Tribunes & Grands Récits

Le bassin du Congo, cœur battant de la justice climatique africaine

À la veille de la COP30, qui se tient à Belém, au Brésil, l’Afrique se rend aux négociations avec un message clair : la justice climatique n’est plus une revendication, mais une exigence. Le continent, responsable de moins de 4 % des émissions mondiales, subit pourtant 70 % des impacts humains du dérèglement climatique. Sécheresses, inondations, crises alimentaires et migrations forcées rappellent l’urgence d’une action globale. Au cœur de cet enjeu planétaire, un territoire concentre les espoirs et les contradictions : le bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie. Cette région, qui s’étend sur plus de 3,7 millions de km², abrite plus de 60 milliards de tonnes de carbone et absorbe chaque année près de 4 % du CO₂ mondial. Pourtant, elle ne reçoit qu’environ 11 % des financements climatiques mondiaux. « Le bassin du Congo n’est pas une forêt du Sud, c’est une infrastructure mondiale », rappelle Arlette Soudan-Nonault, ministre congolaise de l’Environnement. Dix ans après l’Accord de Paris, les promesses de financement restent largement non tenues. Les besoins d’adaptation de l’Afrique sont estimés à 70 milliards de dollars par an, pour seulement 14,8 milliards reçus en 2023. Les pays africains demandent aujourd’hui un triplement des financements pour l’adaptation, la création d’un plancher minimal de dons, et la mise en œuvre effective de l’article 9.1 de l’Accord de Paris, qui oblige les pays développés à soutenir financièrement les plus vulnérables. Mais au-delà des chiffres, la COP30 doit consacrer une vision : celle d’une transition juste, fondée sur la souveraineté technologique et énergétique du continent. Avec 70 % des réserves mondiales de cobalt et 40 % du manganèse, l’Afrique ne veut plus être spectatrice, mais actrice de la décarbonation mondiale. « L’Afrique ne veut pas être le musée vert du monde, mais son atelier du futur », écrivait Wanjira Mathai, chercheuse et militante écologiste. En plaçant le bassin du Congo au centre de la diplomatie climatique, le continent ne réclame pas la charité, mais la reconnaissance de sa contribution essentielle à la stabilité de la planète. La COP30 pourrait être, si le monde l’écoute, le moment où l’Afrique cesse d’être la victime du climat – pour en devenir la gardienne.

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Triangle Atlantique : la France tente de refonder les relations Europe-Afrique-Brésil

De la mémoire coloniale à la diplomatie climatique, la France cherche un nouvel axe stratégique entre l’Europe, le Brésil et l’Afrique Sous les lumières de Salvador de Bahia, Emmanuel Macron a choisi le symbole et la scène. En évoquant la transformation de l’ancien « triangle de la honte » – celui du commerce triangulaire – en « triangle amoureux » entre l’Europe, le Brésil et l’Afrique, le président français esquisse plus qu’un geste mémoriel : une vision géopolitique. Derrière la métaphore culturelle, il plaide pour une relation transatlantique ré-imaginée, ancrée dans la culture, la durabilité et la souveraineté partagée. Le message s’adresse à un monde fracturé. Le Brésil de Lula s’impose comme porte-voix du Sud global, l’Afrique cherche à convertir son potentiel agricole et énergétique en pouvoir géo-économique, tandis qu’une Europe dépendante en ressources et en marchés tente de se redéfinir dans un ordre post-occidental. Dans cette équation, Macron veut faire de la triangulation atlantique un levier stratégique : reconnecter les continents par leurs mémoires et leurs transitions. Du commerce des hommes au commerce du vivant Les anciennes routes de l’esclavage sont devenues les nouveaux corridors de l’économie verte. L’Amazonie, les savanes africaines et les plaines européennes partagent désormais les mêmes menaces : déforestation, stress hydrique, volatilité alimentaire et financiarisation du carbone. Le changement climatique ne crée plus seulement des déséquilibres écologiques, mais de véritables lignes de fracture géopolitiques. En reliant Europe, Afrique et Amérique du Sud, Paris cherche à bâtir un arc transatlantique de coopération environnementale. L’objectif : conjuguer savoirs traditionnels africains, puissance agricole brésilienne et technologies européennes pour façonner une économie circulaire et décarbonée. Ce triangle aurait pour cœur la biodiversité, pour colonne vertébrale la sécurité alimentaire, et pour moteur la régulation du carbone. Soft power et rééquilibrage des influences La visite de Macron à Bahia, ponctuée de références à l’héritage afro-brésilien et à la restitution du patrimoine africain, illustre un soft power réparateur. Il s’agit de retisser la confiance culturelle et symbolique avec les partenaires du Sud, à l’heure où la France perd de l’influence au Sahel et sur le continent africain. Mais ce projet reste fragile. Pour devenir un véritable espace d’innovation et non un slogan, le « triangle amoureux » devra s’incarner dans des investissements équitables, une gouvernance partagée et une diplomatie climatique cohérente.Faute de quoi, l’Atlantique Sud – ce carrefour d’histoires et de ressources – risquerait de redevenir non pas un lien, mais un champ de rivalités.

