5 novembre 2025

Cameroun : la diplomatie mondiale salue la stabilité, mais interroge la transition Biya

Alors que Paul Biya s’apprête à prêter serment pour un huitième mandat, les chancelleries étrangères et les institutions internationales observent le Cameroun avec une prudence mêlée de respect stratégique. Dans une Afrique centrale en recomposition, Yaoundé demeure un pilier, autant politique qu’économique, dont la stabilité conditionne celle du bassin du Congo. Une investiture à portée diplomatique Le 6 novembre 2025, le Palais des Congrès de Yaoundé accueillera la cérémonie d’investiture du président réélu, quarante-trois ans jour pour jour après son accession au pouvoir. L’événement, hautement symbolique, se déroulera sous le regard attentif des représentations étrangères. La France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont confirmé leur présence, tout en réaffirmant leur attachement à la « stabilité et au dialogue inclusif ». Plusieurs délégations africaines, notamment celles du Congo-Brazzaville, du Gabon et du Tchad, sont également attendues. Pour les pays de la CEEAC, la continuité du régime camerounais garantit la sécurité d’un espace sous-régional fragilisé par les transitions militaires et les tensions frontalières. Un pivot géopolitique en Afrique centrale Le Cameroun est perçu par les diplomaties africaines et occidentales comme le dernier verrou de stabilité entre le Sahel et le Golfe de Guinée. Son rôle dans la lutte contre Boko Haram, sa coopération militaire avec les partenaires occidentaux et son implication dans la Force multinationale mixte font de Yaoundé un acteur incontournable. Sur le plan économique, le pays sert de corridor énergétique et logistique pour ses voisins enclavés – du Tchad à la Centrafrique – via le port de Douala et l’oléoduc de Kribi. Si le Cameroun avance à son propre rythme dans la transition énergétique et la zone de libre-échange africaine (ZLECAf), il demeure un pilier de la CEMAC, représentant près de 40 % du PIB sous-régional. « Sans le Cameroun, il n’y a pas de CEMAC viable. Sa stabilité économique et politique est une condition d’équilibre pour tout le bloc », confie un diplomate africain. Entre reconnaissance et attentes L’Union africaine, la Francophonie et les Nations unies saluent la continuité institutionnelle, mais appellent à une modernisation de la gouvernance et à une ouverture politique accrue. Les bailleurs internationaux, dont la Banque mondiale et le FMI, lient désormais leur soutien à des réformes structurelles : lutte contre la corruption, transparence budgétaire et relance des investissements productifs. Pour la communauté internationale, Paul Biya incarne à la fois la stabilité et la question de la succession. « Le monde regarde Yaoundé comme un centre de gravité, mais aussi comme un test de transition ordonnée », résume un diplomate de l’ONU. Entre reconnaissance mesurée et attentes réformatrices, le Cameroun demeure l’épicentre silencieux de l’Afrique centrale, où la stabilité vaut autant que la réforme.

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Cameroun : Paul Biya s’apprête à prêter serment, quarante-trois ans après son premier mandat

Alors que Yaoundé s’apprête à accueillir la prestation de serment de Paul Biya, prévue le 6 novembre, les chancelleries et partenaires étrangers saluent la stabilité du pays, malgré une contestation interne persistante. Le Cameroun, pilier de l’Afrique centrale, entame un nouveau chapitre sous le signe du contrôle et de la continuité. À Etoudi, l’heure des derniers préparatifs Une réunion d’urgence a été convoquée le mardi 4 novembre 2025 au palais d’Etoudi par Samuel Mvondo Ayolo, ministre directeur du Cabinet civil de la présidence. L’ordre du jour : la préparation de la prestation de serment de Paul Biya, réélu le 12 octobre dernier. Les ministres régaliens – Défense, Justice, Finances, Relations extérieures, Communication, Administration territoriale – ont été mobilisés pour orchestrer un événement que le pouvoir veut exemplaire. Selon des sources concordantes, la cérémonie se tiendra jeudi 6 novembre au Palais des Congrès de Yaoundé, devant le Parlement réuni en Congrès. Une date symbolique : celle du 43ᵉ anniversaire de l’accession de Paul Biya au pouvoir en 1982. Entre reconnaissance diplomatique et tensions internes La communauté internationale salue globalement la stabilité du pays. Plusieurs chancelleries occidentales et africaines, dont celles de la France, des États-Unis et du Congo-Brazzaville, ont envoyé des messages de félicitations prudents, insistant sur la nécessité de « consolider la paix et le dialogue ». Les parlementaires francophones réunis dans le cadre de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) ont, eux aussi, salué la maturité du processus électoral, tout en appelant à « un approfondissement démocratique ». Mais sur le terrain, la tension demeure. Des partisans du candidat Issa Tchiroma Bakary continuent de contester les résultats, dénonçant des irrégularités et réclamant un recomptage. À Garoua ou Bamenda, la frustration s’exprime dans la rue, malgré l’appel des autorités à « tourner la page ». Un enjeu régional pour l’Afrique centrale Dans une sous-région marquée par l’instabilité – du Tchad à la Centrafrique -, le Cameroun reste un point d’ancrage essentiel. Pour un diplomate, « la continuité du régime Biya rassure les voisins, même si le modèle montre des signes d’essoufflement ». À 92 ans, Paul Biya aborde ce huitième mandat dans un contexte régional fragile, où chaque transition non maîtrisée peut déstabiliser un équilibre déjà précaire. À Etoudi, tout est prêt. Les drapeaux flottent, les forces de sécurité quadrillent la capitale. Mais au-delà de la solennité, une question demeure : le Cameroun entre-t-il dans une nouvelle ère de stabilité durable ou dans un cycle de statu quo prolongé ?

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