septembre 2025

Cameroun : La mine de fer de Bipindi officiellement inaugurée, un tournant stratégique pour l’économie nationale

Le Cameroun a franchi une étape majeure dans la valorisation de ses ressources minières. Le 22 septembre 2025, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a inauguré, au nom du président Paul Biya, la mine de fer de Bipindi Grand-Zambi, dans la région du Sud. Un projet structurant porté par G-Stone, filiale du groupe Bocom de l’industriel camerounais Dieudonné Bougne, qui suscite d’immenses attentes économiques et sociales. « C’est une étape stratégique pour l’avenir industriel du Cameroun », a déclaré le chef du gouvernement lors de la cérémonie. Et pour cause : avec une production projetée de 6 millions de tonnes de concentré de fer par an sur une durée de vie estimée à 56 ans, et une valeur du gisement évaluée à 33,3 milliards de dollars, ce projet pourrait devenir l’un des plus grands moteurs de croissance du pays. Des retombées économiques massives attendues Les projections officielles tablent sur 5 000 emplois directs à terme et des milliers d’emplois indirects, tandis que l’État percevra environ 10 % du chiffre d’affaires, en plus des impôts, taxes et dividendes. Mais au-delà des chiffres, le gouvernement évoque un « levier de transformation sociale » : routes, écoles, hôpitaux et infrastructures dans une région longtemps en marge des grands projets d’investissement. Actuellement, plus de 500 travailleurs camerounais sont déjà employés sur le site. « Chaque tonne de fer extraite devient le reflet d’un rêve collectif », a résumé un responsable local, saluant une dynamique d’émergence « portée par les Camerounais, pour les Camerounais ». Un projet aux dimensions géopolitiques et industrielles La mine de Bipindi intervient dans un contexte africain où plusieurs pays cherchent à reprendre le contrôle de leurs chaînes de valeur minières, tout en attirant des partenaires privés nationaux plutôt que des multinationales étrangères. Le fait qu’un groupe camerounais soit à la manœuvre est perçu comme un signal fort en matière de souveraineté économique. Reste à voir comment seront gérées les questions environnementales, les infrastructures de transport et la redistribution équitable des richesses. Mais une chose est claire : Bipindi Grand-Zambi pourrait devenir un pivot minier stratégique pour le Cameroun et un modèle de partenariat public-privé africain réussi.

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Guinée : participation massive au référendum constitutionnel malgré le boycott de l’opposition

La Guinée a franchi une étape cruciale vers une éventuelle sortie de transition militaire. Selon les résultats partiels annoncés par la Direction générale des élections, le taux de participation au référendum sur une nouvelle Constitution a atteint 91,4 %, sur plus de 80 % des bureaux de vote dépouillés. Sur les 23 662 bureaux de vote du pays, 19 454 ont été dépouillés et validés. Près de 4,8 millions d’électeurs se sont exprimés, dessinant une victoire du “oui” à plus de 80 % dans la majorité des localités. Entre légitimation du pouvoir et pression internationale Ce scrutin, vivement contesté par l’opposition, intervient quatre ans après le coup d’État de 2021, par lequel le colonel Mamadi Doumbouya a renversé l’ancien président Alpha Condé. Les détracteurs du régime accusent le régime  militaire d’utiliser ce référendum pour consolider son pouvoir et ouvrir la voie à une candidature présidentielle. Pourtant, la forte participation, si elle est confirmée, envoie un signal ambigu à la communauté internationale. D’un côté, elle répond aux exigences formelles d’un retour à l’ordre constitutionnel exigé par la CEDEAO, l’Union africaine et les partenaires occidentaux. De l’autre, elle risque de légitimer un pouvoir de facto militarisé, sans alternance réelle. Le vote s’est déroulé globalement dans le calme, selon les observateurs. La Cour suprême, encore non réformée, devra proclamer les résultats définitifs. Elle est très attendue sur sa capacité à faire preuve d’indépendance. Une transition incertaine vers les urnes Le référendum marque le début d’une séquence électorale sensible : les autorités ont promis des élections présidentielles et législatives d’ici fin 2025. Mais sans opposition structurée et dans un climat de méfiance politique, le risque d’une transition fragile demeure réel. Le peuple guinéen, lui, semble partagé entre aspiration au retour à la démocratie et acceptation pragmatique du pouvoir en place. Une démocratie naissante sous haute tension.

