Politique & Gouvernance

CEMAC – Les chefs d’État d’Afrique centrale attendus à Bangui : enjeux politiques et économiques au menu

Les six chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sont attendus le 10 septembre 2025 à Bangui, pour la 16ᵉ session ordinaire de leur conférence, dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques régionales, des défis monétaires et un agenda économique sous pression. La rencontre réunira notamment Paul Biya (Cameroun), Denis Sassou Nguesso (Congo), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad), Theodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale) et Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), pays hôte du sommet. Cette réunion s’annonce stratégique pour l’avenir de la zone, notamment en matière de réformes économiques, de mobilité régionale, de sécurité transfrontalière et de la gestion du franc CFA, encore sous tutelle du Trésor français. Un sommet précédé par la session ministérielle de l’UEAC Le 9 septembre, la 43ᵉ session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEAC (Union économique de l’Afrique centrale, bras économique de la CEMAC) préparera les grands dossiers soumis à l’arbitrage des chefs d’État. Parmi eux : l’avancement de la libéralisation du marché intérieur, la mise en œuvre des projets intégrateurs (infrastructures, énergie, numérique), et la restructuration des économies post-COVID. Des attentes fortes, un contexte fragile Alors que plusieurs pays de la CEMAC font face à des transitions politiques sensibles, à des pressions sociales internes et à un affaiblissement des réserves de change, cette session à Bangui pourrait aussi raviver le débat sur la réforme du franc CFA, la mutualisation des moyens de défense et la coopération énergétique régionale. « La stabilité régionale dépendra désormais autant des décisions politiques que de la solidarité économique », estime un diplomate sous-régional basé à Yaoundé.

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Coupes budgétaires américaines : l’Afrique en première ligne face à la réduction des opérations de paix

Les opérations de maintien de la paix des Nations unies, particulièrement actives en Afrique, subissent de plein fouet les coupes budgétaires décidées par l’administration Trump. La semaine dernière, près de 4,9 milliards de dollars d’aide étrangère ont été annulés, dont 800 millions initialement destinés aux missions de paix. Une décision qui inquiète fortement l’ONU, alors que la moitié de ces opérations se déroulent sur le continent africain. Parmi les missions menacées, la Monusco, déployée dans l’est de la République démocratique du Congo, pourrait perdre 4 000 casques bleus, soit un tiers de ses effectifs. Le Soudan du Sud et la Centrafrique sont également concernés. Ces réductions pourraient avoir des conséquences dramatiques sur la protection des civils dans ces zones à haut risque. L’administration américaine justifie sa décision en dénonçant les échecs des missions, des affaires de corruption, ainsi que des abus commis par certains soldats de la paix, notamment en RDC et en Centrafrique. Washington accuse également l’ONU de mauvaise gestion financière, détournant selon elle les fonds destinés à la sécurité. Face à cette crise, l’ONU lance le plan d’austérité « ONU 80 » incluant le gel des embauches, des réductions de dépenses, et la suspension de certaines activités. De plus, la mission de l’Union africaine en Somalie (Aussom), en lutte contre les terroristes d’al-Shebab, reste sans financement solide après le retrait du soutien américain. Alors que les conflits se multiplient sur le continent, cette baisse du financement international pourrait fragiliser davantage des régions déjà instables.

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Remittances : la manne invisible qui redessine l’économie africaine

