Édito du Mois

Cameroun/Présidentielle 2025 : 8 millions de voix en jeu, le compte à rebours est lancé

À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. Cette annonce saluée par certains comme un gage de transparence, suscite également attentes dans un climat politique tendu. Conformément aux articles 96 et 97 du Code électoral, le Directeur général des Élections, Dr Erik Essousse, a rendu publiques les listes des électeurs et des bureaux de vote dans chaque commune, ainsi qu’auprès des ambassades et consulats à l’étranger. 31 652 bureaux de vote ont été répertoriés à travers le territoire, et 34 296 électeurs sont inscrits à l’étranger dans 107 bureaux. Cette transparence est essentielle pour éviter les soupçons », souligne un observateur électoral à Yaoundé. Cette publication vise à renforcer la confiance dans le processus électoral, souvent sujet à controverse au Cameroun. Pour Christian Essomba Okah, président de la Commission d’impression du matériel électoral, cela permet aussi d’écarter tout risque de bureaux de vote fictifs. Du côté des états-majors politiques, ces listes sont un outil stratégique : elles permettent de cibler les zones à fort potentiel électoral et de mieux planifier les campagnes de terrain. Pour les observateurs nationaux et internationaux, ces données sont également cruciales pour surveiller le déroulement du scrutin. « L’opinion publique doit savoir combien d’électeurs sont inscrits par commune, et où voter », explique Patrick Pagbe, chef service des listes à Elecam. Les électeurs peuvent consulter ces listes dans les antennes communales ou en ligne via les plateformes numériques d’Elecam – une modernisation saluée, dans un pays où l’accès à l’information électorale a longtemps été jugé opaque. Alors que les tensions préélectorales montent, la publication anticipée des listes vise à prévenir toute contestation post-électorale. Cette ouverture suffira-t-elle à garantir la crédibilité du scrutin et l’acceptation de ses résultats par tous les acteurs politiques ?

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Cameroun et Érythrée : les deux absents du soutien africain à la Palestine

Alors que 52 des 54 États africains ont reconnu l’État palestinien, le silence persistant du Cameroun et de l’Érythrée interroge. Derrière cette abstention diplomatique se dessinent des logiques sécuritaires, historiques et géopolitiques bien spécifiques. Depuis la proclamation de l’indépendance palestinienne à Alger en 1988, la cause palestinienne bénéficie d’un large soutien sur le continent africain. Ce soutien s’inscrit dans une tradition politique de solidarité tiers-mondiste et panafricaniste, incarnée par des figures comme Thomas Sankara, Julius Nyerere ou Nelson Mandela. Plus récemment, la reconnaissance officielle de l’État palestinien par plusieurs pays occidentaux (Irlande, Espagne, Norvège, etc). a contribué à remettre la question au centre des débats diplomatiques mondiaux. Pourtant, au sein de l’Union africaine, deux pays dérogent à cette ligne de solidarité affichée : le Cameroun et l’Érythrée. Leur silence, loin d’être anecdotique, met en lumière une autre lecture de la diplomatie contemporaine africaine : celle des intérêts nationaux. Cameroun : la realpolitik sécuritaire Au Cameroun, la non-reconnaissance de l’État palestinien s’explique en grande partie par la solidité du partenariat sécuritaire avec Israël. Depuis plus de trois décennies, Israël forme et équipe les forces spéciales camerounaises, notamment les unités engagées contre Boko Haram dans le nord et les groupes séparatistes anglophones dans l’ouest. Ce soutien militaire est vital pour le régime de Paul Biya, confronté à plusieurs foyers d’instabilité internes. Reconnaître un État palestinien aujourd’hui serait perçu comme un geste diplomatique risqué, susceptible d’irriter un partenaire stratégique majeur, et d’envoyer un message ambigu aux mouvements séparatistes qui pourraient y voir un précédent ou un soutien implicite à leurs revendications. Comme le souligne David Otto, analyste sécuritaire basé à Genève : « Yaoundé redoute de donner des arguments à ceux qui contestent l’unité nationale, dans un contexte où le régime insiste sur le caractère indivisible du Cameroun ». Érythrée : le poids des rancunes historiques Dans le cas érythréen, l’abstention est davantage alimentée par un contentieux historique que par des considérations sécuritaires contemporaines. Durant les années 1980, alors que l’Érythrée menait sa lutte pour l’indépendance contre l’Éthiopie, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat s’était rangée du côté d’Addis-Abeba. Un choix perçu comme une trahison par les combattants érythréens, qui s’en sont longtemps souvenus. Depuis son indépendance en 1993, l’Érythrée cultive une diplomatie singulière, isolationniste et parfois provocatrice, souvent en rupture avec les positions de l’Union africaine. Son silence vis-à-vis de la Palestine semble s’inscrire dans cette tradition d’indépendance assumée, voire revendiquée, vis-à-vis des grands consensus diplomatiques. Une solidarité africaine aux contours moins homogènes L’abstention du Cameroun et de l’Érythrée ne signifie pas une hostilité ouverte à l’égard de la Palestine. Elle illustre plutôt la complexité croissante des positionnements diplomatiques en Afrique, à l’heure où les logiques de solidarité panafricaine cèdent le pas à des calculs d’intérêts nationaux, sécuritaires ou historiques. Dans un monde multipolaire en recomposition, où chaque alliance compte, la reconnaissance d’un État – aussi symbolique soit-elle  – devient un acte diplomatique hautement stratégique.

