16 septembre 2025

Présidentielle 2025 au Cameroun : Bello Bouba dénonce les « candidats fabriqués » et recadre l’opposition

À moins d’un mois du scrutin présidentiel au Cameroun, le climat préélectoral s’alourdit. La déclaration tranchante de Bello Bouba Maïgari, ancien Premier ministre et candidat de l’UNDP, vient mettre à nu les fractures internes de l’opposition, minée par les querelles de légitimité. Dans une correspondance datée du 14 septembre 2025, Bello Bouba Maïgari a vivement critiqué les initiatives portées par certains acteurs de l’opposition qu’il qualifie de « groupuscules sans mandat », dénonçant une stratégie de déstabilisation orchestrée « en dehors des circuits légitimes d’Elections Cameroon (Elecam) ». L’ancien chef du gouvernement ne mâche pas ses mots : « seuls les candidats officiellement retenus ont la capacité politique et juridique de s’exprimer sur le processus électoral. Toute autre voix relève de la manipulation ou de la fabrication », assène-t-il dans sa lettre. L’opposition camerounaise, entre division et disqualification La sortie de Bello Bouba vise notamment le mouvement Union pour le changement, qui a désigné Issa Tchiroma Bakary (FSNC) comme candidat unique « consensuel » de l’opposition. Une désignation qui n’a pas été reconnue par plusieurs figures de l’opposition, à commencer par Bello Bouba lui-même, mais aussi les soutiens du Manidem, dont le candidat initialement pressenti, Maurice Kamto, a été écarté du scrutin. Derrière cette guerre d’égos, c’est une bataille pour la légitimité politique qui se joue à ciel ouvert. Alors que le pouvoir en place conserve une posture de stabilité et de discipline partisane, l’opposition se disperse entre ambitions personnelles, alliances parallèles et candidatures imposées par des mécanismes non institutionnels. Un climat politique fragilisé à l’approche du scrutin En dénonçant les « démarches isolées et contraires à l’éthique républicaine », Bello Bouba tente de replacer le débat sur le terrain de la légalité, tout en consolidant son propre positionnement comme candidat républicain et institutionnel. Mais cette sortie révèle surtout un paradoxe stratégique : l’opposition réclame l’alternance, sans s’entendre sur une méthode commune pour y parvenir. À l’échelle régionale, cette désunion renforce l’image d’un système politique camerounais où l’opposition peine à se structurer face à un régime dont la longévité repose aussi sur la division de ses adversaires. Dans ce contexte, les déclarations de figures comme Bello Bouba ont une double portée : politiquement défensive, mais diplomatiquement offensive.

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Cameroun–CEEAC : Jacob Kotcho en pole position pour piloter le Marché commun régional

