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Etoudi -12 octobre 2025 (Cameroun) : l’opposition veut s’unir, mais les lignes de fracture persistent

À deux mois de la présidentielle d’octobre, les tractations pour une candidature unique dans l’opposition se multiplient. Si la volonté de changement est affichée, les divergences profondes entre les acteurs freinent une alliance crédible et durable. Officiellement, ils sont 11 candidats à avoir été validés par le Conseil constitutionnel pour affronter Paul Biya, au pouvoir depuis 42 ans. En réalité, une partie de ces candidats s’emploie, en coulisses, à bâtir une coalition. Objectif affiché : éviter une dispersion fatale des voix comme en 2018, où l’opposition, divisée, avait permis au président sortant de l’emporter avec 71,28 % des suffrages, selon les chiffres officiels. Mais au-delà des intentions, cette coalition peine à prendre forme de manière structurée. Si les points de convergence ne manquent pas – résolution de la crise anglophone, révision constitutionnelle, réduction du mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une fois – , les désaccords sur la personnalité à porter et la stratégie à adopter demeurent profonds. « Il y a une volonté claire de certains candidats d’aller ensemble. Mais nous en sommes encore à la gestion des susceptibilités et des ambitions individuelles », confie un proche conseiller d’Akere Muna, sous couvert d’anonymat. Bello Bouba en tête, mais contesté Parmi les figures évoquées pour conduire une éventuelle coalition, Bello Bouba Maïgari semble bénéficier d’un certain avantage. Ancien ministre, ancien Premier ministre, et issu du Nord – une région qui représente à elle seule près de 30 % du corps électoral –, il est vu par certains comme un compromis possible. « Il est perçu comme expérimenté et capable de rassurer certaines élites », analyse le politologue Njoya Moussa. « Mais son passé gouvernemental joue contre lui auprès des électeurs en quête de rupture ». Ce choix divise également dans les bases militantes, où certains dénoncent une stratégie élitiste, détachée des dynamiques populaires réelles. Une opposition à géométrie variable D’autres noms comme Cabral Libii, Akere Muna, ou encore Maurice Kamto (dont la candidature a été écartée) circulent dans les discussions. Le MRC de Kamto, bien qu’absent de la course, conserve une forte influence, notamment en zone urbaine et dans la diaspora. Brice Tchana, journaliste politique, estime qu’« il ne faut pas sous-estimer l’impact symbolique de Kamto. Un ralliement clair de sa part peut totalement rééquilibrer la dynamique ». Pourtant, l’opposition peine à définir des mécanismes concrets de fonctionnement commun : quelle gouvernance ? Quel partage du pouvoir en cas de victoire ? Quelle stratégie de campagne ? Autant de questions qui restent, pour l’instant, sans réponse claire. Une union qui risque de rester cosmétique ! L’obsession d’un « candidat unique » risque, selon certains observateurs, de masquer un manque de fond. Si l’unité arithmétique peut séduire, elle ne saurait remplacer une vision politique partagée, ni résoudre les fractures idéologiques, régionales et générationnelles au sein de l’opposition. Pour Lilian Ntamack, analyste politique, « une alliance sans cohésion de projet est une coquille vide. Le risque, c’est de créer une union de façade qui s’effondrera au premier désaccord stratégique ». 2018, un précédent En 2018 déjà, des appels similaires à l’unité avaient échoué à la dernière minute. Le camp Biya, lui, capitalise sur cette instabilité. À défaut d’une réforme profonde du système électoral, l’opposition ne peut compter que sur elle-même pour espérer une alternance.