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Redessiner la carte : pour une Afrique à sa vraie échelle

Et si l’Afrique n’était pas seulement sous-évaluée économiquement et politiquement, mais aussi… cartographiquement ? À l’occasion de la Biennale Euro-Africa, chercheurs, diplomates et cartographes ont soulevé un point essentiel : notre vision du continent est biaisée, car faussée dès la représentation géographique que nous en avons. Au cœur du problème : la projection de Mercator. Conçue au XVIe siècle pour la navigation maritime européenne, elle demeure largement utilisée dans les manuels scolaires et les outils de géolocalisation modernes. Cette projection déforme la réalité en agrandissant artificiellement les régions proches des pôles, comme l’Europe ou l’Amérique du Nord, et en réduisant celles situées près de l’équateur – en particulier l’Afrique. Résultat : une perception erronée, mais profondément ancrée. Sur ces cartes, le Groenland semble aussi vaste que l’Afrique, alors qu’il est en réalité quatorze fois plus petit. L’Afrique, elle, couvre plus de 30 millions de km². Elle pourrait contenir les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon et toute l’Europe de l’Ouest – ensemble. Pourtant, dans l’imaginaire collectif mondial, elle reste souvent perçue comme un continent « petit », marginal, voire périphérique. Cette distorsion visuelle n’est pas sans conséquences. Comme le rappelle la géographe Vanessa Ehouman : « L’Afrique n’a jamais été petite. C’est notre regard qui l’a rétrécie ». Une carte biaisée produit un imaginaire biaisé. Elle influence les décisions politiques, les investissements économiques, la manière dont les citoyens du monde – y compris les Africains eux-mêmes – perçoivent le continent. « Cartographier, c’est exercer du pouvoir », affirme le géographe Philippe Rekacewicz. Une carte n’est pas neutre : elle hiérarchise l’espace, oriente les regards et donc les priorités. À l’heure où l’Afrique devient un centre stratégique global – avec une population jeune, des ressources naturelles abondantes, des terres arables, un dynamisme entrepreneurial – il est temps de lui rendre sa véritable place sur la carte… et dans les esprits. Face à cela, des alternatives émergent : la projection Gall-Peters, plus fidèle aux surfaces réelles ; des cartes centrées sur l’Afrique ; des visualisations basées sur des flux Sud-Sud ; ou encore des cartes construites à partir de données africaines (infrastructures, réseaux logistiques, zones économiques). Ces initiatives ne visent pas seulement à corriger une image : elles participent d’un mouvement plus large de réappropriation cognitive. L’Union africaine, des ONG, des gouvernements et des universités africaines militent pour une cartographie plus juste, en phase avec des projets ambitieux tels que la ZLECAf, l’intégration numérique ou l’Union monétaire. Redessiner la carte, ce n’est pas effacer les frontières, mais replacer l’Afrique au centre d’un monde qu’elle contribue à façonner. C’est reconnaître sa véritable échelle, sa puissance démographique, économique et culturelle. Une carte juste n’est pas qu’un outil géographique : c’est un pas vers un monde plus équitable, plus lucide, plus équilibré.