Parmi les 52 candidats en lice pour les postes stratégiques de commissaire à la CEEAC, un nom fait l’unanimité : celui du Camerounais Jacob Kotcho Bongkwaha. Son profil, son expérience, et les enjeux du portefeuille convoité cristallisent les attentions dans les cercles diplomatiques d’Afrique centrale. « Ce n’est pas un simple poste, c’est le cœur économique et politique de l’intégration régionale », confie un diplomate. En effet, le portefeuille du Marché commun de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), qui englobe les affaires économiques, monétaires et financières, est aujourd’hui le plus convoité. À la manœuvre : le Cameroun, troisième puissance économique de la sous-région, qui aligne un candidat de poids. Jacob Kotcho Bongkwaha, 53 ans, économiste, expert du commerce international, et actuel directeur du Marché commun à la CEEAC, a obtenu la meilleure note de l’évaluation technique menée par le cabinet Forvis Mazars : 90,25 sur 100, loin devant des figures politiques et technocratiques régionales. « Il connaît les mécanismes internes, parle le langage des bailleurs, et incarne une vision d’intégration réaliste et opérationnelle », souligne une source onusienne à Addis-Abeba. Un enjeu régional à forte portée géopolitique La nomination du commissaire au Marché commun va bien au-delà des questions administratives. Ce portefeuille supervise la convergence macroéconomique, la mise en œuvre des mécanismes de coopération financière, le commerce intrarégional, et à terme, l’union monétaire envisagée. 9 des 15 objectifs du Traité révisé de la CEEAC y sont directement liés. Pour Yaoundé, c’est aussi un moment de vérité. Le Cameroun entend faire de cette nomination un levier d’influence stratégique, en lien avec sa Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30) qui positionne l’intégration régionale comme catalyseur de croissance. « Accéder à ce poste, c’est synchroniser notre diplomatie économique avec les priorités régionales », analyse un conseiller à la présidence camerounaise. L’heure des choix politiques Le règlement de la CEEAC impose un seul commissaire par État membre. Le président Paul Biya doit donc trancher entre deux profils camerounais : Kotcho, ou Nelly Banaken Elel, experte en développement social. Mais les enjeux économiques, sécuritaires et diplomatiques rendent le choix de Kotcho presque inévitable. S’il est confirmé, le Cameroun renforcerait sa stature de puissance pivot de l’Afrique centrale, dans un contexte régional toujours instable (instabilités en RDC, tensions au Tchad, redéploiement des influences russes et chinoises). À l’heure où la ZLECAf peine à s’ancrer dans les pratiques, un commissaire expérimenté pourrait donner un nouveau souffle à l’intégration continentale depuis le cœur de l’Afrique. À suivre dans les prochaines semaines, la décision d’Etoudi, qui scellera non seulement un choix de personne, mais une orientation stratégique majeure pour la région.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Le Centre sous haute surveillance

« La sécurité est une condition non négociable de la souveraineté démocratique »,a déclaré Paul Atanga Ji, ministre de l’Administration territoriale. À moins d’un mois de la présidentielle du 12 octobre, les autorités camerounaises accélèrent les préparatifs sécuritaires. Le 15 septembre, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a présidé une réunion de haut niveau au siège du Conseil régional du Centre, rassemblant gouverneurs, préfets, sous-préfets et officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité. Objectif : garantir un scrutin apaisé dans la région capitale, siège des institutions républicaines et baromètre politique du pays. Une sécurité présidentielle sous haute tension « Il était important de faire une évaluation afin que chacun des préfets puisse nous donner les détails de la réalité de son département », a déclaré le ministre, soulignant la nécessité de remonter une photographie exacte du terrain au chef de l’État. Les enjeux sont majeurs : le Centre est non seulement le cœur institutionnel du Cameroun, mais aussi un territoire à forte densité électorale et logistique. Une perturbation du processus dans cette région aurait des répercussions nationales. Surveillance renforcée et monitoring en temps réel Parmi les mesures clés évoquées, il y a la distribution sécurisée et anticipée du matériel électoral dans toutes les circonscriptions ; la communication permanente entre les échelons territoriaux et le MINAT ; le renforcement du monitoring via des points de situation réguliers et une centralisation des données sécuritaires. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte régional marqué par la montée des tensions électorales dans plusieurs pays d’Afrique centrale, où la sécurisation du vote devient un enjeu de stabilité étatique. Des observateurs sous surveillance Autre point sensible : le rôle des observateurs électoraux nationaux et internationaux, dont le déploiement est annoncé par le MINAT. Paul Atanga Nji leur adresse un message clair : « utiliser leur mandat de manière responsable », un rappel diplomatique qui traduit une volonté de canaliser les interprétations et communications sensibles liées au scrutin, dans un climat potentiellement tendu. À travers cette réunion, l’État camerounais envoie plusieurs signaux : Il entend maîtriser le narratif sécuritaire de l’élection, ; il met en place une architecture de commandement verticalisée, plaçant la chaîne administrative au cœur du dispositif de veille ; il cherche à anticiper tout risque de rupture logistique, souvent exploité dans les contextes contestés. Dans une année électorale où la moindre faille peut engendrer une crise de légitimité, cette mobilisation dans le Centre s’apparente à un test grandeur nature de la doctrine sécuritaire du régime. Enjeux géopolitiques et d’intelligence territoriale Au-delà du Cameroun, cette démarche s’inscrit dans un contexte continental plus large où la sécurité électorale devient un indicateur majeur de résilience des États face aux risques hybrides : cybermenaces, désinformation, contestations populaires, ou influences étrangères. Le modèle camerounais d’administration territoriale, centralisé et militaro-administratif, se présente ici comme un outil de pilotage politique, dans une Afrique centrale marquée par des transitions fragiles et une pression internationale croissante sur la transparence des processus électoraux.

