Économie & Innovation

Cameroun–FMI : une sortie maîtrisée, des équilibres à consolider

Le Cameroun vient de tourner la page de son programme de coopération avec le Fonds Monétaire International, après trois années marquées par un redressement budgétaire méthodique.  Avec un dernier décaissement de 82 milliards de F CFA, le FMI valide les efforts entrepris depuis 2021 – dans le sillage des chocs post-Covid – dans le cadre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Élargi de Crédit (MEC). Un succès certes technique, mais dont la portée politique et économique reste à affiner. Des fondamentaux stabilisés mais fragiles Le bilan économique du programme est indéniable : réduction du déficit budgétaire à moins de 2 % du PIB, maîtrise de l’endettement public autour de 40 %, en deçà du seuil de risque de la CEMAC. Les recettes non pétrolières ont progressé, preuve d’une diversification timide mais réelle de l’économie. Ce socle stabilisateur offre au Cameroun une marge de manœuvre appréciable… à condition d’en préserver les acquis. Car derrière ces chiffres, la croissance reste inégalement répartie, les réformes structurelles (gouvernance, climat des affaires, industrialisation) encore partielles. Présidentielle en ligne de mire : entre discipline et incertitude À l’approche de la présidentielle de 2025, l’enjeu se déplace du terrain technique vers le champ politique. L’absence de clarté sur la succession présidentielle et les tensions internes nourrissent les interrogations sur la continuité des réformes. Le FMI s’en va, mais la vigilance reste de mise : les pressions sociales (chômage, inégalités, qualité des services publics) pourraient pousser à relâcher la discipline budgétaire dans un contexte électoral sensible. Afrique centrale : vers une souveraineté économique différenciée Le cas camerounais contraste avec d’autres trajectoires dans la sous-région. Si certains pays restent dépendants des bailleurs multilatéraux, d’autres cherchent des alternatives via des partenariats bilatéraux (Chine, Russie, Émirats). Dans ce contexte, le Cameroun peut faire figure de pivot régional, à condition de maîtriser sa stratégie d’intelligence économique, de valoriser son rôle au sein de la CEMAC et de renforcer la transparence de ses institutions. Le Cameroun sort du programme FMI avec des fondamentaux assainis, mais entre opportunité et vulnérabilité. La phase qui s’ouvre exigera autant de rigueur que de vision stratégique, dans un environnement régional de plus en plus concurrentiel et géopolitiquement éclaté.

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Apparition surprise du pape Léon XIV : un message fort aux jeunes du monde entier

Dans un geste inattendu et hautement symbolique, le pape Léon XIV est apparu sans annonce préalable sur la place Saint-Pierre, devant des milliers de jeunes rassemblés pour une veillée de prière informelle à l’occasion de la Semaine internationale de la jeunesse catholique. C’est peu avant 20h, le 29 juillet, que le souverain pontife, âgé de 69 ans et élu en mars dernier, est arrivé à pied sur le parvis de la basilique, sans escorte visible, simplement vêtu de sa soutane blanche et arborant une croix en bois sobre. L’effet de surprise a été total, et les cris mêlés à des larmes d’émotion ont traversé la foule composée de 120 000 jeunes venus d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Un message direct et sans filtre Dans une prise de parole brève mais intense, le pape Léon XIV a abandonné son discours préparé pour s’adresser directement aux jeunes en italien, espagnol et français : « Vous êtes la lumière qui doit réveiller ce monde fatigué. Pas demain : maintenant ». Il a évoqué la nécessité d’un renouveau spirituel global, critiquant sans détour « la fatigue morale des sociétés riches » et appelant les jeunes à « désobéir à l’indifférence« , à s’engager pour la paix, la justice sociale, la sauvegarde de la Création et la dignité humaine partout où elle est niée. Un style qui tranche Ce geste s’inscrit dans la lignée du style direct et pastoral que Léon XIV imprime depuis le début de son pontificat. D’emblée perçu comme un réformateur, il entend redonner souffle à une Église en perte d’audience en Europe, tout en valorisant les dynamiques ecclésiales du Sud global. Son apparition informelle, loin des formats institutionnels, rappelle les premiers gestes populaires du pape François, tout en y ajoutant une radicalité sociale et spirituelle assumée. Une Église plus jeune, plus globale Parmi les participants, plusieurs délégations africaines, sud-américaines et moyen-orientales ont salué le ton « prophétique » du message. Des jeunes libanais, congolais et philippins ont été vus échangeant des prières ensemble après le départ du pape, symbole vivant d’une Église catholique plus jeune, plus globale et plurielle, comme Léon XIV l’a appelée de ses vœux dans son homélie inaugurale. Un pontificat déjà singulier Moins de cinq mois après son élection, le pontife multiplie les signaux d’un pontificat axé sur la simplicité, la proximité et l’urgence éthique. Alors que l’Église est confrontée à des défis majeurs – guerres oubliées, crise climatique, crise des vocations – le message du 29 juillet marque peut-être un tournant spirituel, en invitant les jeunes à prendre la tête d’un réveil moral mondial.