Les transferts de fonds des diasporas africaines dépassent désormais l’aide publique au développement et l’investissement direct étranger. Et pourtant, leur potentiel structurel reste largement inexploité. Enquête sur un levier économique sous-estimé. 168 milliards de dollars. C’est le montant que pourraient atteindre les transferts de fonds vers l’Afrique d’ici 2043, selon une étude prospective de l’Institut pour les Études de Sécurité (ISS). Si ce scénario se concrétise, il placerait les remittances comme l’un des principaux moteurs du développement économique du continent, loin devant l’aide internationale et parfois même les investissements directs étrangers. Et pourtant, cette manne financière reste encore mal canalisée, peu intégrée aux circuits formels, et surtout politiquement sous-exploitée. Une source de financement stable… mais négligée En 2024, les envois de fonds des diasporas africaines ont atteint un niveau record de 95 milliards de dollars. Ces flux, répartis entre consommation familiale, dépenses de santé, frais scolaires et microprojets économiques, représentent 5,1 % du PIB africain contre 3,6 % en 2010. Dans des pays comme le Kenya, la Gambie, ou encore le Nigeria, les remittances représentent un filet de sécurité sociale parallèle. En Somalie, au Libéria ou au Soudan du Sud, elles atteignent parfois plus de 10 % du PIB, devenant un pilier économique vital dans des contextes d’effondrement étatique ou de dépendance humanitaire. Mais contrairement à l’investissement direct étranger – concentré sur les infrastructures, les matières premières ou les zones urbaines – les transferts de fonds irriguent directement les ménages, en milieu rural comme urbain, et répondent à des besoins quotidiens immédiats. Pourquoi cette puissance financière reste informelle Malgré leur poids économique, près de la moitié des remittances circulent encore en dehors des circuits bancaires formels. En cause : les coûts élevés de transfert (jusqu’à 8 % en moyenne sur le continent), des réseaux financiers peu accessibles, notamment en zones rurales, et une méfiance historique vis-à-vis des institutions bancaires. Les systèmes informels, les hawalas, ou les transferts en espèces persistent, rendant ces flux difficiles à tracer, hors de portée des politiques fiscales, et peu mobilisables pour l’investissement structurant. Fintech, mobile money et ambitions panafricaines Un vent de changement souffle pourtant. Grâce à la montée en puissance des fintech africaines et des services de mobile money, les transferts transfrontaliers deviennent plus rapides, moins chers et plus accessibles. Des plateformes comme M-Pesa, Wave, Chipper Cash ou Eversend redéfinissent les circuits traditionnels. À l’échelle continentale, le système de paiement PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System), soutenu par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), vise à unifier les corridors de transfert, en réduisant la dépendance au dollar et aux systèmes de compensation occidentaux. Mais malgré ces innovations, peu de pays africains ont mis en place une véritable stratégie nationale sur les remittances, au-delà de simples statistiques. Le double défi : canaliser sans contrôler L’enjeu n’est pas seulement technique. Il est politique et géoéconomique. Certaines nations expérimentent des obligations « diaspora », ou des incitations fiscales à l’investissement communautaire, notamment dans l’immobilier ou les PME. D’autres étudient la création de fonds d’épargne transnationaux ou de polices d’assurance adossées aux envois réguliers. Mais la tentation du contrôle étatique, notamment par la fiscalité ou la régulation excessive, pourrait décourager les diasporas. À cela s’ajoute le risque d’exposition aux chocs économiques mondiaux : inflation, récession dans les pays d’accueil (Europe, États-Unis, Golfe), ou instabilité monétaire. La cybersécurité devient également un enjeu critique à mesure que les flux se numérisent. Intra-Afrique : une dynamique méconnue mais en plein essor Fait notable : près de 20 milliards de dollars de transferts intra-africains ont été enregistrés en 2023. Cette évolution traduit l’essor des migrations régionales Sud-Sud, et le rôle croissant des pays comme l’Afrique du Sud, le Gabon ou la Côte d’Ivoire comme nouvelles terres d’accueil de travailleurs ouest et centrafricains. C’est aussi une opportunité : penser la migration africaine non plus comme un problème, mais comme une ressource économique structurante. Transformer l’informel en pouvoir économique Les remittances ne doivent plus être vues comme un « revenu de secours », mais comme un levier stratégique de transformation économique. Pour cela, les États africains doivent : À l’heure où l’aide internationale s’essouffle et où les dettes explosent, les diasporas africaines pourraient bien représenter le capital politique et économique le plus fiable du continent. À condition de leur tendre la main.

