Tribunes & Grands Récits

Classement de Shanghai 2025 : l’Afrique décroche du Top 1000

Avec seulement 17 universités classées contre 20 l’an passé, le continent enregistre un recul inquiétant qui reflète ses fragilités chroniques en matière de recherche, de financement et de gouvernance universitaire. Le classement 2025 de Shanghai Ranking, l’un des plus influents au monde dans le domaine universitaire, confirme une tendance inquiétante : l’Afrique peine à s’imposer dans l’élite académique mondiale. Cette année, seulement 17 universités africaines apparaissent dans le Top 1000, contre 20 en 2024. Une contre-performance significative, dans un contexte mondial où la compétition pour l’excellence académique s’intensifie. Un classement dominé par l’Occident Comme chaque année, les premières places sont largement trustées par les universités anglo-saxonnes : Harvard, Stanford, MIT, Cambridge ou encore Berkeley dominent le haut du tableau. Sur les 20 premières institutions mondiales, 16 sont américaines, 2 britanniques, 1 française (Paris-Saclay) et 1 chinoise (Tsinghua). Le Shanghai Ranking repose sur des critères strictement axés sur la performance scientifique et académique : nombre de Prix Nobel, médailles Fields, chercheurs les plus cités, publications dans Nature et Science, ou encore impact des publications indexées. Ces indicateurs favorisent les établissements disposant d’un écosystème de recherche robuste et financé, ce qui creuse l’écart entre les grandes puissances universitaires et les pays en développement. Afrique : une performance concentrée et inégale Sur les 17 universités africaines présentes dans le classement : Deux pays concentrent donc plus de 80 % des universités africaines classées. Le reste du continent, y compris des poids lourds démographiques comme le Nigeria, le Kenya ou la RDC, est absent du classement, révélant une fracture dans l’investissement et les politiques de l’enseignement supérieur. Les mieux classées sont sud-africaines : Côté égyptien, Cairo University arrive en tête, dans la tranche 401-500, suivie d’Alexandria University et Ain Shams University. Les autres institutions africaines présentes : Un recul inquiétant Trois universités africaines sortent du classement cette année : Ce retrait souligne le manque de continuité et la fragilité des politiques de recherche sur le continent. Une dynamique à reconstruire Le recul africain s’explique par plusieurs facteurs structurels : À titre de comparaison, des pays comme la Chine, l’Inde ou la Corée du Sud, grâce à une stratégie nationale d’excellence académique, voient leur nombre d’universités classées progresser chaque année. Recommandations pour un sursaut africain Pour espérer remonter dans les classements mondiaux, les pays africains doivent : Le Shanghai Ranking 2025 agit ici comme un miroir sévère, révélant à la fois les retards du continent et le potentiel encore inexploité de son capital humain. Pour transformer la formation supérieure en levier de développement, l’Afrique devra investir massivement dans l’excellence scientifique – et rompre avec le cycle de sous-performance.

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Présidentielle 2025/ Cameroun : le Groupe de Foumban plaide pour une opposition unie, sans imposer l’unité

