Cameroun : Paul Biya joue la carte de l’unité nationale
À un mois de la présidentielle, Paul Biya lance un appel à l’unité nationale : « Le pays a besoin de nous tous ». À moins de 30 jours d’une élection présidentielle à forts enjeux, le président camerounais Paul Biya a brisé le silence pour adresser un message d’unité à une nation traversée par des fractures profondes. Dans une déclaration à forte portée symbolique et politique, il exhorte les Camerounais à « bannir les préjugés et les complexes qui nourrissent le désordre » et à œuvrer ensemble « pour la stabilité du pays ». Un message au ton rassembleur dans un climat incertain Alors que le Cameroun se prépare à une échéance électorale sensible, le climat sociopolitique reste tendu. « Aucun groupe ne doit rejeter les autres. Aucun groupe ne doit se sentir exclu par les autres », a martelé Paul Biya dans un discours diffusé à la télévision nationale. Ce message intervient alors que le débat sur la succession, sur fond d’incertitudes constitutionnelles et de jeux de pouvoir internes au parti présidentiel (RDPC), reste discret mais omniprésent. L’unité nationale comme rempart stratégique Sur le plan géopolitique et sécuritaire, le Cameroun est un pivot régional. Engagé dans la lutte contre Boko Haram à l’Extrême-Nord et malgré d’être confronté à une instabilité supposée dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, le pays fait face à un double défi : maintenir l’intégrité territoriale tout en relançant un dialogue national crédible. « Le vivre-ensemble n’est pas un slogan, c’est une stratégie de résilience », analyse un diplomate occidental en poste à Yaoundé. « Dans un pays où la diversité est une force mais aussi une ligne de fracture potentielle, Biya tente de poser les bases d’une paix durable – mais le temps joue contre lui ». Des défis économiques et sociaux à fort impact électoral Le FMI estime que la croissance du Cameroun pourrait atteindre 4,5 % en 2025, grâce à une reprise des secteurs agricole et énergétique. Mais cette embellie reste fragile, tant que l’instabilité politique -à venir peut-être- freineraient les investissements étrangers directs. Les régions les plus touchées par les conflits demeurent en situation d’exclusion économique, avec un taux de pauvreté supérieur à 60 % dans certaines zones rurales, selon le fonds. L’intelligence économique joue un rôle croissant dans la lecture stratégique de la situation : les bailleurs internationaux, notamment la Chine, la France et la Turquie, surveillent de près la stabilité du pays, condition indispensable à la poursuite des projets infrastructurels majeurs comme le port en eau profonde de Kribi ou les partenariats gaziers. Un leadership en question, une transition à anticiper Si Paul Biya apparaît comme le garant d’un certain ordre institutionnel, la question de sa succession reste source d’inquiétudes. Selon une étude du Centre d’analyse stratégique de Douala, près de 68 % des Camerounais interrogés se disent préoccupés par « l’absence de visibilité sur l’après-Biya ». La communauté internationale, notamment l’Union africaine et les partenaires bilatéraux du Cameroun, appellent à une présidentielle inclusive, sécurisée et crédible. Alors que le pays attend l’officialisation de la campagne présidentielle, la stabilité du Cameroun ne peut être considérée comme acquise. Les mois à venir seront décisifs, non seulement pour la gouvernance nationale, mais aussi pour l’équilibre géopolitique de toute l’Afrique centrale. Les Camerounais, dans leur sens de la résilience, seront les seuls arbitres de l’avenir de leur pays. À retenir :
Cameroun : Paul Biya joue la carte de l’unité nationale Read More »