août 2025

Royaume-Uni – Immigration étudiante : stabilité réglementaire ou restriction déguisée ?

À la faveur des récentes clarifications techniques apportées par les déclarations HC 836 (24 juin) et HC 997 (1er juillet), le Royaume-Uni semble afficher une volonté de stabiliser son système d’immigration pour étudiants internationaux. Mais derrière cette façade de continuité, les effets d’une politique restrictive amorcée dès 2023 continuent de se faire sentir, notamment pour les étudiants africains. Réglages techniques, impacts concrets Les ajustements de mi-2025 concernent principalement les conditions d’éligibilité des personnes à charge (dépendants) et les modalités d’obtention de l’autorisation électronique de voyage (ETA). Désormais, un étudiant en doctorat (RQF 8) peut faire venir sa famille, mais cette possibilité reste fermée aux étudiants de master ou licence (RQF 7 et 6). Pour de nombreux étudiants africains, notamment nigérians – fortement représentés en master – cette restriction maintient un frein structurel au regroupement familial. Autre changement : l’obligation d’ETA est désormais élargie aux personnes transitant depuis l’Irlande, ce qui concerne particulièrement les étudiants internationaux aux parcours complexes. Ces clarifications semblent minimes, mais elles renforcent un encadrement déjà rigoureux, sans en alléger les contraintes sociales ou économiques. Chute vertigineuse des visas nigérians Les chiffres officiels du Home Office confirment une dynamique inquiétante : Une stabilité trompeuse Si les parcours « Étudiant » et « Diplômé » n’ont pas été modifiés en juillet 2025, la tendance globale demeure restrictive. Le relèvement des seuils salariaux (jusqu’à +16 %) pour les travailleurs qualifiés, l’interdiction des dépendants dans les métiers en pénurie et la complexité croissante des démarches renforcent l’impression d’un système de plus en plus fermé, surtout pour les diplômés non-doctorants. En somme, le Royaume-Uni conserve l’apparence d’une stabilité réglementaire, mais dans un cadre durci, où seuls les profils hautement qualifiés et financièrement solides peuvent véritablement tirer parti des opportunités post-études. Pour les étudiants africains, la vigilance reste de mise.

Royaume-Uni – Immigration étudiante : stabilité réglementaire ou restriction déguisée ? Read More »

Burkina Faso : Ibrahim Traoré accueille les légendes du football africain à Ouagadougou

À l’occasion de la réouverture du mythique Stade du 4-Août, le Président de la Transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a reçu en audience plusieurs icônes du football africain. Une rencontre chargée d’émotion et de symboles dans un contexte de reconstruction nationale. C’est dans une ambiance fraternelle que le président Ibrahim Traoré a accueilli, ce lundi à Ouagadougou, une délégation de légendes du football africain. Parmi elles, l’ancien international camerounais, président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), Samuel Eto’o, désigné porte-parole, a exprimé toute sa reconnaissance. « Merci de nous avoir accueillis chez nous, chez vous. Le Burkina Faso, c’est aussi l’Afrique », a-t-il déclaré, saluant la chaleur de l’accueil réservé par les autorités burkinabè. La délégation, venue de divers pays du continent, a salué la symbolique forte de cette rencontre avec le chef de l’État, qu’ils ont décrit comme « une fierté pour l’Afrique ». L’événement s’inscrit dans le cadre de la réouverture du Stade du 4-Août, haut lieu du sport burkinabè, récemment rénové. Sport, unité et résilience nationale Au-delà de l’aspect protocolaire, cette initiative s’inscrit dans une stratégie de relance du sport comme vecteur d’unité nationale, dans un pays marqué par des défis sécuritaires et sociaux. En remettant le sport au cœur du projet de société, les autorités parient sur la cohésion sociale, la jeunesse et la fierté nationale. « Ces légendes ont contribué à faire rayonner notre continent. Nous nous sentons chez nous partout en Afrique », a conclu Eto’o Fils.

