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France : Derrière les barreaux, Nicolas Sarkozy sous protection armée

L’ancien prĂ©sident de la RĂ©publique a passĂ© sa première nuit Ă  la prison de la SantĂ© sous la garde rapprochĂ©e de deux officiers armĂ©s du Service de la protection. Une mesure exceptionnelle qui interroge l’équilibre entre justice et raison d’État. Une dĂ©tention sous haute sĂ©curitĂ© Pour la première fois dans l’histoire de la RĂ©publique, un ancien chef d’État français dort derrière les barreaux. CondamnĂ© Ă  cinq ans de prison, dont deux ferme, pour association de malfaiteurs dans le cadre du financement libyen de sa campagne prĂ©sidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© Ă  la prison de la SantĂ©. Deux officiers du Service de la protection (SDLP), dĂ©pendant du ministère de l’IntĂ©rieur, ont Ă©tĂ© installĂ©s dans une cellule voisine de la sienne. ArmĂ©s – ce qui est strictement interdit en dĂ©tention -, ils assurent une surveillance 24 heures sur 24. Une « situation inĂ©dite », reconnaĂ®t un cadre de l’administration pĂ©nitentiaire, soulignant qu’aucun autre dĂ©tenu n’a jamais bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un tel dispositif. Colère des syndicats Cette prĂ©sence armĂ©e fait bondir les syndicats de surveillants. « On transforme une prison en bunker prĂ©sidentiel », dĂ©nonce FO-Justice, qui fustige un privilège dangereux pour l’égalitĂ© entre dĂ©tenus et l’autoritĂ© des agents pĂ©nitentiaires. Le ministère, lui, assume pleinement : « Il n’était pas question de prendre le moindre risque concernant un ancien chef d’État exposĂ© Ă  des menaces multiples », justifie-t-on place Beauvau. Justice ou raison d’État ? Au-delĂ  du choc symbolique, cette dĂ©cision relance un vieux dĂ©bat : comment concilier le respect de la loi et la protection des institutions qu’incarnent les anciens dirigeants ? Ă€ 70 ans, Nicolas Sarkozy devient le premier ex-prĂ©sident de l’Union europĂ©enne effectivement incarcĂ©rĂ©. Pour le gouvernement, cette incarcĂ©ration tĂ©moigne de la force de la justice française. Ses opposants y voient au contraire une justice d’exception, maquillĂ©e en exemplaritĂ©. Un message ambigu L’affaire dĂ©passe la seule dimension judiciaire. Le dossier libyen touche aux relations franco-africaines, aux circuits financiers opaques et aux secrets d’État. En protĂ©geant Sarkozy jusqu’en prison, Paris cherche aussi Ă  Ă©viter tout incident diplomatique et Ă  prĂ©server la continuitĂ© de l’État. Ce dispositif paradoxal envoie un message double : la RĂ©publique sait condamner ses puissants, mais continue de les protĂ©ger comme des symboles nationaux. Entre justice et raison d’État, l’incarcĂ©ration de Nicolas Sarkozy devient moins une sanction qu’un rĂ©vĂ©lateur des ambiguĂŻtĂ©s de la dĂ©mocratie française.

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Diplomatie féministe :  l’Afrique centrale, un engagement à consolider

Alors que Paris réunit les actrices et acteurs mondiaux de la diplomatie féministe (22 – 23 octobre 2025), la question de l’égalité de genre résonne particulièrement en Afrique centrale, où les progrès réalisés restent fragiles et contrastés. Dans cette région marquée par des inégalités structurelles, des conflits persistants et des crises économiques récurrentes, les femmes demeurent au cœur des luttes pour la justice sociale, la paix et la gouvernance inclusive. Le Cameroun, entre avancées institutionnelles et défis persistants Au Cameroun, des efforts notables ont été entrepris ces dernières années pour promouvoir les droits des femmes. Le gouvernement a adopté plusieurs cadres juridiques favorables à l’égalité, tels que la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (2020-2030) et l’intégration du genre dans les politiques publiques. Des femmes occupent désormais des postes de responsabilité, aussi bien dans la diplomatie que dans la haute administration. Toutefois, ces progrès se heurtent à des résistances profondes : le poids des traditions patriarcales, la faible représentation politique (moins de 35 % de femmes à l’Assemblée nationale) et les violences basées sur le genre demeurent des obstacles majeurs. Dans les zones anglophones et à l’Extrême-Nord, les conflits ont aggravé la vulnérabilité des femmes, souvent victimes de déplacements, d’abus et d’exclusion économique. Une diplomatie féministe encore émergente En Afrique centrale, l’idée même de diplomatie féministe commence à peine à s’ancrer dans les politiques étrangères et régionales. Le Cameroun, comme le Congo, le Gabon ou le Tchad, n’a pas encore formalisé une telle approche. Pourtant, plusieurs initiatives de la société civile ouvrent la voie : réseaux de femmes médiatrices, organisations de défense des droits humains, coalitions pour la paix et la participation politique. Ces acteurs plaident pour que les gouvernements adoptent une diplomatie sensible au genre, intégrant les femmes dans les processus de décision, de négociation et de reconstruction post-conflit. Un enjeu régional de stabilité et de développement L’Afrique centrale ne peut espérer une paix durable ni un développement inclusif sans l’implication pleine et entière des femmes. Promouvoir une diplomatie féministe régionale signifierait reconnaître leur rôle stratégique dans la prévention des conflits, la médiation et la résilience communautaire. La Conférence de Paris représente ainsi une opportunité pour le Cameroun et ses voisins de s’engager davantage, non seulement par des discours, mais par des politiques concrètes et financées, afin de transformer l’égalité de genre en moteur de stabilité et de prospérité pour toute la région.

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Cameroun : la Génération Z post électorale, nouvelle menace ou nouvel espoir ?