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Sport : Une génération dorée pour l’athlétisme botswanais

Ce triplé historique confirme la montée en puissance du Botswana sur la scène mondiale. Après plusieurs années d’investissements ciblés dans la formation et les infrastructures. Le pays récolte aujourd’hui les fruits d’une stratégie sportive nationale ambitieuse. Autre figure emblématique, Letsile Tebogo, déjà médaillé d’or aux Jeux olympiques de Paris en 2024, s’est qualifié pour la finale du 200 mètres, avec un chrono solide de 19 s 95 en demi-finale. À seulement 22 ans, il incarne une nouvelle génération de sprinteurs africains, à la fois performants et réguliers sur la scène internationale. Un message fort pour l’Afrique La réussite des athlètes botswanais à Tokyo envoie un signal fort à l’échelle continentale : l’Afrique ne se limite plus aux épreuves de fond. Elle s’impose désormais dans les sprints courts et le 400 m, longtemps dominés par les États-Unis et les Caraïbes. Avec Kebinatshipi, Ndori et Tebogo, le Botswana entre dans l’histoire et s’affirme comme un nouveau pôle de performance mondiale, symbole d’un sport africain en pleine diversification.

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Ghana – Migrants expulsés par les États-Unis : une plainte qui dérange

Le Ghana est au cœur d’une controverse judiciaire et diplomatique. Le 17 septembre, des avocats ont déposé une plainte contre l’État ghanéen pour « détention illégale » et « risque de refoulement » de migrants ouest-africains expulsés par les États-Unis. Une première dans l’histoire du pays, qui soulève des questions sur la souveraineté, les droits humains et la coopération sécuritaire internationale. Selon les plaignants, quatorze personnes – originaires d’Afrique de l’Ouest – auraient été expulsées par les autorités américaines et retenues sous supervision militaire dès leur arrivée au Ghana. Onze d’entre elles affirment avoir déposé une demande d’asile aux États-Unis, rejetée sans possibilité de recours. Parmi les accusés figurent le procureur général, le chef d’état-major des armées et le directeur de l’immigration. Jusqu’à présent, ce type de critiques visait surtout les États-Unis, accusés de sous-traiter la gestion des expulsions à des pays africains n’ayant aucun lien avec les migrants concernés. Après l’Eswatini, le Ghana devient le deuxième pays africain visé par une plainte nationale pour ce type de coopération. Un accord discret, aux implications sensibles Accra n’a jamais confirmé l’existence d’un accord formel avec Washington sur la relocalisation de migrants, mais la récente annonce du transfert de 40 nouvelles personnes semble confirmer une entente bilatérale discrète. Pour l’avocat principal des plaignants, le Ghana « joue le rôle d’exécutant dans une politique migratoire contraire au droit international ». Le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, a tenté de calmer le jeu : « Le Ghana n’est pas la cible des accusations de violation des droits humains ». Mais la pression monte, notamment de la part d’ONG internationales et de juristes régionaux. Un dilemme stratégique pour Accra En acceptant ces expulsions, le Ghana risque de compromettre son image de pays stable et respectueux du droit international. Mais refuser l’appui américain pourrait nuire à des coopérations sensibles, notamment en matière de sécurité, de renseignement ou de développement. Entre solidarité diplomatique et exigence de souveraineté juridique, le Ghana marche sur une ligne étroite, dont l’issue pourrait faire jurisprudence pour l’ensemble du continent.

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Ballon d’Or 2025 : Ousmane Dembélé entre dans la légende

C’est désormais officiel : Ousmane Dembélé est le Ballon d’Or 2025. L’ailier du Paris Saint-Germain a été couronné le lundi 22 septembre au théâtre du Châtelet à Paris, au terme d’une saison exceptionnelle. Le trophée lui a été remis par la légende brésilienne Ronaldinho, dans une salle comble réunissant l’élite du football mondial. À 28 ans, Dembélé devient le sixième Français à inscrire son nom au palmarès, rejoignant Kopa, Platini, Papin, Zidane et Benzema. Une récompense majeure pour celui qui a longtemps été freiné par les blessures et le doute. Mais en 2024-2025, tout a changé. Dembélé a brillé comme leader offensif du PSG, auteur d’une saison exceptionnelle conclue par un triplé historique : Ligue 1, Coupe nationale et Ligue des champions. Vitesse, créativité, régularité et efficacité : l’international français a porté son équipe dans les moments clés, enchaînant buts décisifs et prestations de haut vol. « Il a mûri, sur et en dehors du terrain », résume un ancien coéquipier au FC Barcelone. Libéré physiquement et mentalement, porté par la confiance de son entraîneur, Dembélé a franchi un cap attendu depuis des années. Ce sacre marque un tournant personnel, mais aussi une reconnaissance internationale pour le PSG, qui voit l’un de ses joueurs remporter pour la première fois le Ballon d’Or. Un symbole fort pour un club qui vise l’excellence et dont le rayonnement s’impose désormais aussi sur la scène individuelle.