Burkina Faso : Ibrahim Traoré accueille les légendes du football africain à Ouagadougou Read More »

Bassin du Lac Tchad : 6,6 milliards FCFA injectés par l’AFD pour soutenir l’élevage

Dans un contexte de pressions climatiques et de tensions agropastorales, l’Agence Française de Développement (AFD) débloque 6,6 milliards FCFA pour moderniser le secteur de l’élevage dans le Bassin du Lac Tchad. Le projet, coordonné par la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), vise quatre pays : Cameroun, Tchad, Niger et Nigeria. Dans une région marquée par l’insécurité, la pauvreté et la dégradation des ressources naturelles, l’élevage reste un poumon économique vital. Il fait vivre plus de 20 millions de personnes et représente jusqu’à 20 % du PIB dans certains pays de la zone CBLT. Le financement de l’AFD s’inscrit dans une démarche globale de résilience, de stabilité sociale et de sécurité alimentaire. Le projet vise plusieurs objectifs concrets : campagnes de vaccination, infrastructures vétérinaires, forages, points d’eau et gestion durable des pâturages. L’un des enjeux centraux est de réduire les conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs, exacerbés par la raréfaction des ressources due au changement climatique. « En soutenant ce secteur stratégique, nous contribuons à la stabilité et à la prospérité des communautés transfrontalières », a affirmé un cadre de l’AFD. Un levier de stabilité régionale Porté par la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), ce programme régional vise à harmoniser les politiques pastorales et à renforcer les capacités locales en matière de gestion des ressources naturelles. Il s’inscrit dans la stratégie de développement durable des zones transfrontalières, souvent négligées dans les investissements publics. En alliant développement économique, réponse aux défis climatiques et prévention des conflits, l’AFD mise sur un secteur à la croisée des enjeux humanitaires, sécuritaires et environnementaux.

Bassin du Lac Tchad : 6,6 milliards FCFA injectés par l’AFD pour soutenir l’élevage Read More »

Ghana : deuil national après un crash meurtrier d’hélicoptère militaire

Le président ghanéen John Mahama a décrété un deuil national de trois jours après le crash d’un hélicoptère militaire qui a coûté la vie à huit personnes, dont deux membres clés du gouvernement. Le pays est sous le choc. Le Ghana est en deuil. Le président John Mahama a annoncé, ce mercredi soir, une période de deuil national de 72 heures à la suite de l’accident d’un hélicoptère militaire dans le sud du pays, survenu dans la matinée. Le drame a coûté la vie à huit passagers, dont deux ministres en fonction : le ministre de la Défense, Edward Omane Boamah, et celui de l’Environnement, Ibrahim Murtala Muhammed. « Il s’agit d’une tragédie nationale. Le pays est sous le choc de la perte soudaine de hauts responsables gouvernementaux et de militaires », a déclaré Felix Kwakye Ofosu, porte-parole de la présidence. Drapeaux en berne, présidence suspendue En signe de respect, toutes les activités officielles de la présidence sont suspendues pour le reste de la semaine, et les drapeaux sont mis en berne sur l’ensemble des bâtiments publics, à compter de ce jeudi 7 août. Outre les deux ministres, les victimes incluent Muniru Mohammed, coordinateur adjoint à la Sécurité nationale ; Samuel Aboagye, ancien député ; Samuel Sarpong, vice-président du parti NDC ; ainsi que trois membres de l’armée de l’air : le chef d’escadron Peter Bafemi Anala, le lieutenant Mane-Twum Ampadu, et le sergent Ernest Addo Mensah. Une onde de choc nationale Ce drame frappe l’appareil d’État au cœur. À ce stade, les causes exactes du crash restent inconnues, mais une enquête militaire a été ouverte. L’émotion est vive dans le pays, et des livres de condoléances ont été ouverts dans les grandes institutions publiques et ambassades. Le deuil national, décrété jusqu’à nouvel ordre, vise à honorer la mémoire des victimes et à unifier la nation dans cette épreuve.

