la SNIA risque de rester un catalogue d’intentions sans transformation concrète. Noël Ndong

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