Alors que la présidentielle de 2025 se profile à l’horizon au Cameroun, le « Groupe de Foumban » émerge comme une dynamique nouvelle au sein de l’opposition. Porté notamment par des figures comme Jean Moïse Mbog, militant du Front du salut national pour le Cameroun (FSNC), ce groupe affirme ne pas viser une coalition partisane classique, mais plutôt une union stratégique de l’opposition, fondée sur une éthique de non-agression et de responsabilité politique. Sur le plateau de l’émission « Grand Débat » de Cam 10 Télévision, Jean Moïse Mbog a précisé les contours du projet : « Il ne s’agit pas d’une coalition. C’est un appel à l’unité de l’opposition dans l’attitude et le discours. Le problème du Cameroun, c’est le RDPC. Il ne faut pas se tromper d’adversaire ». Cette sortie intervient après certaines tensions entre partis d’opposition, notamment avec le PURS et le SDF, qui ont suscité de vives réactions au sein même du groupe. Pourtant, un communiqué publié à l’issue des travaux de Foumban et Yaoundé (8–10 juin 2025) faisait bel et bien référence à une « candidature consensuelle », qui semble aujourd’hui reléguée au second plan. Malgré les divergences d’interprétation, les membres du groupe assurent qu’ils poursuivent les consultations avec d’autres leaders politiques, dans un esprit d’ouverture. L’avenir dira si cette stratégie portera ses fruits. Analyse politique et géopolitique 1. Une opposition fragmentée mais en éveil Le groupe de Foumban témoigne d’une prise de conscience progressive au sein de l’opposition camerounaise : face à un pouvoir centralisé et solidement enraciné depuis plus de quatre décennies, la division est contre-productive. La démarche vise à neutraliser les dynamiques centrifuges (disputes internes, rivalités de leadership, tribalisme politique) qui affaiblissent toute alternative crédible au régime du RDPC. 2. Le paradoxe de l’unité sans fusion L’ambiguïté du message est palpable : d’un côté, le discours de non-agression semble prôner une unité morale ou tactique de l’opposition, sans contrainte organisationnelle ; de l’autre, les textes issus des réunions de juin 2025 mentionnent clairement une volonté de candidature consensuelle – une notion plus exigeante, pouvant aboutir à une candidature unique, ce qui nécessiterait des compromis importants. Ce flou stratégique pourrait être à double tranchant : 3. Le RDPC : ciment paradoxal de l’opposition L’idée que « le problème du Cameroun, c’est le RDPC » agit comme force centripète : elle pousse les opposants à se regarder en alliés potentiels, au nom d’un adversaire commun. Mais elle risque aussi d’être trop réductrice. Sans proposition alternative claire et concertée, la critique du régime peut sembler creuse. 4. Enjeux géopolitiques internes Le choix du nom « Groupe de Foumban » est symbolique : Foumban est historiquement associé à la conférence constitutionnelle de 1961 qui a scellé la réunification du Cameroun. En se réclamant de cet héritage, le groupe vise à incarner une légitimité nationale et historique. C’est aussi une réponse implicite aux accusations récurrentes de régionalisme ou de tribalisation de l’opposition. Perspectives, forces et handicaps 1. Forces (Centripètes) 2.Handicaps (Centrifuges) Le Groupe de Foumban représente une tentative originale de reconfiguration de l’espace politique oppositionnel camerounais, non pas par la fusion, mais par la cohésion minimale. Dans un contexte où la démocratie reste verrouillée et la participation politique minée par la défiance, cette initiative peut créer une dynamique positive – à condition qu’elle gagne en clarté, en inclusion et en organisation. D’ici l’échéance de 2025, l’enjeu sera de savoir si cette convergence peut aboutir à un leadership crédible, partagé, et stratégiquement efficace, ou si elle retombera dans les travers bien connus de la division.

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Boko Haram/Cameroun : une coopération régionale permet la libération de dix enfants