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France‑Cameroun : Paris salue Biya, une relation stratégique plus que jamais calibrée

« Paul Biya m’est apparu comme un homme d’État qui tient véritablement les manches du pays », confie Thierry Marchand, au terme d’une audience empreinte de respect et d’enjeu, marquant son engagement à bâtir une relation « adaptée au XXIᵉ siècle ». Un au revoir symbolique, un partenariat recalibré Le 29 août 2025, au Palais de l’Unité, Paul Biya a reçu Thierry Marchand, ambassadeur de France en fin de mission. Cette audience, dense et feutrée, a permis d’esquisser les contours d’un partenariat bilatéral solide, multiforme et empreint de réciprocité. Politique, économique, culturel, sécuritaire : les domaines évoqués témoignent d’une volonté partagée d’asseoir les relations sur de nouveaux piliers. Thierry Marchand souligne qu’il a retrouvé un président conscient, informé et résolu, prêt à se lancer dans une nouvelle campagne présidentielle – une illustration de la posture de stabilité que Paris valorise chez son homologue camerounais. Géopolitique et diplomatie stratégique Cette transition diplomatique s’inscrit dans une reconfiguration du partenariat France–Cameroun, autrefois asymétrique, désormais pensé comme une tresse tissée de lucidité, d’amitié et de coopération adaptative. La visite d’adieu de l’ambassadeur intervient dans un contexte africain où les États ré-évaluent leurs alliances. Le Cameroun, avec sa stabilité relative, sa position stratégique en Afrique centrale, et ses atouts portuaires et sécuritaires, demeure un pilier pour les intérêts français dans la région. Coopération économique et mémoire partagée Marchand incarne aussi cette volonté française de co-construire des initiatives durables : qu’il s’agisse de visa simplifiés pour les alumni camerounais, d’investissements économiques – plus de 200 entreprises françaises opèrent localement-, ou encore du financement par an, à hauteur de 200 millions d’euros, dans le cadre des dispositifs du C2D (Contrat de Désendettement et Développement). Sur le plan mémoriel, la remise du rapport de la commission mixte (historique 1945–1971) constitue un jalon fort, phase décisive de « thérapie collective » selon les mots mêmes de l’ambassadeur. Ces travaux ont été remis à Emmanuel Macron en janvier 2025 dans un effort de transparence et de réconciliation historique. Sécurité, enjeux globaux et diplomatie multiforme L’entretien au Palais d’Étoudi a également permis de s’inscrire dans une actualité mondiale tourmentée : crises sécuritaires en Europe, au Moyen-Orient comme en Afrique ont été évoquées durant 90 minutes d’échanges bilatéraux approfondis. Une dimension qui souligne l’importance stratégique du Cameroun pour la diplomatie française, notamment dans un monde multipolaire et fracturé. Une relation Biya–France marquée par la continuité diplomatique Depuis François Mitterrand jusqu’à Emmanuel Macron, la relation entre la France et Paul Biya s’est articulée autour de la stabilité comme boussole. François Mitterrand le considérait comme un « homme de dialogue » ; Jacques Chirac comme un garant de la francophonie ; Sarkozy fut plus distant, tandis que Emmanuel Macron, depuis 2022, a tenté d’opérer un aggiornamento mémoriel et stratégique. Mais le fond reste inchangé : le soutien français ne vise pas une alternance, mais une transition contrôlée.

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L’Afrique face à sa pire crise alimentaire depuis des décennies