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Cameroun : 18 arrestations à Douala, la CONAC frappe fort contre la corruption

Une opération coup de poing révèle l’ampleur des fraudes dans la région du Littoral et marque un tournant dans la lutte anti-corruption. La Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) a procédé à 18 arrestations à la suite d’une campagne anti-corruption d’une semaine dans la région du Littoral, selon le président de l’institution, Dr. Dieudonné Massi Gams. Cette opération baptisée « Special Crusade » s’est achevée à Douala avec des résultats qualifiés de spectaculaires, révélant une corruption généralisée dans divers secteurs. Parmi les domaines visés figurent l’extorsion, les fraudes administratives, les détournements de fonds publics, ainsi que des abus de fonction par des agents municipaux. Les plaintes traitées ont notamment mis en lumière des pratiques illégales chez des conducteurs de moto-taxis, commerçants, mais aussi dans l’administration foncière, où des ventes illicites de terrains et des titres fonciers frauduleux ont été recensés. Sur les 80 dénonciations reçues, 61 concernaient des cas déjà existants dans la région, tandis que 19 nouveaux signalements ont été enregistrés. L’opération a également mis en évidence l’efficacité de canaux numériques comme WhatsApp, utilisés pour recueillir les plaintes de manière discrète, favorisant ainsi la participation citoyenne. Pour Dr. Massi Gams, ces arrestations ne constituent qu’une étape : « La commission ne se reposera pas tant que ce fléau social ne sera pas éradiqué », a-t-il affirmé. Il a aussi réitéré l’engagement de la CONAC à intensifier ce type d’opérations sur l’ensemble du territoire national. Cette action de terrain relance le débat sur l’impact réel des campagnes anti-corruption au Cameroun, où les efforts institutionnels se heurtent encore à une corruption enracinée dans les pratiques quotidiennes. Reste à savoir si cette croisade marquera un tournant durable.

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Afrique : 155 000 morts en dix ans, l’insécurité islamiste s’étend et se transforme

La violence attribuée aux groupes islamistes militants atteint des sommets en Afrique, entre expansion territoriale, gains technologiques et fragilité accrue des États. .En une décennie, 155 000 morts ont été attribuées aux violences islamistes militantes sur le continent africain. En 2025, cette menace a atteint un nouveau pic de létalité avec 22 307 décès, en hausse de 60 % par rapport à la période 2020–2022. Trois régions concentrent 99 % des morts : le Sahel, la Somalie et le bassin du lac Tchad. Cette étude est l’œuvre duCentre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA). Sahel : un effondrement sécuritaire Avec près de 10 700 morts cette année, le Sahel reste l’épicentre de la crise. Le Burkina Faso concentre 55 % de ces décès, suivi du Mali, où 81 % des 17 700 morts recensées depuis 2010 ont eu lieu après le coup d’État de 2020. La perte de contrôle territorial est massive : seulement 40 % du territoire burkinabè est sous contrôle gouvernemental, et environ 950 000 km² sont hors d’accès à l’autorité étatique dans la région, soit l’équivalent de la Tanzanie. Deux groupes dominent : le JNIM, affilié à al-Qaïda, et l’EIGS, lié à Daech. Le JNIM, actif au Mali et au Burkina Faso, contrôle de vastes zones et emploie de nouveaux moyens technologiques comme les drones et les engins explosifs improvisés, rendant la menace plus sophistiquée. Fait marquant : les forces maliennes et leurs alliés russes de Wagner/Africa Corps ont tué plus de civils (6 058) que les groupes djihadistes eux-mêmes (5 708) depuis 2021. Cette répression nourrit le discours de légitimation des groupes comme le JNIM, qui se présentent comme « protecteurs » des populations peules visées. Somalie : l’insurrection se mondialise En Somalie, 7 289 morts sont à déplorer en 2025. Al Shabaab, lié à al-Qaïda, reste la force dominante avec jusqu’à 200 M$ de revenus annuels. L’organisation bénéficie désormais du soutien opérationnel des Houthis du Yémen, ce qui lui a permis d’améliorer ses capacités de frappe, y compris avec des missiles balistiques et des drones. La montée en puissance de l’État islamique en Somalie (ISS) inquiète également. Cette branche locale, désormais dotée de 1 000 combattants, agit comme centre financier et logistique pour Daech au niveau global, selon l’ONU. Pour la première fois, ses opérations ont causé 1 065 morts cette année. Bassin du lac Tchad : résurgence tactique Le bassin du lac Tchad, où sévissent Boko Haram et l’ISWA, enregistre 3 982 morts, soit une hausse de 7 %. L’ISWA, de plus en plus structuré, a pris d’assaut 15 bases militaires au Nigeria cette année, utilisant vision nocturne et drones armés. Le pays a vu une augmentation de 18 % des morts, principalement dans l’État de Borno. La violence s’étend à de nouveaux territoires. Deux groupes, Lakurawa et Mahmuda, opèrent dans le nord-ouest du Nigeria, zone auparavant dominée par les « bandits ». Leurs liens avec des groupes sahéliens comme l’EIGS inquiètent les autorités. Zones secondaires : signaux faibles à surveiller Une menace en recomposition L’évolution géographique et technologique des groupes islamistes militants en Afrique souligne leur résilience et leur capacité d’adaptation. Leurs financements, leurs alliances (notamment transcontinentales), et leur ancrage territorial menacent désormais la souveraineté effective de plusieurs États, notamment au Sahel. Implications stratégiques : « Ce n’est pas uniquement un enjeu africain. La militarisation asymétrique des groupes islamistes militants menace aujourd’hui la stabilité de toute la bande sahélo-saharienne et les corridors maritimes mondiaux », explique un analyste du Centre d’études stratégiques de l’Afrique. Deux Chiffres à retenir : 155 000 morts en 10 ans imputables aux groupes islamistes militants en Afrique.22 307 morts en 2025, un record absolu.