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Brazzaville : l’Algérie prend les rênes de la future Banque africaine de l’énergie

Vers une souveraineté financière du Sud global face au désengagement occidental. À Brazzaville, le 4 novembre 2025, l’Organisation africaine des producteurs de pétrole (APPO) a confié à l’Algérie la direction du chantier le plus stratégique de son histoire : la création de la Banque africaine de l’énergie (BAE). Un outil destiné à financer, par des capitaux africains, le développement pétrolier, gazier et les transitions énergétiques du continent. Derrière la décision de confier ce mandat à Alger se dessine une recomposition du pouvoir énergétique africain. Alors que les bailleurs occidentaux se détournent des hydrocarbures, les seize États membres de l’APPO entendent consolider leur autonomie financière. La Banque – dotée d’un capital initial de 500 millions de dollars – ambitionne de devenir le bras armé d’une diplomatie énergétique sud-sud, à l’image d’Afreximbank pour le commerce intra-africain. Pour Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie et président du groupe de travail chargé du projet, l’enjeu est clair : sortir de la dépendance aux institutions financières du Nord et créer un cadre de financement qui conjugue sécurité énergétique, souveraineté et transition. Cette initiative intervient au moment où les pressions climatiques internationales restreignent l’accès des producteurs africains aux capitaux nécessaires pour moderniser leurs infrastructures. Mais le projet reste suspendu à une condition clé : la mobilisation effective des contributions nationales. Sans la mise de départ des États membres, la Banque ne pourra pas être opérationnelle. L’AEICorp, le bras financier de l’APPO, en assurera la supervision technique, tandis qu’un second groupe, dirigé par le Sénégal, veillera à la cohérence institutionnelle du dispositif. Pour Alger, ce mandat renforce une stature déjà consolidée. L’Algérie, acteur pivot entre Afrique du Nord, Sahel et Golfe de Guinée, capitalise sur son expertise hydrocarbure et son positionnement géopolitique. Engagée dans des projets structurants – du gazoduc transsaharien Nigeria-Algérie à la coopération sécuritaire avec le Niger et le Mali -, elle s’impose comme chef d’orchestre énergétique du Sud global. Cette décision traduit aussi un changement d’échelle : les producteurs africains ne cherchent plus seulement à négocier avec les marchés mondiaux, mais à créer leurs propres instruments d’influence. Dans un monde fragmenté par les rivalités énergétiques, la Banque africaine de l’énergie pourrait devenir l’un des leviers d’une autonomie stratégique africaine, articulant hydrocarbures, financement et intelligence économique. Le Congo, hôte de la session, accueillera en 2026 le premier sommet des chefs d’État de l’APPO, où la BAE sera présentée comme le pilier d’une nouvelle diplomatie énergétique africaine – à la croisée des ressources, de la sécurité et de la souveraineté.

