Afrique & Monde

Coopération Cameroun-Sénégal : Un axe stratégique se dessine entre Yaoundé et Dakar

Neuf accords majeurs ont été signés entre le Cameroun et le Sénégal à l’issue de la 5ᵉ session de la grande commission mixte à Yaoundé. Cette coopération bilatérale multiforme, couvrant justice, éducation, économie et culture, illustre une volonté conjointe de structurer une nouvelle dynamique interrégionale en Afrique. Des accords à haute portée économique Parmi les accords signés figurent des engagements sur la mobilité des opérateurs économiques, la formation professionnelle, et le transport aérien. Objectif : fluidifier les échanges dans un contexte où les flux commerciaux entre les deux pays dépassent déjà 25 milliards FCFA par an. L’amélioration de la connectivité, notamment par la création de liaisons aériennes directes entre Douala, Yaoundé et Dakar, pourrait stimuler les échanges commerciaux et le tourisme intra-africain. « Ces accords marquent une étape importante vers une coopération économique structurée et durable », a affirmé Yassine Fall, ministre sénégalaise de l’Intégration africaine. Un repositionnement diplomatique afro-centré La signature de ces accords reflète aussi une convergence géopolitique assumée. Le Cameroun et le Sénégal, considérés comme des pivots de stabilité en Afrique centrale et de l’Ouest, affichent leur volonté de porter un leadership interrégional africain, au moment où les blocs CEDEAO et CEEAC traversent des recompositions internes. « Nous parvenons au terme de deux jours d’échanges riches et fructueux, dans une atmosphère de fraternité », a salué Lejeune Mbella Mbella, ministre camerounais des Relations extérieures. Culture et intelligence économique en toile de fond Au-delà de l’économie, ces accords touchent aussi aux droits de l’enfant, à l’environnement, et à la coopération cinématographique, preuve que l’intelligence économique et le soft power font partie de la stratégie. Le développement d’un hub audiovisuel afro-francophone, adossé à une offre de formation conjointe, renforcerait la souveraineté cognitive et culturelle des deux États. Avec plus de 60 % de jeunes de moins de 25 ans en Afrique, l’accord sur la mobilité étudiante pourrait aussi répondre à un besoin urgent de formation qualifiante. L’ambition est claire : faire du tandem Yaoundé-Dakar un modèle opérationnel de coopération Sud-Sud. Mais pour transformer l’essai, les deux pays devront assurer la mise en œuvre concrète des engagements, assortie de mécanismes de suivi, de financement et d’évaluation. Ces accords ne sont pas qu’un symbole diplomatique : ils pourraient bien amorcer une nouvelle ère de relations interrégionales africaines, fondées sur le pragmatisme, la solidarité et la souveraineté partagée.

Coopération Cameroun-Sénégal : Un axe stratégique se dessine entre Yaoundé et Dakar Read More »

UNESCO : Matoko face Ă  El-Enany – vision globale contre revendication rĂ©gionale