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Afrique centrale : entre recul démocratique et éveil citoyen

Alors que les institutions démocratiques s’effritent, l’Afrique centrale voit émerger une nouvelle forme de citoyenneté active, portée par une jeunesse connectée et une société civile inventive. Le rapport Afrobaromètre 2025 met en lumière ce paradoxe africain dans une région particulièrement marquée par l’instabilité politique. Paradoxalement, 72 % des électeurs africains ont participé aux dernières élections nationales, selon l’enquête Afrobaromètre 2025, malgré un climat de défiance envers les institutions et une multiplication des dérives autoritaires. En Afrique centrale, cette situation est encore plus contrastée : les élections continuent, mais le cadre démocratique s’effondre. Des institutions affaiblies, une méfiance grandissante Dans des pays comme le Cameroun, le Congo ou la Guinée équatoriale, la longévité des régimes en place, souvent soutenue par des réformes constitutionnelles controversées, alimente la défiance. Afrobaromètre montre que la confiance envers les partis au pouvoir a chuté de 15 points en moyenne depuis 2011, tandis que celle envers les partis d’opposition a aussi reculé de 7 points. Au Tchad, les transitions militaires successives et les promesses de retour à l’ordre constitutionnel non tenues illustrent la fragilité des institutions. Résultat : le taux de participation formelle à des partis politiques est en baisse, à l’image du Burkina Faso (hors zone Afrique centrale mais comparable), où cet indicateur a chuté de 45 points en 12 ans. Une citoyenneté vivante, hors des cadres officiels Ce déclin institutionnel n’a pas tué l’engagement citoyen. 94 % des Africains, selon le rapport, participent à la vie politique sous d’autres formes. En Afrique centrale, cela se traduit par : « Les citoyens ne croient plus au vote comme levier de changement, mais ils croient encore en leur pouvoir d’agir, note une sociologue de l’Université de Kinshasa ». Liberté d’expression : une perception qui surprend Fait surprenant, 69 % des personnes interrogées se disent libres d’exprimer leurs opinions, même dans des pays où les journalistes et militants sont régulièrement muselés. Cette résilience traduit un changement culturel : les citoyens ne passent plus uniquement par les canaux classiques, mais par des espaces alternatifs, informels, souvent numériques ou communautaires. Un défi pour les partenaires internationaux Dans une région où l’influence occidentale recule au profit d’acteurs comme la Russie, la Chine ou la Turquie, la transformation des formes de participation politique impose une nouvelle approche de la gouvernance. « Il ne suffit plus d’organiser des élections encadrées. Il faut investir dans l’éducation civique, les médias indépendants, les lieux de débat, insiste un diplomate européen à Libreville ». Canaliser l’énergie citoyenne, un enjeu central L’Afrique centrale incarne à elle seule ce paradoxe du continent africain : une démocratie institutionnelle en crise, mais une société en quête de participation, de reconnaissance et de justice. Pour éviter que cette énergie ne se transforme en frustration, voire en violence, les États comme les partenaires internationaux doivent repenser en profondeur leurs méthodes d’appui à la gouvernance. La démocratie ne se mesure plus uniquement aux urnes, mais aussi dans la rue, sur les réseaux et dans les imaginaires citoyens. L’Afrique centrale, souvent caricaturée pour ses régimes autoritaires, pourrait bien être aussi le théâtre d’une réinvention silencieuse mais puissante de la citoyenneté.

