Édito du Mois

L’Afrique face à sa pire crise alimentaire depuis des décennies

L’Afrique est confrontée à une crise alimentaire d’une ampleur sans précédent. Plus de 282 millions de personnes, soit plus d’un Africain sur cinq, sont aujourd’hui touchées par la faim, selon Gilbert Phiri, coordinateur principal de l’Initiative Faim Zéro pour l’Afrique à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Dans un entretien accordé lundi, l’expert a mis en garde contre une détérioration rapide de la sécurité alimentaire, accentuée par une combinaison de facteurs : chocs climatiques, conflits persistants et instabilité économique. «  L’Afrique est frappée de plein fouet. La sécheresse en Afrique australe, les conflits dans la Corne de l’Afrique et l’inflation généralisée aggravent une situation déjà critique », a-t-il déclaré. Une urgence continentale Les chiffres sont alarmants. En Afrique de l’Ouest et du Centre, 52 millions de personnes seront menacées de faim pendant la période de soudure de 2025, un record historique. En Afrique australe, des pays comme le Zimbabwe, la Zambie, le Malawi ou la Namibie enregistrent jusqu’à 40 % de leur population en insécurité alimentaire aiguë. La Corne de l’Afrique est également en alerte : plus de 69 millions de personnes y sont confrontées à une faim aiguë, selon les données du FSNWG (Groupe de travail sur la sécurité alimentaire et la nutrition). Le Rapport mondial sur les crises alimentaires 2025 confirme que plus de 85 millions de personnes sont affectées dans cette région, incluant le Soudan et le Soudan du Sud. La malnutrition infantile explose Autre indicateur inquiétant : la malnutrition infantile atteint des sommets. Dans plusieurs pays, un enfant sur trois est sous-alimenté. La Somalie affiche les taux les plus élevés, suivie du Tchad, de la Zambie, de l’Ouganda, du Kenya et de la Guinée-Bissau. « Cette situation n’est pas une fatalité. Mais il est urgent d’agir », insiste Gilbert Phiri. Vers des solutions durables Pour la FICR, sortir de cette crise ne pourra pas se faire uniquement par l’aide humanitaire d’urgence. Il faut des investissements structurants : renforcer les systèmes alimentaires locaux, améliorer la résilience climatique, soutenir les communautés rurales, et garantir une meilleure coordination internationale. « Sans une action mondiale rapide et coordonnée, des millions de vies sont en jeu », alerte le coordinateur régional. Alors que la faim progresse, le continent africain est à un tournant décisif. Entre réponses humanitaires et politiques agricoles ambitieuses, l’enjeu est de taille : garantir à long terme la souveraineté alimentaire de l’Afrique.

L’Afrique face à sa pire crise alimentaire depuis des décennies Read More »

Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte

100 000 luminaires LED pour moderniser l’éclairage public et économiser 4 milliards FCFA par an. Le Cameroun vient de franchir un cap décisif dans la modernisation de son éclairage public. Le 7 août 2025, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a signé un protocole d’accord avec l’entreprise espagnole Salvi Lighting pour l’installation de 100 000 luminaires LED dans trois grandes villes : Yaoundé, Douala et Bafoussam. Cette initiative permettra d’économiser environ 4 milliards FCFA par an sur les factures d’électricité et de réduire la consommation énergétique de 15 MW. Un gain économique et écologique majeur. Outre les LED classiques, le projet intègre aussi des lampadaires solaires pour les zones non électrifiées. Ces équipements seront pilotés via le système intelligent Smartec, permettant une gestion à distance efficace. Selon le ministre, cette technologie est parfaitement adaptée au contexte énergétique local. Pour l’ambassadeur d’Espagne, Don Juan Pedro Pérez Gómez Delaunay, ce partenariat illustre une coopération stratégique entre les deux pays, en soutien à la transition énergétique du Cameroun. L’entreprise Salvi Lighting, reconnue pour son expertise, s’engage à transférer des compétences aux entreprises locales. Enjeux et avantages Ce projet pourrait devenir un modèle pour d’autres secteurs d’infrastructure. Il marque une avancée concrète vers un Cameroun plus sûr, plus moderne et plus durable.

