Tribunes & Grands Récits

Cameroun/Présidentielle 2025 : 8 millions de voix en jeu, le compte à rebours est lancé

À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. À quelques jours de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le chiffre est désormais officiel. Cette annonce saluée par certains comme un gage de transparence, suscite également attentes dans un climat politique tendu. Conformément aux articles 96 et 97 du Code électoral, le Directeur général des Élections, Dr Erik Essousse, a rendu publiques les listes des électeurs et des bureaux de vote dans chaque commune, ainsi qu’auprès des ambassades et consulats à l’étranger. 31 652 bureaux de vote ont été répertoriés à travers le territoire, et 34 296 électeurs sont inscrits à l’étranger dans 107 bureaux. Cette transparence est essentielle pour éviter les soupçons », souligne un observateur électoral à Yaoundé. Cette publication vise à renforcer la confiance dans le processus électoral, souvent sujet à controverse au Cameroun. Pour Christian Essomba Okah, président de la Commission d’impression du matériel électoral, cela permet aussi d’écarter tout risque de bureaux de vote fictifs. Du côté des états-majors politiques, ces listes sont un outil stratégique : elles permettent de cibler les zones à fort potentiel électoral et de mieux planifier les campagnes de terrain. Pour les observateurs nationaux et internationaux, ces données sont également cruciales pour surveiller le déroulement du scrutin. « L’opinion publique doit savoir combien d’électeurs sont inscrits par commune, et où voter », explique Patrick Pagbe, chef service des listes à Elecam. Les électeurs peuvent consulter ces listes dans les antennes communales ou en ligne via les plateformes numériques d’Elecam – une modernisation saluée, dans un pays où l’accès à l’information électorale a longtemps été jugé opaque. Alors que les tensions préélectorales montent, la publication anticipée des listes vise à prévenir toute contestation post-électorale. Cette ouverture suffira-t-elle à garantir la crédibilité du scrutin et l’acceptation de ses résultats par tous les acteurs politiques ?

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Cameroun et Érythrée : les deux absents du soutien africain à la Palestine

Alors que 52 des 54 États africains ont reconnu l’État palestinien, le silence persistant du Cameroun et de l’Érythrée interroge. Derrière cette abstention diplomatique se dessinent des logiques sécuritaires, historiques et géopolitiques bien spécifiques. Depuis la proclamation de l’indépendance palestinienne à Alger en 1988, la cause palestinienne bénéficie d’un large soutien sur le continent africain. Ce soutien s’inscrit dans une tradition politique de solidarité tiers-mondiste et panafricaniste, incarnée par des figures comme Thomas Sankara, Julius Nyerere ou Nelson Mandela. Plus récemment, la reconnaissance officielle de l’État palestinien par plusieurs pays occidentaux (Irlande, Espagne, Norvège, etc). a contribué à remettre la question au centre des débats diplomatiques mondiaux. Pourtant, au sein de l’Union africaine, deux pays dérogent à cette ligne de solidarité affichée : le Cameroun et l’Érythrée. Leur silence, loin d’être anecdotique, met en lumière une autre lecture de la diplomatie contemporaine africaine : celle des intérêts nationaux. Cameroun : la realpolitik sécuritaire Au Cameroun, la non-reconnaissance de l’État palestinien s’explique en grande partie par la solidité du partenariat sécuritaire avec Israël. Depuis plus de trois décennies, Israël forme et équipe les forces spéciales camerounaises, notamment les unités engagées contre Boko Haram dans le nord et les groupes séparatistes anglophones dans l’ouest. Ce soutien militaire est vital pour le régime de Paul Biya, confronté à plusieurs foyers d’instabilité internes. Reconnaître un État palestinien aujourd’hui serait perçu comme un geste diplomatique risqué, susceptible d’irriter un partenaire stratégique majeur, et d’envoyer un message ambigu aux mouvements séparatistes qui pourraient y voir un précédent ou un soutien implicite à leurs revendications. Comme le souligne David Otto, analyste sécuritaire basé à Genève : « Yaoundé redoute de donner des arguments à ceux qui contestent l’unité nationale, dans un contexte où le régime insiste sur le caractère indivisible du Cameroun ». Érythrée : le poids des rancunes historiques Dans le cas érythréen, l’abstention est davantage alimentée par un contentieux historique que par des considérations sécuritaires contemporaines. Durant les années 1980, alors que l’Érythrée menait sa lutte pour l’indépendance contre l’Éthiopie, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat s’était rangée du côté d’Addis-Abeba. Un choix perçu comme une trahison par les combattants érythréens, qui s’en sont longtemps souvenus. Depuis son indépendance en 1993, l’Érythrée cultive une diplomatie singulière, isolationniste et parfois provocatrice, souvent en rupture avec les positions de l’Union africaine. Son silence vis-à-vis de la Palestine semble s’inscrire dans cette tradition d’indépendance assumée, voire revendiquée, vis-à-vis des grands consensus diplomatiques. Une solidarité africaine aux contours moins homogènes L’abstention du Cameroun et de l’Érythrée ne signifie pas une hostilité ouverte à l’égard de la Palestine. Elle illustre plutôt la complexité croissante des positionnements diplomatiques en Afrique, à l’heure où les logiques de solidarité panafricaine cèdent le pas à des calculs d’intérêts nationaux, sécuritaires ou historiques. Dans un monde multipolaire en recomposition, où chaque alliance compte, la reconnaissance d’un État – aussi symbolique soit-elle  – devient un acte diplomatique hautement stratégique.