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Cameroon / Colonial War Acknowledged: A Strategic Turning Point in France’s African Policy

In an unprecedented act of historical acknowledgment, French President Emmanuel Macron has officially admitted that France conducted a true colonial war in Cameroon, both before and after the country’s independence in 1960. This diplomatic milestone – with geopolitical, memorial, and economic repercussions – forms part of the French president’s broader strategy to rebalance Franco-African relations. “It is my responsibility today to assume the role and responsibility of France in these events,” wrote Macron in a letter to Cameroonian President Paul Biya, published on August 12, 2025. The recognition is based on a comprehensive 1,000-page report by a commission of historians submitted in January 2025, led by Karine Ramondy, an expert in colonial conflicts. The report explicitly characterizes the French military operations as systemic violence with repressive, political, and lethal intent, targeting independence movements – in particular, the Union of the Peoples of Cameroon (UPC). A Historical and Strategic Shift Between 1955 and 1961, French forces conducted, according to historians, an asymmetric war against nationalist fighters in the Sanaga-Maritime, Bamiléké, and Southwest regions. Estimated civilian and military casualties: tens of thousands. Macron also acknowledged that the war continued beyond independence through French support to the authoritarian regime of Cameroon’s first president, Ahmadou Ahidjo. This recognition comes at a time when France is attempting to reposition its African policy, weakened by the rising influence of China, Turkey, and Russia, and a growing backlash against its military presence in the Sahel. “This recognition enables France to reactivate a weakened strategic link, in a region of Central Africa where the competition for influence is intensifying”, said a French diplomat on condition of anonymity. Memory, Politics, and Reparations: A Fragile Balance On the ground, reactions remain mixed. Mathieu Njassep, president of the Cameroonian Veterans Association (Asvecam), stated: “It’s good that he acknowledges it. But we expect more. France can pay reparations. It destroyed villages, roads, so many things…” The issue of financial or symbolic reparations, highly sensitive, is not addressed in the French president’s letter. Yet, it could emerge as a bilateral or legal point of contention, especially amid a politically tense environment in Yaoundé. Archive Diplomacy and Strategic Intelligence President Macron proposes the creation of a Franco-Cameroonian working group to facilitate continued research and open access to French archives. Beyond symbolism, this effort reflects a logic of historical intelligence. “Access to archives is essential not only to restore truth, but also to produce a shared memory that prevents political exploitation of past traumas,” notes historian Karine Ramondy. This documentary openness could also allow France to frame the narrative, especially at a time when information warfare on social media platforms is becoming a critical geopolitical tool. France’s Repositioning in Africa This announcement comes amid France’s military disengagement from the Sahel, a sharp decline in influence in West Africa, and the emergence of Russian-backed private security groups across the continent. In this context, Central Africa, with its historically pro-French stance, now appears as a key zone for France’s economic and strategic redeployment. Cameroon, due to its geographic location and natural resources (cocoa, oil, timber, natural gas), remains an essential economic partner, with Franco-Cameroonian trade reaching €1.1 billion in 2024. Towards a Postcolonial Redefinition? By acknowledging France’s responsibility in a long-silenced conflict, President Macron seeks to settle a historical debt while reaffirming an ambition: to reshape the Africa–France relationship on a foundation of truth – without, however, explicitly opening the door to reparations. A delicate balancing act, at the crossroads of historical duty, diplomatic strategy, and geo-economic priorities. Historical Events Referenced