Ghana : deuil national après un crash meurtrier d’hélicoptère militaire Read More »

BEAC : une application mobile pour contrer la prolifération des faux billets

Face à la recrudescence de la contrefaçon monétaire dans l’espace CEMAC, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) déploie une solution numérique innovante. L’application mobile gratuite « BEAC NG2020 », conçue pour permettre à chaque citoyen de vérifier l’authenticité des billets de la série « type 2020 ». Cette initiative fait suite à des saisies massives : près de 100 millions de FCFA en fausse monnaie à Douala en mars 2025, 32 millions à Maroua deux mois plus tôt. Les faussaires exploitent la forte circulation de liquidités dans les économies informelles, où les outils de contrôle sont souvent absents.  « L’objectif est de lutter plus efficacement contre la circulation des faux billets en mettant à la disposition du grand public un outil simple, rapide et fiable», indique la BEAC dans un communiqué officiel Un outil numérique accessible à tous Disponible sur Android et iOS, l’application utilise la caméra du téléphone pour scanner les billets (500, 1 000, 2 000, 5 000 et 10 000 FCFA). Elle détecte les éléments de sécurité et signale toute anomalie en temps réel. Une galerie explicative permet également d’identifier visuellement les billets authentiques. L’application entend démocratiser la détection de faux billets dans un contexte où la fraude gagne du terrain. « L’outil ne remplace pas les contrôles bancaires, mais c’est un bouclier numérique à la portée du citoyen lambda », confie un agent de la BEAC. Un fléau monétaire dans toute la zone CEMAC La circulation de faux billets est un phénomène régional préoccupant. Au Tchad, plusieurs arrestations ont eu lieu en 2024, avec des saisies estimées à plus de 40 millions de FCFA. En Centrafrique, les marchés de Bangui sont régulièrement inondés de coupures frauduleuses, notamment de 5 000 et 10 000 FCFA. Au Congo-Brazzaville et au Gabon, les autorités ont signalé une augmentation de 30 % des cas de fausse monnaie entre 2022 et 2024, selon des rapports bancaires confidentiels. Ce fléau déstabilise les économies locales, affaiblit la confiance dans la monnaie régionale et alimente l’économie parallèle. Dans des pays où plus de 80 % des transactions se font encore en espèces, les dégâts sont particulièrement visibles chez les petits commerçants et dans les zones frontalières. Un pas vers la digitalisation monétaire régionale L’initiative s’inscrit dans une stratégie plus large : la modernisation et la sécurisation de la monnaie CEMAC à l’ère numérique. Le plan 2023–2027 de la BEAC vise à renforcer les outils d’authentification, réduire l’usage de cash non traçable, et préparer l’introduction progressive de solutions numériques de paiement. Avec cette application, la BEAC espère non seulement freiner la contrefaçon, mais aussi restaurer la crédibilité du franc CFA dans un contexte de fragilités économiques et de pressions inflationnistes. Entre réponse technologique et stratégie de confiance, « BEAC NG2020 » pourrait devenir un outil-clé dans la lutte contre l’économie souterraine et la fraude monétaire. Son efficacité dépendra toutefois de sa diffusion massive, en particulier dans les zones les plus vulnérables de la CEMAC.

BEAC : une application mobile pour contrer la prolifération des faux billets Read More »

Coopération Cameroun-Sénégal : Un axe stratégique se dessine entre Yaoundé et Dakar