L’Afrique est confrontée à une crise alimentaire d’une ampleur sans précédent. Plus de 282 millions de personnes, soit plus d’un Africain sur cinq, sont aujourd’hui touchées par la faim, selon Gilbert Phiri, coordinateur principal de l’Initiative Faim Zéro pour l’Afrique à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Dans un entretien accordé lundi, l’expert a mis en garde contre une détérioration rapide de la sécurité alimentaire, accentuée par une combinaison de facteurs : chocs climatiques, conflits persistants et instabilité économique. «  L’Afrique est frappée de plein fouet. La sécheresse en Afrique australe, les conflits dans la Corne de l’Afrique et l’inflation généralisée aggravent une situation déjà critique », a-t-il déclaré. Une urgence continentale Les chiffres sont alarmants. En Afrique de l’Ouest et du Centre, 52 millions de personnes seront menacées de faim pendant la période de soudure de 2025, un record historique. En Afrique australe, des pays comme le Zimbabwe, la Zambie, le Malawi ou la Namibie enregistrent jusqu’à 40 % de leur population en insécurité alimentaire aiguë. La Corne de l’Afrique est également en alerte : plus de 69 millions de personnes y sont confrontées à une faim aiguë, selon les données du FSNWG (Groupe de travail sur la sécurité alimentaire et la nutrition). Le Rapport mondial sur les crises alimentaires 2025 confirme que plus de 85 millions de personnes sont affectées dans cette région, incluant le Soudan et le Soudan du Sud. La malnutrition infantile explose Autre indicateur inquiétant : la malnutrition infantile atteint des sommets. Dans plusieurs pays, un enfant sur trois est sous-alimenté. La Somalie affiche les taux les plus élevés, suivie du Tchad, de la Zambie, de l’Ouganda, du Kenya et de la Guinée-Bissau. « Cette situation n’est pas une fatalité. Mais il est urgent d’agir », insiste Gilbert Phiri. Vers des solutions durables Pour la FICR, sortir de cette crise ne pourra pas se faire uniquement par l’aide humanitaire d’urgence. Il faut des investissements structurants : renforcer les systèmes alimentaires locaux, améliorer la résilience climatique, soutenir les communautés rurales, et garantir une meilleure coordination internationale. « Sans une action mondiale rapide et coordonnée, des millions de vies sont en jeu », alerte le coordinateur régional. Alors que la faim progresse, le continent africain est à un tournant décisif. Entre réponses humanitaires et politiques agricoles ambitieuses, l’enjeu est de taille : garantir à long terme la souveraineté alimentaire de l’Afrique.

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Garoua 1914 : le premier revers britannique dans la campagne du Cameroun

« Les Allemands ont tenu. L’assaut britannique, mal préparé, s’est brisé sur les rives de la Bénoué ». C’est en ces termes que les rapports britanniques d’août 1914 résument l’échec de la première tentative alliée de prise de Garoua, un bastion allemand stratégique dans le nord du Cameroun. Un choc oublié dans l’histoire coloniale de la Grande Guerre Le 29 août 1914 marque le début de la Première bataille de Garoua, épisode méconnu mais symbolique de la Campagne du Cameroun – théâtre secondaire de la Première Guerre mondiale, où la rivalité impériale se déplaça jusqu’aux confins de l’Afrique équatoriale. À l’époque, le Kamerun allemand, l’une des possessions coloniales les mieux fortifiées d’Afrique centrale, est dans le viseur des Alliés. Tandis que les troupes françaises progressent depuis le Tchad et le sud du pays, les forces britanniques venues du Nigéria lancent une offensive terrestre contre Garoua, au nord. Objectif : neutraliser un point de commandement allemand vital, verrou de la Bénoué, axe stratégique de communication et de ravitaillement. Un assaut mal engagé, une défense allemande solide Les troupes coloniales britanniques, essentiellement composées de soldats nigérians sous commandement britannique, sous-estiment la défense allemande. La garnison allemande de Garoua, mieux retranchée et aguerrie, repousse l’assaut avec des pertes significatives pour l’assaillant. Ce revers constitue le premier échec majeur des Alliés dans cette campagne. « L’échec de Garoua a rappelé aux puissances coloniales que la conquête du Kamerun serait tout sauf une formalité », note un historien militaire basé à Yaoundé. Un revers tactique, mais une victoire stratégique différée Si la première bataille de Garoua est un échec pour les Alliés, elle ne marque qu’un temps d’arrêt. Deux ans plus tard, en 1916, la campagne du Cameroun s’achève par la capitulation allemande et le démantèlement du Kamerun, partagé entre Français et Britanniques lors du traité de Versailles (1919). La prise définitive de Garoua par les Britanniques en juin 1915, après un blocus et des combats prolongés, scelle le sort du nord camerounais, qui passera sous tutelle britannique (Northern Cameroons). Aujourd’hui, alors que les mémoires de la Grande Guerre en Afrique peinent encore à émerger dans les récits officiels, la bataille de Garoua rappelle combien l’Afrique fut aussi un théâtre d’histoire mondiale.