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Cameroun – Présidentielle 2025 : Retour stratégique de Laurent Esso

Le RDPC sonne la mobilisation dans le Littoral. « Le Parti se met en ordre de bataille, et le Littoral sera décisif », déclare un cadre régional du RDPC à Douala. C’est un retour orchestré avec soin, dans une séquence politique à haute intensité. Après plusieurs mois de convalescence, le ministre d’État Laurent Esso, pilier du régime Biya, refait surface sur la scène publique en présidant le meeting de lancement de la campagne régionale du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), prévu ce samedi 27 septembre à la Maison du Parti de Bonanjo. Ce rassemblement symbolique ouvre la phase décisive des activités électorales du parti au pouvoir dans la région stratégique du Littoral, en prélude à la présidentielle d’octobre 2025. Les départements du Wouri, du Moungo, du Nkam et de la Sanaga-Maritime, considérés comme des bastions électoraux à fort potentiel, sont mobilisés pour cette démonstration de force. Une région sous haute tension politique Avec plus de 4,2 millions d’habitants et une contribution estimée à près de 35 % du PIB national, le Littoral est bien plus qu’un simple théâtre d’opérations politiques : c’est une plaque tournante de l’économie camerounaise, un carrefour logistique régional, et un baromètre électoral national. À Douala, capitale économique, la perception populaire du pouvoir central est ambivalente, entre attentes sociales, frustrations économiques et fidélité partagée. « Le RDPC sait que gagner le Littoral, c’est sécuriser un levier économique et symbolique », indique un analyste politique de l’Institut Muna pour la Gouvernance. Face à une opposition revigorée et à une jeunesse urbaine plus politisée, le défi est clair : contenir l’érosion du socle électoral et reconquérir les cœurs dans une région aux dynamiques sociopolitiques complexes. Le retour de Laurent Esso : symbole ou stratégie ? Agé de 83 ans, juriste de formation, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Laurent Esso demeure une figure centrale de l’appareil d’État et du cercle rapproché de Paul Biya. Son retour, après une absence prolongée pour raisons de santé, est lu comme un signal politique fort : continuité, résilience et réactivation des réseaux historiques du régime dans un contexte électoral incertain. « En choisissant Esso pour présider ce meeting, le parti envoie un message de stabilité et d’autorité, à l’heure où les équilibres internes sont sous tension »,souligne un diplomate. Alors que les spéculations sur l’après-Biya agitent les chancelleries et les milieux d’affaires, la réapparition publique de figures de l’« ancien système » est observée de près. Pour certains, c’est un rappel de l’ordre établi. Pour d’autres, un dernier tour de piste avant un inévitable aggiornamento. Une campagne sous surveillance régionale et internationale Le scrutin présidentiel de 2025 s’annonce comme l’un des plus ouverts depuis trois décennies. Le RDPC, bien que solidement implanté, doit faire face à une recomposition de l’opposition, à une société civile active, et à une communauté internationale plus exigeante sur les conditions de transparence électorale. Enjeux sécuritaires dans les régions anglophones, pression sociale sur le pouvoir d’achat, désenchantement des jeunes, mais aussi convoitises géoéconomiques autour des infrastructures portuaires et minières : le contexte impose une lecture géopolitique intégrée de la campagne. Douala, point de bascule stratégique Le meeting du 27 septembre ne sera pas seulement un événement partisan : il cristallise les rapports de force d’un système à la recherche d’un nouveau souffle, dans un pays confronté à des défis sécuritaires, sociaux et économiques majeurs. Le retour de Laurent Esso en est l’un des marqueurs les plus révélateurs. « Ce n’est pas seulement une campagne électorale, c’est une bataille pour le contrôle de l’avenir politique et économique du Cameroun », conclut un Chercheur en stratégie politique au Centre d’analyse de Douala.

