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Côte d’Ivoire : Ouattara, une nouvelle candidature et des opposants invisibles

Entre silence international et résignation intérieure, une démocratie sous contrôle. L’annonce officieuse d’une nouvelle candidature du président Alassane Ouattara à la présidentielle de 2025 relance le débat sur la longévité politique en Afrique de l’Ouest. À 83 ans, le chef de l’État ivoirien semble prêt à briguer un quatrième mandat, dans un climat politique marqué par l’affaiblissement de l’opposition et la normalisation du pouvoir. Depuis la présidentielle controversée de 2020, où la candidature de Ouattara avait déjà suscité des tensions (avec plus de 85 morts lors des affrontements), l’opposition peine à se structurer. Henri Konan Bédié est décédé, Laurent Gbagbo reste marginalisé malgré son retour, et les figures émergentes manquent d’assise populaire et de relais institutionnels. « L’espace politique est verrouillé, la contestation se mue en résignation », confie un analyste politique basé à Abidjan. Un silence stratégique des partenaires occidentaux La France, traditionnel partenaire, observe une position prudente, préférant la stabilité à l’incertitude démocratique. Paris mise sur la coopération sécuritaire et économique (avec plus de 3,5 milliards d’euros d’échanges commerciaux bilatéraux en 2023), tout en évitant les critiques frontales. Côté Union européenne, aucune déclaration officielle n’a été formulée, malgré des alertes d’ONG sur les risques de dérive autoritaire. Les États-Unis, concentrés sur le Sahel, adoptent une posture minimaliste, saluant la « stabilité économique » sans évoquer la gouvernance politique. Une démocratie à géométrie variable Ce nouveau tournant soulève des questions géopolitiques sur l’évolution des modèles politiques en Afrique francophone. Alors que le discours panafricaniste et anti-français se radicalise dans les pays sahéliens, la Côte d’Ivoire incarne une forme de stabilité dirigée, tolérée voire soutenue par les partenaires occidentaux, malgré les inquiétudes sur l’alternance. « Le risque, c’est que cette succession de mandats installe un précédent durable dans une région déjà en tension institutionnelle », analyse la chercheuse Véronique Aubert, du Centre d’études diplomatiques de Genève. La candidature d’Alassane Ouattara pourrait ainsi renforcer les frustrations démocratiques, nourrir les discours populistes et accentuer le désenchantement des jeunesses africaines vis-à-vis des processus électoraux. Noël Ndong

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Fin de l’USAID : un séisme silencieux et un basculement géopolitique pour l’Afrique centrale

Cameroun, Tchad, RDC : entre vide stratégique américain et montée en puissance de nouveaux acteurs globaux. Le 1er juillet 2025, le démantèlement de l’USAID (United States Agency for International Development) est devenu effectif. Cette décision, annoncée dès février par l’administration Trump, a entraîné la suppression de 83 % des programmes mondiaux de l’agence. Pour l’Afrique subsaharienne, c’est un séisme : la région absorbait près de 40 % du budget annuel de l’USAID, soit près de 7,5 milliards USD en 2023. Le Cameroun, le Tchad, la RDC, la Centrafrique ou encore le Congo-Brazzaville sont directement impactés. Une onde de choc multisectorielle Au Cameroun, plus de 127 projets étaient en cours en 2024, principalement dans les secteurs de la santé (38 %), de l’éducation (21 %) et du renforcement de la gouvernance locale (17 %). En 2022, l’USAID y finançait encore l’achat de 4,2 millions de doses de vaccins pédiatriques, soutenait 43 ONG locales et contribuait à plus de 18 % des fonds extérieurs de la lutte contre le VIH/Sida. « Le retrait américain fragilise des systèmes déjà précaires et crée un vide que d’autres puissances chercheront à combler », avertit le politologue camerounais Jean-Paul Nlo’o. Risques stratégiques et basculement d’influence Ce désengagement marque un recul net du soft power américain au profit d’acteurs comme la Chine, présente à travers ses infrastructures sanitaires, ou la Russie, via la formation sécuritaire et la coopération militaire. En intelligence économique, cette situation rebat les cartes : Vers une résilience sous contrainte Les économies locales, déjà marquées par l’informalité (près de 85 % de l’emploi au Cameroun), doivent s’adapter. En l’absence d’USAID, des mécanismes « plan B » s’activent : « Le prochain gouvernement camerounais devra repositionner l’aide au développement comme un levier d’influence et d’attractivité, pas uniquement un filet social », estime Mireille Ngako, experte en intelligence économique à Yaoundé. Proposition de réponses Une stratégie nationale de repositionnement pourrait inclure : En définitive, la fin de l’USAID ne doit pas être vue uniquement comme une crise, mais comme un test de résilience stratégique pour l’Afrique centrale, et une fenêtre d’opportunité pour redéfinir ses partenariats internationaux. Noël Ndong