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Paris-Dakar : la visite de Faye marque la fin d’un cycle et le début d’un nouvel équilibre

« Nous voulons bâtir une relation assainie, fondée sur le respect mutuel, l’écoute et les intérêts partagés », a déclaré le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, à l’issue de son entretien avec Emmanuel Macron, le 27 août 2025 à l’Élysée. Un voyage hautement symbolique dans une relation ancienne La visite d’État du président Faye à Paris s’inscrit dans un contexte à la fois mémoriel et géostratégique. Depuis l’indépendance du Sénégal en 1960, la France a entretenu une relation spéciale, souvent qualifiée de « privilégiée », avec Dakar – autrefois capitale de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Léopold Sédar Senghor, premier président sénégalais, avait misé sur une coopération franco-sénégalaise forte, notamment dans les domaines militaire, éducatif et monétaire. Cette relation, bien que restée stable pendant des décennies, a été régulièrement critiquée pour son asymétrie. La visite du président Faye, premier chef d’État issu d’une alternance radicale et anti-système, intervient alors que le continent africain reconfigure en profondeur ses partenariats extérieurs. Sécurité : la fin d’une présence militaire continue depuis 1960 Le retrait complet des troupes françaises du Sénégal en juillet 2025 met un terme à plus de six décennies de présence militaire permanente. Depuis 2011, seule une coopération résiduelle était maintenue via la base de Ouakam (rebaptisée Camp Dial Diop). Avec la restitution des derniers sites à l’armée sénégalaise, la coopération militaire se recentre sur la formation (cyberdéfense, lutte anti-terroriste), sans présence étrangère permanente. « C’est une souveraineté retrouvée, sans rupture brutale », analyse un diplomate africain à Paris. Dans un contexte de rejet croissant de la présence militaire étrangère en Afrique de l’Ouest, cette approche graduelle distingue le Sénégal de ses voisins sahéliens. Économie : vers un partenariat rééquilibré La France reste un partenaire majeur : plus de 450 entreprises françaises sont actives au Sénégal, représentant près de 12 % des importations du pays et 17 % des IDE (investissements directs étrangers). Le président Faye a rencontré le patronat français au MEDEF pour plaider un nouveau modèle de partenariat, tourné vers la jeunesse, la technologie et la souveraineté productive. L’ambition est claire : réorienter la coopération économique vers l’investissement productif, les infrastructures durables, les énergies renouvelables, l’économie numérique et la formation qualifiante. Mémoire : le dossier Thiaroye comme test de sincérité La visite a aussi remis sur la table la question du massacre de Thiaroye (1944), au cours duquel plusieurs dizaines de tirailleurs sénégalais furent abattus par l’armée française après avoir réclamé leur solde. Le président Faye a réitéré sa demande de reconnaissance officielle et de déclassification des archives. Ce geste serait, selon lui, « une étape nécessaire pour tourner la page de la relation postcoloniale ». Vers un nouveau pacte franco-sénégalais ? La visite de Bassirou Diomaye Faye pourrait bien marquer un tournant historique dans les relations entre Paris et Dakar. Moins idéologique que celle du Mali ou du Burkina Faso, plus structurée que celle du Niger, la diplomatie sénégalaise actuelle veut s’affirmer souveraine sans être hostile, coopérative sans être dépendante.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : la bataille du Nord, terrain décisif d’une élection sous tension