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Redessiner la carte : pour une Afrique à sa vraie échelle

Et si l’Afrique n’était pas seulement sous-évaluée économiquement et politiquement, mais aussi… cartographiquement ? À l’occasion de la Biennale Euro-Africa, chercheurs, diplomates et cartographes ont soulevé un point essentiel : notre vision du continent est biaisée, car faussée dès la représentation géographique que nous en avons. Au cœur du problème : la projection de Mercator. Conçue au XVIe siècle pour la navigation maritime européenne, elle demeure largement utilisée dans les manuels scolaires et les outils de géolocalisation modernes. Cette projection déforme la réalité en agrandissant artificiellement les régions proches des pôles, comme l’Europe ou l’Amérique du Nord, et en réduisant celles situées près de l’équateur – en particulier l’Afrique. Résultat : une perception erronée, mais profondément ancrée. Sur ces cartes, le Groenland semble aussi vaste que l’Afrique, alors qu’il est en réalité quatorze fois plus petit. L’Afrique, elle, couvre plus de 30 millions de km². Elle pourrait contenir les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon et toute l’Europe de l’Ouest – ensemble. Pourtant, dans l’imaginaire collectif mondial, elle reste souvent perçue comme un continent « petit », marginal, voire périphérique. Cette distorsion visuelle n’est pas sans conséquences. Comme le rappelle la géographe Vanessa Ehouman : « L’Afrique n’a jamais été petite. C’est notre regard qui l’a rétrécie ». Une carte biaisée produit un imaginaire biaisé. Elle influence les décisions politiques, les investissements économiques, la manière dont les citoyens du monde – y compris les Africains eux-mêmes – perçoivent le continent. « Cartographier, c’est exercer du pouvoir », affirme le géographe Philippe Rekacewicz. Une carte n’est pas neutre : elle hiérarchise l’espace, oriente les regards et donc les priorités. À l’heure où l’Afrique devient un centre stratégique global – avec une population jeune, des ressources naturelles abondantes, des terres arables, un dynamisme entrepreneurial – il est temps de lui rendre sa véritable place sur la carte… et dans les esprits. Face à cela, des alternatives émergent : la projection Gall-Peters, plus fidèle aux surfaces réelles ; des cartes centrées sur l’Afrique ; des visualisations basées sur des flux Sud-Sud ; ou encore des cartes construites à partir de données africaines (infrastructures, réseaux logistiques, zones économiques). Ces initiatives ne visent pas seulement à corriger une image : elles participent d’un mouvement plus large de réappropriation cognitive. L’Union africaine, des ONG, des gouvernements et des universités africaines militent pour une cartographie plus juste, en phase avec des projets ambitieux tels que la ZLECAf, l’intégration numérique ou l’Union monétaire. Redessiner la carte, ce n’est pas effacer les frontières, mais replacer l’Afrique au centre d’un monde qu’elle contribue à façonner. C’est reconnaître sa véritable échelle, sa puissance démographique, économique et culturelle. Une carte juste n’est pas qu’un outil géographique : c’est un pas vers un monde plus équitable, plus lucide, plus équilibré.