Dans un Cameroun en tension après la prĂ©sidentielle,  et plus encore, dès la proclamation officelle des rĂ©sultats de la prĂ©sidentielle – 23 octobre 2025, qui aura opposĂ©e le prĂ©sident sortant Paul Biya, Ă  son ancien ministre, Issa Tchiroma Bakary, la jeunesse hyperconnectĂ©e nĂ©e avec Internet – la GĂ©nĂ©ration Z – redĂ©finit les codes de la mobilisation politique. Entre diaspora, innovation numĂ©rique et dĂ©fiance envers les institutions, cette « rĂ©volution silencieuse Â» impose au pouvoir vieillissant de nouveaux rapports de force. 1. Le sĂ©isme invisible d’une jeunesse numĂ©rique Ă€ l’heure oĂą le Conseil constitutionnel s’apprĂŞte Ă  proclamer les rĂ©sultats de la prĂ©sidentielle, le Cameroun retient son souffle. Les rues sont calmes, mais les rĂ©seaux s’enflamment. Sous les hashtags #MyVoteMyVoice, #Cameroun2025 ou #GenZRevolt, des milliers de jeunes partagent vidĂ©os, tĂ©moignages et cartes citoyennes des incidents Ă©lectoraux. « Nous ne croyons plus aux leaders, mais aux causes. Nos rĂ©seaux sont notre parti », confie un jeune activiste de Douala sous pseudonyme, contactĂ© via Telegram. Ces jeunes Camerounais – nĂ©s avec la 4G et la dĂ©fiance – n’occupent plus les places publiques, mais les timelines.Leur arme : la connectivitĂ©. Leur terrain : le flux. Leur ambition : forcer le pouvoir Ă  se rĂ©inventer. 2. Une gĂ©nĂ©ration africaine : connectĂ©e, globale et dĂ©terminĂ©e Selon la Banque mondiale, 65 % des Camerounais ont moins de 30 ans. Parmi eux, la GĂ©nĂ©ration Z – nĂ©e entre 1995 et 2010 – reprĂ©sente près de 5,8 millions de citoyens. Leur Ă©ducation s’est faite dans un monde numĂ©rique, mondialisĂ© et multiculturel. Ils parlent autant anglais que pidgin, français ou argot web.Leur culture politique se forge sur TikTok, X (ex-Twitter), YouTube et Telegram, plutĂ´t que dans les sections de partis. « La jeunesse camerounaise n’attend plus la permission de parler. Elle a ses propres canaux, ses propres algorithmes et son propre tempo », explique un chercheur en communication politique Ă  l’UniversitĂ© de YaoundĂ© II. DĂ©sabusĂ©s par la politique traditionnelle, ces jeunes investissent le champ de la contestation symbolique et numĂ©rique : vidĂ©os virales, enquĂŞtes collaboratives, cybercampagnes ou data militante. Leur logique : dĂ©centralisĂ©e, agile, mouvante. Leur influence : exponentielle. Aucune barrière psychologique. 3. Diaspora et transversalitĂ© : la nouvelle internationale numĂ©rique Cette GĂ©nĂ©ration Z ne s’arrĂŞte pas aux frontières. Elle tisse des liens puissants avec une diaspora estimĂ©e Ă  près d’un million de Camerounais, rĂ©partis entre l’Europe, le Canada et les États-Unis. Ces expatriĂ©s alimentent un flux d’informations, de financements et de formation Ă  distance. « Ce que vit le Cameroun s’inscrit dans un mouvement panafricain : la jeunesse se coordonne, partage des mĂ©thodes et apprend Ă  contourner la censure », explique une chercheuse camerounaise, qui a  prĂ©fĂ©rĂ© l’anonymat. Des plateformes comme Signal, Ushahidi ou MapHub servent Ă  cartographier les violences, diffuser des preuves, ou alerter les ONG en temps rĂ©el. Ce maillage transnational donne naissance Ă  une vĂ©ritable « internationale numĂ©rique africaine Â», dĂ©jĂ  active de Dakar Ă  Nairobi, en passant par Kinshasa et Abidjan. 4. Face Ă  elle, un pouvoir restĂ© analogique Depuis son indĂ©pendance, en 1960, le rĂ©gime camerounais repose sur une architecture de contrĂ´le : rĂ©pression, manipulation identitaire, cooptation des Ă©lites, et un appareil sĂ©curitaire redoutĂ©. Mais cette mĂ©canique s’essouffle face Ă  un adversaire sans visage. « Le pouvoir est pyramidal, la GĂ©nĂ©ration Z est en rĂ©seau », rĂ©sume un politologue camerounais basĂ© Ă  Bruxelles. « C’est une asymĂ©trie que la rĂ©pression classique ne sait plus gĂ©rer ». Les tentatives de blackout d’Internet n’ont plus l’effet escomptĂ© : les jeunes utilisent des VPN, proxys, messageries cryptĂ©es et des relais dans la diaspora.La censure devient contre-productive, dĂ©clenchant immĂ©diatement des rĂ©actions internationales et des campagnes de dĂ©nonciation. 5. Les foyers sous tension : YaoundĂ©, Douala, Bafoussam Trois villes cristallisent l’attention des observateurs : Selon un rapport d’International Crisis Group, « l’urbanisation rapide, la prĂ©caritĂ© et la montĂ©e des frustrations crĂ©ent un climat d’explosion latente ». Les campus, notamment celui de Ngoa-EkellĂ©, sont surveillĂ©s, tandis que les marchĂ©s populaires deviennent des lieux d’expression politique dĂ©tournĂ©e. 6. Enjeux Ă©conomiques et stratĂ©giques L’enjeu dĂ©passe le politique. Le Cameroun, carrefour du Golfe de GuinĂ©e et 14e Ă©conomie d’Afrique, est au cĹ“ur de la stabilitĂ© rĂ©gionale. Toute crise prolongĂ©e affecterait les flux pĂ©troliers, les corridors logistiques vers le Tchad et la RCA, et les investissements Ă©trangers. Les acteurs Ă©conomiques observent avec inquiĂ©tude cette montĂ©e de la contestation numĂ©rique. Les opĂ©rateurs tĂ©lĂ©coms, sous pression, sont contraints d’arbitrer entre sĂ©curitĂ© nationale et libertĂ©s numĂ©riques. Les investisseurs Ă©trangers scrutent la situation post-Ă©lectorale, craignant que les blocages politiques freinent l’économie dĂ©jĂ  ralentie par l’inflation et les tensions sĂ©curitaires au Nord-Ouest. 7. RĂ©pression et innovation : la cyberguerre intĂ©rieure Le pouvoir, conscient de cette mutation, a modernisĂ© son arsenal : Mais ces outils se heurtent Ă  une gĂ©nĂ©ration technophile, polyglotte et formĂ©e Ă  l’OSINT (open source intelligence). Les jeunes militants utilisent l’IA pour analyser les donnĂ©es, gĂ©nĂ©rer des visuels, et dĂ©crypter la propagande. « En voulant contrĂ´ler la narration, le pouvoir amplifie celle de ses adversaires », avertit un consultant en renseignement Ă©conomique. 8. Une gĂ©nĂ©ration sans leader, mais avec une vision Contrairement aux oppositions classiques, la Gen Z ne cherche pas de sauveur politique. Elle veut des systèmes, pas des hommes. Son discours est celui de la transparence, de la mĂ©ritocratie, de l’écologie et de la justice sociale.De plus en plus de jeunes Camerounais s’orientent vers les startups, la tech, les mĂ©dias citoyens et la data governance. Ils ne veulent plus fuir, mais transformer. Et ils savent que le numĂ©rique leur offre le levier que la politique leur a refusĂ©. 9. Diagnostic : la fin d’un cycle historique Le Cameroun se trouve Ă  un carrefour stratĂ©gique : d’un cĂ´tĂ©, un pouvoir centralisĂ©, issu du modèle postcolonial ; de l’autre, une jeunesse mondialisĂ©e et insaisissable. « Ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas une simple Ă©lection, mais la fin d’un mode de gouvernance », analyse un diplomate africain -sous anonymat. La pĂ©riode post-Ă©lectorale – l’après proclamation de la prĂ©sidentielle, le 23 octobre 2025,  s’annonce donc dĂ©cisive : la manière dont le pouvoir gĂ©rera cette tension gĂ©nĂ©rationnelle dĂ©terminera la stabilitĂ© politique, la sĂ©curitĂ©