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Classement IPPC 2025 : Douala et Kribi absents du podium africain

Le tout dernier Indice de performance des ports à conteneurs (IPPC), publié en 2025 par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, met en lumière la nette progression de plusieurs ports africains, mais aussi l’absence remarquée du Cameroun, dont Douala et Kribi ne figurent pas parmi les 10 premiers ports performants du continent. Alors que des plateformes comme Port-Saïd (Égypte) et Tanger Med (Maroc) se hissent respectivement au 3e et 5e rang mondial, illustrant la montée en puissance logistique de l’Afrique du Nord, aucun port camerounais ne figure même dans le Top 100 mondial. Douala et Kribi : potentiel géostratégique sous-exploité Le port de Douala, principal poumon maritime du Cameroun, reste confronté à de multiples défis : saturation des quais, lenteur des procédures douanières, corruption persistante et insuffisance d’investissements dans la modernisation. Ces faiblesses structurelles réduisent son attractivité pour les grandes compagnies maritimes. De son côté, le port en eau profonde de Kribi, lancé en 2018 avec l’ambition d’en faire un hub régional, dispose d’un potentiel logistique considérable. Il est géré en partie par des acteurs internationaux comme CMA CGM ou Bolloré, mais souffre d’un déficit de connectivité terrestre, notamment avec l’arrière-pays tchadien et centrafricain. « Kribi ne manque pas d’infrastructure, il manque d’interconnexion logistique », commente un expert en commerce régional. Un risque de marginalisation dans la compétition maritime régionale Alors que les ports africains de l’Est et de l’Ouest modernisent leurs systèmes, digitalisent leurs opérations et sécurisent des partenariats internationaux, l’Afrique centrale, et particulièrement le Cameroun, risque de perdre sa position stratégique dans les échanges régionaux et mondiaux. Dans le contexte actuel, marqué par des réalignements géopolitiques (crise en mer Rouge, détournement des routes commerciales), les ports ne sont plus seulement des terminaux logistiques, mais des acteurs stratégiques de souveraineté et d’influence économique. « La performance portuaire est désormais un indicateur direct de compétitivité nationale », souligne un rapporteur de la Commission économique pour l’Afrique. Un choix politique à faire Le classement IPPC 2025 est un signal d’alarme, mais aussi une opportunité de redéfinir la stratégie portuaire nationale. Modernisation numérique, fluidification des corridors Douala-Ndjamena et Kribi-Bangui, gouvernance portuaire transparente et partenariats public-privé efficaces sont désormais incontournables. Top 10 des ports à conteneurs les plus performants d’Afrique en 2024 (Classement basé sur l’efficacité opérationnelle, le temps d’escale et la productivité des terminaux) Rang Afrique Rang Mondial Port Pays Score IPPC 2024 1 3 Port-Saïd Égypte 137,4 2 5 Tanger Med Maroc 136,0 3 ~130* Dakar Sénégal 22,8 4 163 Mogadiscio Somalie ~10 5 ~180* Toamasina Madagascar — 6 — El Dekheila Égypte — 7 — Sokhna Égypte — 8 — Freetown Sierra Leone — 9 — Conakry Guinée — 10 243 Berbera Somaliland -3

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Cameroun–CEEAC : Jacob Kotcho en pole position pour piloter le Marché commun régional

