Politique & Gouvernance

Sénégal : Bassirou Diomaye Faye invité du Medef à Paris

Le président sénégalais prendra la parole devant le patronat français les 27 et 28 août. Le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, est attendu à Paris les 27 et 28 août pour intervenir lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), organisée par le Mouvement des entreprises de France (Medef), qui fédère les principales organisations patronales françaises. La participation de Bassirou Diomaye Faye intervient à la suite de son déplacement au Japon, où il a assisté à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad). Selon Africa Intelligence, le président sénégalais précédera à Paris le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, attendu le 23 septembre pour le forum d’affaires BIG, organisé par Bpifrance à l’Accor Arena. En marge de ce rendez-vous, un entretien bilatéral est prévu entre Ousmane Sonko et François Bayrou. Quelques jours plus tard, le 26 septembre, Business France consacrera un forum d’affaires exclusivement au Sénégal, qui se tiendra au palais du Luxembourg, siège du Sénat français. Ces invitations successives témoignent de l’importance accordée par les acteurs économiques français aux nouvelles orientations politiques et économiques du Sénégal. Elles s’inscrivent dans une séquence où Dakar cherche à diversifier ses partenariats tout en consolidant son attractivité auprès des investisseurs internationaux. Contexte bilatéral : des relations mouvementées En parallèle de ces rapprochements, le Sénégal a vécu ces derniers mois des tensions marquées avec la France, notamment autour de figures politiques comme Ousmane Sonko et du retrait militaire français du territoire. Le Premier ministre Ousmane Sonko n’a jamais caché son hostilité à l’égard de la présence française au Sénégal. Il l’a qualifiée d’« incompatible avec la souveraineté » du pays, tout en soutenant que cela ne remettait pas en cause les accords de défense existants. En décembre 2024, il a annoncé la fermeture de toutes les bases militaires étrangères, visant implicitement celles de la France. Quelques mois plus tard, il a affirmé que cette décision était pleinement décidée par le Sénégal, sans suggestion française. La France a mis fin à sa présence militaire permanente au Sénégal le 17 juillet 2025, marquant la restitution officielle de ses dernières installations, après plus de six décennies d’une présence militaire continue. Cela fait suite à une demande formelle du président Faye dès novembre 2024, estimant que « la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases étrangères ». Le dossier du massacre de Thiaroye, survenu en décembre 1944, continue de peser sur les relations bilatérales. Ousmane Sonko a réclamé l’ouverture complète des archives françaises sur cet épisode meurtrier – où des tirailleurs sénégalais furent réprimés pour avoir réclamé leurs droits de démobilisation – estimant que la France ne peut fixer unilatéralement le nombre des victimes.

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Présidentielle 2025/ Cameroun : le Groupe de Foumban plaide pour une opposition unie, sans imposer l’unité

