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Les Émirats arabes unis en Afrique centrale : une stratégie d’influence ciblée, le cas du Cameroun

L’influence croissante des Émirats arabes unis (EAU) en Afrique ne se limite plus aux grandes puissances régionales ou aux zones côtières stratégiques.  L’Afrique centrale, longtemps marginalisée dans les dynamiques d’investissements globaux, devient à son tour une zone d’intérêt croissant pour Abou Dhabi. Ce recentrage géographique illustre une ambition claire : étendre leur empreinte à des régions encore peu disputées, tout en sécurisant des ressources et des leviers d’influence politique. Le Cameroun, avec sa position géostratégique entre l’Afrique de l’Ouest et centrale, attire de plus en plus l’attention émiratie. En 2024, des discussions ont été amorcées autour de projets dans les domaines portuaire, énergétique et agricole. Les Émirats envisagent notamment de moderniser des infrastructures logistiques, via DP World, et d’investir dans l’agriculture irriguée dans le Nord-Cameroun, région confrontée à l’insécurité alimentaire et aux effets du changement climatique. Ce type d’initiative renforce non seulement leur image de partenaire du développement, mais aussi leur présence dans des zones frontalières sensibles, où se jouent des enjeux de sécurité transnationale (extrémisme violent, trafics). Au niveau régional, les Émirats ont conclu en 2025 un partenariat économique global (CEPA) avec la République centrafricaine, assorti de projets miniers et d’investissements dans les infrastructures. En parallèle, des initiatives sont en préparation autour du Plan national de développement du Tchad, avec l’organisation d’une table ronde à Abou Dhabi. Cette diplomatie économique vise à positionner les Émirats comme des facilitateurs de stabilité dans une région marquée par l’instabilité politique et le désengagement progressif des bailleurs traditionnels. Sur le plan géoéconomique, ces investissements permettent aux EAU de sécuriser des chaînes d’approvisionnement critiques (or, uranium, agriculture) tout en diversifiant leurs propres relais de croissance. La région, en particulier le Cameroun, constitue un marché en expansion, encore peu saturé, et un point d’ancrage logistique entre Golfe de Guinée et zones sahéliennes. Enfin, la stratégie des Émirats s’inscrit dans un vide géopolitique croissant. Le retrait progressif de la France, la prudence de la Chine, et les limites de l’engagement américain ouvrent un espace que les Émirats investissent avec rapidité et pragmatisme. Pour les États d’Afrique centrale, notamment le Cameroun, ces partenariats offrent des opportunités financières et diplomatiques, mais posent aussi la question de la soutenabilité sociale, environnementale et politique de cette nouvelle dépendance.

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Cameroun/Présidentielle 2025 : 8 millions de voix en jeu, le compte à rebours est lancé

À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. Cette annonce saluée par certains comme un gage de transparence, suscite également attentes dans un climat politique tendu. Conformément aux articles 96 et 97 du Code électoral, le Directeur général des Élections, Dr Erik Essousse, a rendu publiques les listes des électeurs et des bureaux de vote dans chaque commune, ainsi qu’auprès des ambassades et consulats à l’étranger. 31 652 bureaux de vote ont été répertoriés à travers le territoire, et 34 296 électeurs sont inscrits à l’étranger dans 107 bureaux. Cette transparence est essentielle pour éviter les soupçons », souligne un observateur électoral à Yaoundé. Cette publication vise à renforcer la confiance dans le processus électoral, souvent sujet à controverse au Cameroun. Pour Christian Essomba Okah, président de la Commission d’impression du matériel électoral, cela permet aussi d’écarter tout risque de bureaux de vote fictifs. Du côté des états-majors politiques, ces listes sont un outil stratégique : elles permettent de cibler les zones à fort potentiel électoral et de mieux planifier les campagnes de terrain. Pour les observateurs nationaux et internationaux, ces données sont également cruciales pour surveiller le déroulement du scrutin. « L’opinion publique doit savoir combien d’électeurs sont inscrits par commune, et où voter », explique Patrick Pagbe, chef service des listes à Elecam. Les électeurs peuvent consulter ces listes dans les antennes communales ou en ligne via les plateformes numériques d’Elecam – une modernisation saluée, dans un pays où l’accès à l’information électorale a longtemps été jugé opaque. Alors que les tensions préélectorales montent, la publication anticipée des listes vise à prévenir toute contestation post-électorale. Cette ouverture suffira-t-elle à garantir la crédibilité du scrutin et l’acceptation de ses résultats par tous les acteurs politiques ?

