octobre 2025

Cameroun-France  : Une guerre informationnelle en pleine tension post-électorale

 Alors que le Cameroun attend la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle, une fausse alerte d’évacuation diffusée sur les réseaux sociaux et attribuée à tort à l’ambassade de France a embrasé la sphère numérique.  Derrière ce qui pourrait sembler être une simple rumeur se dessine un pattern inquiétant de désinformation ciblée, révélateur de tensions politiques internes mais aussi de dynamiques géostratégiques régionales. Une fausse alerte virale, une ambassade ciblée Depuis mardi, un communiqué falsifié, prétendument émis par l’ambassade de France au Cameroun, appelle les ressortissants français à quitter le pays dans un délai de 72 heures. Diffusé sur WhatsApp, Facebook et TikTok, le faux message a cumulé plus de 500 000 vues sur la seule plateforme TikTok. Il fait explicitement référence à une supposée insécurité générée par les tensions entourant les résultats électoraux. L’ambassade de France a rapidement réagi sur son compte officiel Facebook : « Ces faux comptes ne constituent pas, comme ils le prétendent, des communiqués officiels (…). Il s’agit d’une fausse information à visée malveillante », peut-on lire dans un communiqué officiel publié mardi soir. Désinformation politique ou ingérence stratégique ? Cette tentative de manipulation de l’opinion intervient dans un climat tendu. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication et candidat autoproclamé vainqueur de l’élection présidentielle, a vu ses partisans manifester dans plusieurs grandes villes (Douala, Yaoundé, Garoua), dénonçant une fraude électorale présumée. Le gouvernement camerounais, pour sa part, appelle au calme. Selon un analyste en sécurité régionale, « ce type de désinformation vise à amplifier les perceptions d’instabilité, à saper la crédibilité de l’État et à présenter les puissances étrangères comme en perte de confiance envers le pays. C’est une forme moderne de guerre hybride ». Un schéma qui se répète en Afrique francophone Ce n’est pas un cas isolé. En mai 2025, une infox similaire a visé l’ambassade de France en Côte d’Ivoire, prétendant qu’elle appelait ses ressortissants à quitter le territoire ivoirien, en plein débat sur la réforme constitutionnelle. Ce type de campagne suit une logique : fragiliser les liens diplomatiques entre Paris et ses partenaires africains, dans un contexte où la présence française est de plus en plus contestée dans plusieurs pays du Sahel et d’Afrique centrale. Impacts sécuritaires et économiques : une équation à plusieurs inconnues Outre l’impact sur l’opinion publique, ces manœuvres ont des conséquences concrètes sur l’environnement sécuritaire et les investissements étrangers. La seule rumeur d’évacuation peut suffire à créer un effet domino : retrait d’investissements, ralentissement des opérations logistiques, désorganisation d’ONG internationales. « Dans un pays comme le Cameroun, où l’équilibre entre sécurité et développement économique reste fragile, ce type de désinformation peut faire vaciller des secteurs entiers, du BTP aux télécommunications », estime une source proche d’une Chambre de commerce européenne.  Une guerre cognitive en toile de fond Le cas camerounais illustre les enjeux de guerre cognitive dans les États à forte vulnérabilité informationnelle. Les campagnes de désinformation – qu’elles soient pilotées par des acteurs internes ou des puissances étrangères – cherchent à influer sur la perception, la confiance institutionnelle et le climat sécuritaire. Dans cette optique, la vigilance numérique devient un enjeu stratégique, au même titre que la surveillance des frontières ou la lutte contre le terrorisme. « Les ambassades ne sont plus seulement des cibles diplomatiques : elles sont devenues des marqueurs symboliques de la stabilité ou de l’instabilité. Les attaquer, même virtuellement, c’est s’attaquer à l’architecture internationale du pays », conclut  Véronique L.  une chercheuse en intelligence économique à l’Université de Genève. Ce nouvel épisode de désinformation au Cameroun confirme une tendance régionale : les fausses alertes diplomatiques sont devenues des armes d’influence dans des contextes électoraux et géopolitiques inflammables. Alors que le pays retient son souffle avant la proclamation officielle des résultats, la guerre ne se joue pas seulement dans la rue, mais aussi – et peut-être surtout – dans les espaces numériques. Encadré – Les chiffres clés :