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Dépôts pétroliers : Douala au cœur de la bataille pour la sécurité énergétique et la performance stratégique

  La Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP) tient, à l’hôtel Best Western, une rencontre cruciale de deux jours entre sa direction générale et les responsables de ses dépôts stratégiques. Une réunion sous haute tension dans un contexte régional sous pression. « Notre objectif est clair : garantir la sécurité des installations, renforcer la fiabilité humaine et maîtriser les pertes pour éviter toute tension sociale ou rupture d’approvisionnement », a déclaré Véronique Manzoua, épouse Moampea Mbio, Directrice Générale de la SCDP, lors de son discours d’ouverture. Sécurité, performance et anticipation Placée sous le thème « Dépôts pétroliers et performance opérationnelle : renforcer la fiabilité humaine, sécuriser l’exploitation et maîtriser les pertes », cette rencontre stratégique intervient dans un contexte géopolitique et socio-économique sous tension, à la veille d’échéances électorales décisives au Cameroun. Les enjeux ne sont pas seulement techniques. Ils sont sécuritaires, politiques, économiques et stratégiques. Car les produits pétroliers, vitaux pour les économies modernes, sont aussi des matières dangereuses dont la gestion ne tolère aucune approximation. « La manipulation des hydrocarbures n’est pas une opération ordinaire. Elle requiert rigueur, formation et un environnement hautement sécurisé », a martelé la DG. Vers un leadership régional affirmé La SCDP, véritable épine dorsale de la sécurité énergétique du Cameroun, opère également comme fournisseur clé pour l’hinterland régional (Tchad, RCA, Congo). En 2024, elle a connu une montée en puissance significative : +40 % de disponibilité en GPL grâce à la mise en service de la sphère 06 à Bonabéri et une politique de transparence renforcée. Le bilan présenté à Douala inclut 46 recommandations issues des séminaires précédents, preuve d’une volonté d’adaptation continue face à un marché de plus en plus concurrentiel, notamment dans le secteur du Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) où la demande explose. « Rester leader exige un investissement constant dans les compétences humaines, la technologie et la gouvernance », a souligné Véronique Manzoua. Cap sur Kribi : un tournant stratégique Le point culminant de la stratégie à moyen terme reste le lancement, dès 2026, du Terminal Hydrocarbures de Kribi (THK) : Une rivalité industrielle maîtrisée Le projet THK n’est pas seul. Deux mois auparavant, Cstar, joint-venture formée par la SNH, Tradex et des partenaires émiratis, posait la première pierre d’un terminal similaire à Kribi, avec une raffinerie modulaire de 30 000 barils/jour. Coût estimé : 114 milliards FCFA. Malgré cette rivalité apparente, la DG de la SCDP relativise : « L’existence de plusieurs opérateurs de stockage est une bonne chose. Dans les pays matures, les stockeurs sont diversifiés. L’essentiel est d’assurer l’autonomie énergétique du Cameroun ». Enjeux géopolitiques, économiques et de gouvernance Enjeux géopolitiques : Le Cameroun se positionne en hub énergétique sous-régional, à l’heure où les routes d’approvisionnement sont de plus en plus disputées entre États, groupes multinationaux et acteurs locaux. Entre souveraineté énergétique et diplomatie industrielle La réunion de Douala s’inscrit dans une dynamique de souveraineté énergétique proactive, où le Cameroun, à travers la SCDP, veut consolider son autonomie tout en jouant un rôle central en Afrique centrale. « La performance énergétique est un levier de stabilité politique et de croissance économique. La sécurité n’est pas un coût. C’est une condition de survie », conclut Véronique Manzoua. Alors que l’Afrique centrale redéfinit ses équilibres énergétiques, le Cameroun avance ses pions avec prudence, mais détermination. La stratégie est en place. Reste à voir si les moyens suivront.      Les 5 points-clés

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