Ă€ quelques mois du choix du nouveau Directeur gĂ©nĂ©ral de l’UNESCO, deux candidatures du Sud cristallisent une opposition de fond : celle d’un universalisme rĂ©formateur face Ă  une diplomatie rĂ©gionale structurĂ©e. Le Congolais Firmin Edouard Matoko – 35 ans Ă  l’Unesco – et l’Égyptien Khaled El-Enany incarnent deux visions du rĂ´le de l’UNESCO dans un monde en recomposition. Une bataille de candidatures, mais surtout une bataille d’idĂ©es. L’UNESCO, gardienne du patrimoine mondial, de l’éducation pour tous et de l’éthique scientifique, entre dans une phase cruciale. Le mandat d’Audrey Azoulay touche Ă  sa fin, et les États membres s’apprĂŞtent Ă  dĂ©signer son successeur. Deux figures issues du Sud s’imposent : le diplomate congolais Firmin Edouard Matoko, sous-directeur gĂ©nĂ©ral de l’Unesco en charge de l’Afrique de 2019 Ă  2025, et l’ancien ministre Ă©gyptien de la Culture, Khaled El-Enany, soutenu par la Ligue arabe. Or, ces candidatures ne sont pas seulement concurrentes. Elles sont conceptuellement opposĂ©es. ReprĂ©sentation ou refondation ? Dans une dĂ©claration conjointe publiĂ©e en juillet 2025, les pays arabes ont justifiĂ© leur soutien Ă  El-Enany par « l’absence historique d’un Arabe Ă  la tĂŞte de l’UNESCO ». Un argument de rattrapage symbolique, qui soulève une question diplomatique majeure : les institutions multilatĂ©rales doivent-elles fonctionner par rotation rĂ©gionale, ou par mĂ©rite et projet ? Firmin Edouard Matoko, lui, dĂ©fend une candidature dĂ©tachĂ©e des logiques de quotas. Pour ce diplomate expĂ©rimentĂ© – il aura passĂ© 35 ans Ă  l’Unesco -, le vĂ©ritable enjeu est de rĂ©affirmer l’UNESCO comme plateforme universelle, au service de tous, « sans assignation identitaire ni logique de blocs ». Deux trajectoires, deux philosophies -Khaled El-Enany, archĂ©ologue et universitaire respectĂ©, ancien ministre, incarne une diplomatie structurĂ©e par les intĂ©rĂŞts collectifs de la Ligue arabe. Sa campagne repose sur une logique de « tour de rĂ´le » au sommet des organisations internationales. -Firmin Edouard Matoko, 35 ans Ă  l’UNESCO, sous-directeur gĂ©nĂ©ral pour la prioritĂ© Afrique de 2019 Ă  2025, porte une vision rĂ©formiste : dĂ©coloniser les savoirs sans crĂ©er de blocs rĂ©gionaux, renforcer les capacitĂ©s internes de l’UNESCO, et intĂ©grer pleinement le numĂ©rique, l’éthique de l’IA, et l’éducation inclusive dans une gouvernance culturelle mondiale. Un choix stratĂ©gique pour l’Afrique et au-delĂ  Un diplomate africain en poste Ă  Paris affirme : « L’Afrique ne doit pas se rĂ©duire Ă  une revendication d’identitĂ© ou de rattrapage historique […]. Elle a une voix singulière, mais aussi une responsabilitĂ© universelle ». Par ailleurs, le soutien Ă  Firmin Edouard Matoko dĂ©passe les clivages gĂ©opolitiques : il est vu comme une candidature d’équilibre, capable de rassembler les continents autour d’une gouvernance de la culture, de la paix et de l’innovation. Ce duel reflète aussi une crise de l’universalitĂ©, dans un système multilatĂ©ral de plus en plus fragmentĂ©. Pour nombre d’observateurs, l’UNESCO a besoin d’un dirigeant qui dĂ©passe les blocs et incarne une diplomatie de projet, non de quota. Rappel historique L’UNESCO, nĂ©e sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, repose sur une logique d’universalisme culturel et de coopĂ©ration transnationale – non sur une logique de quotas rĂ©gionaux. En ce sens, le raisonnement de Khaled El-Enany, perçu comme une revendication de tour de rĂ´le gĂ©opolitique, risque d’entrer en contradiction avec l’esprit mĂŞme de l’UNESCO, qui valorise la diversitĂ© sans assigner les postes de direction Ă  des identitĂ©s collectives. La gouvernance mondiale ne peut se bâtir sur la compensation des absences passĂ©es, mais sur la qualitĂ© du projet portĂ© et la capacitĂ© Ă  fĂ©dĂ©rer au-delĂ  des appartenances. Enjeux gĂ©opolitiques et culturels Sur le plan gĂ©opolitique,  le soutien de la Ligue arabe Ă  El-Enany pourrait fracturer les Ă©quilibres au sein du Groupe africain, traditionnellement uni dans les nĂ©gociations UNESCO. Sur le plan culturel,  la vision d’Edouard Firmin Matoko ouvre une rĂ©flexion sur l’accès Ă©gal aux cultures, aux langues et aux connaissances, y compris dans le numĂ©rique. Enfin sur le plan stratĂ©gique, le prochain Directeur gĂ©nĂ©ral de l’UNESCO devra gĂ©rer la transition technologique, la polarisation Nord-Sud, et les tensions entre souverainetĂ© et patrimoine partagĂ©. Des questionnements Faut-il Ă©lire un Directeur gĂ©nĂ©ral pour rĂ©parer une absence historique, ou pour bâtir un avenir commun ? faut-il reprĂ©senter les rĂ©gions ou repenser les Ă©quilibres culturels mondiaux ? En juillet dernier, Firmin Edouard Matoko dĂ©clarait :  Â« Le prochain dirigeant de l’UNESCO doit restaurer la confiance dans le multilatĂ©ralisme culturel. Pas en redistribuant les postes, mais en redonnant du sens au projet commun ». En dĂ©fendant une approche universaliste, Firmin Edouard Matoko redonne Ă  l’UNESCO son ambition originelle : unir l’humanitĂ© non autour d’identitĂ©s fixes, mais autour de valeurs partagĂ©es et d’idĂ©es en mouvement. La dĂ©cision attendue fin 2025 sera scrutĂ©e de près. Plus qu’un choix de personne, c’est un test pour la capacitĂ© de l’UNESCO Ă  se rĂ©inventer sans se fragmenter. L’Afrique, aujourd’hui au cĹ“ur du dĂ©bat, pourrait bien redonner au multilatĂ©ralisme son souffle universel, l’âme mĂŞme  de l’Organisation.  A lire son projet, cette ambition semble habiter Firmin Edouard Matoko.