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Guinée équatoriale : Le VP accuse la France de vouloir déstabiliser le pays

Le vice-président de la Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a accusé la France de chercher à déstabiliser son pays, l’accusant de soutenir des opposants qu’il qualifie d’« instigateurs de haine ». Dans un message publié lundi sur le réseau X (ex-Twitter), le numéro deux du régime a vivement réagi à la nomination de l’activiste équato-guinéen Alfredo Okenve au Prix franco-allemand des droits de l’Homme, annoncée samedi. Exilé en Espagne, Okenve est considéré par le pouvoir de Malabo comme un « traître » à la nation. « La France récompense ceux qui sèment la division, en les encourageant à perturber la paix et à agir contre leurs propres frères », a écrit le vice-président. Il accuse Paris d’être à l’origine de « toutes les tentatives visant à saper la paix en Guinée équatoriale ». Cette déclaration marque une rare sortie diplomatique à l’encontre de la France, alors que les relations entre Malabo et plusieurs capitales européennes se sont tendues ces dernières années, notamment autour des questions de droits humains et de gouvernance.

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Cameroun -Présidentielle : Entre maintien du régime et basculement latent

 À la veille de la proclamation des résultats de la présidentielle, quels sont les scénarios de risque pour Yaoundé ? Avec l’annonce imminente des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Paul Biya espère un nouveau mandat. Mais face à une opposition en rebond, un climat de méfiance institutionnelle et une triple crise sécuritaire, le Cameroun se trouve à un carrefour géopolitique, économique et stratégique – avec des retombées qui dépassent ses frontières. Le Cameroun s’apprête à franchir une étape politique majeure. Après le scrutin du 12 octobre 2025, les résultats officiels doivent être proclamés d’ici le 26 octobre par la Cour constitutionnelle. L’opposition, conduite notamment par Issa Tchiroma Bakary, revendique déjà la victoire, tandis que le pouvoir balaie ces affirmations. Or, ce qui se joue n’est pas seulement la reconduction d’un président, Paul Biya, c’est aussi la stabilité d’un État confronté à des défis internes profonds, avec un impact direct sur sa stratégie régionale, ses partenaires économiques et sa sécurité nationale. Le Cameroun vit sous la direction de Paul Biya depuis plus de quatre décennies, et cette élection ne ressemble pas aux précédentes. L’interdiction de la candidature de l’opposant de premier plan Maurice Kamto a été perçue comme un signe d’asymétrie démocratique renforcée. Le système électoral est critiqué pour son manque de transparence, ce qui affaiblit la légitimité perçue du scrutin. Sur le plan sécuritaire, les menaces sont multiples : 2. Scénarios de risque pour le Cameroun à l’annonce des résultats a) Reconduction de Biya avec contestation contrôlée Dans ce scénario « modéré », Biya est proclamé vainqueur. L’opposition proteste, des heurts isolés surviennent, mais l’ordre est globalement maintenu grâce à l’appareil sécuritaire. Cependant, la légitimité est affaiblie, le sentiment d’exclusion croît, et la marge de manœuvre du gouvernement pour mener des réformes se réduit. b) Victoire revendiquée de l’opposition + rejet par le pouvoir L’opposition clame « victoire » (comme l’a déjà fait Tchiroma) alors que les résultats officiels vont dans un autre sens. Cela ouvre la voie à des mobilisations dans les grandes villes (Yaoundé, Douala) et dans les régions du Nord‑Ouest / Sud‑Ouest. Le gouvernement pourrait alors répondre par des mesures coercitives (internet coupé, forces de l’ordre massées). Le risque est double : perte de contrôle et radicalisation de certains groupes. c) Incident sécuritaire majeur ou implosion dans une zone de conflit La proclamation des résultats pourrait être l’étincelle dans des zones pré‑conflictuelles : régions anglophones, Extrême‑Nord. Une attaque djihadiste, une explosion des séparatistes ou un incident violent pourrait déclencher un dérèglement plus large. Ce scénario comporte un risque de contagion vers les États voisins, notamment le Nigeria, et une crise régionale. 3. Implications géopolitiques et sécuritaires pour le pays et la région 4. Ce que devrait surveiller l’État camerounais et ses partenaires La proclamation imminente des résultats de l’élection présidentielle au Cameroun constitue un moment charnière : il ne s’agit pas seulement de savoir qui présidera le pays, mais de mesurer la capacité de l’État à renouveler sa légitimité, à gérer ses défis internes et à maintenir son rôle régional. Le « réelment » gagnant sera davantage celui qui préservera la stabilité et la confiance que celui qui remportera le score électoral. Pour ses voisins et partenaires, en particulier du Nigeria, et pour les acteurs économiques, la question est simple : ce scrutin sera‑t‑il un facteur de renforcement ou, au contraire, de fragilisation ?