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Cameroun : Issa Tchiroma Bakary, l’homme de la rupture qui défie Etoudi

À moins d’une semaine de la présidentielle du 12 octobre, l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, désormais chef du FSNC, mobilise des milliers de partisans à Yaoundé et se pose en alternative crédible à l’après-Biya. Une dynamique électorale inattendue aux implications géopolitiques, économiques et stratégiques notables. Dans une ferveur populaire inédite depuis le début de la campagne présidentielle, Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a tenu un meeting retentissant dans le quartier populaire de Tsinga, à quelques encablures du Palais présidentiel d’Etoudi. Le symbole est fort, la mobilisation massive, et le discours empreint d’un souffle de rupture et de refondation. À 75 ans, l’ancien ministre de la Communication, longtemps considéré comme un pilier du régime de Yaoundé, est aujourd’hui le visage paradoxal de l’alternance. Une démonstration de force inattendue Ils étaient plusieurs milliers à avoir répondu à l’appel, remplissant la place dite « Artisanat », transformée pour l’occasion en agora politique. La circulation était quasiment paralysée entre l’École de police et le lycée de Tsinga, signalant une affluence rare dans une capitale réputée pour son scepticisme politique. Le ton est combatif, la rhétorique populiste, mais l’architecture du discours est clairement programmée pour rassurer l’intérieur et intriguer l’extérieur : appel au dialogue, assainissement de l’État, réindustrialisation, réforme de la nationalité. Une approche globale que certains observateurs n’hésitent plus à qualifier de « programme de refondation ». Un positionnement politique stratégique Candidat de substitution pour une frange de l’opposition privée de son leader naturel, Maurice Kamto, dont la candidature a été invalidée, Issa Tchiroma capte aujourd’hui un électorat en quête de rupture, mais méfiant vis-à-vis des profils trop radicaux. Surnommé ironiquement par ses partisans « Mon bon diable », en référence à une homélie de Mgr Barthélémy Yaouda appelant à « prendre même le diable s’il faut pour changer le pays« , Issa Tchiroma symbolise ce réalisme politique camerounais où les lignes idéologiques se déplacent rapidement. Six chantiers pour une refondation nationale Le programme du FSNC s’articule autour de six priorités majeures : Un nouveau jeu d’alliances ? Sur le plan régional, une éventuelle victoire d’Issa Tchiroma rebat les cartes dans un Cameroun-pivot de la sécurité en Afrique centrale. Son projet de dialogue inclusif pourrait apaiser la crise dans les régions anglophones, qui a déjà fait plus de 6 000 morts selon des sources humanitaires, tout en réhabilitant le rôle du pays comme acteur stabilisateur dans le bassin du lac Tchad. Sur le plan international, son positionnement « ni anti-occidental, ni pro-chinois« , pourrait séduire aussi bien Paris que Washington, mais également Pékin et Ankara, à la recherche de nouveaux partenaires africains fiables. La promesse d’une gouvernance plus transparente est un signal fort envoyé aux institutions financières internationales, notamment le FMI et la BAD, dans un contexte où le service de la dette du Cameroun représente plus de 30 % du budget annuel de l’État. Entre rupture et continuité : Tchiroma, un « insider-outsider » Longtemps décrié pour sa loyauté envers le président Paul Biya, dont il a été l’un des plus fidèles porte-voix, Issa Tchiroma joue désormais la carte du dissident converti. Il a quitté le gouvernement le 24 juin 2025, dénonçant un système « verrouillé » et « hostile à toute réforme de fond« . « Se détacher du confort du pouvoir pour épouser l’incertitude de l’opposition est un acte politique fort dans un contexte comme celui du Cameroun », analyse un diplomate européen sous couvert d’anonymat. Une candidature à suivre de près Alors que la présidentielle du 12 octobre s’annonce comme un tournant historique pour le Cameroun, la candidature d’Issa Tchiroma Bakary ne peut plus être considérée comme marginale. Entre mobilisation populaire, crédibilité administrative et projet structuré, il incarne une troisième voie entre le pouvoir sortant et une opposition classique fragilisée. Dans un pays où le pouvoir est détenu depuis plus de 43 ans par le même homme, la poussée inattendue d’un vétéran reconverti en réformateur est le signal d’une transition peut-être en gestation. Mais le RDPC, parti de Paul Biya, aguerri dans la communication politique, n’a pas encore dit son dernier mot. Chiffres clés :