UNESCO : Matoko face Ă  El-Enany – vision globale contre revendication rĂ©gionale Read More »

L’UA investit dans le savoir stratégique : la plateforme ATTP au service d’un développement ancré dans l’expertise africaine

L’Union africaine (UA) franchit un pas stratĂ©gique dans la refondation de ses politiques publiques avec le lancement officiel de la plateforme ATTP (African Think Tank Platform). Cette initiative, soutenue financièrement par des partenaires comme la Banque mondiale et techniquement par l’AUDA-NEPAD et la Fondation ACBF, vise Ă  transformer les cercles de rĂ©flexion africains en vĂ©ritables catalyseurs de dĂ©cisions politiques continentales. DotĂ©e d’un budget de 50 millions USD sur cinq ans, elle ambitionne de combler le dĂ©ficit chronique en recherche stratĂ©gique sur le continent. Un levier d’autonomie africaine Cette nouvelle plateforme s’inscrit dans une dynamique plus large de souverainetĂ© intellectuelle africaine. En centralisant les propositions politiques Ă  travers un comitĂ© indĂ©pendant d’experts (ICE) et des appels Ă  projets compĂ©titifs, l’UA cherche Ă  crĂ©er une chaĂ®ne de valeur africaine du savoir, oĂą les Think tanks ne se contentent plus d’être des prestataires de diagnostics, mais deviennent des acteurs du pilotage stratĂ©gique du continent. Ce projet vient rĂ©pondre Ă  une carence structurelle : l’Afrique produit moins de 1 % de la recherche mondiale. Cette marginalitĂ© Ă©pistĂ©mique freine la formulation de politiques adaptĂ©es aux rĂ©alitĂ©s locales, laissant le champ libre Ă  des modèles exogènes souvent inadaptĂ©s. En rassemblant les travaux de 3 Ă  5 Think tanks par consortium, avec des subventions allant jusqu’à 10 millions USD, l’ATTP vise Ă  gĂ©nĂ©rer des solutions africaines fondĂ©es sur des preuves africaines. Penser les transitions du continent L’impact Ă©conomique potentiel est considĂ©rable. Les thĂ©matiques prioritaires ciblĂ©es – transformation Ă©conomique, climat, ZLECAf, flux financiers illicites, capital humain, sĂ©curitĂ© alimentaire – recoupent les grands chantiers du dĂ©veloppement continental. En intĂ©grant systĂ©matiquement les Think tanks dans la conception de politiques sur ces enjeux, l’UA veut faire Ă©merger une gouvernance Ă©conomique plus rĂ©active, interconnectĂ©e et contextualisĂ©e. Ce positionnement rĂ©pond aussi aux impĂ©ratifs de l’Agenda 2063, qui mise sur des cadres d’action cohĂ©rents, informĂ©s par les donnĂ©es (CRF, STISA-2024, etc.). Comme le souligne Selma Malika Haddadi, vice-prĂ©sidente de la Commission de l’UA, « la rĂ©alisation de l’Agenda 2063 exige davantage que de simples aspirations. Elle nĂ©cessite des preuves ». Un enjeu stratĂ©gique pour l’influence africaine Enfin, le soutien affichĂ© de bailleurs internationaux – dont la Banque mondiale – montre une reconnaissance croissante de l’intelligence stratĂ©gique africaine. Mais pour Ă©viter toute dĂ©pendance, l’Afrique devra capitaliser sur cette plateforme pour construire une autonomie durable de la pensĂ©e stratĂ©gique, condition essentielle Ă  une influence gĂ©opolitique crĂ©dible sur la scène mondiale.

L’UA investit dans le savoir stratégique : la plateforme ATTP au service d’un développement ancré dans l’expertise africaine Read More »

Bill Gates injecte 2,5 milliards de dollars en Afrique : levier de santĂ© publique ou diplomatie d’influence ?