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Vacances sans SIDA 2025 : Les jeunes du Cameroun s’engagent pour un avenir sans VIH »

Dans un élan de solidarité et d’engagement, la campagne « Vacances sans SIDA » a été lancée hier, mobilisant des milliers de jeunes Camerounais pour lutter contre le VIH/SIDA. Cet événement phare vise à sensibiliser les jeunes âgés de 15 à 25 ans sur les dangers du virus et à promouvoir des comportements responsables, avec un objectif ambitieux : zéro nouvelle infection d’ici 2030. Un impact mesurable Lors de la dernière édition en 2024, plus de 3,1 millions de jeunes ont été touchés par la campagne. Grâce à l’aide de 852 pairs éducateurs, 24 500 personnes ont été dépistées, et 95 % des cas positifs ont pu accéder à un traitement. Pour cette année, les organisateurs visent 1 million de jeunes informés et 15 000 dépistages prévus dans tout le pays, sans oublier la distribution de 50 000 supports d’information. Une détermination partagée Linda Manga, ambassadrice de la campagne, a déclaré : « Ce n’est pas seulement une campagne de sensibilisation, c’est un appel à l’action. Nous devons protéger notre génération ». De son côté, Samuel, un pair éducateur, a souligné l’importance de l’éducation : « Une prise de conscience est essentielle. La lutte contre le VIH est l’affaire de tous, et chaque jeune doit jouer un rôle actif ». Les défis à relever La consommation d’alcool et de stupéfiants parmi les jeunes augmente le risque de transmission du VIH. Face à cela, les organisateurs insistent sur l’importance de l’éducation et de la sensibilisation. La campagne se déroulera à travers tout le territoire national, utilisant des plateformes numériques pour atteindre un maximum de jeunes. Avec « Vacances sans SIDA », le Cameroun pose une pierre angulaire dans la lutte contre le VIH/SIDA, affirmant que la santé de la jeunesse est l’affaire de tous. Unissons nos efforts pour un avenir sans VIH !

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La Journée internationale de la femme africaine : vision et réalité au Cameroun