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Cameroun – Crise anglophone : trêve surprise après les excuses d’Issa Tchiroma

Un geste politique inattendu ravive l’espoir d’un apaisement temporaire dans les régions anglophones du Cameroun, après près de neuf ans de conflit. Le leader séparatiste ambazonien Mark Bareta a annoncé ce 4 octobre la suspension des opérations de « villes mortes » (lockdown) du 6 au 14 octobre, une trêve rarissime dans cette crise marquée par la violence et l’impasse politique. Cette décision fait suite aux excuses publiques spectaculaires d’Issa Tchiroma Bakary, ancien porte-parole du gouvernement et actuel candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre. Lors d’un rassemblement au cœur de Bamenda, dans la région du Nord-Ouest, Issa Tchiroma a reconnu son rôle dans la négation du problème anglophone. « Je suis profondément désolé d’avoir nié l’existence du problème anglophone. Maintenant, je vous le demande, populations de Bamenda : acceptez-vous mes excuses ? », a-t-il lancé devant une foule dense, réunie au carrefour City Chemist. Cette déclaration de repentance, rare dans la vie politique camerounaise, a été saluée par un « oui » retentissant de la foule. Elle a également été jugée « courageuse » par plusieurs analystes, dans un pays où les discours de reconnaissance envers les griefs anglophones sont souvent perçus comme des actes de défiance vis-à-vis du pouvoir central. La réponse de Mark Bareta ne s’est pas fait attendre. Le leader ambazonien a décrété une trêve humanitaire de neuf jours, justifiée par le besoin de soulager les populations durement éprouvées par trois semaines consécutives de paralysie. Pendant cette période, les écoles, les commerces et les services publics devraient pouvoir fonctionner normalement. Cette ouverture intervient à quelques jours d’un scrutin présidentiel tendu, dans un climat de méfiance et de sécurité renforcée. Reste à savoir si cette trêve, bien que limitée dans le temps, pourrait ouvrir la voie à un dialogue plus large, ou si elle restera un épisode isolé dans un conflit qui a déjà fait des milliers de morts et déplacé plus d’un million de personnes depuis 2016.

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Présidentielle 2025 au Cameroun : Paul Biya propose un statut spécial pour les partis représentés au Parlement

Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025, le président Paul Biya a annoncé une réforme visant à instituer un statut juridique spécifique pour les partis politiques représentés au Parlement camerounais. Cette mesure, présentée comme un engagement de sa nouvelle plateforme politique, s’inscrit dans une volonté affichée de consolider les libertés et la démocratie dans le pays. Une reconnaissance officielle pour les partis parlementaires L’idée centrale est de créer un cadre légal ou réglementaire qui reconnaît et organise le rôle des partis disposant d’élus à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Ce statut pourrait offrir des facilités accrues en matière de fonctionnement institutionnel, de reconnaissance politique, ainsi que de droits renforcés liés à leur représentativité nationale (financement, accès aux médias publics, participation au dialogue politique, etc.). Cette proposition vise, selon le chef de l’État, à encourager le pluralisme responsable, tout en structurant davantage la scène politique nationale. Les enjeux pour le système politique camerounais Risque d’exclusion ou de verrouillage politique Selon les critères retenus, certains partis pourraient se sentir marginalisés ou défavorisés. Si le statut accorde trop d’avantages aux partis déjà installés, cela pourrait être perçu comme une tentative de verrouiller l’accès au pouvoir. Une réforme à surveiller de près Alors que le Cameroun se dirige vers un nouveau cycle électoral, cette initiative présidentielle pose des questions importantes sur l’équilibre entre ouverture démocratique et structuration institutionnelle. Elle marque en tout cas un tournant potentiel dans l’organisation du pluralisme politique camerounais.

