Édito du Mois

Cameroun–CEEAC : Jacob Kotcho en pole position pour piloter le Marché commun régional

Parmi les 52 candidats en lice pour les postes stratégiques de commissaire à la CEEAC, un nom fait l’unanimité : celui du Camerounais Jacob Kotcho Bongkwaha. Son profil, son expérience, et les enjeux du portefeuille convoité cristallisent les attentions dans les cercles diplomatiques d’Afrique centrale. « Ce n’est pas un simple poste, c’est le cœur économique et politique de l’intégration régionale », confie un diplomate. En effet, le portefeuille du Marché commun de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), qui englobe les affaires économiques, monétaires et financières, est aujourd’hui le plus convoité. À la manœuvre : le Cameroun, troisième puissance économique de la sous-région, qui aligne un candidat de poids. Jacob Kotcho Bongkwaha, 53 ans, économiste, expert du commerce international, et actuel directeur du Marché commun à la CEEAC, a obtenu la meilleure note de l’évaluation technique menée par le cabinet Forvis Mazars : 90,25 sur 100, loin devant des figures politiques et technocratiques régionales. « Il connaît les mécanismes internes, parle le langage des bailleurs, et incarne une vision d’intégration réaliste et opérationnelle », souligne une source onusienne à Addis-Abeba. Un enjeu régional à forte portée géopolitique La nomination du commissaire au Marché commun va bien au-delà des questions administratives. Ce portefeuille supervise la convergence macroéconomique, la mise en œuvre des mécanismes de coopération financière, le commerce intrarégional, et à terme, l’union monétaire envisagée. 9 des 15 objectifs du Traité révisé de la CEEAC y sont directement liés. Pour Yaoundé, c’est aussi un moment de vérité. Le Cameroun entend faire de cette nomination un levier d’influence stratégique, en lien avec sa Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30) qui positionne l’intégration régionale comme catalyseur de croissance. « Accéder à ce poste, c’est synchroniser notre diplomatie économique avec les priorités régionales », analyse un conseiller à la présidence camerounaise. L’heure des choix politiques Le règlement de la CEEAC impose un seul commissaire par État membre. Le président Paul Biya doit donc trancher entre deux profils camerounais : Kotcho, ou Nelly Banaken Elel, experte en développement social. Mais les enjeux économiques, sécuritaires et diplomatiques rendent le choix de Kotcho presque inévitable. S’il est confirmé, le Cameroun renforcerait sa stature de puissance pivot de l’Afrique centrale, dans un contexte régional toujours instable (instabilités en RDC, tensions au Tchad, redéploiement des influences russes et chinoises). À l’heure où la ZLECAf peine à s’ancrer dans les pratiques, un commissaire expérimenté pourrait donner un nouveau souffle à l’intégration continentale depuis le cœur de l’Afrique. À suivre dans les prochaines semaines, la décision d’Etoudi, qui scellera non seulement un choix de personne, mais une orientation stratégique majeure pour la région.

Cameroun–CEEAC : Jacob Kotcho en pole position pour piloter le Marché commun régional Read More »

