Afrique-Qatar : une offensive à 300 milliards pour redessiner les alliances stratégiques

Doha déploie ses ambitions sur le continent africain avec une tournée diplomatique et économique sans précédent. Cheikh Al Mansour Bin Jabor Bin Jassim Al Thani, envoyé spécial de l’émir, propose des investissements massifs dans dix pays, avec à la clé une redistribution des cartes géopolitiques, économiques et sécuritaires. Le Qatar change de dimension en Afrique. Si l’émirat du Golfe a longtemps cmlultivé un rôle de médiateur discret sur le continent, il franchit aujourd’hui un cap stratégique avec une promesse d’investissements colossaux : 300 milliards de dollars, dont une large partie sera dirigée vers l’Afrique à travers le conglomérat Al-Mansour Holding. À sa tête : Cheikh Al Mansour Bin Jabor Bin Jassim Al Thani, cousin de l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani, homme de confiance et stratège de cette nouvelle « diplomatie d’influence ». Une tournée historique et ciblée Lancée le 13 août 2025, la tournée diplomatique et économique de Cheikh Al Mansour traverse dix pays stratégiques d’Afrique centrale, australe et orientale : RDC, Zambie, Tanzanie, Angola, Botswana, Burundi, Gabon, Mozambique, Zimbabwe et Centrafrique. Ces États ont en commun une richesse en ressources critiques (cobalt, cuivre, lithium, pétrole, gaz, terres rares) essentielles à la transition énergétique mondiale. « Notre objectif est clair : bâtir des ponts durables entre Doha et l’Afrique sur la base d’un partenariat mutuellement bénéfique », a déclaré Cheikh Al Mansour lors de son escale à Lusaka. Des chiffres qui marquent Dans tous les pays visités, les promesses incluent le transfert de compétences, la création d’emplois locaux et le développement de synergies logistiques avec Qatar Airways ou d’infrastructures aéroportuaires, sur le modèle du partenariat avec le Rwanda. Une triangulation d’influences Si cette initiative économique semble purement commerciale, elle s’inscrit dans un jeu géopolitique et sécuritaire plus large, où Doha cherche à prendre une place que la Chine, les États-Unis, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite convoitent aussi. Le Qatar s’appuie ici sur une double approche : Selon un analyste du Geopolitical Futures Forum, « le Qatar s’inscrit dans une stratégie d’influence structurelle, là où les autres acteurs se positionnent souvent dans l’urgence ou la captation rapide des ressources ». Rivalités dans le Golfe et nouvelles routes de la puissance En arrière-plan, cette offensive économique reflète les tensions entre monarchies du Golfe, notamment avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, déjà très actives en Afrique. Le Qatar, conscient de la finitude de ses ressources fossiles, accélère sa diversification et tente de créer des dépendances croisées durables sur un continent encore sous-capitalisé mais riche en ressources. Doha ne cache plus son ambition : devenir un acteur mondial de premier plan en combinant puissance financière, diplomatie d’influence et stratégie d’alliances durables. Vers un « moment Qatar » en Afrique ? Cette tournée historique pourrait bien marquer le début d’un réalignement des puissances économiques en Afrique. Le Qatar, petit par sa taille mais ambitieux dans sa vision, entend durablement ancrer son empreinte sur un continent stratégique. Si les promesses se traduisent en projets concrets, Doha pourrait devenir un partenaire incontournable de l’Afrique post-Covid et post-pétrole, en rupture avec les logiques extractivistes classiques.

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