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Routes au Cameroun : 2000 km et des embouteillages budgétaires

Entre ambitions économiques, contraintes sécuritaires et limites budgétaires, la route devient un champ de bataille géopolitique et logistique en Afrique centrale. À mi-parcours de la Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30), le gouvernement camerounais affiche un bilan mitigé. Seuls 2000 km de routes bitumées ont été réalisés sur les 6000 km programmés entre 2020 et 2024. Lors d’un point de presse tenu à Yaoundé, le ministre des Travaux publics Emmanuel Nganou Djoumessi a assumé cette contre-performance, en invoquant des freins multiformes : « L’insécurité dans certaines zones, les retards de paiement dus aux contraintes budgétaires et les séquelles du Covid-19 ont sérieusement ralenti notre rythme d’exécution ». Enjeux économiques et géostratégiques Au-delà des chiffres, le réseau routier camerounais est au cœur d’enjeux régionaux. Il irrigue l’économie et soutient les corridors stratégiques, en particulier Douala–Ndjamena et Douala–Bangui, artères vitales pour les échanges avec le Tchad et la RCA. « Si la route de Ngaoundéré à Garoua n’est pas reconstruite, c’est tout le corridor qui s’effondre. Nous ne pouvons plus dépendre uniquement du port de Douala si l’interne est bloqué », a déclaré Dr Jules N. Ateba, expert en aménagement du territoire. Rien que le projet Ngaoundéré–Garoua (278 km), approuvé par la BAD, mobilisera 182 milliards FCFA pour désenclaver le nord et soutenir la relance du port fluvial de Garoua. Coûts élevés, financement sous tension Malgré la réforme du Fonds Routier en 2022, les entreprises dénoncent toujours l’irrégularité des paiements : « Depuis deux ans, les paiements arrivent avec 6 à 12 mois de retard. Pour une PME locale, c’est invivable. On travaille à crédit », déclare un Directeur technique d’une société BTP locale. L’entretien routier : le talon d’Achille L’analyse du ministère des Travaux publics révèle une dégradation rapide des routes communales : seules 24,2 % sont en bon ou moyen état. Or, ces voies représentent plus de 80 % du linéaire national. Faute d’entretien, des axes récemment réhabilités se dégradent déjà. « On a bitumé ici en 2021, mais trois saisons de pluie ont suffi pour que les trous reviennent. Rien n’a été fait pour l’entretien », regrette une habitante de Ngoumou. Pour Franck Obam, ingénieur consultant en infrastructures, « construire sans entretenir revient à gaspiller de l’argent public. La maintenance doit être anticipée dès la conception des projets ». Classement régional (routes bitumées – 2024) Pays Routes bitumées Linéaire total État général Cameroun 10 467 km 121 873 km Moyen à bon Côte d’Ivoire 8 100 km 82 000 km Bon Sénégal 6 569 km 16 500 km Bon Tchad ~3 000 km 45 000 km Très faible Selon un économiste des infrastructures, la solution n’est pas toujours plus d’argent, mais une meilleure planification : « Les routes doivent être pensées comme des actifs, pas comme des rubans inauguraux ». Le Cameroun dispose de l’un des réseaux routiers les plus étendus d’Afrique centrale, mais il reste confronté à un paradoxe structurel : une forte ambition politique freinée par des réalités budgétaires, sécuritaires et techniques. Le défi des prochaines années ne sera pas seulement de construire plus, mais surtout de mieux entretenir, mieux planifier et mieux sécuriser ce patrimoine vital pour la souveraineté logistique et la croissance régionale.

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Carte stratégique de l’énergie : Le Cameroun muscle son réseau