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Bassin du Congo : Quand la Francophonie mise sur l’innovation verte pour changer le monde

Pari réussi pour la Francophonie dans le Bassin du Congo. Entre 2021 et 2025, le Projet de déploiement des technologies et innovations environnementales (PDTIE) a transformé deux pays stratégiques – Cameroun et RDC – en pôles d’innovation verte. À la croisée des enjeux géopolitiques, économiques et climatiques, cette initiative illustre une diplomatie de la science au service du développement durable. « Dans la recherche, il faut ouvrir les vannes de l’imagination ». Cette phrase de Joseph Pondi, coordinateur du PDTIE à Yaoundé, résume l’esprit pionnier du projet mené sous l’égide de la Francophonie entre 2021 et 2025 dans le Bassin du Congo. Avec 70 000 jeunes formés, 151 innovations soutenues et deux Fab Labs créés, cette initiative financée à hauteur de 5 millions d’euros incarne une diplomatie de l’innovation au service de la souveraineté technologique et écologique des États africains. Le Bassin du Congo, second poumon de la planète après l’Amazonie, concentre des enjeux majeurs : climat, biodiversité, sécurité alimentaire, mais aussi stabilité géopolitique et économie circulaire. Dans cette zone à forte pression sur les ressources naturelles, l’innovation devient un outil stratégique de résilience. Une innovation au féminin pluriel La singularité du PDTIE ? Sa capacité à catalyser des dynamiques locales portées par la jeunesse – et surtout par les femmes, longtemps sous-représentées dans la recherche scientifique en Afrique centrale (moins de 10 % en RDC, 22 % au Cameroun). Des figures comme Justine Neema (tuiles en plastique recyclé), Rebecca Kapanga (phytothérapie contre la drépanocytose) ou Tatiane Marina Abo, qui a représenté le Cameroun à la COP28 avec ses panneaux isolants en fibres de bananier, témoignent de cette effervescence féminine. « Nous apportons notre petite pierre à la santé publique. Les femmes doivent innover pour sauver des vies », insiste Merveille Ngbanzo, créatrice d’un antipaludique innovant à Kinshasa. Technologie, souveraineté et sécurité économique Le PDTIE s’inscrit dans une logique d’intelligence économique francophone, renforçant les capacités technologiques locales. Deux Fab Labs de pointe – à Yaoundé et Bukavu – jouent le rôle de catalyseurs : impression 3D, CNC 5 axes, logiciels de conception, robotique… Ces infrastructures renforcent les chaînes de valeur locales et protègent la propriété intellectuelle. Avec près de 100 brevets et modèles déposés, l’Afrique centrale prend part à la compétition technologique mondiale. L’équipe de Mipromalo, au Cameroun, a déposé les premiers brevets de son histoire. En RDC, des produits cosmétiques et pharmaceutiques (savons, larvicides, dentifrices) sont déjà commercialisés sous la marque Royal. Patrick Memvanga, coordinateur au CRITESS (Université de Kinshasa), rappelle que « la confiance mutuelle et la rigueur scientifique sont la clé de cette réussite ». Vers une souveraineté scientifique africaine Au-delà des chiffres (85 thèses, 79 modules de e-learning, 74 emplois directs créés), le PDTIE marque un tournant géostratégique. Il illustre un modèle d’innovation endogène, basé sur les ressources locales, l’inclusion et l’écologie. Le projet a démontré que les déchets peuvent devenir des ressources : emballages en cabosses de cacao, papiers biodégradables, machines agricoles low-tech, poubelles intelligentes… Autant d’initiatives qui dessinent un futur africain sobre en carbone et riche en idées. « Le sentiment d’appropriation est tangible », confirme Fabrice Lukeba, coordinateur du Fab Lab Éco-Déchets à Bukavu. Continuité stratégique : une Francophonie de l’action Fort du succès du PDTIE, un nouveau projet régional a vu le jour sous l’égide de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : le programme Soutien aux initiatives environnementales dans le Bassin du Congo, doté de 4,775 millions d’euros. Il vise à élargir l’impact à l’échelle régionale, avec plus de 500 femmes et jeunes porteurs de projets en ligne de mire. Lecture stratégique : innovation, paix et influence Dans un contexte de compétition accrue pour les ressources (forêts, minerais, terres arables), le PDTIE peut être lu comme un instrument de soft power francophone. Il positionne la Francophonie non seulement comme un espace culturel, mais comme un levier de transformation technologique et écologique, au service de la paix, de la sécurité humaine et de l’influence géopolitique. En favorisant l’innovation inclusive, l’accès au brevet, la valorisation des savoirs autochtones et la formation massive, le projet inscrit le Bassin du Congo dans une trajectoire de souveraineté durable et d’autonomie stratégique.Dans le Bassin du Congo, la Francophonie a montré qu’un autre modèle de développement est possible : décentralisé, inclusif, ancré dans les réalités locales et résolument tourné vers l’avenir. À l’heure des grandes transitions globales, ce pari sur l’intelligence verte pourrait bien être l’une des plus belles réussites diplomatiques du développement durable en Afrique. Chiffres-clés