Alors que la présidentielle de 2025 se profile à l’horizon au Cameroun, le « Groupe de Foumban » émerge comme une dynamique nouvelle au sein de l’opposition. Porté notamment par des figures comme Jean Moïse Mbog, militant du Front du salut national pour le Cameroun (FSNC), ce groupe affirme ne pas viser une coalition partisane classique, mais plutôt une union stratégique de l’opposition, fondée sur une éthique de non-agression et de responsabilité politique. Sur le plateau de l’émission « Grand Débat » de Cam 10 Télévision, Jean Moïse Mbog a précisé les contours du projet : « Il ne s’agit pas d’une coalition. C’est un appel à l’unité de l’opposition dans l’attitude et le discours. Le problème du Cameroun, c’est le RDPC. Il ne faut pas se tromper d’adversaire ». Cette sortie intervient après certaines tensions entre partis d’opposition, notamment avec le PURS et le SDF, qui ont suscité de vives réactions au sein même du groupe. Pourtant, un communiqué publié à l’issue des travaux de Foumban et Yaoundé (8–10 juin 2025) faisait bel et bien référence à une « candidature consensuelle », qui semble aujourd’hui reléguée au second plan. Malgré les divergences d’interprétation, les membres du groupe assurent qu’ils poursuivent les consultations avec d’autres leaders politiques, dans un esprit d’ouverture. L’avenir dira si cette stratégie portera ses fruits. Analyse politique et géopolitique 1. Une opposition fragmentée mais en éveil Le groupe de Foumban témoigne d’une prise de conscience progressive au sein de l’opposition camerounaise : face à un pouvoir centralisé et solidement enraciné depuis plus de quatre décennies, la division est contre-productive. La démarche vise à neutraliser les dynamiques centrifuges (disputes internes, rivalités de leadership, tribalisme politique) qui affaiblissent toute alternative crédible au régime du RDPC. 2. Le paradoxe de l’unité sans fusion L’ambiguïté du message est palpable : d’un côté, le discours de non-agression semble prôner une unité morale ou tactique de l’opposition, sans contrainte organisationnelle ; de l’autre, les textes issus des réunions de juin 2025 mentionnent clairement une volonté de candidature consensuelle – une notion plus exigeante, pouvant aboutir à une candidature unique, ce qui nécessiterait des compromis importants. Ce flou stratégique pourrait être à double tranchant : 3. Le RDPC : ciment paradoxal de l’opposition L’idée que « le problème du Cameroun, c’est le RDPC » agit comme force centripète : elle pousse les opposants à se regarder en alliés potentiels, au nom d’un adversaire commun. Mais elle risque aussi d’être trop réductrice. Sans proposition alternative claire et concertée, la critique du régime peut sembler creuse. 4. Enjeux géopolitiques internes Le choix du nom « Groupe de Foumban » est symbolique : Foumban est historiquement associé à la conférence constitutionnelle de 1961 qui a scellé la réunification du Cameroun. En se réclamant de cet héritage, le groupe vise à incarner une légitimité nationale et historique. C’est aussi une réponse implicite aux accusations récurrentes de régionalisme ou de tribalisation de l’opposition. Perspectives, forces et handicaps 1. Forces (Centripètes) 2.Handicaps (Centrifuges) Le Groupe de Foumban représente une tentative originale de reconfiguration de l’espace politique oppositionnel camerounais, non pas par la fusion, mais par la cohésion minimale. Dans un contexte où la démocratie reste verrouillée et la participation politique minée par la défiance, cette initiative peut créer une dynamique positive – à condition qu’elle gagne en clarté, en inclusion et en organisation. D’ici l’échéance de 2025, l’enjeu sera de savoir si cette convergence peut aboutir à un leadership crédible, partagé, et stratégiquement efficace, ou si elle retombera dans les travers bien connus de la division.

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RDC : Joseph Kabila accusé de trahison, Kinshasa frappe fort