Une opération conjointe menée par les forces du Cameroun, du Nigeria et du Tchad a permis la libération de dix enfants enlevés par des éléments présumés de Boko Haram dans l’Extrême-Nord camerounais. Un adolescent n’a pas survécu à la captivité. Une semaine après leur enlèvement, dix enfants camerounais ont été libérés ce jeudi dans la région de l’Extrême-Nord, à la suite d’une opération conjointe menée par les forces armées et de sécurité du Cameroun, du Nigeria et du Tchad, appuyées par la Force multinationale mixte (FMM). Selon le gouverneur de la région, les enfants avaient été kidnappés le 13 août alors qu’ils se trouvaient à bord d’un bus assurant la liaison entre Kousseri et Maroua, sur la route nationale N°1. L’attaque a été attribuée à des membres présumés de Boko Haram, un groupe islamiste actif depuis plus d’une décennie autour du bassin du lac Tchad. Les enfants ont été retrouvés vivants à environ vingt kilomètres de la frontière nigériane, mais un adolescent enlevé au même moment a malheureusement été tué par les ravisseurs, ont précisé les autorités locales. Une coordination régionale en progrès Cette libération marque un succès important pour la coopération régionale contre Boko Haram. La Force multinationale mixte, qui regroupe les armées du Cameroun, du Nigeria, du Tchad et du Niger, a renforcé ses opérations transfrontalières dans les zones reculées du lac Tchad, où le groupe djihadiste reste actif malgré des revers militaires répétés. L’efficacité de cette dernière opération met en lumière la montée en puissance des mécanismes de coordination entre les forces armées des trois pays directement concernés, dans une région où les frontières poreuses facilitent les mouvements des groupes armés. L’Extrême-Nord toujours sous pression Depuis 2014, la région de l’Extrême-Nord du Cameroun reste l’un des points chauds du conflit contre Boko Haram, avec des centaines d’attaques, de kidnappings et de déplacements forcés. Bien que l’activité du groupe ait diminué par rapport à son pic, il conserve une capacité de nuisance importante, notamment via des cellules locales opérant de manière mobile. Les enlèvements d’enfants et de civils restent une stratégie de terreur utilisée pour obtenir rançons, recruter de force ou déstabiliser les communautés locales. Une dynamique à maintenir La récente opération de libération montre que la réponse militaire régionale peut porter ses fruits lorsqu’elle est rapide, coordonnée et appuyée par des échanges d’information efficaces. Mais les analystes sécuritaires soulignent que la seule dimension militaire ne suffira pas à éradiquer durablement l’insurrection islamiste. La stabilisation de la région exige aussi des programmes de développement, de réinsertion des ex-combattants et de renforcement de l’État dans les zones rurales marginalisées où Boko Haram recrute. La libération des enfants est un motif de soulagement, mais elle rappelle aussi la fragilité persistante des zones frontalières du bassin du lac Tchad. La consolidation des acquis sécuritaires passera par une approche régionale intégrée, mêlant sécurité, développement et résilience communautaire. Lutte contre Boko Haram : Chronologie synthétique opérations régionales 🔹 2015 – Création de la Force multinationale mixte (FMM) 🔹 2015 – Opération « Lafiya Dole » (Nigeria) 🔹 2016 – Offensive conjointe Nigéria–Cameroun–Tchad 🔹 2017 – Début des opérations transfrontalières coordonnées 🔹 2020 – « Colère de Bohoma » (Tchad) 🔹 2021 – Mort d’Abubakar Shekau 🔹 2022 – Reprise des opérations dans les zones insulaires du lac Tchad 🔹 2023 – Offensive autour de Kukawa (Nigeria) 🔹 Août 2024 – Opération transfrontalière « Shara » 🔹Août 2025 – Libération de dix enfants au Cameroun

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Cartographier autrement : l’Afrique défie l’héritage Mercator

En soutenant officiellement la campagne “Correct the Map”, l’Union africaine engage une offensive symbolique et géopolitique majeure. Objectif : redonner au continent sa juste représentation spatiale – et narrative – face aux distorsions héritées de l’époque coloniale. C’est une revendication cartographique, mais aux implications politiques profondes. L’Union africaine (UA) a annoncé son soutien à la campagne “Correct the Map”, qui exige le remplacement de la projection Mercator – omniprésente dans les atlas, les systèmes de navigation et les salles de classe – par la projection Equal Earth, plus fidèle aux proportions réelles des continents. Au cœur de ce plaidoyer : la réhabilitation visuelle, mentale et stratégique du continent africain, longtemps relégué à la marge – littéralement – sur les planisphères du monde. « Ce n’est pas une affaire de simple représentation, mais une question de souveraineté cognitive, de dignité et d’influence », affirme Selma Malika Haddadi, vice-présidente de la Commission de l’UA. Une distorsion historique, aux effets contemporains Créée en 1569, la projection de Gerardus Mercator a été pensée pour faciliter la navigation maritime. Mais cette carte allonge les terres proches des pôles et réduit celles de l’équateur, écrasant l’Afrique visuellement. Résultat : le Groenland paraît aussi grand que l’Afrique, alors qu’il est 14 fois plus petit. L’Europe et l’Amérique du Nord sont surdimensionnées. L’Afrique, visuellement diminuée, est aussi géopolitiquement marginalisée. Selon Fara Ndiaye, cofondatrice de Speak Up Africa, cette distorsion n’est pas neutre : « Elle alimente un imaginaire où l’Afrique est périphérique, inférieure. Cela commence dès l’enfance, à l’école ». Equal Earth : vers une carte plus juste Face à cela, des géographes américains ont mis au point en 2018 Equal Earth, une projection pseudo-cylindrique qui respecte la surface réelle des continents, sans sacrifier leur lisibilité. Déjà adoptée par la Banque mondiale, elle est soutenue par des acteurs africains comme Africa No Filter, qui militent pour son intégration dans l’éducation, les institutions et les interfaces numériques. La campagne vise aussi Google, qui continue d’utiliser Mercator par défaut sur mobile, malgré l’introduction du globe 3D sur desktop. « Il est temps que les outils numériques reflètent un monde équitable », souligne Moky Makura, directrice exécutive d’Africa No Filter. Cartes mentales, cartes de pouvoir La bataille cartographique est aussi une bataille de récit mondial. L’UA inscrit ce combat dans une dynamique plus large : restitution des biens culturels, débats sur les réparations coloniales, réforme des instances internationales (Conseil de sécurité de l’ONU, FMI, Banque mondiale). Changer la carte, c’est changer le centre de gravité symbolique. Car la carte façonne le regard, influence les politiques éducatives, médiatiques, diplomatiques. « Il ne s’agit pas de recentrer l’Afrique par orgueil, mais de corriger un déséquilibre structurel dans les outils de connaissance et de représentation », analyse un conseiller de la Commission UA. Un enjeu stratégique dans un monde en recomposition À l’horizon 2050, l’Afrique comptera près de 2,5 milliards d’habitants – soit un humain sur quatre. Riche en ressources critiques, au cœur des enjeux migratoires, énergétiques et climatiques, le continent attire les appétits : Chine, Russie, Turquie, puissances du Golfe et Occident y redoublent d’activisme. L’UA, en renforçant sa diplomatie du soft power, cherche à peser davantage dans l’agenda mondial. Ce changement de carte pourrait ainsi renforcer la posture stratégique de l’Afrique dans les négociations globales. Un petit pas symbolique, mais un levier d’influence majeur. Une demande portée jusqu’à l’ONU La campagne “Correct the Map” a officiellement saisi le Comité d’experts UN-GGIM (ONU) sur l’information géospatiale, qui examine actuellement la possibilité d’une recommandation mondiale sur les projections cartographiques. De plus en plus d’universitaires, ONG et diplomates hors d’Afrique appuient ce plaidoyer. Dans un monde où les cartes restent des instruments de pouvoir, décoloniser la représentation du globe devient un acte stratégique autant que pédagogique. « La carte est une arme silencieuse. L’Afrique demande simplement qu’on en change la mire », conclut un diplomate ouest-africain.