Parmi les 52 candidats en lice pour les postes stratégiques de commissaire à la CEEAC, un nom fait l’unanimité : celui du Camerounais Jacob Kotcho Bongkwaha. Son profil, son expérience, et les enjeux du portefeuille convoité cristallisent les attentions dans les cercles diplomatiques d’Afrique centrale. « Ce n’est pas un simple poste, c’est le cœur économique et politique de l’intégration régionale », confie un diplomate. En effet, le portefeuille du Marché commun de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), qui englobe les affaires économiques, monétaires et financières, est aujourd’hui le plus convoité. À la manœuvre : le Cameroun, troisième puissance économique de la sous-région, qui aligne un candidat de poids. Jacob Kotcho Bongkwaha, 53 ans, économiste, expert du commerce international, et actuel directeur du Marché commun à la CEEAC, a obtenu la meilleure note de l’évaluation technique menée par le cabinet Forvis Mazars : 90,25 sur 100, loin devant des figures politiques et technocratiques régionales. « Il connaît les mécanismes internes, parle le langage des bailleurs, et incarne une vision d’intégration réaliste et opérationnelle », souligne une source onusienne à Addis-Abeba. Un enjeu régional à forte portée géopolitique La nomination du commissaire au Marché commun va bien au-delà des questions administratives. Ce portefeuille supervise la convergence macroéconomique, la mise en œuvre des mécanismes de coopération financière, le commerce intrarégional, et à terme, l’union monétaire envisagée. 9 des 15 objectifs du Traité révisé de la CEEAC y sont directement liés. Pour Yaoundé, c’est aussi un moment de vérité. Le Cameroun entend faire de cette nomination un levier d’influence stratégique, en lien avec sa Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30) qui positionne l’intégration régionale comme catalyseur de croissance. « Accéder à ce poste, c’est synchroniser notre diplomatie économique avec les priorités régionales », analyse un conseiller à la présidence camerounaise. L’heure des choix politiques Le règlement de la CEEAC impose un seul commissaire par État membre. Le président Paul Biya doit donc trancher entre deux profils camerounais : Kotcho, ou Nelly Banaken Elel, experte en développement social. Mais les enjeux économiques, sécuritaires et diplomatiques rendent le choix de Kotcho presque inévitable. S’il est confirmé, le Cameroun renforcerait sa stature de puissance pivot de l’Afrique centrale, dans un contexte régional toujours instable (instabilités en RDC, tensions au Tchad, redéploiement des influences russes et chinoises). À l’heure où la ZLECAf peine à s’ancrer dans les pratiques, un commissaire expérimenté pourrait donner un nouveau souffle à l’intégration continentale depuis le cœur de l’Afrique. À suivre dans les prochaines semaines, la décision d’Etoudi, qui scellera non seulement un choix de personne, mais une orientation stratégique majeure pour la région.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Le Centre sous haute surveillance

« La sécurité est une condition non négociable de la souveraineté démocratique »,a déclaré Paul Atanga Ji, ministre de l’Administration territoriale. À moins d’un mois de la présidentielle du 12 octobre, les autorités camerounaises accélèrent les préparatifs sécuritaires. Le 15 septembre, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a présidé une réunion de haut niveau au siège du Conseil régional du Centre, rassemblant gouverneurs, préfets, sous-préfets et officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité. Objectif : garantir un scrutin apaisé dans la région capitale, siège des institutions républicaines et baromètre politique du pays. Une sécurité présidentielle sous haute tension « Il était important de faire une évaluation afin que chacun des préfets puisse nous donner les détails de la réalité de son département », a déclaré le ministre, soulignant la nécessité de remonter une photographie exacte du terrain au chef de l’État. Les enjeux sont majeurs : le Centre est non seulement le cœur institutionnel du Cameroun, mais aussi un territoire à forte densité électorale et logistique. Une perturbation du processus dans cette région aurait des répercussions nationales. Surveillance renforcée et monitoring en temps réel Parmi les mesures clés évoquées, il y a la distribution sécurisée et anticipée du matériel électoral dans toutes les circonscriptions ; la communication permanente entre les échelons territoriaux et le MINAT ; le renforcement du monitoring via des points de situation réguliers et une centralisation des données sécuritaires. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte régional marqué par la montée des tensions électorales dans plusieurs pays d’Afrique centrale, où la sécurisation du vote devient un enjeu de stabilité étatique. Des observateurs sous surveillance Autre point sensible : le rôle des observateurs électoraux nationaux et internationaux, dont le déploiement est annoncé par le MINAT. Paul Atanga Nji leur adresse un message clair : « utiliser leur mandat de manière responsable », un rappel diplomatique qui traduit une volonté de canaliser les interprétations et communications sensibles liées au scrutin, dans un climat potentiellement tendu. À travers cette réunion, l’État camerounais envoie plusieurs signaux : Il entend maîtriser le narratif sécuritaire de l’élection, ; il met en place une architecture de commandement verticalisée, plaçant la chaîne administrative au cœur du dispositif de veille ; il cherche à anticiper tout risque de rupture logistique, souvent exploité dans les contextes contestés. Dans une année électorale où la moindre faille peut engendrer une crise de légitimité, cette mobilisation dans le Centre s’apparente à un test grandeur nature de la doctrine sécuritaire du régime. Enjeux géopolitiques et d’intelligence territoriale Au-delà du Cameroun, cette démarche s’inscrit dans un contexte continental plus large où la sécurité électorale devient un indicateur majeur de résilience des États face aux risques hybrides : cybermenaces, désinformation, contestations populaires, ou influences étrangères. Le modèle camerounais d’administration territoriale, centralisé et militaro-administratif, se présente ici comme un outil de pilotage politique, dans une Afrique centrale marquée par des transitions fragiles et une pression internationale croissante sur la transparence des processus électoraux.