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UNESCO : Firmin Édouard Matoko le choix d’avenir pour l’organisation

À l’approche de l’élection du prochain directeur général de l’UNESCO (mandat 2025‑2029), l’affrontement entre le Congolais Firmin Édouard Matoko et l’Egyptien Khaled El-Enany est plus que jamais symbolique. Il ne s’agit pas seulement de deux parcours personnels : c’est une décision structurante pour l’orientation de l’UNESCO dans un monde en recomposition (multilinguisme, financements, gouvernance, pertinence géopolitique, crédibilité intellectuelle). Cet article entend présenter un argumentaire clair et convaincant en faveur de Firmin Edouard Matoko, tout en mettant en lumière les faiblesses de son adversaire. I. Portraits comparés : forces et faiblesses Critère Firmin Édouard Matoko Khaled El‑Enany Âge 69 ans (né en 1956) 54 ans (né en 1971) Formation / études Économie & commerce, Université La Sapienza (Rome); spécialisation relations internationales,Cesare Alfieri (Florence); études diplomatiques à Paris Licence tourisme/guidance, Faculté de Tourisme et Hôtellerie Helwan; DEA & doctorat en égyptologie, Université Paul‑Valéry Montpellier III Parcours professionnel / fonctions Carrière UNESCO complète depuis 1985 : expert éducation, chef de bureau, représentant dans plusieurs régions (Afrique, Amérique latine), direction du département Afrique, depuis 2017 Sous‑Directeur général chargé de la priorité Afrique & des relations extérieures Université (professeur d’égyptologie) ; direction de musées (Musée national de civilisation égyptienne, Musée du Caire) ; ministre des Antiquités (2016‑2019), ministre du Tourisme & Antiquités (2019‑2022) Langues / multilinguisme Français, anglais, italien, espagnol ; niveau intermédiaire en portugais ; apprentissage du lingala et du swahili Arabe (langue maternelle), français, anglais Réseaux institutionnels UNESCO / interne Connaissance intime des organes, des bureaux régionaux, des mécanismes de gouvernance interne ; déjà auditionné aux instances de direction à plusieurs reprises Parcours essentiellement national, sans expérience opérationnelle systématique dans les rouages internes de l’UNESCO (mais bonne notoriété dans le monde du patrimoine et des musées) Support politique / diplomatique Soutien de certains États africains ; sa candidature est présentée comme “interne”, donc cohérente avec la continuité institutionnelle ; argument d’un candidat maison connaissant les arcanes Soutien officiel de l’Égypte, de l’Union africaine, de la Ligue arabe, d’États alliés (notamment dans le monde arabe) Forces de Firmin Edouard Matoko Fimin Edouard Matoko est un « homme du sérail » mais pas un simple bureaucrate : comme il le répète, il connaît l’UNESCO de l’intérieur, ce qui lui permet de proposer des réformes pragmatiques, tout en intégrant la diversité des pays membres. Son parcours combine rigueur intellectuelle (économiste, diplomate) et vision globale. Dans une institution qui se réclame du multilinguisme (français, anglais, espagnol, arabe, etc.), le fait d’être multilingue est un atout pour dialoguer avec tous les États membres – un argument souvent invoqué pour l’UNESCO. Il a exercé dans de nombreux bureaux régionaux, a piloté des programmes éducatifs, culturels ou de paix, et connaît les défis internes : structure, gouvernance, financement et décentralisation. Il sait où il faut faire évoluer l’institution, avec un pied dans la tradition et l’autre dans l’innovation. Parmi ses priorités annoncées : la refonte de la gouvernance, la transparence budgétaire, le renforcement des programmes régionaux, et la redynamisation de l’UNESCO comme « think tank » pour l’éducation, la culture, la