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RDC : La France au cœur des nouvelles guerres africaines

Entre diplomatie humanitaire, rivalités régionales et guerre de l’influence. Sous les ors du Quai d’Orsay, la Conférence internationale sur la crise humanitaire en République démocratique du Congo a ressemblé à une opération de secours. En réalité, elle a marqué le retour d’une diplomatie française qui cherche à exister dans une Afrique des Grands Lacs devenue champ de bataille géopolitique mondial. Emmanuel Macron a promis 1,5 milliard d’euros pour un pays épuisé par trente ans de guerre. Mais derrière les chiffres, une question s’impose : la France peut-elle encore peser sur les lignes de fracture africaines, quand s’y affrontent désormais puissances régionales et intérêts globaux ? « Nous ne pouvons pas rester spectateurs », a lancé le président français, en écho à une opinion internationale anesthésiée. Car la tragédie congolaise n’est plus seulement humanitaire — elle est stratégique. À l’est du Congo, là où s’entrecroisent minerais critiques, milices et armées étrangères, la guerre a muté. Le M23, soutenu selon Kinshasa par Kigali, contrôle des zones minières stratégiques ; les campagnes de désinformation enflamment les réseaux ; les corridors humanitaires deviennent autant d’enjeux militaires que de survie civile. Dans ce contexte, la France avance ses pions. Soutien au Togo, médiateur désigné par l’Union africaine, projet de réouverture de l’aéroport de Goma, coordination avec l’ONU : Paris tente de conjuguer geste humanitaire et posture d’influence. Mais Kigali a immédiatement répliqué : « La France ne peut rouvrir un aéroport dans une zone sous contrôle rebelle ». L’avertissement est clair. Cette crispation illustre une recomposition plus vaste. Tandis que Washington renforce sa coopération sécuritaire avec le Rwanda, Pékin sécurise son accès au cobalt congolais et Moscou infiltre l’espace informationnel africain via ses proxies numériques, la France veut éviter d’être réduite au rôle d’observateur compatissant. Emmanuel Macron plaide pour un « humanitaire stratégique » : une aide visible, traçable, connectée à une lutte contre les ingérences et les manipulations en ligne. C’est aussi une manière d’affirmer une souveraineté européenne sur les routes du cobalt et du coltan, devenues les nouvelles artères du monde numérique. La crise congolaise agit alors comme un miroir : elle révèle une Afrique centrale où se croisent guerres hybrides, diplomatie algorithmique et économie de survie. Dans cette nouvelle ère, chaque avion humanitaire, chaque corridor sécurisé, chaque mot prononcé devient un acte de puissance. Et la France, entre idéal moral et calcul stratégique, tente d’y redéfinir sa place.

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Cameroun : Paul Biya, le serment de la continuité et de la stabilité