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PrĂ©servation de la paix en Sanaga-Maritime : le prĂ©fet Cyrille Yvan Abondo appelle Ă  l’unitĂ© et Ă  la responsabilitĂ©

Le prĂ©fet du dĂ©partement de la Sanaga-Maritime, Cyrille Yvan Abondo, a prĂ©sidĂ©, ce 21 octobre 2025, une importante rĂ©union dans la salle de confĂ©rences de la prĂ©fecture d’ÉdĂ©a. Unique point inscrit Ă  l’ordre du jour : la prĂ©servation de la paix et de la cohĂ©sion sociale sur l’ensemble de son territoire de commandement. Cette rencontre, qui s’est tenue dans un contexte national particulièrement tendu, a rassemblĂ© les responsables des forces de maintien de l’ordre et de sĂ©curitĂ©, les sous-prĂ©fets des arrondissements d’ÉdĂ©a 1er et 2e, ainsi que de nombreux leaders religieux, communautaires et acteurs de la sociĂ©tĂ© civile. Un climat post-Ă©lectoral sous haute tension Depuis le 12 octobre 2025, le climat politique au Cameroun est marquĂ© par une vive tension, consĂ©cutive aux dĂ©clarations du candidat Issa Tchiroma, qui s’est auto-proclamĂ© vainqueur de l’élection prĂ©sidentielle, sans attendre la proclamation officielle des rĂ©sultats par le Conseil Constitutionnel, seule instance habilitĂ©e Ă  cet effet. Ces dĂ©clarations jugĂ©es prĂ©maturĂ©es et provocatrices ont entraĂ®nĂ© une sĂ©rie de troubles dans plusieurs villes du pays, notamment Ă  YaoundĂ© (quartier Tshinga), Garoua, Dschang et Douala, oĂą des affrontements violents ont opposĂ© militants de partis d’opposition aux forces de l’ordre. SituĂ©e Ă  un carrefour stratĂ©gique entre Douala, YaoundĂ© et Kribi, la ville d’ÉdĂ©a, bien que jusqu’ici Ă©pargnĂ©e, n’est pas Ă  l’abri d’un Ă©ventuel embrasement de la rue, d’oĂą l’importance de l’initiative du prĂ©fet. Appel au calme et rappel de l’État de droit Dans son adresse aux participants, le prĂ©fet Cyrille Yvan Abondo a tendu la main aux leaders religieux et communautaires, les appelant Ă  jouer un rĂ´le de mĂ©diation et de sensibilisation pour Ă©viter tout dĂ©rapage. « Le Cameroun est un État de droit. En cas de contestation, des voies de recours lĂ©gales existent. Ce n’est ni dans la rue, ni par la violence qu’on construit une nation stable », a-t-il dĂ©clarĂ© d’un ton ferme mais apaisant. Il a par ailleurs soulignĂ© que la campagne Ă©lectorale et les opĂ©rations de vote se sont dĂ©roulĂ©es dans le calme, sans incidents majeurs, et que chaque citoyen a pu exprimer librement son choix parmi les douze candidats en lice. Un front commun pour la paix La coexistence pacifique et le vivre-ensemble, vĂ©ritables marqueurs identitaires de la Sanaga-Maritime, doivent Ă  tout prix ĂŞtre prĂ©servĂ©s et encouragĂ©s, a martelĂ© le prĂ©fet. Il a Ă©galement mis en garde contre les tentatives de manipulation, notamment auprès de la jeunesse, et rappelĂ© que les forces de l’ordre restent mobilisĂ©es pour garantir la sĂ©curitĂ© des personnes et des biens : « Force restera Ă  la loi », a-t-il insistĂ©. Un engagement unanime des leaders communautaires Dans une ambiance solennelle, plusieurs personnalitĂ©s religieuses et communautaires ont pris la parole pour exprimer leur soutien Ă  la dĂ©marche rĂ©publicaine du prĂ©fet : Mgr DieudonnĂ© Ntep, Ă©vĂŞque du diocèse d’ÉdĂ©a, a appelĂ© les fidèles Ă  prier pour la paix. Le prĂ©sident du Conseil des Églises PresbytĂ©riennes du Cameroun (CEPCA) a saluĂ© la posture des autoritĂ©s. Les imams du marchĂ© central, de la grande mosquĂ©e d’ÉdĂ©a et de celle d’ÉdĂ©a II ont unanimement condamnĂ© la violence et se sont engagĂ©s Ă  promouvoir un message d’apaisement dans leurs lieux de culte. Les acteurs sociaux Ă©galement mobilisĂ©s Le prĂ©sident du syndicat des moto-taximen, M. Armel Massoda Pipa, a rassurĂ© les autoritĂ©s que ses membres ne sauraient servir de relais Ă  des troubles : « Le dĂ©sordre ne passera pas par les moto-taximen. Nous sommes artisans de paix et de sĂ©curitĂ© », a-t-il affirmĂ©. Dans le mĂŞme esprit, Sa MajestĂ© Ketcha, figure influente de la communautĂ© originaire de l’Ouest, a indiquĂ© avoir dĂ©jĂ  initiĂ© une campagne de sensibilisation auprès de ses compatriotes. De son cĂ´tĂ©, Awa Peter, reprĂ©sentant de la communautĂ© anglophone, a renouvelĂ© son engagement Ă  soutenir les actions des autoritĂ©s administratives, pour que le Cameroun reste un pays stable, tournĂ© vers le dĂ©veloppement. En attendant le verdict du Conseil Constitutionnel Cette rĂ©union intervient Ă  la veille de l’ouverture du contentieux Ă©lectoral devant le Conseil Constitutionnel, appelĂ© Ă  statuer sur plusieurs recours en annulation et dĂ©nonciations de fraudes Ă©lectorales introduits par certains candidats. Dans ce contexte sensible, les autoritĂ©s de la Sanaga-Maritime affichent leur volontĂ© de jouer la carte de la prĂ©vention, du dialogue et de la fermetĂ© rĂ©publicaine, pour Ă©viter toute escalade dans une rĂ©gion considĂ©rĂ©e comme un bastion de stabilitĂ©. Simon Emmanuel Minyem

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Cameroun-France  : Une guerre informationnelle en pleine tension post-électorale