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Afrique-Caraïbes : une alliance stratégique en marche

Le Forum ACTIF2025 acte une coopération économique et politique renforcée, avec plus de 300 millions de dollars d’accords signés et une vision commune tournée vers la souveraineté et l’intégration Sud-Sud. Le quatrième Forum Afrique – Caraïbes sur le commerce et l’investissement (ACTIF2025), organisé par Afreximbank et le gouvernement de la Grenade, a marqué un tournant dans les relations afro-caribéennes. En deux jours, plus de 300 millions de dollars d’accords ont été conclus, et un engagement politique fort en faveur de l’intégration économique et humaine a été réaffirmé. Huit accords structurants ont été signés, notamment dans les domaines des infrastructures routières (100 M$), de l’hôtellerie à la Barbade (61 M$), de l’éducation à Saint-Kitts-et-Nevis (50 M$) ou encore du développement numérique. La Bank of The Bahamas a par ailleurs été désignée intermédiaire officiel d’Afreximbank, renforçant l’écosystème financier régional. « Il ne s’agit plus de justifier notre vision, mais de la défendre avec conviction », a affirmé George Elombi, futur président d’Afreximbank. De son côté, le Premier ministre de la Grenade, Dickon Mitchell, a plaidé pour la suppression des visas et la libre circulation entre les deux régions, jugeant obsolètes les restrictions actuelles à l’ère de la biométrie. Le forum a également appelé à la création d’un accord de libre-échange, au développement des liaisons aériennes et maritimes, et à l’élargissement des coopérations dans les industries culturelles, sportives et numériques. Plusieurs États ont rejoint la Commission pour l’Afrique mondiale, dont la Grenade et Saint-Kitts-et-Nevis. Ce rapprochement s’inscrit dans une logique de souveraineté économique, de refondation diplomatique et de construction d’un axe Sud-Sud capable de défendre ses intérêts dans un ordre mondial en recomposition.

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Tchad : Mahamat Idriss Déby réaffirme la priorité donnée à la sécurité nationale

Dans un contexte régional tendu, le président tchadien appelle à renforcer les capacités militaires et à intensifier la coopération sous-régionale pour faire face aux menaces transfrontalières. À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Tchad, célébré le dimanche 10 août 2025, le président Mahamat Idriss Déby Itno a adressé un message solennel à la Nation, plaçant la sécurité nationale au cœur de ses priorités. Il a salué l’engagement « exemplaire » des forces de défense et de sécurité, qu’il a qualifiées de « remparts indispensables » pour protéger la population et garantir la stabilité du pays. « La paix, la stabilité et l’intégrité territoriale sont les piliers de notre développement national », a-t-il déclaré depuis N’Djamena. Un environnement régional sous haute tension Le président Déby a dressé un tableau préoccupant de la situation régionale en Afrique centrale, où plusieurs foyers de crise déstabilisent les équilibres sous-régionaux. La Centrafrique, bien que sur la voie du dialogue, reste fragile malgré l’accord de paix signé en avril dernier avec le soutien de N’Djamena. La guerre au Soudan, à l’est, continue de peser lourdement sur les frontières tchadiennes, avec des afflux massifs de réfugiés et des risques d’infiltration de groupes armés. « Garantir la sécurité à l’intérieur et aux frontières d’un pays vaste comme le nôtre, entouré d’États en guerre, reste un défi permanent et exigeant », a insisté le président. Dans cette zone de contact entre le Sahel, la Corne de l’Afrique et le bassin du Congo, le Tchad apparaît comme un acteur pivot de la stabilité régionale. Renforcement militaire et diplomatie sécuritaire Le chef de l’État a annoncé des réformes importantes au sein des forces armées, visant à améliorer l’équipement, la formation et la reconnaissance de leur mission. L’objectif : adapter les capacités militaires aux menaces hybrides et transfrontalières, du terrorisme aux groupes armés en passant par les trafics illicites. Sur le plan diplomatique, Mahamat Déby a renouvelé la solidarité du Tchad envers les États voisins en crise, réaffirmant sa disponibilité à accompagner les efforts de paix. Il a notamment lancé un appel fort aux parties en conflit au Soudan, les exhortant à mettre un terme à une « guerre fratricide qui a trop duré ». L’Afrique centrale à la croisée des défis sécuritaires Au-delà du Tchad, la situation en Afrique centrale reste marquée par des tensions persistantes. En République centrafricaine, la transition politique reste fragile. À l’est, la RDC est confrontée à l’activisme de groupes armés dans sa partie orientale. Au nord, le Cameroun doit gérer une insécurité résiduelle dans ses régions anglophones et des incursions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Ces dynamiques croisées rendent la coopération régionale incontournable. Dans ce contexte, le Tchad se positionne comme un acteur stabilisateur, dont le rôle dépasse ses frontières. Son implication militaire au Sahel, sa diplomatie active au Soudan et son influence dans la CEEAC renforcent son statut de pivot sécuritaire en Afrique centrale.