La Fondation Gates lance le plus vaste programme privé jamais engagé pour la santé des femmes en Afrique, dans un contexte de désengagement public occidental. Dans un mouvement d’ampleur sans précédent, la Fondation Bill & Melinda Gates a annoncé le 4 août un engagement de 2,5 milliards de dollars dédié à la santé des femmes en Afrique. Cette somme, la plus importante jamais débloquée d’un seul trait par la fondation sur le continent, marque le début d’un plan global visant à distribuer près de 200 milliards de dollars d’ici à 2045, date prévue de sa fermeture. Ce financement, réparti sur une quarantaine de projets innovants, vise à réduire la mortalité maternelle, améliorer la santé gynécologique et soutenir la recherche sur les infections sexuellement transmissibles, la prééclampsie ou encore des contraceptions non hormonales. L’enjeu est double : réduire les coûts des politiques publiques et accélérer leur efficacité grâce à l’innovation. « Ce programme vise à combler des lacunes critiques là où les financements publics sont absents », précise le communiqué de la fondation. Une stratégie sanitaire… et géopolitique Sur le plan sanitaire, cet engagement intervient dans un contexte fragile : les systèmes de santé de nombreux pays africains, déjà sous pression post-Covid, peinent à financer des services de base. La féminisation de la pauvreté, la sous-médicalisation des zones rurales, et le recul de l’aide publique au développement (APD) rendent cette initiative potentiellement salvatrice. Mais selon Bruno Cabrillac, économiste à la Fondation pour les études et la recherche sur le développement international (Ferdi), la montée en puissance des fondations pose aussi des questions d’équilibre : « Les fondations philanthropiques ne veulent pas se substituer à l’aide publique, car cela risquerait de créer un aléa moral et d’encourager les États à se désengager ». Une reconfiguration de l’intelligence économique mondiale ? À moyen terme, cette stratégie peut aussi être lue comme un investissement dans la stabilité des marchés africains, essentiels à la croissance mondiale. Les fondations comme Gates, fortement intégrées à des réseaux technologiques et pharmaceutiques mondiaux, influencent déjà les normes de santé, les chaînes de valeur et les régulations, ce qui confère un poids stratégique croissant aux acteurs privés dans les politiques publiques. Dans un contexte où l’USAID ferme des programmes et où l’aide européenne se fragilise, les fondations américaines prennent le relais – mais avec leurs logiques, leurs agendas, et leurs priorités. Réserves et vigilance Si l’impact potentiel est énorme, des réserves persistent. L’absence de contrôle parlementaire, la faiblesse des systèmes de redevabilité locaux et le risque de dépendance technologique pourraient altérer la souveraineté sanitaire des États bénéficiaires. Le danger, à long terme, serait un décrochage stratégique africain, piloté par des mécènes plutôt que par des politiques concertées.

Bill Gates injecte 2,5 milliards de dollars en Afrique : levier de santĂ© publique ou diplomatie d’influence ? Read More »

Pollution plastique : vers un traité mondial, 1.500 milliards de raisons d’agir

Près de 180 pays se sont réunis le 5 août sous l’égide de l’ONU pour une nouvelle session de négociations sur le premier traité international contraignant contre la pollution plastique. L’enjeu est immense : 1.500 milliards de dollars par an de coûts économiques et sanitaires, selon une étude publiée dans The Lancet Planetary Health. Un chiffre qui alerte autant les diplomates que les économistes. « La pollution plastique est un danger grave, systémique, et largement sous-estimé pour la santé humaine et l’environnement mondial », alertent les auteurs du rapport, citant des liens avérés avec des cancers, des troubles hormonaux et des maladies respiratoires. Objectif : un accord juridiquement contraignant d’ici fin 2025 Les négociateurs du Comité intergouvernemental de négociation ont dix jours à Genève pour harmoniser les bases d’un traité universel, espéré à la fin 2025. Sera-t-il ambitieux ou simplement indicatif ? Les positions restent divergentes : tandis que l’UE, le Rwanda ou les îles du Pacifique plaident pour une réduction de la production à la source, les États-Unis et la Chine misent davantage sur le recyclage et la gestion des déchets. Intelligence économique et diplomatie environnementale Au cœur des tensions : la place de la pétrochimie, industrie qui représente à elle seule plus de 400 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. De nombreuses multinationales cherchent à éviter un encadrement strict des polymères, redoutant un précédent réglementaire global. « Il ne s’agit pas seulement d’écologie, mais de souveraineté industrielle, de stratégies d’influence, et de repositionnement des chaînes d’approvisionnement mondiales », observe une diplomate africaine sous anonymat. Un coût sanitaire étouffant Le rapport de The Lancet insiste : microplastiques et nanoplastiques sont omniprésents, dans l’eau, l’air, les sols – et jusque dans le sang humain. Le coût en santé publique pourrait dépasser 250 milliards de dollars par an d’ici 2040 si aucune régulation globale n’est mise en place. Le lien avec des maladies chroniques pose aussi un problème d’injustice environnementale, les pays les plus vulnérables étant les plus exposés. Un enjeu sécuritaire et climatique Au-delà de la santé, la pollution plastique alimente l’instabilité : engorgement des littoraux, perturbation des écosystèmes halieutiques, dépendance aux importations de déchets, tensions entre États côtiers. Le plastique est aussi un facteur climatique, sa production étant responsable de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon le PNUE, le Programme des Nations unies pour l’environnement. Ce qu’il faut retenir Vers un compromis global ? La question reste : l’accord sera-t-il universellement contraignant ou fragmenté par régions et volontés politiques ? La réponse dépendra autant de la diplomatie que des capacités industrielles à se transformer. « Il ne s’agit plus de ralentir l’effondrement, mais de choisir comment nous voulons survivre au plastique », résume Benjamin Von Wong, artiste et militant, auteur de l’installation Le fardeau du Penseur, érigée symboliquement à Genève.