Dans une séquence judiciaire inédite à l’échelle du continent, la République démocratique du Congo (RDC) a franchi un seuil historique. La RDC a requis la peine de mort à l’encontre de l’ancien président Joseph Kabila, 53 ans, jugé par contumace pour « crimes de guerre », « trahison » et « organisation d’un mouvement insurrectionnel ». Un événement aux répercussions potentiellement majeures sur la stabilité politique, la sécurité régionale et les équilibres diplomatiques en Afrique centrale. Une accusation d’État : M23, AFC et coup d’État présumé Devant la Haute Cour militaire de Kinshasa, le général Lucien René Likulia, représentant du ministère public, a dressé un acte d’accusation d’une rare sévérité : « Joseph Kabila, en intelligence avec le Rwanda, a cherché à renverser par les armes le régime constitutionnel », a-t-il déclaré, affirmant que l’ex-président est l’un des initiateurs de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), branche politique du groupe armé M23. Ce mouvement, soutenu par Kigali selon de multiples rapports de l’ONU et de la CIRGL, contrôle aujourd’hui Goma, Bukavu et d’importantes portions du Nord-Kivu et Sud-Kivu – zones stratégiques aux sous-sols riches en coltan, or et terres rares. Pour Kinshasa, la complicité de Kabila aurait permis « l’infiltration militaire et institutionnelle » de la RDC. La résurgence de la peine de mort, levier juridique et politique Le moratoire sur l’exécution capitale, en vigueur depuis 2003, a été levé en 2024 dans un contexte d’exacerbation sécuritaire. S’il n’a pas encore été appliqué, la menace juridique agit comme un instrument de dissuasion politique, notamment à l’encontre d’élites soupçonnées de collusion avec des groupes rebelles. Le parquet requiert également 20 ans de prison pour « apologie de crimes de guerre », 15 ans pour « complot », en plus de lourdes compensations financières exigées par les provinces parties civiles. Réactions en chaîne : risques de polarisation et de fragmentation Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation politique de Joseph Kabila, dénonce une manœuvre : « C’est un procès politique, le régime cherche à dissimuler son échec diplomatique et militaire », a réagi Ferdinand Kambere, son secrétaire général adjoint. Pour l’opposition, cette procédure viserait à neutraliser un acteur politique toujours influent, alors que les élections de 2026 s’approchent. En toile de fond, ce procès intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Kinshasa et Kigali, mais aussi de rivalités entre les blocs régionaux : la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), où le Rwanda joue un rôle-clé, et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), dont la RDC est membre. Décryptage géopolitique : entre guerre hybride et compétition économique Au-delà du volet judiciaire, ce procès traduit une mutation des modes de confrontation en RDC : guerre hybride mêlant armes, narratif politique, cyber-influence et exploitation des ressources. Selon plusieurs analystes, l’ombre portée du M23 s’inscrit dans une logique de captation des ressources stratégiques : 70 % du coltan mondial est exploité en RDC, dont une grande partie transite via le Rwanda. Pour l’expert en intelligence économique Jean-Louis Atangana, « cette affaire révèle l’usage d’acteurs politiques comme leviers d’instabilité géoéconomique dans la région des Grands Lacs ». Un tournant pour l’Afrique des Grands Lacs ? L’issue de ce procès pourrait redéfinir les équilibres internes à la RDC comme les rapports de force régionaux. Si la peine capitale était confirmée, elle constituerait une première dans l’histoire moderne africaine contre un ancien chef d’État, avec des répercussions imprévisibles en matière de stabilité démocratique, sécurité frontalière et investissements internationaux. En jeu : l’intégrité territoriale de la RDC, la survie du régime Tshisekedi, et l’avenir de la gouvernance sécuritaire en Afrique centrale. « La justice ne doit pas devenir l’arme de la revanche politique. Mais ignorer les crimes compromettrait à jamais la paix », tranche une source diplomatique occidentale à Kinshasa.

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Cameroun : le rejet de la requête déclarant Paul Biya inéligible

Alors que la présidentielle du 12 octobre approche, le Conseil constitutionnel camerounais a rejeté la requête déposée par Me Akere Muna, candidat déclaré, visant à faire constater l’inéligibilité du président sortant Paul Biya. Ce dernier, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat. Si la décision n’est pas surprenante au regard du cadre juridique actuel, elle soulève des interrogations sur l’état du droit électoral, le fonctionnement institutionnel et la perception de l’équité démocratique au Cameroun. Une requête politiquement audacieuse mais juridiquement fragile Dans son recours, Akere Muna invoquait l’inaptitude présumée de Paul Biya à gouverner, soulignant son âge avancé et sa faible visibilité publique. Il faisait notamment appel à l’article 118 du code électoral, qui prévoit qu’un candidat peut être déclaré inéligible s’il se trouve sous l’influence ou la dépendance d’un tiers ou d’une puissance étrangère. Mais le Conseil constitutionnel a estimé que les éléments apportés ne constituaient pas une preuve suffisante d’une telle dépendance. Aucun certificat médical, ni élément factuel concret ne permettait d’établir un empêchement juridique à la candidature du président sortant. Juridiquement, la Constitution camerounaise ne prévoit ni limite d’âge ni évaluation médicale obligatoire pour les candidats à la présidence. Le cadre légal laisse donc peu de marge pour une exclusion sur la base de l’âge ou de la capacité physique, à moins d’une procédure médicale officielle – qui reste absente du droit en vigueur. Une décision conforme à la loi, mais pas sans débats Le rejet de la requête est cohérent avec les textes en vigueur, mais il illustre aussi les limites du système électoral camerounais, où le droit reste peu adapté aux préoccupations modernes sur la gouvernance, la transparence et la responsabilité. Selon plusieurs observateurs, le recours d’Akere Muna visait surtout à ouvrir un débat public sur la légitimité démocratique du pouvoir en place. Dans ce sens, même rejetée, sa démarche a permis de ramener sur le devant de la scène des questions essentielles : l’alternance, la vitalité institutionnelle, l’état de santé des dirigeants, ou encore l’aptitude des juges constitutionnels à exercer leur mission de manière indépendante. Pour certains juristes, la décision du Conseil reflète la prédominance du formalisme juridique sur les considérations d’intérêt public, tandis que d’autres soulignent le risque de dérive si l’on permettait des exclusions de candidature sur des critères subjectifs ou politiques. Entre statu quo institutionnel et expression d’un malaise politique Cette affaire révèle surtout un clivage profond entre la légalité et la légitimité, entre un système qui fonctionne selon les règles établies, et une opinion publique qui aspire à plus de transparence, de renouvellement et de contrôle démocratique. L’âge de Paul Biya, son style de gouvernance très discret, et l’absence apparente de préparation à la succession renforceraient l’idée d’un pouvoir verrouillé, peu perméable à la critique, selon certains. D’un autre côté, ses partisans insistent sur la stabilité politique qu’il incarne, sur son droit à se présenter comme tout citoyen, et sur le rôle du peuple souverain dans le choix de ses dirigeants – à travers les urnes, non les tribunaux. Un moment révélateur à quelques semaines d’un scrutin crucial Le rejet de la requête d’Akere Muna ne constitue pas un événement juridique exceptionnel, mais il marque un moment politique significatif dans une élection aux enjeux élevés. Il interroge la place des institutions dans la régulation du pouvoir, la capacité de l’opposition à se faire entendre, et l’état général du débat démocratique dans un pays où l’alternance n’a jamais été vécue au sommet de l’État. La présidentielle de 2025 s’annonce comme un test pour la crédibilité du processus électoral, autant que pour la résilience d’un système en proie aux critiques mais toujours solidement ancré. La controverse reste la seule façon pour l’opposition de rester visible  – même si cela ne modifie pas l’issue judiciaire.