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Cameroun : 12,6 millions de citoyens sous le seuil de pauvreté, entre survie et enjeux géostratégiques

Dans un contexte régional fragile, la pauvreté de masse devient une vulnérabilité économique et stratégique. Vers une approche d’intelligence économique sociale ? Le Cameroun fait face à une crise silencieuse. Près de 12,6 millions de Camerounais vivent avec moins de 2 000 FCFA (3 euros) par jour, selon les dernières données de l’Institut national de la statistique (INS). Derrière ce chiffre : inégalités structurelles, déséquilibres régionaux, et informalité galopante. Cette pauvreté, qui touche plus de 45 % de la population, n’est plus seulement un enjeu social – elle devient un risque stratégique pour la stabilité nationale. « L’intelligence économique ne concerne pas que les marchés. Elle implique aussi l’anticipation des vulnérabilités internes qui fragilisent la nation », affirme Luc Tchouameni, consultant en IE basé à Douala. Une pauvreté multidimensionnelle et territoriale Les régions du Nord, de l’Est et du Nord-Ouest concentrent les taux de pauvreté les plus élevés. L’accès aux soins, à l’éducation et aux infrastructures de base y est limité. Les déséquilibres territoriaux se creusent, exposant certaines zones à l’extrémisme, à la contrebande ou aux migrations internes incontrôlées. « Une population appauvrie, sans espoir, est plus perméable à la radicalisation ou à l’exploitation transfrontalière », prévient un cadre du ministère de la Défense sous anonymat. Informel et résilience : forces et limites Face à l’absence d’emplois décents, le secteur informel absorbe près de 90 % des travailleurs urbains. Marchés parallèles, auto-emploi, agriculture vivrière… La débrouille devient un mode de vie. Si cette dynamique prévient l’explosion sociale, elle ne génère ni fiscalité, ni protection sociale, ni planification. « L’informel est à la fois une solution de résilience sociale et une zone aveugle pour les politiques publiques », souligne Françoise Ngo Mbia, économiste à l’Université de Dschang. Intelligence économique : un levier pour repenser la politique sociale Intégrer l’intelligence économique aux politiques de lutte contre la pauvreté, c’est : Quelles priorités pour le prochain gouvernement ? « L’intelligence économique, appliquée à la cohésion sociale, peut aider le Cameroun à sortir de la trappe de pauvreté chronique », conclut Charles Kenfack, analyste senior à l’Observatoire stratégique d’Afrique centrale (OSAC). Noël Ndong

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Sécurité alimentaire mondiale : la faim recule, sauf en Afrique et au Proche-Orient

