12 octobre 2025

Présidentielle 2025 au Cameroun : La diaspora, sentinelle stratégique d’un scrutin à hauts risques

Alors que le Cameroun entre dans une élection marquée par les incertitudes politiques et sécuritaires, le vote paisible de la diaspora – bien que minoritaire numériquement – envoie un signal fort aux partenaires internationaux et aux investisseurs. En toile de fond : stabilité régionale, mutation politique et repositionnement géoéconomique. Dans un calme presque cérémonial, les Camerounais de la diaspora ont glissé leur bulletin dans l’urne, loin des tensions qui marquent le terrain national. « Ce geste, c’est mon message pour l’avenir du Cameroun », déclare Bertille N., électrice à Rome. Comme elle, plus de 34 000 électeurs répartis dans 38 pays ont voté, marquant une participation modeste (0,43 % des inscrits) mais hautement stratégique dans un scrutin qui, à bien des égards, dépasse les frontières du pays. Une mobilisation faible, mais hautement symbolique Avec 108 centres de vote mis en place par les ambassades camerounaises, le dispositif électoral à l’étranger s’est déroulé sans heurts majeurs. À Bruxelles, Daniel Evina Abe’e, Ambassadeur du Cameroun en Belgique, a salué « la maturité politique de notre diaspora ». À Paris, Washington ou Londres, les électeurs camerounais ont affiché leur volonté de peser dans un processus électoral dont la transparence reste cependant sujette à caution. Une élection sous tension : Paul Biya, l’épreuve de la longévité Au Cameroun, le vote s’est ouvert dans un climat sécuritaire tendu, notamment dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, du Nord et de l’Extrême-Nord. Malgré un déploiement militaire renforcé, des incidents isolés ont été signalés, accentuant les doutes sur la capacité de l’État à organiser un scrutin pleinement inclusif. Le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat à 92 ans. Face à lui, six candidats, dont Cabral Libii, Serge Espoir Matomba, Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakari tentent d’incarner une alternative, bien que la marge de manœuvre de certaine- à l’exception d’Issa Tchiroma Bakari – demeurent limitées dans un appareil électoral largement contrôlé par le pouvoir. La stabilité comme argument diplomatique Dans un contexte régional miné par l’instabilité – du Sahel à la RDC, en passant par la transition au Tchad -, Yaoundé veut apparaître comme un bastion de stabilité. Ce positionnement séduit certains partenaires internationaux, soucieux de préserver un allié stratégique dans une zone où les États fragiles se multiplient. « Le Cameroun joue une carte de respectabilité institutionnelle à l’étranger, même si la scène intérieure reste verrouillée », analyse un diplomate européen. Le vote de la diaspora s’inscrit dans cette stratégie d’image, visant à rassurer bailleurs de fonds, institutions financières et acteurs sécuritaires. Enjeux économiques : l’intelligence stratégique au cœur du scrutin Au-delà de la dimension politique, l’élection présidentielle de 2025 est un test pour les acteurs de l’intelligence économique. Le Cameroun est confronté à des défis structurels : Diversification d’une économie encore dépendante des exportations primaires (pétrole, bois, cacao) ; Transition énergétique dans un pays où 60 % de l’électricité provient de l’hydroélectrique ; Lutte contre la corruption et réforme de l’environnement des affaires ; Sécurisation des investissements dans un climat régional instable. Les partenaires étrangers observent avec attention la suite du processus électoral, bien que leurs réactions demeurent mesurées pour l’instant. Une diaspora en éveil : relais de soft power et de réforme Si leur poids électoral reste marginal, les Camerounais de la diaspora représentent un levier d’influence non négligeable. Acteurs économiques, membres de la société civile ou experts internationaux, ils sont de plus en plus perçus comme des vecteurs de modernisation institutionnelle et de pression citoyenne. « Ce n’est pas seulement un vote, c’est une forme de diplomatie populaire », résume une politologue camerounaise. Face à un appareil d’État résistant aux réformes, la diaspora apparaît comme un laboratoire d’initiatives démocratiques, capable de tisser des ponts entre exigence locale et regard international. Le Cameroun au centre d’un équilibre fragile Avec près de 30 millions d’habitants et une position géographique clé en Afrique centrale, le Cameroun reste un acteur central dans les équilibres régionaux. L’évolution de sa gouvernance interne aura des répercussions au-delà de ses frontières. À court terme, l’enjeu pour le régime sera de contenir les tensions post-électorales et de préserver une façade institutionnelle stable. À moyen terme, l’alternance – ou l’absence d’alternance – influencera directement les relations avec la Chine, l’Union européenne, les États-Unis et les institutions financières multilatérales. Chiffres clés • Nombre d’électeurs au Cameroun : 8 010 464 • Nombre d’électeurs de la diaspora : 34 411 (0,43 %) • Nombre de bureaux de vote à l’étranger : 108 • Pays participants : 38 • Nombre de candidats : 12