Neuf accords majeurs ont été signés entre le Cameroun et le Sénégal à l’issue de la 5ᵉ session de la grande commission mixte à Yaoundé. Cette coopération bilatérale multiforme, couvrant justice, éducation, économie et culture, illustre une volonté conjointe de structurer une nouvelle dynamique interrégionale en Afrique. Des accords à haute portée économique Parmi les accords signés figurent des engagements sur la mobilité des opérateurs économiques, la formation professionnelle, et le transport aérien. Objectif : fluidifier les échanges dans un contexte où les flux commerciaux entre les deux pays dépassent déjà 25 milliards FCFA par an. L’amélioration de la connectivité, notamment par la création de liaisons aériennes directes entre Douala, Yaoundé et Dakar, pourrait stimuler les échanges commerciaux et le tourisme intra-africain. « Ces accords marquent une étape importante vers une coopération économique structurée et durable », a affirmé Yassine Fall, ministre sénégalaise de l’Intégration africaine. Un repositionnement diplomatique afro-centré La signature de ces accords reflète aussi une convergence géopolitique assumée. Le Cameroun et le Sénégal, considérés comme des pivots de stabilité en Afrique centrale et de l’Ouest, affichent leur volonté de porter un leadership interrégional africain, au moment où les blocs CEDEAO et CEEAC traversent des recompositions internes. « Nous parvenons au terme de deux jours d’échanges riches et fructueux, dans une atmosphère de fraternité », a salué Lejeune Mbella Mbella, ministre camerounais des Relations extérieures. Culture et intelligence économique en toile de fond Au-delà de l’économie, ces accords touchent aussi aux droits de l’enfant, à l’environnement, et à la coopération cinématographique, preuve que l’intelligence économique et le soft power font partie de la stratégie. Le développement d’un hub audiovisuel afro-francophone, adossé à une offre de formation conjointe, renforcerait la souveraineté cognitive et culturelle des deux États. Avec plus de 60 % de jeunes de moins de 25 ans en Afrique, l’accord sur la mobilité étudiante pourrait aussi répondre à un besoin urgent de formation qualifiante. L’ambition est claire : faire du tandem Yaoundé-Dakar un modèle opérationnel de coopération Sud-Sud. Mais pour transformer l’essai, les deux pays devront assurer la mise en œuvre concrète des engagements, assortie de mécanismes de suivi, de financement et d’évaluation. Ces accords ne sont pas qu’un symbole diplomatique : ils pourraient bien amorcer une nouvelle ère de relations interrégionales africaines, fondées sur le pragmatisme, la solidarité et la souveraineté partagée.

Coopération Cameroun-Sénégal : Un axe stratégique se dessine entre Yaoundé et Dakar Read More »