Malgré des engagements formels en faveur de la transition énergétique, le Cameroun s’inscrit pleinement dans la dynamique continentale de dépendance aux hydrocarbures. Le pays, riche en gaz naturel et doté de réserves pétrolières offshore et onshore, continue de miser sur l’exploitation des ressources fossiles pour financer son développement, au détriment d’une bascule rapide vers les renouvelables. Une économie encore sous perfusion pétrolière Le secteur pétrolier et gazier représente près de 25 % des recettes d’exportation du Cameroun, bien que sa production ait décliné depuis son pic des années 1980. Aujourd’hui, le pays produit environ 70 000 barils de pétrole par jour, un chiffre modeste à l’échelle africaine, mais qui reste stratégique pour son équilibre macroéconomique. Avec le développement du champ gazier de Kribi (exploité par Perenco), et les projets autour du bassin du Rio del Rey, le Cameroun entend renforcer son rôle sur l’échiquier énergétique régional, notamment via la liquéfaction du gaz naturel en vue d’exportations vers l’Europe et l’Asie. Le terminal FLNG de Hilli Episeyo, premier du genre en Afrique, symbolise cette stratégie gazière tournée vers l’international. « Le Cameroun ne peut pas ignorer la manne des hydrocarbures dans un contexte de rareté budgétaire et de besoins en infrastructures », confie un haut fonctionnaire du ministère de l’Eau et de l’Énergie. Raffinage, dépendance et déficit stratégique Malgré son statut de producteur, le pays reste fortement dépendant des importations de produits raffinés. La fermeture prolongée de la SONARA (raffinerie de Limbé), suite à un incendie en 2019, a plongé le pays dans une crise énergétique coûteuse. Sa reconstruction partielle, toujours en cours, est freinée par un manque de financements et une gouvernance incertaine. Résultat : le Cameroun importe la quasi-totalité de ses carburants, exposant son économie aux chocs de prix internationaux, tout en aggravant son déficit commercial. Renouvelables : potentiel immense, mise en œuvre timide Sur le papier, le potentiel énergétique renouvelable du Cameroun est colossal : Pourtant, les investissements dans les énergies vertes restent marginaux. Selon les dernières estimations, moins de 5 % des financements énergétiques nationaux sont orientés vers les renouvelables hors hydroélectricité. La faiblesse du réseau électrique, les lenteurs administratives et le manque d’incitations fiscales freinent les acteurs privés. Souveraineté énergétique et dilemme stratégique Le Cameroun incarne le dilemme africain : capitaliser sur les hydrocarbures pour financer le développement tout en retardant l’inévitable transition énergétique. Dans un contexte de pression internationale croissante pour la décarbonation, la posture du pays pourrait devenir un handicap stratégique, notamment vis-à-vis des financements climatiques. « Le Cameroun ne pourra pas atteindre une véritable souveraineté énergétique sans industrialisation locale et diversification de son mix », prévient un analyste régional du secteur. Le Cameroun, comme nombre de ses voisins, se retrouve à la croisée des chemins. L’heure n’est plus à l’opposition entre pétrole et solaire, mais à la construction d’une stratégie énergétique intégrée et souveraine. Il s’agira, pour les décideurs camerounais, de dépasser le modèle extractiviste en investissant dans la transformation locale, la montée en puissance des renouvelables et la maîtrise technologique. Un défi autant économique que géopolitique. Projets énergétiques majeurs en cours au Cameroun Projet Type d’énergie / mix (hydro, solaire, hybride) Capacité / puissance attendue Région(s) concernées / zones desservies Calendrier / échéance estimée Enjeux stratégiques Nachtigal Hydroélectrique ~ 420 MW Sanaga, au nord-est de Yaoundé- réseau interconnecté Sud Mise en service prévue 2024 Renforcer la capacité de base, réduire la dépendance aux centrales thermiques, stabiliser le réseau Sud Kikot‑Mbebe Hydroélectrique ~ 500 MW Fleuve Sanaga — influence pour le Centre, mais capacité nationale Début 2030s pour mise en service & développement des appels d’offres Projet structurant pour la croissance énergétique, enjeu de transfert de compétences et développement durable Grand Eweng Hydroélectrique ~ 1 080 MW (phase initiale ~ 800 MW) Sanaga, entre Yaoundé et Douala — Littoral / Centre‐Ouest Prévision de mise en service autour de 2028 Très grande capacité, visée à satisfaire la demande urbaine, industrielle, export potentiel Projet solaire + stockage par Scatec / ENEO Solaire + batteries + 28,6 MW solaire + ~ 19,2 MWh stockage supplémentaires (extension des centrales existantes à Maroua & Guider) Régions du Nord et Extrême‑Nord — zones éloignées souvent mal desservies En cours (2023‑2024) pour extension Diversifier le mix, améliorer fiabilité hors réseau, réduire le coût de l’électrification rurale Centrales solaires en maturation (Ngaoundéré, Maroua, Guider, Garoua) Solaire photovoltaïque Environ 75 MW répartis sur plusieurs sites : ex. 20 MW (Ngaoundéré), 15 MW (Maroua), 10 MW (Guider), 30 MW (Garoua) Régions de l’Adamaoua, Extrême‑Nord, Nord Projets “en cours de maturation” — calendrier dépend des financements et des autorisations Répondre aux besoins d’électrification locale, réduire l’usage du diesel, accroître résilience énergétique dans les zones isolées Centrale hydroélectrique Mbakaou (projet + solaire flottant) Hydro + solaire flottant ~ 250‑300 MW pour la centrale hydro ; solaire flottant au‑dessus de retenue existante Région de l’Adamaoua, Nord / Extrême‑Nord Nord du pays, export vers le Tchad, interconnexion Nord‑Sud Études de faisabilité en cours (technique, environnement, social) ; démarrage possible vers 2025

