18 juillet 2025

International/Firmin Edouard Matoko : l’Afrique centrale en lice pour l’UNESCO ?

Le Congo met en avant un candidat du Sud global, l’UA doit clarifier sa position face à l’Égypte. Le Congo a désigné Firmin Edouard Matoko, sous-directeur général en charge de la priorité Afrique à l’UNESCO depuis 2017, comme son candidat pour la succession d’Audrey Azoulay en novembre 2025. Ce diplomate chevronné, aux 30 ans de carrière à l’organisation et une expérience multilinguiste (français, anglais, italien, espagnol), incarne un profil « Sud global » – Afrique centrale, Afrique subsaharienne, bassin du Congo, Asie – revendiquant un leadership décomplexé. La candidature de Firmin Edouard Matoko rompt avec le profil traditionnel africain représenté par l’Égyptien Khaled El-Enany, soutenu officiellement par l’Union africaine, la France, la Ligue arabe et l’Allemagne. Or, la Conférence de l’UA sur les candidatures à l’UNESCO, qui date de 2024, stipule que les États membres doivent soumettre une position commune et évaluer équitablement tout candidat africain, en alignement avec l’Agenda 2063 et la stratégie de valorisation de l’Afrique dans les grandes institutions mondiales. « Matoko combine connaissance intime de l’UNESCO, diplomatie africaine et vision multilatérale », souligne un expert du bassin du Congo. UA : entre discipline institutionnelle et enjeux géostratégiques En nommant Firmin Edouard Matoko, le Congo de Sassou‑Nguesso, appuyé par la CEEAC, invite l’UA à clarifier sa ligne. Fera-t-elle primer le candidat « officiel » égyptien, ou ouvrira-t-elle un processus inclusif, comme le demande Brazzaville, pour donner une voix plus large au Sud global et à la francophonie ? L’appel lancé à l’UA vise à éviter que l’élection ne soit perçue comme un concours de puissances : entre la diplomatie du Maghreb, les relais de l’Égypte, et les ambitions de l’Afrique centrale, la légitimité africaine à l’UNESCO est en jeu. Enjeux géopolitiques, institutionnels et d’intelligence économique L’Union africaine doit clarifier sa position Le Congo, via la CEEAC et le président Sassou Nguesso, appelle l’UA à préciser si elle maintient l’appui au candidat égyptien ou s’ouvre à une candidature alternative portée par l’Afrique centrale. Les textes de l’UA stipulent que les candidatures africaines doivent être corrélées à une position commune, transparente et inclusive, conformément à l’Agenda 2063. Ce dossier sera un test crucial : promouvoir une Afrique représentée équitablement au plus haut niveau des institutions culturelles mondiales… ou perpétuer un modèle de candidatures bilatérales concurrentes. Un analyste diplomatique invite l’UA à clarifier « sa posture, sinon les candidatures rivaliseront plutôt que de mutualiser les forces africaines ». Matoko ou El‑Enany, symbole d’un leadership africain atone ou affirmé Le duel entre Matoko et El‑Enany dépasse le simple jeu des candidatures : il interroge la capacité de l’Afrique à décider et promouvoir collectivement ses représentants. L’UA jouera un rôle déterminant : soit favoriser une candidature réellement représentative du Sud global – incarnée par Firmin Edouard Matoko – soit confirmer un modus operandi centré sur l’Afrique du Nord. Transparence ou fragmentation ? Le choix de Firmin Edouard Matoko redistribue les cartes : c’est un test pour l’UA – soit avancer vers des institutions multilatérales plus inclusives et représentatives, soit reproduire un modèle de candidatures bilatérales concurrentes. Le Congo, soutenu par la CEEAC et le président Dénis Sassou‑Nguesso, envoient un message fort : l’Afrique ne veut plus être uniquement source de ressources, mais aussi représentée dans les centres de pouvoir culturel mondiaux. Noël Ndong