 Alors que le Cameroun attend la proclamation officielle des rĂ©sultats de l’élection prĂ©sidentielle, une fausse alerte d’évacuation diffusĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux et attribuĂ©e Ă  tort Ă  l’ambassade de France a embrasĂ© la sphère numĂ©rique.  Derrière ce qui pourrait sembler ĂŞtre une simple rumeur se dessine un pattern inquiĂ©tant de dĂ©sinformation ciblĂ©e, rĂ©vĂ©lateur de tensions politiques internes mais aussi de dynamiques gĂ©ostratĂ©giques rĂ©gionales. Une fausse alerte virale, une ambassade ciblĂ©e Depuis mardi, un communiquĂ© falsifiĂ©, prĂ©tendument Ă©mis par l’ambassade de France au Cameroun, appelle les ressortissants français Ă  quitter le pays dans un dĂ©lai de 72 heures. DiffusĂ© sur WhatsApp, Facebook et TikTok, le faux message a cumulĂ© plus de 500 000 vues sur la seule plateforme TikTok. Il fait explicitement rĂ©fĂ©rence Ă  une supposĂ©e insĂ©curitĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e par les tensions entourant les rĂ©sultats Ă©lectoraux. L’ambassade de France a rapidement rĂ©agi sur son compte officiel Facebook : Â« Ces faux comptes ne constituent pas, comme ils le prĂ©tendent, des communiquĂ©s officiels (…). Il s’agit d’une fausse information Ă  visĂ©e malveillante Â», peut-on lire dans un communiquĂ© officiel publiĂ© mardi soir. DĂ©sinformation politique ou ingĂ©rence stratĂ©gique ? Cette tentative de manipulation de l’opinion intervient dans un climat tendu. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication et candidat autoproclamĂ© vainqueur de l’élection prĂ©sidentielle, a vu ses partisans manifester dans plusieurs grandes villes (Douala, YaoundĂ©, Garoua), dĂ©nonçant une fraude Ă©lectorale prĂ©sumĂ©e. Le gouvernement camerounais, pour sa part, appelle au calme. Selon un analyste en sĂ©curitĂ© rĂ©gionale, Â« ce type de dĂ©sinformation vise Ă  amplifier les perceptions d’instabilitĂ©, Ă  saper la crĂ©dibilitĂ© de l’État et Ă  prĂ©senter les puissances Ă©trangères comme en perte de confiance envers le pays. C’est une forme moderne de guerre hybride Â». Un schĂ©ma qui se rĂ©pète en Afrique francophone Ce n’est pas un cas isolĂ©. En mai 2025, une infox similaire a visĂ© l’ambassade de France en CĂ´te d’Ivoire, prĂ©tendant qu’elle appelait ses ressortissants Ă  quitter le territoire ivoirien, en plein dĂ©bat sur la rĂ©forme constitutionnelle. Ce type de campagne suit une logique : fragiliser les liens diplomatiques entre Paris et ses partenaires africains, dans un contexte oĂą la prĂ©sence française est de plus en plus contestĂ©e dans plusieurs pays du Sahel et d’Afrique centrale. Impacts sĂ©curitaires et Ă©conomiques : une Ă©quation Ă  plusieurs inconnues Outre l’impact sur l’opinion publique, ces manĹ“uvres ont des consĂ©quences concrètes sur l’environnement sĂ©curitaire et les investissements Ă©trangers. La seule rumeur d’évacuation peut suffire Ă  crĂ©er un effet domino : retrait d’investissements, ralentissement des opĂ©rations logistiques, dĂ©sorganisation d’ONG internationales. Â« Dans un pays comme le Cameroun, oĂą l’équilibre entre sĂ©curitĂ© et dĂ©veloppement Ă©conomique reste fragile, ce type de dĂ©sinformation peut faire vaciller des secteurs entiers, du BTP aux tĂ©lĂ©communications Â», estime une source proche d’une Chambre de commerce europĂ©enne.  Une guerre cognitive en toile de fond Le cas camerounais illustre les enjeux de guerre cognitive dans les États Ă  forte vulnĂ©rabilitĂ© informationnelle. Les campagnes de dĂ©sinformation – qu’elles soient pilotĂ©es par des acteurs internes ou des puissances Ă©trangères – cherchent Ă  influer sur la perception, la confiance institutionnelle et le climat sĂ©curitaire. Dans cette optique, la vigilance numĂ©rique devient un enjeu stratĂ©gique, au mĂŞme titre que la surveillance des frontières ou la lutte contre le terrorisme. « Les ambassades ne sont plus seulement des cibles diplomatiques : elles sont devenues des marqueurs symboliques de la stabilitĂ© ou de l’instabilitĂ©. Les attaquer, mĂŞme virtuellement, c’est s’attaquer Ă  l’architecture internationale du pays Â», conclut  VĂ©ronique L.  une chercheuse en intelligence Ă©conomique Ă  l’UniversitĂ© de Genève. Ce nouvel Ă©pisode de dĂ©sinformation au Cameroun confirme une tendance rĂ©gionale : les fausses alertes diplomatiques sont devenues des armes d’influence dans des contextes Ă©lectoraux et gĂ©opolitiques inflammables. Alors que le pays retient son souffle avant la proclamation officielle des rĂ©sultats, la guerre ne se joue pas seulement dans la rue, mais aussi – et peut-ĂŞtre surtout – dans les espaces numĂ©riques. EncadrĂ© – Les chiffres clĂ©s :

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Guinée équatoriale : Le VP accuse la France de vouloir déstabiliser le pays