Pollution plastique : vers un traité mondial, 1.500 milliards de raisons d’agir Read More »

L’Église catholique en Afrique trace son cap pour 2050 : Ă©vangĂ©lisation, rĂ©conciliation et souverainetĂ© spirituelle au cĹ“ur d’un continent en mutation

RĂ©unis Ă  Kigali, les Ă©vĂŞques du Symposium des ConfĂ©rences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) ont adoptĂ© une feuille de route visionnaire pour les 25 prochaines annĂ©es, structurĂ©e autour de 12 piliers stratĂ©giques, allant de l’évangĂ©lisation Ă  l’autonomie institutionnelle. Un tournant spirituel Ă  forte portĂ©e politique. Alors que l’Afrique s’apprĂŞte Ă  entrer dans une phase critique de transformation dĂ©mographique, sociale et sĂ©curitaire, l’Église catholique continentale prend position. Du 30 juillet au 4 aoĂ»t 2025, Ă  Kigali, plus de 300 hauts responsables ecclĂ©siaux ont entĂ©rinĂ© un document stratĂ©gique de long terme visant Ă  rĂ©articuler la mission de l’Église autour de valeurs d’espĂ©rance, de paix et de rĂ©conciliation, mais aussi d’autonomie Ă©conomique et d’enracinement culturel. « L’évangĂ©lisation ne peut rester thĂ©orique : elle doit transformer les cultures et guĂ©rir les fractures humaines », a affirmĂ© le Père Rafael Simbine, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SCEAM, en prĂ©sentant la vision continentale. 12 piliers : vers une Église rĂ©siliente, dĂ©colonisĂ©e et actrice de paix Chaque pilier du document combine un diagnostic socioculturel africain, une orientation stratĂ©gique et un modèle concret d’action, tĂ©moignant de la volontĂ© de sortir d’une dĂ©pendance pastorale ou financière postcoloniale. Parmi les prioritĂ©s : « L’Afrique est un foyer spirituel. Notre foi doit parler au monde depuis notre terre, nos blessures et nos espoirs », a rĂ©sumĂ© le Cardinal Fridolin Ambongo, archevĂŞque de Kinshasa. Une rĂ©ponse Ă  l’urgence : guerres, fractures sociales, perte d’espĂ©rance Dans leur message final, les Ă©vĂŞques ont condamnĂ© les « souffrances inimaginables » provoquĂ©es par les conflits armĂ©s, les divisions ethniques et la pauvretĂ© systĂ©mique. L’appel Ă  une Église actrice de mĂ©diation, de justice rĂ©paratrice et de pardon radical rĂ©sonne particulièrement dans les pays comme le Cameroun, la RDC, le Soudan du Sud ou le Mozambique, oĂą les communautĂ©s chrĂ©tiennes sont souvent Ă  la fois victimes et tĂ©moins. Le SCEAM appelle les dirigeants politiques Ă  intĂ©grer l’éducation Ă  la paix dans les systèmes scolaires et Ă  promouvoir le dialogue intercommunautaire comme prioritĂ© de gouvernance. Focus Cameroun : une Église face Ă  la crise anglophone et Ă  la fragmentation sociale Au Cameroun, oĂą l’Église catholique reste l’une des institutions les plus respectĂ©es, la mise en Ĺ“uvre de cette feuille de route pourrait jouer un rĂ´le majeur dans la pacification de la crise anglophone, qui a dĂ©jĂ  fait plus de 3000 morts et dĂ©placĂ© 800 000 personnes depuis 2016, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des nations unies (OCHA). Le clergĂ© local, souvent en première ligne, est appelĂ© Ă  « former les consciences Ă  la paix, sans compromis sur la justice et la vĂ©rité ». Le pays est Ă©galement invitĂ© Ă  investir dans la formation des laĂŻcs, des jeunes et des familles, pour Ă©viter l’atomisation communautaire et renforcer l’Église-Famille de Dieu, modèle privilĂ©giĂ© par le SCEAM. Une diplomatie spirituelle africaine Ă  l’horizon 2050 Dans un continent aux enjeux gĂ©opolitiques mouvants – urbanisation galopante, montĂ©e des extrĂ©mismes, instabilitĂ© sĂ©curitaire, pressions migratoires -, le SCEAM affirme l’Église comme un acteur de souverainetĂ© morale, de cohĂ©sion sociale et de rĂ©silience stratĂ©gique. La vision portĂ©e Ă  Kigali invite Ă  articuler foi, culture et dĂ©veloppement humain intĂ©gral, tout en appelant Ă  un leadership africain Ă©clairĂ©, aussi bien dans les sphères ecclĂ©siales que politiques. « C’est Ă  partir de l’Afrique que l’Église universelle pourra retrouver un souffle d’espĂ©rance. Mais cela exige de bâtir des ponts durables entre spiritualitĂ©, paix et responsabilitĂ© publique », a rĂ©sumĂ© un Ă©vĂŞque sahĂ©lien sous couvert d’anonymat.