Présidentielle 2025 au Cameroun : Le Centre sous haute surveillance

« La sécurité est une condition non négociable de la souveraineté démocratique »,a déclaré Paul Atanga Ji, ministre de l’Administration territoriale. À moins d’un mois de la présidentielle du 12 octobre, les autorités camerounaises accélèrent les préparatifs sécuritaires. Le 15 septembre, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a présidé une réunion de haut niveau au siège du Conseil régional du Centre, rassemblant gouverneurs, préfets, sous-préfets et officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité. Objectif : garantir un scrutin apaisé dans la région capitale, siège des institutions républicaines et baromètre politique du pays. Une sécurité présidentielle sous haute tension « Il était important de faire une évaluation afin que chacun des préfets puisse nous donner les détails de la réalité de son département », a déclaré le ministre, soulignant la nécessité de remonter une photographie exacte du terrain au chef de l’État. Les enjeux sont majeurs : le Centre est non seulement le cœur institutionnel du Cameroun, mais aussi un territoire à forte densité électorale et logistique. Une perturbation du processus dans cette région aurait des répercussions nationales. Surveillance renforcée et monitoring en temps réel Parmi les mesures clés évoquées, il y a la distribution sécurisée et anticipée du matériel électoral dans toutes les circonscriptions ; la communication permanente entre les échelons territoriaux et le MINAT ; le renforcement du monitoring via des points de situation réguliers et une centralisation des données sécuritaires. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte régional marqué par la montée des tensions électorales dans plusieurs pays d’Afrique centrale, où la sécurisation du vote devient un enjeu de stabilité étatique. Des observateurs sous surveillance Autre point sensible : le rôle des observateurs électoraux nationaux et internationaux, dont le déploiement est annoncé par le MINAT. Paul Atanga Nji leur adresse un message clair : « utiliser leur mandat de manière responsable », un rappel diplomatique qui traduit une volonté de canaliser les interprétations et communications sensibles liées au scrutin, dans un climat potentiellement tendu. À travers cette réunion, l’État camerounais envoie plusieurs signaux : Il entend maîtriser le narratif sécuritaire de l’élection, ; il met en place une architecture de commandement verticalisée, plaçant la chaîne administrative au cœur du dispositif de veille ; il cherche à anticiper tout risque de rupture logistique, souvent exploité dans les contextes contestés. Dans une année électorale où la moindre faille peut engendrer une crise de légitimité, cette mobilisation dans le Centre s’apparente à un test grandeur nature de la doctrine sécuritaire du régime. Enjeux géopolitiques et d’intelligence territoriale Au-delà du Cameroun, cette démarche s’inscrit dans un contexte continental plus large où la sécurité électorale devient un indicateur majeur de résilience des États face aux risques hybrides : cybermenaces, désinformation, contestations populaires, ou influences étrangères. Le modèle camerounais d’administration territoriale, centralisé et militaro-administratif, se présente ici comme un outil de pilotage politique, dans une Afrique centrale marquée par des transitions fragiles et une pression internationale croissante sur la transparence des processus électoraux.

Présidentielle 2025 au Cameroun : Le Centre sous haute surveillance Read More »