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Cameroun et Érythrée : les deux absents du soutien africain à la Palestine

Alors que 52 des 54 États africains ont reconnu l’État palestinien, le silence persistant du Cameroun et de l’Érythrée interroge. Derrière cette abstention diplomatique se dessinent des logiques sécuritaires, historiques et géopolitiques bien spécifiques. Depuis la proclamation de l’indépendance palestinienne à Alger en 1988, la cause palestinienne bénéficie d’un large soutien sur le continent africain. Ce soutien s’inscrit dans une tradition politique de solidarité tiers-mondiste et panafricaniste, incarnée par des figures comme Thomas Sankara, Julius Nyerere ou Nelson Mandela. Plus récemment, la reconnaissance officielle de l’État palestinien par plusieurs pays occidentaux (Irlande, Espagne, Norvège, etc). a contribué à remettre la question au centre des débats diplomatiques mondiaux. Pourtant, au sein de l’Union africaine, deux pays dérogent à cette ligne de solidarité affichée : le Cameroun et l’Érythrée. Leur silence, loin d’être anecdotique, met en lumière une autre lecture de la diplomatie contemporaine africaine : celle des intérêts nationaux. Cameroun : la realpolitik sécuritaire Au Cameroun, la non-reconnaissance de l’État palestinien s’explique en grande partie par la solidité du partenariat sécuritaire avec Israël. Depuis plus de trois décennies, Israël forme et équipe les forces spéciales camerounaises, notamment les unités engagées contre Boko Haram dans le nord et les groupes séparatistes anglophones dans l’ouest. Ce soutien militaire est vital pour le régime de Paul Biya, confronté à plusieurs foyers d’instabilité internes. Reconnaître un État palestinien aujourd’hui serait perçu comme un geste diplomatique risqué, susceptible d’irriter un partenaire stratégique majeur, et d’envoyer un message ambigu aux mouvements séparatistes qui pourraient y voir un précédent ou un soutien implicite à leurs revendications. Comme le souligne David Otto, analyste sécuritaire basé à Genève : « Yaoundé redoute de donner des arguments à ceux qui contestent l’unité nationale, dans un contexte où le régime insiste sur le caractère indivisible du Cameroun ». Érythrée : le poids des rancunes historiques Dans le cas érythréen, l’abstention est davantage alimentée par un contentieux historique que par des considérations sécuritaires contemporaines. Durant les années 1980, alors que l’Érythrée menait sa lutte pour l’indépendance contre l’Éthiopie, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat s’était rangée du côté d’Addis-Abeba. Un choix perçu comme une trahison par les combattants érythréens, qui s’en sont longtemps souvenus. Depuis son indépendance en 1993, l’Érythrée cultive une diplomatie singulière, isolationniste et parfois provocatrice, souvent en rupture avec les positions de l’Union africaine. Son silence vis-à-vis de la Palestine semble s’inscrire dans cette tradition d’indépendance assumée, voire revendiquée, vis-à-vis des grands consensus diplomatiques. Une solidarité africaine aux contours moins homogènes L’abstention du Cameroun et de l’Érythrée ne signifie pas une hostilité ouverte à l’égard de la Palestine. Elle illustre plutôt la complexité croissante des positionnements diplomatiques en Afrique, à l’heure où les logiques de solidarité panafricaine cèdent le pas à des calculs d’intérêts nationaux, sécuritaires ou historiques. Dans un monde multipolaire en recomposition, où chaque alliance compte, la reconnaissance d’un État – aussi symbolique soit-elle  – devient un acte diplomatique hautement stratégique.