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Paul Biya en Europe : un déplacement privé qui confirme la stabilité du pouvoir

À moins de trois semaines de l’élection présidentielle du 12 octobre, le président camerounais Paul Biya a quitté Yaoundé pour un court séjour privé en Europe. Une absence maîtrisée qui s’inscrit dans la continuité de sa gouvernance et envoie un signal de stabilité aux partenaires du Cameroun. Un déplacement conforme à la pratique présidentielle Dimanche 21 septembre, le président Paul Biya, 92 ans, a quitté Yaoundé pour un séjour privé en Europe, accompagné de son épouse Chantal Biya et de trois proches collaborateurs de haut rang : Samuel Mvondo Ayolo, Directeur du Cabinet Civil ; Vice-Amiral Joseph Fouda, Conseiller spécial ; Simon Pierre Bikele, Chef du Protocole d’État. Comme à son habitude, la présidence n’a pas précisé la destination ni la durée exacte du voyage. Ce format confidentiel correspond à la gestion coutumière du président, qui alterne présence sur le terrain et gouvernance à distance, selon une organisation rodée. Gouvernance maintenue, institutions fonctionnelles Le départ du président n’interrompt en rien le calendrier électoral. La Commission électorale (ELECAM) poursuit la mise en œuvre des opérations, tandis que les institutions républicaines fonctionnent normalement. Aucun signe de vacance du pouvoir n’est à signaler. « Ce n’est pas un désengagement, mais un repositionnement stratégique », indique un cadre administratif à Yaoundé. L’environnement politique reste stable, même si des tensions persistent dans certaines régions (Nord-Ouest, Sud-Ouest). L’appareil sécuritaire reste pleinement opérationnel. Objectifs possibles du séjour : discrétion et coordination Plusieurs hypothèses crédibles sont avancées sur les objectifs de ce séjour présidentiel : Réactions diplomatiques : prudence et confiance Du côté des partenaires étrangers, la tonalité reste mesurée : À Paris, on suit la situation « sans inquiétude particulière » ; À Bruxelles, l’Union européenne insiste sur « l’importance d’un scrutin apaisé, crédible et transparent » ; Les organisations régionales africaines saluent la stabilité institutionnelle et attendent le bon déroulement du processus électoral. Un message implicite : sérénité avant l’échéance Loin d’un signe de retrait, ce séjour peut être interprété comme une démonstration de confiance dans la solidité du système institutionnel camerounais. Il reflète la volonté du président de gérer le tempo politique avec calme, tout en consolidant les relations extérieures. « Paul Biya n’est pas en repli, il orchestre à sa manière une phase de transition maîtrisée », résume un analyste basé à Addis-Abeba. Un retour attendu, un discours stratégique possible Des sources proches du Cabinet civil indiquent que le président pourrait revenir avant la fin du mois. Il est attendu qu’il prononce un message à la Nation à l’approche du scrutin, réaffirmant : Le séjour privé du président Biya, annoncé avec sobriété, s’inscrit donc dans une logique de continuité politique, de gestion stratégique du pouvoir et d’ouverture diplomatique. À l’heure où le Cameroun entre dans une séquence électorale déterminante, ce déplacement discret renforce le sentiment d’une stabilité bien gardée. À suivre dans les prochains jours :

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Tchad : Réforme constitutionnelle et débat sur les mandats présidentiels, entre stabilité et modèles africains

