12 septembre 2025

Élections en Afrique centrale : enjeux politiques, géopolitiques et géoéconomiques

Alors que le Gabon prépare ses élections législatives et municipales du 27 septembre 2025, les regards se tournent vers l’Afrique centrale, où les processus électoraux deviennent des instruments de légitimation politique et des baromètres de stabilité régionale. Le Gabon, le Cameroun et la Centrafrique vivent des contextes différents, mais tous portent des enjeux politiques internes, géopolitiques régionaux et géoéconomiques globaux. Au Gabon, après le coup d’État d’août 2023, les élections visent à consolider la transition. Le président Brice Oligui Nguema, élu avec 64,2 % des voix en avril 2025, veut repositionner le pays comme un acteur crédible. Avec une production pétrolière estimée à 190 000 barils/jour, le pays attire Chine, Inde et Émirats dans le secteur extractif. « Nous devons redonner confiance aux Gabonais et à nos partenaires. Le vote est notre nouveau contrat social », déclarait Oligui lors d’un discours à Libreville en mai 2025. Au Cameroun, la tension monte à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025. reste silencieux sur sa succession. Le pays, 5e producteur africain de cacao et riche en ressources minières, voit monter l’influence de la Russie et de la Chine, au détriment des partenaires occidentaux. En Centrafrique, les premières élections locales depuis 1988 sont prévues pour fin 2025. Le président Faustin-Archange Touadéra, réélu en 2020 avec 53,9 %, compte sur ces scrutins pour ancrer la décentralisation. Mais la présence russe, notamment via Wagner, pèse sur la souveraineté. Le pays reste l’un des plus pauvres au monde, avec plus de 70 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. « Sans sécurité, pas d’élections libres. Mais sans élections, pas de paix durable », estime un diplomate de l’Union africaine. Dans ces trois pays, les élections cristallisent des enjeux cruciaux de légitimité, de souveraineté et de développement. Plus que jamais, le vote devient un champ de bataille où se croisent aspirations démocratiques et rivalités géopolitiques. Le défi : faire de ces rendez-vous non pas des rituels formels, mais de véritables tournants historiques.

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Climat et sécurité : l’Afrique à la croisée des enjeux géopolitiques et géoéconomiques

Lors du 2ᵉ Sommet africain sur le climat (ACS2), l’Afrique a lancé une initiative ambitieuse : mobiliser 50 milliards de dollars par an pour financer des solutions climatiques durables à l’échelle du continent. Portée par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, cette stratégie repose sur deux instruments : le Pacte africain pour l’innovation climatique et le Fonds africain pour le climat, avec pour objectif le déploiement de 1 000 solutions concrètes d’ici 2030. Au-delà de l’urgence environnementale, cette initiative soulève des enjeux géopolitiques et géoéconomiques majeurs. D’un côté, elle vise à réduire la dépendance aux financements extérieurs, souvent conditionnés et inadaptés aux réalités africaines. De l’autre, elle s’inscrit dans une logique de souveraineté climatique, où l’Afrique veut devenir un acteur stratégique de la transition énergétique mondiale, et non un simple réceptacle de l’aide internationale. L’enjeu est d’autant plus pressant que le continent a subi en 2025 une recrudescence de catastrophes climatiques : glissements de terrain en Afrique de l’Est, inondations en Afrique centrale, sécheresses prolongées au Sahel. Ces événements, exacerbés par le réchauffement global, aggravent les instabilités locales. Selon l’Union africaine, plus de 40 millions de personnes risquent le déplacement climatique d’ici 2030, renforçant les tensions autour des ressources (eau, terres, nourriture) et nourrissant les conflits armés et les insurrections terroristes, notamment dans la bande sahélo-saharienne. « Le climat est devenu un multiplicateur de menaces sécuritaires », a expliqué Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. Il appelle à une réponse intégrée : « La sécurité climatique doit faire partie des stratégies de paix ». En effet, le lien entre changement climatique, migration forcée et insécurité est désormais documenté par plusieurs agences onusiennes. Sur le plan économique, l’écart est abyssal : pour atteindre ses objectifs climatiques, l’Afrique a besoin de 3 000 milliards de dollars d’ici 2030, mais n’a reçu que 30 milliards entre 2021 et 2022, selon le rapport du sommet. L’initiative d’Addis-Abeba cherche donc à renverser cette asymétrie en stimulant un financement catalytique et en mobilisant les marchés africains et internationaux. Un accord parallèle, signé pendant le sommet, prévoit de lever 100 milliards de dollars via un partenariat entre bailleurs de fonds publics et banques commerciales, pour des investissements dans l’énergie verte, en particulier solaire et hydroélectrique. Enfin, cette dynamique marque une volonté politique affirmée de peser dans les négociations climatiques mondiales. Malgré le désengagement des États-Unis de l’Accord de Paris, les dirigeants africains réitèrent leur engagement à tenir leurs promesses climatiques, tout en exigeant des partenariats plus équitables. Pour Abiy Ahmed, « L’Afrique ne demande pas la charité, elle demande un investissement dans l’avenir de la planète ».

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