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Biens mal acquis : la CIJ rejette la demande de la Guinée équatoriale face à la France

La Cour internationale de Justice (CIJ) a débouté vendredi 12 septembre la Guinée équatoriale, qui demandait l’arrêt de la vente d’un luxueux hôtel particulier saisi à Paris dans l’affaire dite des « biens mal acquis ». La propriété, située avenue Foch et estimée à plus de 100 millions d’euros, avait été saisie en 2012 par la justice française. Elle appartenait à Teodoro Nguema Obiang Mangue, vice-président équatoguinéen et fils du président en exercice. Condamné en 2021 à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d’euros d’amende et à la confiscation de ses biens pour blanchiment, détournement de fonds publics et abus de confiance, Teodorin est devenu l’un des symboles d’une lutte judiciaire transnationale contre la corruption des élites. Malabo affirmait que la propriété avait un statut diplomatique et dénonçait une atteinte à sa souveraineté. Elle demandait à la CIJ des mesures conservatoires pour bloquer toute vente par l’État français. La Cour a rejeté cette requête à une large majorité (13 voix contre 2), estimant que la Guinée équatoriale « n’a pas démontré un droit plausible à la restitution du bâtiment ». Enjeu juridique et politique, ce litige s’inscrit dans un contexte plus large où les juridictions nationales et internationales deviennent des terrains d’affrontement diplomatique. Pour la France, il s’agit d’un succès judiciaire et d’une victoire symbolique dans la lutte contre les flux illicites. Pour la Guinée équatoriale, c’est une nouvelle étape d’un bras de fer politique où les questions de souveraineté, d’ingérence et de réputation internationale sont au cœur des tensions. La décision de la CIJ pourrait faire jurisprudence et renforcer les mécanismes internationaux de saisie et de restitution des avoirs illicites, dans un monde où la diplomatie judiciaire devient un outil de soft power croissant.

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Cameroun/ Présidentielle 2025 : L’ultime Duel, Paul Biya vs Issa Tchiroma Bakari