UNESCO : Matoko face à El-Enany – vision globale contre revendication régionale

À quelques mois du choix du nouveau Directeur général de l’UNESCO, deux candidatures du Sud cristallisent une opposition de fond : celle d’un universalisme réformateur face à une diplomatie régionale structurée. Le Congolais Firmin Edouard Matoko – 35 ans à l’Unesco – et l’Égyptien Khaled El-Enany incarnent deux visions du rôle de l’UNESCO dans un monde en recomposition. Une bataille de candidatures, mais surtout une bataille d’idées. L’UNESCO, gardienne du patrimoine mondial, de l’éducation pour tous et de l’éthique scientifique, entre dans une phase cruciale. Le mandat d’Audrey Azoulay touche à sa fin, et les États membres s’apprêtent à désigner son successeur. Deux figures issues du Sud s’imposent : le diplomate congolais Firmin Edouard Matoko, sous-directeur général de l’Unesco en charge de l’Afrique de 2019 à 2025, et l’ancien ministre égyptien de la Culture, Khaled El-Enany, soutenu par la Ligue arabe. Or, ces candidatures ne sont pas seulement concurrentes. Elles sont conceptuellement opposées. Représentation ou refondation ? Dans une déclaration conjointe publiée en juillet 2025, les pays arabes ont justifié leur soutien à El-Enany par « l’absence historique d’un Arabe à la tête de l’UNESCO ». Un argument de rattrapage symbolique, qui soulève une question diplomatique majeure : les institutions multilatérales doivent-elles fonctionner par rotation régionale, ou par mérite et projet ? Firmin Edouard Matoko, lui, défend une candidature détachée des logiques de quotas. Pour ce diplomate expérimenté – il aura passé 35 ans à l’Unesco -, le véritable enjeu est de réaffirmer l’UNESCO comme plateforme universelle, au service de tous, « sans assignation identitaire ni logique de blocs ». Deux trajectoires, deux philosophies -Khaled El-Enany, archéologue et universitaire respecté, ancien ministre, incarne une diplomatie structurée par les intérêts collectifs de la Ligue arabe. Sa campagne repose sur une logique de « tour de rôle » au sommet des organisations internationales. -Firmin Edouard Matoko, 35 ans à l’UNESCO, sous-directeur général pour la priorité Afrique de 2019 à 2025, porte une vision réformiste : décoloniser les savoirs sans créer de blocs régionaux, renforcer les capacités internes de l’UNESCO, et intégrer pleinement le numérique, l’éthique de l’IA, et l’éducation inclusive dans une gouvernance culturelle mondiale. Un choix stratégique pour l’Afrique et au-delà Un diplomate africain en poste à Paris affirme : « L’Afrique ne doit pas se réduire à une revendication d’identité ou de rattrapage historique […]. Elle a une voix singulière, mais aussi une responsabilité universelle ». Par ailleurs, le soutien à Firmin Edouard Matoko dépasse les clivages géopolitiques : il est vu comme une candidature d’équilibre, capable de rassembler les continents autour d’une gouvernance de la culture, de la paix et de l’innovation. Ce duel reflète aussi une crise de l’universalité, dans un système multilatéral de plus en plus fragmenté. Pour nombre d’observateurs, l’UNESCO a besoin d’un dirigeant qui dépasse les blocs et incarne une diplomatie de projet, non de quota. Rappel historique L’UNESCO, née sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, repose sur une logique d’universalisme culturel et de coopération transnationale – non sur une logique de quotas régionaux. En ce sens, le raisonnement de Khaled El-Enany, perçu comme une revendication de tour de rôle géopolitique, risque d’entrer en contradiction avec l’esprit même de l’UNESCO, qui valorise la diversité sans assigner les postes de direction à des identités collectives. La gouvernance mondiale ne peut se bâtir sur la compensation des absences passées, mais sur la qualité du projet porté et la capacité à fédérer au-delà des appartenances. Enjeux géopolitiques et culturels Sur le plan géopolitique,  le soutien de la Ligue arabe à El-Enany pourrait fracturer les équilibres au sein du Groupe africain, traditionnellement uni dans les négociations UNESCO. Sur le plan culturel,  la vision d’Edouard Firmin Matoko ouvre une réflexion sur l’accès égal aux cultures, aux langues et aux connaissances, y compris dans le numérique. Enfin sur le plan stratégique, le prochain Directeur général de l’UNESCO devra gérer la transition technologique, la polarisation Nord-Sud, et les tensions entre souveraineté et patrimoine partagé. Des questionnements Faut-il élire un Directeur général pour réparer une absence historique, ou pour bâtir un avenir commun ? faut-il représenter les régions ou repenser les équilibres culturels mondiaux ? En juillet dernier, Firmin Edouard Matoko déclarait :  « Le prochain dirigeant de l’UNESCO doit restaurer la confiance dans le multilatéralisme culturel. Pas en redistribuant les postes, mais en redonnant du sens au projet commun ». En défendant une approche universaliste, Firmin Edouard Matoko redonne à l’UNESCO son ambition originelle : unir l’humanité non autour d’identités fixes, mais autour de valeurs partagées et d’idées en mouvement. La décision attendue fin 2025 sera scrutée de près. Plus qu’un choix de personne, c’est un test pour la capacité de l’UNESCO à se réinventer sans se fragmenter. L’Afrique, aujourd’hui au cœur du débat, pourrait bien redonner au multilatéralisme son souffle universel, l’âme même  de l’Organisation.  A lire son projet, cette ambition semble habiter Firmin Edouard Matoko.

UNESCO : Matoko face à El-Enany – vision globale contre revendication régionale Read More »

L’UA investit dans le savoir stratégique : la plateforme ATTP au service d’un développement ancré dans l’expertise africaine