L’Afrique centrale reste en alerte rouge, fragilisée par les conflits, la dépendance alimentaire et le sous-investissement agricole Le dernier rapport mondial sur la sécurité alimentaire, publié ce 28 juillet 2025 par la FAO, l’Unicef, le PAM et l’OMS, indique un recul modéré de la faim à l’échelle mondiale : entre 638 et 720 millions de personnes ont été sous-alimentées en 2024, soit 8,2 % de la population, contre 8,5 % en 2023. Mais cette amélioration cache de fortes disparités : la situation empire en Afrique, notamment en Afrique centrale. Dans cette région, plus d’un quart de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire, selon les données de la FAO. Les conflits armés, les crises politiques (comme en RDC, en RCA ou au Tchad), mais aussi le dérèglement climatique et la forte dépendance aux importations expliquent cette vulnérabilité. « En Afrique centrale, les chocs climatiques comme les inondations ou les sécheresses réduisent la productivité agricole, tandis que la hausse du coût des denrées de base fragilise les ménages déjà précaires », analyse David Laborde, économiste à la FAO. Les zones rurales sont particulièrement touchées : le taux d’insécurité alimentaire modérée ou sévère y atteint plus de 35 %, selon le rapport. En cause également : des politiques agricoles encore peu inclusives, un accès limité au financement pour les petits producteurs, et une urbanisation rapide qui désorganise les filières de distribution. La malnutrition infantile y est également préoccupante. Moins d’un enfant sur quatre en Afrique centrale a accès à une alimentation variée. Cela engendre retards de croissance, baisse du capital humain et fragilité des apprentissages, avec des effets durables sur le développement des pays. Alors que le monde s’éloigne de l’Objectif de développement durable n°2 (« Faim Zéro » d’ici 2030), l’Afrique centrale illustre les défis structurels encore non résolus. « Sans investissement ciblé dans les systèmes alimentaires locaux, l’irrigation, et la résilience climatique, cette région risque d’être le principal foyer de la faim mondiale dans les années à venir », avertit Raj Patel, économiste à l’université du Texas. Noël Ndong

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Dette salariale des agents publics : l’État camerounais entame un vaste apurement de 57 milliards de F CFA

Entre rattrapage administratif et engagement politique, un signal attendu vers la stabilisation de la fonction publique. Le gouvernement camerounais a lancé, dès juillet 2025, une opération majeure d’apurement d’une dette salariale de 57 milliards de F CFA contractée auprès de quelque 178 000 agents publics. Il s’agit d’arriérés liés aux avancements d’échelon et de grade non pris en compte depuis l’introduction du nouveau système de gestion AIGLE. « C’est une réponse concrète à une attente ancienne et légitime des fonctionnaires. L’État honore ses engagements », a déclaré Joseph LE, ministre de la Fonction publique, lors d’un point conjoint avec le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le 26 juillet. Dans le détail, 53,2 milliards seront versés à ceux dont les rappels sont inférieurs à 4,5 millions de F, soit 177 933 agents, à raison de 8 milliards par mois jusqu’en janvier 2026. Les 450 agents concernés par des montants supérieurs à 4,5 millions bénéficieront aussi de paiements, mais sur dossier, à déposer au ministère des Finances. « Ce plan est structuré, graduel et sécurisé », affirme un haut cadre du Minfi, soulignant que « les plus petits montants sont traités en priorité pour toucher un maximum de bénéficiaires rapidement ». Cette opération s’inscrit dans un contexte de réforme numérique de la gestion des ressources humaines, avec l’entrée en vigueur d’AIGLE, censée automatiser les évolutions de carrière. Cependant, la transition a engendré de nombreux retards. D’autres catégories d’agents verront leurs paiements échelonnés : les 175 agents en poste dans les missions diplomatiques seront régularisés dès septembre, tandis que 2 318 agents en détachement ou en disponibilité verront leur situation analysée courant 2026. Ce geste, perçu par les syndicats comme un « pas vers la normalisation du traitement administratif des carrières », reste à suivre avec vigilance. Car, comme le rappelle un syndicaliste du secteur éducatif, « des rappels ne devraient plus jamais prendre dix ans pour être payés ». Noël Ndong

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Présidentielle 2025 au Cameroun : les premières contestations électorales déposées