À quelques semaines de la présidentielle, l’opposition fracturée mise sur Issa Tchiroma Bakary, ex-ministre de Paul Biya, pour renverser un système enraciné depuis 43 ans. Mais la division, les incertitudes et les silences stratégiques menacent l’alternance. Alors que le scrutin présidentiel est prévu le 12 octobre 2025, le Cameroun entre dans une zone de turbulences politiques majeures. Après des décennies d’immobilisme et de résignation, une partie de l’opposition vient de désigner Issa Tchiroma Bakary, 76 ans, comme candidat consensuel pour affronter Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982. Un choix à la fois audacieux, stratégique… et paradoxal. Une candidature inattendue, un passé chargé Ancien ministre de la Communication, plusieurs fois compagnon de route du pouvoir, Issa Tchiroma Bakary symbolise tout autant la résilience politique que les ambiguïtés de l’opposition camerounaise. Son engagement à ne faire qu’un mandat de transition, à former un gouvernement d’union nationale et à organiser des réformes profondes marque une volonté de rupture… avec un système qu’il a lui-même longtemps défendu. “Je viens avec l’espoir, avec la réconciliation, avec la volonté de rassembler tous les Camerounais”, a-t-il affirmé en appelant Paul Biya à un débat public. Une Opposition Encore Fragmentée Malgré cette désignation par la plateforme « Union pour le Changement« , rien ne garantit que l’unité de l’opposition tienne. Le silence persistant de Maurice Kamto, figure majeure de l’opposition écartée de la course, complique les calculs politiques. “Ce choix ne reflète pas un consensus total. D’autres acteurs préparent également leurs propres stratégies”, souligne Stéphane Akoa, analyste politique. Douze candidats, y compris Paul Biya, sont en lice. Le rêve d’un front unique reste donc pour l’instant une illusion. Le « Programme Commun de Transition » : Réformes ou Illusions ? Issa Tchiroma promet une transition politique inédite, articulée autour de six axes clés : Des promesses qui répondent aux revendications populaires… mais seront-elles crédibles, venant d’un homme du sérail ? Le défi réside dans la confiance, pas seulement les discours. Le RDPC : Un pouvoir en fin de cycle ? À 92 ans, Paul Biya, souvent qualifié de « sphinx d’Etoudi », brigue un 8e mandat. Son parti, le RDPC, reste l’appareil politique le mieux structuré du pays. Entre clientélisme, maillage territorial, contrôle administratif et sécuritaire, le pouvoir reste redoutablement efficace pour contenir toute velléité de rupture. Mais la fatigue politique, le désaveu populaire, et la montée des frustrations économiques et sociales rendent cette élection moins prévisible que les précédentes. Le rôle de la diaspora, de la société civile et des partenaires étrangers Un enjeu géopolitique et sécuritaire sous-régional Le Cameroun reste une pièce maîtresse de la stabilité en Afrique centrale, frontalier du Nigéria, du Tchad, de la Centrafrique, du Gabon, de la Guinée équatoriale, du Congo et abritant un pays mosaïque de plus de 250 ethnies et deux systèmes juridiques. L’éclatement du pays, en cas de crise post-électorale, aurait des conséquences géostratégiques majeures, en particulier sur la lutte contre Boko Haram, les trafics transfrontaliers, et la gestion des ressources pétrolières du golfe de Guinée. L’abstention : un véritable risque La perte de foi dans les urnes, exacerbée par des décennies de fraudes présumées, de résultats contestés et de déceptions, menace directement la légitimité du prochain président. Sans un engagement clair de transparence et une mobilisation massive, le scrutin du 12 octobre risque de n’être qu’un simulacre de changement. Une dernière chance pour l’alternance La présidentielle de 2025 est plus qu’un vote : c’est un test de survie démocratique. L’opposition, malgré ses divisions, joue sa dernière carte crédible. Paul Biya, quant à lui, cherche à graver son règne dans l’éternité. Mais un peuple jeune, connecté, désabusé mais pas résigné, pourrait bien forcer les lignes. Le Cameroun a rendez-vous avec l’histoire. Saisira-t-il enfin sa chance ?

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Afrique en alerte : les catastrophes naturelles dévastent un continent sous-équipé

Le Cameroun et l’Afrique centrale : des dégâts sous-estimés, une résilience encore absente. Chaque année, les catastrophes naturelles infligent à l’Afrique une facture colossale de 12,7 milliards de dollars, révèle un rapport accablant de la Coalition for Disaster Resilient Infrastructure (CDRI). Inondations, glissements de terrain, tempêtes et cyclones ravagent des infrastructures mal préparées, notamment les bâtiments résidentiels, éducatifs et sanitaires, qui concentrent près de 86 % des pertes annuelles. Si l’Afrique de l’Est paie le tribut le plus lourd, avec 5,49 milliards de dollars de dégâts, l’Afrique centrale – et particulièrement le Cameroun – n’est pas épargnée. La région enregistre près de 1 milliard de pertes par an, un chiffre sous-estimé selon certains experts, en raison du manque de données précises et de surveillance des infrastructures. Le Cameroun, confronté à des inondations récurrentes (notamment dans les régions de l’Extrême-Nord et du Centre), voit ses écoles, hôpitaux et routes céder face aux intempéries, faute de normes de construction adaptées au climat. Le rapport alerte : l’absence d’infrastructures résilientes aggrave les dégâts et freine le développement. Alors que l’Afrique contribue pour moins de 4 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique. Investir dans la résilience devient une urgence vitale : chaque dollar investi pourrait en économiser jusqu’à sept en réparations futures. Pour l’Afrique centrale comme pour le reste du continent, il est temps de faire de la résilience une priorité stratégique.