Le vice-président de la Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a accusé la France de chercher à déstabiliser son pays, l’accusant de soutenir des opposants qu’il qualifie d’« instigateurs de haine ». Dans un message publié lundi sur le réseau X (ex-Twitter), le numéro deux du régime a vivement réagi à la nomination de l’activiste équato-guinéen Alfredo Okenve au Prix franco-allemand des droits de l’Homme, annoncée samedi. Exilé en Espagne, Okenve est considéré par le pouvoir de Malabo comme un « traître » à la nation. « La France récompense ceux qui sèment la division, en les encourageant à perturber la paix et à agir contre leurs propres frères », a écrit le vice-président. Il accuse Paris d’être à l’origine de « toutes les tentatives visant à saper la paix en Guinée équatoriale ». Cette déclaration marque une rare sortie diplomatique à l’encontre de la France, alors que les relations entre Malabo et plusieurs capitales européennes se sont tendues ces dernières années, notamment autour des questions de droits humains et de gouvernance.

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Cameroun -Présidentielle : Entre maintien du régime et basculement latent

 À la veille de la proclamation des résultats de la présidentielle, quels sont les scénarios de risque pour Yaoundé ? Avec l’annonce imminente des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Paul Biya espère un nouveau mandat. Mais face à une opposition en rebond, un climat de méfiance institutionnelle et une triple crise sécuritaire, le Cameroun se trouve à un carrefour géopolitique, économique et stratégique – avec des retombées qui dépassent ses frontières. Le Cameroun s’apprête à franchir une étape politique majeure. Après le scrutin du 12 octobre 2025, les résultats officiels doivent être proclamés d’ici le 26 octobre par la Cour constitutionnelle. L’opposition, conduite notamment par Issa Tchiroma Bakary, revendique déjà la victoire, tandis que le pouvoir balaie ces affirmations. Or, ce qui se joue n’est pas seulement la reconduction d’un président, Paul Biya, c’est aussi la stabilité d’un État confronté à des défis internes profonds, avec un impact direct sur sa stratégie régionale, ses partenaires économiques et sa sécurité nationale. Le Cameroun vit sous la direction de Paul Biya depuis plus de quatre décennies, et cette élection ne ressemble pas aux précédentes. L’interdiction de la candidature de l’opposant de premier plan Maurice Kamto a été perçue comme un signe d’asymétrie démocratique renforcée. Le système électoral est critiqué pour son manque de transparence, ce qui affaiblit la légitimité perçue du scrutin. Sur le plan sécuritaire, les menaces sont multiples : 2. Scénarios de risque pour le Cameroun à l’annonce des résultats a) Reconduction de Biya avec contestation contrôlée Dans ce scénario « modéré », Biya est proclamé vainqueur. L’opposition proteste, des heurts isolés surviennent, mais l’ordre est globalement maintenu grâce à l’appareil sécuritaire. Cependant, la légitimité est affaiblie, le sentiment d’exclusion croît, et la marge de manœuvre du gouvernement pour mener des réformes se réduit. b) Victoire revendiquée de l’opposition + rejet par le pouvoir L’opposition clame « victoire » (comme l’a déjà fait Tchiroma) alors que les résultats officiels vont dans un autre sens. Cela ouvre la voie à des mobilisations dans les grandes villes (Yaoundé, Douala) et dans les régions du Nord‑Ouest / Sud‑Ouest. Le gouvernement pourrait alors répondre par des mesures coercitives (internet coupé, forces de l’ordre massées). Le risque est double : perte de contrôle et radicalisation de certains groupes. c) Incident sécuritaire majeur ou implosion dans une zone de conflit La proclamation des résultats pourrait être l’étincelle dans des zones pré‑conflictuelles : régions anglophones, Extrême‑Nord. Une attaque djihadiste, une explosion des séparatistes ou un incident violent pourrait déclencher un dérèglement plus large. Ce scénario comporte un risque de contagion vers les États voisins, notamment le Nigeria, et une crise régionale. 3. Implications géopolitiques et sécuritaires pour le pays et la région 4. Ce que devrait surveiller l’État camerounais et ses partenaires La proclamation imminente des résultats de l’élection présidentielle au Cameroun constitue un moment charnière : il ne s’agit pas seulement de savoir qui présidera le pays, mais de mesurer la capacité de l’État à renouveler sa légitimité, à gérer ses défis internes et à maintenir son rôle régional. Le « réelment » gagnant sera davantage celui qui préservera la stabilité et la confiance que celui qui remportera le score électoral. Pour ses voisins et partenaires, en particulier du Nigeria, et pour les acteurs économiques, la question est simple : ce scrutin sera‑t‑il un facteur de renforcement ou, au contraire, de fragilisation ?