Entre recours juridiques et débat démocratique, le Conseil constitutionnel face à sa mission d’arbitre impartial À la suite de la publication de la liste définitive des 13 candidats retenus pour la présidentielle du 12 octobre 2025, plusieurs recours ont été déposés au Conseil constitutionnel. Ces requêtes, formulées dans les délais légaux, reflètent à la fois la vivacité du pluralisme politique et les tensions persistantes autour de l’interprétation des règles électorales. Parmi les recours les plus médiatisés figure celui de Léon Theiller Onana, conseiller municipal à Monatélé et militant du parti au pouvoir, le RDPC. Il conteste la régularité de la procédure d’investiture du président sortant Paul Biya, tout en sollicitant la suspension de deux membres du Conseil constitutionnel, invoquant une possible incompatibilité. Une démarche rare au sein des rangs du RDPC, qui suscite attention et prudence. Bertin Kisop, président du Cameroon Party for Social Justice (CPSJ), a quant à lui déposé trois requêtes : l’une visant l’invalidation d’une candidature concurrente, l’autre contestant son propre rejet, et la dernière s’interrogeant sur la composition actuelle du Conseil constitutionnel. Si ses demandes soulèvent des points de droit, elles traduisent aussi le besoin d’une meilleure transparence dans la communication institutionnelle. Deux autres candidats recalés – Bessiping (REFERE) et André Dibamou (Jeunesse Démocratique du Cameroun) – demandent la réhabilitation de leurs candidatures, évoquant des difficultés administratives, notamment dans l’obtention ou la validation des pièces requises. Conformément à la loi, le Conseil constitutionnel a dix jours pour statuer sur les recours. Son rôle d’arbitre indépendant est plus que jamais scruté, alors que l’enjeu principal reste la crédibilité du processus électoral et la confiance des électeurs. Ces premières requêtes signalent l’importance d’un dialogue continu entre institutions, partis politiques et citoyens, pour que l’élection présidentielle de 2025 soit non seulement régulière, mais aussi perçue comme légitime par l’ensemble des acteurs. Noël Ndong

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Afrique subsaharienne : la suspension de VOA rebat les cartes de l’écosystème médiatique

Entre vide informationnel local et recomposition stratégique mondiale, l’arrêt de Voice of America interroge sur la place des médias internationaux dans les démocraties fragiles. La suspension en mars 2025 des programmes de Voice of America (VOA) en Afrique subsaharienne marque une rupture symbolique et opérationnelle dans le paysage médiatique du continent. Radio publique américaine diffusant depuis 62 ans en Afrique, VOA avait tissé un réseau de plus de 1 000 partenariats avec des radios communautaires, fournissant des contenus multilingues, des formations et une couverture régionale souvent perçue comme équilibrée. « Dans certaines régions, VOA offrait un contrepoids aux récits officiels, tout en maintenant une ligne éditoriale respectueuse des équilibres locaux », estime un chercheur au Centre africain des médias de Dakar. Cependant, la suspension — justifiée à Washington par des impératifs budgétaires et des réformes internes — ne signifie pas nécessairement un abandon de l’Afrique. Des consultations seraient en cours au sein de l’administration américaine pour redéfinir les priorités de la diplomatie publique, dans un contexte où les budgets de l’aide extérieure font l’objet de tensions croissantes. Radios communautaires sous pression, mais pas sans alternatives Dans des pays comme la RDC, le Niger ou le Zimbabwe, l’absence de programmes VOA a temporairement désorganisé les grilles de certaines stations. Des journalistes ont été remerciés, et des créneaux sont restés vacants. Mais dans d’autres cas, des initiatives locales ont émergé pour combler le vide : partenariats avec des ONG, relance de contenus produits localement, ou montée en puissance d’acteurs régionaux comme la BBC Afrique, RFI, ou des radios panafricaines. « VOA n’était pas la seule source d’information fiable. Elle était importante, mais son retrait oblige à repenser la production locale et la formation des journalistes », nuance un directeur de station communautaire au nord du Cameroun. Enjeux géopolitiques : vers une recomposition du soft power L’arrêt de VOA intervient dans un moment de recomposition du paysage médiatique mondial. La montée en puissance de médias non-occidentaux comme CGTN (Chine), Sputnik (Russie) ou TRT Afrique (Turquie) redéfinit les équilibres d’influence. Dans ce contexte, certains observateurs estiment que la fin de la diffusion VOA pourrait, à terme, stimuler la diversification des voix médiatiques sur le continent, y compris celles issues de la société civile africaine. « L’Afrique a longtemps été une terre de réception médiatique. C’est peut-être l’occasion d’encourager une souveraineté éditoriale plus affirmée », analyse une experte des médias au CODESRIA (Sénégal). Noël Ndong

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L’Afrique entre deux drapeaux : coopération stratégique ou rivalité larvée ?