Carte stratégique de l’énergie : Le Cameroun muscle son réseau

Malgré des engagements formels en faveur de la transition énergétique, le Cameroun s’inscrit pleinement dans la dynamique continentale de dépendance aux hydrocarbures. Le pays, riche en gaz naturel et doté de réserves pétrolières offshore et onshore, continue de miser sur l’exploitation des ressources fossiles pour financer son développement, au détriment d’une bascule rapide vers les renouvelables. Une économie encore sous perfusion pétrolière Le secteur pétrolier et gazier représente près de 25 % des recettes d’exportation du Cameroun, bien que sa production ait décliné depuis son pic des années 1980. Aujourd’hui, le pays produit environ 70 000 barils de pétrole par jour, un chiffre modeste à l’échelle africaine, mais qui reste stratégique pour son équilibre macroéconomique. Avec le développement du champ gazier de Kribi (exploité par Perenco), et les projets autour du bassin du Rio del Rey, le Cameroun entend renforcer son rôle sur l’échiquier énergétique régional, notamment via la liquéfaction du gaz naturel en vue d’exportations vers l’Europe et l’Asie. Le terminal FLNG de Hilli Episeyo, premier du genre en Afrique, symbolise cette stratégie gazière tournée vers l’international. « Le Cameroun ne peut pas ignorer la manne des hydrocarbures dans un contexte de rareté budgétaire et de besoins en infrastructures », confie un haut fonctionnaire du ministère de l’Eau et de l’Énergie. Raffinage, dépendance et déficit stratégique Malgré son statut de producteur, le pays reste fortement dépendant des importations de produits raffinés. La fermeture prolongée de la SONARA (raffinerie de Limbé), suite à un incendie en 2019, a plongé le pays dans une crise énergétique coûteuse. Sa reconstruction partielle, toujours en cours, est freinée par un manque de financements et une gouvernance incertaine. Résultat : le Cameroun importe la quasi-totalité de ses carburants, exposant son économie aux chocs de prix internationaux, tout en aggravant son déficit commercial. Renouvelables : potentiel immense, mise en œuvre timide Sur le papier, le potentiel énergétique renouvelable du Cameroun est colossal : Pourtant, les investissements dans les énergies vertes restent marginaux. Selon les dernières estimations, moins de 5 % des financements énergétiques nationaux sont orientés vers les renouvelables hors hydroélectricité. La faiblesse du réseau électrique, les lenteurs administratives et le manque d’incitations fiscales freinent les acteurs privés. Souveraineté énergétique et dilemme stratégique Le Cameroun incarne le dilemme africain : capitaliser sur les hydrocarbures pour financer le développement tout en retardant l’inévitable transition énergétique. Dans un contexte de pression internationale croissante pour la décarbonation, la posture du pays pourrait devenir un handicap stratégique, notamment vis-à-vis des financements climatiques. « Le Cameroun ne pourra pas atteindre une véritable souveraineté énergétique sans industrialisation locale et diversification de son mix », prévient un analyste régional du secteur. Le Cameroun, comme nombre de ses voisins, se retrouve à la croisée des chemins. L’heure n’est plus à l’opposition entre pétrole et solaire, mais à la construction d’une stratégie énergétique intégrée et souveraine. Il s’agira, pour les décideurs camerounais, de dépasser le modèle extractiviste en investissant dans la transformation locale, la montée en puissance des renouvelables et la maîtrise technologique. Un défi autant économique que géopolitique. Projets énergétiques majeurs en cours au Cameroun Projet Type d’énergie / mix (hydro, solaire, hybride) Capacité / puissance attendue Région(s) concernées / zones desservies Calendrier / échéance estimée Enjeux stratégiques Nachtigal Hydroélectrique ~ 420 MW Sanaga, au nord-est de Yaoundé- réseau interconnecté Sud Mise en service prévue 2024 Renforcer la capacité de base, réduire la dépendance aux centrales thermiques, stabiliser le réseau Sud Kikot‑Mbebe Hydroélectrique ~ 500 MW Fleuve Sanaga — influence pour le Centre, mais capacité nationale Début 2030s pour mise en service & développement des appels d’offres Projet structurant pour la croissance énergétique, enjeu de transfert de compétences et développement durable Grand Eweng Hydroélectrique ~ 1 080 MW (phase initiale ~ 800 MW) Sanaga, entre Yaoundé et Douala — Littoral / Centre‐Ouest Prévision de mise en service autour de 2028 Très grande capacité, visée à satisfaire la demande urbaine, industrielle, export potentiel Projet solaire + stockage par Scatec / ENEO Solaire + batteries + 28,6 MW solaire + ~ 19,2 MWh stockage supplémentaires (extension des centrales existantes à Maroua & Guider) Régions du Nord et Extrême‑Nord — zones éloignées souvent mal desservies En cours (2023‑2024) pour extension Diversifier le mix, améliorer fiabilité hors réseau, réduire le coût de l’électrification rurale Centrales solaires en maturation (Ngaoundéré, Maroua, Guider, Garoua) Solaire photovoltaïque Environ 75 MW répartis sur plusieurs sites : ex. 20 MW (Ngaoundéré), 15 MW (Maroua), 10 MW (Guider), 30 MW (Garoua) Régions de l’Adamaoua, Extrême‑Nord, Nord Projets “en cours de maturation” — calendrier dépend des financements et des autorisations Répondre aux besoins d’électrification locale, réduire l’usage du diesel, accroître résilience énergétique dans les zones isolées Centrale hydroélectrique Mbakaou (projet + solaire flottant) Hydro + solaire flottant ~ 250‑300 MW pour la centrale hydro ; solaire flottant au‑dessus de retenue existante Région de l’Adamaoua, Nord / Extrême‑Nord Nord du pays, export vers le Tchad, interconnexion Nord‑Sud Études de faisabilité en cours (technique, environnement, social) ; démarrage possible vers 2025

Carte stratégique de l’énergie : Le Cameroun muscle son réseau Read More »