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Cameroun : l’État contre l’emballement numérique post-électoral

Quatre jours après le scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, le Cameroun entre dans une phase délicate de gestion post-électorale. Sur le plan géopolitique et stratégique Alors que l’attente des résultats officiels continue, le gouvernement camerounais, par la voix de René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication et porte-parole, met en garde contre ce qu’il qualifie de « dérives » de certains candidats et médias. Le contexte est tendu, les équilibres fragiles. « Le gouvernement invite les Camerounais à continuer de faire preuve de maturité, de responsabilité et de sérénité », déclare René Sadi, dans un ton mêlant fermeté institutionnelle et appel à l’apaisement. Un scrutin sous haute surveillance Le scrutin présidentiel s’est déroulé dans un climat relativement calme, malgré un contexte sociopolitique encore marqué par la crise anglophone persistante dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les défis sécuritaires dans l’Extrême-Nord avec les résidus de Boko Haram, et une tension politique croissante dans les grands centres urbains. Pourtant, dès la clôture des bureaux de vote, des leaders de l’opposition ont anticipé la proclamation officielle, certains allant jusqu’à s’autoproclamer vainqueurs sur les réseaux sociaux. Un geste qualifié par le gouvernement de « grave atteinte » à la loi électorale. Cadre légal, souveraineté et contrôle institutionnel Le ministre a rappelé avec insistance le cadre légal qui régit les processus électoraux : Le Conseil Constitutionnel seul est habilité à proclamer les résultats officiels, dans un délai de 15 jours ;  les commissions locales, départementales et nationales doivent d’abord compiler, vérifier, puis transmettre les résultats selon une chaîne bien établie ; chaque étape inclut la présence de représentants des candidats, garantissant une forme de transparence procédurale. Ce rappel à l’ordre institutionnel vise clairement à maintenir la primauté de l’État et à éviter toute contestation précoce qui pourrait fragiliser la légitimité du processus. Sur le plan diplomatique et sécuritaire Dans une région centrale de l’Afrique où les transitions démocratiques restent sensibles (cf. Tchad, Gabon, RDC), le Cameroun tente de projeter une image de stabilité républicaine, en dépit des critiques récurrentes sur l’opacité des processus électoraux. Ce positionnement est essentiel dans un contexte géopolitique où le pays reste un pôle de stabilité stratégique pour ses partenaires (France, Chine, Russie, États-Unis), notamment dans la lutte contre le terrorisme et le contrôle des flux migratoires. Toute instabilité post-électorale pourrait être interprétée comme une brèche géopolitique dans la région. Implications économiques et intelligence stratégique La période post-électorale est cruciale pour la confiance des investisseurs. L’économie camerounaise, résiliente mais vulnérable (3,7 % de croissance en 2024 selon la BEAC), dépend largement de la stabilité politique pour rassurer les bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque Mondiale) et les investisseurs privés. Une flambée de contestation, même numérique, pourrait altérer les indicateurs de risque-pays, faire chuter la monnaie locale, le franc CFA et geler certains investissements stratégiques, notamment dans les infrastructures, l’agriculture ou les hydrocarbures. Entre vigilance et verrouillage démocratique Le message du gouvernement traduit une volonté de maîtrise de la narration politique, dans un contexte où les réseaux sociaux deviennent des arènes concurrentes aux canaux institutionnels. « Toute démarche contraire au respect de ce processus constitue une atteinte grave à la réglementation », martèle le ministre, un avertissement direct aux plateformes médiatiques non conventionnelles, mais aussi aux figures politiques qui capitalisent sur l’instantanéité numérique. Un moment pivot pour la démocratie camerounaise À l’heure où le Conseil Constitutionnel s’apprête à jouer son rôle d’arbitre suprême, le Cameroun se trouve à un carrefour politique. Soit le pays conforte ses institutions et sa souveraineté juridique, soit il glisse dans un cycle de défiance, voire de crise post-électorale. Pour les partenaires internationaux, la vigilance est de mise, mais la non-ingérence semble être le mot d’ordre. Reste à voir si les acteurs politiques camerounais répondront, eux aussi, à l’appel du sens civique et patriotique.