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Boko Haram/Cameroun : une coopération régionale permet la libération de dix enfants

Une opération conjointe menée par les forces du Cameroun, du Nigeria et du Tchad a permis la libération de dix enfants enlevés par des éléments présumés de Boko Haram dans l’Extrême-Nord camerounais. Un adolescent n’a pas survécu à la captivité. Une semaine après leur enlèvement, dix enfants camerounais ont été libérés ce jeudi dans la région de l’Extrême-Nord, à la suite d’une opération conjointe menée par les forces armées et de sécurité du Cameroun, du Nigeria et du Tchad, appuyées par la Force multinationale mixte (FMM). Selon le gouverneur de la région, les enfants avaient été kidnappés le 13 août alors qu’ils se trouvaient à bord d’un bus assurant la liaison entre Kousseri et Maroua, sur la route nationale N°1. L’attaque a été attribuée à des membres présumés de Boko Haram, un groupe islamiste actif depuis plus d’une décennie autour du bassin du lac Tchad. Les enfants ont été retrouvés vivants à environ vingt kilomètres de la frontière nigériane, mais un adolescent enlevé au même moment a malheureusement été tué par les ravisseurs, ont précisé les autorités locales. Une coordination régionale en progrès Cette libération marque un succès important pour la coopération régionale contre Boko Haram. La Force multinationale mixte, qui regroupe les armées du Cameroun, du Nigeria, du Tchad et du Niger, a renforcé ses opérations transfrontalières dans les zones reculées du lac Tchad, où le groupe djihadiste reste actif malgré des revers militaires répétés. L’efficacité de cette dernière opération met en lumière la montée en puissance des mécanismes de coordination entre les forces armées des trois pays directement concernés, dans une région où les frontières poreuses facilitent les mouvements des groupes armés. L’Extrême-Nord toujours sous pression Depuis 2014, la région de l’Extrême-Nord du Cameroun reste l’un des points chauds du conflit contre Boko Haram, avec des centaines d’attaques, de kidnappings et de déplacements forcés. Bien que l’activité du groupe ait diminué par rapport à son pic, il conserve une capacité de nuisance importante, notamment via des cellules locales opérant de manière mobile. Les enlèvements d’enfants et de civils restent une stratégie de terreur utilisée pour obtenir rançons, recruter de force ou déstabiliser les communautés locales. Une dynamique à maintenir La récente opération de libération montre que la réponse militaire régionale peut porter ses fruits lorsqu’elle est rapide, coordonnée et appuyée par des échanges d’information efficaces. Mais les analystes sécuritaires soulignent que la seule dimension militaire ne suffira pas à éradiquer durablement l’insurrection islamiste. La stabilisation de la région exige aussi des programmes de développement, de réinsertion des ex-combattants et de renforcement de l’État dans les zones rurales marginalisées où Boko Haram recrute. La libération des enfants est un motif de soulagement, mais elle rappelle aussi la fragilité persistante des zones frontalières du bassin du lac Tchad. La consolidation des acquis sécuritaires passera par une approche régionale intégrée, mêlant sécurité, développement et résilience communautaire. Lutte contre Boko Haram : Chronologie synthétique opérations régionales 🔹 2015 – Création de la Force multinationale mixte (FMM) 🔹 2015 – Opération « Lafiya Dole » (Nigeria) 🔹 2016 – Offensive conjointe Nigéria–Cameroun–Tchad 🔹 2017 – Début des opérations transfrontalières coordonnées 🔹 2020 – « Colère de Bohoma » (Tchad) 🔹 2021 – Mort d’Abubakar Shekau 🔹 2022 – Reprise des opérations dans les zones insulaires du lac Tchad 🔹 2023 – Offensive autour de Kukawa (Nigeria) 🔹 Août 2024 – Opération transfrontalière « Shara » 🔹Août 2025 – Libération de dix enfants au Cameroun