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Élections en Afrique centrale : enjeux politiques, géopolitiques et géoéconomiques

Alors que le Gabon prépare ses élections législatives et municipales du 27 septembre 2025, les regards se tournent vers l’Afrique centrale, où les processus électoraux deviennent des instruments de légitimation politique et des baromètres de stabilité régionale. Le Gabon, le Cameroun et la Centrafrique vivent des contextes différents, mais tous portent des enjeux politiques internes, géopolitiques régionaux et géoéconomiques globaux. Au Gabon, après le coup d’État d’août 2023, les élections visent à consolider la transition. Le président Brice Oligui Nguema, élu avec 64,2 % des voix en avril 2025, veut repositionner le pays comme un acteur crédible. Avec une production pétrolière estimée à 190 000 barils/jour, le pays attire Chine, Inde et Émirats dans le secteur extractif. « Nous devons redonner confiance aux Gabonais et à nos partenaires. Le vote est notre nouveau contrat social », déclarait Oligui lors d’un discours à Libreville en mai 2025. Au Cameroun, la tension monte à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025. reste silencieux sur sa succession. Le pays, 5e producteur africain de cacao et riche en ressources minières, voit monter l’influence de la Russie et de la Chine, au détriment des partenaires occidentaux. En Centrafrique, les premières élections locales depuis 1988 sont prévues pour fin 2025. Le président Faustin-Archange Touadéra, réélu en 2020 avec 53,9 %, compte sur ces scrutins pour ancrer la décentralisation. Mais la présence russe, notamment via Wagner, pèse sur la souveraineté. Le pays reste l’un des plus pauvres au monde, avec plus de 70 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. « Sans sécurité, pas d’élections libres. Mais sans élections, pas de paix durable », estime un diplomate de l’Union africaine. Dans ces trois pays, les élections cristallisent des enjeux cruciaux de légitimité, de souveraineté et de développement. Plus que jamais, le vote devient un champ de bataille où se croisent aspirations démocratiques et rivalités géopolitiques. Le défi : faire de ces rendez-vous non pas des rituels formels, mais de véritables tournants historiques.

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Climat et sécurité : l’Afrique à la croisée des enjeux géopolitiques et géoéconomiques

Lors du 2ᵉ Sommet africain sur le climat (ACS2), l’Afrique a lancé une initiative ambitieuse : mobiliser 50 milliards de dollars par an pour financer des solutions climatiques durables à l’échelle du continent. Portée par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, cette stratégie repose sur deux instruments : le Pacte africain pour l’innovation climatique et le Fonds africain pour le climat, avec pour objectif le déploiement de 1 000 solutions concrètes d’ici 2030. Au-delà de l’urgence environnementale, cette initiative soulève des enjeux géopolitiques et géoéconomiques majeurs. D’un côté, elle vise à réduire la dépendance aux financements extérieurs, souvent conditionnés et inadaptés aux réalités africaines. De l’autre, elle s’inscrit dans une logique de souveraineté climatique, où l’Afrique veut devenir un acteur stratégique de la transition énergétique mondiale, et non un simple réceptacle de l’aide internationale. L’enjeu est d’autant plus pressant que le continent a subi en 2025 une recrudescence de catastrophes climatiques : glissements de terrain en Afrique de l’Est, inondations en Afrique centrale, sécheresses prolongées au Sahel. Ces événements, exacerbés par le réchauffement global, aggravent les instabilités locales. Selon l’Union africaine, plus de 40 millions de personnes risquent le déplacement climatique d’ici 2030, renforçant les tensions autour des ressources (eau, terres, nourriture) et nourrissant les conflits armés et les insurrections terroristes, notamment dans la bande sahélo-saharienne. « Le climat est devenu un multiplicateur de menaces sécuritaires », a expliqué Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. Il appelle à une réponse intégrée : « La sécurité climatique doit faire partie des stratégies de paix ». En effet, le lien entre changement climatique, migration forcée et insécurité est désormais documenté par plusieurs agences onusiennes. Sur le plan économique, l’écart est abyssal : pour atteindre ses objectifs climatiques, l’Afrique a besoin de 3 000 milliards de dollars d’ici 2030, mais n’a reçu que 30 milliards entre 2021 et 2022, selon le rapport du sommet. L’initiative d’Addis-Abeba cherche donc à renverser cette asymétrie en stimulant un financement catalytique et en mobilisant les marchés africains et internationaux. Un accord parallèle, signé pendant le sommet, prévoit de lever 100 milliards de dollars via un partenariat entre bailleurs de fonds publics et banques commerciales, pour des investissements dans l’énergie verte, en particulier solaire et hydroélectrique. Enfin, cette dynamique marque une volonté politique affirmée de peser dans les négociations climatiques mondiales. Malgré le désengagement des États-Unis de l’Accord de Paris, les dirigeants africains réitèrent leur engagement à tenir leurs promesses climatiques, tout en exigeant des partenariats plus équitables. Pour Abiy Ahmed, « L’Afrique ne demande pas la charité, elle demande un investissement dans l’avenir de la planète ».