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Afrique centrale : le Gabon de Oligui Nguema s’impose comme nouveau pôle de stabilité

À l’issue du second tour des élections générales et locales, l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), parti du président Brice Clotaire Oligui Nguema, s’impose comme la force dominante de la nouvelle architecture politique gabonaise. En remportant 102 des 145 sièges à l’Assemblée nationale, l’UDB atteint la majorité absolue, redéfinissant ainsi les équilibres institutionnels du pays après la transition ouverte par la chute du régime Bongo. Le Parti démocratique gabonais (PDG) de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, longtemps pilier du système politique, ne sauve que 16 sièges . La stratégie d’Oligui Nguema : entre stabilité et recentrage politique Porté au pouvoir en avril après une transition délicate post-coup d’État d’août 2023, Brice Oligui Nguema a cherché à légitimer son autorité par les urnes. En mobilisant une majorité autour de l’UDB, il ancre désormais son pouvoir sur des bases électorales, rompant avec la logique de gouvernance dynastique incarnée par les Bongo. Cette victoire offre à  Brice Oligui Nguema un levier stratégique dans la refonte de l’appareil d’État : réforme de la Constitution, refonte du code électoral, et probable remaniement des institutions sécuritaires. Le président bénéficie aujourd’hui d’un mandat renforcé pour mener sa politique de « refondation républicaine » et de « relance économique inclusive ». Impacts régionaux et géopolitiques : un signal fort en Afrique centrale Le Gabon, longtemps perçu comme un bastion de stabilité relative dans une région en proie aux tensions (Cameroun, Centrafrique, RDC), redevient un acteur à suivre. Pour plusieurs chancelleries occidentales, dont Paris et Washington, le scrutin valide un processus de normalisation. Le Gabon pourrait ainsi retrouver sa pleine participation à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), suspendue à la suite du putsch. Sur le plan économique et sécuritaire Sur le plan économique, la stabilité politique retrouvée rassure les investisseurs, notamment dans les secteurs stratégiques : pétrole, manganèse, bois et infrastructures portuaires. La majorité parlementaire permettra au président de faire adopter rapidement des réformes attendues par les bailleurs internationaux : transparence budgétaire, lutte contre la corruption, renforcement du climat des affaires. D’un point de vue sécuritaire, les autorités devraient poursuivre la professionnalisation des forces armées et la restructuration des services de renseignement, dans une région minée par les trafics et les ingérences extérieures. Le Gabon à l’épreuve du pouvoir civil La victoire de l’UDB marque une étape décisive dans le processus de reconstruction politique du Gabon post-Bongo. Reste à savoir si cette concentration du pouvoir entre les mains de Brice Oligui Nguema favorisera une transformation institutionnelle pérenne ou si elle amorcera une nouvelle forme d’hégémonie politique sous un vernis démocratique. Dans les mois à venir, les signaux envoyés à la société civile, à l’opposition et à la communauté internationale seront déterminants.