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Partenariat Allemagne-Afrique : l’heure de la refondation stratégique

Face à Pékin, Ankara et les Émirats, Berlin doit revoir sa copie pour peser en Afrique centrale. L’Allemagne ambitionne de redéfinir sa politique africaine. Mais en Afrique centrale – du Cameroun à la RDC, en passant par le Tchad et le Gabon – Berlin semble toujours absente des grands projets stratégiques, pendant que la Chine, l’Inde ou les Émirats Arabes Unis redessinent les infrastructures, les mines et les chaînes d’approvisionnement du continent. Pourtant, les besoins sont considérables : urbanisation rapide, accès à l’énergie, digitalisation, valorisation minière. Le Cameroun, par exemple, projette plus de 6 milliards  de dollars d’investissements dans ses infrastructures routières et énergétiques d’ici 2030. Or, moins de 3 % de ces projets sont attribués à des entreprises allemandes, contre près de 40 % pour des groupes chinois, selon les données du Cameroun Investment Promotion Agency. « L’Afrique centrale est un pivot géoéconomique ignoré de l’Allemagne, faute de vision intégrée et d’outils de projection stratégique », analyse le politologue Paul Djouka. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les exportations allemandes vers toute l’Afrique plafonnent à 14,2 milliards d’euros en 2024, soit à peine 1 % de ses exportations mondiales. L’essentiel est capté par l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Maroc. En Afrique centrale, la présence allemande reste marginale, souvent cantonnée à la coopération technique via la GIZ, sans projection industrielle forte. Or, le continent évolue : les pays du Golfe financent des ports, les Turcs construisent des aéroports, et la Chine contrôle déjà plus de 60 % des marchés miniers stratégiques comme le cobalt ou le lithium, cruciaux pour la transition énergétique allemande. « Le Cameroun peut offrir à l’Allemagne une position d’ancrage logistique et technologique en Afrique centrale, à condition de traiter les États africains comme des partenaires industriels, et non comme des zones de risques à éviter », estime Dr. Hans Meier, consultant en géoéconomie à Francfort. Si Berlin veut redevenir compétitive, elle doit activer les leviers de l’intelligence économique : cartographie des chaînes de valeur, diplomatie commerciale active, soutien aux PME allemandes via des garanties publiques ciblées, et surtout, adaptation aux réalités locales (fiscalité, visas, accords de double imposition). L’heure n’est plus à la prudence bureaucratique, mais à une offensive coordonnée, multisectorielle et respectueuse de la souveraineté économique africaine. Le prochain sommet Allemagne-Afrique prévu en 2026 devra clarifier cette ambition.