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Mali–France : une arrestation, une rupture, une recomposition

L’arrestation de Yann Vezilier, ressortissant français accusé par les autorités maliennes de participer à une tentative de déstabilisation du régime, cristallise une fracture désormais profonde entre la France et le Mali. Présenté par Bamako comme un agent des services de renseignement, Yann Vezilier aurait, selon les accusations, mobilisé des militaires maliens et des membres de la société civile dans un complot avorté. Paris, de son côté, dénonce des accusations « sans fondement » et affirme que l’intéressé est un diplomate accrédité, bénéficiant d’immunité. Cette affaire intervient dans un contexte de purge interne : plus de 50 personnes auraient été arrêtées, dont plusieurs généraux de haut rang. Pour le pouvoir militaire malien, il s’agit de démontrer sa vigilance face à des menaces extérieures et intérieures. Pour la France, il s’agit d’une violation du droit diplomatique international, mais surtout d’un signal d’alarme dans une relation déjà exsangue. Une fracture politique aux résonances géopolitiques L’épisode ne fait que confirmer une tendance lourde : la rupture progressive, mais irréversible, entre Paris et les régimes militaires du Sahel. Depuis le retrait des troupes françaises de l’opération Barkhane et la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), la France est devenue la cible symbolique d’un rejet politique, nourri par un discours souverainiste de plus en plus radical. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger se tournent désormais vers d’autres partenaires, principalement la Russie, la Chine et la Turquie, perçus comme moins intrusifs. L’arrestation de Yann Vezilier, qu’elle repose ou non sur des faits avérés, s’inscrit dans ce récit : celui d’un État qui affirme sa souveraineté en s’émancipant de son ancienne puissance coloniale. Le droit diplomatique bousculé par le politique Le flou entretenu autour du statut exact de l’arrêté alimente les tensions. Si Yann Vezilier est bien un diplomate protégé par la Convention de Vienne, sa détention constitue une entorse grave au droit international. Si ce n’est pas le cas, la France est fragilisée par la perception d’un double jeu. Dans tous les cas, cette affaire montre que les règles diplomatiques ne suffisent plus à garantir le dialogue dans un contexte de rupture politique. Une recomposition régionale en marche Plus qu’un incident, cette arrestation marque un point de bascule : la fin du « privilège français » au Sahel. Dans une région en pleine recomposition stratégique, la France doit désormais affronter une réalité dure : elle n’est plus perçue comme un acteur légitime de la stabilité, mais comme un corps étranger d’un ordre révolu.