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Scrutin manuel, soupçons numériques : le paradoxe électoral camerounais

Proclamation anticipée, accusations de fraude et lenteurs numériques alimentent l’incertitude. Deux semaines avant l’annonce officielle des résultats de la présidentielle, le candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary s’est proclamé vainqueur, défiant ainsi la loi camerounaise qui réserve cette prérogative au Conseil constitutionnel. « Le peuple a choisi, et ce choix doit être respecté », a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux, dénonçant un « crime électoral » à Bafoussam et des pressions exercées sur ses représentants. Légalement, seule l’instance constitutionnelle peut proclamer les résultats. Toute déclaration unilatérale est considérée comme illégale. En 2018, une initiative similaire du candidat Maurice Kamto avait conduit à son arrestation. Numérisation absente, compilation lente Malgré la disponibilité des technologies de transmission rapide et sécurisée des résultats (IA, blockchain, systèmes automatisés), le Cameroun continue de compiler les procès-verbaux manuellement, parfois dans des zones isolées. Issa Tchiroma Bakary profite de ce retard, d’autant plus que le taux de participation n’a pas encore été communiqué. « Les outils numériques sont sous-utilisés, ce qui nuit à la transparence et à la confiance », note un expert électoral étranger. Stabilité politique et enjeux géostratégiques Le Cameroun reste un pays clé en Afrique centrale, frontalier du Nigeria et engagé dans la lutte contre Boko Haram. Tout dérapage post-électoral pourrait déstabiliser la région. Le RDPC appelle à la retenue, assurant que le processus s’est déroulé dans le calme et la légalité. Le Conseil constitutionnel devrait proclamer les résultats au plus tard le 26 octobre. Jusqu’à cette date, le Cameroun retient son souffle. « Ce n’est pas seulement une élection, c’est un test de stabilité pour toute la sous-région », analyse un diplomate européen. À suivre :  la publication des résultats officiels par le Conseil constitutionnel ; les réactions des acteurs internationaux (UA, CEEAC, partenaires bilatéraux, les Risques de manifestations et instabilité sécuritaire ; l’impact sur l’économie et les investissements étrangers.

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Centrafrique : 10.000 rebelles désarmés grâce au processus DDR

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a annoncé que 10.000 anciens rebelles ont été désarmés au cours des dernières années dans le cadre du programme DDR (Désarmement, Démobilisation et Réintégration). Ce processus a également permis de récupérer 30.000 armes. Ces avancées ont été rendues possibles par la collaboration entre le gouvernement centrafricain et ses partenaires internationaux, notamment dans le cadre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation nationale (APPR) signé en 2019. Lors de la 11e session du Comité stratégique du DDRR à Bangui, le président a indiqué que : 11 des 14 groupes armés signataires de l’APPR ont dissous leurs mouvements ; Les deux autres groupes majeurs restants, l’UPC (Unité pour la paix en Centrafrique) et les 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), sont en voie de dissolution dans le cadre de l’Accord de N’Djamena. Faustin – Archange Touadéra a salué ces progrès comme un signe clair d’évolution vers une paix durable, en insistant sur l’importance de la sécurité, de l’unité nationale et du respect des engagements. La Centrafrique a été marquée par des années de conflits armés ; Le programme DDRR vise à désarmer les combattants, à démobiliser les groupes armés, et à réinsérer les ex-combattants dans la société. Ces chiffres montrent une avancée majeure pour la stabilisation du pays. La dissolution presque complète des groupes armés marque une étape clé dans la sortie de crise.