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Afrique-Qatar : une offensive à 300 milliards pour redessiner les alliances stratégiques

Doha déploie ses ambitions sur le continent africain avec une tournée diplomatique et économique sans précédent. Cheikh Al Mansour Bin Jabor Bin Jassim Al Thani, envoyé spécial de l’émir, propose des investissements massifs dans dix pays, avec à la clé une redistribution des cartes géopolitiques, économiques et sécuritaires. Le Qatar change de dimension en Afrique. Si l’émirat du Golfe a longtemps cmlultivé un rôle de médiateur discret sur le continent, il franchit aujourd’hui un cap stratégique avec une promesse d’investissements colossaux : 300 milliards de dollars, dont une large partie sera dirigée vers l’Afrique à travers le conglomérat Al-Mansour Holding. À sa tête : Cheikh Al Mansour Bin Jabor Bin Jassim Al Thani, cousin de l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani, homme de confiance et stratège de cette nouvelle « diplomatie d’influence ». Une tournée historique et ciblée Lancée le 13 août 2025, la tournée diplomatique et économique de Cheikh Al Mansour traverse dix pays stratégiques d’Afrique centrale, australe et orientale : RDC, Zambie, Tanzanie, Angola, Botswana, Burundi, Gabon, Mozambique, Zimbabwe et Centrafrique. Ces États ont en commun une richesse en ressources critiques (cobalt, cuivre, lithium, pétrole, gaz, terres rares) essentielles à la transition énergétique mondiale. « Notre objectif est clair : bâtir des ponts durables entre Doha et l’Afrique sur la base d’un partenariat mutuellement bénéfique », a déclaré Cheikh Al Mansour lors de son escale à Lusaka. Des chiffres qui marquent Dans tous les pays visités, les promesses incluent le transfert de compétences, la création d’emplois locaux et le développement de synergies logistiques avec Qatar Airways ou d’infrastructures aéroportuaires, sur le modèle du partenariat avec le Rwanda. Une triangulation d’influences Si cette initiative économique semble purement commerciale, elle s’inscrit dans un jeu géopolitique et sécuritaire plus large, où Doha cherche à prendre une place que la Chine, les États-Unis, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite convoitent aussi. Le Qatar s’appuie ici sur une double approche : Selon un analyste du Geopolitical Futures Forum, « le Qatar s’inscrit dans une stratégie d’influence structurelle, là où les autres acteurs se positionnent souvent dans l’urgence ou la captation rapide des ressources ». Rivalités dans le Golfe et nouvelles routes de la puissance En arrière-plan, cette offensive économique reflète les tensions entre monarchies du Golfe, notamment avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, déjà très actives en Afrique. Le Qatar, conscient de la finitude de ses ressources fossiles, accélère sa diversification et tente de créer des dépendances croisées durables sur un continent encore sous-capitalisé mais riche en ressources. Doha ne cache plus son ambition : devenir un acteur mondial de premier plan en combinant puissance financière, diplomatie d’influence et stratégie d’alliances durables. Vers un « moment Qatar » en Afrique ? Cette tournée historique pourrait bien marquer le début d’un réalignement des puissances économiques en Afrique. Le Qatar, petit par sa taille mais ambitieux dans sa vision, entend durablement ancrer son empreinte sur un continent stratégique. Si les promesses se traduisent en projets concrets, Doha pourrait devenir un partenaire incontournable de l’Afrique post-Covid et post-pétrole, en rupture avec les logiques extractivistes classiques.