L’Union africaine (UA) franchit un pas stratégique dans la refondation de ses politiques publiques avec le lancement officiel de la plateforme ATTP (African Think Tank Platform). Cette initiative, soutenue financièrement par des partenaires comme la Banque mondiale et techniquement par l’AUDA-NEPAD et la Fondation ACBF, vise à transformer les cercles de réflexion africains en véritables catalyseurs de décisions politiques continentales. Dotée d’un budget de 50 millions USD sur cinq ans, elle ambitionne de combler le déficit chronique en recherche stratégique sur le continent. Un levier d’autonomie africaine Cette nouvelle plateforme s’inscrit dans une dynamique plus large de souveraineté intellectuelle africaine. En centralisant les propositions politiques à travers un comité indépendant d’experts (ICE) et des appels à projets compétitifs, l’UA cherche à créer une chaîne de valeur africaine du savoir, où les Think tanks ne se contentent plus d’être des prestataires de diagnostics, mais deviennent des acteurs du pilotage stratégique du continent. Ce projet vient répondre à une carence structurelle : l’Afrique produit moins de 1 % de la recherche mondiale. Cette marginalité épistémique freine la formulation de politiques adaptées aux réalités locales, laissant le champ libre à des modèles exogènes souvent inadaptés. En rassemblant les travaux de 3 à 5 Think tanks par consortium, avec des subventions allant jusqu’à 10 millions USD, l’ATTP vise à générer des solutions africaines fondées sur des preuves africaines. Penser les transitions du continent L’impact économique potentiel est considérable. Les thématiques prioritaires ciblées – transformation économique, climat, ZLECAf, flux financiers illicites, capital humain, sécurité alimentaire – recoupent les grands chantiers du développement continental. En intégrant systématiquement les Think tanks dans la conception de politiques sur ces enjeux, l’UA veut faire émerger une gouvernance économique plus réactive, interconnectée et contextualisée. Ce positionnement répond aussi aux impératifs de l’Agenda 2063, qui mise sur des cadres d’action cohérents, informés par les données (CRF, STISA-2024, etc.). Comme le souligne Selma Malika Haddadi, vice-présidente de la Commission de l’UA, « la réalisation de l’Agenda 2063 exige davantage que de simples aspirations. Elle nécessite des preuves ». Un enjeu stratégique pour l’influence africaine Enfin, le soutien affiché de bailleurs internationaux – dont la Banque mondiale – montre une reconnaissance croissante de l’intelligence stratégique africaine. Mais pour éviter toute dépendance, l’Afrique devra capitaliser sur cette plateforme pour construire une autonomie durable de la pensée stratégique, condition essentielle à une influence géopolitique crédible sur la scène mondiale.

L’UA investit dans le savoir stratégique : la plateforme ATTP au service d’un développement ancré dans l’expertise africaine Read More »

Bill Gates injecte 2,5 milliards de dollars en Afrique : levier de santé publique ou diplomatie d’influence ?

La Fondation Gates lance le plus vaste programme privé jamais engagé pour la santé des femmes en Afrique, dans un contexte de désengagement public occidental. Dans un mouvement d’ampleur sans précédent, la Fondation Bill & Melinda Gates a annoncé le 4 août un engagement de 2,5 milliards de dollars dédié à la santé des femmes en Afrique. Cette somme, la plus importante jamais débloquée d’un seul trait par la fondation sur le continent, marque le début d’un plan global visant à distribuer près de 200 milliards de dollars d’ici à 2045, date prévue de sa fermeture. Ce financement, réparti sur une quarantaine de projets innovants, vise à réduire la mortalité maternelle, améliorer la santé gynécologique et soutenir la recherche sur les infections sexuellement transmissibles, la prééclampsie ou encore des contraceptions non hormonales. L’enjeu est double : réduire les coûts des politiques publiques et accélérer leur efficacité grâce à l’innovation. « Ce programme vise à combler des lacunes critiques là où les financements publics sont absents », précise le communiqué de la fondation. Une stratégie sanitaire… et géopolitique Sur le plan sanitaire, cet engagement intervient dans un contexte fragile : les systèmes de santé de nombreux pays africains, déjà sous pression post-Covid, peinent à financer des services de base. La féminisation de la pauvreté, la sous-médicalisation des zones rurales, et le recul de l’aide publique au développement (APD) rendent cette initiative potentiellement salvatrice. Mais selon Bruno Cabrillac, économiste à la Fondation pour les études et la recherche sur le développement international (Ferdi), la montée en puissance des fondations pose aussi des questions d’équilibre : « Les fondations philanthropiques ne veulent pas se substituer à l’aide publique, car cela risquerait de créer un aléa moral et d’encourager les États à se désengager ». Une reconfiguration de l’intelligence économique mondiale ? À moyen terme, cette stratégie peut aussi être lue comme un investissement dans la stabilité des marchés africains, essentiels à la croissance mondiale. Les fondations comme Gates, fortement intégrées à des réseaux technologiques et pharmaceutiques mondiaux, influencent déjà les normes de santé, les chaînes de valeur et les régulations, ce qui confère un poids stratégique croissant aux acteurs privés dans les politiques publiques. Dans un contexte où l’USAID ferme des programmes et où l’aide européenne se fragilise, les fondations américaines prennent le relais – mais avec leurs logiques, leurs agendas, et leurs priorités. Réserves et vigilance Si l’impact potentiel est énorme, des réserves persistent. L’absence de contrôle parlementaire, la faiblesse des systèmes de redevabilité locaux et le risque de dépendance technologique pourraient altérer la souveraineté sanitaire des États bénéficiaires. Le danger, à long terme, serait un décrochage stratégique africain, piloté par des mécènes plutôt que par des politiques concertées.