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Éducation de base : le Cameroun contracte un prêt de 6 milliards FCFA auprès de la BID

Le Cameroun vient d’obtenir un financement de 6 milliards de FCFA de la Banque islamique de développement (BID) pour renforcer l’éducation de base. Un décret présidentiel signé le 10 septembre 2025 autorise le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, à conclure l’accord de prêt. Les fonds serviront à financer le Projet d’appui à l’éducation de base au Cameroun (PAEBC). Ce projet vise à améliorer l’accès et la qualité de l’enseignement primaire, en particulier dans les zones rurales et défavorisées. Il prévoit la construction et la réhabilitation d’écoles, l’équipement en matériel pédagogique, la formation des enseignants, ainsi qu’un meilleur encadrement de la gouvernance éducative. Ce prêt renforce le portefeuille déjà important de la BID au Cameroun, qui comptait en 2024 17 projets en cours, pour un montant global de 582,4 milliards FCFA. Si les financements passés ont majoritairement ciblé les infrastructures routières, ce projet marque une diversification vers les secteurs sociaux, notamment l’éducation. Malgré les efforts engagés, l’éducation de base au Cameroun reste confrontée à de nombreux défis : salles de classe surchargées, pénurie d’enseignants qualifiés, et inégalités régionales d’accès. Le succès du projet dépendra donc d’une gestion efficace et transparente des fonds. À moyen terme, le PAEBC pourrait devenir un modèle pour d’autres partenariats éducatifs et contribuer à bâtir un système plus équitable, mieux adapté aux besoins du pays. Ce financement représente ainsi une opportunité stratégique pour le Cameroun de renforcer son capital humain, moteur essentiel du développement durable.

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Cameroun et Afrique centrale face à la diplomatie migratoire américaine

Alors que le Ghana devient un hub migratoire sous influence américaine, le Cameroun et l’Afrique centrale se retrouvent à un carrefour diplomatique délicat. Si l’accord entre Accra et Washington demeure pour l’instant en Afrique de l’Ouest, il envoie un signal fort : les États-Unis cherchent désormais à externaliser leur politique migratoire bien au-delà de l’Amérique latine. Position probable du Cameroun : entre prudence et souveraineté Le Cameroun, traditionnellement prudent sur les questions de politique migratoire, pourrait adopter une position de réserve, pour plusieurs raisons : –Une Souveraineté non négociable : Yaoundé rechigne à accepter des accords qui pourraient être perçus comme une atteinte à sa souveraineté ou qui impliqueraient un transfert de responsabilités migratoires d’autres pays. –Une stabilité intérieure fragile : Le Cameroun est déjà confronté à des tensions internes (crise anglophone, insécurité dans l’Extrême-Nord, flux de réfugiés centrafricains). Accueillir des migrants refoulés d’un autre continent risquerait d’alourdir la pression sociale. –Une Solidarité africaine prudente : Contrairement au Ghana, le Cameroun pourrait chercher à consolider ses alliances régionales (CEEAC) plutôt que de s’isoler diplomatiquement en pactisant avec Washington sur un sujet aussi sensible. Afrique centrale : terrain peu favorable à ce type d’accords L’Afrique centrale connaît peu d’historique migratoire avec les États-Unis : Les flux migratoires directs entre l’Afrique centrale et les États-Unis sont limités comparés à l’Afrique de l’Ouest. Les Régimes sont généralement méfiants envers l’ingérence occidentale : À l’exception peut-être du Gabon ou du Congo-Brazzaville, les pays d’Afrique centrale sont peu enclins à céder à des accords asymétriques. L’Influence croissante de la Chine et de la Russie : Cette reconfiguration des alliances diminue la dépendance politique aux États-Unis, ce qui réduit la marge de manœuvre de Washington dans la région d’Afrique. Le Ghana a ouvert une brèche diplomatique que peu de pays africains souhaitent suivre. Le Cameroun, tout comme ses voisins d’Afrique centrale, devrait maintenir une posture d’équilibre stratégique, en se gardant d’alignements unilatéraux sur des agendas étrangers qui pourraient fragiliser leur cohésion interne et régionale.