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Bassin du Congo : Quand la Francophonie mise sur l’innovation verte pour changer le monde

Pari rĂ©ussi pour la Francophonie dans le Bassin du Congo. Entre 2021 et 2025, le Projet de dĂ©ploiement des technologies et innovations environnementales (PDTIE) a transformĂ© deux pays stratĂ©giques – Cameroun et RDC – en pĂ´les d’innovation verte. Ă€ la croisĂ©e des enjeux gĂ©opolitiques, Ă©conomiques et climatiques, cette initiative illustre une diplomatie de la science au service du dĂ©veloppement durable. « Dans la recherche, il faut ouvrir les vannes de l’imagination ». Cette phrase de Joseph Pondi, coordinateur du PDTIE Ă  YaoundĂ©, rĂ©sume l’esprit pionnier du projet menĂ© sous l’égide de la Francophonie entre 2021 et 2025 dans le Bassin du Congo. Avec 70 000 jeunes formĂ©s, 151 innovations soutenues et deux Fab Labs créés, cette initiative financĂ©e Ă  hauteur de 5 millions d’euros incarne une diplomatie de l’innovation au service de la souverainetĂ© technologique et Ă©cologique des États africains. Le Bassin du Congo, second poumon de la planète après l’Amazonie, concentre des enjeux majeurs : climat, biodiversitĂ©, sĂ©curitĂ© alimentaire, mais aussi stabilitĂ© gĂ©opolitique et Ă©conomie circulaire. Dans cette zone Ă  forte pression sur les ressources naturelles, l’innovation devient un outil stratĂ©gique de rĂ©silience. Une innovation au fĂ©minin pluriel La singularitĂ© du PDTIE ? Sa capacitĂ© Ă  catalyser des dynamiques locales portĂ©es par la jeunesse – et surtout par les femmes, longtemps sous-reprĂ©sentĂ©es dans la recherche scientifique en Afrique centrale (moins de 10 % en RDC, 22 % au Cameroun). Des figures comme Justine Neema (tuiles en plastique recyclĂ©), Rebecca Kapanga (phytothĂ©rapie contre la drĂ©panocytose) ou Tatiane Marina Abo, qui a reprĂ©sentĂ© le Cameroun Ă  la COP28 avec ses panneaux isolants en fibres de bananier, tĂ©moignent de cette effervescence fĂ©minine. « Nous apportons notre petite pierre Ă  la santĂ© publique. Les femmes doivent innover pour sauver des vies », insiste Merveille Ngbanzo, crĂ©atrice d’un antipaludique innovant Ă  Kinshasa. Technologie, souverainetĂ© et sĂ©curitĂ© Ă©conomique Le PDTIE s’inscrit dans une logique d’intelligence Ă©conomique francophone, renforçant les capacitĂ©s technologiques locales. Deux Fab Labs de pointe – Ă  YaoundĂ© et Bukavu – jouent le rĂ´le de catalyseurs : impression 3D, CNC 5 axes, logiciels de conception, robotique… Ces infrastructures renforcent les chaĂ®nes de valeur locales et protègent la propriĂ©tĂ© intellectuelle. Avec près de 100 brevets et modèles dĂ©posĂ©s, l’Afrique centrale prend part Ă  la compĂ©tition technologique mondiale. L’équipe de Mipromalo, au Cameroun, a dĂ©posĂ© les premiers brevets de son histoire. En RDC, des produits cosmĂ©tiques et pharmaceutiques (savons, larvicides, dentifrices) sont dĂ©jĂ  commercialisĂ©s sous la marque Royal. Patrick Memvanga, coordinateur au CRITESS (UniversitĂ© de Kinshasa), rappelle que « la confiance mutuelle et la rigueur scientifique sont la clĂ© de cette rĂ©ussite ». Vers une souverainetĂ© scientifique africaine Au-delĂ  des chiffres (85 thèses, 79 modules de e-learning, 74 emplois directs créés), le PDTIE marque un tournant gĂ©ostratĂ©gique. Il illustre un modèle d’innovation endogène, basĂ© sur les ressources locales, l’inclusion et l’écologie. Le projet a dĂ©montrĂ© que les dĂ©chets peuvent devenir des ressources : emballages en cabosses de cacao, papiers biodĂ©gradables, machines agricoles low-tech, poubelles intelligentes… Autant d’initiatives qui dessinent un futur africain sobre en carbone et riche en idĂ©es. « Le sentiment d’appropriation est tangible », confirme Fabrice Lukeba, coordinateur du Fab Lab Éco-DĂ©chets Ă  Bukavu. ContinuitĂ© stratĂ©gique : une Francophonie de l’action Fort du succès du PDTIE, un nouveau projet rĂ©gional a vu le jour sous l’égide de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : le programme Soutien aux initiatives environnementales dans le Bassin du Congo, dotĂ© de 4,775 millions d’euros. Il vise Ă  Ă©largir l’impact Ă  l’échelle rĂ©gionale, avec plus de 500 femmes et jeunes porteurs de projets en ligne de mire. Lecture stratĂ©gique : innovation, paix et influence Dans un contexte de compĂ©tition accrue pour les ressources (forĂŞts, minerais, terres arables), le PDTIE peut ĂŞtre lu comme un instrument de soft power francophone. Il positionne la Francophonie non seulement comme un espace culturel, mais comme un levier de transformation technologique et Ă©cologique, au service de la paix, de la sĂ©curitĂ© humaine et de l’influence gĂ©opolitique. En favorisant l’innovation inclusive, l’accès au brevet, la valorisation des savoirs autochtones et la formation massive, le projet inscrit le Bassin du Congo dans une trajectoire de souverainetĂ© durable et d’autonomie stratĂ©gique.Dans le Bassin du Congo, la Francophonie a montrĂ© qu’un autre modèle de dĂ©veloppement est possible : dĂ©centralisĂ©, inclusif, ancrĂ© dans les rĂ©alitĂ©s locales et rĂ©solument tournĂ© vers l’avenir. Ă€ l’heure des grandes transitions globales, ce pari sur l’intelligence verte pourrait bien ĂŞtre l’une des plus belles rĂ©ussites diplomatiques du dĂ©veloppement durable en Afrique. Chiffres-clĂ©s