Bill Gates injecte 2,5 milliards de dollars en Afrique : levier de santé publique ou diplomatie d’influence ? Read More »

Pollution plastique : vers un traité mondial, 1.500 milliards de raisons d’agir

Près de 180 pays se sont réunis le 5 août sous l’égide de l’ONU pour une nouvelle session de négociations sur le premier traité international contraignant contre la pollution plastique. L’enjeu est immense : 1.500 milliards de dollars par an de coûts économiques et sanitaires, selon une étude publiée dans The Lancet Planetary Health. Un chiffre qui alerte autant les diplomates que les économistes. « La pollution plastique est un danger grave, systémique, et largement sous-estimé pour la santé humaine et l’environnement mondial », alertent les auteurs du rapport, citant des liens avérés avec des cancers, des troubles hormonaux et des maladies respiratoires. Objectif : un accord juridiquement contraignant d’ici fin 2025 Les négociateurs du Comité intergouvernemental de négociation ont dix jours à Genève pour harmoniser les bases d’un traité universel, espéré à la fin 2025. Sera-t-il ambitieux ou simplement indicatif ? Les positions restent divergentes : tandis que l’UE, le Rwanda ou les îles du Pacifique plaident pour une réduction de la production à la source, les États-Unis et la Chine misent davantage sur le recyclage et la gestion des déchets. Intelligence économique et diplomatie environnementale Au cœur des tensions : la place de la pétrochimie, industrie qui représente à elle seule plus de 400 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. De nombreuses multinationales cherchent à éviter un encadrement strict des polymères, redoutant un précédent réglementaire global. « Il ne s’agit pas seulement d’écologie, mais de souveraineté industrielle, de stratégies d’influence, et de repositionnement des chaînes d’approvisionnement mondiales », observe une diplomate africaine sous anonymat. Un coût sanitaire étouffant Le rapport de The Lancet insiste : microplastiques et nanoplastiques sont omniprésents, dans l’eau, l’air, les sols – et jusque dans le sang humain. Le coût en santé publique pourrait dépasser 250 milliards de dollars par an d’ici 2040 si aucune régulation globale n’est mise en place. Le lien avec des maladies chroniques pose aussi un problème d’injustice environnementale, les pays les plus vulnérables étant les plus exposés. Un enjeu sécuritaire et climatique Au-delà de la santé, la pollution plastique alimente l’instabilité : engorgement des littoraux, perturbation des écosystèmes halieutiques, dépendance aux importations de déchets, tensions entre États côtiers. Le plastique est aussi un facteur climatique, sa production étant responsable de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon le PNUE, le Programme des Nations unies pour l’environnement. Ce qu’il faut retenir Vers un compromis global ? La question reste : l’accord sera-t-il universellement contraignant ou fragmenté par régions et volontés politiques ? La réponse dépendra autant de la diplomatie que des capacités industrielles à se transformer. « Il ne s’agit plus de ralentir l’effondrement, mais de choisir comment nous voulons survivre au plastique », résume Benjamin Von Wong, artiste et militant, auteur de l’installation Le fardeau du Penseur, érigée symboliquement à Genève.

Pollution plastique : vers un traité mondial, 1.500 milliards de raisons d’agir Read More »

Scroll to Top