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Cameroun – Extrême-Nord : enlèvement de onze civils sur l’axe Kousseri-Maroua, Boko Haram de nouveau en cause

Une attaque armée survenue mercredi matin dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun a conduit à l’enlèvement de onze personnes, ont confirmé les autorités locales jeudi. L’incident a eu lieu sur un axe routier stratégique reliant Kousseri à Maroua, à proximité de la frontière avec le Nigeria. Le bus de transport public, circulant sur la route nationale n°1, a été intercepté par un groupe d’hommes armés, vraisemblablement membres de Boko Haram, selon les premières analyses sécuritaires. Les assaillants ont contraint les passagers à descendre, ont relâché les femmes et le chauffeur, et ont emmené onze hommes adultes vers une destination inconnue. Aucune revendication n’a encore été formulée, mais l’attaque porte la signature classique du groupe jihadiste, actif dans la région depuis plus d’une décennie. Ce mode opératoire – embuscade sur axe routier, sélection des otages, retrait rapide – est typique des stratégies de harcèlement et d’enlèvement utilisées pour alimenter les réseaux de rançon, d’endoctrinement ou de recrutement forcé. Une zone sous haute tension depuis plus de dix ans L’Extrême-Nord camerounais, et en particulier les zones de Logone-et-Chari et du Mayo-Sava, constitue depuis 2013 l’un des points névralgiques de la guerre asymétrique que mène Boko Haram contre les États riverains du bassin du lac Tchad. Le Cameroun y a déployé d’importants moyens militaires, notamment via le BIR (Bataillon d’intervention rapide) et les comités de vigilance locaux, appuyés par la Force multinationale mixte (FMM), en coordination avec le Tchad, le Nigeria et le Niger. Malgré ces efforts, le groupe jihadiste continue de tirer profit de la porosité des frontières, de la pauvreté endémique et de la difficulté d’accès à certaines zones rurales. Le retrait progressif de certaines forces régionales et l’usure des dispositifs de surveillance facilitent la résurgence d’attaques ciblées, souvent dirigées contre des civils ou des cibles logistiques. Conséquences humanitaires et enjeux sécuritaires Outre l’insécurité routière qu’elle renforce, cette attaque souligne la persistance d’un risque élevé pour les populations civiles, déjà affectées par des déplacements massifs (plus de 350 000 déplacés internes selon l’OCHA en 2024) et la détérioration des conditions de vie dans la région. Elle relance également le débat sur l’efficacité des dispositifs de renseignement territorial, le manque de couverture sécuritaire permanente sur les grands axes, et la nécessité de renforcer la coopération transfrontalière avec les pays voisins. Le gouvernement camerounais n’a, pour l’instant, pas communiqué officiellement sur les mesures prises à la suite de l’incident.

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Cameroon / Colonial War Acknowledged: A Strategic Turning Point in France’s African Policy