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Présidentielle 2025 :  Le Cameroun vote, la région retient son souffle

Ce 12 octobre, plus de 8 millions d’électeurs camerounais sont appelés à voter dans un scrutin présidentiel à un seul tour. En jeu : la continuité du régime, les équilibres régionaux, et la crédibilité d’un processus politique contesté. À 92 ans, Paul Biya, l’un des plus anciens chefs d’État au monde, brigue un huitième mandat. Président depuis 1982, il reste le favori d’un scrutin organisé dans un climat d’atonie politique, marqué par une campagne minimale et une opposition fragmentée. L’organisme électoral, Elecam, a ouvert 31 000 bureaux de vote pour accueillir 8,1 millions d’électeurs, dont près de 2 millions de nouveaux inscrits. « Tout est prêt, mais c’est désormais la volonté des citoyens qui fera la différence », affirme Erick Essousse, directeur général d’Elecam. Un régime stable, mais sans alternative claire Malgré son âge, Paul Biya conserve un contrôle serré de l’appareil d’État grâce à son parti, le RDPC, omniprésent jusqu’au niveau local. L’absence d’un héritier politique désigné renforce cependant les incertitudes quant à l’avenir du pouvoir. « Le scrutin est moins une élection qu’un test de résilience d’un système à bout de souffle », note un diplomate européen. Une opposition affaiblie et divisée Dix candidats restent en lice, mais sans coordination stratégique. Cabral Libii, Joshua Osih, Issa Tchiroma Bakary, Bello Bouba Maïgari ou encore Patricia Ndam Njoya mènent des campagnes dispersées, sans dynamique unificatrice. « Le pluralisme existe, mais il ne se traduit pas en force politique crédible », analyse Alice Biloa, politologue à l’Université de Buea. Sécurité incertaine, voisinage inquiet Le vote se tient sous la menace des groupes jihadistes dans l’Extrême-Nord, et de la crise anglophone au Sud-Ouest et Nord-Ouest, où certains séparatistes appellent au boycott. Dans ces zones, la participation s’annonce faible. Autour du Cameroun, les voisins observent avec prudence : Le Tchad et la RCA redoutent des retombées sécuritaires ; Le Nigéria, préoccupé par la frontière commune, reste silencieux ; Le Gabon, le Congo et la Guinée équatoriale privilégient la stabilité. « Une instabilité à Yaoundé aurait des effets domino régionaux », avertit un analyste. Une économie sous tension Avec un PIB de 45 milliards de dollars, le Cameroun est une locomotive de la CEMAC. Les indicateurs économiques sont loin du potentiel réel. « Tant que la gouvernance ne change pas, le Cameroun restera bloqué dans une stagnation masquée », déclaré un consultant sous anonymat. Ce scrutin n’ouvre pas de compétition réelle pour le pouvoir, mais il met en lumière l’usure d’un régime et l’absence d’alternative structurée. Pour les partenaires internationaux, le défi est clair : préserver la stabilité sans cautionner l’immobilisme.

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