Sous les ors de l’Assemblée nationale, Paul Biya, a prêté serment pour un nouveau mandat présidentiel. Le chef d’État engage un nouveau cycle politique, entre fidélité à la stabilité et nécessité de transformation. « Le Cameroun demeurera un et indivisible. Je continuerai de défendre la paix, la sécurité et l’unité nationale », a déclaré Paul Biya, lors de son discours d’investiture, le 6 novembre 2025. Un serment à forte portée symbolique La date n’a rien d’un hasard : le 6 novembre 1982, Paul Biya accédait au pouvoir. Quarante-trois ans plus tard, le président camerounais prononce de nouveau son serment, devant un Parlement réuni en congrès, en présence de délégations étrangères venues d’Afrique, d’Europe et d’Asie. La cérémonie, marquée par une salve de 101 coups de canon, s’est déroulée dans un climat solennel. Plus de 2 000 invités, dont des représentants de l’Union africaine et de la Francophonie, ont assisté à l’événement. « L’image que renvoie le Cameroun est celle d’une stabilité institutionnelle rare dans la région », a rappelé Souleymane Bachir Diagne, philosophe et observateur de la vie politique africaine. Des défis internes immenses Derrière la continuité, les défis demeurent. Le pays fait face à une triple tension : la crise anglophone, qui continue de fragiliser le nord-ouest et le sud-ouest ; la menace de Boko Haram, toujours active dans le bassin du lac Tchad ; l’attente sociale d’une jeunesse nombreuse, frustrée par le chômage et le manque d’alternatives politiques. Le président Paul Biya a promis de « renforcer la décentralisation » et d’encourager l’entrepreneuriat des jeunes, soulignant que « le dialogue et la concertation » seront les piliers de son mandat. Un regard international mesuré Les capitales étrangères observent attentivement Yaoundé. La France a salué « la stabilité institutionnelle du Cameroun », tandis que la CEEAC a réaffirmé son soutien à « la sécurité régionale et à la coopération économique ». Pour autant, la communauté internationale reste prudente. L’ONG Human Rights Watch, a exhorté le gouvernement à garantir « une gouvernance plus inclusive et respectueuse des libertés fondamentales ». Dans une Déclaration conjointe de diplomates africains à Yaoundé, il est écrit : « La stabilité ne doit pas être synonyme d’immobilisme : elle doit préparer l’avenir ». Un équilibre à trouver À 92 ans, Paul Biya incarne la continuité, mais aussi le poids d’un long exercice du pouvoir. Ses partisans saluent « l’expérience et la résilience » d’un homme d’État ayant préservé la paix dans un environnement régional instable. Ses critiques, eux, réclament une ouverture politique réelle. « Le Cameroun n’a pas besoin d’une révolution, mais d’une respiration », a déclaré un diplomate. Le nouveau mandat s’annonce donc comme celui de l’équilibre : entre stabilité et réforme, entre fidélité et passage de témoin, entre héritage et avenir. Pour conclure : «Le serment que je prête aujourd’hui est celui de la fidélité à la nation et à son avenir», a clamé Paul Biya. Les chiffres du mandat Biya

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Cameroun : la diplomatie mondiale salue la stabilité, mais interroge la transition Biya

Alors que Paul Biya s’apprête à prêter serment pour un huitième mandat, les chancelleries étrangères et les institutions internationales observent le Cameroun avec une prudence mêlée de respect stratégique. Dans une Afrique centrale en recomposition, Yaoundé demeure un pilier, autant politique qu’économique, dont la stabilité conditionne celle du bassin du Congo. Une investiture à portée diplomatique Le 6 novembre 2025, le Palais des Congrès de Yaoundé accueillera la cérémonie d’investiture du président réélu, quarante-trois ans jour pour jour après son accession au pouvoir. L’événement, hautement symbolique, se déroulera sous le regard attentif des représentations étrangères. La France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont confirmé leur présence, tout en réaffirmant leur attachement à la « stabilité et au dialogue inclusif ». Plusieurs délégations africaines, notamment celles du Congo-Brazzaville, du Gabon et du Tchad, sont également attendues. Pour les pays de la CEEAC, la continuité du régime camerounais garantit la sécurité d’un espace sous-régional fragilisé par les transitions militaires et les tensions frontalières. Un pivot géopolitique en Afrique centrale Le Cameroun est perçu par les diplomaties africaines et occidentales comme le dernier verrou de stabilité entre le Sahel et le Golfe de Guinée. Son rôle dans la lutte contre Boko Haram, sa coopération militaire avec les partenaires occidentaux et son implication dans la Force multinationale mixte font de Yaoundé un acteur incontournable. Sur le plan économique, le pays sert de corridor énergétique et logistique pour ses voisins enclavés – du Tchad à la Centrafrique – via le port de Douala et l’oléoduc de Kribi. Si le Cameroun avance à son propre rythme dans la transition énergétique et la zone de libre-échange africaine (ZLECAf), il demeure un pilier de la CEMAC, représentant près de 40 % du PIB sous-régional. « Sans le Cameroun, il n’y a pas de CEMAC viable. Sa stabilité économique et politique est une condition d’équilibre pour tout le bloc », confie un diplomate africain. Entre reconnaissance et attentes L’Union africaine, la Francophonie et les Nations unies saluent la continuité institutionnelle, mais appellent à une modernisation de la gouvernance et à une ouverture politique accrue. Les bailleurs internationaux, dont la Banque mondiale et le FMI, lient désormais leur soutien à des réformes structurelles : lutte contre la corruption, transparence budgétaire et relance des investissements productifs. Pour la communauté internationale, Paul Biya incarne à la fois la stabilité et la question de la succession. « Le monde regarde Yaoundé comme un centre de gravité, mais aussi comme un test de transition ordonnée », résume un diplomate de l’ONU. Entre reconnaissance mesurée et attentes réformatrices, le Cameroun demeure l’épicentre silencieux de l’Afrique centrale, où la stabilité vaut autant que la réforme.