In an unprecedented act of historical acknowledgment, French President Emmanuel Macron has officially admitted that France conducted a true colonial war in Cameroon, both before and after the country’s independence in 1960. This diplomatic milestone – with geopolitical, memorial, and economic repercussions – forms part of the French president’s broader strategy to rebalance Franco-African relations. “It is my responsibility today to assume the role and responsibility of France in these events,” wrote Macron in a letter to Cameroonian President Paul Biya, published on August 12, 2025. The recognition is based on a comprehensive 1,000-page report by a commission of historians submitted in January 2025, led by Karine Ramondy, an expert in colonial conflicts. The report explicitly characterizes the French military operations as systemic violence with repressive, political, and lethal intent, targeting independence movements – in particular, the Union of the Peoples of Cameroon (UPC). A Historical and Strategic Shift Between 1955 and 1961, French forces conducted, according to historians, an asymmetric war against nationalist fighters in the Sanaga-Maritime, Bamiléké, and Southwest regions. Estimated civilian and military casualties: tens of thousands. Macron also acknowledged that the war continued beyond independence through French support to the authoritarian regime of Cameroon’s first president, Ahmadou Ahidjo. This recognition comes at a time when France is attempting to reposition its African policy, weakened by the rising influence of China, Turkey, and Russia, and a growing backlash against its military presence in the Sahel. “This recognition enables France to reactivate a weakened strategic link, in a region of Central Africa where the competition for influence is intensifying”, said a French diplomat on condition of anonymity. Memory, Politics, and Reparations: A Fragile Balance On the ground, reactions remain mixed. Mathieu Njassep, president of the Cameroonian Veterans Association (Asvecam), stated: “It’s good that he acknowledges it. But we expect more. France can pay reparations. It destroyed villages, roads, so many things…” The issue of financial or symbolic reparations, highly sensitive, is not addressed in the French president’s letter. Yet, it could emerge as a bilateral or legal point of contention, especially amid a politically tense environment in Yaoundé. Archive Diplomacy and Strategic Intelligence President Macron proposes the creation of a Franco-Cameroonian working group to facilitate continued research and open access to French archives. Beyond symbolism, this effort reflects a logic of historical intelligence. “Access to archives is essential not only to restore truth, but also to produce a shared memory that prevents political exploitation of past traumas,” notes historian Karine Ramondy. This documentary openness could also allow France to frame the narrative, especially at a time when information warfare on social media platforms is becoming a critical geopolitical tool. France’s Repositioning in Africa This announcement comes amid France’s military disengagement from the Sahel, a sharp decline in influence in West Africa, and the emergence of Russian-backed private security groups across the continent. In this context, Central Africa, with its historically pro-French stance, now appears as a key zone for France’s economic and strategic redeployment. Cameroon, due to its geographic location and natural resources (cocoa, oil, timber, natural gas), remains an essential economic partner, with Franco-Cameroonian trade reaching €1.1 billion in 2024. Towards a Postcolonial Redefinition? By acknowledging France’s responsibility in a long-silenced conflict, President Macron seeks to settle a historical debt while reaffirming an ambition: to reshape the Africa–France relationship on a foundation of truth – without, however, explicitly opening the door to reparations. A delicate balancing act, at the crossroads of historical duty, diplomatic strategy, and geo-economic priorities. Historical Events Referenced

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Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte

100 000 luminaires LED pour moderniser l’éclairage public et économiser 4 milliards FCFA par an. Le Cameroun vient de franchir un cap décisif dans la modernisation de son éclairage public. Le 7 août 2025, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a signé un protocole d’accord avec l’entreprise espagnole Salvi Lighting pour l’installation de 100 000 luminaires LED dans trois grandes villes : Yaoundé, Douala et Bafoussam. Cette initiative permettra d’économiser environ 4 milliards FCFA par an sur les factures d’électricité et de réduire la consommation énergétique de 15 MW. Un gain économique et écologique majeur. Outre les LED classiques, le projet intègre aussi des lampadaires solaires pour les zones non électrifiées. Ces équipements seront pilotés via le système intelligent Smartec, permettant une gestion à distance efficace. Selon le ministre, cette technologie est parfaitement adaptée au contexte énergétique local. Pour l’ambassadeur d’Espagne, Don Juan Pedro Pérez Gómez Delaunay, ce partenariat illustre une coopération stratégique entre les deux pays, en soutien à la transition énergétique du Cameroun. L’entreprise Salvi Lighting, reconnue pour son expertise, s’engage à transférer des compétences aux entreprises locales. Enjeux et avantages Ce projet pourrait devenir un modèle pour d’autres secteurs d’infrastructure. Il marque une avancée concrète vers un Cameroun plus sûr, plus moderne et plus durable.

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Cameroun : Un projet pilote pour autonomiser les femmes rurales grâce à la propriété intellectuelle

Au Cameroun, un projet pilote innovant vient d’être lancé pour renforcer l’autonomisation économique des femmes rurales en misant sur la propriété intellectuelle et l’innovation. Ce programme, déployé également au Burkina Faso, vise à valoriser les produits agricoles portés par les femmes, en leur permettant de protéger et de commercialiser leurs créations. Malgré leur rôle central dans l’agriculture – elles représentent 62 % de la main-d’œuvre agricole et produisent plus de 80 % des denrées locales – les femmes rurales camerounaises restent peu intégrées dans l’économie formelle. Moins de 15 % des brevets enregistrés à l’OAPI leur appartiennent, et plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté. Avec un budget de 2,5 millions de dollars et une durée de 18 mois, le projet entend former les femmes, les accompagner dans le dépôt de brevets et soutenir des projets à forte valeur ajoutée. Il bénéficie du soutien de l’UNFPA, de l’OAPI, et de l’École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé. Pour Marie Mballa Biloa, présidente des Bayams Sellams, c’est une opportunité décisive : « Nous avons perdu la propriété de plusieurs produits faute de protection. Ce projet nous donne enfin les moyens de valoriser et défendre nos créations ». Une étape prometteuse pour que l’innovation devienne un véritable moteur de changement social et économique pour les femmes rurales du Cameroun.