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Ruptures avec le FMI : révélateur multidimensionnel des vulnérabilités africaines

La liste publiée le 12 août 2025 par le FMI sur les retards prolongés dans les consultations au titre de l’article IV expose bien plus qu’un simple non-respect de procédures. Elle révèle des fragilités systémiques, où la gouvernance économique, la stabilité politique, la sécurité nationale et les dynamiques géopolitiques s’entrecroisent. Cinq pays africains – Soudan, Érythrée, Tunisie, Libéria et Sénégal – y figurent. Leur exclusion de fait du circuit de financement multilatéral illustre une crise de confiance aux conséquences profondes. Sur le plan géopolitique, la rupture du dialogue avec le FMI reflète souvent une marginalisation diplomatique. L’Érythrée, coupée de tout processus d’évaluation depuis 2019, s’est installée dans une posture de repli stratégique. Le Soudan, englué dans une guerre civile depuis 2020, voit sa désintégration sécuritaire se traduire par une paralysie institutionnelle complète. Dans ces cas, l’absence de sécurité nationale devient un obstacle structurel au dialogue international. La dimension géoéconomique est tout aussi centrale. Le Sénégal, pourtant présenté comme un modèle de stabilité jusqu’en 2023, illustre la fragilité des architectures financières africaines : la découverte de dettes cachées (7 milliards USD) a suffi à suspendre les programmes du FMI, témoignant de l’impact de la transparence budgétaire sur la crédibilité financière. Le Liberia, quant à lui, montre que les transitions politiques peuvent momentanément désorganiser l’appareil administratif sans nécessairement compromettre la reprise du dialogue, à condition de restaurer rapidement la stabilité post-électorale. Cette situation prend une résonance particulière en Afrique centrale, région souvent sous-analy­sée dans les discussions sur les retards Article IV, mais exposée à des fragilités comparables. Si aucun pays d’Afrique centrale ne figure actuellement sur la liste du FMI, plusieurs – comme la Centrafrique, le Tchad ou le Congo – restent classés à risque élevé d’endettement, exposés aux chocs sécuritaires (groupes armés, instabilité frontalière) et dépendants des matières premières. Dans cette région, le risque n’est pas uniquement économique, mais aussi sécuritaire : le sous-investissement dans la gouvernance budgétaire alimente des tensions sociales, qui elles-mêmes nourrissent l’instabilité. Sur le plan diplomatique, la sortie récente de pays comme l’Égypte ou l’Éthiopie confirme que le rétablissement du dialogue avec le FMI est possible. Leur retour traduit une volonté politique claire, mais aussi une mobilisation de leviers stratégiques : ancrage dans des programmes d’assistance technique, apaisement des tensions internes, ou renforcement du partenariat avec d’autres bailleurs (Banque africaine de développement, Chine, etc.). En somme, la liste du FMI agit comme un thermomètre des équilibres nationaux. Elle confirme que les retards dans les consultations ne sont pas des anomalies administratives, mais des symptômes d’un désordre plus large. Dans ce contexte, l’Afrique centrale doit tirer les leçons de ses voisins : renforcer ses capacités institutionnelles, professionnaliser la gestion de la dette, et intégrer les enjeux de sécurité au cœur des stratégies de développement. Car sans stabilité sécuritaire ni transparence budgétaire, l’accès aux financements internationaux – et donc aux leviers de transformation – restera hors de portée.