paix. Il propose aussi de faire de l’UNESCO une organisation plus mobile, plus « réactive », moins centrée autour du siège uniquement. Originaire du Congo, en Afrique centrale, Firmin Edouard Matoko incarne la pluralité culturelle, il connaît les réalités africaines, latino-américaines, asiatiques, occidentales, grâce à ses missions passées – un atout pour incarner l’universalité de l’UNESCO. Il bénéficie de soutiens régionaux (autorités congolaises, de pays africains, asiatiques, sud-américaines…réseaux culturels). En outre, sa candidature peut séduire les États cherchant un leadership moins polarisé. Faiblesses et risques de El‑Enany Sa dominante est le patrimoine, les musées, la culture nationale – il a moins d’antécédents de gestion institutionnelle globale de l’UNESCO. Cela comporte un risque : lorsqu’il s’agira de piloter des départements éducation, sciences, communication, il pourrait manquer de réflexes institutionnels. En tant qu’ancien ministre, il pourrait être perçu (ou s’auto-percevoir) comme représentant des intérêts égyptiens ou du monde arabe, plutôt que de l’organisation dans sa globalité. Il est en campagne depuis plus de deux ans, ce qui lui a offert du temps de mobilisation, mais l’expose aussi à des critiques (campagnes de lobbying, achats d’influence, accusations de favoritisme) – sans preuve solide mais avec un effet discutable pour la crédibilité. Certains analystes évoquent déjà des tensions autour des questions de transparence et d’équité (allégations de rémunérations, influence diplomatique excessive) – sans preuve solide pour l’instant, mais avec un effet discutable pour la crédibilité. Son profil est très marqué patrimoine, restauration, musées – ce qui peut donner l’impression d’un dirigeant tourné vers le passé plutôt que vers les défis d’avenir (Intelligence artificielle, inclusion numérique, mutations éducatives).En période de révolution technologique et de tensions globales, on pourrait lui reprocher d’être trop « vertébral » ou trop attaché à la tradition, une absence d’agilité. Même s’il parle français et anglais, il est moins polyvalent linguistiquement que Firmin Edouard Matoko sur certains domaines (comme l’espagnol, l’italien, d’autres langues). Ce qui peut être un handicap dans les négociations multilatérales. II. Pour les États électeurs 1. Continuité et Réforme interne Un directeur général issu de l’UNESCO – Firmin Edouard Matoko – garantit une transition plus fluide : il connaît les mécanismes, peut éviter les fractures internes. À l’inverse, une candidature « externe » comporte toujours un temps d’adaptation et un risque de latence de leadership. 2. Le multilinguisme et l’universalité symbolique Dans une institution revendiquant ses racines plurilingues, le choix d’un candidat maîtrisant plusieurs langues, sensible à diverses cultures (Afrique, Amérique latine, Asie, Europe…) plaide en faveur de Firmin Edouard Matoko. Il incarne moins l’image d’une nation particulière que celle d’un pivot universel. 3. Un directeur général comme laboratoire d’idées, non simple gestionnaire Firmin Edouard Matoko milite pour une UNESCO qui bouge, se renouvelle, devient un véritable think tank sur les grands défis (climat, inversion des inégalités, numérique, paix). Ce positionnement plus proactif est crucial pour séduire les États désireux d’une institution plus dynamique et moins figée. 4. La crédibilité et la confiance institutionnelle Un dirigeant disposant d’un capital de confiance interne (personne connue, respectée, ayant déjà été auditionnée) est moins vulnérable aux critiques

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Madagascar : Tensions politiques après une semaine de manifestations

