22 juillet 2025

Économie bleue : le Gabon avance, le Cameroun cherche sa voie dans un Golfe de Guinée sous tension

En juillet 2025, le Gabon a officialisé sa stratégie nationale pour l’économie bleue, ambitionnant de structurer durablement ses secteurs maritime et halieutique. Présentée par la ministre de la Mer, cette feuille de route s’articule autour de six axes prioritaires : gouvernance, cadre juridique, infrastructures, surveillance, durabilité et coopération. « Le Gabon fait le choix d’un développement intégré et durable des ressources maritimes. C’est une réponse à la fois économique, sociale et environnementale », a souligné Laurence Ndong. Cameroun : un potentiel à structurer Le Cameroun, pourtant doté de 402 km de côtes et d’un potentiel halieutique estimé à 150 000 tonnes/an, ne dispose pas encore d’une stratégie d’économie bleue unifiée. Les efforts sont dispersés entre modernisation portuaire, accords bilatéraux de pêche, et projets côtiers ponctuels. Dr Hugues Nguemwo, expert en économie maritime basé à Douala, explique : « Il manque une vision intersectorielle, articulée à la planification nationale et aux enjeux climatiques et sécuritaires ». Ajoutant : « Le Gabon donne l’exemple d’une gouvernance cohérente. Le Cameroun gagnerait à s’en inspirer pour valoriser ses ressources et sécuriser son espace maritime ». Une région sous haute tension : les risques maritimes croissants Le Golfe de Guinée, qui s’étend de la Guinée au Congo, est devenu en une décennie l’épine dorsale maritime de l’Afrique de l’Ouest et centrale, mais aussi une zone à haut risque. Il concentre plus de 40 % des incidents de piraterie maritime en Afrique, selon l’Office maritime international (OMI, 2024). « La piraterie a évolué vers des formes plus organisées, impliquant parfois des complicités locales, et affectant les chaînes logistiques », note un rapport de l’Institut d’études de sécurité basé à Dakar. Autres menaces majeures : Face à cela, la coordination régionale demeure limitée, malgré la mise en place de mécanismes tels que le Code de conduite de Yaoundé (2013) et les centres régionaux de sécurité maritime (CRESMAO et CRESMAC). « Sans une coopération régionale renforcée et des stratégies nationales robustes, le potentiel économique de la mer restera vulnérable », alerte un officier de la Commission du Golfe de Guinée. Alors que le Gabon structure son économie bleue dans une approche proactive et durable, le Cameroun dispose d’atouts stratégiques mais manque encore d’un cadre politique intégré. Dans un Golfe de Guinée en proie à des risques croissants, la souveraineté maritime, la sécurité des ressources et l’attractivité économique dépendent désormais d’une vision partagée, sécurisée et écologiquement viable. Noël Ndong

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UNESCO : nouveau retrait des Etats-Unis, une fracture dans l’engagement multilatéral

Le gouvernement américain a annoncé un nouveau retrait de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), effectif au 31 décembre 2026. Il s’agit du troisième retrait historique des Etats-Unis depuis 1945 : après les départs de 1984  sous Reagan et 2018 sous Trump I , puis la réintégration en 2023 sous l’administration Biden. L’administration Trump II avance que l’UNESCO promeut des agendas « divisifs« , jugés contraires aux intérêts nationaux : soutien à la reconnaissance de l’État palestinien, biais anti-israélien, initiatives « DEI » (diversité, équité, inclusion) qualifiées de « woke« . Impact budgétaire et stratégique Les États-Unis contribuaient à environ 8 % du budget de l’UNESCO (contre 20‑22 % jusqu’en 2011), et leur départ entraînera une réduction notable des financements couverts, notamment en matière d’éducation, patrimoine et droits humains. Bien que moins dépendante qu’auparavant, l’agence subira néanmoins les effets sur certains programmes clés, notamment ceux soutenus historiquement par les États-Unis. Enjeux géopolitiques et diplomatiques Ce retrait s’inscrit dans la doctrine « America First », marquée par une défiance vis-à-vis des organisations multilatérales. Il reprend la logique de retrait d’autres entités internationales telles que l’OMS ou le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Des critiques mentionnent une tentative de neutralisation de l’influence croissante de la Chine au sein de l’UNESCO, notamment dans les domaines éducatifs et technologiques. En s’éloignant, les États-Unis perdent une position stratégique dans la légitimation des normes globales. Réactions et périmètre d’impact La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a exprimé ses regrets tout en assurant que l’organisation resterait résiliente, renforcée par ses financements diversifiés. Pour les experts, ce retrait pourrait affaiblir la lutte contre les inégalités éducatives, la protection du patrimoine mondial, la mémoire de l’Holocauste, ou encore la liberté de la presse, domaines dans lesquels les États-Unis jouaient un rôle pivot. Noël Ndong

