Économie bleue : le Gabon avance, le Cameroun cherche sa voie dans un Golfe de Guinée sous tension
En juillet 2025, le Gabon a officialisé sa stratégie nationale pour l’économie bleue, ambitionnant de structurer durablement ses secteurs maritime et halieutique. Présentée par la ministre de la Mer, cette feuille de route s’articule autour de six axes prioritaires : gouvernance, cadre juridique, infrastructures, surveillance, durabilité et coopération. « Le Gabon fait le choix d’un développement intégré et durable des ressources maritimes. C’est une réponse à la fois économique, sociale et environnementale », a souligné Laurence Ndong. Cameroun : un potentiel à structurer Le Cameroun, pourtant doté de 402 km de côtes et d’un potentiel halieutique estimé à 150 000 tonnes/an, ne dispose pas encore d’une stratégie d’économie bleue unifiée. Les efforts sont dispersés entre modernisation portuaire, accords bilatéraux de pêche, et projets côtiers ponctuels. Dr Hugues Nguemwo, expert en économie maritime basé à Douala, explique : « Il manque une vision intersectorielle, articulée à la planification nationale et aux enjeux climatiques et sécuritaires ». Ajoutant : « Le Gabon donne l’exemple d’une gouvernance cohérente. Le Cameroun gagnerait à s’en inspirer pour valoriser ses ressources et sécuriser son espace maritime ». Une région sous haute tension : les risques maritimes croissants Le Golfe de Guinée, qui s’étend de la Guinée au Congo, est devenu en une décennie l’épine dorsale maritime de l’Afrique de l’Ouest et centrale, mais aussi une zone à haut risque. Il concentre plus de 40 % des incidents de piraterie maritime en Afrique, selon l’Office maritime international (OMI, 2024). « La piraterie a évolué vers des formes plus organisées, impliquant parfois des complicités locales, et affectant les chaînes logistiques », note un rapport de l’Institut d’études de sécurité basé à Dakar. Autres menaces majeures : Face à cela, la coordination régionale demeure limitée, malgré la mise en place de mécanismes tels que le Code de conduite de Yaoundé (2013) et les centres régionaux de sécurité maritime (CRESMAO et CRESMAC). « Sans une coopération régionale renforcée et des stratégies nationales robustes, le potentiel économique de la mer restera vulnérable », alerte un officier de la Commission du Golfe de Guinée. Alors que le Gabon structure son économie bleue dans une approche proactive et durable, le Cameroun dispose d’atouts stratégiques mais manque encore d’un cadre politique intégré. Dans un Golfe de Guinée en proie à des risques croissants, la souveraineté maritime, la sécurité des ressources et l’attractivité économique dépendent désormais d’une vision partagée, sécurisée et écologiquement viable. Noël Ndong