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Visa américain : jusqu’à 15 000 dollars de caution, l’Afrique australe ciblée

Les États-Unis durcissent leur politique migratoire, et l’Afrique australe se retrouve en première ligne. En l’espace de 48 heures, Washington a annoncé des mesures strictes visant les ressortissants du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe, avec un objectif affiché : freiner les séjours illégaux sur le sol américain. Le 5 août 2025, le département d’État a dévoilé un programme pilote imposant une caution de 15 000 dollars (près de 13 000 euros) aux demandeurs de visas B1/B2 (tourisme ou affaires) en provenance du Malawi et de la Zambie. Cette garantie financière, à déposer avant le départ, ne sera remboursée que si le voyageur quitte le territoire américain à l’expiration de son visa. Des inquiétudes diplomatiques croissantes La mesure, qui entrera en vigueur le 20 août 2025, suscite des réactions officielles. Le ministre des Affaires étrangères zambien, Mulambo Haimbe, a exprimé ses « sérieuses inquiétudes » concernant les **répercussions économiques sur le commerce, le tourisme et les échanges humains ». Sa collègue malawite, Nancy Tembo, partage ces préoccupations, tout en affirmant la volonté du Malawi de coopérer avec Washington sur les questions migratoires. Dans le même élan, les États-Unis ont restreint la délivrance de visas aux ressortissants du Zimbabwe, invoquant des motifs similaires liés au non-respect des délais de séjour. Des taux de dépassement jugés trop élevés Selon le département de la sécurité intérieure (DHS), les taux de dépassement de visa (« overstay ») en 2023 étaient de 14,32 % pour le Malawi et de 11,11 % pour la Zambie, au-dessus du seuil de 10 % jugé tolérable par Washington. Ces chiffres, combinés à des lacunes dans les contrôles migratoires ou à l’octroi facilité de citoyenneté dans certains pays, justifient selon les autorités américaines ces mesures ciblées. Cependant, plusieurs observateurs notent que d’autres pays affichent des taux d’overstay bien plus élevés, sans faire l’objet de mesures similaires. Certains y voient une application sélective, voire géopolitiquement motivée, de la politique migratoire américaine. Enjeux pour la région ? Les enjeux sont re 4 ordres : Cette initiative américaine, testée en Afrique australe, pourrait marquer une nouvelle phase dans la lutte contre l’immigration illégale. Mais elle soulève une question plus large : jusqu’où peut-on restreindre la mobilité internationale au nom de la sécurité migratoire ?

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Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte

100 000 luminaires LED pour moderniser l’éclairage public et économiser 4 milliards FCFA par an. Le Cameroun vient de franchir un cap décisif dans la modernisation de son éclairage public. Le 7 août 2025, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a signé un protocole d’accord avec l’entreprise espagnole Salvi Lighting pour l’installation de 100 000 luminaires LED dans trois grandes villes : Yaoundé, Douala et Bafoussam. Cette initiative permettra d’économiser environ 4 milliards FCFA par an sur les factures d’électricité et de réduire la consommation énergétique de 15 MW. Un gain économique et écologique majeur. Outre les LED classiques, le projet intègre aussi des lampadaires solaires pour les zones non électrifiées. Ces équipements seront pilotés via le système intelligent Smartec, permettant une gestion à distance efficace. Selon le ministre, cette technologie est parfaitement adaptée au contexte énergétique local. Pour l’ambassadeur d’Espagne, Don Juan Pedro Pérez Gómez Delaunay, ce partenariat illustre une coopération stratégique entre les deux pays, en soutien à la transition énergétique du Cameroun. L’entreprise Salvi Lighting, reconnue pour son expertise, s’engage à transférer des compétences aux entreprises locales. Enjeux et avantages Ce projet pourrait devenir un modèle pour d’autres secteurs d’infrastructure. Il marque une avancée concrète vers un Cameroun plus sûr, plus moderne et plus durable.

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