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Carte stratégique de l’énergie : Le Cameroun muscle son réseau

Malgré des engagements formels en faveur de la transition énergétique, le Cameroun s’inscrit pleinement dans la dynamique continentale de dépendance aux hydrocarbures. Le pays, riche en gaz naturel et doté de réserves pétrolières offshore et onshore, continue de miser sur l’exploitation des ressources fossiles pour financer son développement, au détriment d’une bascule rapide vers les renouvelables. Une économie encore sous perfusion pétrolière Le secteur pétrolier et gazier représente près de 25 % des recettes d’exportation du Cameroun, bien que sa production ait décliné depuis son pic des années 1980. Aujourd’hui, le pays produit environ 70 000 barils de pétrole par jour, un chiffre modeste à l’échelle africaine, mais qui reste stratégique pour son équilibre macroéconomique. Avec le développement du champ gazier de Kribi (exploité par Perenco), et les projets autour du bassin du Rio del Rey, le Cameroun entend renforcer son rôle sur l’échiquier énergétique régional, notamment via la liquéfaction du gaz naturel en vue d’exportations vers l’Europe et l’Asie. Le terminal FLNG de Hilli Episeyo, premier du genre en Afrique, symbolise cette stratégie gazière tournée vers l’international. « Le Cameroun ne peut pas ignorer la manne des hydrocarbures dans un contexte de rareté budgétaire et de besoins en infrastructures », confie un haut fonctionnaire du ministère de l’Eau et de l’Énergie. Raffinage, dépendance et déficit stratégique Malgré son statut de producteur, le pays reste fortement dépendant des importations de produits raffinés. La fermeture prolongée de la SONARA (raffinerie de Limbé), suite à un incendie en 2019, a plongé le pays dans une crise énergétique coûteuse. Sa reconstruction partielle, toujours en cours, est freinée par un manque de financements et une gouvernance incertaine. Résultat : le Cameroun importe la quasi-totalité de ses carburants, exposant son économie aux chocs de prix internationaux, tout en aggravant son déficit commercial. Renouvelables : potentiel immense, mise en œuvre timide Sur le papier, le potentiel énergétique renouvelable du Cameroun est colossal : Pourtant, les investissements dans les énergies vertes restent marginaux. Selon les dernières estimations, moins de 5 % des financements énergétiques nationaux sont orientés vers les renouvelables hors hydroélectricité. La faiblesse du réseau électrique, les lenteurs administratives et le manque d’incitations fiscales freinent les acteurs privés. Souveraineté énergétique et dilemme stratégique Le Cameroun incarne le dilemme africain : capitaliser sur les hydrocarbures pour financer le développement tout en retardant l’inévitable transition énergétique. Dans un contexte de pression internationale croissante pour la décarbonation, la posture du pays pourrait devenir un handicap