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Etoudi -12 octobre 2025 (Cameroun) : Paul Biya jour l’unité comme arme électorale

À deux mois du scrutin, le président mise sur le discours d’unité pour consolider son image d’homme d’ordre face à des fractures sociales et sécuritaires persistantes. Alors que le Cameroun s’apprête à vivre une nouvelle échéance électorale, le président Paul Biya recentre son discours sur des valeurs consensuelles : paix, concorde, cohésion nationale. « Nous devons en tout temps chérir la paix et rechercher la concorde », a-t-il déclaré dans un message à forte portée politique, rappelant les fondements de son projet de société fondé sur le « vivre-ensemble ». Ce message n’est pas anodin. Il intervient dans un climat de fragilisation sécuritaire (notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, toujours en proie à une insurrection séparatiste), de tensions communautaires latentes dans le septentrion, et de polarisation numérique croissante, les réseaux sociaux étant devenus un terrain de confrontation idéologique entre partisans du pouvoir et de l’opposition. En plaçant la paix au centre du débat, Paul Biya adopte une posture de garant de la stabilité, une stratégie bien rodée qui vise à disqualifier toute alternative politique perçue comme potentiellement déstabilisatrice. Ce positionnement sert aussi à rassurer les partenaires internationaux et les investisseurs étrangers inquiets de l’évolution de la situation sécuritaire et institutionnelle du pays. Sur le plan géopolitique, cet appel peut être lu comme un signal à l’endroit des observateurs africains et internationaux : le Cameroun reste, malgré ses tensions internes, un pôle d’équilibre dans une Afrique centrale en recomposition (RCA, Tchad, Gabon), et un acteur-clé dans la lutte contre Boko Haram et les flux migratoires transfrontaliers. À l’approche de la présidentielle, ce retour aux fondamentaux du régime biyaïste – paix, unité, stabilité – illustre la prédominance d’une communication politique de préservation, face à des revendications de plus en plus fortes pour une alternance démocratique et un renouvellement générationnel. Ce message d’appel à la concorde, loin d’être neutre, s’inscrit dans une stratégie électorale maîtrisée. Mais à l’heure où la jeunesse urbaine se politise, où la diaspora devient un acteur de plus en plus vocal, et où les fractures internes demeurent vives, la paix ne peut plus être simplement invoquée : elle doit être concrètement négociée, redistribuée et institutionnalisée. C’est le véritable défi de cette présidentielle.

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Tchad : l’arrestation du fils présumé du fondateur de Boko Haram, entre défi sécuritaire et recomposition régionale

Une opération antiterroriste relance les enjeux de coopération régionale, de stabilité économique et de leadership stratégique en Afrique centrale. L’interpellation à l’ouest du Tchad de six individus suspectés d’activités terroristes, dont l’un serait Muslim Mohammed Yusuf – fils cadet du fondateur de Boko Haram – , marque un tournant potentiel dans la lutte contre les groupes djihadistes sahéliens. Si l’identité du jeune homme, arrêté sous un faux nom, reste à confirmer, la symbolique de cette opération alimente autant les dynamiques sécuritaires que diplomatiques. Sur le plan sécuritaire, cette arrestation intervient dans une zone sensible, théâtre d’activités transfrontalières de l’ISWAP, branche dissidente de Boko Haram ralliée à l’État islamique. La porosité des frontières dans le bassin du lac Tchad rend la coordination militaire cruciale. Le Tchad, fort d’un appareil sécuritaire aguerri et appuyé par des partenaires internationaux, cherche à réaffirmer son rôle de pivot dans la lutte contre l’extrémisme violent. Cette opération pourrait renforcer la coopération avec ses voisins immédiats (Nigéria, Cameroun, Niger) via le cadre de la Force multinationale mixte (FMM). Mais au-delà de la sécurité immédiate, l’enjeu est aussi géopolitique : une telle arrestation, si elle se confirme, repositionne N’Djamena comme interlocuteur clé dans les discussions régionales sur la paix et la stabilité. Dans une Afrique centrale marquée par l’instabilité politique (Soudan, RCA, RDC) et des rivalités d’influence (Russie, Chine, France), la maîtrise de la menace djihadiste devient un levier diplomatique. Sur le plan géoéconomique, la persistance de foyers terroristes freine l’exploitation des ressources (pétrole, agriculture, infrastructures logistiques régionales). Le contrôle sécuritaire est donc étroitement lié aux perspectives de développement et d’intégration économique sous-régionale. Les attaques récurrentes dans le lac Tchad affectent les corridors commerciaux et les flux d’investissement, notamment dans les zones rurales enclavées, alimentant pauvreté et radicalisation. Enfin, l’absence d’identité formellement établie des suspects renforce la nécessité d’un volet d’intelligence économique et judiciaire, avec une meilleure coordination du renseignement, du suivi migratoire et des bases de données criminelles régionales. L’arrestation annoncée ne saurait être réduite à un simple fait divers sécuritaire. Elle cristallise les tensions entre menace persistante, ambitions diplomatiques et impératif de développement durable dans un espace régional toujours en quête de stabilité. Le Tchad, en quête de légitimité interne et d’influence externe, pourrait en tirer des dividendes stratégiques, à condition d’ancrer cette opération dans une approche multidimensionnelle et concertée.