À Madagascar, une nouvelle vague de manifestations a secoué plusieurs villes mercredi, marquant la septième journée de protestation. Ces manifestations sont principalement mené principalement par la jeunesse, notamment le mouvement Gen Z, qui réclame le départ du président Andry Rajoelina. À Antsiranana et Toliara, des milliers de personnes ont manifesté, tandis qu’à Antananarivo, le centre-ville a été bouclé et des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre, qui ont utilisé du gaz lacrymogène. Face à l’ampleur du mouvement, le président Rajoelina a convoqué une réunion au palais présidentiel avec des représentants internationaux. Sa porte-parole a souligné l’absence de leader clair au sein du mouvement, bien que les revendications comme l’accès à l’eau et à l’électricité soient, selon elle, déjà prises en compte avec l’aide d’organisations internationales. Elle a toutefois mis en garde contre une possible suspension de financements en cas d’instabilité politique. La répression a causé au moins 22 morts selon l’ONU, durcissant la mobilisation. Des images d’un enfant blessé ont choqué l’opinion publique. L’opposition, auparavant discrète, s’est désormais ralliée à la contestation, notamment via la plateforme Firaisankina, réunissant des figures comme Siteny Randrianasoloniaiko et Marc Ravalomanana. Plus de 200 ONG locales ont appelé à l’arrêt immédiat de la répression. Un appel à la médiation de l’Église a également été lancé, relayé par un message du pape François. Malgré le limogeage du gouvernement lundi, la tension reste forte. Le mouvement Gen Z appelle désormais à une grève générale, soutenue par des syndicats, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la fonction publique. Les coupures récurrentes d’eau et d’électricité, symboles de la mauvaise gestion dénoncée, sont à l’origine de ce soulèvement. Malgré des ressources, 75% de la population malgache vivraient sous le seuil de pauvreté, selon les institutions internationales.

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Paul Biya : Grandeur et Espérance à l’épreuve d’un Cameroun divisé

Le retour triomphal du président sortant Paul Biya à Yaoundé le 1er octobre, après un voyage privé en Suisse, marque une étape cruciale dans la campagne présidentielle camerounaise, à onze jours du scrutin du 12 octobre. Paul Biya, l’homme politique le plus ancien au pouvoir en Afrique aspire à un huitième mandat consécutif, dans un contexte géopolitique, sécuritaire et socio-économique hautement complexe. Un retour stratégique, symbole de vitalité politique L’accueil massif de ses partisans à l’aéroport international de Nsimalen illustre la mobilisation du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), alors que la campagne électorale s’intensifie. Selon Paul Eric Djomgoue, président de la commission de campagne de Yaoundé II, « ce retour est un signal clair que le président Biya reste le garant de la stabilité et de la continuité ». Ce timing intervient alors que des rumeurs contradictoires avaient laissé planer le doute sur son itinéraire, révélant l’importance stratégique accordée à la maîtrise de la communication en pleine séquence électorale. Un régime confronté à des défis multiples Après 43 ans au pouvoir, Paul Biya incarne une « grandeur » historique mais aussi une « espérance » pour ses partisans face à une opposition fragmentée, affaiblie et fébrile. Onze candidats sont en lice, dont deux anciens ministres dissidents, Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakari. Un contexte sécuritaire préoccupant La crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest persiste, rendant l’organisation du scrutin difficile dans certaines contrées. Parallèlement, dans l’Extrême-Nord, la menace Boko Haram perdure, avec près d’un million de déplacés internes. Ces deux foyers de tension armée fragilisent l’intégrité territoriale et complexifient la logistique électorale, exposant à des risques potentiels de violences. Le gouvernement plaide pour la paix, la stabilité et une main tendue, mais sans faiblesse. Enjeux économiques et sociaux Sur le plan économique, le Cameroun affiche des indicateurs moyens. La Banque mondiale souligne une augmentation de 66 % du nombre de pauvres depuis 2000, reflet d’un développement économique inégal. Un chiffre  qui semble exagéré, quand on va sur le terrain. La société civile et l’ONG International Crisis Group alertent sur une polarisation politique accrue, alimentée par des discours haineux dans les médias et sur les réseaux sociaux, menaçant la cohésion nationale. Sur la plan géopolitique et stratégique Le scrutin du 12 octobre s’apparente à un test de résilience pour un régime longtemps perçu comme stable. Paul Biya mise sur l’expérience et la continuité dans un environnement régional marqué par des conflits frontaliers, des crises migratoires et des enjeux sécuritaires transnationaux. La campagne présidentielle devient dès lors un enjeu de souveraineté, d’intelligence économique et de diplomatie régionale, où chaque mouvement est scruté pour ses implications sur la stabilité du pays et de la sous-région. En conclusion, « Grandeur et Espérance », slogan de campagne de Paul Biya, traduit un paradoxe : celui d’un Cameroun qui aspire à la stabilité et au progrès, mais confronté à une fragmentation politique, une crise sécuritaire profonde et une pression sociale croissante. Le verdict des urnes déterminera la direction d’un pays à la croisée des chemins, entre continuité historique et nécessité de réforme.