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USA, Expulsions

États‑Unis : Eswatini, première escale pour cinq déportés « sans pays »

Dans le cadre d’un programme controversé de déportations vers des pays tiers, les États-Unis ont expulsé cinq individus condamnés pour crimes graves (meurtre, viol sur mineur) vers Eswatini, petit royaume d’Afrique australe de 1,2 million d’habitants. Ces personnes, originaires du Vietnam, de Jamaïque, de Cuba, du Yémen et du Laos, avaient vu leurs pays refuser leur réadmission, privant Washington de l’alternative classique de renvoi direct: d’où le recours inédit à une déportation vers un État tiers. À ce jour, cinq individus ont été expédiés vers Eswatini au cours de la deuxième quinzaine de juillet 2025. Il ne s’agit que de la deuxième opération en Afrique en juillet, après l’expulsion de huit hommes vers le Soudan du Sud quelques jours auparavant. Aucun autre vol vers Eswatini n’a été confirmé depuis – malgré des spéculations sur d’éventuelles autres coopérations classifiées. Conditions de détention : confinement strict Dès leur arrivée, les cinq ont été placés en isolement cellulaire, vraisemblablement au Matsapha Correctional Complex, prison de haute sécurité située près de Mbabane. Le gouvernement eswatinien considère ces détenus comme étant « en transit » et envisage une réexpédition progressive vers leurs pays d’origine, mais sans délai annoncé. Enjeux diplomatiques et géopolitiques La décision de Washington suit une décision de la Cour suprême américaine du 23 juin 2025, autorisant les déportations vers des pays tiers, même sans lien juridique ou familial. Eswatini est une monarchie. Plusieurs voix dénoncent un accord secret, probablement obtenu via des concessions politiques ou économiques américaines. Dimension stratégique, intelligence économique Ce procédé exprime une stratégie de territorialisation sécuritaire : ne pouvant pas renvoyer certaines catégories de migrants vers leurs pays d’origine, l’administration privilégie des États vulnérables mais coopératifs. Cela permet de maintenir un discours sécuritaire domestique tout en contournant les blocages diplomatiques classiques. Certains observateurs y voient une mise sous influence discrète : Eswatini (comme précédemment d’autres pays africains ou latino-américains) pourrait être incité à collaborer en échange d’avantages bilatéraux, inscrivant cette politique dans une logique d’intelligence économique globalisée. Risques juridiques et droits humains Les ONG alertent sur une possible violation du principe de non-refoulement : l’absence d’accès à un recours individuel, la détention prolongée en isolement, ainsi que l’opacité des accords sont perçus comme contraires au droit international. Essentiellement, en absence d’évaluations claires, des individus accusés de crimes, même graves, peuvent ne pas bénéficier d’un procès équitable ou d’une procédure transparente. Noël Ndong

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RDC – M23 : un cessez-le-feu fragile dans une guerre de trente ans

« La paix est un choix… une responsabilité à construire », a déclaré le ministre de l’Intérieur de la RDC. Un fragile espoir de paix refait surface à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le gouvernement de Kinshasa et les représentants du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, ont signé LE 19 juillet à Doha une déclaration d’intention en vue d’un cessez-le-feu permanent, prélude à un « accord de paix global ». Si le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, se dit « pleinement convaincu » que le pays est « proche de la paix », l’histoire récente invite à la prudence : les précédents accords de cessez-le-feu ont souvent été violés, parfois dans les semaines suivant leur signature. Depuis 30 ans, l’est du pays – région frontalière du Rwanda et de l’Ouganda, riche en or, coltan et cobalt – reste enlisé dans un conflit multidimensionnel, où s’entrelacent rivalités ethniques, enjeux économiques, influences régionales et faillite de l’État. Le retour du M23, mouvement politico-militaire déjà actif entre 2012 et 2013, a ravivé les tensions depuis fin 2021, avec une offensive éclair menée en appui de troupes rwandaises, selon Kinshasa et l’ONU. Face à une armée congolaise débordée, les combats ont provoqué des milliers de morts et plus d’un million de déplacés, accentuant une crise humanitaire aiguë. La déclaration de Doha prévoit une feuille de route pour la restauration de l’autorité de l’État dans les zones sous contrôle du M23. Kinshasa y voit une première étape vers un redéploiement administratif et sécuritaire, précisant que ce retrait se fera dans le cadre d’un processus négocié, ce qui a suscité des critiques au sein de l’opinion publique congolaise, impatiente de voir un retour immédiat des institutions. Malgré ce nouveau cadre diplomatique, les lignes de front n’ont pas bougé depuis février, et le terrain reste instable. Le M23 continue d’affronter une myriade de milices locales pro-Kinshasa, dans une logique de guerre asymétrique difficile à contenir. Cette guérilla permanente, conjuguée à l’implication d’acteurs non étatiques et de puissances voisines, complexifie toute issue militaire ou politique durable. Pour les autorités congolaises, la réussite du processus repose sur une double dynamique : un soutien populaire renforcé et des concessions mutuelles. « Nous voulons une paix définitive, une paix durable », a martelé le ministre de la Communication Patrick Muyaya, en appelant à un effort collectif de reconstruction. Si la signature de Doha constitue un jalon symbolique, le chemin vers la paix réelle demeure semé d’incertitudes. Les partenaires régionaux, l’Union africaine et les Nations unies seront scrutés quant à leur capacité à garantir la mise en œuvre et le respect des engagements. En RDC, où chaque cessez-le-feu a jusqu’ici précédé une nouvelle flambée de violences, la vigilance reste de mise. Noël Ndong