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Afrique centrale/Le virus du riz : une bombe agricole silencieuse

Face au Rice Yellow Mottle Virus (RYMV), le Cameroun et ses voisins au cœur d’un enjeu agricole, sanitaire et stratégique continental. « Le RYMV n’est pas qu’un virus agricole, c’est une menace systémique pour la souveraineté alimentaire africaine », selon Dr. Alice Nkosi, virologue agricole. Présent dans plus de 25 pays, le virus de la panachure jaune du riz (RYMV) provoque des pertes de 20 à 80 %, soit jusqu’à 7 millions de tonnes de riz perdues chaque année sur le continent. Pour un aliment qui constitue une base alimentaire pour plus de 200 millions de consommateurs en Afrique centrale et de l’Ouest, le danger est palpable. Le Cameroun, avec plus de 300 000 hectares de riziculture, est particulièrement vulnérable. « Le corridor rizicole de l’Adamaoua au Lac Tchad agit comme un accélérateur épidémiologique », prévient Dr. Jean-Claude Nguema, co-auteur de l’étude publiée dans PLoS Pathogens. Le pays constitue un nœud stratégique régional, exposé aux dynamiques de diffusion venues du Sahel, de l’Afrique de l’Est et des grandes zones forestières du bassin du Congo. « La circulation non réglementée des semences et la mobilité transfrontalière des éleveurs et commerçants facilitent une propagation virale invisible mais rapide », explique Pr. Aminata Diallo, agronome. Contrairement à d’autres virus végétaux, le RYMV se transmet non seulement par insectes, mais aussi via les outils agricoles, les animaux (bœufs, oiseaux), et les contacts humains. Il échappe aux dispositifs classiques de contrôle phytosanitaire. Un enjeu de sécurité alimentaire et géopolitique : dans un contexte d’inflation céréalière mondiale, d’instabilité climatique, et de dépendance persistante aux importations asiatiques, l’expansion du RYMV en Afrique centrale pourrait rapidement devenir un facteur aggravant de tensions sociales. « La réponse doit être multilatérale, transfrontalière et coordonnée. Le virus ignore les frontières ; notre réponse ne peut pas en avoir » — Dr. Samuel Adebayo, conseiller régional en sécurité alimentaire (CEDEAO) Il serait urgent d’appuyer les réseaux de surveillance virale, sécuriser les flux de semences, former les agriculteurs, et intégrer le risque RYMV aux stratégies nationales de sécurité alimentaire devient une priorité. Sans réaction rapide, la région pourrait faire face à une crise rizicole de grande ampleur. Noël Ndong

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« Réparations : l’Afrique et le Cameroun s’unissent pour revendiquer la justice »