L’Église catholique en Afrique trace son cap pour 2050 : Ă©vangĂ©lisation, rĂ©conciliation et souverainetĂ© spirituelle au cĹ“ur d’un continent en mutation Read More »

Présidentielle 2025 : Maurice Kamto exclut définitivement de la course

La dĂ©cision du Conseil constitutionnel excluant Maurice Kamto de la prĂ©sidentielle du 12 octobre se dĂ©roule dans un contexte politique et institutionnel sensible. Le Conseil constitutionnel camerounais a dĂ©finitivement Ă©cartĂ© la candidature de Maurice Kamto Ă  l’élection prĂ©sidentielle prĂ©vue le 12 octobre 2025, invoquant une « pluralitĂ© d’investitures » au sein du MANIDEM, le parti qui l’avait proposĂ© comme candidat. La dĂ©cision s’appuie sur l’article 125 alinĂ©a 2 du Code Ă©lectoral, et fait suite Ă  une audience publique tenue les 4 et 5 aoĂ»t. « Les recours ont Ă©tĂ© jugĂ©s non fondĂ©s au regard des Ă©lĂ©ments juridiques prĂ©sentĂ©s », a dĂ©clarĂ© ClĂ©ment Atangana, prĂ©sident du Conseil constitutionnel, au terme d’une dĂ©libĂ©ration de plus de quatre heures. Une dĂ©cision de droit, des effets politiques Cette dĂ©cision relève d’une interprĂ©tation juridique des textes Ă©lectoraux. Maurice Kamto, avait Ă©tĂ© l’un des principaux challengers lors de l’élection de 2018. Son absence reconfigure profondĂ©ment les rapports de force entre les partis en lice. Un diplomate a dĂ©clarĂ© : « L’exclusion de Kamto bouleverse l’équation Ă©lectorale, mais elle ne doit pas faire oublier que l’État de droit repose sur le respect des institutions ». Les soutiens de Maurice Kamto dĂ©plorent une lecture trop rigide du droit Ă©lectoral, et appellent Ă  un dĂ©bat plus inclusif sur les conditions de participation Ă  la vie politique. Une dynamique institutionnelle sous observation Le rĂ´le des institutions nationales dans la gestion du cycle Ă©lectoral fait l’objet d’un suivi attentif par la communautĂ© diplomatique. Le Cameroun, partenaire stratĂ©gique en Afrique centrale, est confrontĂ© Ă  plusieurs dĂ©fis structurels : sĂ©curitĂ© dans les rĂ©gions anglophones, instabilitĂ© dans le bassin du lac Tchad, et pression dĂ©mographique sur les systèmes sociaux. Maurice Kamto : entre recours institutionnel et repositionnement stratĂ©gique Rompu du droit, Maurice Kamto pourrait porter l’affaire devant la Commission africaine des droits de l’homme ou la Cour africaine basĂ©e Ă  Arusha, deux juridictions qu’il connaĂ®t bien. En 2018, ses dĂ©marches post-Ă©lectorales avaient reçu un Ă©cho favorable sur certains aspects. Le cas Maurice Kamto dans une dynamique continentale L’exclusion de Maurice Kamto de la prĂ©sidentielle camerounaise de 2025 n’est pas un cas isolĂ©. Plusieurs figures de l’opposition ont rĂ©cemment Ă©tĂ© empĂŞchĂ©es de concourir Ă  des Ă©lections cruciales, souvent dans des contextes de tensions institutionnelles plus dures, de lectures controversĂ©es des lois Ă©lectorales. 1- Au SĂ©nĂ©gal (2024),  la candidature de Ousmane Sonko Ă  la prĂ©sidentielle avait Ă©tĂ© invalidĂ©e en raison d’une condamnation judiciaire, dans un contexte oĂą l’opposition dĂ©nonçait un « dĂ©tournement de la justice Ă  des fins politiques ». MalgrĂ© une forte mobilisation populaire, Ousmane Sonko avait Ă©tĂ© Ă©cartĂ© du scrutin. 2- En CĂ´te d’Ivoire (2020), la Cour constitutionnelle avait Ă©cartĂ© Guillaume Soro pour « faits graves », en s’appuyant sur une condamnation judiciaire. L’opposant en exil dĂ©nonçait alors une instrumentalisation du droit. 3- En RDC (2018), MoĂŻse Katumbi, figure majeure de l’opposition n’avait pas pu se prĂ©senter Ă  la prĂ©sidentielle, son retour au pays ayant Ă©tĂ© bloquĂ© Ă  la frontière. En ce qui concerne le Professeur Maurice Kamto, les portes lui sont ouvertes, pour, soit conduire le MANIDEM, son parti d’adoption; soit faire un retro pĂ©dalage -signe d’humilitĂ©-, en rejoignant Ă  nouveau le MRC, son parti de base, pour se prĂ©senter aux LĂ©gislatives en 2026 – ce qu’il avait refusĂ© en 2020.