stratégique, notamment vis-à-vis des financements climatiques. « Le Cameroun ne pourra pas atteindre une véritable souveraineté énergétique sans industrialisation locale et diversification de son mix », prévient un analyste régional du secteur. Le Cameroun, comme nombre de ses voisins, se retrouve à la croisée des chemins. L’heure n’est plus à l’opposition entre pétrole et solaire, mais à la construction d’une stratégie énergétique intégrée et souveraine. Il s’agira, pour les décideurs camerounais, de dépasser le modèle extractiviste en investissant dans la transformation locale, la montée en puissance des renouvelables et la maîtrise technologique. Un défi autant économique que géopolitique. Projets énergétiques majeurs en cours au Cameroun Projet Type d’énergie / mix (hydro, solaire, hybride) Capacité / puissance attendue Région(s) concernées / zones desservies Calendrier / échéance estimée Enjeux stratégiques Nachtigal Hydroélectrique ~ 420 MW Sanaga, au nord-est de Yaoundé- réseau interconnecté Sud Mise en service prévue 2024 Renforcer la capacité de base, réduire la dépendance aux centrales thermiques, stabiliser le réseau Sud Kikot‑Mbebe Hydroélectrique ~ 500 MW Fleuve Sanaga — influence pour le Centre, mais capacité nationale Début 2030s pour mise en service & développement des appels d’offres Projet structurant pour la croissance énergétique, enjeu de transfert de compétences et développement durable Grand Eweng Hydroélectrique ~ 1 080 MW (phase initiale ~ 800 MW) Sanaga, entre Yaoundé et Douala — Littoral / Centre‐Ouest Prévision de mise en service autour de 2028 Très grande capacité, visée à satisfaire la demande urbaine, industrielle, export potentiel Projet solaire + stockage par Scatec / ENEO Solaire + batteries + 28,6 MW solaire + ~ 19,2 MWh stockage supplémentaires (extension des centrales existantes à Maroua & Guider) Régions du Nord et Extrême‑Nord — zones éloignées souvent mal desservies En cours (2023‑2024) pour extension Diversifier le mix, améliorer fiabilité hors réseau, réduire le coût de l’électrification rurale Centrales solaires en maturation (Ngaoundéré, Maroua, Guider, Garoua) Solaire photovoltaïque Environ 75 MW répartis sur plusieurs sites : ex. 20 MW (Ngaoundéré), 15 MW (Maroua), 10 MW (Guider), 30 MW (Garoua) Régions de l’Adamaoua, Extrême‑Nord, Nord Projets “en cours de maturation” — calendrier dépend des financements et des autorisations Répondre aux besoins d’électrification locale, réduire l’usage du diesel, accroître résilience énergétique dans les zones isolées Centrale hydroélectrique Mbakaou (projet + solaire flottant) Hydro + solaire flottant ~ 250‑300 MW pour la centrale hydro ; solaire flottant au‑dessus de retenue existante Région de l’Adamaoua, Nord / Extrême‑Nord Nord du pays, export vers le Tchad, interconnexion Nord‑Sud Études de faisabilité en cours (technique, environnement, social) ; démarrage possible vers 2025