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Redessiner la carte : pour une Afrique à sa vraie échelle

Et si l’Afrique n’était pas seulement sous-évaluée économiquement et politiquement, mais aussi… cartographiquement ? À l’occasion de la Biennale Euro-Africa, chercheurs, diplomates et cartographes ont soulevé un point essentiel : notre vision du continent est biaisée, car faussée dès la représentation géographique que nous en avons. Au cœur du problème : la projection de Mercator. Conçue au XVIe siècle pour la navigation maritime européenne, elle demeure largement utilisée dans les manuels scolaires et les outils de géolocalisation modernes. Cette projection déforme la réalité en agrandissant artificiellement les régions proches des pôles, comme l’Europe ou l’Amérique du Nord, et en réduisant celles situées près de l’équateur – en particulier l’Afrique. Résultat : une perception erronée, mais profondément ancrée. Sur ces cartes, le Groenland semble aussi vaste que l’Afrique, alors qu’il est en réalité quatorze fois plus petit. L’Afrique, elle, couvre plus de 30 millions de km². Elle pourrait contenir les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon et toute l’Europe de l’Ouest – ensemble. Pourtant, dans l’imaginaire collectif mondial, elle reste souvent perçue comme un continent « petit », marginal, voire périphérique. Cette distorsion visuelle n’est pas sans conséquences. Comme le rappelle la géographe Vanessa Ehouman : « L’Afrique n’a jamais été petite. C’est notre regard qui l’a rétrécie ». Une carte biaisée produit un imaginaire biaisé. Elle influence les décisions politiques, les investissements économiques, la manière dont les citoyens du monde – y compris les Africains eux-mêmes – perçoivent le continent. « Cartographier, c’est exercer du pouvoir », affirme le géographe Philippe Rekacewicz. Une carte n’est pas neutre : elle hiérarchise l’espace, oriente les regards et donc les priorités. À l’heure où l’Afrique devient un centre stratégique global – avec une population jeune, des ressources naturelles abondantes, des terres arables, un dynamisme entrepreneurial – il est temps de lui rendre sa véritable place sur la carte… et dans les esprits. Face à cela, des alternatives émergent : la projection Gall-Peters, plus fidèle aux surfaces réelles ; des cartes centrées sur l’Afrique ; des visualisations basées sur des flux Sud-Sud ; ou encore des cartes construites à partir de données africaines (infrastructures, réseaux logistiques, zones économiques). Ces initiatives ne visent pas seulement à corriger une image : elles participent d’un mouvement plus large de réappropriation cognitive. L’Union africaine, des ONG, des gouvernements et des universités africaines militent pour une cartographie plus juste, en phase avec des projets ambitieux tels que la ZLECAf, l’intégration numérique ou l’Union monétaire. Redessiner la carte, ce n’est pas effacer les frontières, mais replacer l’Afrique au centre d’un monde qu’elle contribue à façonner. C’est reconnaître sa véritable échelle, sa puissance démographique, économique et culturelle. Une carte juste n’est pas qu’un outil géographique : c’est un pas vers un monde plus équitable, plus lucide, plus équilibré.

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UNESCO : Firmin Édouard Matoko le choix d’avenir pour l’organisation