Un élan de reconnaissance. Chaque année, le 31 juillet, la Journée Internationale de la Femme Africaine est célébrée à travers le continent. Instituée pour honorer les contributions des femmes à l’histoire et au développement de l’Afrique, cette journée vise également à sensibiliser sur les défis persistants que rencontrent les femmes dans divers secteurs, notamment l’éducation, la santé, et l’économie. Une célébration engagée en Afrique centrale En Afrique centrale, cette journée est marquée par des événements variés, tels que des conférences, des ateliers et des activités culturelles. Ces initiatives mettent en lumière les luttes des femmes pour leurs droits et leur émancipation. Au Cameroun, par exemple, des organisations non gouvernementales, ainsi que des institutions gouvernementales, organisent des campagnes de sensibilisation pour aborder des thématiques comme la violence basée sur le genre, l’accès à l’éducation et l’autonomisation économique. Au cœur des activités au Cameroun Au Cameroun, la journée est souvent ponctuée par des discours de personnalités politiques sur l’importance de l’égalité homme-femme. En 2023, par exemple, le ministre des Droits des Femmes a souligné que « l’éducation des filles est la clé du développement durable ». Des marches, des expositions et des forums sont également organisés pour donner une voix aux femmes et promouvoir leurs contributions à la société. Les femmes rurales, qui représentent une part significative de la population, sont souvent mises en avant. Des programmes sont spécialement conçus pour les former dans des domaines tels que l’agriculture durable et l’entrepreneuriat, favorisant ainsi leur intégration dans l’économie locale. Vers une amélioration de la situation Malgré les avancées, de nombreux défis subsistent. Les taux d’alphabétisation et d’accès à des soins de santé de qualité restent inégaux, et la violence à l’égard des femmes demeure un problème majeur. La célébration de la Journée Internationale de la Femme Africaine représente donc non seulement un moment de fête, mais aussi une opportunité de renouveler les engagements en faveur de l’égalité et de rappeler l’importance de poursuivre les efforts pour un avenir meilleur pour les femmes en Afrique centrale, et plus spécifiquement au Cameroun.

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Cameroun : cap sur la croissance, levier industriel activé

Face aux défis du financement et de la transformation économique, le pays mise sur une mobilisation accrue de ses ressources internes, l’industrialisation et l’optimisation de son capital humain, naturel et financier. La Banque africaine de développement (BAD) alerte : pour transformer son potentiel en moteur de développement durable, le Cameroun doit franchir un cap décisif. Dans son Rapport pays 2025, présenté à Yaoundé le 28 juillet, l’institution met en lumière les leviers de croissance, à commencer par l’accroissement de la mobilisation des ressources domestiques. Selon le rapport, la croissance du PIB est projetée à 3,6 % en 2024 et pourrait atteindre 4,2 % en 2025 si les réformes structurelles sont appliquées efficacement. « Le Cameroun dispose d’un capital naturel, humain et financier important, mais son impact sur la croissance reste en deçà des attentes. Il est temps de tirer le meilleur parti de ce capital », a déclaré Ameth Saloum Ndiaye, économiste pays principal de la BAD. Parmi les recommandations phares : la réduction progressive des subventions sur les carburants (environ 2 % du PIB en 2023), la digitalisation accrue des administrations fiscales, la restructuration des 27 entreprises publiques stratégiques et l’adoption d’une Stratégie nationale de financement intégré (SNFI) pour diversifier les sources de financement. « Il est urgent de rendre le système fiscal plus équitable et efficace », a ajouté Godwill Kan Tange, économiste national. En 2022, plus de 590 milliards de FCFA ont été accordés en exonérations fiscales, soit environ 2,7 % du PIB, un niveau jugé insoutenable. En parallèle, le secteur manufacturier a enregistré une croissance de 6,8 %, illustrant le potentiel de l’industrialisation. Le secrétaire général du ministère de l’Économie, Jean Tchoffo, a salué la pertinence des propositions : « Ce rapport arrive à un moment clé, alors que le Cameroun évalue à mi-parcours la mise en œuvre de la SND30. Il contribuera à renouer avec une croissance solide et à accélérer la transformation structurelle de notre économie ». La BAD insiste également sur la valorisation du capital humain : en 2023, le taux de chômage des jeunes atteignait 13,1 % et le secteur informel employait près de 88 % de la population active. L’investissement dans la formation, les infrastructures régionales et la transformation locale des produits de base est perçu comme stratégique. « Le Cameroun a les cartes en main. Ce qu’il lui faut maintenant, c’est une exécution rigoureuse des réformes et une meilleure coordination des acteurs », a conclu Mamadou Tangara, directeur général de la BAD pour l’Afrique centrale. Noël Ndong