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Cameroun – Présidentielle sous haute surveillance : entre retour à la stabilité et fractures persistantes

Menaces séparatistes, tensions contenues, dialogue espéré : le scrutin reste une épreuve pour l’unité nationale. Entre dispositifs sécuritaires renforcés, prudente mobilisation citoyenne et volonté politique de dialogue, la campagne électorale se poursuit dans les régions anglophones du Cameroun. Malgré les défis, une dynamique institutionnelle encadrée par l’État semble contenir les risques de débordement. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, historiquement marquées par la crise anglophone depuis 2016, la campagne pour l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 se déroule dans un contexte sensible mais maîtrisé. Face aux appels au boycott lancés par des groupes séparatistes et aux journées de « villes mortes » qui perturbent le quotidien, les autorités ont opté pour un encadrement renforcé du processus électoral. « Toutes les dispositions ont été prises pour sécuriser les candidats et les électeurs », a assuré Adolphe Lele Lafrique, gouverneur de la région du Nord-Ouest. Le gouvernement camerounais, tout en maintenant une présence militaire dissuasive, mise sur l’apaisement progressif et la normalisation des institutions. Les bureaux de l’organe électoral ELECAM sont ouverts, et plusieurs candidats – notamment du RDPC, du SDF et de l’UNDP – ont déjà organisé des activités dans ces régions. Malgré un climat de prudence, une mobilisation citoyenne discrète mais réelle se manifeste. Des voix locales appellent à la participation, espérant que cette échéance électorale relancera un dialogue politique structuré. « Ce que nous voulons, c’est la fin des violences et un dialogue franc. Le vote est une étape vers cela », témoigne un journaliste à Bamenda. Le président sortant Paul Biya, 92 ans, candidat à un huitième mandat, affirme vouloir « préserver l’unité nationale et garantir la stabilité ». Sa campagne, centrée sur la paix et le développement, insiste sur la continuité et l’expérience. De leur côté, ses challengers – Joshua Osih (SDF) et Bello Bouba Maïgari (UNDP) – plaident pour des réformes structurelles, allant d’un fédéralisme renforcé à l’octroi d’un statut spécial aux régions concernées. « Nous proposons des solutions concrètes pour les régions anglophones : investissements, inclusion et dialogue politique », a déclaré Bello Bouba à Bamenda. Sur le terrain, la stratégie du porte-à-porte et des petits rassemblements sécurisés permet aux partis d’éviter les confrontations tout en assurant leur visibilité. Les populations, bien que prudentes, ne se montrent pas hostiles à l’élection, mais aspirent à des engagements clairs en matière de gouvernance locale, d’éducation, de justice et de développement. Dans un contexte international marqué par la montée des conflits internes en Afrique, le cas camerounais se distingue par une résilience institutionnelle et une volonté de maintien du cadre républicain, même dans les zones en tension. Entre défis sécuritaires et signaux d’ouverture Si la situation demeure fragile, aucun incident majeur n’a été signalé depuis le début de la campagne. La présence active des candidats sur le terrain, les appels à la responsabilité des leaders communautaires, ainsi que la coordination entre acteurs civils et sécuritaires traduisent une volonté de sortie progressive de crise par la voie électorale. Reste à voir si cette dynamique se confirmera dans les urnes. Mais pour beaucoup d’analystes, l’élection du 12 octobre représente une opportunité politique, pas une fin en soi. C’est un pas – prudent mais réel – vers la stabilisation durable des régions anglophones.

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