Territoires & Société

Parasitoses : une menace silencieuse mais persistante en Afrique centrale

Alors que plus de 5 milliards de personnes dans le monde pourraient être infectées par des parasites selon les données récentes, l’Afrique centrale reste une des régions les plus touchées, en particulier le Cameroun. Les conditions sanitaires, climatiques et structurelles favorisent la propagation de ces infections négligées. Ces maladies, souvent invisibles et asymptomatiques aux premiers stades, représentent un véritable défi de santé publique, de gouvernance sanitaire et de résilience communautaire. Maladies parasitaires au Cameroun Au Cameroun, les infections parasitaires les plus courantes sont : le Paludisme ; la Schistosomiase ; les Helminthiases intestinales ; l’Onchocercose ; la Loase. Ces infections touchent principalement les zones rurales et périurbaines. Selon les données du ministère de la Santé publique, plus de 30 % des enfants d’âge scolaire seraient infestés par au moins une forme de parasite intestinal. Ces infections affectent gravement le développement cognitif, le système immunitaire et la productivité des populations. Témoignage des experts La parasitologue Diane Paulier rappelle que « certains parasites peuventrester des années dans l’organisme, manipuler le système nerveux et même être à l’origine de troubles psychosomatiques, voire de tumeurs« . Ce constat alarmant est partagé par les acteurs sanitaires locaux, qui dénoncent aussi le manque de diagnostic efficace ; la confusion fréquente avec d’autres maladies chroniques ; la diffusion de traitements non homologués promus sur internet. Réponses et initiatives Face à ce constat, le Cameroun a mis en place plusieurs programmes nationaux de déparasitage, notamment dans les écoles, avec l’appui de l’OMS, de USAID et de l’UNICEF. Des campagnes de sensibilisation à l’hygiène, l’accès à l’eau potable, la cuisson des aliments sont aussi déployées. Cependant, la résurgence de certaines parasitoses, combinée à l’évolution génétique de certaines espèces, appelle à une réponse plus intégrée : renforcement du dépistage communautaire ; lutte contre la désinformation sanitaire ; l’amélioration des données épidémiologiques ; l’investissement dans la recherche. Ces efforts sont essentiels pour réduire l’impact des parasitoses et améliorer la santé publique en Afrique centrale. Noël Ndong

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Cameroun : réorganisation territoriale d’envergure à l’approche de la présidentielle de 2025

Nomination de 17 Préfets et plus de 60 Sous-Préfets : Paul Biya mise sur la stabilité et l’efficacité administrative. À moins de trois mois de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Président Paul Biya a initié un double mouvement stratégique au sein du Commandement territorial. Le 22 juillet 2025, deux décrets distincts ont officialisé la nomination de 17 Préfets et plus de 60 Sous-Préfets à travers neuf des dix régions du pays. Cette vaste opération administrative intervient dans un climat politique tendu, et vise à consolider l’autorité de l’État, renforcer la gouvernance locale et anticiper les enjeux sécuritaires liés à la période électorale. Du département de la Vina à celui du Mbam-et-Kim, en passant par la Mefou-et-Akono, le Mayo-Tsanaga ou encore le Nyong-et-Mfoumou, de nombreux Préfets ont été nouvellement installés ou mutés. Plusieurs d’entre eux, tels que Sone Clément Ngoe, Samuel Monebo et Sop Mote Adeline Claude, accèdent à ces fonctions après avoir exercé en tant que Sous-Préfets, traduisant ainsi une volonté de promotion interne et de valorisation de l’expérience administrative de terrain. Parallèlement, plus de 60 Sous-Préfets ont été nommés dans les arrondissements clés de toutes les régions concernées, notamment dans les zones stratégiques du Centre, de l’Ouest, de l’Extrême-Nord, du Sud-Ouest et du Littoral. Ce renouvellement massif s’inscrit dans une logique d’optimisation du maillage territorial, en plaçant des responsables jeunes, expérimentés ou aguerris à la tête des circonscriptions, pour garantir la continuité de l’État et la proximité avec les populations. Ces nominations, qui suivent de près la conférence semestrielle des gouverneurs et les récentes mutations dans les forces armées, montrent clairement une approche coordonnée visant à sécuriser le processus électoral, à apaiser les tensions locales et à assurer une gestion fluide et réactive de l’administration publique. Il s’agit là d’une manœuvre stratégique du pouvoir central pour anticiper les défis à venir et maintenir la paix sociale avant, pendant et après le scrutin. Noêl Ndong