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Sécurité alimentaire mondiale : la faim recule, sauf en Afrique et au Proche-Orient

L’Afrique centrale reste en alerte rouge, fragilisée par les conflits, la dépendance alimentaire et le sous-investissement agricole Le dernier rapport mondial sur la sécurité alimentaire, publié ce 28 juillet 2025 par la FAO, l’Unicef, le PAM et l’OMS, indique un recul modéré de la faim à l’échelle mondiale : entre 638 et 720 millions de personnes ont été sous-alimentées en 2024, soit 8,2 % de la population, contre 8,5 % en 2023. Mais cette amélioration cache de fortes disparités : la situation empire en Afrique, notamment en Afrique centrale. Dans cette région, plus d’un quart de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire, selon les données de la FAO. Les conflits armés, les crises politiques (comme en RDC, en RCA ou au Tchad), mais aussi le dérèglement climatique et la forte dépendance aux importations expliquent cette vulnérabilité. « En Afrique centrale, les chocs climatiques comme les inondations ou les sécheresses réduisent la productivité agricole, tandis que la hausse du coût des denrées de base fragilise les ménages déjà précaires », analyse David Laborde, économiste à la FAO. Les zones rurales sont particulièrement touchées : le taux d’insécurité alimentaire modérée ou sévère y atteint plus de 35 %, selon le rapport. En cause également : des politiques agricoles encore peu inclusives, un accès limité au financement pour les petits producteurs, et une urbanisation rapide qui désorganise les filières de distribution. La malnutrition infantile y est également préoccupante. Moins d’un enfant sur quatre en Afrique centrale a accès à une alimentation variée. Cela engendre retards de croissance, baisse du capital humain et fragilité des apprentissages, avec des effets durables sur le développement des pays. Alors que le monde s’éloigne de l’Objectif de développement durable n°2 (« Faim Zéro » d’ici 2030), l’Afrique centrale illustre les défis structurels encore non résolus. « Sans investissement ciblé dans les systèmes alimentaires locaux, l’irrigation, et la résilience climatique, cette région risque d’être le principal foyer de la faim mondiale dans les années à venir », avertit Raj Patel, économiste à l’université du Texas. Noël Ndong

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Dette salariale des agents publics : l’État camerounais entame un vaste apurement de 57 milliards de F CFA

Entre rattrapage administratif et engagement politique, un signal attendu vers la stabilisation de la fonction publique. Le gouvernement camerounais a lancé, dès juillet 2025, une opération majeure d’apurement d’une dette salariale de 57 milliards de F CFA contractée auprès de quelque 178 000 agents publics. Il s’agit d’arriérés liés aux avancements d’échelon et de grade non pris en compte depuis l’introduction du nouveau système de gestion AIGLE. « C’est une réponse concrète à une attente ancienne et légitime des fonctionnaires. L’État honore ses engagements », a déclaré Joseph LE, ministre de la Fonction publique, lors d’un point conjoint avec le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le 26 juillet. Dans le détail, 53,2 milliards seront versés à ceux dont les rappels sont inférieurs à 4,5 millions de F, soit 177 933 agents, à raison de 8 milliards par mois jusqu’en janvier 2026. Les 450 agents concernés par des montants supérieurs à 4,5 millions bénéficieront aussi de paiements, mais sur dossier, à déposer au ministère des Finances. « Ce plan est structuré, graduel et sécurisé », affirme un haut cadre du Minfi, soulignant que « les plus petits montants sont traités en priorité pour toucher un maximum de bénéficiaires rapidement ». Cette opération s’inscrit dans un contexte de réforme numérique de la gestion des ressources humaines, avec l’entrée en vigueur d’AIGLE, censée automatiser les évolutions de carrière. Cependant, la transition a engendré de nombreux retards. D’autres catégories d’agents verront leurs paiements échelonnés : les 175 agents en poste dans les missions diplomatiques seront régularisés dès septembre, tandis que 2 318 agents en détachement ou en disponibilité verront leur situation analysée courant 2026. Ce geste, perçu par les syndicats comme un « pas vers la normalisation du traitement administratif des carrières », reste à suivre avec vigilance. Car, comme le rappelle un syndicaliste du secteur éducatif, « des rappels ne devraient plus jamais prendre dix ans pour être payés ». Noël Ndong

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L’Afrique entre deux drapeaux : coopération stratégique ou rivalité larvée ?