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Cameroun : l’État contre l’emballement numérique post-électoral

Quatre jours après le scrutin prĂ©sidentiel du 12 octobre 2025, le Cameroun entre dans une phase dĂ©licate de gestion post-Ă©lectorale. Sur le plan gĂ©opolitique et stratĂ©gique Alors que l’attente des rĂ©sultats officiels continue, le gouvernement camerounais, par la voix de RenĂ© Emmanuel Sadi, ministre de la Communication et porte-parole, met en garde contre ce qu’il qualifie de « dĂ©rives » de certains candidats et mĂ©dias. Le contexte est tendu, les Ă©quilibres fragiles. « Le gouvernement invite les Camerounais Ă  continuer de faire preuve de maturitĂ©, de responsabilitĂ© et de sĂ©rĂ©nitĂ© », dĂ©clare RenĂ© Sadi, dans un ton mĂŞlant fermetĂ© institutionnelle et appel Ă  l’apaisement. Un scrutin sous haute surveillance Le scrutin prĂ©sidentiel s’est dĂ©roulĂ© dans un climat relativement calme, malgrĂ© un contexte sociopolitique encore marquĂ© par la crise anglophone persistante dans les rĂ©gions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les dĂ©fis sĂ©curitaires dans l’ExtrĂŞme-Nord avec les rĂ©sidus de Boko Haram, et une tension politique croissante dans les grands centres urbains. Pourtant, dès la clĂ´ture des bureaux de vote, des leaders de l’opposition ont anticipĂ© la proclamation officielle, certains allant jusqu’à s’autoproclamer vainqueurs sur les rĂ©seaux sociaux. Un geste qualifiĂ© par le gouvernement de « grave atteinte » Ă  la loi Ă©lectorale. Cadre lĂ©gal, souverainetĂ© et contrĂ´le institutionnel Le ministre a rappelĂ© avec insistance le cadre lĂ©gal qui rĂ©git les processus Ă©lectoraux : Le Conseil Constitutionnel seul est habilitĂ© Ă  proclamer les rĂ©sultats officiels, dans un dĂ©lai de 15 jours ;  les commissions locales, dĂ©partementales et nationales doivent d’abord compiler, vĂ©rifier, puis transmettre les rĂ©sultats selon une chaĂ®ne bien Ă©tablie ; chaque Ă©tape inclut la prĂ©sence de reprĂ©sentants des candidats, garantissant une forme de transparence procĂ©durale. Ce rappel Ă  l’ordre institutionnel vise clairement Ă  maintenir la primautĂ© de l’État et Ă  Ă©viter toute contestation prĂ©coce qui pourrait fragiliser la lĂ©gitimitĂ© du processus. Sur le plan diplomatique et sĂ©curitaire Dans une rĂ©gion centrale de l’Afrique oĂą les transitions dĂ©mocratiques restent sensibles (cf. Tchad, Gabon, RDC), le Cameroun tente de projeter une image de stabilitĂ© rĂ©publicaine, en dĂ©pit des critiques rĂ©currentes sur l’opacitĂ© des processus Ă©lectoraux. Ce positionnement est essentiel dans un contexte gĂ©opolitique oĂą le pays reste un pĂ´le de stabilitĂ© stratĂ©gique pour ses partenaires (France, Chine, Russie, États-Unis), notamment dans la lutte contre le terrorisme et le contrĂ´le des flux migratoires. Toute instabilitĂ© post-Ă©lectorale pourrait ĂŞtre interprĂ©tĂ©e comme une brèche gĂ©opolitique dans la rĂ©gion. Implications Ă©conomiques et intelligence stratĂ©gique La pĂ©riode post-Ă©lectorale est cruciale pour la confiance des investisseurs. L’économie camerounaise, rĂ©siliente mais vulnĂ©rable (3,7 % de croissance en 2024 selon la BEAC), dĂ©pend largement de la stabilitĂ© politique pour rassurer les bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque Mondiale) et les investisseurs privĂ©s. Une flambĂ©e de contestation, mĂŞme numĂ©rique, pourrait altĂ©rer les indicateurs de risque-pays, faire chuter la monnaie locale, le franc CFA et geler certains investissements stratĂ©giques, notamment dans les infrastructures, l’agriculture ou les hydrocarbures. Entre vigilance et verrouillage dĂ©mocratique Le message du gouvernement traduit une volontĂ© de maĂ®trise de la narration politique, dans un contexte oĂą les rĂ©seaux sociaux deviennent des arènes concurrentes aux canaux institutionnels. « Toute dĂ©marche contraire au respect de ce processus constitue une atteinte grave Ă  la rĂ©glementation », martèle le ministre, un avertissement direct aux plateformes mĂ©diatiques non conventionnelles, mais aussi aux figures politiques qui capitalisent sur l’instantanĂ©itĂ© numĂ©rique. Un moment pivot pour la dĂ©mocratie camerounaise Ă€ l’heure oĂą le Conseil Constitutionnel s’apprĂŞte Ă  jouer son rĂ´le d’arbitre suprĂŞme, le Cameroun se trouve Ă  un carrefour politique. Soit le pays conforte ses institutions et sa souverainetĂ© juridique, soit il glisse dans un cycle de dĂ©fiance, voire de crise post-Ă©lectorale. Pour les partenaires internationaux, la vigilance est de mise, mais la non-ingĂ©rence semble ĂŞtre le mot d’ordre. Reste Ă  voir si les acteurs politiques camerounais rĂ©pondront, eux aussi, Ă  l’appel du sens civique et patriotique.