France – Chute libre à Matignon : Bayrou éjecté, l’Afrique oubliée

François Bayrou n’aura tenu que 97 jours à Matignon, renversé par une motion de défiance historique.  Avec seulement 194 votes favorables contre 364 opposants, il devient le premier Premier ministre de la Ve République à échouer sur un vote de confiance qu’il n’était pas obligé de solliciter. Cette chute brutale met fin à une cohabitation de plus en plus conflictuelle avec Emmanuel Macron, marquée par des désaccords ouverts sur la politique budgétaire, la réforme fiscale, et la gouvernance africaine. L’Afrique : l’angle mort François Bayrou Sur le plan international, la politique africaine de François Bayrou a été quasi-invisible. Durant ses trois mois à Matignon, François Bayrou n’a laissé aucune empreinte significative sur la politique africaine de la France. Ni discours structurant, ni déplacement officiel, ni stratégie renouvelée : l’Afrique a été reléguée au second plan, dans un moment pourtant critique pour les relations franco-africaines. Face à la montée des régimes militaires hostiles à Paris au Sahel, à la progression de l’influence russe (notamment via les groupes paramilitaires comme Wagner), et au rejet croissant de la présence française dans plusieurs pays, François Bayrou a opté pour le silence, laissant le Quai d’Orsay et l’Élysée gérer seuls un dossier de plus en plus sensible. Cette posture en retrait a accentué la perception d’une France en perte totale de repères sur le continent africain, après les humiliations successives au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Là où ses prédécesseurs à Matignon, même affaiblis, tentaient de jouer un rôle d’équilibre entre le président et les ministères, François Bayrou s’est contenté d’un rôle de figurant sur les grands dossiers internationaux. Ce désengagement a aussi privé la majorité d’une occasion de refonder le narratif de la France en Afrique, à l’heure où de nombreuses voix réclament une coopération moins verticale, plus économique et culturelle que sécuritaire. En interne, certains diplomates évoquent même une « perte de cap politique« , doublée d’une absence de coordination entre Matignon et le ministère des Armées, alors que les bases françaises ferment les unes après les autres dans une indifférence assumée du gouvernement. En définitive, la politique africaine de François Bayrou aura été celle du vide, symptomatique d’un Premier ministre affaibli, accaparé par les tensions budgétaires nationales, et sans appui diplomatique réel. Ce vide stratégique, dans une période où l’influence française est mise en cause sur tous les fronts, restera l’un des échecs silencieux de son bref passage à Matignon.

France – Chute libre à Matignon : Bayrou éjecté, l’Afrique oubliée Read More »

Banques communautaires : le moteur méconnu de la finance au Cameroun

Dans un paysage financier où les grandes banques traditionnelles semblent hors de portée pour nombre de Camerounais, émergent des forces souvent invisibles : les banques communautaires. Parmi elles, le Community Credit Company (CCC Plc) s’impose comme un acteur central, associant inclusion, proximité et innovation. CCC Plc : croissance, réseau et service Créée en novembre 1998 en tant que coopérative, transformée en société anonyme, CCC Plc est aujourd’hui une institution de microfinance de deuxième catégorie, réglementée par la COBAC, et active au Cameroun depuis plus de 24 ans. Une institution orientée client… mais fragile CCC se distingue par sa proximité, sa disponibilité de services gratuits, et ses innovations numériques. Toutefois, la pression réglementaire et les coûts de conformité restent élevés pour un acteur de cette taille. « Nous sommes traités comme des banques commerciales, alors que nous opérons avec les moyens du bord et pour des publics à très faible revenu », regrette un dirigeant du secteur microfinance. Comparaison : CCC vs CCA‑Bank — deux modèles complémentaires Institution CCC Plc CCA‑Bank Création 1998 comme coopérative, microfinance 1997 coopérative, devenue banque universelle en 2018 Réseau 18 succursales ≈ 54 agences (2024) et 60+ ATM Clientèle > 120 000 comptes 533 400 clients servis (2022) Actifs – 862 M USD (2022) Leadership DG : Ngoh Walters Tebid DG : Marguerite Fonkwen Atanga Le Crédit Communautaire d’Afrique Bank (CCA‑Bank), bien que né des principes de la microfinance, est devenu un acteur établi du secteur bancaire. Il affiche des performances solides, notamment via : Perspectives : vers une synergie entre proximité et institution CCC incarne l’inclusion financière de proximité : accessible, proche, flexible. CCA‑Bank représente la solidité institutionnelle, la diversification de services, et un accès aux financements internationaux. Pour les experts, l’avenir est dans une hybridation réussie : renforcer la capacité locale (CCC) tout en facilitant leur intégration au système bancaire formel (CCA‑Bank). « L’inclusion financière ne peut pas reposer uniquement sur les banques classiques. Les banques communautaires sont une réponse locale, agile et efficace aux défis de l’accès au financement », rappelle une spécialiste du secteur. Au Cameroun et en Afrique centrale, les banques communautaires comme CCC Plc jouent un rôle vital pour des millions de clients invisibilisés par le système bancaire traditionnel. Pour tirer pleinement parti de leur potentiel, il conviendra de décongestionner les contraintes réglementaires, accompagner la digitalisation, et favoriser les partenariats intelligents entre acteurs communautaires et banques universelles. C’est ainsi que se construit une finance réellement inclusive, durable et résiliente.