L’adoption récente par le parlement tchadien d’une nouvelle Constitution, supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels, suscite à la fois espoirs et interrogations. Prévue pour consolider les institutions nationales dans un contexte de transition post-crise, cette réforme relance un débat complexe et sensible : celui de la durée du pouvoir exécutif en Afrique.Adoptée à une écrasante majorité (171 voix pour, 1 contre), cette réforme allonge également la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans. Elle devra être validée par le Sénat, puis par le Congrès, avant d’entrer en vigueur. Pour le gouvernement tchadien, il s’agit d’un choix stratégique visant à garantir la continuité politique, la stabilité institutionnelle et l’efficacité du développement économique et sécuritaire. Une lecture culturelle et historique du pouvoir Dans certaines grilles de lecture africaines, notamment dans les systèmes traditionnels, la longévité au pouvoir est perçue non pas comme un excès, mais comme un signe de sagesse, d’expérience et de stabilité. À l’image des chefs traditionnels ou des rois coutumiers, souvent désignés à vie, un dirigeant qui reste longtemps peut être vu comme garant d’une paix durable et d’une gestion continue, dans des sociétés où l’instabilité a souvent été coûteuse. « Le respect de l’autorité, la valorisation de la continuité et la crainte du vide institutionnel sont profondément ancrés dans certaines cultures africaines », explique Dr. Ibrahim Nassour, politologue tchadien. « Mais ces éléments doivent aujourd’hui coexister avec les exigences modernes de responsabilité, d’alternance et de reddition des comptes ». Afrique centrale : une dynamique régionale controversée Le cas tchadien n’est pas isolé. En Afrique centrale, plusieurs pays ont modifié leur Constitution au cours des deux dernières décennies pour supprimer la limitation du nombre de mandats : Cameroun (2008), Congo-Brazzaville (2015), Guinée équatoriale (2011), et plus récemment la RCA. Ces réformes ont souvent été justifiées par des besoins de stabilité, dans des environnements fragiles ou en proie à des menaces sécuritaires. Toutefois, les critiques pointent les risques d’une personnalisation du pouvoir, de verrouillage politique et de faible renouvellement des élites. Elles soulignent aussi que l’absence d’alternance peut générer, à terme, des tensions sociales et une perte de confiance dans les institutions. Vers une gouvernance hybride et contextualisée ? La réforme tchadienne ouvre donc une réflexion plus large sur les modèles de gouvernance adaptés au continent africain. Faut-il systématiquement transposer les standards occidentaux d’alternance ? Ou plutôt imaginer des formules hybrides qui combinent légitimité culturelle, efficacité de l’État et garanties démocratiques ? Pour de nombreux acteurs panafricains, la solution ne réside pas uniquement dans le nombre de mandats, mais dans la qualité de la gouvernance, la transparence électorale, la justice indépendante et la participation citoyenne effective. Autrement dit, un mandat illimité n’est pas nécessairement antidémocratique s’il s’inscrit dans un cadre institutionnel robuste, équitable et contrôlé. Au Tchad, comme ailleurs en Afrique, les réformes constitutionnelles posent des questions fondamentales sur la trajectoire démocratique du continent. Entre les exigences de stabilité, les réalités culturelles et les aspirations citoyennes, le débat sur les mandats présidentiels reste ouvert, pluriel et profondément africain.

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Paul Biya s’envole pour l’Europe : retraite stratégique ou manœuvre d’équilibriste avant le scrutin du 12 octobre ?