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Cameroun : Marc Brys claque la porte des Lions Indomptables

Le technicien belge Marc Brys a officiellement démissionné de son poste de sélectionneur de l’équipe nationale du Cameroun. Dans une lettre adressée aux autorités camerounaises le 21 juillet, Brys invoque des « manquements contractuels graves », notamment deux mois de salaires impayés pour lui et son staff. Un départ qui survient dans un climat de tension persistante entre la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et le ministère des Sports, source de blocages depuis sa nomination en avril 2024. Cette démission pourrait avoir des conséquences lourdes pour les Lions Indomptables. À quelques mois de la CAN 2025 et en pleine campagne qualificative pour la Coupe du Monde 2026, le Cameroun se retrouve sans sélectionneur. La Fecafoot, qui a pris acte de la démission, doit désormais trouver en urgence un remplaçant, dans un contexte institutionnel toujours tendu. Sur le plan juridique, Marc Brys menace de saisir le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour rupture abusive de contrat. Cette affaire pourrait ternir davantage l’image de la gouvernance du football camerounais à l’international. Enfin, ce nouveau feuilleton ravive les inquiétudes sur la stabilité de la sélection nationale, déjà fragilisée par des crises internes récurrentes. Le prochain sélectionneur devra composer non seulement avec des enjeux sportifs majeurs, mais aussi avec un environnement administratif profondément divisé. Noël Ndong

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Énergie verte ou fracture stratégique ? Le Cameroun face au pari de la transition

L’Afrique centrale peut devenir un pôle énergétique résilient, à condition de sauter l’étape fossile. Alors que le continent africain pourrait économiser jusqu’à 5 000 milliards $ d’ici 2050 en adoptant un modèle 100 % renouvelable (Power Shift Africa), l’Afrique centrale, longtemps marginalisée dans les flux d’investissement énergétique, dispose d’un levier de souveraineté inédit.  Le Cameroun, avec son mix énergétique dominé par l’hydroélectricité (70 %), se positionne comme un pivot stratégique pour bâtir une Afrique électrifiée, décarbonée et interconnectée. « Le Cameroun peut devenir le moteur propre de l’Afrique centrale, à condition de traiter l’énergie comme un enjeu géopolitique, et non comme une simple variable technique »,a déclaré  Dr. Léon Mvondo, économiste de l’énergie.Avec un taux d’électrification rural inférieur à 25 %, un réseau vétuste et un monopole encore verrouillé, le défi est colossal mais structurant. Le pays détient un potentiel exploitable de 20 GW en hydroélectricité, un ensoleillement moyen supérieur à 5 kWh/m²/jour, et une capacité de création de 500 000 emplois dans les filières vertes d’ici 2040. Une vision à l’échelle régionale : énergie, influence, stabilité La stratégie camerounaise repose sur cinq piliers : Électrification rurale décentralisée via des mini-réseaux solaires ; Attractivité réglementaire pour les producteurs indépendants (IPPs) ; Interconnexion régionale (via le PEAC et la CEEAC) ; Formation locale de compétences vertes (Institut régional à Douala) ; Mobilisation des financements climatiques (Fonds vert, JETP). Pour Fatima Zongo, spécialiste en transition énergétique à la BAD, « l’Afrique centrale ne doit pas suivre, elle doit innover. Son retard énergétique est sa chance de ne pas reproduire les erreurs fossiles ». Au-delà de l’énergie, il s’agit d’un enjeu d’intelligence économique : bâtir un bloc renouvelable (Cameroun, RDC, Tchad, Gabon, Congo) renforcera la voix diplomatique de la région dans les forums climatiques et les négociations multilatérales. Noël Ndong