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Madagascar : Emmanuel Macron garde le silence sur l’exfiltation de Rajoelina

Alors que des rumeurs d’exfiltration du président Rajoelina circulent, Paris appelle au respect de l’ordre constitutionnel dans un pays au bord de l’implosion politique. Une exfiltration sous hypothèse, une île sous tension. Alors que Madagascar s’enfonce dans une crise politico-militaire sans précédent depuis la fin de la Transition de 2009, les spéculations autour d’une éventuelle exfiltration du président Andry Rajoelina par un avion militaire français depuis l’île Sainte-Marie agitent les milieux diplomatiques. Interrogé en marge du sommet pour la paix à Charm el-Cheikh, Emmanuel Macron a botté en touche : « Je ne confirme rien aujourd’hui », a-t-il déclaré, tout en exprimant sa « grande préoccupation » face à la situation dans la Grande Île. Ce refus de confirmer, en langage diplomatique, vaut souvent reconnaissance implicite d’un soutien logistique discret. Une crise multidimensionnelle : sociale, militaire, institutionnelle Le mouvement Génération Z, déclenché le 25 septembre sur fond de pénuries d’eau et d’électricité, a rapidement muté en contestation politique radicale, ciblant directement la légitimité du président malgache. Malgré la dissolution du gouvernement et la nomination d’un cabinet militarisé, la colère populaire s’amplifie. La fracture désormais visible au sein de l’armée – matérialisée par l’insubordination du CAPSAT (unité stratégique) – a transformé la crise en affrontement civilo-militaire. Cette unité a unilatéralement nommé un nouveau chef d’état-major, le général Démosthène Pikulas, défiant l’autorité présidentielle. Pour la présidence, « il s’agit d’une tentative de coup de force ». Réactions régionales : entre inquiétude et prévention L’Union Africaine, par la voix de Mahmoud All Youssouf, a exprimé sa « profonde inquiétude » et appelé « civils et militaires à la retenue, au dialogue, et au respect de la Constitution ». La SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) a convoqué une réunion d’urgence, tandis que les chefs d’État des Comores, de Maurice et d’Afrique du Sud se sont alignés sur une position commune : « préserver l’ordre constitutionnel à Madagascar est une priorité régionale ». Une crise prolongée aurait des effets domino sur la stabiliité de cette région de l’ocean indien. Enjeux géoéconomiques : la stabilité, clef de l’attractivité Madagascar, positionnée stratégiquement sur les grandes routes maritimes indo-pacifiques, est également convoitée pour ses ressources minières stratégiques : nickel, graphite, cobalt, terres rares. Près de 750 millions de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) sont actuellement gelés ou menacés. Le secteur du tourisme, qui reprenait après la pandémie, est à nouveau à l’arrêt. L’agriculture d’exportation (vanille, litchis), principale source de devises, subit également les perturbations. Une jeunesse en éveil, un pouvoir en déclin Le président français Emmanuel Macron a tenu à saluer le rôle des jeunes dans cette crise : « Une jeunesse politisée, qui veut vivre mieux, c’est une très bonne chose ». Mais il met en garde contre toute récupération par des « factions militaires » ou des « ingérences étrangères ». En écho, le collectif Gen Z, qui organise des rassemblements pacifiques Place du 13 mai, annonce une « concertation nationale » dans les prochains jours. Un point de bascule pour la région La crise malgache dépasse largement le cadre national. Elle interroge la résilience des États insulaires face aux chocs internes et externes : pénuries, corruption, tensions militaires, jeunesse mobilisée. Elle questionne aussi la capacité des institutions africaines à prévenir les dérives autoritaires ou les coups d’État rampants. Entre silence stratégique et diplomatie de crise L’exfiltration non confirmée d’Andry Rajoelina pourrait marquer la fin d’un cycle politique ouvert en 2009. La France, traditionnellement influente à Madagascar, semble jouer la carte de la prudence, tandis que l’UA tente de reprendre la main. La fenêtre pour une désescalade existe, mais elle se referme rapidement. « Le pire n’est jamais certain, mais il devient probable quand le silence devient stratégie », glisse un diplomate européen.