Un appel urgent depuis Addis-Abeba en Ethiopie. Lors de l’Assemblée de l’Union africaine à Addis-Abeba, une demande longtemps réclamée a refait surface : celle des réparations pour les anciennes colonies africaines, victimes de la traite négrière et de l’exploitation coloniale. Dans le cadre de l’initiative « année de la justice pour les Africains et les personnes d’origine africaine », les voix se sont élevées pour réclamer une reconnaissance des souffrances passées. Le président du Ghana, John Mahama, a évoqué les disparités économiques encore présentes : « Les descendants d’Africains réduits en esclavage continuent de faire face à des inégalités sociales ‘. Les cicatrices d’un passé éprouvant De 1500 à 1900, des millions d’Africains ont été arrachés à leurs terres et victimes de la traite négrière. Selon l’UNESCO, c’est près de 15 millions de personnes qui ont été déportées, entraînant une perte inestimable de vies et de richesses culturelles. Les conséquences de ce passé atroce se ressentent aujourd’hui encore, avec des prévisions indiquant un déficit de croissance en Afrique de 2,6 trillions de dollars d’ici 2030 si l’on n’agit pas pour remédier aux inégalités héritées. Le cas du Cameroun Le Cameroun, ancien territoire colonial partagé entre l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, illustre parfaitement la lutte pour la reconnaissance des injustices passées. Les effets durables de la colonisation, des révoltes réprimées dans le sang et des ressources exploitées, continuent d’imprégner la société camerounaise. Les appels à réparations s’intensifient, soulignant la nécessité d’une reconnaissance officielle des crimes coloniaux et d’un soutien pour les populations touchées. La voix du Cameroun s’ajoute ainsi à celle du continent, rappelant les interconnexions entre les luttes pour la justice. Réparations : Au-delà des finances La question des réparations se révèle complexe. John Mahama souligne qu’elles doivent englober la restitution, la réhabilitation et l’éducation sur les injustices passées. Cette dimension éthique interroge également la responsabilité des pays : qui doit payer ? Alors que les États européens et nord-américains sont souvent pointés du doigt, d’autres acteurs, comme les pays arabes, sont curieusement absents du débat. Un consensus historique Les 55 membres de l’UA ont uni leurs voix pour exiger justice. Cette dynamique marque un tournant dans la diplomatie africaine et appelle à une conscience collective sur cette question cruciale. Le communiqué final stipule clairement : « Il est temps que les nations qui ont profité de l’esclavage rendent des compte« . Vers une nouvelle ère de justice Avec une population africaine projetée à 2,5 milliards d’ici 2050, la demande de réparations devient encore plus pressante. Cette assemblée de l’Union africaine pourrait être le point de départ d’un parcours vers la justice sociale et la réconciliation. Ce débat crucial appelle à des actions concrètes pour transformer des promesses en réalités tangibles, tant au niveau national qu’international. En définitive, l’Afrique, et particulièrement le Cameroun, exigent justice, et cette voix unie ne peut être ignorée. Noël Ndong

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Afrique francophone : Dérives électorales silencieuses

À l’approche de scrutins majeurs dans plusieurs pays d’Afrique francophone, un schéma préoccupant se dessine : opacité des règles électorales, sélection restrictive des candidatures, affaiblissement des commissions indépendantes et parfois, marginalisation de l’opposition. Du Cameroun au Sénégal, en passant par le Burkina Faso ou Madagascar, la République centrafricaine (RCA)… les processus électoraux deviennent de plus en plus contestés, minant la confiance publique et fragilisant la légitimité des institutions. Dans ce contexte, l’Union africaine et les organisations sous-régionales (CEEAC, CEDEAO) sont appelées à sortir de leur réserve pour préserver les principes de transparence et d’inclusivité. Ce briefing propose une lecture comparative de ces dynamiques et des risques partagés qu’elles font peser sur la stabilité politique et démocratique du Continent. Comparaison des enjeux autour des candidatures & commissions électorales Le Cameroun : Un processus à clarifier Sur fonds d’incertitude autour des critères de validation des candidatures -notamment les 300 signatures et condition juridique d’investiture -, Elecam reste « silencieuse » tandis que des candidats indépendants ou de petits partis risquent l’exclusion légale. RDC : Violence et manque de transparence La campagne électorale de décembre 2023 a été marquée par des violences, des limitations de l’observation internationale (l’UE n’a pu déployer ses observateurs) et des accusations de partialité de la CENI à l’encontre du président Félix Tshisekedi. Le climat reste inquiétant pour la crédibilité du scrutin. Sénégal : Sponsoring & exclusion ciblée Les candidatures ont été filtrées pour insuffisance de sponsors ou documents incomplets. Des figures comme Ousmane Sonko ont vu leur admissibilité compromise du fait de condamnations pénales. L’opposition a dénoncé un mécanisme de parrainage opaque qui limite la compétition démocratique. Burkina Faso : Érosion des institutions électorales La pouvoir militaire a supprimé l’indépendance de la commission électorale, transférant la responsabilité à l’intérieur – un pivot qui pourrait être dangereux pour la légitimité du futur scrutin, avec repousse indéfini des élections. Madagascar & Mozambique : Répression et blocage politique Points de convergence & déviations Vers une réforme des pratiques électorales ? Les cas camerounais et d’autres pays francophones s’inscrivent dans une tendance qui pourrait devenir préoccupantes : « institutions mi-floues, mi-claires, obstacles administratifs et manque de transparence, absence ou faible de communication publique », déclare un avocat sous anonymat. Mais cette conjoncture reflète une crise plus large en Afrique francophone : entre fermeture politique et affaiblissement institutionnel. Seule une mobilisation coordonnée des régulateurs électoraux, de la société civile, des médias et des observateurs régionaux (ECOWAS, CEEAC, UA) permettra de restaurer la confiance et de garantir un espace démocratique durable. Noël Ndong