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Afrique centrale : le Gabon de Oligui Nguema s’impose comme nouveau pôle de stabilité

Ă€ l’issue du second tour des Ă©lections gĂ©nĂ©rales et locales, l’Union dĂ©mocratique des bâtisseurs (UDB), parti du prĂ©sident Brice Clotaire Oligui Nguema, s’impose comme la force dominante de la nouvelle architecture politique gabonaise. En remportant 102 des 145 sièges Ă  l’AssemblĂ©e nationale, l’UDB atteint la majoritĂ© absolue, redĂ©finissant ainsi les Ă©quilibres institutionnels du pays après la transition ouverte par la chute du rĂ©gime Bongo. Le Parti dĂ©mocratique gabonais (PDG) de l’ancien prĂ©sident Ali Bongo Ondimba, longtemps pilier du système politique, ne sauve que 16 sièges . La stratĂ©gie d’Oligui Nguema : entre stabilitĂ© et recentrage politique PortĂ© au pouvoir en avril après une transition dĂ©licate post-coup d’État d’aoĂ»t 2023, Brice Oligui Nguema a cherchĂ© Ă  lĂ©gitimer son autoritĂ© par les urnes. En mobilisant une majoritĂ© autour de l’UDB, il ancre dĂ©sormais son pouvoir sur des bases Ă©lectorales, rompant avec la logique de gouvernance dynastique incarnĂ©e par les Bongo. Cette victoire offre Ă   Brice Oligui Nguema un levier stratĂ©gique dans la refonte de l’appareil d’État : rĂ©forme de la Constitution, refonte du code Ă©lectoral, et probable remaniement des institutions sĂ©curitaires. Le prĂ©sident bĂ©nĂ©ficie aujourd’hui d’un mandat renforcĂ© pour mener sa politique de « refondation rĂ©publicaine » et de « relance Ă©conomique inclusive ». Impacts rĂ©gionaux et gĂ©opolitiques : un signal fort en Afrique centrale Le Gabon, longtemps perçu comme un bastion de stabilitĂ© relative dans une rĂ©gion en proie aux tensions (Cameroun, Centrafrique, RDC), redevient un acteur Ă  suivre. Pour plusieurs chancelleries occidentales, dont Paris et Washington, le scrutin valide un processus de normalisation. Le Gabon pourrait ainsi retrouver sa pleine participation Ă  la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), suspendue Ă  la suite du putsch. Sur le plan Ă©conomique et sĂ©curitaire Sur le plan Ă©conomique, la stabilitĂ© politique retrouvĂ©e rassure les investisseurs, notamment dans les secteurs stratĂ©giques : pĂ©trole, manganèse, bois et infrastructures portuaires. La majoritĂ© parlementaire permettra au prĂ©sident de faire adopter rapidement des rĂ©formes attendues par les bailleurs internationaux : transparence budgĂ©taire, lutte contre la corruption, renforcement du climat des affaires. D’un point de vue sĂ©curitaire, les autoritĂ©s devraient poursuivre la professionnalisation des forces armĂ©es et la restructuration des services de renseignement, dans une rĂ©gion minĂ©e par les trafics et les ingĂ©rences extĂ©rieures. Le Gabon Ă  l’épreuve du pouvoir civil La victoire de l’UDB marque une Ă©tape dĂ©cisive dans le processus de reconstruction politique du Gabon post-Bongo. Reste Ă  savoir si cette concentration du pouvoir entre les mains de Brice Oligui Nguema favorisera une transformation institutionnelle pĂ©renne ou si elle amorcera une nouvelle forme d’hĂ©gĂ©monie politique sous un vernis dĂ©mocratique. Dans les mois Ă  venir, les signaux envoyĂ©s Ă  la sociĂ©tĂ© civile, Ă  l’opposition et Ă  la communautĂ© internationale seront dĂ©terminants.

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