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Sanaga-Maritime : Édéa au carrefour des promesses industrielles et des fractures sociales

Située au cœur d’un axe stratégique entre Douala et Yaoundé, la ville d’Édéa cristallise les espoirs de développement industriel du Cameroun, mais fait face à des défis criants en matière d’inclusion sociale, d’infrastructures et de gouvernance. À 60 kilomètres de Douala, Édéa, chef-lieu du département de la Sanaga-Maritime, s’impose comme un pôle industriel historique au Cameroun. Dotée d’une centrale hydroélectrique majeure sur la Sanaga, d’une usine d’aluminium exploitée par Alucam, d’infrastructures portuaires en développement, et d’un réseau ferroviaire stratégique, la ville possède un potentiel économique considérable. Pourtant, sur le terrain, les promesses de développement se heurtent à des inégalités structurelles et à une gouvernance locale fragile. Un territoire riche en atouts… mal exploités Le département est traversé par des corridors logistiques cruciaux reliant les capitales économiques et politiques du pays. Il dispose aussi d’une biodiversité importante, d’un potentiel agricole sous-exploité (hévéa, palmier à huile, manioc, cacao) et d’un patrimoine touristique naturel et historique méconnu. La présence d’industries lourdes et de grandes entreprises agro-industrielles comme SOCAPALM ou Hevecam devrait logiquement tirer l’économie locale vers le haut. Mais la réalité est plus contrastée : chômage des jeunes, faible industrialisation en aval, pollution environnementale, expropriations foncières mal encadrées. « Le développement ne profite qu’à une minorité, et les populations locales peinent à en voir les retombées concrètes », explique un cadre local de la société civile, sous couvert d’anonymat. Déficit d’infrastructures et urbanisation anarchique La ville d’Édéa souffre d’un déficit chronique d’infrastructures de base : routes secondaires en mauvais état, accès limité à l’eau potable dans les zones rurales, services de santé saturés, équipements scolaires insuffisants. L’urbanisation progresse sans plan directeur clair, posant des risques en termes de sécurité, d’environnement et de cohésion sociale. La croissance démographique rapide, couplée à un exode rural mal maîtrisé, accentue les tensions foncières. De nombreux jeunes, sans emploi ni formation adéquate, se retrouvent marginalisés, ce qui nourrit des frustrations susceptibles d’alimenter l’instabilité sociale. Enjeux géopolitiques et de souveraineté économique Sur le plan stratégique, la Sanaga-Maritime joue un rôle pivot dans la stratégie énergétique nationale. La rivière Sanaga alimente plusieurs barrages majeurs, et des projets hydroélectriques supplémentaires sont en cours d’étude. « Celui qui contrôle l’énergie contrôle le développement », observe un analyste camerounais en intelligence économique. Cependant, la dépendance à des multinationales étrangères pour l’exploitation des ressources critiques (bauxite, aluminium, agro-industries) interroge la souveraineté économique locale. Le tissu industriel local reste embryonnaire, faute de politiques d’incitation à la transformation locale ou à la montée en gamme des chaînes de valeur. Quelles perspectives ? Pour que la Sanaga-Maritime devienne un vrai moteur du développement inclusif, plusieurs leviers sont nécessaires : • Un plan d’aménagement du territoire clair, intégrant les dimensions économique, sociale et écologique ; • Un dialogue transparent entre les industriels, les pouvoirs publics et les communautés locales, notamment sur les questions foncières ; • Un investissement accru dans la formation professionnelle, l’agro-industrie locale et l’économie circulaire ; • Une gouvernance locale renforcée, capable de planifier et de surveiller l’impact des investissements. À Édéa, le développement est en marche, mais il avance sur une ligne de crête. Entre opportunités industrielles majeures et inégalités persistantes, l’avenir du département dépendra de sa capacité à concilier modernisation économique, inclusion sociale et gestion responsable des ressources. La Sanaga-Maritime a les cartes en main – reste à savoir si les acteurs en présence sauront jouer une partie gagnante pour la population. Noël Ndong

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