Présidentielle 2025 au Cameroun : Bello Bouba dénonce les « candidats fabriqués » et recadre l’opposition
À moins d’un mois du scrutin présidentiel au Cameroun, le climat préélectoral s’alourdit. La déclaration tranchante de Bello Bouba Maïgari, ancien Premier ministre et candidat de l’UNDP, vient mettre à nu les fractures internes de l’opposition, minée par les querelles de légitimité. Dans une correspondance datée du 14 septembre 2025, Bello Bouba Maïgari a vivement critiqué les initiatives portées par certains acteurs de l’opposition qu’il qualifie de « groupuscules sans mandat », dénonçant une stratégie de déstabilisation orchestrée « en dehors des circuits légitimes d’Elections Cameroon (Elecam) ». L’ancien chef du gouvernement ne mâche pas ses mots : « seuls les candidats officiellement retenus ont la capacité politique et juridique de s’exprimer sur le processus électoral. Toute autre voix relève de la manipulation ou de la fabrication », assène-t-il dans sa lettre. L’opposition camerounaise, entre division et disqualification La sortie de Bello Bouba vise notamment le mouvement Union pour le changement, qui a désigné Issa Tchiroma Bakary (FSNC) comme candidat unique « consensuel » de l’opposition. Une désignation qui n’a pas été reconnue par plusieurs figures de l’opposition, à commencer par Bello Bouba lui-même, mais aussi les soutiens du Manidem, dont le candidat initialement pressenti, Maurice Kamto, a été écarté du scrutin. Derrière cette guerre d’égos, c’est une bataille pour la légitimité politique qui se joue à ciel ouvert. Alors que le pouvoir en place conserve une posture de stabilité et de discipline partisane, l’opposition se disperse entre ambitions personnelles, alliances parallèles et candidatures imposées par des mécanismes non institutionnels. Un climat politique fragilisé à l’approche du scrutin En dénonçant les « démarches isolées et contraires à l’éthique républicaine », Bello Bouba tente de replacer le débat sur le terrain de la légalité, tout en consolidant son propre positionnement comme candidat républicain et institutionnel. Mais cette sortie révèle surtout un paradoxe stratégique : l’opposition réclame l’alternance, sans s’entendre sur une méthode commune pour y parvenir. À l’échelle régionale, cette désunion renforce l’image d’un système politique camerounais où l’opposition peine à se structurer face à un régime dont la longévité repose aussi sur la division de ses adversaires. Dans ce contexte, les déclarations de figures comme Bello Bouba ont une double portée : politiquement défensive, mais diplomatiquement offensive.