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Etoudi – 12 octobre 2025 (Cameroun) : ELECAM engage les candidats dans le processus de supervision

À deux mois de l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025, Elections Cameroon (ELECAM) poursuit la mise en place progressive de son dispositif électoral. Dans un communiqué publié ce week-end, l’organe en charge de l’organisation des scrutins invite les douze candidats définitivement retenus à désigner leurs représentants au sein des commissions départementales de supervision. Ces structures, présentes dans les chefs-lieux de département, jouent un rôle central dans le suivi du processus électoral au niveau local. Leur mission est d’assurer la régularité des opérations électorales, en permettant une surveillance multipartite – un levier de transparence souvent revendiqué par les formations politiques et la société civile. « Les candidats ou leurs mandataires sont invités à se rapprocher des services régionaux ou départementaux d’ELECAM pour déposer les noms de leurs représentants », indique le communiqué. Un processus institutionnel dans un contexte de prudence Si cette étape s’inscrit dans la continuité du calendrier électoral, elle intervient dans un climat politique empreint de réserves, notamment du côté des partis d’opposition. Ces derniers, bien que légalement intégrés au processus, continuent d’exprimer des doutes sur les garanties offertes par le cadre électoral actuel. Des déclarations récentes d’acteurs du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, critiquant l’attitude de certaines formations comme le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), ont suscité des réactions. L’un des cadres du parti majoritaire, Essomba Bengono, a affirmé que « le MRC ne prépare pas les élections, mais une contestation », une sortie perçue comme polémique par plusieurs observateurs. Ces tensions verbales témoignent d’un environnement politique toujours polarisé, où la suspicion envers l’organe électoral persiste, malgré le respect formel des échéances. Une liste de candidats validée sans surprise Sur les 13 dossiers initialement acceptés par ELECAM, un seul, celui de Hilaire Macaire Dzipan, a été écarté à l’issue du contentieux électoral devant le Conseil constitutionnel. La demande de réintégration formulée par Christine Moullende (Mouvement Progressiste) n’a pas été retenue. Au final, douze candidats participeront à la course, dont le président sortant Paul Biya. Il se retrouve face à onze concurrents, issus de formations diverses, avec des profils et programmes contrastés. Si la pluralité des candidatures est saluée dans certains cercles, la réalité de la compétition politique continue de faire débat, dans un système jugé par plusieurs analystes comme marqué par une forte concentration du pouvoir exécutif. Vers un scrutin sous observation La mise en place des commissions de supervision marque un jalon important dans la préparation du scrutin. Toutefois, la confiance dans le processus reste partielle, tant pour une partie de l’opinion publique que pour les partenaires internationaux. Plusieurs points sensibles, comme la composition perçue comme déséquilibrée d’ELECAM, ou le mode de publication des résultats, reviennent régulièrement dans les critiques adressées au cadre électoral camerounais. En 2018, des contestations avaient émergé autour de l’issue du scrutin, alimentées par une absence perçue de transparence dans le dépouillement et l’annonce des résultats. Une élection à forts enjeux, mais à l’issue incertaine Dans les prochaines semaines, les regards se porteront sur la campagne électorale, l’équité d’accès aux médias publics, et la capacité des institutions à garantir un traitement impartial des candidats. Si le respect des étapes techniques du calendrier électoral est globalement observé, la légitimité du scrutin dépendra aussi de la perception de son intégrité. À l’heure où le Cameroun est confronté à de nombreux défis – économiques, sécuritaires et sociaux -, cette élection présidentielle représente un test important pour ses institutions. Plus encore qu’un simple exercice démocratique, elle interroge sur la capacité du système politique à évoluer dans un cadre pacifique, pluraliste et inclusif.

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