Paris et Londres tentent de réactiver une entente africaine malgré le passif colonial et le choc du Brexit. Longtemps marquées par une rivalité historique ancrée dans les mémoires coloniales, les relations entre la France et la Grande-Bretagne sur le continent africain semblent osciller entre coopération stratégique et tensions latentes. Le sommet franco-britannique de 2023 a ravivé l’idée d’un partenariat renouvelé. Les deux puissances se sont engagées à intensifier leurs efforts conjoints, notamment au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et dans les Grands Lacs, en réponse aux défis sécuritaires, climatiques et migratoires croissants. Pourtant, les promesses actuelles peinent à effacer un passé conflictuel. L’incident de Fachoda en 1898 symbolise encore le traumatisme français face à la domination britannique. L’Entente cordiale de 1904 mit un terme officiel aux tensions, mais le « syndrome de Fachoda » – Cette méfiance viscérale face à l’influence anglophone en Afrique francophone – persiste aujourd’hui sous d’autres formes. Durant la Guerre froide et les décennies postcoloniales, Paris et Londres ont souvent adopté des stratégies divergentes : aide liée à leurs intérêts économiques, appui à des modèles de gouvernance opposés – interventionnisme français contre pragmatisme britannique – et peu de volonté de convergence sur les priorités africaines. Aujourd’hui, dans un contexte post-Brexit et face à une reconfiguration multipolaire de l’Afrique, la nécessité d’un front commun face à la montée de la Chine, de la Russie et des puissances régionales (Turquie, Émirats arabes unis) pourrait forcer la main à Paris et Londres. La possible réélection de Donald Trump en 2025, avec son désengagement du multilatéralisme, pousse également les Européens à repenser leur autonomie stratégique, notamment en Afrique. Toutefois, les analystes restent prudents : « L’Afrique reste un terrain de compétition feutrée, plus que de coopération sincère », résume un diplomate ouest-africain. La vraie question reste entière : coopérer pour rester pertinents ou s’effacer derrière de nouvelles puissances ? Noël Ndong

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IDE en Afrique 2024 : un bond spectaculaire, une réalité fragmentée

« L’Afrique devient un terrain stratégique, mais encore semé d’incertitudes » , selon Dr. Samuel Adebayo. En 2024, l’Afrique a attiré 97,03 milliards de d’IDE, en hausse de 75,11 %, selon la CNUCED. Mais ce chiffre cache de fortes disparités régionales : l’Égypte capte près de la moitié du total grâce à un seul mégaprojet (Ras El-Hekma, 35 milliards de dollars, tandis que l’Afrique subsaharienne reste à la traîne. L’Afrique centrale, avec la RDC, le Cameroun et le Gabon, s’impose comme zone-clé dans la course aux ressources critiques (cobalt, lithium, cuivre), avec 17 milliards de dollars répartis sur 7 contrats miniers. Cependant, l’attractivité est freinée par l’instabilité, le déficit d’infrastructures et des régulations incertaines. La polarisation est marquée en Afrique du Nord, une région qui concentre 52 % des IDE africains, tandis que l’Afrique subsaharienne voit la valeur de ses projets chuter de 37 %. Dans ce contexte, les puissances du Golfe, la Chine et l’Inde intensifient leur influence, transformant le continent en terrain d’intelligence économique stratégique. Mais sans réformes structurelles, la croissance restera déséquilibrée. « L’Afrique ne manque pas d’opportunités, mais d’architectes d’un futur coordonné », déclare un économiste de la Banque africaine de développement (BAD). Noël Ndong

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Sanaga-Maritime : Édéa au carrefour des promesses industrielles et des fractures sociales