À moins de trois semaines d’un scrutin présidentiel capital au Cameroun, le président Paul Biya, 92 ans, a quitté Yaoundé le dimanche 21 septembre pour ce que le Cabinet civil qualifie sobrement de « court séjour privé en Europe ». Officiellement banal. Officieusement, cette absence soulève un faisceau de questions géopolitiques, économiques et institutionnelles, à l’heure où le pays aborde une phase électorale à hauts risques. « Ce type de voyage, à quelques jours d’un scrutin majeur, est tout sauf anodin », confie un diplomate européen. « Cela peut aussi indiquer une volonté de contrôler les agendas hors des regards camerounais ». Une délégation verrouillée, un agenda discret Accompagné de son épouse Chantal Biya, le président a voyagé avec une délégation resserrée, à haute valeur symbolique : Samuel Mvondo Ayolo, Directeur du Cabinet Civil ; Vice-Amiral Joseph Fouda, Conseiller spécial à la Présidence ; Simon Pierre Bikele, Chef du Protocole d’État. Aucune indication n’a été donnée sur la destination exacte, ni sur la durée réelle du séjour. L’ambiguïté du format « privé » ouvre la voie à toutes les hypothèses : contrôle diplomatique discret, consultations médicales, ou encore sécurisation de soutiens internationaux. Contexte politique : tensions, crispations et incertitudes L’élection présidentielle du 12 octobre 2025, à laquelle Paul Biya est candidat pour un 8e mandat, s’annonce sous tension : Une opposition fracturée mais active, dénonçant un processus verrouillé ; Une crise anglophone persistante, mais en basse intensité; Des spéculations récurrentes sur l’état de santé du président. Une absence au timing stratégique Ce départ du territoire, à la veille d’un scrutin sensible, envoie plusieurs signaux : 1. Stature présidentielle à l’international :Rencontrer des partenaires étrangers ou des investisseurs dans un cadre non-public pourrait conforter une image de chef d’État toujours central, légitime, et opérationnel. Le président chercherait ainsi à montrer qu’il reste un interlocuteur crédible, malgré son âge avancé et les appels internes au renouveau. 2. Message de continuité institutionnelle :La présence de son cercle restreint dans la délégation montre que le cœur du système reste verrouillé et compact. 3. Manœuvre diplomatique silencieuse :La formulation « court séjour privé » est un outil de flexibilité politique : elle permet des ajustements discrets selon l’agenda, notamment en cas de rencontres bilatérales ou négociations sensibles (sécuritaires, économiques ou électorales). 4. Mise à distance de la pression intérieure : Hors du territoire, le président Paul Biya évite la pression directe de l’opinion, des journalistes locaux, ou des oppositions. Réactions diplomatiques & signaux internationaux Même sans déclaration officielle majeure, les chancelleries occidentales suivent ce déplacement avec attention : 1. France : Paris, puissance traditionnelle en zone CFA, suit « avec intérêt » l’évolution de la situation. Des sources diplomatiques indiquent que le Quai d’Orsay attend des clarifications sur l’agenda présidentiel, la santé du chef de l’État et la tenue effective d’un scrutin crédible. 2. Union européenne : Bruxelles a appelé Yaoundé à garantir « des élections libres, transparentes, et inclusives », avec accès des médias et observation internationale. La suite du séjour présidentiel pourrait conditionner l’attitude de l’UE en matière d’aide et de coopération post-électorale. 3. ONG internationales : Human Rights Watch et Freedom House dénoncent les restrictions à la presse, la répression dans les régions anglophones et les détentions arbitraires. Une dénonciation qui ne reflète pas toujours la réalité sur le terrain. A ce jour, aucune partie, aucune région du Cameroun n’est en ébullition. 4. Diasporas et oppositions camerounaises : Certaines, surtout très minoritaires, critiques, réclament des explications publiques sur la finalité réelle de ce déplacement et interpellent la communauté internationale. 5. Chine, Turquie, Émirats : Acteurs économiques majeurs au Cameroun, ces puissances non-occidentales pourraient voir dans cette visite une opportunité de renforcer leur présence. Enjeux sécuritaires, économiques et géopolitiques 1. Sécurité intérieure :Une sécurité intérieure renforcée, entre les mains du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Ji, combinée à la coordination sécuritaire, – ministère de la Défense, DGSN -, dans les zones sensibles (Nord, Extrême-Nord, régions anglophones), où l’armée mène des opérations contre Boko Haram et les milices séparatistes. 2. Économie sous tension : Les marchés et bailleurs de fonds internationaux suivent l’évolution politique avec prudence. En cas d’absence prolongée ou de tensions électorales, la prime de risque souveraine du Cameroun pourrait augmenter, et certains investisseurs suspendre leurs engagements. Géopolitique régionale Le Cameroun reste un pivot stratégique en Afrique centrale, entre instabilité en Centrafrique, fragilité au Tchad et tensions dans le golfe de Guinée. Les partenaires internationaux veillent à la stabilité de Yaoundé pour éviter une contagion régionale. Risques et incertitudes 1. Rumeurs de vacance du pouvoir : Une absence mal gérée pourrait amplifier les doutes sur la capacité de Paul Biya à gouverner, voire à mener une campagne électorale active. 2. Tensions internes au sein du régime : En cas de flottement, des rivalités pourraient émerger entre les barons du pouvoir, notamment dans l’armée et le gouvernement. 3. Recul diplomatique : Un mutisme prolongé ou une mauvaise communication avec les alliés occidentaux pourrait fragiliser les appuis traditionnels du régime. Le « court séjour privé » de Paul Biya en Europe, à trois semaines d’un scrutin crucial, n’est ni neutre ni sans portée stratégique. Derrière la prudence sémantique, se dessinent des calculs de légitimité, des manœuvres diplomatiques discrètes, et des messages adressés tant aux partenaires étrangers qu’aux acteurs internes. Si le Cameroun entre dans une zone de fébrilité, cette fébrilité reste bien contrôlée et surveillée, et « contenable ».

