Cameroun – Extrême-Nord : enlèvement de onze civils sur l’axe Kousseri-Maroua, Boko Haram de nouveau en cause
Une attaque armée survenue mercredi matin dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun a conduit à l’enlèvement de onze personnes, ont confirmé les autorités locales jeudi. L’incident a eu lieu sur un axe routier stratégique reliant Kousseri à Maroua, à proximité de la frontière avec le Nigeria. Le bus de transport public, circulant sur la route nationale n°1, a été intercepté par un groupe d’hommes armés, vraisemblablement membres de Boko Haram, selon les premières analyses sécuritaires. Les assaillants ont contraint les passagers à descendre, ont relâché les femmes et le chauffeur, et ont emmené onze hommes adultes vers une destination inconnue. Aucune revendication n’a encore été formulée, mais l’attaque porte la signature classique du groupe jihadiste, actif dans la région depuis plus d’une décennie. Ce mode opératoire – embuscade sur axe routier, sélection des otages, retrait rapide – est typique des stratégies de harcèlement et d’enlèvement utilisées pour alimenter les réseaux de rançon, d’endoctrinement ou de recrutement forcé. Une zone sous haute tension depuis plus de dix ans L’Extrême-Nord camerounais, et en particulier les zones de Logone-et-Chari et du Mayo-Sava, constitue depuis 2013 l’un des points névralgiques de la guerre asymétrique que mène Boko Haram contre les États riverains du bassin du lac Tchad. Le Cameroun y a déployé d’importants moyens militaires, notamment via le BIR (Bataillon d’intervention rapide) et les comités de vigilance locaux, appuyés par la Force multinationale mixte (FMM), en coordination avec le Tchad, le Nigeria et le Niger. Malgré ces efforts, le groupe jihadiste continue de tirer profit de la porosité des frontières, de la pauvreté endémique et de la difficulté d’accès à certaines zones rurales. Le retrait progressif de certaines forces régionales et l’usure des dispositifs de surveillance facilitent la résurgence d’attaques ciblées, souvent dirigées contre des civils ou des cibles logistiques. Conséquences humanitaires et enjeux sécuritaires Outre l’insécurité routière qu’elle renforce, cette attaque souligne la persistance d’un risque élevé pour les populations civiles, déjà affectées par des déplacements massifs (plus de 350 000 déplacés internes selon l’OCHA en 2024) et la détérioration des conditions de vie dans la région. Elle relance également le débat sur l’efficacité des dispositifs de renseignement territorial, le manque de couverture sécuritaire permanente sur les grands axes, et la nécessité de renforcer la coopération transfrontalière avec les pays voisins. Le gouvernement camerounais n’a, pour l’instant, pas communiqué officiellement sur les mesures prises à la suite de l’incident.