Présidentielle 2025 : Maurice Kamto exclut définitivement de la course Read More »

Présidentielle 2025 au Cameroun : Maurice Kamto au cœur du bras de fer devant le Conseil constitutionnel

DĂ©jĂ  21 affaires jugĂ©es, 35 requĂŞtes dĂ©posĂ©es : le Conseil constitutionnel sous pression alors que le sort de Kamto reste en suspens. Le marathon juridique autour de la prĂ©sidentielle de 2025 au Cameroun bat son plein. Le Conseil constitutionnel, rĂ©uni depuis le 4 aoĂ»t pour examiner les recours introduits par des candidats recalĂ©s ou des partis politiques, a dĂ©jĂ  tranchĂ© 21 affaires sur les 35 requĂŞtes enregistrĂ©es. Mais l’attention s’est cristallisĂ©e autour d’un dossier emblĂ©matique : celui de Maurice Kamto, leader ou ex-leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), dont la candidature a Ă©tĂ© rejetĂ©e pour « pluralitĂ© d’investiture » au sein du MANIDEM. Le 4 aoĂ»t, après près de quatre heures de dĂ©bats intenses, le prĂ©sident du Conseil, ClĂ©ment Atangana, a renvoyĂ© le verdict au 5 aoĂ»t, Ă©voquant « l’absence d’une base lĂ©gale claire dans la dĂ©cision de rejet ». Selon les avocats de Maurice Kamto, Anicet Ekane est le seul habilitĂ© Ă  investir un candidat au nom du MANIDEM, ce qui rendrait DieudonnĂ© Yebga, l’autre prĂ©tendant, incompĂ©tent. Une lecture vivement contestĂ©e par les reprĂ©sentants de l’administration Ă©lectorale, qui affirment que DieudonĂ©e Yebga est le prĂ©sident officiel du parti depuis 2021. « La dĂ©cision du Conseil sur Maurice Kamto pourrait redĂ©finir le paysage Ă©lectoral », estime un analyste politique. « Elle marquera aussi la crĂ©dibilitĂ© du contentieux Ă©lectoral en pĂ©riode de tension dĂ©mocratique ». Outre le cas Kamto-Yebga, plusieurs requĂŞtes ont Ă©tĂ© rejetĂ©es ou dĂ©clarĂ©es irrecevables, notamment celles de Bertin Kisob (sur la candidature de Paul Biya), Vincent Sosthène Fouda, ou encore Jean Blaise Gwet, tous recalĂ©s par le Conseil Ă©lectoral. Les requĂŞtes du FSNC contre la candidature d’Issa Tchiroma Bakary et de LĂ©on Theiller Onana du RDPC contre celle de Paul Biya ont Ă©galement Ă©tĂ© rejetĂ©es. Ă€ la date du 5 aoĂ»t au matin, 10 affaires restaient Ă  examiner, signe d’un processus complexe et scrutĂ© de près dans un climat de forte contestation politique. « Le Conseil constitutionnel doit faire preuve d’impartialitĂ© et de courage juridique. C’est un moment de vĂ©ritĂ© pour notre dĂ©mocratie », a dĂ©clarĂ© un reprĂ©sentant du MRC. En attendant le verdict sur Maurice Kamto, cette phase contentieuse dessine dĂ©jĂ  les contours d’un scrutin Ă  haut risque, oĂą la lĂ©gitimitĂ© des institutions et l’équitĂ© du processus Ă©lectoral seront aussi scrutĂ©es que les urnes elles-mĂŞmes.