À l’approche de l’élection du prochain directeur général de l’UNESCO (mandat 2025‑2029), l’affrontement entre le Congolais Firmin Édouard Matoko et l’Egyptien Khaled El-Enany est plus que jamais symbolique. Il ne s’agit pas seulement de deux parcours personnels : c’est une décision structurante pour l’orientation de l’UNESCO dans un monde en recomposition (multilinguisme, financements, gouvernance, pertinence géopolitique, crédibilité intellectuelle). Cet article entend présenter un argumentaire clair et convaincant en faveur de Firmin Edouard Matoko, tout en mettant en lumière les faiblesses de son adversaire. I. Portraits comparés : forces et faiblesses Critère Firmin Édouard Matoko Khaled El‑Enany Âge 69 ans (né en 1956) 54 ans (né en 1971) Formation / études Économie & commerce, Université La Sapienza (Rome); spécialisation relations internationales,Cesare Alfieri (Florence); études diplomatiques à Paris Licence tourisme/guidance, Faculté de Tourisme et Hôtellerie Helwan; DEA & doctorat en égyptologie, Université Paul‑Valéry Montpellier III Parcours professionnel / fonctions Carrière UNESCO complète depuis 1985 : expert éducation, chef de bureau, représentant dans plusieurs régions (Afrique, Amérique latine), direction du département Afrique, depuis 2017 Sous‑Directeur général chargé de la priorité Afrique & des relations extérieures Université (professeur d’égyptologie) ; direction de musées (Musée national de civilisation égyptienne, Musée du Caire) ; ministre des Antiquités (2016‑2019), ministre du Tourisme & Antiquités (2019‑2022) Langues / multilinguisme Français, anglais, italien, espagnol ; niveau intermédiaire en portugais ; apprentissage du lingala et du swahili Arabe (langue maternelle), français, anglais Réseaux institutionnels UNESCO / interne Connaissance intime des organes, des bureaux régionaux, des mécanismes de gouvernance interne ; déjà auditionné aux instances de direction à plusieurs reprises Parcours essentiellement national, sans expérience opérationnelle systématique dans les rouages internes de l’UNESCO (mais bonne notoriété dans le monde du patrimoine et des musées) Support politique / diplomatique Soutien de certains États africains ; sa candidature est présentée comme “interne”, donc cohérente avec la continuité institutionnelle ; argument d’un candidat maison connaissant les arcanes Soutien officiel de l’Égypte, de l’Union africaine, de la Ligue arabe, d’États alliés (notamment dans le monde arabe) Forces de Firmin Edouard Matoko Fimin Edouard Matoko est un « homme du sérail » mais pas un simple bureaucrate : comme il le répète, il connaît l’UNESCO de l’intérieur, ce qui lui permet de proposer des réformes pragmatiques, tout en intégrant la diversité des pays membres. Son parcours combine rigueur intellectuelle (économiste, diplomate) et vision globale. Dans une institution qui se réclame du multilinguisme (français, anglais, espagnol, arabe, etc.), le fait d’être multilingue est un atout pour dialoguer avec tous les États membres – un argument souvent invoqué pour l’UNESCO. Il a exercé dans de nombreux bureaux régionaux, a piloté des programmes éducatifs, culturels ou de paix, et connaît les défis internes : structure, gouvernance, financement et décentralisation. Il sait où il faut faire évoluer l’institution, avec un pied dans la tradition et l’autre dans l’innovation. Parmi ses priorités annoncées : la refonte de la gouvernance, la transparence budgétaire, le renforcement des programmes régionaux, et la redynamisation de l’UNESCO comme « think tank » pour l’éducation, la culture, la paix. Il propose aussi de faire de l’UNESCO une organisation plus mobile, plus « réactive », moins centrée autour du siège uniquement. Originaire du Congo, en Afrique centrale, Firmin Edouard Matoko incarne la pluralité culturelle, il connaît les réalités africaines, latino-américaines, asiatiques, occidentales, grâce à ses missions passées – un atout pour incarner l’universalité de l’UNESCO. Il bénéficie de soutiens régionaux (autorités congolaises, de pays africains, asiatiques, sud-américaines…réseaux culturels). En outre, sa candidature peut séduire les États cherchant un leadership moins polarisé. Faiblesses et risques de El‑Enany Sa dominante est le patrimoine, les musées, la culture nationale – il a moins d’antécédents de gestion institutionnelle globale de l’UNESCO. Cela comporte un risque : lorsqu’il s’agira de piloter des départements éducation, sciences, communication, il pourrait manquer de réflexes institutionnels. En tant qu’ancien ministre, il pourrait être perçu (ou s’auto-percevoir) comme représentant des intérêts égyptiens ou du monde arabe, plutôt que de l’organisation dans sa globalité. Il est en campagne depuis plus de deux ans, ce qui lui a offert du temps de mobilisation, mais l’expose aussi à des critiques (campagnes de lobbying, achats d’influence, accusations de favoritisme) – sans preuve solide mais avec un effet discutable pour la crédibilité. Certains analystes évoquent déjà des tensions autour des questions de transparence et d’équité (allégations de rémunérations, influence diplomatique excessive) – sans preuve solide pour l’instant, mais avec un effet discutable pour la crédibilité. Son profil est très marqué patrimoine, restauration, musées – ce qui peut donner l’impression d’un dirigeant tourné vers le passé plutôt que vers les défis d’avenir (Intelligence artificielle, inclusion numérique, mutations éducatives).En période de révolution technologique et de tensions globales, on pourrait lui reprocher d’être trop « vertébral » ou trop attaché à la tradition, une absence d’agilité. Même s’il parle français et anglais, il est moins polyvalent linguistiquement que Firmin Edouard Matoko sur certains domaines (comme l’espagnol, l’italien, d’autres langues). Ce qui peut être un handicap dans les négociations multilatérales. II. Pour les États électeurs 1. Continuité et Réforme interne Un directeur général issu de l’UNESCO – Firmin Edouard Matoko – garantit une transition plus fluide : il connaît les mécanismes, peut éviter les fractures internes. À l’inverse, une candidature « externe » comporte toujours un temps d’adaptation et un risque de latence de leadership. 2. Le multilinguisme et l’universalité symbolique Dans une institution revendiquant ses racines plurilingues, le choix d’un candidat maîtrisant plusieurs langues, sensible à diverses cultures (Afrique, Amérique latine, Asie, Europe…) plaide en faveur de Firmin Edouard Matoko. Il incarne moins l’image d’une nation particulière que celle d’un pivot universel. 3. Un directeur général comme laboratoire d’idées, non simple gestionnaire Firmin Edouard Matoko milite pour une UNESCO qui bouge, se renouvelle, devient un véritable think tank sur les grands défis (climat, inversion des inégalités, numérique, paix). Ce positionnement plus proactif est crucial pour séduire les États désireux d’une institution plus dynamique et moins figée. 4. La crédibilité et la confiance institutionnelle Un dirigeant disposant d’un capital de confiance interne (personne connue, respectée, ayant déjà été auditionnée) est moins vulnérable aux critiques