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Issa Tchiroma Bakary : « Le Cameroun traverse une période critique » – entre alerte, repositionnement et calcul politique

Candidat à la présidentielle du 12 octobre 2025, l’ancien ministre et président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, adopte un ton grave dans un clip à la tonalité résolument politique. « Le Cameroun traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire ». Ancien porte-parole du gouvernement et figure connue du paysage politique camerounais, Issa Tchiroma semble amorcer une inflexion dans son discours -sans rompre totalement avec un système qu’il connaît intimement. Il affirme aujourd’hui que « le peuple ne demande plus de promesses, mais une transition ordonnée, responsable et réaliste », se positionnant à la croisée des chemins entre loyauté institutionnelle et volonté de réforme. Une déclaration forte, mais à replacer dans son contexte Si ses propos peuvent apparaître comme une forme d’autocritique, ils ne constituent pas pour autant une condamnation frontale du pouvoir en place. Ancien ministre de la Communication et de l’Emploi, Tchiroma a longtemps défendu les décisions du président Paul Biya, notamment en période de crise. Il se distingue aujourd’hui par un discours davantage tourné vers la nécessité de stabiliser le pays tout en le réformant de l’intérieur. « J’ai vu le système de l’intérieur », affirme-t-il,  une déclaration qui peut à la fois séduire ceux qui appellent à des réformes pragmatiques, et nourrir la méfiance de ceux qui voient en lui un homme du sérail en quête de recyclage politique. Transition ou repositionnement ? Issa Tchiroma se garde d’appeler à une rupture brutale. Son usage du terme « transition ordonnée » semble au contraire indiquer une volonté de rassurer : les institutions doivent évoluer, mais sans fracture. Cette approche, prudente, peut refléter une lecture stratégique du contexte actuel, dans un pays marqué par une instabilité croissante et une aversion profonde au chaos. Ce positionnement intermédiaire,  ni totalement dans l’opposition, ni dans la continuité stricte , peut être perçu comme une tentative de recentrage, dans un environnement politique où les extrêmes peinent à convaincre l’ensemble de l’électorat. Un pays sous tension, mais pas à la dérive La déclaration d’Issa Tchiroma s’inscrit dans un contexte national complexe : conflit toujours actif dans les régions anglophones, difficultés économiques, jeunesse désabusée, déséquilibres sociaux croissants. Pour autant, les institutions fonctionnent, l’armée reste loyale, et la macroéconomie demeure relativement stable, selon les dernières données du FMI. Ainsi, parler de « période critique » n’est pas inexact, mais doit être mis en regard d’une résilience structurelle encore tangible, notamment dans les centres de pouvoir et d’administration. Une candidature qui interroge La candidature de  Issa Tchiroma soulève plusieurs questions : incarne-t-il une réelle volonté de réforme, ou cherche-t-il à capter un électorat centriste fatigué par le statu quo mais inquiet de l’inconnu ? À ce jour, il n’a pas présenté de programme détaillé, ni proposé de coalition ou alliance électorale. En l’absence de positionnement plus affirmé, sa candidature pourrait souffrir d’un manque de clarté, à mi-chemin entre continuité et renouveau. Une dynamique à suivre À l’échelle géopolitique, la stabilité du Cameroun reste une priorité pour ses partenaires, en particulier la France, les États-Unis et la Chine, présents économiquement et diplomatiquement. Une candidature comme celle de Issa Tchiroma, modérée, expérimentée, institutionnelle, pourrait, à terme, être perçue comme une voie de sortie progressive du modèle actuel, à condition qu’elle s’accompagne de propositions concrètes et d’un discours plus affirmé. Sans programme clair, ni rupture réelle avec les pratiques du passé, sa démarche reste pour l’instant ambiguë, voire tactique. Il pourrait néanmoins peser dans le débat présidentiel, notamment si les tensions sociales s’aggravent ou si l’opposition peine à incarner une alternative crédible.

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