Présidentielle 2025 au Cameroun : Maurice Kamto au cœur du bras de fer devant le Conseil constitutionnel Read More »

Cameroun : Douala de nouveau ciblée par la « clinique anticorruption » de la CONAC

Face Ă  l’explosion des dĂ©nonciations dans le Littoral, la Commission nationale anti-corruption revient en urgence Ă  Douala pour traiter les cas en attente. Pour la deuxième fois depuis 2022, la Commission nationale anti-corruption (CONAC) installe sa « clinique anticorruption » Ă  Douala, Ă©picentre Ă©conomique et dĂ©sormais symbolique de la lutte contre les pratiques dĂ©viantes au Cameroun. L’opĂ©ration a Ă©tĂ© lancĂ©e le 4 aoĂ»t 2025 Ă  la mairie de Douala 2ᵉ par le RĂ©vĂ©rend Dr DieudonnĂ© Massi Gams, prĂ©sident de la CONAC. « Le volume important de dĂ©nonciations en instance venant de cette rĂ©gion justifie ce retour anticipĂ© », a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident de la commission dans son discours inaugural. Cette initiative vise Ă  rapprocher les services de l’organe de lutte contre la corruption de la population, avec un dispositif dĂ©localisĂ© fonctionnant du 4 au 8 aoĂ»t. Des Ă©quipes spĂ©cialisĂ©es, assistĂ©es d’officiers de police judiciaire, reçoivent les citoyens confrontĂ©s Ă  des cas de corruption dans les services publics ou privĂ©s. LancĂ©e pour la première fois Ă  Douala en dĂ©cembre 2022 lors de la semaine internationale de lutte contre la corruption, la clinique avait recueilli près de 400 dĂ©nonciations, dont 150 ont donnĂ© lieu Ă  des interpellations et procĂ©dures judiciaires. Forte de cette expĂ©rience, la CONAC a par la suite dĂ©ployĂ© l’initiative dans cinq rĂ©gions (Ouest, Est, Sud, Nord, Adamaoua) avant de revenir dans le Littoral, sans encore avoir couvert tout le territoire. Ce retour Ă  Douala avant d’atteindre les dix rĂ©gions du pays illustre l’ampleur de la corruption dans la capitale Ă©conomique, oĂą les enjeux Ă©conomiques rendent les pratiques illicites plus frĂ©quentes. Il s’inscrit Ă©galement dans le cadre de la stratĂ©gie nationale de lutte contre la corruption, rĂ©affirmĂ©e par le chef de l’État dans son discours du 31 dĂ©cembre 2023. « Il ne s’agit pas de punir pour punir, mais de restaurer la confiance entre citoyens et institutions », a ajoutĂ© un responsable de la CONAC sous couvert d’anonymat. L’efficacitĂ© de cette deuxième Ă©dition sera scrutĂ©e de près, alors que les attentes de la population restent Ă©levĂ©es dans un contexte de mĂ©fiance envers les institutions publiques.

Cameroun : Douala de nouveau ciblée par la « clinique anticorruption » de la CONAC Read More »

Pollution : le Cameroun face Ă  l’urgence environnementale au cĹ“ur des nĂ©gociations de Genève

Ce mardi 5 août 2025, des négociations internationales reprennent à Genève pour cadrer un accord global visant à réduire la pollution transfrontalière. Le contexte est particulièrement critique en Afrique centrale, région confrontée à de multiples crises environnementales aux impacts sanitaires et sociaux graves, dont celles observées au Cameroun. Les principaux défis au Cameroun Le Cameroun fait face à une pollution multiple (air, eau, sols), principalement liée à une urbanisation rapide, des industries mal régulées et une gestion des déchets inefficace. Enjeux liés à Genève La conférence de Genève représente une opportunité pour inscrire les problématiques de l’Afrique centrale dans un cadre global de lutte contre la pollution, notamment : Sans un tel engagement international, les efforts domestiques risquent d’être insuffisants face à l’ampleur des pollutions et à leurs répercussions sanitaires et économiques. En Afrique centrale et au Cameroun, la pollution est un enjeu environnemental, sanitaire et social majeur. La relance des négociations à Genève intervient à un moment critique où une action concertée est indispensable pour transformer les initiatives ponctuelles en véritables politiques durables à l’échelle régionale et globale.

Pollution : le Cameroun face Ă  l’urgence environnementale au cĹ“ur des nĂ©gociations de Genève Read More »

Scroll to Top