« Le Nord, c’est plus qu’un enjeu électoral : c’est le thermomètre de la stabilité politique au Cameroun », confie un diplomate en poste à Yaoundé. À moins de deux mois de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre, la région septentrionale du Cameroun cristallise toutes les attentions. En toile de fond : un rapport de force stratégique entre les figures politiques historiques, les poids lourds du régime et des ambitions régionales renouvelées. Une mobilisation avant l’heure Maroua, chef-lieu de l’Extrême-Nord, bruisse déjà du tumulte préélectoral. Officiellement, ce n’était qu’une « visite de travail économique ». Officieusement, l’escale très politique du ministre des Finances Louis-Paul Motaze, accompagné d’une imposante délégation gouvernementale, a marqué le lancement informel de la campagne du président sortant Paul Biya. Le chef de l’État n’a pas encore révélé ses intentions pour cette élection, mais son parti, le RDPC, occupe déjà le terrain avec méthode. Le Nord, une région convoitée et stratégique Le septentrion (Adamaoua, Nord, Extrême-Nord) représente plus de 35 % du corps électoral camerounais – un poids démographique déterminant. Historiquement acquis au RDPC, le Nord est devenu un espace de recomposition politique. Le retour d’Issa Tchiroma Bakary, ex-ministre et figure charismatique de Garoua, tout comme la tournée de Bello Bouba Maïgari (UNDP), confirment un changement de tempo. « Si le RDPC échoue à verrouiller le Nord, c’est toute la structure de son pouvoir qui s’effondre », analyse un chercheur en géopolitique basé à Douala. Sécurité, développement : les failles d’un bastion Malgré cette agitation politique, le septentrion demeure confronté à d’importants défis : Une Insécurité persistante due aux incursions de Boko Haram à la frontière nigériane ; la Faiblesse des infrastructures, accentuée par les inondations saisonnières ; la Pauvreté chronique, avec un taux de pauvreté estimé à plus de 65 % dans certaines zones rurales. Ces facteurs nourrissent une frustration grandissante, que les opposants espèrent canaliser en capital politique. « Le septentrion n’est pas qu’un grenier électoral, c’est un espace à reconquérir socialement et économiquement », affirme un analyste local. Perspectives Dans un contexte de vieillissement du leadership national, la présidentielle de 2025 pourrait signer l’amorce d’un tournant générationnel. En coulisses, la communauté internationale reste vigilante : UE, États-Unis, Union africaine surveillent l’évolution du climat préélectoral, tandis que les partenaires économiques chinois et français scrutent la stabilité du pays, pilier sous-régional en Afrique centrale. L’enjeu dépasse donc le seul verdict des urnes : il s’agit de la gestion d’une succession sous haute tension, dans un pays à la fois fragile et central pour l’équilibre régional.

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Classement de Shanghai 2025 : l’Afrique décroche du Top 1000

Avec seulement 17 universités classées contre 20 l’an passé, le continent enregistre un recul inquiétant qui reflète ses fragilités chroniques en matière de recherche, de financement et de gouvernance universitaire. Le classement 2025 de Shanghai Ranking, l’un des plus influents au monde dans le domaine universitaire, confirme une tendance inquiétante : l’Afrique peine à s’imposer dans l’élite académique mondiale. Cette année, seulement 17 universités africaines apparaissent dans le Top 1000, contre 20 en 2024. Une contre-performance significative, dans un contexte mondial où la compétition pour l’excellence académique s’intensifie. Un classement dominé par l’Occident Comme chaque année, les premières places sont largement trustées par les universités anglo-saxonnes : Harvard, Stanford, MIT, Cambridge ou encore Berkeley dominent le haut du tableau. Sur les 20 premières institutions mondiales, 16 sont américaines, 2 britanniques, 1 française (Paris-Saclay) et 1 chinoise (Tsinghua). Le Shanghai Ranking repose sur des critères strictement axés sur la performance scientifique et académique : nombre de Prix Nobel, médailles Fields, chercheurs les plus cités, publications dans Nature et Science, ou encore impact des publications indexées. Ces indicateurs favorisent les établissements disposant d’un écosystème de recherche robuste et financé, ce qui creuse l’écart entre les grandes puissances universitaires et les pays en développement. Afrique : une performance concentrée et inégale Sur les 17 universités africaines présentes dans le classement : Deux pays concentrent donc plus de 80 % des universités africaines classées. Le reste du continent, y compris des poids lourds démographiques comme le Nigeria, le Kenya ou la RDC, est absent du classement, révélant une fracture dans l’investissement et les politiques de l’enseignement supérieur. Les mieux classées sont sud-africaines : Côté égyptien, Cairo University arrive en tête, dans la tranche 401-500, suivie d’Alexandria University et Ain Shams University. Les autres institutions africaines présentes : Un recul inquiétant Trois universités africaines sortent du classement cette année : Ce retrait souligne le manque de continuité et la fragilité des politiques de recherche sur le continent. Une dynamique à reconstruire Le recul africain s’explique par plusieurs facteurs structurels : À titre de comparaison, des pays comme la Chine, l’Inde ou la Corée du Sud, grâce à une stratégie nationale d’excellence académique, voient leur nombre d’universités classées progresser chaque année. Recommandations pour un sursaut africain Pour espérer remonter dans les classements mondiaux, les pays africains doivent : Le Shanghai Ranking 2025 agit ici comme un miroir sévère, révélant à la fois les retards du continent et le potentiel encore inexploité de son capital humain. Pour transformer la formation supérieure en levier de développement, l’Afrique devra investir massivement dans l’excellence scientifique – et rompre avec le cycle de sous-performance.

