5 octobre 2025

Cameroun : Issa Tchiroma Bakary, l’homme de la rupture qui défie Etoudi

À moins d’une semaine de la présidentielle du 12 octobre, l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, désormais chef du FSNC, mobilise des milliers de partisans à Yaoundé et se pose en alternative crédible à l’après-Biya. Une dynamique électorale inattendue aux implications géopolitiques, économiques et stratégiques notables. Dans une ferveur populaire inédite depuis le début de la campagne présidentielle, Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a tenu un meeting retentissant dans le quartier populaire de Tsinga, à quelques encablures du Palais présidentiel d’Etoudi. Le symbole est fort, la mobilisation massive, et le discours empreint d’un souffle de rupture et de refondation. À 75 ans, l’ancien ministre de la Communication, longtemps considéré comme un pilier du régime de Yaoundé, est aujourd’hui le visage paradoxal de l’alternance. Une démonstration de force inattendue Ils étaient plusieurs milliers à avoir répondu à l’appel, remplissant la place dite « Artisanat », transformée pour l’occasion en agora politique. La circulation était quasiment paralysée entre l’École de police et le lycée de Tsinga, signalant une affluence rare dans une capitale réputée pour son scepticisme politique. Le ton est combatif, la rhétorique populiste, mais l’architecture du discours est clairement programmée pour rassurer l’intérieur et intriguer l’extérieur : appel au dialogue, assainissement de l’État, réindustrialisation, réforme de la nationalité. Une approche globale que certains observateurs n’hésitent plus à qualifier de « programme de refondation ». Un positionnement politique stratégique Candidat de substitution pour une frange de l’opposition privée de son leader naturel, Maurice Kamto, dont la candidature a été invalidée, Issa Tchiroma capte aujourd’hui un électorat en quête de rupture, mais méfiant vis-à-vis des profils trop radicaux. Surnommé ironiquement par ses partisans « Mon bon diable », en référence à une homélie de Mgr Barthélémy Yaouda appelant à « prendre même le diable s’il faut pour changer le pays« , Issa Tchiroma symbolise ce réalisme politique camerounais où les lignes idéologiques se déplacent rapidement. Six chantiers pour une refondation nationale Le programme du FSNC s’articule autour de six priorités majeures : Un nouveau jeu d’alliances ? Sur le plan régional, une éventuelle victoire d’Issa Tchiroma rebat les cartes dans un Cameroun-pivot de la sécurité en Afrique centrale. Son projet de dialogue inclusif pourrait apaiser la crise dans les régions anglophones, qui a déjà fait plus de 6 000 morts selon des sources humanitaires, tout en réhabilitant le rôle du pays comme acteur stabilisateur dans le bassin du lac Tchad. Sur le plan international, son positionnement « ni anti-occidental, ni pro-chinois« , pourrait séduire aussi bien Paris que Washington, mais également Pékin et Ankara, à la recherche de nouveaux partenaires africains fiables. La promesse d’une gouvernance plus transparente est un signal fort envoyé aux institutions financières internationales, notamment le FMI et la BAD, dans un contexte où le service de la dette du Cameroun représente plus de 30 % du budget annuel de l’État. Entre rupture et continuité : Tchiroma, un « insider-outsider » Longtemps décrié pour sa loyauté envers le président Paul Biya, dont il a été l’un des plus fidèles porte-voix, Issa Tchiroma joue désormais la carte du dissident converti. Il a quitté le gouvernement le 24 juin 2025, dénonçant un système « verrouillé » et « hostile à toute réforme de fond« . « Se détacher du confort du pouvoir pour épouser l’incertitude de l’opposition est un acte politique fort dans un contexte comme celui du Cameroun », analyse un diplomate européen sous couvert d’anonymat. Une candidature à suivre de près Alors que la présidentielle du 12 octobre s’annonce comme un tournant historique pour le Cameroun, la candidature d’Issa Tchiroma Bakary ne peut plus être considérée comme marginale. Entre mobilisation populaire, crédibilité administrative et projet structuré, il incarne une troisième voie entre le pouvoir sortant et une opposition classique fragilisée. Dans un pays où le pouvoir est détenu depuis plus de 43 ans par le même homme, la poussée inattendue d’un vétéran reconverti en réformateur est le signal d’une transition peut-être en gestation. Mais le RDPC, parti de Paul Biya, aguerri dans la communication politique, n’a pas encore dit son dernier mot. Chiffres clés :