Située au cœur d’un axe stratégique entre Douala et Yaoundé, la ville d’Édéa cristallise les espoirs de développement industriel du Cameroun, mais fait face à des défis criants en matière d’inclusion sociale, d’infrastructures et de gouvernance. À 60 kilomètres de Douala, Édéa, chef-lieu du département de la Sanaga-Maritime, s’impose comme un pôle industriel historique au Cameroun. Dotée d’une centrale hydroélectrique majeure sur la Sanaga, d’une usine d’aluminium exploitée par Alucam, d’infrastructures portuaires en développement, et d’un réseau ferroviaire stratégique, la ville possède un potentiel économique considérable. Pourtant, sur le terrain, les promesses de développement se heurtent à des inégalités structurelles et à une gouvernance locale fragile. Un territoire riche en atouts… mal exploités Le département est traversé par des corridors logistiques cruciaux reliant les capitales économiques et politiques du pays. Il dispose aussi d’une biodiversité importante, d’un potentiel agricole sous-exploité (hévéa, palmier à huile, manioc, cacao) et d’un patrimoine touristique naturel et historique méconnu. La présence d’industries lourdes et de grandes entreprises agro-industrielles comme SOCAPALM ou Hevecam devrait logiquement tirer l’économie locale vers le haut. Mais la réalité est plus contrastée : chômage des jeunes, faible industrialisation en aval, pollution environnementale, expropriations foncières mal encadrées. « Le développement ne profite qu’à une minorité, et les populations locales peinent à en voir les retombées concrètes », explique un cadre local de la société civile, sous couvert d’anonymat. Déficit d’infrastructures et urbanisation anarchique La ville d’Édéa souffre d’un déficit chronique d’infrastructures de base : routes secondaires en mauvais état, accès limité à l’eau potable dans les zones rurales, services de santé saturés, équipements scolaires insuffisants. L’urbanisation progresse sans plan directeur clair, posant des risques en termes de sécurité, d’environnement et de cohésion sociale. La croissance démographique rapide, couplée à un exode rural mal maîtrisé, accentue les tensions foncières. De nombreux jeunes, sans emploi ni formation adéquate, se retrouvent marginalisés, ce qui nourrit des frustrations susceptibles d’alimenter l’instabilité sociale. Enjeux géopolitiques et de souveraineté économique Sur le plan stratégique, la Sanaga-Maritime joue un rôle pivot dans la stratégie énergétique nationale. La rivière Sanaga alimente plusieurs barrages majeurs, et des projets hydroélectriques supplémentaires sont en cours d’étude. « Celui qui contrôle l’énergie contrôle le développement », observe un analyste camerounais en intelligence économique. Cependant, la dépendance à des multinationales étrangères pour l’exploitation des ressources critiques (bauxite, aluminium, agro-industries) interroge la souveraineté économique locale. Le tissu industriel local reste embryonnaire, faute de politiques d’incitation à la transformation locale ou à la montée en gamme des chaînes de valeur. Quelles perspectives ? Pour que la Sanaga-Maritime devienne un vrai moteur du développement inclusif, plusieurs leviers sont nécessaires : • Un plan d’aménagement du territoire clair, intégrant les dimensions économique, sociale et écologique ; • Un dialogue transparent entre les industriels, les pouvoirs publics et les communautés locales, notamment sur les questions foncières ; • Un investissement accru dans la formation professionnelle, l’agro-industrie locale et l’économie circulaire ; • Une gouvernance locale renforcée, capable de planifier et de surveiller l’impact des investissements. À Édéa, le développement est en marche, mais il avance sur une ligne de crête. Entre opportunités industrielles majeures et inégalités persistantes, l’avenir du département dépendra de sa capacité à concilier modernisation économique, inclusion sociale et gestion responsable des ressources. La Sanaga-Maritime a les cartes en main – reste à savoir si les acteurs en présence sauront jouer une partie gagnante pour la population. Noël Ndong

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