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Édéa : Carrefour industriel du Cameroun entre héritage colonial et ambitions modernes

Située au cœur du triangle stratégique Kribi–Édéa–Douala, la ville d’Édéa, dans la région du Littoral, est bien plus qu’un simple nœud logistique. Elle est le témoin silencieux de plus d’un siècle de transformations industrielles, politiques et sociales qui ont marqué l’histoire du Cameroun moderne. Un passé colonial fondateur Initialement peuplée par les peuples Bakoko et Bassa, Édéa tire son nom du mot « E’dea (Adiè) », signifiant « terre des ancêtres ». C’est au tournant du XXe siècle que la ville entre pleinement dans l’histoire coloniale. Sous le protectorat allemand (1884-1916), Édéa devient un point stratégique d’accès vers l’arrière-pays camerounais. Les colons allemands y bâtissent des infrastructures clés, dont le célèbre pont de la Sanaga, encore appelé « pont allemand » , construit en 1911. Ce pont métallique en arc à tablier suspendu est l’un des symboles de l’ingénierie allemande en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, assurant à la fois la circulation routière et ferroviaire, jusqu’au début des années 1980. Pont allemand « lancé » en 1911 à Edéa Si les archives ne permettent pas de confirmer avec certitude le nom du tout premier Allemand à s’installer à Édéa, il est établi que la ville a servi de base aux premières missions techniques et administratives du pouvoir colonial allemand dans la région. Le site exact d’implantation des premiers colons est localisé autour de l’actuel quartier Koukouè, aujourd’hui zone industrielle émergente. Le barrage d’Édéa : colonne vertébrale énergétique du pays L’un des plus grands tournants industriels de la ville a lieu avec la construction du barrage hydroélectrique d’Édéa sur le fleuve Sanaga, mis en service en 1954. Construit pour fournir l’énergie nécessaire à l’usine d’aluminium Alucam, ce barrage est vite devenu un pilier de la politique énergétique nationale. Il fournit aujourd’hui encore une part significative de l’électricité utilisée non seulement dans l’industrie, mais aussi dans les ménages à travers le pays. Le complexe hydroélectrique comprend également une centrale électrique d’une puissance initiale de 264 MW, qui a été progressivement modernisée. Ce projet, l’un des plus ambitieux de l’époque coloniale tardive, a permis à Édéa d’être parmi les premières villes d’Afrique centrale à bénéficier d’une électrification à grande échelle. Edéa, berceau de l’industrialisation Dans la même dynamique, l’État camerounais crée en 1976 la Cellulose du Cameroun (Cellucam), usine géante de pâte à papier, officiellement inaugurée le 18 mars 1981 par le président Ahmadou Ahidjo. Avec près de 2 000 emplois directs et plus de 5 000 emplois indirects, Cellucam devient un pilier de l’économie locale. Cependant, des pannes techniques, un incendie majeur en 1982 et une mauvaise gestion précipitent sa faillite. Aujourd’hui, l’État ambitionne de relancer le site via une technopole forêt-bois, portée par la SCIEB, pour transformer la région en hub industriel du bois. Une ville en mutation : entre héritage et modernisation Plus d’un siècle après l’arrivée des Allemands, Édéa continue de se réinventer. L’inauguration de la cimenterie Central Africa Cement (CAC), le 19 septembre 2025, financée à hauteur de 12 milliards FCFA, marque une nouvelle ère industrielle. L’unité produira 1 million de tonnes de ciment par an, exploitant les gisements locaux de calcaire et de pouzzolane, réduisant ainsi la dépendance aux importations. Cette initiative s’inscrit dans la politique nationale d’import-substitution, alignée sur la Vision 2035 du Cameroun, et devrait générer plus de 120 emplois directs et plusieurs centaines d’emplois indirects. Elle relance également le plaidoyer des autorités locales, qui réclament la création d’une zone franche industrielle, la réhabilitation du réseau routier, l’accès à l’eau potable, à l’électricité, et la relance du projet de port sec à Mbegne. Une centralité géopolitique et économique régionale Située à la croisée des grandes infrastructures nationales – rail, route, fleuve, énergie – Édéa est aujourd’hui appelée à devenir un hub industriel et logistique majeur de la sous-région. Avec la montée en puissance de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), la ville peut capitaliser sur sa position géographique pour devenir un centre de compétitivité régionale, à condition d’investir durablement dans ses infrastructures et dans le respect des normes sociales et environnementales. En résumé