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Elecam sous pression face au flou sur les candidatures

Elecam est appelée à clarifier : quelles candidatures déposées, quels critères validés ? À moins de trois mois du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, l’Élection Cameroon (Elecam) fait face à une surenchère d’incertitudes autour de la validation des dossiers de candidature. Malgré l’ouverture du dépôt entre 12 et 21 juillet, l’institution reste silencieuse sur les modalités pratiques et les critères d’éligibilité réelle. Candidatures déposées Selon plusieurs sources, 15 dossiers ont été officiellement reçus à Elecam en attendant leur validation : 1- Cabral Libii ( PCRN) 2- Joshua Osih ( SDF) 3- Paul BIYA ( RDPC) 4- Theiler Onana Léon ( RDPC) 5- Maurice Kamto ( Manidem) 6- Bello Bouba ( UNDP) 7- Issa Tchiroma Bakary( FSNC) 8- Bougha Hagbe (MCNC), 9- Ruben Djaouro (PNPC) 10- Jean Blaise Gwet (MPCC) 11- Geneviève Zeh Amvene (candidate indépendante) 12- Eric Kamgan-Tan (LDCRC) 13- Akere Muna (parti Univers) 14- Bertin Kisob (CPSJ) – 1er dossier déposé 15- Serge Espoir Matomba ( PURS) D’autres figures sont attendues. Le 22 juillet, sera publiée la liste des candidatures retenues; suivie de l’ouverture des contentieux pour ceux qui contesteraient le refus de leur candidature. La liste définitive des candidatures validées devrait être publiée au plus tard le 17 août . Le 27 Septembre marquera l’ouverture de la campagne officielle et le 11 Octobre à minuit la fin de la campagne. Le jour du vote est fixé le 12 Octobre de 08h-18h00. Le flou plane sur les conditions de validation Des acteurs politiques comme Christian Ntimbane Bomo, candidat du parti Héritage, alertent sur le manque de transparence d’Elecam quant aux conditions d’investiture. Le code électoral impose, via l’article 121, la collecte de 300 signatures d’élus locaux ou traditionnels par candidat indépendant ou petit parti. Or, avec le report des élections municipales et législatives à 2026, ce seuil semble devenu juridiquement impossible, suscitant le débat sur sa légalité. Christian Ntimbane souligne aussi l’absence de règles claires concernant la forme légalisée exigée pour les actes d’investiture – et les autorités compétentes pour les signer – alors qu’Elecam reste muet, trois jours après le début du dépôt des candidatures. Enjeux institutionnels et risques juridiques Entre gestion opaque et ouverture démocratique Elecam est confrontée à un enjeu majeur de communication et de gouvernance. Si elle ne clarifie pas rapidement les modalités pratiques des dépôts, l’élection présidentielle pourrait être entachée de contestations juridiques, d’exclusions de candidats indépendants et d’accusations de fermeture politique. Pour Christian Ntimbane Bomo, « Elecam être clair ou faire face à l’annulation du scrutin devant le Conseil Constitutionnel » . La balle est désormais dans le camp de l’organisme électoral : publier les critères, permettre une compréhension claire des règles du jeu, ou encourir une défiance croissante à l’approche du scrutin. Noël Ndong

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