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Madagascar : Tensions politiques après une semaine de manifestations

À Madagascar, une nouvelle vague de manifestations a secoué plusieurs villes mercredi, marquant la septième journée de protestation. Ces manifestations sont principalement mené principalement par la jeunesse, notamment le mouvement Gen Z, qui réclame le départ du président Andry Rajoelina. À Antsiranana et Toliara, des milliers de personnes ont manifesté, tandis qu’à Antananarivo, le centre-ville a été bouclé et des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre, qui ont utilisé du gaz lacrymogène. Face à l’ampleur du mouvement, le président Rajoelina a convoqué une réunion au palais présidentiel avec des représentants internationaux. Sa porte-parole a souligné l’absence de leader clair au sein du mouvement, bien que les revendications comme l’accès à l’eau et à l’électricité soient, selon elle, déjà prises en compte avec l’aide d’organisations internationales. Elle a toutefois mis en garde contre une possible suspension de financements en cas d’instabilité politique. La répression a causé au moins 22 morts selon l’ONU, durcissant la mobilisation. Des images d’un enfant blessé ont choqué l’opinion publique. L’opposition, auparavant discrète, s’est désormais ralliée à la contestation, notamment via la plateforme Firaisankina, réunissant des figures comme Siteny Randrianasoloniaiko et Marc Ravalomanana. Plus de 200 ONG locales ont appelé à l’arrêt immédiat de la répression. Un appel à la médiation de l’Église a également été lancé, relayé par un message du pape François. Malgré le limogeage du gouvernement lundi, la tension reste forte. Le mouvement Gen Z appelle désormais à une grève générale, soutenue par des syndicats, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la fonction publique. Les coupures récurrentes d’eau et d’électricité, symboles de la mauvaise gestion dénoncée, sont à l’origine de ce soulèvement. Malgré des ressources, 75% de la population malgache vivraient sous le seuil de pauvreté, selon les institutions internationales.

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Trump II et l’Afrique : vers une décennie d’indifférence stratégique ?

Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, Donald Trump a prononcé un discours virulent clashant aussi bien l’ONU que ses alliés européens. Il a exhorté le monde à embrasser son agenda souverainiste : frontières fortes, recul des politiques climatiques et maintien d’une identité « occidentale » face à ce qu’il appelle une « invasion migratoire ». « Votre héritage est en train d’être détruit… vos pays vont en enfer », a-t-il lancé aux dirigeants européens. Il a également dénoncé le « monstre à deux queues » formé par l’immigration et les politiques énergétiques vertes, qu’il assimile à un danger existentiel pour les nations. Sur le plan géopolitique et stratégique 1. Avec ce ton plus frontal, le président américain affiche un rejet assumé du multilatéralisme et des normes universelles, appelant les États à suivre l’exemple américain pour « protéger leurs frontières et leur identité ». Cette posture s’inscrit dans un tournant où les États-Unis se positionnent comme modèle d’un ordre international fragmenté, redéfini selon des logiques nationalistes. 2. Au cœur de son message, l’Europe est la cible centrale. Il accuse les gouvernements d’avoir cédé à la « correction politique » au détriment de la sécurité et du peuple.  En matière énergétique, il dénonce les transitions écologiques qu’il qualifie de « scam » – une attaque directe aux engagements du Pacte vert européen. Risques pour l’Afrique et l’espace migratoire global Pression migratoire réorientée. En prêchant l’« arrêt des invasions » et des migrations hors contrôle, Trump II accentue une vision sécuritaire de l’immigration qui pourrait encourager des politiques de rejet strictes à l’encontre des migrants africains. 1.Affaiblissement de l’ONU et des aides au développement. En accusant l’organisation de financer des « attaques contre les frontières », il justifie potentiellement des réductions d’appui international aux pays en développement. 2.Compétition d’influence. Cette agressivité idéologique pourrait amplifier la polarisation entre puissances mondiales (Chine, Russie, États-Unis) dans les zones où l’Afrique est déjà un théâtre d’influence stratégique. Enjeux économiques et d’intelligence politique Avec cette offensive verbale à l’ONU, Donald Trump propose un modèle dur de gouvernance mondialisée, centré sur le refus de l’immigration et le rejet des urgences climatiques. Pour l’Afrique, cette posture accentue les tensions migratoires, menace l’aide internationale et redéfinit les espaces d’influence diplomatique.  La question désormais : l’Afrique choisira-t-elle d’entrer dans ce nouvel ordre ou de construire une voie souveraine, pivotée sur ses propres priorités ?

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Cameroun – Présidentielle 2025 : Yaoundé finance le scrutin

À deux semaines d’un scrutin décisif, Yaoundé débloque la première tranche de fonds publics pour les 12 candidats en lice. Le gouvernement camerounais a officiellement donné le coup d’envoi de la campagne présidentielle en invitant les représentants des 12 candidats à retirer la première tranche des fonds publics destinés au financement électoral. « Chaque candidat recevra une dotation en deux phases, conformément aux dispositions légales », a indiqué le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji. La seconde tranche, plus stratégique, ne sera versée qu’en fonction des résultats obtenus. Enjeux politiques et stratégiques Le scrutin du 12 octobre intervient dans un climat d’incertitude politique. Le président sortant Paul Biya est absent du pays et discret sur sa stratégie de campagne. « Paul Biya n’a pas besoin d’être visible pour contrôler le processus », résume un analyste du International Crisis Group. Pendant ce temps, l’opposition, emmenée notamment par Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF), Bello Bouba Maigari (UNDP), Issa Tchiroma Bakari (FNSC)… peine à créer une dynamique unitaire. Aucune coalition solide n’a émergé, réduisant leurs marges de manœuvre face au RDPC. Géopolitique et économie Le gouvernement a renforcé le dispositif militaire, mais les observateurs redoutent une faible participation et des troubles localisés. Sur le plan économique, le pays enregistre une croissance de 3,8 % en 2024 (Banque mondiale). Les partenaires financiers (FMI et BAD), surveillent l’usage des ressources publiques pendant cette séquence électorale. « Cette élection dépasse le simple enjeu électoral. C’est un test de stabilité pour une puissance charnière d’Afrique centrale, exposée aux tensions internes et aux recompositions régionales », analyse un diplomate européen à Libreville. En résumé, la présidentielle camerounaise de 2025 s’inscrit dans une dynamique où se mêlent transition politique implicite, instabilités régionales, et enjeux d’intelligence économique. Sous l’apparente normalité institutionnelle, c’est la résilience même de l’État camerounais qui se joue.