Paris et Londres tentent de réactiver une entente africaine malgré le passif colonial et le choc du Brexit. Longtemps marquées par une rivalité historique ancrée dans les mémoires coloniales, les relations entre la France et la Grande-Bretagne sur le continent africain semblent osciller entre coopération stratégique et tensions latentes. Le sommet franco-britannique de 2023 a ravivé l’idée d’un partenariat renouvelé. Les deux puissances se sont engagées à intensifier leurs efforts conjoints, notamment au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et dans les Grands Lacs, en réponse aux défis sécuritaires, climatiques et migratoires croissants. Pourtant, les promesses actuelles peinent à effacer un passé conflictuel. L’incident de Fachoda en 1898 symbolise encore le traumatisme français face à la domination britannique. L’Entente cordiale de 1904 mit un terme officiel aux tensions, mais le « syndrome de Fachoda » – Cette méfiance viscérale face à l’influence anglophone en Afrique francophone – persiste aujourd’hui sous d’autres formes. Durant la Guerre froide et les décennies postcoloniales, Paris et Londres ont souvent adopté des stratégies divergentes : aide liée à leurs intérêts économiques, appui à des modèles de gouvernance opposés – interventionnisme français contre pragmatisme britannique – et peu de volonté de convergence sur les priorités africaines. Aujourd’hui, dans un contexte post-Brexit et face à une reconfiguration multipolaire de l’Afrique, la nécessité d’un front commun face à la montée de la Chine, de la Russie et des puissances régionales (Turquie, Émirats arabes unis) pourrait forcer la main à Paris et Londres. La possible réélection de Donald Trump en 2025, avec son désengagement du multilatéralisme, pousse également les Européens à repenser leur autonomie stratégique, notamment en Afrique. Toutefois, les analystes restent prudents : « L’Afrique reste un terrain de compétition feutrée, plus que de coopération sincère », résume un diplomate ouest-africain. La vraie question reste entière : coopérer pour rester pertinents ou s’effacer derrière de nouvelles puissances ? Noël Ndong

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Visa américain : deux mois sous haute tension pour l’Afrique