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Cameroun : Paul Biya s’apprête à prêter serment, quarante-trois ans après son premier mandat

Alors que Yaoundé s’apprête à accueillir la prestation de serment de Paul Biya, prévue le 6 novembre, les chancelleries et partenaires étrangers saluent la stabilité du pays, malgré une contestation interne persistante. Le Cameroun, pilier de l’Afrique centrale, entame un nouveau chapitre sous le signe du contrôle et de la continuité. À Etoudi, l’heure des derniers préparatifs Une réunion d’urgence a été convoquée le mardi 4 novembre 2025 au palais d’Etoudi par Samuel Mvondo Ayolo, ministre directeur du Cabinet civil de la présidence. L’ordre du jour : la préparation de la prestation de serment de Paul Biya, réélu le 12 octobre dernier. Les ministres régaliens – Défense, Justice, Finances, Relations extérieures, Communication, Administration territoriale – ont été mobilisés pour orchestrer un événement que le pouvoir veut exemplaire. Selon des sources concordantes, la cérémonie se tiendra jeudi 6 novembre au Palais des Congrès de Yaoundé, devant le Parlement réuni en Congrès. Une date symbolique : celle du 43ᵉ anniversaire de l’accession de Paul Biya au pouvoir en 1982. Entre reconnaissance diplomatique et tensions internes La communauté internationale salue globalement la stabilité du pays. Plusieurs chancelleries occidentales et africaines, dont celles de la France, des États-Unis et du Congo-Brazzaville, ont envoyé des messages de félicitations prudents, insistant sur la nécessité de « consolider la paix et le dialogue ». Les parlementaires francophones réunis dans le cadre de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) ont, eux aussi, salué la maturité du processus électoral, tout en appelant à « un approfondissement démocratique ». Mais sur le terrain, la tension demeure. Des partisans du candidat Issa Tchiroma Bakary continuent de contester les résultats, dénonçant des irrégularités et réclamant un recomptage. À Garoua ou Bamenda, la frustration s’exprime dans la rue, malgré l’appel des autorités à « tourner la page ». Un enjeu régional pour l’Afrique centrale Dans une sous-région marquée par l’instabilité – du Tchad à la Centrafrique -, le Cameroun reste un point d’ancrage essentiel. Pour un diplomate, « la continuité du régime Biya rassure les voisins, même si le modèle montre des signes d’essoufflement ». À 92 ans, Paul Biya aborde ce huitième mandat dans un contexte régional fragile, où chaque transition non maîtrisée peut déstabiliser un équilibre déjà précaire. À Etoudi, tout est prêt. Les drapeaux flottent, les forces de sécurité quadrillent la capitale. Mais au-delà de la solennité, une question demeure : le Cameroun entre-t-il dans une nouvelle ère de stabilité durable ou dans un cycle de statu quo prolongé ?