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Multilatéralisme : L’Afrique crie justice à l’ONU

L’Organisation des Nations unies fête ses 80 ans, mais pour de nombreux dirigeants africains, l’heure n’est pas à la célébration. Depuis la tribune de l’Assemblée générale, plusieurs chefs d’État du continent ont lancé un appel pressant à une réforme en profondeur de l’institution, dénonçant un multilatéralisme devenu obsolète et inéquitable. « Ne laissons pas l’histoire se faire sans nous », a martelé Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo, résumant le sentiment partagé par de nombreuses délégations africaines. Dans un monde secoué par les rivalités géopolitiques, les crises climatiques et les conflits armés, l’Afrique exige désormais de passer du rôle de spectatrice à celui d’actrice centrale de la gouvernance mondiale. Conseil de sécurité : la réforme attendue depuis 80 ans C’est le sujet qui cristallise le plus les frustrations. L’Afrique reste le seul continent sans représentation permanente au Conseil de sécurité, malgré son poids démographique (1,4 milliard d’habitants) et ses contributions croissantes aux opérations de paix. Pour Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal, il est temps d’instaurer « une gouvernance plus juste et plus inclusive », soulignant le besoin urgent d’un rééquilibrage des rapports de force au sein de l’ONU. Il a également plaidé pour un cadre fiscal mondial plus équitable et un meilleur accès au crédit international, alors que plusieurs économies africaines suffoquent sous le poids de la dette. Sécurité : un continent en première ligne mais sous-financé Avec plus de 40 % des conflits armés mondiaux se déroulant en Afrique, le continent reste l’un des foyers majeurs d’instabilité. Pourtant, les financements alloués aux missions de paix y sont insuffisants, souvent tributaires de contributions volontaires. Faustin-Archange Touadéra, président de la Centrafrique, a dénoncé cette fragilité structurelle : « Le Sahel concentre des millions de déplacés. Sans financement pérenne des opérations de paix, l’Afrique restera vulnérable ». Il appelle à un mécanisme financier structurel, basé sur des contributions obligatoires de la communauté internationale. Développement durable : l’appel à une transition équitable Sur le front du développement, Andry Rajoelina, président de Madagascar, a évoqué les défis énergétiques auxquels son pays est confronté. Il a souligné la nécessité d’accélérer la transition écologique, avec le soutien du système onusien, afin d’atteindre un développement durable sans reproduire les erreurs des pays industrialisés.

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Affaire libyenne : condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans ferme

 L’ancien président français annonce un appel et dit être prêt à « dormir en prison la tête haute ». Le tribunal correctionnel de Paris a rendu le jeudi 25 septembre 2025 sa décision dans l’affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de 2007. Nicolas Sarkozy est reconnu coupable d’association de malfaiteurs, mais relaxé pour les chefs de corruption passive et recel de détournement de fonds publics. La peine : cinq ans de prison avec mandat de dépôt L’ancien chef de l’État est condamné à cinq ans de prison, sanction assortie d’un mandat de dépôt à effet différé et d’une exécution provisoire, ce qui signifie qu’il devra être incarcéré dans les prochaines semaines. Il est également condamné à 100 000 € d’amende et 5 ans d’inéligibilité. Le tribunal indique qu’il sera convoqué dans un délai d’un mois pour fixer la date d’incarcération. Notons que l’appel ne suspend pas automatiquement l’exécution de la peine. Réactions : appel annoncé et posture symbolique Dès le prononcé du jugement, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il ferait appel, dénonçant une décision qu’il juge contraire à l’État de droit. Il a déclaré qu’il était prêt à « dormir en prison la tête haute », martelant son innocence. Condamnations autour de lui Deux de ses anciens ministres et proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ont aussi été condamnés dans ce dossier. Guéant écope de 6 ans de prison et 250 000 € d’amende, Hortefeux de 2 ans et 50 000 €. En revanche, Éric Woerth, trésorier de la campagne 2007, a été relaxé. Contexte et enjeux plus larges L’affaire remonte à une note libyenne de 2006 évoquant un soutien financier de 50 millions d’euros à la campagne de Sarkozy, ainsi qu’à des témoignages d’intermédiaires comme Ziad Takieddine, décédé le 23 septembre 2025 au Liban. Les magistrats ont jugé que Sarkozy avait laissé ses relais politiques solliciter des fonds libyens dans un pacte implicite. Cette condamnation marque une étape inédite dans l’histoire judiciaire française : un ancien président risque pour la première fois une incarcération effective dans une affaire de financement illégal de campagne.

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