Révolution lumineuse au Cameroun : 100 000 lampadaires LED pour une ville plus verte Read More »

Présidentielle en Côte d’Ivoire : une élection à hauts risques

À moins de trois mois du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire, les tensions politiques montent dans un climat lourd d’incertitudes. Alors qu’Alassane Ouattara brigue un quatrième mandat controversé, plusieurs poids lourds de l’opposition – dont Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et Guillaume Soro – ont été écartés de la course par la justice ou la Commission électorale indépendante (CEI), suscitant de vives accusations de verrouillage du processus démocratique. Ce contexte fragilise la légitimité de l’élection à venir. L’exclusion de figures majeures, cumulée à une CEI jugée inféodée au pouvoir, alimente la méfiance d’une partie de la population. Le spectre des violences post-électorales de 2010-2011, qui avaient fait 3 000 morts, reste dans tous les esprits. Face à un pouvoir solidement installé, l’opposition, divisée et affaiblie, peine à trouver un candidat consensuel. Si des personnalités comme Simone Gbagbo ou Pascal Affi N’Guessan sont en lice, leur influence reste limitée. Le risque d’un faible taux de participation, voire de violences en cas de contestation des résultats, est réel. Dans un pays où les élections ont souvent été synonymes de crises, ce scrutin de 2025 cristallise les enjeux : maintien de la stabilité ou retour des troubles politiques. Tout dépendra de la transparence du processus électoral, du rôle des institutions et de la capacité des acteurs politiques à privilégier le dialogue sur la confrontation.

Présidentielle en Côte d’Ivoire : une élection à hauts risques Read More »

Terrorisme : l’Afrique centrale, le nouveau front oublié des jihadistes

Entre vide sécuritaire et trafics transfrontaliers, la région devient une cible stratégique pour Al-Qaïda et l’État islamique, selon un rapport de l’ONU Alors que les projecteurs restent braqués sur le Sahel et la Corne de l’Afrique, l’Afrique centrale se transforme en coulisse en un nouveau théâtre d’opérations pour les groupes jihadistes. Dans un rapport remis récemment au Conseil de sécurité, les experts de l’ONU tirent la sonnette d’alarme : l’influence croissante de l’État islamique (EI) et du groupe affilié à al-Qaïda Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) se fait désormais sentir dans les zones frontalières entre le Cameroun, le Tchad, la Centrafrique et la République démocratique du Congo (RDC). Cameroun : au carrefour des menaces Longtemps concentrés dans l’Extrême-Nord, les foyers jihadistes semblent désormais s’étendre vers l’Est et le bassin du Congo. En 2024, plus de 1 500 civils ont été déplacés dans la région de Kolofata et Mokolo, selon le HCR, suite à des incursions de groupes liés à Boko Haram et à l’EIGS. « Ils s’infiltrent par petits groupes, se fondent dans la population, exploitent les conflits locaux et reviennent frapper », explique un officier du BIR, sous couvert d’anonymat. Un terreau propice Les experts évoquent une conjonction de facteurs facilitants : porosité des frontières, absence de présence étatique durable, trafics illicites, et surtout l’émergence d’une économie parallèle alimentée par le commerce informel et les circuits de financement occultes. De la contrebande de carburant à la taxation illégale des zones minières en RDC, les groupes armés tirent profit de chaque faille du système régional. « L’Afrique centrale, par sa géographie et sa faiblesse institutionnelle, est en train de devenir une zone de transit, mais aussi de repli stratégique pour les jihadistes repoussés du Sahel », estime un analyste en sécurité à l’Union africaine. Une expansion silencieuse, mais structurée Dans la région du lac Tchad, la résurgence d’attaques coordonnées laisse penser à une restructuration des groupes affiliés à l’EI, selon les forces conjointes de la Force multinationale mixte (FMM). Le rapport onusien mentionne également l’utilisation croissante de drones artisanaux, de messageries chiffrées et de transferts de fonds via le système informel des hawalas, échappant à tout contrôle. Des sources sécuritaires évoquent également une possible implantation de bases arrière dans les zones forestières entre la RCA, le Gabon et la RDC. Si cela se confirme, le front jihadiste pourrait contourner le Sahel pour s’ancrer dans le bassin du Congo. Quelle réponse régionale ? Face à cette évolution, la coordination entre pays d’Afrique centrale reste limitée. Le Cameroun, malgré l’engagement de ses forces spéciales, fait face à des tensions sur plusieurs fronts. Le Tchad est accaparé par le Sahel. La Centrafrique, quant à elle, reste dépendante d’alliés étrangers pour assurer sa sécurité frontalière. L’ONU recommande un renforcement des capacités de renseignement, un meilleur contrôle des flux financiers informels et une coopération renforcée entre les États de la CEEAC. Un appel également relayé par l’Union africaine, qui plaide pour une approche concertée et transfrontalière. « La menace est agile, mobile, adaptable. La réponse doit l’être tout autant », conclut un diplomate sécuritaire.

Terrorisme : l’Afrique centrale, le nouveau front oublié des jihadistes Read More »

Scroll to Top