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Cameroun : Biya réélu, le Sénat et la francophonie misent sur la stabilité

À trois jours de la prestation de serment, le Sénat camerounais félicite Paul Biya pour sa réélection et reçoit le soutien de parlementaires francophones, tandis que l’opposition maintient sa contestation. Le pays avance sur une ligne de crête entre message institutionnel et attentes citoyennes. Sénat : message d’apaisement et soutien au président Le 3 novembre, le Sénat camerounais a ouvert sa troisième session ordinaire en saluant officiellement la réélection de Paul Biya, vainqueur du scrutin du 12 octobre 2025. Le vice-président Aboubakary Abdoulaye, au nom de Marcel Niat Njifenji, a rendu hommage au « peuple camerounais pour sa maturité politique et son attachement à la paix », tout en dénonçant les « ingérences étrangères » et les appels à la contestation. Les sénateurs ont insisté sur la nécessité de relancer l’économie, de lutter contre la corruption, de développer les infrastructures et de créer des emplois pour les jeunes, plaçant ces objectifs au cœur du nouveau septennat. Entre soutien institutionnel et contestation populaire Le discours sénatorial s’aligne sur la position du RDPC, parti au pouvoir, qui célèbre le 43ᵉ anniversaire de l’accession de Paul Biya au pouvoir. Mais certains candidats, comme Issa Tchiroma Bakary, contestent toujours les résultats et appellent à des « villes mortes » dans plusieurs régions, illustrant la fracture entre institutions et population. Le soutien des parlementaires francophones La session sénatoriale a également bénéficié d’un appui international symbolique : des parlementaires francophones de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) ont salué « la maturité du processus électoral et l’importance de la stabilité politique ». Selon eux, le respect des institutions et le dialogue national sont essentiels pour renforcer la démocratie et la coopération régionale. Ce soutien souligne la légitimité internationale du nouveau mandat et met en avant le rôle actif de la francophonie dans l’accompagnement des transitions politiques en Afrique. Un rôle clé pour le Sénat Abdoulaye a rappelé : « Dans une élection, il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, mais un peuple qui triomphe ». Le Sénat promet de contrôler l’action gouvernementale et d’accompagner le développement local, avec l’examen du budget 2026 comme premier test concret du nouveau septennat. À trois jours de la prestation de serment, le Sénat et ses alliés francophones envoient un message d’unité. Mais beaucoup attendent encore des actes concrets pour restaurer la confiance et réduire les fractures post-électorales. La question reste ouverte : la parole parlementaire et francophone suffira-t-elle à réconcilier les Camerounais après un scrutin marqué par des tensions persistantes ?

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Afrique pétrolière : Brazzaville choisit l’indépendance financière

La 48ᵉ session de l’APPO à Brazzaville confirme la volonté des pays africains producteurs de pétrole de financer eux-mêmes leurs projets énergétiques. La Banque africaine de l’énergie, avec un capital initial de 5 milliards de dollars, devient le symbole de cette ambition d’autonomie face aux bailleurs occidentaux. Deux ans après son lancement, la Banque africaine de l’énergie (BAE) commence à se concrétiser. Dotée d’un capital initial de 5 milliards de dollars, l’institution créée en 2022 par l’Organisation africaine des pays producteurs de pétrole (APPO) et Afreximbank vise à permettre au continent de financer ses projets énergétiques sans dépendre des bailleurs occidentaux, qui se détournent progressivement des hydrocarbures. La capitale congolaise accueille cette semaine la 48ᵉ session du Conseil des ministres de l’APPO, présidée par Bruno Jean Richard Itoua. Dix-huit États membres participent, parmi eux l’Algérie, représentée par le ministre de l’Énergie Mohamed Arkab et le PDG de Sonatrach, Noureddine Daoudi. Les discussions portent sur la consolidation du projet bancaire, la coordination des politiques pétrolières africaines et les réformes institutionnelles prévues pour renforcer l’efficacité de l’APPO. L’accord de création de la BAE a été signé en juin 2024 au Caire, et sa ratification par la Côte d’Ivoire en juillet constitue une avancée symbolique. Le lancement opérationnel reste prévu pour 2025-2026, tandis qu’Afreximbank s’est engagée à mobiliser jusqu’à 19 milliards de dollars supplémentaires. À ce jour, 45 % du capital initial a été réuni, un indicateur à la fois d’adhésion et des défis financiers à relever. La BAE répond à une urgence stratégique : les institutions financières occidentales réduisent leurs investissements dans le pétrole et le gaz au nom de la transition climatique. Pour les pays africains producteurs, renoncer à leurs ressources n’est pas une option. « Cette banque est un instrument clé pour l’autonomie énergétique et la résilience économique du continent », souligne un diplomate africain à Addis-Abeba. Le sommet de Brazzaville coïncide avec le 4ᵉ Congrès africain sur le contenu local, placé sous le patronage du président Denis Sassou Nguesso. L’objectif est d’augmenter la participation des entreprises africaines dans l’exploitation pétrolière et gazière, un secteur encore largement dominé par les multinationales étrangères. Depuis sa création en 1987, l’APPO regroupe les principaux producteurs africains, dont le Nigeria, l’Angola, la Libye, l’Égypte et l’Algérie. Dans un marché mondial bouleversé par la transition énergétique et les pressions internationales, l’organisation cherche à préserver la souveraineté africaine sur ses hydrocarbures. Le sommet confirme une ambition claire : l’Afrique pétrolière veut reprendre la main sur son destin énergétique, et la BAE en est le symbole le plus tangible, malgré les défis financiers et institutionnels qui restent à surmonter.