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La population mondiale à l'horizon 2100

10 milliards d’habitants ? Le monde au bord du basculement démographique

« L’humanité n’a jamais été aussi nombreuse… ni aussi proche du déclin », selon  le rapport des Nations unies sur la population mondiale, 2025. Alors que la planète se prépare à franchir le cap des 10 milliards d’habitants vers 2050, une vérité plus discrète s’impose dans les modèles démographiques des Nations unies : le pic de population mondiale pourrait être atteint plus tôt que prévu, suivi d’un déclin global dès la fin du siècle. En 2022, l’humanité comptait 8 milliards de personnes. D’ici à 2080, la courbe pourrait commencer à s’inverser, amorçant un retournement historique sans précédent. Une stagnation qui masque un basculement En vingt ans, la population mondiale a gagné deux milliards d’habitants. Les 60 prochaines années devraient produire le même résultat – mais à un rythme plus lent, signe d’un essoufflement. Le rapport onusien indique que la population mondiale diminuera de 13 millions de personnes d’ici à 2100, si les tendances actuelles se confirment. Le taux de natalité plonge, tandis que la mortalité repart à la hausse, aggravée par les pandémies, les conflits et le vieillissement. Vieillir plus vite que l’on ne naît Le tournant est déjà perceptible : en 2030, il y aura plus de personnes âgées de plus de 80 ans que d’enfants de moins d’un an. À l’échelle mondiale, les plus de 65 ans dépasseront les moins de 18 ans dès 2080, redéfinissant les priorités économiques, sociales et sanitaires des États. « Nous entrons dans une ère où la démographie devient un facteur de vulnérabilité stratégique », indique un analyste de l’Institut international des études démographiques (IIED). Des pays au seuil de saturation Un quart de l’humanité vit déjà dans des pays dits « démographiquement saturés », c’est-à-dire où les infrastructures, les ressources et l’environnement ne peuvent plus soutenir une croissance continue. Des mégapoles tentaculaires en Afrique, en Asie et en Amérique latine concentrent les défis du siècle : gestion de l’eau, urbanisation incontrôlée, alimentation, emploi. Conséquences économiques et stratégiques Le vieillissement global reconfigure les modèles économiques : réduction de la population active, explosion des dépenses de santé, crise des retraites, et redéploiement des investissements. Des pays comme le Japon, l’Italie, ou la Corée du Sud expérimentent déjà cette transition démographique à marche forcée, et certains experts estiment qu’elle pourrait affecter la compétitivité globale de ces économies d’ici 2050. L’intelligence économique à l’ère post-démographique À long terme, la démographie devient un outil d’anticipation stratégique. Les géants technologiques et industriels investissent dans l’automatisation, la robotique, l’intelligence artificielle pour compenser la raréfaction des forces vives. La guerre de demain pourrait aussi être une guerre de cerveaux, entre nations jeunes et vieillissantes, entre créativité démographique et épuisement social. L’humanité approche du sommet de sa courbe démographique. Derrière le chiffre symbolique des 10 milliards se profile une autre réalité : le monde entre dans une ère de décroissance silencieuse, porteuse d’opportunités écologiques… mais aussi de fragilités économiques et géopolitiques inédites. Noël Ndong

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