15 octobre 2025

Afrique centrale : le Gabon de Oligui Nguema s’impose comme nouveau pôle de stabilité

À l’issue du second tour des élections générales et locales, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), parti du président Brice Clotaire Oligui Nguema, s’impose comme la force dominante de la nouvelle architecture politique gabonaise. En remportant 102 des 145 sièges à l’Assemblée nationale, l’UDB atteint la majorité absolue, redéfinissant ainsi les équilibres institutionnels du pays après la transition ouverte par la chute du régime Bongo. Le Parti démocratique gabonais (PDG) de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, longtemps pilier du système politique, ne sauve que 16 sièges . La stratégie d’Oligui Nguema : entre stabilité et recentrage politique Porté au pouvoir en avril après une transition délicate post-coup d’État d’août 2023, Brice Oligui Nguema a cherché à légitimer son autorité par les urnes. En mobilisant une majorité autour de l’UDB, il ancre désormais son pouvoir sur des bases électorales, rompant avec la logique de gouvernance dynastique incarnée par les Bongo. Cette victoire offre à  Brice Oligui Nguema un levier stratégique dans la refonte de l’appareil d’État : réforme de la Constitution, refonte du code électoral, et probable remaniement des institutions sécuritaires. Le président bénéficie aujourd’hui d’un mandat renforcé pour mener sa politique de « refondation républicaine » et de « relance économique inclusive ». Impacts régionaux et géopolitiques : un signal fort en Afrique centrale Le Gabon, longtemps perçu comme un bastion de stabilité relative dans une région en proie aux tensions (Cameroun, Centrafrique, RDC), redevient un acteur à suivre. Pour plusieurs chancelleries occidentales, dont Paris et Washington, le scrutin valide un processus de normalisation. Le Gabon pourrait ainsi retrouver sa pleine participation à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), suspendue à la suite du putsch. Sur le plan économique et sécuritaire Sur le plan économique, la stabilité politique retrouvée rassure les investisseurs, notamment dans les secteurs stratégiques : pétrole, manganèse, bois et infrastructures portuaires. La majorité parlementaire permettra au président de faire adopter rapidement des réformes attendues par les bailleurs internationaux : transparence budgétaire, lutte contre la corruption, renforcement du climat des affaires. D’un point de vue sécuritaire, les autorités devraient poursuivre la professionnalisation des forces armées et la restructuration des services de renseignement, dans une région minée par les trafics et les ingérences extérieures. Le Gabon à l’épreuve du pouvoir civil La victoire de l’UDB marque une étape décisive dans le processus de reconstruction politique du Gabon post-Bongo. Reste à savoir si cette concentration du pouvoir entre les mains de Brice Oligui Nguema favorisera une transformation institutionnelle pérenne ou si elle amorcera une nouvelle forme d’hégémonie politique sous un vernis démocratique. Dans les mois à venir, les signaux envoyés à la société civile, à l’opposition et à la communauté internationale seront déterminants.

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Scrutin manuel, soupçons numériques : le paradoxe électoral camerounais

Proclamation anticipée, accusations de fraude et lenteurs numériques alimentent l’incertitude. Deux semaines avant l’annonce officielle des résultats de la présidentielle, le candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary s’est proclamé vainqueur, défiant ainsi la loi camerounaise qui réserve cette prérogative au Conseil constitutionnel. « Le peuple a choisi, et ce choix doit être respecté », a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux, dénonçant un « crime électoral » à Bafoussam et des pressions exercées sur ses représentants. Légalement, seule l’instance constitutionnelle peut proclamer les résultats. Toute déclaration unilatérale est considérée comme illégale. En 2018, une initiative similaire du candidat Maurice Kamto avait conduit à son arrestation. Numérisation absente, compilation lente Malgré la disponibilité des technologies de transmission rapide et sécurisée des résultats (IA, blockchain, systèmes automatisés), le Cameroun continue de compiler les procès-verbaux manuellement, parfois dans des zones isolées. Issa Tchiroma Bakary profite de ce retard, d’autant plus que le taux de participation n’a pas encore été communiqué. « Les outils numériques sont sous-utilisés, ce qui nuit à la transparence et à la confiance », note un expert électoral étranger. Stabilité politique et enjeux géostratégiques Le Cameroun reste un pays clé en Afrique centrale, frontalier du Nigeria et engagé dans la lutte contre Boko Haram. Tout dérapage post-électoral pourrait déstabiliser la région. Le RDPC appelle à la retenue, assurant que le processus s’est déroulé dans le calme et la légalité. Le Conseil constitutionnel devrait proclamer les résultats au plus tard le 26 octobre. Jusqu’à cette date, le Cameroun retient son souffle. « Ce n’est pas seulement une élection, c’est un test de stabilité pour toute la sous-région », analyse un diplomate européen. À suivre :  la publication des résultats officiels par le Conseil constitutionnel ; les réactions des acteurs internationaux (UA, CEEAC, partenaires bilatéraux, les Risques de manifestations et instabilité sécuritaire ; l’impact sur l’économie et les investissements étrangers.

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