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Soudan : Paris s’élève contre les crimes d’El-Fasher

Face aux massacres attribués aux Forces de soutien rapide (FSR) au Nord-Darfour, la France condamne les exactions et exhorte les acteurs étrangers à cesser d’alimenter un conflit désormais géo-économique et régionalement déstabilisateur. La France a dénoncé avec vigueur les « atrocités à caractère ethnique » commises par les Forces de soutien rapide (FSR) à El-Fasher, dans le Nord-Darfour. Dans un communiqué, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a évoqué « des exécutions sommaires, des viols et des massacres de civils », ainsi que des attaques contre des humanitaires. Paris a appelé à « la protection immédiate des populations » et exigé que « les auteurs répondent de leurs crimes devant la justice internationale ». Depuis la prise d’El-Fasher par les FSR, le 26 octobre, la situation humanitaire s’est effondrée. Issues des anciennes milices Janjawid, les FSR poursuivent une offensive marquée par une logique de purification ethnique. Selon les Nations unies, plus de 9 millions de Soudanais sont déplacés, dont 1,8 million réfugiés dans les pays voisins. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que 25 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont désormais besoin d’une aide d’urgence. La décision de Khartoum d’expulser des responsables du PAM a, selon Paris, « gravement compromis » la coordination humanitaire. Sur le plan politique, la guerre qui oppose depuis avril 2023 l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux FSR du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti, menace de fracturer durablement le pays. L’Union africaine appelle à un « cessez-le-feu immédiat et vérifiable », tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dénonce « une guerre alimentée par des soutiens extérieurs et des intérêts économiques concurrents ». En effet, le conflit soudanais est désormais autant militaire qu’économique. Les FSR contrôlent une partie des mines d’or du Darfour, dont la production alimente un trafic régional estimé à plus d’un milliard de dollars par an. Plusieurs rapports des Nations unies mettent en cause des circuits de contrebande reliant le Tchad, la Centrafrique et Dubaï. « L’or est devenu l’arme silencieuse de la guerre soudanaise », confie un diplomate. Sur la scène internationale, Paris s’aligne sur Washington, Londres et Bruxelles pour exiger la fin des livraisons d’armes et soutenir des sanctions ciblées contre les chefs militaires. Les bailleurs de fonds – Banque mondiale, FMI et Banque africaine de développement – maintiennent la suspension de leur aide, évaluée à plus de 2,5 milliards de dollars, en attente d’un retour à un pouvoir civil. Pour la diplomatie française, l’enjeu dépasse l’urgence humanitaire. « Le Soudan se situe au cœur d’un arc d’instabilité qui s’étend du Sahel à la mer Rouge », souligne un haut diplomate du Quai d’Orsay. Sans un sursaut collectif, le pays risque, selon les observateurs, une « somalisation prolongée » : une guerre sans fin où les rivalités ethniques, les trafics et l’économie de guerre s’autoalimentent dans un silence international préoccupant.

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