Entre quotas en surchauffe et échéances fatales, août et septembre 2025 s’annoncent décisifs pour les lauréats de la loterie et les travailleurs qualifiés africains. Le département d’État américain vient de publier ses dispositions migratoires pour août et septembre 2025, confirmant une fin d’année fiscale explosive, en particulier pour les Africains inscrits au programme Diversity Visa (DV) et les travailleurs qualifiés (EB). La fenêtre reste ouverte pour les lauréats de la loterie DV-2025, avec un quota africain inédit de 50 000 visas en août, porté à 58 500 en septembre. Une priorité assumée, mais menacée par l’échéance rigide du 30 septembre, date limite de validation des dossiers. Le département d’État alerte : « La disponibilité des visas DV jusqu’à la fin de l’exercice fiscal ne peut pas être garantie. Les numéros pourraient être épuisés avant le 30 septembre ». Cameroun et Afrique centrale : une opportunité sous pression Dans cette dynamique, le Cameroun et les pays d’Afrique centrale (Congo, RDC, Tchad, Gabon, Centrafrique, Guinée équatoriale) figurent parmi les bénéficiaires silencieux mais structurants du programme DV. Le Cameroun a reçu environ 3 200 sélections DV-2025, selon les données internes, ce qui le place dans la tranche haute des pays francophones africains. Toutefois, la capacité administrative à finaliser les dossiers (rendez-vous, examens médicaux, documents de soutien) reste un frein systémique dans la sous-région. Des retards structurels au niveau des consulats américains de Yaoundé et Kinshasa aggravent la tension liée à l’échéance du 30 septembre. Un cadre consulaire résume : « La demande est forte, mais les créneaux consulaires ne suivent pas toujours. L’année 2025 sera tendue jusqu’au bout pour le Cameroun ». En parallèle, les travailleurs qualifiés camerounais (EB-2, EB-3) sont directement exposés à la rétrogression annoncée par Washington. Le recul de la date de traitement des dossiers EB-2 Monde exclut temporairement une partie des candidats, et fait planer le risque d’un gel complet des catégories EB en septembre. Afrique centrale sous-représentée mais stratégique L’Afrique centrale bénéficie encore de quotas non plafonnés au niveau national, offrant une marge de manœuvre précieuse, mais vulnérable face à la saturation globale. La sous-région a un rôle stratégique dans la dynamique migratoire afro-américaine, notamment via sa diaspora anglophone et francophone active dans les secteurs de santé, transport, logistique et services.  « Si la demande se concentre sur le Maghreb, l’Afrique centrale représente une réserve de main-d’œuvre qualifiée plus stable à long terme. Mais sans investissement dans les capacités consulaires locales, cette opportunité restera sous-exploitée », explique un expert en intelligence migratoire à Washington. Vers une gestion plus restrictive ? Outre les limites techniques, la rétrogression des visas EB-2 et la menace de rendre indisponibles les catégories EB-3 et EW sont des signaux forts d’un modèle d’immigration américain sous tension structurelle. Le risque ? Un gel temporaire des arrivées de profils qualifiés dans des secteurs en pénurie (santé, tech, BTP). Une perspective préoccupante pour le Cameroun, dont une part croissante des diplômés vise l’émigration légale vers les États-Unis. Noël Ndong

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Ciel africain sous pression : quand la fiscalité freine la connectivité du continent

L’Afrique vole à contre-courant. Alors que le monde investit dans la fluidité du transport aérien pour stimuler commerce, diaspora et tourisme, une étude de l’AFRAA (Association des Compagnies Aériennes Africaines) révèle que plusieurs pays africains étranglent leur ciel sous le poids de taxes et redevances excessives. Le constat est sans appel : le Gabon (297,7 $) et la Sierra Leone (294 $) imposent les plus fortes charges aériennes du continent, loin devant la moyenne africaine (68 $). Neuf des dix pays les plus chers se situent en Afrique de l’Ouest et centrale, soulignant une fracture géoéconomique inquiétante. À l’inverse, la Libye (1,3 $), le Malawi (5 $) ou encore l’Algérie (9,8 $) offrent des conditions bien plus compétitives. Enjeu stratégique : la compétitivité régionale. Ces déséquilibres minent les efforts d’intégration régionale et de ZLECAf. Le surcoût des billets dissuade les compagnies internationales, affaiblit les flux touristiques et restreint la mobilité intra-africaine. Paradoxalement, les régions les plus fiscalement agressives génèrent le moins de trafic aérien. Un modèle économique à revoir Le rapport accuse plusieurs États d’utiliser la fiscalité aérienne pour boucher leurs déficits budgétaires, au mépris des principes de l’OACI (transparence, proportionnalité, consultation). Cette approche non soutenable pénalise l’ensemble du secteur : le continent perd chaque année des milliards de dollars en opportunités économiques. Des réformes urgentes L’Afrique du Nord, avec des redevances faibles et une forte connectivité, incarne une alternative viable. La réussite de hubs comme Casablanca, Le Caire ou Alger montre que croissance et fiscalité modérée peuvent coexister. L’aviation devrait être un levier de développement, non un luxe. Sans harmonisation continentale des taxes aériennes, l’Afrique risque de rester au sol dans la course à la mobilité globale. Les États doivent choisir : perpétuer un modèle court-termiste ou libérer leur ciel pour une croissance durable. Noël Ndong

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