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Cameroun – Crise anglophone : trêve surprise après les excuses d’Issa Tchiroma

Un geste politique inattendu ravive l’espoir d’un apaisement temporaire dans les régions anglophones du Cameroun, après près de neuf ans de conflit. Le leader séparatiste ambazonien Mark Bareta a annoncé ce 4 octobre la suspension des opérations de « villes mortes » (lockdown) du 6 au 14 octobre, une trêve rarissime dans cette crise marquée par la violence et l’impasse politique. Cette décision fait suite aux excuses publiques spectaculaires d’Issa Tchiroma Bakary, ancien porte-parole du gouvernement et actuel candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre. Lors d’un rassemblement au cœur de Bamenda, dans la région du Nord-Ouest, Issa Tchiroma a reconnu son rôle dans la négation du problème anglophone. « Je suis profondément désolé d’avoir nié l’existence du problème anglophone. Maintenant, je vous le demande, populations de Bamenda : acceptez-vous mes excuses ? », a-t-il lancé devant une foule dense, réunie au carrefour City Chemist. Cette déclaration de repentance, rare dans la vie politique camerounaise, a été saluée par un « oui » retentissant de la foule. Elle a également été jugée « courageuse » par plusieurs analystes, dans un pays où les discours de reconnaissance envers les griefs anglophones sont souvent perçus comme des actes de défiance vis-à-vis du pouvoir central. La réponse de Mark Bareta ne s’est pas fait attendre. Le leader ambazonien a décrété une trêve humanitaire de neuf jours, justifiée par le besoin de soulager les populations durement éprouvées par trois semaines consécutives de paralysie. Pendant cette période, les écoles, les commerces et les services publics devraient pouvoir fonctionner normalement. Cette ouverture intervient à quelques jours d’un scrutin présidentiel tendu, dans un climat de méfiance et de sécurité renforcée. Reste à savoir si cette trêve, bien que limitée dans le temps, pourrait ouvrir la voie à un dialogue plus large, ou si elle restera un épisode isolé dans un conflit qui a déjà fait des milliers de morts et déplacé plus d’un million de personnes depuis 2016.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Paul Biya propose un statut spécial pour les partis représentés au Parlement

Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025, le président Paul Biya a annoncé une réforme visant à instituer un statut juridique spécifique pour les partis politiques représentés au Parlement camerounais. Cette mesure, présentée comme un engagement de sa nouvelle plateforme politique, s’inscrit dans une volonté affichée de consolider les libertés et la démocratie dans le pays. Une reconnaissance officielle pour les partis parlementaires L’idée centrale est de créer un cadre légal ou réglementaire qui reconnaît et organise le rôle des partis disposant d’élus à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Ce statut pourrait offrir des facilités accrues en matière de fonctionnement institutionnel, de reconnaissance politique, ainsi que de droits renforcés liés à leur représentativité nationale (financement, accès aux médias publics, participation au dialogue politique, etc.). Cette proposition vise, selon le chef de l’État, à encourager le pluralisme responsable, tout en structurant davantage la scène politique nationale. Les enjeux pour le système politique camerounais Risque d’exclusion ou de verrouillage politique Selon les critères retenus, certains partis pourraient se sentir marginalisés ou défavorisés. Si le statut accorde trop d’avantages aux partis déjà installés, cela pourrait être perçu comme une tentative de verrouiller l’accès au pouvoir. Une réforme à surveiller de près Alors que le Cameroun se dirige vers un nouveau cycle électoral, cette initiative présidentielle pose des questions importantes sur l’équilibre entre ouverture démocratique et structuration institutionnelle. Elle marque en tout cas un tournant potentiel dans l’organisation du pluralisme politique camerounais.

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