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Accusations russes : l’Ukraine au cœur d’un théâtre d’ombres au Sahel et en Afrique centrale ?

Moscou lance une nouvelle offensive diplomatique : la Russie affirme avoir identifié une présence structurée d’instructeurs ukrainiens de drones dans plusieurs zones sensibles du continent africain, notamment au Sahel et en Afrique centrale. Ces allégations, relayées par l’agence TASS, imputent à Kiev un rôle actif dans des opérations paramilitaires clandestines, en soutien à des groupes armés qualifiés de terroristes. Ce que dit Moscou Selon Alexander Ivanov, directeur du Syndicat des officiers pour la sécurité internationale, une organisation proche du Kremlin : « Des instructeurs ukrainiens opèrent au Mali, au Soudan, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Tchad. Ils fournissent des drones – notamment des Mavic 3 modifiés – aux groupes armés et coordonnent des attaques contre les forces gouvernementales ». Alexander Ivanov affirme également que des livraisons clandestines ont été identifiées vers le Burkina Faso, la Somalie et la Libye, et accuse Kiev d’avoir équipé le groupe islamiste ADF (Forces démocratiques alliées) pour alimenter l’instabilité entre la RDC et le Rwanda. « Une attaque serait planifiée contre la RDC depuis un territoire sous contrôle ougandais afin d’en accuser Kampala », a-t-il ajouté. Décryptage géopolitique et sécuritaire Ces accusations, non vérifiées à ce stade par des sources indépendantes, s’inscrivent dans un contexte de recomposition stratégique en Afrique : Intérêts économiques et enjeux stratégiques Chiffres clés & points chauds Pays cité Allégation russe Acteurs impliqués Enjeu géostratégique Mali Formation de groupes terroristes par Kiev Ukrainiens, groupes armés locaux Zone d’influence post-française RDC Soutien à l’ADF Ukraine, ADF Frontière RDC-Rwanda, minerais RCA Appui à milices hostiles au pouvoir Kiev vs alliés russes (FACA/Wagner) Terrain stratégique russe Soudan Drones à factions rebelles Conflit civil complexe Accès à la mer Rouge Tchad Formation clandestine Instabilité régionale Position clé dans le Sahel Intelligence stratégique et guerre de l’information Les propos d’Ivanov s’inscrivent dans une offensive narrative russe, visant à : Silence de Kiev, prudence des analystes Au moment de la publication, aucune réaction officielle ukrainienne n’a été enregistrée. Des observateurs estiment cependant que ces accusations pourraient aussi servir à préparer une campagne diplomatique russe au prochain sommet Russie-Afrique. Un échiquier qui s’élargit L’Afrique devient un nouvel espace de confrontation indirecte entre puissances belligérantes d’Europe de l’Est. L’intrusion supposée de l’Ukraine dans les affaires sécuritaires du Sahel pourrait, si elle était confirmée, modifier durablement les équilibres politiques et militaires en Afrique subsaharienne. Pour l’instant, la prudence reste de mise : la guerre de l’information bat son plein, les faits restent à établir, mais les signaux d’un nouvel arc de tension géostratégique sont bien là.

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