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France – Chute libre à Matignon : Bayrou éjecté, l’Afrique oubliée

François Bayrou n’aura tenu que 97 jours à Matignon, renversé par une motion de défiance historique.  Avec seulement 194 votes favorables contre 364 opposants, il devient le premier Premier ministre de la Ve République à échouer sur un vote de confiance qu’il n’était pas obligé de solliciter. Cette chute brutale met fin à une cohabitation de plus en plus conflictuelle avec Emmanuel Macron, marquée par des désaccords ouverts sur la politique budgétaire, la réforme fiscale, et la gouvernance africaine. L’Afrique : l’angle mort François Bayrou Sur le plan international, la politique africaine de François Bayrou a été quasi-invisible. Durant ses trois mois à Matignon, François Bayrou n’a laissé aucune empreinte significative sur la politique africaine de la France. Ni discours structurant, ni déplacement officiel, ni stratégie renouvelée : l’Afrique a été reléguée au second plan, dans un moment pourtant critique pour les relations franco-africaines. Face à la montée des régimes militaires hostiles à Paris au Sahel, à la progression de l’influence russe (notamment via les groupes paramilitaires comme Wagner), et au rejet croissant de la présence française dans plusieurs pays, François Bayrou a opté pour le silence, laissant le Quai d’Orsay et l’Élysée gérer seuls un dossier de plus en plus sensible. Cette posture en retrait a accentué la perception d’une France en perte totale de repères sur le continent africain, après les humiliations successives au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Là où ses prédécesseurs à Matignon, même affaiblis, tentaient de jouer un rôle d’équilibre entre le président et les ministères, François Bayrou s’est contenté d’un rôle de figurant sur les grands dossiers internationaux. Ce désengagement a aussi privé la majorité d’une occasion de refonder le narratif de la France en Afrique, à l’heure où de nombreuses voix réclament une coopération moins verticale, plus économique et culturelle que sécuritaire. En interne, certains diplomates évoquent même une « perte de cap politique« , doublée d’une absence de coordination entre Matignon et le ministère des Armées, alors que les bases françaises ferment les unes après les autres dans une indifférence assumée du gouvernement. En définitive, la politique africaine de François Bayrou aura été celle du vide, symptomatique d’un Premier ministre affaibli, accaparé par les tensions budgétaires nationales, et sans appui diplomatique réel. Ce vide stratégique, dans une période où l’influence française est mise en cause sur tous les fronts, restera l’un des échecs silencieux de son bref passage à Matignon.

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Banques communautaires : le moteur méconnu de la finance au Cameroun

Dans un paysage financier où les grandes banques traditionnelles semblent hors de portée pour nombre de Camerounais, émergent des forces souvent invisibles : les banques communautaires. Parmi elles, le Community Credit Company (CCC Plc) s’impose comme un acteur central, associant inclusion, proximité et innovation. CCC Plc : croissance, réseau et service Créée en novembre 1998 en tant que coopérative, transformée en société anonyme, CCC Plc est aujourd’hui une institution de microfinance de deuxième catégorie, réglementée par la COBAC, et active au Cameroun depuis plus de 24 ans. Une institution orientée client… mais fragile CCC se distingue par sa proximité, sa disponibilité de services gratuits, et ses innovations numériques. Toutefois, la pression réglementaire et les coûts de conformité restent élevés pour un acteur de cette taille. « Nous sommes traités comme des banques commerciales, alors que nous opérons avec les moyens du bord et pour des publics à très faible revenu », regrette un dirigeant du secteur microfinance. Comparaison : CCC vs CCA‑Bank — deux modèles complémentaires Institution CCC Plc CCA‑Bank Création 1998 comme coopérative, microfinance 1997 coopérative, devenue banque universelle en 2018 Réseau 18 succursales ≈ 54 agences (2024) et 60+ ATM Clientèle > 120 000 comptes 533 400 clients servis (2022) Actifs – 862 M USD (2022) Leadership DG : Ngoh Walters Tebid DG : Marguerite Fonkwen Atanga Le Crédit Communautaire d’Afrique Bank (CCA‑Bank), bien que né des principes de la microfinance, est devenu un acteur établi du secteur bancaire. Il affiche des performances solides, notamment via : Perspectives : vers une synergie entre proximité et institution CCC incarne l’inclusion financière de proximité : accessible, proche, flexible. CCA‑Bank représente la solidité institutionnelle, la diversification de services, et un accès aux financements internationaux. Pour les experts, l’avenir est dans une hybridation réussie : renforcer la capacité locale (CCC) tout en facilitant leur intégration au système bancaire formel (CCA‑Bank). « L’inclusion financière ne peut pas reposer uniquement sur les banques classiques. Les banques communautaires sont une réponse locale, agile et efficace aux défis de l’accès au financement », rappelle une spécialiste du secteur. Au Cameroun et en Afrique centrale, les banques communautaires comme CCC Plc jouent un rôle vital pour des millions de clients invisibilisés par le système bancaire traditionnel. Pour tirer pleinement parti de leur potentiel, il conviendra de décongestionner les contraintes réglementaires, accompagner la digitalisation, et favoriser les partenariats intelligents entre acteurs communautaires et banques universelles. C’est ainsi que se construit une finance réellement inclusive, durable et résiliente.

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