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Bassa Power /l’Assiko vs Makouné : la bataille culturelle de deux danses sur la scène internationale

Assiko Deux danses, une identité : le peuple Bassa du Cameroun voit ses traditions convoitées, projetant l’Assiko et le Makouné dans une rivalité douce au cœur de la diplomatie culturelle africaine. Makounè Au croisement de la musique, du patrimoine immatériel et de la diplomatie culturelle, deux danses emblématiques du peuple Bassa-Mpoo-Bati, l’Assiko et le Makouné, s’imposent comme de puissants vecteurs d’influence africaine sur la scène mondiale. Tandis que l’une séduit les grandes scènes francophones, l’autre fait son chemin dans les universités afrodescendantes et les festivals panafricains. Assiko, Makouné : Deux danses, deux âmes du peuple bassa L’Assiko, popularisée par le mythique Jean Bikoko Aladin dans les années 1950, est une danse de résistance et d’élégance. Pieds nus, pagne serré, le danseur affronte la gravité en cadence, souvent au son de la guitare sèche et d’un rythme syncopé frappé sur une lame de fer et une bouteille. Elle est devenue un emblème de la culture Bassa dans les diasporas. Le Makouné, plus ancien et ritualisé, s’enracine dans les cérémonies communautaires et la danse collective.   Portée par des percussions plus graves et des pas circulaires évoquant la terre, la spiritualité et la cohésion du clan, cette danse connaît un regain d’intérêt dans les centres culturels notamment de Douala et Kribi. « Le Makouné est l’ADN rituel, l’Assiko est l’expression sociale. Ce sont les deux faces d’un peuple resté debout malgré l’histoire coloniale », analyse Pr. Armand N. Nkou, anthropologue à l’Université de Yaoundé I. Assiko, Makouné : Une rivalité à l’export, enjeu de soft power culturel Depuis 2022, l’Assiko a été inscrit dans plusieurs festivals européens (Paris, Marseille, Genève, Bruxelles, Berlin Madrid, Montréal), avec des troupes bassa en résidence artistique. En 2024, il a généré plus de 800 000 € de retombées culturelles indirectes, selon le Ministère camerounais des Arts et de la Culture. Le Makouné, quant à lui, a été intégré dans plusieurs programmes universitaires afrodescendants aux États-Unis et en Afrique du Sud, notamment à l’université Howard et à Cape Town. Des chorégraphes y voient une matrice originelle comparable au Mapouka ivoirien, au Kizomba angolais ou aux danses bantoues du Kasaï. « Ce qui se joue, c’est la bataille symbolique pour inscrire un héritage dans la conscience africaine globale », explique Grace Obado, chercheuse en diplomatie culturelle à Nairobi. Géopolitique du patrimoine : vers une reconnaissance à l’UNESCO ? Le Cameroun envisage de proposer l’Assiko à l’inscription sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2026, un projet porté par des acteurs comme l’Institut National des Arts du Cameroun (INAC) et l’Association Bassa en Mouvement. Mais certains intellectuels plaident pour une reconnaissance conjointe. C’est le cas de Nicole Ebanda, historienne de l’art : « Le Makouné et l’Assiko sont les jambes d’un même corps. Les dissocier, c’est affaiblir la narration culturelle de l’Afrique centrale ». Vers une politique culturelle régionale ? Avec plus de 2,5 millions de Bassa au Cameroun, et une diaspora en France, aux États-Unis en Allemagne, au Canada et au Gabon, la valorisation de ces danses dépasse le simple folklore. Elle touche à la diplomatie culturelle, à la mémoire postcoloniale et à l’intelligence économique du patrimoine. Pour Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, « l’Afrique ne doit pas se contenter de danser. Elle doit savoir pourquoi elle danse, et comment danser peut devenir un levier économique, identitaire et géopolitique ». Noël Ndong

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