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US : 24 ans après, le 11 Septembre n’a pas livré tous ses secrets

La justice américaine relance la question des complicités étrangères. Une décision de justice rendue récemment pourrait relancer l’un des volets les plus sensibles du dossier des attentats du 11 septembre 2001 : la possible implication de ressortissants saoudiens dans l’aide logistique apportée aux terroristes. Le juge fédéral George B. Daniels a autorisé la poursuite d’une action en justice contre le Royaume d’Arabie saoudite, engagée depuis plus de 20 ans par des familles de victimes. Au cœur du dossier : deux hommes, Omar al-Bayoumi et Fahad al-Thumairy, tous deux liés à des institutions saoudiennes, accusés d’avoir facilité l’installation de deux des pirates de l’air en Californie. Bayoumi aurait notamment aidé les terroristes à trouver un logement à San Diego, filmé des sites sensibles à Washington, et détenait un schéma manuscrit suggérant des calculs de trajectoires aériennes. Les avocats de l’Arabie saoudite réfutent toute implication de l’État, affirmant que ces gestes relevaient de la simple hospitalité envers des compatriotes. Mais selon le juge Daniels, les éléments circonstanciels sont « suffisants pour permettre à une cour de conclure raisonnablement » à une coordination possible avec des autorités saoudiennes. Un combat judiciaire de longue haleine Depuis 2002, les proches des victimes tentent d’ouvrir un procès contre l’Arabie saoudite. Ce n’est qu’en 2016, avec l’adoption de la loi JASTA (Justice Against Sponsors of Terrorism Act), que de telles poursuites ont été rendues possibles en assouplissant l’immunité des États étrangers dans les cas de terrorisme. L’apparition de nouvelles preuves, dont une vidéo tournée par Bayoumi en 1999 montrant des sites fédéraux américains, et un dessin d’avion comportant des annotations techniques, a contribué à faire avancer le dossier. Ces documents, longtemps conservés par les services britanniques, n’ont été transmis aux familles que récemment. Vers une réécriture de l’histoire officielle ? Officiellement, la commission d’enquête sur le 11 septembre n’avait trouvé aucune preuve d’un soutien gouvernemental étranger aux attentats. Mais les familles des victimes, soutenues par certains élus, estiment que de nombreuses zones d’ombre subsistent. « Nous avons toujours dit que des éléments du gouvernement saoudien étaient impliqués. Ce procès est notre chance de faire éclater la vérité », a déclaré Brett Eagleson, dont le père est mort dans les tours jumelles. Un enjeu diplomatique majeur L’Arabie saoudite, alliée clé des États-Unis au Moyen-Orient, se retrouve une nouvelle fois sous pression. Si le procès avance, il pourrait avoir des répercussions politiques et diplomatiques importantes, notamment à l’heure où les deux pays coopèrent étroitement sur les questions énergétiques et régionales. Le Royaume, de son côté, reste silencieux : ni l’ambassade saoudienne à Washington ni ses représentants légaux n’ont souhaité commenter la décision du juge. En ce 24e anniversaire des attentats, cette affaire ravive la douleur des familles et relance les débats sur les responsabilités indirectes, longtemps évitées, dans l’un des événements les plus traumatisants de l’histoire américaine contemporaine. Ce qui s’est passé le 11 septembre 2001

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