Banques communautaires : le moteur méconnu de la finance au Cameroun Read More »

L’Afrique face à sa pire crise alimentaire depuis des décennies

L’Afrique est confrontée à une crise alimentaire d’une ampleur sans précédent. Plus de 282 millions de personnes, soit plus d’un Africain sur cinq, sont aujourd’hui touchées par la faim, selon Gilbert Phiri, coordinateur principal de l’Initiative Faim Zéro pour l’Afrique à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Dans un entretien accordé lundi, l’expert a mis en garde contre une détérioration rapide de la sécurité alimentaire, accentuée par une combinaison de facteurs : chocs climatiques, conflits persistants et instabilité économique. «  L’Afrique est frappée de plein fouet. La sécheresse en Afrique australe, les conflits dans la Corne de l’Afrique et l’inflation généralisée aggravent une situation déjà critique », a-t-il déclaré. Une urgence continentale Les chiffres sont alarmants. En Afrique de l’Ouest et du Centre, 52 millions de personnes seront menacées de faim pendant la période de soudure de 2025, un record historique. En Afrique australe, des pays comme le Zimbabwe, la Zambie, le Malawi ou la Namibie enregistrent jusqu’à 40 % de leur population en insécurité alimentaire aiguë. La Corne de l’Afrique est également en alerte : plus de 69 millions de personnes y sont confrontées à une faim aiguë, selon les données du FSNWG (Groupe de travail sur la sécurité alimentaire et la nutrition). Le Rapport mondial sur les crises alimentaires 2025 confirme que plus de 85 millions de personnes sont affectées dans cette région, incluant le Soudan et le Soudan du Sud. La malnutrition infantile explose Autre indicateur inquiétant : la malnutrition infantile atteint des sommets. Dans plusieurs pays, un enfant sur trois est sous-alimenté. La Somalie affiche les taux les plus élevés, suivie du Tchad, de la Zambie, de l’Ouganda, du Kenya et de la Guinée-Bissau. « Cette situation n’est pas une fatalité. Mais il est urgent d’agir », insiste Gilbert Phiri. Vers des solutions durables Pour la FICR, sortir de cette crise ne pourra pas se faire uniquement par l’aide humanitaire d’urgence. Il faut des investissements structurants : renforcer les systèmes alimentaires locaux, améliorer la résilience climatique, soutenir les communautés rurales, et garantir une meilleure coordination internationale. « Sans une action mondiale rapide et coordonnée, des millions de vies sont en jeu », alerte le coordinateur régional. Alors que la faim progresse, le continent africain est à un tournant décisif. Entre réponses humanitaires et politiques agricoles ambitieuses, l’enjeu est de taille : garantir à long terme la souveraineté alimentaire de l’Afrique.

L’Afrique face à sa pire crise alimentaire depuis des décennies Read More »

Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte

100 000 luminaires LED pour moderniser l’éclairage public et économiser 4 milliards FCFA par an. Le Cameroun vient de franchir un cap décisif dans la modernisation de son éclairage public. Le 7 août 2025, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a signé un protocole d’accord avec l’entreprise espagnole Salvi Lighting pour l’installation de 100 000 luminaires LED dans trois grandes villes : Yaoundé, Douala et Bafoussam. Cette initiative permettra d’économiser environ 4 milliards FCFA par an sur les factures d’électricité et de réduire la consommation énergétique de 15 MW. Un gain économique et écologique majeur. Outre les LED classiques, le projet intègre aussi des lampadaires solaires pour les zones non électrifiées. Ces équipements seront pilotés via le système intelligent Smartec, permettant une gestion à distance efficace. Selon le ministre, cette technologie est parfaitement adaptée au contexte énergétique local. Pour l’ambassadeur d’Espagne, Don Juan Pedro Pérez Gómez Delaunay, ce partenariat illustre une coopération stratégique entre les deux pays, en soutien à la transition énergétique du Cameroun. L’entreprise Salvi Lighting, reconnue pour son expertise, s’engage à transférer des compétences aux entreprises locales. Enjeux et avantages Ce projet pourrait devenir un modèle pour d’autres secteurs d’infrastructure. Il marque une avancée concrète vers un Cameroun plus sûr, plus moderne et plus durable.

Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte Read More »

Présidentielle en Côte d’Ivoire : une élection à hauts risques

À moins de trois mois du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire, les tensions politiques montent dans un climat lourd d’incertitudes. Alors qu’Alassane Ouattara brigue un quatrième mandat controversé, plusieurs poids lourds de l’opposition – dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et Guillaume Soro – ont été écartés de la course par la justice ou la Commission électorale indépendante (CEI), suscitant de vives accusations de verrouillage du processus démocratique. Ce contexte fragilise la légitimité de l’élection à venir. L’exclusion de figures majeures, cumulée à une CEI jugée inféodée au pouvoir, alimente la méfiance d’une partie de la population. Le spectre des violences post-électorales de 2010-2011, qui avaient fait 3 000 morts, reste dans tous les esprits. Face à un pouvoir solidement installé, l’opposition, divisée et affaiblie, peine à trouver un candidat consensuel. Si des personnalités comme Simone Gbagbo ou Pascal Affi N’Guessan sont en lice, leur influence reste limitée. Le risque d’un faible taux de participation, voire de violences en cas de contestation des résultats, est réel. Dans un pays où les élections ont souvent été synonymes de crises, ce scrutin de 2025 cristallise les enjeux : maintien de la stabilité ou retour des troubles politiques. Tout dépendra de la transparence du processus électoral, du rôle des institutions et de la capacité des acteurs politiques à privilégier le dialogue sur la confrontation.

Présidentielle en Côte d’Ivoire : une élection à hauts risques Read More »

Terrorisme : l’Afrique centrale, le nouveau front oublié des jihadistes

Entre vide sécuritaire et trafics transfrontaliers, la région devient une cible stratégique pour Al-Qaïda et l’État islamique, selon un rapport de l’ONU Alors que les projecteurs restent braqués sur le Sahel et la Corne de l’Afrique, l’Afrique centrale se transforme en coulisse en un nouveau théâtre d’opérations pour les groupes jihadistes. Dans un rapport remis récemment au Conseil de sécurité, les experts de l’ONU tirent la sonnette d’alarme : l’influence croissante de l’État islamique (EI) et du groupe affilié à al-Qaïda Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) se fait désormais sentir dans les zones frontalières entre le Cameroun, le Tchad, la Centrafrique et la République démocratique du Congo (RDC). Cameroun : au carrefour des menaces Longtemps concentrés dans l’Extrême-Nord, les foyers jihadistes semblent désormais s’étendre vers l’Est et le bassin du Congo. En 2024, plus de 1 500 civils ont été déplacés dans la région de Kolofata et Mokolo, selon le HCR, suite à des incursions de groupes liés à Boko Haram et à l’EIGS. « Ils s’infiltrent par petits groupes, se fondent dans la population, exploitent les conflits locaux et reviennent frapper », explique un officier du BIR, sous couvert d’anonymat. Un terreau propice Les experts évoquent une conjonction de facteurs facilitants : porosité des frontières, absence de présence étatique durable, trafics illicites, et surtout l’émergence d’une économie parallèle alimentée par le commerce informel et les circuits de financement occultes. De la contrebande de carburant à la taxation illégale des zones minières en RDC, les groupes armés tirent profit de chaque faille du système régional. « L’Afrique centrale, par sa géographie et sa faiblesse institutionnelle, est en train de devenir une zone de transit, mais aussi de repli stratégique pour les jihadistes repoussés du Sahel », estime un analyste en sécurité à l’Union africaine. Une expansion silencieuse, mais structurée Dans la région du lac Tchad, la résurgence d’attaques coordonnées laisse penser à une restructuration des groupes affiliés à l’EI, selon les forces conjointes de la Force multinationale mixte (FMM). Le rapport onusien mentionne également l’utilisation croissante de drones artisanaux, de messageries chiffrées et de transferts de fonds via le système informel des hawalas, échappant à tout contrôle. Des sources sécuritaires évoquent également une possible implantation de bases arrière dans les zones forestières entre la RCA, le Gabon et la RDC. Si cela se confirme, le front jihadiste pourrait contourner le Sahel pour s’ancrer dans le bassin du Congo. Quelle réponse régionale ? Face à cette évolution, la coordination entre pays d’Afrique centrale reste limitée. Le Cameroun, malgré l’engagement de ses forces spéciales, fait face à des tensions sur plusieurs fronts. Le Tchad est accaparé par le Sahel. La Centrafrique, quant à elle, reste dépendante d’alliés étrangers pour assurer sa sécurité frontalière. L’ONU recommande un renforcement des capacités de renseignement, un meilleur contrôle des flux financiers informels et une coopération renforcée entre les États de la CEEAC. Un appel également relayé par l’Union africaine, qui plaide pour une approche concertée et transfrontalière. « La menace est agile, mobile, adaptable. La réponse doit l’être tout autant », conclut un diplomate sécuritaire.

Terrorisme : l’Afrique centrale, le nouveau front oublié des jihadistes Read More »

Scroll to Top