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Nicolas Sarkozy incarcéré : Une onde de choc judiciaire à portée mondiale

« L’image d’un ancien chef d’État sous les verrous bouscule les fondements symboliques de la démocratie européenne », selon Dr. Éléonore Galland, spécialiste en droit international et transitions démocratiques Un séisme judiciaire sans précédent Le 21 octobre 2025, pour la première fois dans l’histoire de la République française – et de l’Union européenne – un ancien président élu démocratiquement sera incarcéré dans une prison de droit commun. Nicolas Sarkozy, chef de l’État de 2007 à 2012, entamera une peine de cinq ans de prison ferme à la maison d’arrêt de la Santé, à Paris, après avoir été reconnu coupable de corruption passive, financement illégal de campagne électorale et association de malfaiteurs dans le cadre de l’affaire dite « libyenne« . Sa condamnation, confirmée le 25 septembre dernier malgré son appel, intervient après plus d’une décennie de procédures judiciaires complexes impliquant des réseaux financiers transnationaux, des transferts d’espèces occultes et la chute de régimes autoritaires au Moyen-Orient. Cette affaire, connectée à la chute du colonel Kadhafi en 2011, mêle enjeux de politique étrangère, finance offshore, et influence diplomatique. Une détention sous haute sécurité, sans privilèges apparents Nicolas Sarkozy sera incarcéré dans le quartier des personnes vulnérables (QPV) de la prison de la Santé, un espace conçu pour protéger les détenus à risque élevé – personnalités politiques, figures médiatiques ou anciens hauts fonctionnaires. Comme d’autres avant lui (Patrick Balkany ou Claude Guéant), il sera isolé du reste des détenus, dans une cellule de 9 m² équipée d’une douche, d’un réfrigérateur et d’une télévision, conformément aux standards post-rénovation. Selon l’administration pénitentiaire, ce n’est pas un régime de faveur, mais une nécessité sécuritaire. L’ancien président aura droit à trois visites familiales par semaine, des parloirs avec ses avocats, une promenade quotidienne d’une heure dans une cour séparée, et sera surveillé lors de tous ses déplacements internes. Une incarcération aux effets systémiques Cette détention dépasse le simple cadre pénal. Sur le plan géopolitique, elle fragilise l’image de la France comme bastion de la stabilité démocratique. Pour plusieurs observateurs internationaux, la sanction judiciaire d’un ex-chef d’État occidental pour des faits de corruption liés à des puissances étrangères est un avertissement sur les vulnérabilités institutionnelles en Europe, notamment face aux logiques de soft power financier et d’ingérences. Sur le plan économique, l’affaire met en lumière les zones grises du financement politique international, où convergent services de renseignement, multinationales et intérêts pétroliers. L’affaire Sarkozy soulève également des questions sur la gestion post-conflit en Libye et sur les responsabilités occidentales dans les transitions autoritaires. La République face à elle-même Politiquement, cette incarcération symbolise le retour d’une justice indépendante, capable de juger même les plus puissants. Mais elle marque aussi une fracture dans la confiance envers les élites, et pourrait nourrir la défiance populiste à l’approche des élections européennes de 2026. À droite, certains dénoncent une « instrumentalisation politique » de la justice. À gauche, on y voit la victoire d’un État de droit réaffirmé. En toile de fond, cette affaire pose une question stratégique majeure : jusqu’où une démocratie peut-elle juger ses anciens dirigeants sans fragiliser sa propre légitimité ? « L’incarcération de Sarkozy n’est pas seulement un acte judiciaire ; c’est un signal d’alarme lancé aux démocraties occidentales sur la nécessité d’une transparence structurelle dans le financement politique » ? souligne Alexandre Adler, politologue et ancien conseiller en stratégie internationale Prochaine échéance : La cour d’appel devra statuer sur une éventuelle demande de libération conditionnelle dans un délai de deux mois. L’issue pourrait influencer durablement la perception du pouvoir judiciaire français dans le monde.

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